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L’interaction science/gestion au profit des écosystèmes lacustres

Les macrophytes indigènes et exotiques : mieux connaître pour mieux gérer 

Native and exotic macrophytes: better knowledge for better management
Andoni Zuazo, Lionel Fournier, Alain Dutartre et Vincent Bertrin
p. 50-73

Résumés

Lacs et étangs du littoral aquitain abritent des plantes aquatiques visibles à l’œil nu (macrophytes) inféodées aux hydrosystèmes oligotrophes sableux peu profonds, incluant des espèces rares, endémiques ou présentes habituellement dans les lacs d’Europe du Nord.

Depuis une quarantaine d’années, ces plans d’eau sont également le lieu de développements plus ou moins importants de macrophytes exotiques à caractère envahissant. Ces plantes peuvent former des herbiers denses susceptibles de créer localement des envahissements importants dès que les conditions environnementales leurs sont favorables, menant parfois à la colonisation quasi totale de la superficie de certains petits étangs.

L’obstacle que représentent les herbiers denses dans la pratique de certains usages récréatifs et les interrogations liées à leurs impacts potentiels sur les espèces indigènes et le fonctionnement écologique des limnosystèmes, ont mené gestionnaires et hydrobiologistes à établir une stratégie commune visant à acquérir des connaissances sur ces "nouvelles" espèces, et à mettre en œuvre des solutions de gestion.

À partir de la fin des années 1980, le Syndicat Mixte Géolandes et l’Irstea-Cemagref (désormais l’INRAE) ont collaboré pour établir des diagnostics des espèces présentes et des sites colonisés, pour élaborer ensuite un plan de gestion dédié à la régulation adaptée de chaque espèce en fonction des enjeux identifiés, et à l’entretien régulier des zones traitées pour éviter toute recolonisation massive. Depuis, cette collaboration perdure, le dialogue s’opérant sur la politique de gestion adoptée par le Syndicat Mixte, s’appuyant sur un réseau de référents locaux coordonnant les opérations de surveillance et d’entretien confiées aux collectivités locales avec le soutien technique et financier du Syndicat. Elle s’appuie également sur l’analyse à long terme des dynamiques des plantes et sur le développement de techniques d’échantillonnage et de prédiction de leur distribution potentielle à fine échelle.

Ainsi, les questions de gestion alimentent en continu les questions de recherche scientifique, pour tenter de répondre aux interrogations actuelles et émergentes liées à la présence des végétaux dans les plans d’eau.

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Texte intégral

Introduction

1Les plantes aquatiques contribuent au fonctionnement, à la richesse et à l’équilibre des écosystèmes aquatiques (Hutchinson, 1975). Les végétaux macroscopiques (macrophytes) peuvent former des herbiers, ou des tapis à la surface ou sur le fond, plus ou moins denses. Un développement excessif de ces végétaux est le plus souvent une des conséquences d’un déséquilibre, d’altérations chimiques (enrichissement en substances nutritives par exemple) ou physiques (artificialisation des berges par exemple) du milieu aquatique (Fleming & Dibble, 2015). Les proliférations d’espèces, indigènes ou exotiques, sont directement liées à la capacité d’adaptation de ces organismes (phénoplasticité, bouturage, etc.) (Muller et al., 1998). Le cas particulier des espèces exotiques est lié à leur dynamique rapide d’extension géographique, à partir du moment où les conditions environnementales leur sont favorables, leur permettant d’augmenter les chances de succès pour leur installation durable suite à leur introduction dans le milieu (Beisel & Levêque, 2010).

2Dans le périmètre de l’agence de l’eau Adour-Garonne, ce succès dans l’installation des végétaux aquatiques exotiques est particulièrement évident, notamment au sein des lacs et étangs du littoral aquitain (Dutartre & Rebillard, 2015). Le climat océanique doux et la diversité des biotopes aquatiques disponibles en font une région très accueillante pour des espèces originaires de régions chaudes du globe. Depuis le début des années 70, en lien avec l’intensification de leurs usages anthropiques, notamment récréatifs, ces plans d’eau sont devenus progressivement le lieu d'accueil de développements importants de macrophytes exotiques à caractère envahissant (Dutartre, 1978 ; Dutartre & Capdevielle, 1982). Il s’agit principalement de plantes immergées telles que Lagarosiphon major (Ridl.) Moss et Egeria densa Planch., et d'espèces amphibies comme Ludwigia spp. ou Myriophyllum aquaticum (Vell.) Verdc. Ces espèces ont de fortes capacités d’occupation des biotopes disponibles à partir du moment où ceux-ci présentent des conditions environnementales qui leur sont favorables (profondeur, qualité du substrat, hydrodynamique, pente des fonds, luminosité). Les impacts des colonisations de ces plantes se traduisent en particulier par la réduction de la diversité floristique des habitats concernés. Ces envahissements peuvent également engendrer diverses nuisances à partir du moment où les sites colonisés sont également utilisés pour des usages anthropiques. Il s’agit généralement d’entraves à la pratique d’activités récréatives telles que le nautisme, la pêche ou la baignade (Dutartre, 1988 ; Dutartre, 1994).

3A la fin des années 1980, l'ampleur et les conséquences de ces colonisations végétales ont amené les gestionnaires des lacs et étangs du littoral aquitain à leur prêter attention. Des chercheurs et ingénieurs ont alors été chargés de réaliser des études spécifiques concernant ces peuplements de macrophytes aquatiques. Ainsi, des collaborations entre gestionnaires et chercheurs ont été mises en place de manière à tenter de répondre aux interrogations liées à la dynamique de ces végétaux, en établissant une stratégie commune visant à acquérir des connaissances sur ces "nouvelles" espèces, et à mettre en œuvre des interventions pour les gérer. Cette démarche collaborative entre le Syndicat Mixte Géolandes et l’INRAE (ex-Irstea, ex-Cemagref) s’est construite progressivement depuis quarante ans, dans une démarche clairement orientée sur de la recherche directement appliquée à la gestion. C'est ainsi, par exemple, que les zones de bordure des plans d’eau, relativement accessibles pour les usagers et les plus facilement colonisées, ont bénéficié des premières observations et expérimentions, puis les recherches se sont par la suite orientées vers les zones profondes, plus difficiles d’accès, situées au large des plans d’eau.

4Cet article propose donc de retracer les étapes principales de cette collaboration durable qui s’est appuyée sur des échanges permanents entre questions concrètes de gestion et leur traduction en termes de recherche y répondant directement, dans la mesure du possible, afin d'améliorer les pratiques de gestion de ces espèces : mieux connaître pour mieux gérer.

Des plans d’eau, des plantes et des êtres humains...

5Les lacs et étangs du littoral aquitain se sont formés pour la plupart en arrière de dunes de sables, remaniées par les vents et l’océan, qui ont obstrué les estuaires des fleuves côtiers et créé des étendues d’eau douce dans les dépressions latérales ou parallèles à la côte (Tastet et al., 2008). Appartenant à la même famille géologique, ces écosystèmes se différencient par des superficies en eau, des profondeurs et des étendues de leur bassin versant très variables (Dutartre, 1986). Dans le département des Landes, c’est-à-dire la partie sud de cette chaîne qui s’étend du bassin d’Arcachon à l’embouchure de l’Adour, le comblement de ces plans d'eau les moins profonds et la colonisation progressive et régulière de ces milieux par plusieurs espèces de plantes aquatiques exotiques figurent parmi les besoins de gestion exprimés par les usagers et les gestionnaires des plans d'eau depuis quatre décennies (Dutartre, 1978b ; Dutartre, Oyarzabal & Fournier, 2005).

6Depuis le début des années 1970, les espèces hydrophytes et amphibies exotiques déjà citées ne présentent pas les mêmes dynamiques de colonisation dans les différents plans d’eau concernés. Occupant tout d'abord des zones localisées de certains d’entre eux, elles y ont pris de l'expansion, lentement dans quelques cas, plus rapidement dans d'autres selon les espèces et la fréquence de biotopes favorables. Ensuite, leurs dispersions et leurs développements se sont poursuivis de manière très progressive, ce qui conduit à ce qu'elles soient actuellement présentes dans la majeure partie des plans d'eau du littoral aquitain (figure 1).

Figure 1. Répartition des principales espèces de végétaux aquatiques exotiques à caractère envahissant dans les lacs et étangs dans le département des Landes (conception et réalisation : Dpt40/12-2020).

Figure 1. Répartition des principales espèces de végétaux aquatiques exotiques à caractère envahissant dans les lacs et étangs dans le département des Landes (conception et réalisation : Dpt40/12-2020).

L’amélioration des connaissances pour la gestion des végétaux exotiques, point de départ de la collaboration entre gestionnaires et chercheurs

7Sur ce territoire, à partir de la fin des années 1970, des demandes d'interventions ont été formulées par des usagers et des collectivités. Elles concernaient particulièrement le lagarosiphon et les jussies. Dès cette période, l’acquisition de connaissances sur la biologie et l’écologie de ces espèces dans le contexte aquitain est apparue indispensable pour tenter de mettre en œuvre une gestion efficace et respectueuse des écosystèmes concernés par ces colonisations. En effet, très peu de littérature scientifique était alors disponible ou facile d'accès sur ces espèces dans leurs aires d'origine. Les seules publications utilisables provenaient de régions du monde où ces espèces étaient également exotiques et gênaient des usages : c'était par exemple le cas de Lagarosiphon major en Nouvelle-Zélande (Chapman, 1970 ; Chapman et al., 1974). En parallèle, des expérimentations localisées ont été mises en place (traitement à l’aide d’herbicides par exemple, CTGREF, 1975). Puis, une analyse plus générale des causes des introductions, de l’état des colonisations, des impacts des espèces sur les écosystèmes et les moyens techniques disponibles pour gérer ces espèces s’est avérée indispensable. L’ampleur de la problématique a suivi une trajectoire croissante au cours des années suivantes, générant des attentes fortes de la part des acteurs locaux en termes de solutions techniques à mettre en place (Dutartre et al., 2005).

8Ainsi, dès sa création en 1988, le Syndicat Mixte Géolandes a été immédiatement confronté à des demandes des collectivités et des usagers s’agissant de nuisances occasionnées par le développement des espèces végétales aquatiques exotiques. Une première réponse structurée a été apportée par la réalisation d'un plan de gestion de la végétation aquatique des lacs et des étangs landais (Dutartre et al., 1989) présentant un panorama des connaissances sur les communautés de plantes aquatiques (indigènes et exotiques) de ces plans d'eau, des cartes de répartition des plantes exotiques envahissantes et des propositions sur les possibilités de leur gestion. Les diagnostics réalisés sur le terrain ont été traduits en propositions de programmes d’intervention concrets pour chaque plan d’eau. Le plan de gestion comportait également des propositions d’information et de formation vers les acteurs directs et indirects de la gestion des plans d’eau (usagers, associations, employés municipaux, etc.), d’expérimentations préalables à l’emploi de certaines techniques de gestion (telles que l’emploi d’herbicides par exemple), et de suivis réguliers à la fois sur les plans d’eau déjà envahis par les plantes et ceux exempts de ces colonisations. L’objectif était alors d’aborder le problème de manière coordonnée et la mise en œuvre de ce plan de gestion dès le début des années 1990 a permis une régulation des développements végétaux dans la plupart des sites fortement colonisés (Dutartre & Oyarzabal, 1993 ; Dutartre et al., 2005 ; Fournier & Zuazo, 2012).

Gestion des plantes aquatiques sur les rives des plans d’eau

9La production de cartes de répartition des plantes exotiques a été l’une des priorités mises en œuvre pour réaliser un diagnostic de l’état de ces colonisations végétales. Il s'est agi de développer une méthodologie d'observations de terrain stabilisée, applicable à tous les plans d’eau, reproductible dans le temps et l’espace tout en fournissant un niveau de précision suffisamment élevé pour déterminer la localisation de l’ensemble de la végétation à l’échelle des lacs et des étangs en vue d’évaluer leur dynamique sur le long terme.

10Une des contraintes majeures de ce type d’étude est sans doute le temps passé sur le terrain. Il a donc été nécessaire que la méthode d’observation des plantes retenue soit à la fois rapide et efficace. De plus, dans la mesure où les difficultés de gestion qui sont la cause des investigations sur les plantes aquatiques se rencontrent principalement dans la zone littorale peu profonde, généralement favorable au développement végétal, c'est donc cette partie des plans d'eau qui a été particulièrement investiguée. Les linéaires de rives ont été découpés en secteurs successifs d’une longueur constante (100 m dans la plupart des cas) produisant une carte de référence unique pour chaque plan d’eau (Dutartre et al., 1989). Le protocole appliqué tenait compte des seuls documents cartographiques assez précis à l'époque, en l'occurrence des agrandissements papier au 1/10 000° de cartes IGN au 1/25 000°, et des difficultés de déplacement sur le terrain, en bateau ou à pied, en particulier dans les zones de roselières. Un autre objectif était de produire une carte de répartition suffisamment précise pour que les intervenants de terrain puissent les repérer facilement. Les observations ont permis de repérer sur chaque secteur les plantes présentes et leur abondance relative. L’abondance relative de chaque taxon est notée de 0 à 5, 0 caractérisant l’absence de la plante et 5 sa présence sur l’ensemble du secteur (figure 2). Après une première application de cette méthode sur le lac de Parentis-Biscarrosse (Dutartre et al., 1987), elle a été généralisée lors de la réalisation du plan de gestion (Dutartre et al., 1989).

Figure 2. Cartographies de la répartition de Ludwigia spp. sur les rives de l’étang de Garros en 1994 (d’après Dutartre 2004).

Figure 2. Cartographies de la répartition de Ludwigia spp. sur les rives de l’étang de Garros en 1994 (d’après Dutartre 2004).

11De nombreuses cartes de répartition des plantes exotiques ont été établies tout au long des années 1990 (Castagnos & Dutartre, 2001). Elles ont permis de soutenir les différentes propositions d’action de gestion coordonnées à l’échelle des plans d’eau concernés, avec notamment l’identification des zones prioritaires d’intervention. Une fois les constats disponibles, la mise en œuvre du plan de gestion a permis la réalisation par le Syndicat Mixte Géolandes d’interventions "urgentes" par moisson ou arrachage dans divers sites (tableau 1).

12Ces investigations cartographiques ont été développées à l’origine pour évaluer l’état de colonisation des plans d’eau par les plantes aquatiques envahissantes. Néanmoins, dès le départ, le Cemagref a souhaité cartographier l’ensemble des taxons présents dans les zones de rives des plans d’eau, y compris les plantes indigènes. Aujourd’hui, ces données accumulées permettent d’analyser la dynamique des peuplements de macrophytes dans les lacs et étangs du littoral aquitain (Castagnos & Dutartre, 2001 ; Dutartre, 2002 ; Bertrin 2018). La disponibilité de données récentes et anciennes, issues de suivis de la végétation aquatique des lacs à l’aide d’un protocole stabilisé, représente une somme d’informations relativement rare en hydroécologie.

Tableau 1. Synthèse des opérations d’arrachage mécanique.

Plan d'eau

Plante(s)

Année(s)

Volume extrait (m3)

Superficie
traitée (ha)

Coût (€ HT)

Turc

Jussie

1992/1993

5 600

44 728

Blanc

Jussie

1993

1,0

3 042

Léon

Jussie /
Myriophylle Brésil

1994

1 870

1,11

29 423

Hardy

Jussie

1996

200

2 288

Moliets

Jussie /
Myriophylle Brésil

1996

885

3,0

23 097

Garros

Jussie

1997

1 775

2,0

37 807

13Peu de plans d’eau en France métropolitaine bénéficient de données dites "historiques" de leur végétation aquatique, mis à part certains lacs des Alpes ou du Jura (voir par exemple Le Roux, 1908 ; Magnin, 1904) ou le lac de Grandlieu (voir par exemple Dupont, 2003). La poursuite des relevés sur les secteurs de rives débutés dans les années 1980 dans les lacs et étangs du littoral aquitain permet en particulier de déterminer les trajectoires écologiques en cours, afin d’orienter les stratégies de gestion (tableau 2). La reconduction périodique de cet exercice pourrait s’avérer très intéressante dans le contexte actuel de changement global dont les effets sur les macrophytes sont incertains. Ces dernières années, des relevés ont été réalisés selon ce même protocole dans le cadre des campagnes 2009-2010 et 2015-2016 du Réseau Complémentaire Plans d’eau Géolandes (RCPG), destiné à évaluer tous les trois ans la qualité des plans d’eau de superficies inférieures à 50 ha du périmètre d’intervention du Syndicat Mixte.

Tableau 2. Exemple de dynamiques (↘ : populations en régression ; → : populations stables ; ↗ : populations en augmentation) de quelques taxons de macrophytes observés dans les lacs de Cazaux-Sanguinet (depuis 1985) et de Parentis-Biscarrosse (depuis 1984).

Isoetes boryana

Lobelia dortmanna

Littorella uniflora

Phragmites australis

Lagarosiphon major

Sagittaria graminea

Egeria densa

Cazaux-Sanguinet





Première observation 2018

Parentis-Biscarrosse

Non observé depuis 2006

Non observé depuis 1984

Première observation 2016

↗↗

14À titre d’exemple, l’analyse des données acquises sur le long terme concernant les jussies (Ludwigia spp.) indique que leurs abondances relatives moyennes sont relativement faibles dans les lacs de Cazaux-Sanguinet et de Parentis-Biscarrosse (abondance relative proche de 2, i.e. quelques petits herbiers), avec une baisse régulière dans le lac de Parentis-Biscarrosse. Dans ce lac, les occurrences y étaient particulièrement élevées en 1984 (plantes observées dans 171 secteurs), puis elles ont légèrement régressé même si elles colonisent encore tout de même 126 secteurs en 2016, soit environ 40 % de la périphérie totale du plan d’eau. À l’opposé, les jussies observées en 1985 sur une vingtaine de secteurs dans le lac de Cazaux-Sanguinet étaient présentes en 2016 dans 113 secteurs supplémentaires (soit plus de 40 % de la périphérie totale du plan d’eau), dont 52 nouveaux secteurs entre 2006 et 2016. Il est possible de caractériser spatialement ces dynamiques sur des cartes de distribution (figure 3). La progression des jussies s'effectue majoritairement dans les sites protégés des vents dominants tels dans l'anse d'Ispe au sud-ouest du lac de Cazaux-Sanguinet.

Figure 3. Dynamique de Ludwigia spp. dans le lac de Cazaux-Sanguinet (à gauche) entre 1985 et 2016 (Base Aérienne 120 exclue) et dans le lac de Parentis-Biscarrosse (à droite) entre 1984 et 2016 (d’après Bertrin 2018a).

Figure 3. Dynamique de Ludwigia spp. dans le lac de Cazaux-Sanguinet (à gauche) entre 1985 et 2016 (Base Aérienne 120 exclue) et dans le lac de Parentis-Biscarrosse (à droite) entre 1984 et 2016 (d’après Bertrin 2018a).

15Néanmoins, les rives orientales présentant a priori des conditions moins favorables, liées notamment aux pentes douces des fonds et une exposition aux vagues plus forte, ne sont pas exempts des installations de jussie. Ses fortes capacités d’adaptation à différents types de milieux aquatiques leur confèrent une large amplitude écologique (Dandelot et al., 2005).

16La plasticité des jussies, plantes amphibies, leur permet de développer des formes immergées, flottantes et émergées (Thouvenot, Haury & Thiébaut, 2013 ; Billet et al., 2018). Les formes terrestres sont de plus en plus fréquentes dans les prairies et les zones humides adjacentes aux plans d’eau (Haury et al., 2011). Ces formes prairiales des jussies ont été observées dans les lacs landais, notamment dans les zones aux conditions d’ensoleillement favorables en rives Est des lacs.

17Dans les étangs littoraux de plus faibles superficies situés au Sud du département des Landes, les relevés de secteurs de rives effectués sur le long terme ont mis en évidence l’efficacité des travaux de gestion de la jussie (Dutartre et al., 2014). Par exemple, l’arrachage mécanique, complété par une surveillance des réinstallations de boutures par arrachage manuel sélectif, a permis de réduire fortement les abondances et les occurrences de cette espèce depuis la fin des années 2000 sur l’étang du Turc. En effet, ses herbiers denses qui occupaient alors la quasi-totalité du périmètre du plan d’eau ont été réduits à quelques pieds épars présents dans moins de 10 % du pourtour de l’étang en 2009. Les résultats de ces suivis de long terme mettent également en évidence l'efficacité de la régulation de ces plantes dans certains étangs, comme dans l’étang Noir ou l’étang de Hardy, où l’occupation de la jussie a été réduite de moitié entre la fin des années 1990 et 2009. Néanmoins, même si les abondances sont faibles, les occurrences d’observations de pieds de jussie sur le périmètre de ces étangs indiquent un potentiel élevé de recolonisation des rives si aucun contrôle régulier, dont des arrachages manuels ponctuels, n’est effectué. Enfin, ces relevés ont mis en évidence en 2009 et 2010 de nouvelles installations de ces espèces, par exemple, celles de jussie dans les étangs de Laprade et Moïsan, ou celle d'Egeria densa dans l’étang Noir.

Gestion des plantes aquatiques au large des plans d’eau

18Les relevés cartographiques des secteurs permettent donc une reconnaissance des rives caractérisant la répartition des principales espèces de macrophytes sur les zones littorales des plans d’eau. Pour les nombreuses espèces d’hydrophytes se développant plus au large des plans d’eau, dans les zones de plus grande profondeur, une méthode faisant appel à des observations à l’aide d’un échosondeur le long de transects a été développée.

19Les observations sur ces transects sont réalisées à l'aide d’un échosondeur combiné à un récepteur GPS. Le nombre de transects varie selon la superficie de la zone d’intérêt. Une dizaine de transects peut suffire pour évaluer l’état des colonisations végétales dans une halte nautique par exemple. Plusieurs dizaines sont nécessaires à cette évaluation pour un plan d’eau dans sa totalité. Qu’ils soient rectilignes ou en zigzags, les transects sont positionnés de façon à explorer une superficie importante, mais non-exhaustive de la zone d’intérêt. Pour chaque transect, la visualisation subaquatique de la morphologie des fonds et le positionnement GPS des observations sont enregistrés en continu, ce qui permet d'archiver les informations recueillies et de les utiliser ensuite pour l'interprétation des résultats. Dès lors qu'ils se présentent en herbiers dépassant trois à quatre décimètres de hauteur, les végétaux sont relativement visibles sur les images produites par l’appareil. Le recours aux échosondages permet d'évaluer la densité et la hauteur des plantes de manière continue et sur de longues distances si nécessaire. La lecture des enregistrements issus de l’échosondeur permet l’établissement de cartes où sont différenciés les linéaires présentant des herbiers denses sans discontinuité, considérés comme "zone saturée", ceux abritant des petits herbiers fréquents ou isolés et, enfin, les linéaires sans plante repérable à l'échosondeur.

20La méthode des échosondages appliquée à la gestion des plantes aquatiques envahissantes est un outil régulièrement utilisé au sein du Syndicat Mixte Géolandes depuis 2014. Des premiers tests ont été réalisés par l’Irstea à partir de 2012 sur les herbiers denses de Lagarosiphon major dans l’étang Blanc afin d’y délimiter les zones d’intervention des campagnes annuelles de moisson de Lagarosiphon major (Bertrin et al., 2014). Depuis, des campagnes d’échosondages sont mises en œuvre annuellement à la fin du printemps sur des secteurs fortement colonisés par des hydrophytes (Lagarosiphon major, Egeria densa) au sein desquels des enjeux forts sont identifiés en matière de préservation des usages et activités nautiques durant la saison estivale (figure 4). Quatre sites sont annuellement suivis depuis 2018. Il s'agit de sites colonisés de façon partielle ou totale par les hydrophytes exotiques alors qu’ils sont des lieux très fréquentés pour les activités de loisir (nautisme principalement). Ils se situent sur le lac de Cazaux-Sanguinet (un site sur la commune de Biscarrosse), le lac de Parentis-Biscarrosse (un site sur la commune de Biscarrosse, un site sur la commune de Sainte-Eulalie-en-Born) et l’étang Blanc (communes de Seignosse, Soustons et Tosse).

Figure 4. Échosondages des herbiers denses d’hydrophytes exotiques réalisés en 2016 (haut) et 2017 (bas) dans le secteur de Latécoère du lac de Parentis-Biscarrosse (réalisation : Géolandes).

Figure 4. Échosondages des herbiers denses d’hydrophytes exotiques réalisés en 2016 (haut) et 2017 (bas) dans le secteur de Latécoère du lac de Parentis-Biscarrosse (réalisation : Géolandes).

21Les résultats obtenus sont déterminants pour la prise de décision visant à déclencher ou non des opérations de régulation par moisson. Cet outil d’aide à la décision, rapide dans sa mise en œuvre et donc peu coûteux, est précieux dans un contexte budgétaire contraint. Deux critères sont évalués sur les enregistrements réalisés le long de transects géolocalisés et reproduits à l’identique d’une année sur l’autre, à savoir l'occupation végétale relative sur le linéaire et la hauteur d’eau libre au-dessus des herbiers aquatiques. Si les résultats sont défavorables pour les deux critères (forte occupation et faible hauteur d’eau libre), alors les travaux sont déclenchés. Le choix du critère "hauteur d’eau libre" se justifie par le matériel utilisé pour réaliser les travaux. En effet, les bateaux moissonneurs présentent une profondeur maximale de coupe limitée à environ 2 mètres.

22L’évaluation que le Syndicat Mixte Géolandes a pu faire de cet outil d’aide à la décision est très satisfaisante. Le déclenchement de ces opérations coûteuses et dont le bénéfice est limité dans le temps, repose désormais sur l’analyse de données de terrain acquises sur les sites mêmes des interventions et dans les semaines qui précèdent la réalisation des éventuels travaux. Cette méthode a permis également la réalisation de cartes de distribution des herbiers denses d’hydrophytes exotiques à l’échelle des plans d’eau (Bertrin et al., 2017).

Stratégie de gestion des végétaux exotiques dans les lacs et étangs littoraux landais

23Depuis sa création, le Syndicat Mixte Géolandes a donc mis en œuvre des opérations lourdes d’arrachage mécanique (jussies, myriophylle du Brésil) et de moisson (Lagarosiphon major, Egeria densa) sur différents plans d’eau de son périmètre d’intervention. À titre d’exemple, des campagnes annuelles de moisson de Lagarosiphon major ont été effectuées sur l’étang Blanc à partir du début des années 1990, dans le but de limiter les nuisances aux usages touristiques du plan d'eau face à une colonisation d’une ampleur et d'une dynamique importantes (une centaine d'hectares occupée par des herbiers très denses sur les 183 hectares du plan d'eau). En 1986 et 1993, cette espèce avait envahi toute la partie Ouest du plan d’eau, ainsi qu’une partie des rives Est pourtant moins favorables à son développement, avec une augmentation de 15 % des occurrences sur les secteurs de rives (Dutartre, 1993). Ainsi, les travaux conduits annuellement ont permis d’extraire en moyenne chaque année 10 000 m3 de plantes pour un coût de l’ordre de 60 000 €.

24Au fil des années, ce mode d’action a été complété par la mise en place d’une veille environnementale continue permettant d’assurer tant une surveillance des milieux que l'organisation d’opérations régulières d’entretien visant à réguler les colonisations identifiées. La réflexion sur l’organisation à mettre en place et les moyens nécessaires pour répondre aux enjeux de ce nouveau mode de gestion sur son territoire de compétence a conduit le Syndicat Mixte à promouvoir une mobilisation coordonnée des acteurs locaux (collectivités membres et associations locales d’usagers).

25Aussi, le 17 novembre 2008, l’assemblée délibérante du Syndicat Mixte Géolandes a adopté un nouveau dispositif d’aides techniques et financières. Cette décision constitue le cadre actuel d’intervention de la politique du Syndicat Mixte en matière de gestion raisonnée des plantes aquatiques. Ce nouveau dispositif est composé de deux volets, correspondant à deux échelles d’intervention différentes. Le premier volet, représentant la réelle nouveauté, vise à fixer un cadre permettant aux acteurs locaux de bénéficier d’une aide technique et financière pour conduire les opérations légères, de veille et d’entretien nécessaires à la régulation des foyers de colonisation existants sur les plans d'eau. Le second volet correspond aux opérations lourdes d’arrachage et de moisson portées en maîtrise d’ouvrage directe par le Syndicat Mixte, et permettant de répondre à des développements très importants et hors de portée financière et technique d’une gestion locale. Il s’inscrit dans la continuité des opérations réalisées depuis la création du Syndicat Mixte. Les principaux objectifs du dispositif sont les suivants :

  • raisonner à l’échelle du plan d’eau, sans tenir compte des limites administratives entre communes partageant un même plan d’eau,

  • raisonner en termes d’enjeux et d’objectifs,

  • favoriser la mobilisation des usagers du plan d’eau (associations d’usagers : pêche, chasse, nautisme).

26Pour atteindre ses objectifs, le Syndicat Mixte Géolandes a défini un cadre en matière d’organisation à mettre en place par les collectivités locales membres. En premier lieu, cette organisation doit être bâtie autour d’un acteur central, dit « référent coordonnateur ». Personnage clé, cet acteur est désigné, à l’échelle d’un plan d’eau par les collectivités locales membres pour assurer le pilotage coordonné de ce premier volet du dispositif. Les missions confiées au référent coordonnateur, validées à chaque étape par le Syndicat Mixte, sont les suivantes :

  • établir, à un pas de temps régulier (1 à 3 ans selon la superficie du plan d’eau), un état des lieux de l’état de la colonisation ainsi qu’un diagnostic au regard des enjeux existants (usages, biodiversité),

  • recenser et fédérer les moyens locaux,

  • établir une programmation annuelle,

  • définir la filière d’élimination de la biomasse,

  • organiser les interventions d’entretien,

  • établir un compte-rendu annuel des opérations réalisées (dates, nombres de personnes, volumes traités, devenir de la biomasse …).

27Les opérations confiées par le Syndicat Mixte à l’échelon local, dans le cadre du premier volet du dispositif mis en place, sont rétribuées financièrement par le biais d’une participation versée annuellement. Cette participation comportant une part fixe et une part variable est calculée en fonction de forfaits définis dans le dispositif et présentés dans les tableaux 3 et 4.

Tableau 3. Coûts fixes de la veille environnementale du dispositif de gestion (état des lieux / diagnostic).

Plans d’eau

Critère d’attribution

Montant / hectare

Montant / km de rive

< 10 hectares

Superficie

60 € / ha

-

10 à 25 hectares

Superficie

37 € / ha

-

26 à 50 hectares

Superficie

22 € / ha

-

51 à 100 hectares

Superficie

11 € / ha

-

101 à 200 hectares

Superficie

7 € / ha

-

201 à 500 hectares

Linéaire de rive

-

140 € / km

> 500 hectares

Linéaire de rive

-

100 € / km

Tableau 4. Coûts variables de la veille environnementale du dispositif de gestion (entretien, opérations d’arrachage).

Critère

Montant

Temps passé

40 € / jour / intervenant

Volume extrait manuellement

60 € / m3

Volume extrait mécaniquement

(plafonné à 200 m3 / an / plan d’eau)

30 € / m3

28Le bilan chiffré de la mise en œuvre du dispositif sur la période 2009-2019 est présenté dans le tableau 5. Ce bilan est jugé globalement satisfaisant par Géolandes car il a permis d’apporter une réponse technique et financière à des attentes locales fortes. Par ailleurs, il traduit l’engagement important des collectivités locales concernées dans le nouveau dispositif proposé. En effet, chaque année, en moyenne 75 % des plans d’eau du périmètre d’intervention du Syndicat Mixte font l’objet d’une veille environnementale et/ou d’opérations d’entretien. Au total, la mise en œuvre de l’ensemble du dispositif (2 volets) représente pour le Syndicat Mixte une dépense annuelle moyenne de l’ordre de 110 000 €, soit 40% du montant annuel moyen de ses dépenses de fonctionnement. Parallèlement à ce bilan jugé positif par Géolandes, il est néanmoins important de souligner les freins et difficultés rencontrés, ceux-ci constituant des points de vigilance et d’amélioration pour les années à venir. Le principal frein constaté par le Syndicat Mixte est la difficulté à mobiliser les usagers. Pour les associations locales de pêcheurs et de chasseurs, cette difficulté réside dans la fragilité de leur engagement sur le long terme, qui s’explique par la pénibilité de la tâche à réaliser au regard du profil moyen plutôt âgé des adhérents (majoritairement retraités).

Tableau 5. bilan chiffré de la mise en œuvre du dispositif sur la période 2009-2019.

Total

Moyenne annuelle

1er volet : veille environnementale et entretien

Nombre plans d’eau engagés / 15

13 (maximum en 2011)

11

Nombre associations engagées

4 (maximum en 2016)

3

Volumes extraits (m3)

5 430

494

Temps passé (jours)

3 605

328

Participations versées (€)

497 070

45 188

2nd volet : opérations lourdes sous maîtrise d’ouvrage directe du Syndicat Mixte

Nombre plans d’eau concernés

3

0,3

Volumes extraits (m3)

31 367

2 852

Coûts des interventions (€)

712 455

64 769

29L’engagement des associations dans le dispositif pourrait être menacé dans les années à venir si elles ne réussissaient pas à renouveler leurs effectifs en attirant de nouveaux membres issus de la population active. Les autres catégories d’usagers pratiquant des loisirs nautiques sont plus difficiles à toucher dans le cadre du dispositif. Cela semble assez logique car ce public très diversifié, en partie composé d’estivants de passage et relativement peu constitué en associations, a une pratique majoritairement saisonnière (été) et reste donc probablement beaucoup moins concerné par les enjeux locaux de gestion des plans d'eau.

Poursuivre le dialogue et les collaborations entre gestionnaires et chercheurs

30Les collaborations établies depuis 40 ans entre Géolandes et l’INRAE ont permis l’acquisition de très nombreuses connaissances sur les végétaux aquatiques exotiques et les milieux qu’ils colonisent. Ces contributions collectives tentent d’améliorer en permanence les stratégies pertinentes et leurs résultats à court et moyen termes, ainsi qu’une meilleure prise en compte de la valeur patrimoniale des lacs et étangs du littoral aquitain. Ceci a été possible grâce à diverses études, expérimentations et suivis menés sur le long terme (trente années …). Cette démarche a pour principal objectif de proposer une gestion adaptée aux espèces présentes, aux plans d’eau concernés et à leurs usages. La mise en place du plan de gestion de 1989 a été l’un des fondements principaux de cette démarche collaborative. Plus tard, l’efficacité des actions de gestion a pu être évaluée et les modes de colonisation ont pu être déterminés.

31Cette coopération au long cours s'est appuyée dans un premier temps sur de la recherche directement appliquée à la gestion ce qui a permis une co-construction efficace de pratiques et une meilleure ouverture sur les questions générales portant sur la gestion des environnements aquatiques du territoire (Dutartre, 2004). Aujourd’hui, les échanges entre gestionnaires et chercheurs s’organisent autour des questions concernant l’impact du changement global sur la dynamique des espèces exotiques (Ribaudo et al., 2018 ; Bertrin et al., 2018 ; Jamoneau et al., 2019 ; Ribaudo et al., 2020). Les collaborations s’attachent également à maintenir les suivis des communautés de macrophytes débutés à la fin des années 1980 afin de suivre l’état des colonisations végétales indigènes et exotiques.

32La poursuite du développement de méthodologies d’observation et de diagnostic et leur transfert, tels que les échosondages, font partie des questions qui alimentent actuellement la coopération entre chercheurs et gestionnaires. La répétition des échosondages sur le temps long permettra d’évaluer la dynamique spatio-temporelle de ces espèces, notamment Egeria densa qui présente de fortes capacités de colonisation des biotopes laissés vacants par les autres plantes aquatiques, mais également dans les sites déjà occupés par Lagarosiphon major ou par d’autres hydrophytes indigènes. Les développements à venir de cette méthode sont liés aux progrès réguliers réalisés en matière d’hydroacoustique et de déplacements autonomes d’engins nautiques. L’amélioration de l’image des fonds lacustres (hauteur des plantes, épaisseur des sédiments, bathymétrie, etc.) restituée par des transducteurs installés sur des drones aquatiques programmés et autopilotés par GPS, permettant le maintien de trajectoires régulières sur les transects reproductibles dans le temps et dans l’espace, fait partie des améliorations envisagées dans l’application de cette méthode.

33Plusieurs enjeux et autres pistes d’amélioration peuvent être identifiés pour les années à venir. Un premier enjeu est d’améliorer encore la connaissance des milieux, notamment la façon dont les communautés végétales s’y développent et interagissent entre elles. L’expérience acquise depuis 40 ans indique que la dynamique des espèces exotiques varie fortement dans le temps en fonction des plans d’eau. Des changements peuvent se produire sur des pas de temps très courts et certains processus écologiques observés concernent parfois un plan d’eau particulier, voire seulement une zone de ce plan d’eau. La compréhension des mécanismes à l’origine de la distribution des plantes et de la production de biomasse est fondamentale pour le gestionnaire, et permettrait de mieux prédire les périmètres concernés et les biomasses potentiellement en jeu. Cette connaissance pourrait ensuite être croisée avec les données existantes en matière de distribution des espèces patrimoniales dont la protection pourrait être souhaitée et de répartition des activités anthropiques au sein des différents plans d’eau. Au final, ce travail permettrait de rechercher des pistes de pratiques ciblées visant à réduire les atteintes à la biodiversité et aux usages. La capacité de l’Homme à "cohabiter" avec les plantes exotiques envahissantes, et plus généralement avec toutes les communautés vivantes non-humaines des plans d'eau en serait ainsi grandement améliorée.

34Un deuxième enjeu toujours d’actualité est l'amélioration de la formation et la montée en compétence des acteurs et gestionnaires locaux, situés en première ligne de la veille environnementale, et qui sont les mieux placés pour détecter de nouvelles introductions ou autres modifications environnementales et donner l’alerte.

35Un troisième enjeu reste évidemment de développer des pratiques permettant de limiter la dissémination des plantes aquatiques envahissantes liée aux activités anthropiques. Cela passe, au minimum, par la sensibilisation des usagers via une communication adaptée, et par la mise en place de règles locales de biosécurité, visant à définir les précautions spécifiques et à encadrer les pratiques et les usages afin de limiter cette dissémination (Dutartre & Sarat, 2016).

36Enfin, un dernier enjeu est l’évolution des réglementations européenne et nationale. Ainsi, des premières listes d’espèces réglementées sont parues en lien avec le règlement européen N°1143/2014 relatif à la prévention et à la gestion de l'introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes et en déclinaison de la stratégie nationale "espèces exotiques envahissantes". Néanmoins, elles nécessitent encore d’être complétées afin d’intégrer des espèces à l’origine de très fortes nuisances dans les plans d’eau littoraux aquitains, comme c’est par exemple le cas pour Egeria densa.

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Bibliographie

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Table des illustrations

Titre Figure 1. Répartition des principales espèces de végétaux aquatiques exotiques à caractère envahissant dans les lacs et étangs dans le département des Landes (conception et réalisation : Dpt40/12-2020).
URL http://journals.openedition.org/dynenviron/docannexe/image/3613/img-1.png
Fichier image/png, 698k
Titre Figure 2. Cartographies de la répartition de Ludwigia spp. sur les rives de l’étang de Garros en 1994 (d’après Dutartre 2004).
URL http://journals.openedition.org/dynenviron/docannexe/image/3613/img-2.png
Fichier image/png, 83k
Titre Figure 3. Dynamique de Ludwigia spp. dans le lac de Cazaux-Sanguinet (à gauche) entre 1985 et 2016 (Base Aérienne 120 exclue) et dans le lac de Parentis-Biscarrosse (à droite) entre 1984 et 2016 (d’après Bertrin 2018a).
URL http://journals.openedition.org/dynenviron/docannexe/image/3613/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 473k
Titre Figure 4. Échosondages des herbiers denses d’hydrophytes exotiques réalisés en 2016 (haut) et 2017 (bas) dans le secteur de Latécoère du lac de Parentis-Biscarrosse (réalisation : Géolandes).
URL http://journals.openedition.org/dynenviron/docannexe/image/3613/img-4.png
Fichier image/png, 481k
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Pour citer cet article

Référence papier

Andoni Zuazo, Lionel Fournier, Alain Dutartre et Vincent Bertrin, « Les macrophytes indigènes et exotiques : mieux connaître pour mieux gérer  »Dynamiques environnementales, 43-44 | 2019, 50-73.

Référence électronique

Andoni Zuazo, Lionel Fournier, Alain Dutartre et Vincent Bertrin, « Les macrophytes indigènes et exotiques : mieux connaître pour mieux gérer  »Dynamiques environnementales [En ligne], 43-44 | 2019, mis en ligne le 01 avril 2022, consulté le 15 février 2025. URL : http://journals.openedition.org/dynenviron/3613 ; DOI : https://doi.org/10.4000/dynenviron.3613

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Auteurs

Andoni Zuazo

Conseil départemental des Landes, Direction de l’Environnement, Service Milieux Aquatiques

Syndicat mixte pour la sauvegarde et la gestion des étangs landais, Géolandes

andoni.zuazo@landes.fr

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Lionel Fournier

Conseil départemental des Landes, Direction de l’Environnement, Service Milieux Aquatiques

Syndicat mixte pour la sauvegarde et la gestion des étangs landais, Géolandes

lionel.fournier@landes.fr

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Alain Dutartre

Expert indépendant (Hydrobiologiste ex IRSTEA)

alain.dutartre@free.fr

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Vincent Bertrin

INRAE, Unité de Recherche EABX Ecosystèmes aquatiques et changements globaux, Equipe ECOVEA Ecologie des communautés végétales aquatiques et impact des pressions multiples

vincent.bertrin@inrae.fr

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