La revue Études canadiennes / Canadian Studies annonce un numéro spécial sur l’histoire globale du Canada à l’épreuve de la Seconde Guerre mondiale sous la direction du Professeur Marc Bergère (Université de Rennes 2) et du Professeur Jonas Campion (Université du Québec à Trois Rivières), associés à la rédactrice-en-chef de la revue, Laurence Cros (Université Paris Cité).

Cette initiative s’intègre dans le cadre d’une double publication à venir en 2024-2025 : un numéro thématique du Bulletin d’histoire politique et un numéro de la revue Études canadiennes/Canadian Studies. Ces deux dossiers sont coordonnés par Marc Bergère et Jonas Campion. En fonction des propositions reçues, ceux-ci proposeront une articulation thématique et cohérente des deux dossiers, en lien avec les comités éditoriaux des deux revues. Chaque article suivra le processus d’évaluation et de révision propre à la revue dans lequel il s’intégrera.

De prime abord, nous envisageons une partition possible entre d’une part une histoire des troupes canadiennes engagées dans les opérations militaires et d’autre part une histoire des sociétés canadiennes à l’épreuve de la guerre. Si le premier axe recoupe clairement une histoire militaire plus classique sur les différents théâtres d’opérations (et en Europe du nord-ouest en particulier), il induit également les dynamiques de mobilisation/démobilisation ainsi que les rapports aux sociétés libérées (épouses de guerre, justice militaire…). La seconde approche se propose de mesurer l’impact de la Seconde Guerre mondiale sur la société canadienne sous différents angles (politique, économique, social, culturel) et dans une logique multiscalaire (individu, couple, famille, communauté).

Les propositions d’articles veilleront autant que possible à s’intégrer dans les réflexions suivantes afin de dresser un bilan des recherches récentes, nourrir le renouvellement historiographique tant sur l’histoire canadienne contemporaine que sur celle de la guerre et enfin, baliser des pistes futures de réflexion.

Premièrement, nous voulons favoriser une approche globale de la société et des institutions canadiennes en guerre.

Au plan géographique, celle-ci ne peut que reposer sur un enchâssement des échelles d’analyse. Cela veut d’abord dire que nous considérons notamment la diversité territoriale et sociopolitique en œuvre dans les provinces et territoires canadiens, sans omettre la diversité des situations municipales. Cela signifie ensuite que, envisageant ce que la guerre fait au Canada et ce que le Canada fait au conflit, l’analyse dépassera le seul territoire canadien. C’est une démarche plurielle, axée sur les circulations, la comparaison ou les approches transnationales que nous favorisons. Nous voulons comprendre la présence effective, symbolique mais aussi l’influence de Canadiens, militaires ou civils, sur les différents continents, au cœur ou aux marges des théâtres d’opération. Mais nous voulons aussi voir de quelle manière le Canada a pu servir de lieux d’exportation ou de réceptacle de problèmes ou d’enjeux relatifs à d’autres nations durant et après la guerre. On doit aussi s’interroger sur le positionnement du pays dans les logiques de coalition, puis au sein de l’ordre international et de ses nouveaux outils dans l’après-guerre.

Favoriser une approche globale signifie que nous invitons les contributeurs à s’inscrire dans une histoire renouvelée du conflit, pensée certes dans sa composante militaire, mais surtout dans ses perspectives culturelles, sociales, politiques, techniques ou encore dans ses développements économiques. Les perspectives d’histoire du genre ne pourront évidemment être négligées, tout comme celles des régulations, entre justice ordinaire et militaire.

Selon une focale courte, on pourra s’intéresser prioritairement au conflit stricto sensu (1939-1945). Dans une focale médiane, tant les années trente que l’ensemble de la décennie des années cinquante méritent également une attention particulière, notamment dans le contexte de Guerre froide naissante. Sous un autre angle, le chemin de dépendance d’une guerre mondiale à l’autre peut sous certains aspects être considéré. Cette perspective revient de même à s’interroger sur les continuités et ruptures de la guerre et sur les nouvelles normalités qu’elle impose à la société canadienne.

À plus long terme, on ne peut faire l’économie d’une réflexion sur l’impact du conflit sur la construction et l’articulation des mémoires à son égard au sein de la société canadienne du second 20^e siècle, notamment les enjeux de réparations, d’excuses ou de repentances. La place de la guerre au musée ou dans l’espace public constitue une porte d’entrée intéressante à considérer. Pour la même période, le rôle du conflit dans la construction et l’évolution d’une identité canadienne d’une part, des identités nationales provinciales de l’autre pourra être envisagé, notamment au regard d’événement exceptionnels (lois sur les mesures de guerre) ou de l’actualité politique (enjeux linguistiques, débat sur le multiculturalisme, place des autochtones). Pour ces diverses raisons, il est par conséquent légitime de considérer un intervalle chronologique large dans les propositions soumises.

Enfin, les aspects méthodologiques pourront également être abordés. Il peut s’agir de l’usage de catégories particulières de sources (histoire orale, images fixes ou animées au-delà des plus traditionnelles sources écrites) ou de questions de méthodes. À cet égard, il peut être légitime de s’interroger sur l’impact du développement de corpus massifs de sources numérisées, ou d’outils numériques favorisant leur exploitation ou leur mise en relation dans le renouvellement actuel et pour le futur de l’histoire de la guerre au Canada.

En pratique :

Les propositions d’article (titre + résumé de maximum 300 mots) accompagnées d’une courte biographie (100 mots maximum) doivent être envoyées sous forme de document Word aux coordinateurs (jonas.campion@uqtr.ca et marc.bergere@univ-rennes2.fr) pour le 15 septembre 2023.

Un retour sera fait avant le 1^er octobre 2023 pour proposer l’insertion du texte dans un des deux dossiers thématiques. La remise définitive des textes est attendue pour le 31 janvier 2024, pour évaluation. Les textes seront, autant que possible, déjà mis aux normes éditoriales de la revue concernée qui seront transmises.

Pour les articles publiés dans la revue Études canadiennes / Canadian Studies, les normes de présentation de l’article sont consultables en ligne sur le site de la revue : https://journals.openedition.org/eccs/369. Les articles seront soumis à une double évaluation à l’aveugle par les pairs. Les textes retenus paraîtront simultanément en version papier dans le N° 97 (décembre 2024) et en version électronique libre accès sur https://journals.openedition.org/eccs/.