1Voici une biographie nouvelle d’Evelyn Waugh dont l’auteur, J. H. Wilson, est conjointement directeur d’une Evelyn Waugh Newsletter reformatée et désormais « on-line » et organisateur des conférences de Logrono et d’Oxford (mai et septembre 2003) à l’occasion du centenaire de la naissance du romancier. C’est dire son implication dans les études waughiennes.

2Biographie nouvelle car elle se fixe pour but d’associer de manière novatrice les éléments de la vie et de l’œuvre de Waugh. À l’heure où l’idée de « (re-naissance » de l’auteur connaît un regain de faveur après des années de noire éclipse, l’entreprise est louable et, de surcroît, essentielle pour qui veut comprendre l’inspiration, la genèse, voire l’imagination du satiriste souvent caricaturé et jugé superficiellement par ses détracteurs. Biographie annoncée en trois volumes dont les deux premiers font l’objet de la présente recension, le troisième étant à ce jour en préparation. Les deux volumes témoignent d’un souci d’équilibre dans l’étude d’un auteur en deux parties d’égale longueur (199 et 198 pages) ; l’enfance et l’adolescence, l’apprentissage en quelque sorte dans un premier temps, la période de production, de création, journalistique et littéraire, c’est-à-dire la maturité, ensuite.

3Le volume I passe de l’enfance aux années dorées d’Oxford (« Et in Arcadia Ego »), de la découverte progressive du monde environnant à un apprentissage littéraire qui s’impose graduellement au jeune homme comme une exigence, voire une obligation. Le volume II s’attache à répertorier et analyser les points de convergence entre biographie et œuvre littéraire en prenant soin de conserver à chacune une importance équivalente. Wilson concentre son attention sur trois domaines majeurs, la Joyeuse Jeunesse (« Bright Young Things »), le(s) mariage(s), l’aristocratie. On peut discuter ce choix et regretter que d’autres domaines, tout aussi importants, ne reçoivent pas la même attention de manière directe, le voyage, l’engagement politique et religieux par exemple, qui entrent bien sûr en jeu mais auraient, aux yeux du présent rapporteur, mérité un éclairage particulier. Quoi qu’il en soit l’auteur doit être loué pour avoir pris ses responsabilités et présenté un travail homogène et convaincant.

4Il convient de souligner que J. H. Wilson utilise à bon escient l’ensemble des sources documentaires disponibles à ce jour, les écrits connus (journaux intimes, production journalistique etc.) et moins connus (correspondances collatérales, témoignages des parents, amis et connaissances etc.) D’autres études plus conventionnelles ont été publiées, le présent travail, parfois moins hanté par le souci du strict détail chronologique ou biographique, s’en démarque par le souci constant de relier vie et œuvre, de se dégager de la pure notion de « sources », de ménager des perspectives nouvelles.

5L’appareil critique inclut les données biographiques essentielles, des notes abondantes et précises, un index détaillé. La présentation toujours élégante et soignée souligne le sérieux de l’entreprise et la conviction de son auteur. On attendra avec intérêt le troisième volume pour porter un jugement définitif sur ce nouvel Evelyn Waugh.