Politiques de sécurisation alimentaire au Burkina Faso et participation des femmes à la production du riz : le cas de la commune rurale de Douna
Résumés
Le Burkina Faso procède à l’aménagement de bas-fonds en milieu rural pour la production du riz. Ces aménagements induisent des changements dans le système de production rizicole. L’objectif de ce travail est de montrer les changements de normes et de faits que la diffusion des semences certifiées dans le cadre du système semencier légal engendre dans les exploitations agricoles. Des travaux d’enquêtes ont été réalisés entre janvier 2018 et juillet 2021 dans la commune de Douna. Les principaux résultats montrent que la politique d’aménagement entraine des changements d’usages des terres et une redistribution foncière des parcelles au détriment des femmes. En effet, ces dynamiques qui modernisent la filière tendent à exclure les femmes. Ce sont les injonctions internationales en faveur de la défense des droits des femmes qui parviennent à les maintenir dans la production du riz sur les espaces aménagés. On assiste ainsi à des remplacements variétaux avec le recul des anciennes variétés et une masculinisation des systèmes semenciers. Au regard de la particularité et la valeur associée au riz rouge africain, appelé pèrè en langue locale, à Douna, la « sentinelle slow food » lui porte un grand intérêt. Au travers de cette étude, nous montrons que le riz, en passant des bas-fonds non aménagés aux espaces aménagés, passe d’une production marginale largement dominée et maitrisée par les femmes à une production majeure dans l’agrosystème à dominance masculine.
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Mots-clés :
Burkina Faso, Douna, femmes, politiques agricoles, sécurisation alimentaire, riz, bas-fonds non aménagés, bas-fonds aménagés, semences anciennes/locales, semences certifiéesKeywords:
Burkina Faso, Douna, Women, Agricultural policies, Food security, Undeveloped lowlands, Conversion areas, Old/local seeds, Certified seedsPlan
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Ce travail a bénéficié du soutien ponctuel du CRP RICE à qui nous adressons nos sincères remerciements ainsi qu’à toute personne ayant contribué à la réalisation de cet article par des conseils et des orientations. Nous souhaitons rendre hommage au Pr DA D. E. Constant, notre co-encadreur, parti trop tôt sans avoir vu la finalisation de ce présent travail.
Introduction
- 1 MAHRH, Document guide de la révolution verte, Ouagadougou, 2007.
- 2 Anny Lucrèce Nlend Nkott et Ludovic Temple, « Le système semencier céréalier au Burkina Faso : dépe (...)
- 3 Christine Raimond, Laurent Ouedraogo, Camille Noûs et Eric Garine, « L’agrobiodiversité sous les tr (...)
1L’agriculture au Burkina Faso occupe 90% de la population active1. Face aux trois défis que sont la forte croissance démographique, les variabilités climatiques et la souveraineté alimentaire, le pays s’est engagé depuis le début des années 2000 à relancer sa politique semencière pour augmenter les productions agricoles et soutenir l’agriculture familiale2. Il s’est notamment doté d’un dispositif légal et administratif pour organiser la production et la multiplication des semences à haut potentiel de rendement. Ainsi, la loi semencière de 2006 organise et structure la création variétale, la certification des semences et leur diffusion auprès des agriculteurs. Depuis 2008 et la relance des politiques agricoles3, les petites exploitations familiales, considérées comme les plus vulnérables face à l’insécurité alimentaire, sont ciblées prioritairement par les autorités gouvernementales pour mettre à leur disposition des semences certifiées à prix subventionné. Dans sa politique de sécurisation alimentaire, l’État burkinabé met l’accent sur la production de deux principales filières céréalières stratégiques pour la consommation alimentaire des ménages, à savoir le riz, qui nous intéresse ici, et le maïs.
- 4 MAAHA/DGESS, annuaire des statistiques agricoles 2019 du Ministère de l’agriculture, Ouagadougou, 2 (...)
- 5 MAHRH, Stratégie Nationale de Développement de la Riziculture, Ouagadougou, 2011.
- 6 La semence certifiée, habituellement représentée par les symboles « R1 » ou « R2 », désigne la seme (...)
2La politique de soutien à la filière riz au Burkina Faso repose sur la construction/réhabilitation de barrages et l’aménagement de bas-fonds (860 000 ha de périmètres et bas-fonds ont été réalisés entre 2011 et 2019)4 ; le développement de pôles de production agricole tels que ceux de Bagré, Bama, Banzon, Sourou, Karfiguela et Niofila-Douna5 et la diffusion de semences de variétés à haut potentiel de rendement. La mise en application de cette politique entraîne des changements du système de production rizicole avec une juxtaposition de bas-fonds non aménagés, aménagés et de périmètres irrigués d’une part, et le passage de variétés locales autoproduites dans les exploitations agricoles à des semences certifiées6 de variétés améliorées par la recherche scientifique, d’autre part.
- 7 Ginette Pallier, « La riziculture moderne en Haute-Volta : l’exemple du périmètre irrigué de la val (...)
- 8 Mathieu Ouedraogo et Dona Dakouo, : « Evaluation de l’adoption des variétés de riz NERICA dans l’Ou (...)
- 9 William’s Daré, Jean-Philippe Venot, Etienne Kaboré, Abdoulaye Tapsoba, Farid Traoré, Françoise Gér (...)
- 10 Georges Serpantié, Augustine Dorée, Manaka Douanio, Fabrice Somé, Aymar Y. Bossa, Jean-Louis Fusill (...)
- 11 Danièle Clavel, « Afrique : une politique semencière sous influence », Natures Sciences Sociétés, 2 (...)
- 12 Patrice Djamen et Souleymane Ouattara, Secteur semencier au Burkina Faso : Recommandations pour une (...)
- 13 Evelyne M.F.W. Sawadogo/Compaore, Ludovic Temple, Souleymane Ouedraogo, Aline Zongo et Soungalo Sou (...)
3Plusieurs études, comme celles de Pallier7, Ouédraogo et Dakouo8, Daré et al.9 et Serpantié et al.10, ont abordé la question des introductions variétales dans les périmètres irrigués à l’Ouest du Burkina Faso. Ces auteurs montrent que la production du riz, qui était traditionnellement une production féminine, se modernise. La politique d’aménagement des bas-fonds contraint les agriculteurs, pour bénéficier des infrastructures, à utiliser les semences certifiées de variétés améliorées avec des intrants chimiques (engrais et pesticides), tout en privilégiant une redistribution familiale du parcellaire aux chefs de famille, qui sont généralement masculins. D’autres études, conduites à l’échelle nationale au Burkina Faso et de l’Afrique de l’Ouest11,12,13, soulignent les risques de standardisation et de normalisation des systèmes semenciers en Afrique par les politiques semencières. Au travers de cette étude localisée, nous cherchons à analyser les processus de transformation des normes sociales de circulation des semences à l’échelle locale et à identifier les enjeux en termes de sécurité alimentaire et d’évolution de l’agrobiodiversité cultivée.
- 14 MAAHA/DGESS, 2019, op. cit.
- 15 La sélection massale désigne une méthode de sélection des plantes qui consiste à choisir les graine (...)
- 16 Shawn Mcguire et Louise Sperling, «Seed systems smallholder farmers use», Food Security, 8, 2016, p (...)
4La commune rurale de Douna a été retenue pour trois principales raisons. Elle présente des conditions agro-climatiques favorables à la production du riz avec un climat de type soudanien (1000 mm/an)14 et un réseau hydrographique dense dans un relief favorable à la formation de bas-fonds. Elle permet ainsi une importante mobilisation de la ressource en eau pour la production du riz. Un grand périmètre irrigué a été créé en 1985 dans la plaine Niofila/Douna pour la production intensive du riz sur 410 ha, puis réhabilité en 2009 dans le cadre de la valorisation de la filière riz et la relance du secteur semencier avec un projet d’extension en cours sur 1 000 ha (carte n°1). A l’échelle de la commune de Douna, on observe donc un cortège variétal très large de riz qui comprend les variétés introduites à différentes périodes : anciennes variétés de riz africains, variétés de riz asiatiques à cycle long introduites dès le XIXe siècle, variétés à cycle court introduites à la suite des grandes sécheresses du XXe siècle, notamment par les Organismes Régionaux de Développement (ORD) et dans le cadre de l’aide humanitaire, et les dernières variétés sélectionnées à partir des types Nerica (New Rice For Africa) depuis la fin du XXe siècle. La sélection et la multiplication des semences se font majoritairement au champ dans le cadre de l’agriculture familiale, sauf dans les périmètres irrigués gérés par l’Etat l’utilisation de semences de variétés « améliorées » produites en station de recherche et certifiées selon le processus de qualité national imposée. Ces variétés sont de « lignée pure », c’est-à-dire reproductibles à l’identique, homogènes et distinctes des variétés existantes, notamment des variétés produites à la ferme qui sont des variétés « population » caractérisées par une très grande diversité génétique. Dans les bas-fonds non aménagés, les semences sont issues de la sélection massale15, classées et dénommées selon les langues des terroirs d’origine des types variétaux (variétés locales) principalement définis par la longueur des cycles, la couleur des grains et des glumes, la labilité des panicules, les qualités de la farine et le goût. En fonction des aléas de production, les agriculteurs et agricultrices peuvent aussi se procurer des semences auprès des réseaux interpersonnels ou sur les marchés, surtout locaux16.
5L’objectif de cet article est de montrer comment la normalisation du système semencier par l’Etat transforme la production du riz en l’inscrivant dans un cadre institutionnel nouveau imposant de nouveaux acteurs, de nouveaux lieux de production et d’échanges semenciers et un nouveau matériel végétal, plus dépendant de l’irrigation et des intrants. Nous montrons qu’au travers du passage de la production du riz des mains des femmes vers celles des hommes, qui est l’une des conséquences de cette politique, les objectifs de production changent, de même que les pratiques et les normes de choix et d’approvisionnement en semences, avec des risques en termes de diversité biologique et variétale dans les agrosystèmes.
6Dans un premier temps, nous analysons la modernisation et la valorisation de la filière riz au Burkina Faso au travers des changements paysagers et de la gestion des territoires qu’elle induit, mais aussi des contrastes observés en termes de diversification variétale dans les différents systèmes de culture rizicole. Dans un second temps, nous mettons en lumière la marginalisation des femmes et des variétés paysannes sur les périmètres aménagés à travers le processus de masculinisation de la filière riz, ses conséquences sur la répartition des terres au sein de l’agriculture familiale, sur les évolutions de l’agrobiodiversité d’une part. D’autre part, la relation particulière que les femmes de la Région des Cascades ont avec le riz rouge Oryza glaberrima, localement appelé pèrè, mettra en évidence l’importance patrimoniale de ces variétés aujourd’hui menacées de disparition.
Matériel et méthodes
7La Région des Cascades est située à l’extrême ouest du Burkina Faso et couvre une superficie de 18 917 km2, soit 6,7 % du territoire national. Son chef-lieu Banfora est situé à 85 km de Bobo-Dioulasso, la capitale économique, et à 450 km de la capitale politique Ouagadougou. La région comporte deux provinces : la Comoé et la Léraba dont relève la commune rurale de Douna, située à 35 km de Banfora et à 15 km de Sindou, chefs-lieux de province. La commune de Douna regroupe sept villages (Douna, Galona, Manéma, Monsanna, Niofila, Sabaribougou et Tassona) autour de la Léraba orientale, affluent du fleuve Léraba dont la province porte le nom. Cette rivière alimente en eau de vastes superficies propices à la production du riz irrigué ou en décrue (cf. carte 1). Plusieurs plans d’eau naturels et artificiels, comme le réservoir en amont du barrage Niofila/Douna, concentrent une poly-activité ancienne et rythmée par l’alternance de saisons sèche et pluvieuse.
- 17 Cette carte ne recense pas les bas-fonds aménagés depuis 2009, qui font l’objet d’une cartographie (...)
Carte n°1 : Réseau hydrographique, zones aménagées et bas-fonds non aménagés dans la commune rurale de Douna17

- 18 Le Tyurama, ou encore cuuramã, tchurama, turka, turuka, est la principale langue parlée dans la Rég (...)
- 19 La transcription des noms de variétés locales de riz est donnée en Tyurama et en Djoula, sous la fo (...)
8Les Turka sont la population autochtone de Douna ; ils parlent Tyurama18. La langue véhiculaire est le Djoula utilisé pour échanger avec les autres groupes ethniques et surtout pour commercer dans l’ouest du Burkina Faso19.
9Cette étude s’appuie sur une enquête qualitative et des observations directes de terrain. Des focus groups ont été réalisés auprès des associations de productrices de riz dans les bas-fonds pour aborder les questions patrimoniales sur les anciennes variétés de riz, parce que nous faisions l’hypothèse que ces collectifs féminins opposeraient une certaine résistance aux remplacements variétaux. Les focus groups ont été conduits à partir de 2018 avec le groupement de productrices de riz dans le périmètre irrigué Niofila/Douna. Le premier, en 2018, a rassemblé 30 femmes; le deuxième a été organisé en 2019 auprès de 15 femmes appartenant au groupement de productrices de riz de Douna qui rassemble les productrices de riz dans les bas-fonds aménagés, le périmètre irrigué et les bas-fonds non aménagés ; le dernier focus group, organisé en 2021, a rassemblé 14 personnes, dont 12 femmes et deux hommes du groupement mixte Bayamagado des producteurs et productrices de riz de la commune de Douna. Ce dernier regroupe les femmes et les hommes produisant aussi bien dans le périmètre irrigué que dans les bas-fonds non aménagés.
10Parallèlement à ces focus groups, a été menée une enquête individuelle auprès de 16 producteurs et productrices dans le village de Douna en juillet 2021. Si les hommes sont les plus nombreux dans le périmètre irrigué, ils n’y produisent pas exclusivement du riz, contrairement aux femmes. La présence de celles-ci sur le périmètre irrigué s’explique par la volonté de l’Etat de soutenir une filière traditionnellement féminine en participant à leur inclusion dans ces espaces. Un guide d’entretien de 45 minutes était à la base des discussions, puis une tournée sur le terrain a permis de faire une observation directe des parcelles, de prendre des photographies et de localiser à l’aide d’un GPS (global position system) les différents systèmes de production du riz. Des entretiens complémentaires ont été réalisés en 2019 avec le chef de plaine Niofila/Douna et son équipe. La documentation sur la politique rizicole, l’aménagement des bas-fonds et la production du riz au Burkina Faso a fourni les informations sur le cadre institutionnel des changements normatifs concernant la filière riz et le système semencier national.
La modernisation de la filière riz : du riz des bas-fonds non aménagés aux périmètres irrigués
- 20 MAAHA/DGESS, 2019, op. cit.
- 21 MAHRH, 2011, op. cit.
- 22 Jean-François Cruz, Usinage du riz au Burkina Faso ; diagnostic technique des rizeries, Ouagadougou (...)
11La politique burkinabé de soutien à la filière riz se traduit sur le terrain par la réalisation d’aménagements hydro-agricoles, non seulement dans les grands périmètres irrigués, dont l’aménagement a commencé dans les années 1970, mais aussi dans des bas-fonds aménagés, de superficies réduites, moins coûteux et mieux adaptés à la gestion villageoise. En 2011, par exemple, près de 10 000 ha ont été aménagés avec ces dispositifs plus légers et mieux appropriés aux usagers organisés en groupements20. Les nouveaux aménagements se sont multipliés et les grands périmètres irrigués des années 1970-80, tels que Bagré dans la Région du Centre-Est, Banzon et Bama dans la Région des Hauts-Bassins, Sourou dans la Région de la Boucle du Mouhoun, Karfiguela et Nionfila-Douna dans la Région des Cascades, ont été réhabilités21 et développés en grands pôles de production de riz22.
12Dans la zone soudano-sahélienne du Burkina Faso, on observe une grande diversité d’aménagements, allant des bas-fonds exploités en décrue par les communautés villageoises aux bas-fonds aménagés et périmètres irrigués réalisés par l’Etat avec une maitrise partielle ou totale de l’eau et une organisation centralisée pour l’encadrement de la production rizicole. En fonction de la localisation de la rizière et du système de culture, les dynamiques de diversification variétale sont contrastées.
Diversité des rizières de contre-saison : essai de typologie
13Les espaces de production du riz peuvent être classés en trois grands types selon les aménagements, les collectifs qui les gèrent et le degré de technicité. Il s’agit des bas-fonds non aménagés, des bas-fonds aménagés sans maitrise d’eau et des périmètres irrigués avec maitrise totale ou partielle d’eau.
14Tableau 1 : Typologie des rizières
Types |
Bas-fonds non aménagés |
Bas-fonds aménagés sans maitrise d’eau |
Périmètres irrigués |
Répartition foncière et aménagement |
Répartition et gestion lignagère du foncier. Aménagement individuel, usage de motopompe. |
Redistribution du parcellaire agricole entre les familles et les lignages qui détenaient la maitrise foncière avant l’aménagement. Aménagements collectifs plus ou moins lourds selon l’importance du financement octroyé (digues et diguettes). |
Redistribution du parcellaire agricole avec une priorité pour les familles et les lignages qui détenaient la maitrise foncière avant l’aménagement. Aménagement coûteux en capitaux pour organiser la distribution et le drainage de l’eau. |
Gestion des parcelles et réalisations |
Gestion individuelle à l’échelle de la parcelle Réalisation individuelle de la parcelle dans le cadre de l’agriculture familiale ; poly-activités (pêche, agriculture) et associations culturales avec un système de production traditionnel. Exploitations familiales |
Gestion collective à l’échelle du bas-fond aménagé Aménagements collectifs avec le soutien financier et technique des agents de l’agriculture ; intensification agricole pour rentabiliser l’investissement collectif. Exploitations familiales organisées en associations ou groupements reconnus par l’Etat |
Gestion du périmètre irrigué par l’Etat Infrastructure hydroagricole réalisée par l’Etat. Capitaux mobilisés par l’Etat ou par les institutions internationales dans le cadre de l’aide au développement. Encadrement institutionnel et technique par les agents de l’Etat. Fourniture d’intrants et débouchés pour la filière rizicole. Organisation des exploitants au sein de groupements de producteurs ou d’associations. |
Les variétés de riz dans les bas-fonds non aménagés
15Dans les bas-fonds non aménagés, la production de riz est traditionnellement et majoritairement assurée par les femmes. Elle repose sur des aménagements légers et individuels (chemins pour l’eau, diguettes légères) et l’exploitation de la décrue selon une succession variétale dépendante des courbes de niveaux.
16Sur une même parcelle, plusieurs variétés de riz peuvent être associées. Les anciennes variétés (comme pèrè/ Tyurama ou malo-wulén/ Djoula - riz rouge) sont le plus souvent produites en début de saison pluvieuse dans les zones inondées parce qu’elles sont demandeuses de beaucoup d’eau et ont un cycle long. Les variétés locales à cycle plus court (wêrêwêrê/ Djoula (turbulent) ; misséli/ Djoula (aiguille) ; kogo-malo/ Djoula (riz sauvage ou riz de brousse) et riz cassé) ainsi que les variétés améliorées sont installées dans les zones inondées moins longtemps (Tableau 2). On observe donc l’utilisation de semences de variétés locales plus ou moins anciennes issues du système semencier paysan (autoproduction et échanges locaux) mais aussi des variétés issues de la recherche agronomique provenant du système semencier légal (TS32-1, ITA123, FKR19, FKR33) acquises sur le périmètre irrigué et sur les marchés auprès de revendeurs. Dans le dernier cas, elles n’ont pas toujours suivi le processus de certification et peuvent ensuite être autoproduites dans les fermes. Compte-tenu de la petite taille des parcelles et de sa capacité de travail, chaque femme cultive généralement trois variétés : une variété améliorée destinée à la vente aux centres d’étuvage, une variété locale à cycle court destinée à la consommation familiale et une petite quantité de pèrè réservée aux usages rituels.
17Tableau 2 : Diversité des variétés de riz recensées dans les bas-fonds non aménagés entre 2018 et 2022 dans le Région des Cascades (Source : enquêtes terrain)
- 23 ORD : Organismes régionaux de développement.
Nom |
Langue |
Nom scientifique |
Type de variétés |
Condition de culture |
Durée du cycle |
Synonymes |
pèrè |
Tyurama |
Oryza glaberrima |
Variété population ancienne endémique d’Afrique de l’Ouest |
Riz flottant |
6 mois avril-nov |
sangafrê/ Tyurama de Toumousséni ciramignougou/ Cerma malo-wulén/ Djoula Riz rouge |
wêrêwêrê |
Djoula |
Oryza spp |
Variété population locale |
Riz flottant |
5 mois Juin-nov |
turbulent |
misséli |
Djoula |
Oryza spp |
Variété population locale |
Riz flottant |
5 mois Juin- nov |
aiguille |
Riz cassé |
Français |
Oryza spp |
Variétés population sélectionnées à la ferme à partir des variétés chinoises introduites par les ORD23 |
Riz pluvial cultivé en bas fonds |
4 mois Juillet-nov |
|
Kongo-malo |
Djoula |
Oryza spp |
Variété population locale |
Riz pluvial cultivé en bas fonds |
Riz sauvage ou riz de brousse |
|
TS32-1 |
Oryza sativa indica |
Variété issue de la recherche INERA (1960) |
Riz irrigué |
3 mois (90 jours) |
||
ITA123 |
Oryza sativa indica |
Variété issue de la recherche INERA et IRSA |
Bas-fond et irrigué |
4 mois (120 jours) |
||
FKR19 |
Oryza sativa japonica |
Variété issue de la recherche INERA (1984) |
Riz pluvial |
3 mois (90 - 115 jours) |
||
FKR33 |
Oryza sativa japonica |
Variété issue de la recherche INERA (1976) |
Riz pluvial |
3 mois (80 - 100 jours) |
18En fonction des variétés de riz, les modes de semis diffèrent : semis en quinconce ou en ligne, avec ou sans repiquage après un temps en pépinière (Photo 1 et 2). Traditionnellement, le riz est semé à la volée au début de la saison des pluies dans les bas-fonds, les variétés de riz flottant utilisées permettant de suivre la hausse du niveau de l’eau et de récolter après la saison des pluies. La pratique de la pépinière était alors déjà connue, mais réservée en cas de pluies précoces ou d’installation tardive de la parcelle. Le repiquage se fait alors en quinconce dans les parcelles inondées (Photo 1). L’introduction des variétés améliorées en culture intensive impose la pratique du repiquage en ligne pour mieux gérer les apports en eau d’irrigation et en intrants. Avec l’expérience, y compris dans les parcelles de maïs semé en ligne en zone pluviale, les agriculteurs et agricultrices adoptent de plus en plus le semis en ligne pour le riz, même avec des variétés population, ce qui leur permet un démariage plus facile et donc une meilleure maitrise des densités adaptées au niveau de l’inondation.
19L’association variétale dans les bas-fonds répond à deux objectifs majeurs : l’adaptation aux niveaux variables de l’eau dans les parcelles et la minimisation des risques de perte de production au niveau de l’exploitation familiale. L’utilisation de variétés flottantes à cycle long permet d’exploiter les parties les plus longtemps inondées, même si leur productivité est moins grande ; les autres variétés à cycle long, non flottantes, bénéficient également des zones les plus humides et fertilisées par l’apport des limons, mais sont sujettes au risque d’inondation avant la récolte ; les variétés plus récentes, à cycle court, sécurisent la production rizicole dans les parties extérieures moins longtemps inondées. Les variétés sélectionnées par la recherche scientifique (type Nerica, Oryza sativa) permettent d’améliorer les rendements grâce à un amendement chimique complémentaire dans ces zones moins longtemps touchées par la crue. Les pépinières et la pratique du repiquage sont réservées aux variétés issues de la recherche pour favoriser la croissance rapide des plantes. Bien que plus exigeante du point de vue du travail et de la mobilisation de la main d’œuvre, la pépinière permet de contrôler les apports en eau et en engrais durant la phase sensible de la germination et du développement racinaire et d’écourter la phase d’élongation de la plante dans les parcelles moins bien maitrisées, surtout du point de vue hydrique.
- 24 Le soumbala est un condiment très apprécié en Afrique de l’Ouest, il est préparé à base de graines (...)
20Sur le plan gustatif et culinaire, les variétés locales de riz sont les plus appréciées par les productrices qui les utilisent dans la préparation de mets locaux comme la bouillie de riz, le riz soumbala24, le riz sauce, le riz gras... Leur inconvénient majeur, selon les productrices, est qu’elles connaissent à maturité un problème de verse considérable entrainant des pertes de récolte importantes. Une productrice de Douna, exploitant un bas-fond non aménagé, exprimait cela en ces termes : « La variété wêrêwêrê/ Djoula (turbulente) est très difficile parce que la gerbe se courbe très tôt et, avec le vent, la moitié des graines tombent avant et même pendant la récolte. Donc nous ne gagnons pas grand-chose en fin de compte ». Une autre productrice ajoute que : « la variété misséli/ Djoula (aiguille), vaut mieux en termes de verse mais sa récolte est difficile car elle est très piquante d’où son nom ».
21Les stratégies de diversification variétale pour s’adapter aux contraintes et opportunités locales et pour répondre aux préférences gustatives entretiennent ainsi une diversité variétale et biologique très grande, où se cumulent toutes les variétés introduites par différentes voies sur le temps long. L’intégration de nouvelles variétés à cycle court, éventuellement issues de la recherche et avec des semences certifiées, ne fait pas disparaitre les anciennes variétés : elle permet au contraire d’étendre spatialement les possibilités de culture aux espaces qui ne pouvaient pas être mis en valeur par la riziculture en raison d’une inondation trop courte et contribue à moderniser les systèmes de production. Moins sujettes au risque de verse des panicules, ces nouvelles variétés sont ainsi de plus en plus adoptées malgré des qualités gustatives moins appréciées.
22Dans les bas-fonds non aménagés, on observe ainsi une juxtaposition de pratiques et de variétés qui en font un système de culture adapté à la variabilité environnementale, qui se modernise selon un rythme hétérogène entre agriculteurs et agricultrices et dont la productivité est à estimer en intégrant d’autres composantes des systèmes de production (maraichage, élevage, pêche).
Photo n°1 : Repiquage de riz

Des femmes en activité de repiquage de riz dans un bas-fond non aménagé dans la zone de Banfora.
Cliché PEMOU B.C 2011
Photo n°2 : Juxtaposition de parcelles semées en ligne et en quinconce dans un bas-fond non aménagé

Aménagement individuel et léger en diguette par les productrices pour la culture du riz dans un bas-fond non aménagé à Douna.
Cliché PEMOU B.C 2021
Les variétés de riz dans les bas-fonds aménagés et les périmètres irrigués
- 25 Justine Robin et Philippe Lavigne Delville, « Aménagement de bas-fonds et recompositions foncières. (...)
- 26 Bio M. Torou, Thomas B. Yameogo, Aymar Y. Bossa, Fourvouon Somé et Evariste D. Da, » Diversité des (...)
- 27 FAO, Évaluation du Programme de la FAO au Burkina Faso,2010-2014.Etude de cas sur l’aménagement de (...)
23Les aménagements de périmètres irrigués au Burkina Faso ont été largement étudiés et critiqués depuis les années 1970, tant sur le plan fonctionnel qu’économique et organisationnel(Pallier6 ; Ouedraogo et Dakouro7 ; Serpentié et al.9 ; Robin et Lavigne-Deville25 ; Torou et al.26). Ces auteurs soulignent les problèmes techniques de conception, la vétusté des infrastructures et le manque d’entretien, ainsi que les problèmes de gestion, notamment du point de vue foncier. Le manque de préparation et d’accompagnement des périmètres irrigués après le départ des projets de développement a aussi été montré, ce qui contribue à expliquer le constat d’échec de ces grands projets en Afrique subsaharienne27. Certaines analyses montrent aussi que ces réalisations hydroagricoles de grande envergure n’ont proposé aux producteurs que des parcelles de petites tailles, de 0,15 ha à 0,25 ha, qui ne permettent pas de réaliser une production suffisante pour sortir de la pauvreté9.
- 28 Amadou Abdoulaye Fall, Synthèse des études sur l’état des lieux chaine de valeur riz en Afrique de (...)
24Malgré ces constats sur les expériences passées, la relance de la politique agricole depuis le début des années 2000 repose sur le même type de grands programmes et projets de développement avec l’aménagement de bas-fonds et la réhabilitation des pôles de production, l’établissement d’un cadre de concertation des acteurs de la filière et des appuis multiformes aux producteurs5, 28. Comme dans la période des grandes sécheresses de la moitié du XXe siècle, les aménagements consistent en la réalisation de dispositifs pour le stockage de l’eau (barrage) et sa distribution dans les parcelles à travers les canaux d’irrigation. En fonction du choix d’une maitrise totale ou partielle de l’eau, un système de pompage et de partage de l’eau est mis en place. Les systèmes les plus performants permettent une production permanente grâce à la conduite de deux ou trois campagnes de culture par an. C’est le cas du périmètre irrigué de Douna, réhabilité en 2008 (photo 3 et 4), qui représente l’un des pôles de productions maraichère et rizicole majeurs du pays avec des exportations de produits agricoles (patate douce, arachide, riz) à l’échelle de l’Afrique de l’Ouest
Photo n°3 : Etendue d’eau du barrage Niofila/Douna

Vue de la retenue utilisée pour l’irrigation de la plaine
Cliché PEMOU B.C 2019
Photo n°4 : Canal principal d’amené

Vue sur le canal qui irrigue la plaine Niofila/Douna. Des canaux secondaires y sont rattachés afin d’alimenter les parcelles en eau
Cliché MAAH 2018
25Exploitée dans le cadre d’une agriculture familiale, la plaine Niofila/Douna est sous la tutelle du ministère de l’agriculture et gérée par des équipes d’agents d’encadrement technique sur le terrain. Ces agents assurent la répartition des parcelles entre les ménages agricoles, avec un quota d’environ 50% des parcelles dédiées à la riziculture pour les femmes. Ils gèrent aussi la distribution de l’eau dans les parcelles et assurent l’encadrement agricole.
26Du point de vue de la diversité variétale, les études citées plus haut soulignent le bannissement systématique des variétés anciennes dans les bas-fonds aménagés et les périmètres irrigués. En effet, le modèle économique appliqué prévoit de financer le coût de l’entretien du périmètre et de la gestion de l’eau, souvent aussi une partie de l’aménagement lui-même, par une hausse des rendements à l’hectare, ce qui impose l’utilisation de variétés à haut potentiel de rendement valorisant les apports en engrais et l’irrigation. Ces variétés sont travaillées en station agronomique pour être adaptées aux différentes zones agro-climatiques du pays et diffusées par l’Institut National de Recherche Agronomique (INERA), via les services de l’agriculture. Pour la zone de Banfora, ce sont les variétés chinoises TS2, TS10 et ITA1237, notamment introduites par la coopération taïwanaise dans le cadre des projets comme le Projet Riz Pluvial (PRP), qui sont proposées en riziculture irriguée.
27Contrairement aux bas-fonds non aménagés, le choix des variétés de riz n’est pas laissé aux producteurs et productrices et les associations variétales au sein d’une même parcelle ne sont pas admises par les agents de l’agriculture. Même s’il existe une diversité de variétés de riz proposée par l’encadrement agricole, la règle qui prévaut dans le périmètre irrigué de Niofila/Douna est de ne cultiver qu’une seule variété pour une même année dans tout le périmètre irrigué. Dans la pratique, une seconde variété est exceptionnellement autorisée en cas de manque de la première, ce qui se produit assez souvent, en raison de dysfonctionnements de la filière semencière (retard dans la mise à disposition des semences, quantités insuffisantes, qualité médiocre avec difficultés de germination). Cette imposition d’une variété unique en monoculture dans les parcelles a pour conséquence une faible diversité variétale en riz dans les périmètres irrigués et une très forte dépendance à la régularité de l’approvisionnement en moyens de production qui sont fournis par l’encadrement agricole : l’eau et les intrants, dont les semences.
28La justification de ce système de production basé sur la monoculture du riz est l’optimisation des rendements pour répondre quantitativement au défi de sécurité alimentaire à l’échelle régionale et nationale par la fourniture d’un aliment de base aux populations, souvent urbaines. Si la production est sécurisée par l’irrigation, une grande part des risques de production est reportée sur les agriculteurs et agricultrices qui, pour assurer leur propre sécurité alimentaire, recourent à la diversification spécifique et variétale dans d’autres parcelles à l’intérieur et hors périmètre irrigué, y compris dans des environnements marqués par de fortes variations inter et intra-annuelles.
29La même dynamique s’observe dans les bas-fonds aménagés : pour rentabiliser le coût de l’aménagement, les organisations de producteurs s’engagent à adopter l’itinéraire technique de l’agriculture intensive et donc les variétés améliorées avec engrais et pesticides. L’aménagement représente donc un changement radical dans son exploitation, à l’opposé de la logique familiale des bas-fonds non aménagés reposant sur une diversification variétale au sein des parcelles pour jouer de leur complémentarité, de celle des sols et assurer un rendement minimal en riz pour une diversité d’usages. La politique d’aménagement des bas-fonds représente une réelle opportunité de réguler les apports en eau dans des parcelles nivelées pour augmenter les superficies cultivées et les productions en riz. En remplaçant un système par l’autre, elle provoque une recomposition foncière des bas-fonds exploités par l’agriculture familiale et impose l’utilisation de nouvelles variétés destinées au marché national et régional, ce qui comporte des risques de disparition des variétés locales habituellement vouées à la consommation familiale. Malgré les injonctions extérieures, notamment des Nations Unies, en faveur du maintien des femmes dans la production rizicole dans les espaces aménagés, les conséquences de ces politiques d’intensification agricole ont des effets genrés bien marqués dans les territoires.
Les effets genrés des politiques nationales de sécurisation alimentaire
30Dans la commune de Douna, à l’instar d’autres localités de la Région des Cascades et du Burkina Faso, la production du riz était une activité féminine considérée comme une activité secondaire par rapport aux autres céréales sèches (maïs, sorgho), qui constituent l’aliment de base, et aux cultures commerciales (coton arachide, niébé). Depuis la relance de la filière riz, les hommes s’y intéressent de plus en plus - car elle est de plus en plus une valorisation économique sur les marchés - et cherchent à acquérir des parcelles dans les bas-fonds aménagés et les périmètres irrigués. Pour comprendre ce changement dans la filière riz, il faut revenir à l’organisation pré-aménagement et à la place des femmes dans le système de production, mais aussi aux facteurs de marginalisation des riz produits exclusivement par les femmes pour des usages en voie de disparition.
Une « masculinisation » de la production rizicole au Burkina Faso
31Plusieurs facteurs interviennent pour expliquer la diminution des liens entre les femmes et les riz dans la région étudiée. Les difficultés d’accès aux parcelles des bas-fonds aménagés figurent parmi les plus importants, mais les nouvelles normes de commercialisation des riz étuvés, qui s’imposent pour répondre à une demande urbaine croissante avec une meilleure valeur ajoutée dans le cadre de réseaux d’acteurs principalement masculins, participent aussi à leur marginalisation.
Une recomposition foncière liée à l’aménagement
32L’aménagement des bas-fonds induit une recomposition foncière des patrimoines lignagers en instaurant de nouvelles règles d’accès, qui peuvent être liées à des normes légales, être imposées par le projet qui crée ainsi son propre droit et/ou avoir été négociées au sein des collectifs villageois15. Exploités depuis très longtemps dans la Région des Cascades, tous les bas-fonds sont appropriés et la maitrise foncière est détenue par les différents lignages autochtones par droit de défrichage. Les patrimoines lignagers se sont étendus au cours du temps et ont été partagés entre les grandes familles. Les autres usages du bas-fond (pâturage, cueillette, pêche) sont régis par d’autres règles spécifiques, qui sont aussi redéfinies lors de l’aménagement.
33Les terres du bas-fond sont transmises entre générations par héritage au sein du lignage, selon les règles coutumières qui privilégient les hommes. Les chefs de famille répartissent ensuite les droits d’usage : c’est dans ce cadre que les femmes ont accès aux terres. Les zones les plus inondées n’étant pas concurrencées par d’autres types d’usage, elles y cultivent les riz flottants dans des parcelles qui appartiennent souvent à des hommes, époux ou apparentés. Si ces droits d’usages ne sont pas respectés au sein des familles, les conflits fonciers générés sont gérés par les chefs de familles et/ou par les chefs de lignage.
34Chaque aménagement donne lieu à une négociation entre les chefs de lignage et le projet. Généralement, les chefs de familles de ces lignages, constitués en association et qui ont cotisé pour l’aménagement, se voient attribuer une parcelle. L’aplanissement des surfaces et la redistribution de la ressource en eau permettant de produire le système de culture intensif du riz, les hommes investissent ces parcelles au détriment de leurs femmes, qui en perdent de fait le droit d’usage.
35Les périmètres irrigués aménagés directement par l’Etat constituent un cas particulier : en tant qu’investisseur principal, l’Etat fait jouer la norme légale et récupère la propriété de la terre. Dans le cas de la plaine de Niofila/Douna, les chefs de lignages autochtones concernés ont négocié une priorité dans la redistribution des terres après l’aménagement. Toutefois, les usagers du périmètre perdent leur droit de propriété et les hommes comme les femmes doivent être membres d’un groupement de producteurs et respecter les règles de fonctionnement du périmètre irrigué (organisation de l’eau, cahier des charges de la production) pour accéder à une parcelle.
36Dans les deux cas, bas-fond aménagé et périmètre irrigué, les injonctions internationales en faveur de la défense des droits des femmes poussent à la reconnaissance de celles-ci comme productrices, et donc à leur réserver une partie des terres aménagées. Il n’est donc pas rare de trouver une portion de l’espace réservé à un groupement de femmes et elles y sont soumises aux mêmes règles d’exploitation. Elles sont ainsi contraintes d’adopter le même système de culture monovariétal qui leur permet d’accéder à du numéraire. La production de variétés locales reste cantonnée aux parcelles inondées non aménagées, qui n’appartiennent pas directement aux femmes mais sur lesquelles elles ont un droit d’exploitation.
37Selon le chef de plaine de Niofila/Douna, agent du ministère de l’agriculture en charge de la gestion du périmètre, interrogé en 2018 sur les 1 200 producteurs exploitant les parcelles, 725 sont des hommes et 475 des femmes, soit près de 40%. Toutes les parcelles ne sont pas exclusivement cultivées en riz, les hommes ayant tendance à s’inscrire dans d’autres filières lucratives, en plus du riz qui est obligatoire pour avoir accès au périmètre. Les femmes font au moins une campagne de riz dans toutes les parcelles qu’elles cultivent dans le périmètre irrigué, en cultivant éventuellement autre chose. Elles continuent aussi à exploiter leurs parcelles dans les bas-fonds non aménagés avec d’autres variétés que celle imposée dans le périmètre. La production rizicole assurant la consommation familiale reste donc exclusivement féminine à l’extérieur du périmètre irrigué.
38Comme dans le cas étudié par Robin et Lavigne-Delville15, la redistribution du parcellaire dans le cadre de l’aménagement opère ainsi une recomposition foncière, plus ou moins conflictuelle en fonction des règles négociées en amont, où les femmes peinent à conserver leurs droits d’usage. En 2022, c’est le rythme de l’aménagement des bas-fonds qui conditionne la production des variétés locales et de l’inscription des femmes dans cette filière.
Une filière pensée pour le marché urbain et régional
39En même temps que la modernisation du système de production et la mise en place du système semencier légal, la structuration de la filière riz prévoit une mécanisation des traitements post-récolte qui était opérée auparavant par les femmes.
40Pour répondre à la demande des consommateurs urbains, qui augmentent la proportion du riz dans leurs habitudes alimentaires, on constate la multiplication des centres d’étuvage et de décorticage du riz paddy (non décortiqué) qui préparent et conditionnent le riz étuvé commercialisé. La mécanisation de cette étape impose des qualités particulières aux grains de riz : à la fois une bonne capacité de résistance au décorticage mécanique (traditionnellement, il est fait manuellement au mortier) et une bonne capacité de conservation après étuvage. Les anciennes variétés, notamment parmi les plus labiles et aux grains très petits, s’avèrent peu adaptées à cette modernisation du décorticage et s’en trouvent exclues (Photo 5). Le riz étuvé et conditionné en sacs de 5, 10 et 20 kg répond bien à une demande citadine croissante où les ménagères d’une certaine classe sociale (moyenne à aisée) l’apprécient pour son goût et le considèrent comme sain.
Photo n° 5 : champs de riz local à Douna

Champ de riz : variété riz cassé, à maturité dans un bas-fond non aménagé de Douna. L’image montre les gerbes de riz touffues et recourbées. Caractéristique des bas-fonds non aménagés. Cela augmente les pertes en grain de riz lors de la récolte.
Cliché PEMOU B.C, 2019
41Ces nouvelles normes de commercialisation participent au remplacement variétal du riz et à la marginalisation des variétés anciennes d’Oryza glaberrima et Oryza longistaminita qui n’avaient pas encore disparu dans la Région des Cascades. Cette tendance à l’uniformisation variétale n’est pas à mettre en regard uniquement de l’aménagement des bas-fonds et de la politique publique qui le sous-tend, mais plus largement au développement d’une filière agricole de plus en plus intégrée au marché, où les variétés locales (riz cassé et autres variétés locales, pèrè) sont encore peu mises en valeur par les consommateurs. Les normes commerciales, en plus des normes d’accès aux semences et au foncier dans les bas-fonds aménagés, président à des profonds changements dans la répartition spatiale et quantitative de la diversité variétale des riz.
42Les conséquences de ces nouvelles normes et pratiques sont difficiles à estimer du point de vue de la diversité génétique. En effet, seul un suivi systématique des modes d’approvisionnement en semences auprès d’un échantillon représentatif de riziculteurs et rizicultrices permettrait d’estimer l’utilisation des semences certifiées de lignée pure mises à disposition par l’encadrement agricole face à celles provenant de l’autoproduction, des échanges interpersonnels et du marché. Même si certaines variétés sont reconnaissables par des traits attribuables aux variétés améliorées, ces semences non certifiées sont génétiquement plus diversifiées en raison des nombreux croisements qu’elles ont pu connaitre au cours des reproductions annuelles successives.
43Quand bien même, il existe, dans la zone, des bas-fonds non aménagés qui offrent toujours des possibilités de pratique de la riziculture, notamment l’utilisation des variétés locales, la tendance aménagiste de ceux-ci, sur fond de mise en œuvre de la politique étatique de la filière rizicole, permet d’élaborer l’hypothèse forte d’un scénario de marginalisation progressive des femmes dans la production du riz à moyen et long termes. L’inscription dans un système de production moderne à haute technicité principalement conduit par des hommes ayant un haut niveau d’instruction (recherche, filière agroalimentaire, agents de la fonction publique) favorise un accès aux cultivateurs masculins les mieux insérés dans les réseaux liés à la ville. Le faible niveau de scolarité des femmes est un handicap que les nouveaux programmes soutenant une approche de genre dans la production agricole ne parviennent pas à totalement compenser.
Une marginalisation des riz produits exclusivement par les femmes dans les bas-fonds non aménagés
44Selon la secrétaire du groupement des productrices de riz, « la production du pèrè est encore possible parce que les aménagements n’ont pas atteint toutes les zones mais le jour où tous les bas-fonds seront aménagés, ce sera la fin de la production de ce riz ainsi que des autres variétés locales ».
45Les enquêtes menées en zone rurale dans la Région des Cascades montrent peu de nostalgie par rapport aux variétés locales de riz en dehors, pour certaines femmes, de la variété pèrè qui revêt un rôle particulier dans les cérémonies d’initiation féminine. Localement, les variétés wêrêwêrê, misséli, kogo-malo et riz cassé sont pourtant préférées du point de vue gustatif. En ville, le riz étuvé produit au Burkina Faso est de plus en plus recherché par une classe moyenne, au regard des importations de riz en provenance de l’Asie pourtant proposées à des prix très bas. Les arguments qualitatifs et patrimoniaux pourraient être facteurs d’une certaine résistance à l’uniformisation variétale.
Le pèrè, un riz endémique d’Afrique réservé aux cérémonies, en net recul
- 29 Serge Hamon, L’odyssée des plantes sauvages et cultivées, Marseille, IRD Editions/Quae, 2018.
- 30 Selon Hamon (2018), les premières formes cultivées du riz Oryza sativa sont identifiées en Asie ent (...)
46L’histoire du riz rouge africain (Oryza glaberrima) montre que les agriculteurs l’ont domestiqué depuis près de 3000 ans à partir d’un riz sauvage (Oryza barthii) bien après que les agriculteurs asiatiques développaient leurs variétés d’Oryza sativa29,30. Endémique d’Afrique de l’Ouest, il a su traverser les temps et s’adapter aux écosystèmes de plus en plus fragilisés par les crises écologiques en Afrique, notamment dans les pays sahéliens où il se cantonne aux zones humides.
47Il est cultivé dans la zone de Banfora depuis plusieurs siècles. En fonction des groupes sociolinguistiques, ce type de riz est nommé pèrè/ Tyurama, chez les Turka de Douna, sangafrè/ Tchurama chez les Turka de Toumousséni ou cira-mahingou/ Cerma chez les Gouin de Banfora, Kossara Siniéna, Niangologo et Ouangolodougou (village frontalier du Burkina Faso avec la République de la Côte d’Ivoire). Adapté aux conditions agro-climatiques humides de la région, il est traditionnellement cultivé par les femmes en petites quantités dans les bas-fonds inondés. Ce riz est décrit localement avec une coque de couleur blanche ou noire recouvrant des grains de couleur rouge à rouge claire. La longueur des grains est variable et la grosseur petite en comparaison des riz asiatiques (Photo n°6 et 7). Son traitement, notamment au décorticage, est très délicat et se fait manuellement : « Il est pilé après une exposition au soleil suivi d’un temps de repos à l’ombre pour lui donner une température tiède et éviter qu’il ne se brise pas trop lors du pilage » selon une productrice de bas-fond de Douna, âgée d’une soixantaine d’années.
Photo n°6 : Pèrè non décortiqué (paddy)

Un échantillon de la variété pèrè obtenue à Douna chez une productrice âgée. Cet échantillon présente deux formes, à coque blanche et à coque noire, qui est dominante.
Cliché PEMOU B.C 2019
Photo n°7 : Pèrè décortiqué et vanné

La variété pèrè est pilée et nettoyée laissant voir la couleur rouge des grains de riz.
Cliché Terra Madre 2017
- 31 Autrefois, la cérémonie du kènèkènè conduisait à l’isolement des jeunes filles durant un mois dans (...)
- 32 Le tô est le plat national fait à base de farine de céréale comme le maïs, le sorgho, le mil, le fo (...)
48La production du riz pèrè répond plus à des critères culturels et patrimoniaux qu’alimentaires. Dans toute la région de Banfora, ce riz est utilisé dans les rites et cérémonies de fêtes, de mariage de funérailles et d’initiations, notamment celle féminine regroupée sous la dénomination de kènèkènè31 chez les Turka à Douna. Cette cérémonie incluait autrefois la pratique de nigwè sigi qui est l’excision (mutilation génitale féminine). Selon les femmes interrogées dans nos focus groups, ce riz aurait une capacité d’aide à la cicatrisation « raison pour laquelle, il était préparé en bouillie et donné aux jeunes filles excisées et même aux garçons circoncis ». Sur le plan culinaire, il est beaucoup utilisé pour la préparation de la bouillie et du tô32 chez les Gouin en raison de sa grande capacité d’absorption d’eau et donc du sentiment d’augmentation de volume préparé. Il y est également un ingrédient incontournable des repas de cérémonie (Terra Madre, 2017). Lors des funérailles, la consommation par la descendance actuelle du même aliment que les ancêtres ont autrefois produit et consommé symbolise leur appartenance à un même lignage. Le riz rouge serait donc le lien entre les vivants et les morts.
49Le riz rouge est de nos jours menacé de disparition par deux faits culturels majeurs : la dépréciation du kènèkènè, du fait que ce riz a été pendant longtemps associé à l’excision, et la transformation des habitudes alimentaires.
50Depuis l’interdiction de la pratique de l’excision au Burkina Faso, la cérémonie a été réinventée. Le pèrè est conservé mais il a changé de rôle, car uniquement réservé à l’alimentation des initiées lors des grandes cérémonies déjà évoquées ci-dessus. Pourtant, les familles sont réticentes à laisser leurs filles participer à cette cérémonie. Avec la baisse du nombre de participantes, les quantités de riz nécessaires sont moins grandes et la production de ce type de riz, qui était déjà marginale, se réduit fortement. Cet exemple illustre bien les conséquences de la perte d’un usage majeur sur la conservation de la diversité cultivée.
51Par ailleurs, la transformation des habitudes alimentaires, en ville comme en milieu rural, met en valeur d’autres produits alimentaires, comme le riz blanc asiatique beaucoup plus valorisé en raison de sa modernité et de sa rapidité de cuisson dans un contexte énergétique contraint. De plus, l’art culinaire traditionnel, par exemple la préparation du tô de riz à la sauce de sésame, n’est plus maitrisé ni connu par la majeure partie de la génération actuelle, y compris dans les groupes culturels qui l’utilisaient. Ainsi dans la zone de Douna en 2022, ce ne sont plus que quelques femmes âgées et certaines mères qui produisent cette variété de riz pèrè en prévision de son utilisation possible au cours des futures cérémonies, initiation ou mariage d’un proche.
Une valeur matrimoniale à réinventer : nouveaux acteurs et nouvelles normalités
52Cette disparition possible du pèrè ne semble pas inquiéter particulièrement les productrices, dont le besoin se réduit avec le temps. Pour les plus jeunes, qui n’ont pas encore le souci de l’initiation de leurs filles, la question se pose moins ou pas du tout. C’est seulement lorsque l’on en a besoin que vient l’inquiétude de savoir où s’en procurer. L’assurance d’en trouver une petite quantité auprès d’une femme âgée participe probablement à l’indifférence au risque probable de disparition. De plus, le malaise entretenu par l’interdiction de l’excision malgré le maintien de la cérémonie d’initiation féminine fait que l’affirmation de la valeur culturelle associée à ces variétés est difficile à revendiquer.
- 33 Le réseau Slow Food est actif dans 46 pays du continent africain, où il œuvre à la protection de la (...)
- 34 https://slowfood.ca/fr/le-premier-terra-madre-de-lafrique-de-louest-terra-madre-burkina-faso/
53La seule catégorie d’acteurs qui a commencé à se mobiliser pour la conservation des semences de pèrè se situe dans la sphère internationale fortement reliée aux mouvements de défense des droits paysans. Ainsi depuis le début des années 2010, le réseau Terra Madre, lancé par Slow Food33 en 2004, a commencé à identifier au Burkina Faso les espèces et variétés éligibles au catalogue de l’« Arche du goût », qui rassemble les produits agroalimentaires à sauvegarder. Avec l’igname d’Arbolé, le beurre de karité de Garango et le fromage peul, le riz rouge de la Comoé (la Comoé est une province de la région des Cascades dont le chef lieux est Banfora) a été sélectionné par le projet des « Sentinelles Slow Food34 » qui « soutient des productions de qualité en voie d’extinction, protège des régions et des écosystèmes uniques, réhabilite des méthodes de fabrication traditionnelles et sauvegarde les races autochtones ainsi que les variétés végétales locales ».
54Les qualités rapportées aux riz rouges sont relevées par les discours (il est utilisé par les mères pour soigner la diarrhée infantile par exemple). Des analyses ont aussi été conduites en 2017 pour évaluer la valeur nutritive des riz rouges en comparaison des riz blancs, qui montreraient qu’ils sont pauvres en sucre et donc conseillés pour les diabétiques. Sur cette base, le projet a organisé une sensibilisation auprès des membres du réseau au Burkina Faso et dans le cadre de manifestations comme Terra Madre Burkina Faso à Ouagadougou en 2017. Un soutien aux productrices organisées en groupement dans un village Gouin (Siniéna) de la Comoé permet d’organiser la commercialisation du riz rouge auprès de l’Association inter-villageoise de Gestion des Ressources naturelles et de la Faune de la Comoé–Léraba (AGEREF/CL), en partenariat avec Terra Madre, qui le revendent à des clients, souvent urbains, désireux de réduire leur consommation de sucre ou d’accéder à une alimentation saine. L’information de la présence d’une filière, même confidentielle, de commercialisation des riz rouges a motivé la redécouverte de cet aliment ancien par des personnes âgées originaires de la région, nostalgiques d’un aliment de leur enfance dont ils apprennent les vertus pour la santé.
55Si ces dynamiques restent limitées et fortement dépendantes du réseau Slow Food, elles participent au Burkina Faso à la sensibilisation des citoyens aux questions de la conservation de la biodiversité, de la qualité des aliments et des circuits courts et plus largement, des droits des paysans et de leurs alliances possibles avec les consommateurs finaux. L’objectif est de remettre en cause les systèmes dominants (modèle technocratique de la révolution verte, mondialisation et circulation des aliments sur de très longues distances). Au-delà des riz rouges, ce sont les valeurs de la diversité bioculturelle mais aussi la défense des droits des producteurs et des consommateurs qui sont au cœur de cette démarche de revalorisation des variétés en voie de disparition.
Conclusion
56Pendant longtemps dans la région des Cascades et notamment à Douna, le riz a été considéré par les hommes comme une culture marginale, du point de vue de la production comme de la consommation familiale, produite par les femmes dans les bas-fonds. Son changement de fonction dans l’agrosystème, où il devient une culture commerciale grâce à la politique de soutien à la filière riz et à la demande sur le marché, s’opère sur la base d’un changement normatif dans les systèmes de culture, les modalités d’approvisionnement en semence, les processus de transformation post-récolte et les conditions de sa commercialisation. En raison des recompositions foncières dans les bas-fonds aménagés et les périmètres irrigués et de son intérêt commercial, le riz devient une culture majeure dans l’agrosystème et tend à devenir une culture masculine. Les femmes parviennent à se maintenir dans la filière grâce aux injonctions extérieures en faveur du genre et adoptent aussi les techniques modernes et les variétés améliorées, même si elles conservent les anciennes variétés locales produites dans les bas-fonds non aménagés ou en périphérie des périmètres aménagés, pour la consommation familiale.
- 35 GIZ : Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit ; PRP : Projet Riz Pluvial financé pa (...)
57Ce sont les dynamiques de conversion des bas-fonds non aménagés, où les femmes cultivaient et décidaient des choix variétaux, le faible coût d’accès aux variétés issues de la recherche encore fortement subventionnées par les projets de développement (notamment par la GIZ, le PRP, l’USAID, le PRK, le VECO)35 ainsi que le recul d’usages liés spécifiquement à d’anciennes variétés qui font peser un risque de disparition à certaines variétés. Ce risque est perçu de manière contrastée selon les acteurs et souvent pour des raisons socio-politiques plutôt qu’écologiques liées à l’adaptation des variétés locales aux terroirs ou à la diversité biologique nécessaire à l’adaptation aux changements environnementaux. En effet, ce sont les arguments liés à l’identité culturelle (risque de disparition du pèrè), à l’autonomie des paysans (moins d’autoproduction, plus de dépendance aux intrants -dont les semences-, recompositions foncières face à l’aménagement) et à la santé qui sont principalement identifiés par les acteurs qui se mobilisent au nom de la diversité cultivée. L’argument de la production locale qui commence à s’exprimer en ville concerne le riz étuvé et le riz blanc produit au Burkina Faso, sans référence particulière ni aux variétés, ni aux terroirs ni aux conditions de production.
Notes
1 MAHRH, Document guide de la révolution verte, Ouagadougou, 2007.
2 Anny Lucrèce Nlend Nkott et Ludovic Temple, « Le système semencier céréalier au Burkina Faso : dépendance de sentier et trajectoires d’évolution de 1970 à 2020 », Économie et institutions [En ligne], 29 | 2021, mis en ligne le 01 décembre 2021, consulté le 29 août 2022. URL : http://journals.openedition.org/ei/6798 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ei.6798
3 Christine Raimond, Laurent Ouedraogo, Camille Noûs et Eric Garine, « L’agrobiodiversité sous les tropiques, débats et controverses en marge du concept d’Anthropocène? » Belgeo [En ligne], 3|2020, mis en ligne le 20 octobre 2020, consulté le 22 octobre 2020, URL: http://journals.openedition.org/ belgeo/42927; DOI: https://doi.org/10.4000/belgeo.42927
4 MAAHA/DGESS, annuaire des statistiques agricoles 2019 du Ministère de l’agriculture, Ouagadougou, 2020.
5 MAHRH, Stratégie Nationale de Développement de la Riziculture, Ouagadougou, 2011.
6 La semence certifiée, habituellement représentée par les symboles « R1 » ou « R2 », désigne la semence obtenue par la multiplication de la semence de base (semence mère). Elle est produite sous la supervision technique et le contrôle de qualité d’un organisme officiel de certification (au Burkina Faso : le SNS, Service National des Semences).
7 Ginette Pallier, « La riziculture moderne en Haute-Volta : l’exemple du périmètre irrigué de la vallée du Kou », Norois, n°95, 1977, p. 311-326.
8 Mathieu Ouedraogo et Dona Dakouo, : « Evaluation de l’adoption des variétés de riz NERICA dans l’Ouest du Burkina Faso », African Journal of Agricultural and Resource Economics, volume 12, 2017, p. 11-16.
9 William’s Daré, Jean-Philippe Venot, Etienne Kaboré, Abdoulaye Tapsoba, Farid Traoré, Françoise Gérard, Simone Carboni, Donatien Idani, Hyacinthe Kambiré et Katian Napon, « Grands aménagements hydroagricoles, inégalités environnementales et participation : le cas de Bagré au Burkina Faso », VertigO - la revue électronique en sciences de l’environnement [En ligne], Volume 19 Numéro 1| mars 2019, mis en ligne le 05 mars 2019, consulté le 15 septembre 2020. URL.
10 Georges Serpantié, Augustine Dorée, Manaka Douanio, Fabrice Somé, Aymar Y. Bossa, Jean-Louis Fusillier Abdraime Sawadogo et Nab Dabiré, « Gestion du risque à l’échelle de la parcelle en riziculture de bas-fond (Dano, Burkina Faso) », in Risques climatiques et agriculture en Afrique de l’Ouest, Marseille, IRD Editions, Collection Synthèses, 2020, p. 99-113. ISBN : 978-2-7099-2820-5.
11 Danièle Clavel, « Afrique : une politique semencière sous influence », Natures Sciences Sociétés, 2, 24, 2016, p. 168-172.
12 Patrice Djamen et Souleymane Ouattara, Secteur semencier au Burkina Faso : Recommandations pour une meilleure intégration des producteurs, Ougadougou, Bioversity International, 2017.
13 Evelyne M.F.W. Sawadogo/Compaore, Ludovic Temple, Souleymane Ouedraogo, Aline Zongo et Soungalo Soulama, « Renouveler la gouvernance du secteur semencier au Burkina Faso pour un développement inclusif », Montpellier, Cirad, Policy brief, 2020.
14 MAAHA/DGESS, 2019, op. cit.
15 La sélection massale désigne une méthode de sélection des plantes qui consiste à choisir les graines des meilleures plantes d’une population donnée pour les utiliser comme semence.
16 Shawn Mcguire et Louise Sperling, «Seed systems smallholder farmers use», Food Security, 8, 2016, p. 179-195.
17 Cette carte ne recense pas les bas-fonds aménagés depuis 2009, qui font l’objet d’une cartographie à grande échelle qui n’a pas pu être reprise dans cette synthèse. L’extension du périmètre irrigué de Niofila/Douna cependant est conforme à la situation de 2022.
18 Le Tyurama, ou encore cuuramã, tchurama, turka, turuka, est la principale langue parlée dans la Région des Cascades, où on compte seize villages turka qui s’étendent sur une étroite bande longeant l’escarpement rocheux de Banfora, de Bérégadougou à l’est jusqu’au village de Toumi à l’ouest. Les principaux villages sont : Bérégadougou, Fabédougou, Moussodougou, Toumousseni Wolokonto, Malon de Wolonkonto, Tourny Douna, Niofila, Bodadiougou, Mondon, Kolokolo (SIL, 2003).
19 La transcription des noms de variétés locales de riz est donnée en Tyurama et en Djoula, sous la forme suivante : pèrè/ Tyurama ou malo-wulén/ Djoula (riz rouge).
20 MAAHA/DGESS, 2019, op. cit.
21 MAHRH, 2011, op. cit.
22 Jean-François Cruz, Usinage du riz au Burkina Faso ; diagnostic technique des rizeries, Ouagadougou, CIRAD, 2005.
23 ORD : Organismes régionaux de développement.
24 Le soumbala est un condiment très apprécié en Afrique de l’Ouest, il est préparé à base de graines de néré (Parkia biglobosa).
25 Justine Robin et Philippe Lavigne Delville, « Aménagement de bas-fonds et recompositions foncières. Le cas de Lofing (Burkina Faso) », in Risques climatiques et agriculture en Afrique de l’Ouest, Marseille, IRD Editions, Collection Synthèses, 2020, p. 217-225. ISBN : 978-2-7099-2820-5. 362 p.
26 Bio M. Torou, Thomas B. Yameogo, Aymar Y. Bossa, Fourvouon Somé et Evariste D. Da, » Diversité des processus de valorisation agricole des bas-fonds et durabilité des aménagements au Burkina Faso ». in Risques climatiques et agriculture en Afrique de l’Ouest, Marseille, IRD Editions, Collection Synthèses, 2020, p. 179-187. ISBN : 978-2-7099-2820-5. 362 p.
27 FAO, Évaluation du Programme de la FAO au Burkina Faso,2010-2014.Etude de cas sur l’aménagement de trois bas-fonds rizicoles dans la région Nord au Burkina Faso. http://www.fao.org/evaluation, 2015.
28 Amadou Abdoulaye Fall, Synthèse des études sur l’état des lieux chaine de valeur riz en Afrique de l’Ouest : BENIN, BURKINA FASO, MALI, NIGER et SENEGAL, Rapport final du Cadre Régional de Concertation des Organisations des Producteurs de Riz de l’Afrique de l’ouest/Réseau des organisations Paysannes et des producteurs agricoles de l’Afrique de l’Ouest, 2016.
29 Serge Hamon, L’odyssée des plantes sauvages et cultivées, Marseille, IRD Editions/Quae, 2018.
30 Selon Hamon (2018), les premières formes cultivées du riz Oryza sativa sont identifiées en Asie entre -14 000 et -11 000 ans dans la province du Hunan en Chine, puis plus au nord du pays avec des formes plus élaborées et distinctes entre O. sativa indica (pluviaux) et japonica (irrigués) entre -7 000 et -5 000 ans.
31 Autrefois, la cérémonie du kènèkènè conduisait à l’isolement des jeunes filles durant un mois dans le but de les initier à la vie et les préparer au mariage dans certains groupes culturels au Burkina Faso, notamment à chez les Turka de Douna. Aujourd’hui, au regard de l’interdiction de l’excision et de la scolarisation des filles, cette cérémonie dure une dizaine de jours environ et a été fortement redéfinie.
32 Le tô est le plat national fait à base de farine de céréale comme le maïs, le sorgho, le mil, le fonio et le riz accompagné de sauce.
33 Le réseau Slow Food est actif dans 46 pays du continent africain, où il œuvre à la protection de la biodiversité agroalimentaire, à des campagnes de sensibilisation contre les OGM et lutte contre l’accaparement des terres et l’agriculture intensive.
34 https://slowfood.ca/fr/le-premier-terra-madre-de-lafrique-de-louest-terra-madre-burkina-faso/
35 GIZ : Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit ; PRP : Projet Riz Pluvial financé par la coopération taïwanaise ; USAID : United States Agency for International Development ; PRECA : Projet de Résilience et de Compétitivité Agricole ; VECO : ONG-Vredeseilanden.
Haut de pageTable des illustrations
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Titre | Carte n°1 : Réseau hydrographique, zones aménagées et bas-fonds non aménagés dans la commune rurale de Douna17 |
URL | http://journals.openedition.org/droitcultures/docannexe/image/8523/img-1.png |
Fichier | image/png, 114k |
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Titre | Photo n°1 : Repiquage de riz |
Légende | Des femmes en activité de repiquage de riz dans un bas-fond non aménagé dans la zone de Banfora. |
Crédits | Cliché PEMOU B.C 2011 |
URL | http://journals.openedition.org/droitcultures/docannexe/image/8523/img-2.png |
Fichier | image/png, 304k |
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Titre | Photo n°2 : Juxtaposition de parcelles semées en ligne et en quinconce dans un bas-fond non aménagé |
Légende | Aménagement individuel et léger en diguette par les productrices pour la culture du riz dans un bas-fond non aménagé à Douna. |
Crédits | Cliché PEMOU B.C 2021 |
URL | http://journals.openedition.org/droitcultures/docannexe/image/8523/img-3.png |
Fichier | image/png, 315k |
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Titre | Photo n°3 : Etendue d’eau du barrage Niofila/Douna |
Légende | Vue de la retenue utilisée pour l’irrigation de la plaine |
Crédits | Cliché PEMOU B.C 2019 |
URL | http://journals.openedition.org/droitcultures/docannexe/image/8523/img-4.png |
Fichier | image/png, 164k |
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Titre | Photo n°4 : Canal principal d’amené |
Légende | Vue sur le canal qui irrigue la plaine Niofila/Douna. Des canaux secondaires y sont rattachés afin d’alimenter les parcelles en eau |
Crédits | Cliché MAAH 2018 |
URL | http://journals.openedition.org/droitcultures/docannexe/image/8523/img-5.png |
Fichier | image/png, 300k |
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Titre | Photo n° 5 : champs de riz local à Douna |
Légende | Champ de riz : variété riz cassé, à maturité dans un bas-fond non aménagé de Douna. L’image montre les gerbes de riz touffues et recourbées. Caractéristique des bas-fonds non aménagés. Cela augmente les pertes en grain de riz lors de la récolte. |
Crédits | Cliché PEMOU B.C, 2019 |
URL | http://journals.openedition.org/droitcultures/docannexe/image/8523/img-6.png |
Fichier | image/png, 392k |
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Titre | Photo n°6 : Pèrè non décortiqué (paddy) |
Légende | Un échantillon de la variété pèrè obtenue à Douna chez une productrice âgée. Cet échantillon présente deux formes, à coque blanche et à coque noire, qui est dominante. |
Crédits | Cliché PEMOU B.C 2019 |
URL | http://journals.openedition.org/droitcultures/docannexe/image/8523/img-7.png |
Fichier | image/png, 316k |
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Titre | Photo n°7 : Pèrè décortiqué et vanné |
Légende | La variété pèrè est pilée et nettoyée laissant voir la couleur rouge des grains de riz. |
Crédits | Cliché Terra Madre 2017 |
URL | http://journals.openedition.org/droitcultures/docannexe/image/8523/img-8.png |
Fichier | image/png, 392k |
Pour citer cet article
Référence électronique
Biokassambani Cathérine Pémou, Laurent Tewendé Ouedraogo et Christine Raimond, « Politiques de sécurisation alimentaire au Burkina Faso et participation des femmes à la production du riz : le cas de la commune rurale de Douna », Droit et cultures [En ligne], 84 | 2022-2, mis en ligne le 12 juillet 2023, consulté le 09 décembre 2023. URL : http://journals.openedition.org/droitcultures/8523 ; DOI : https://doi.org/10.4000/droitcultures.8523
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