Introduction

1Les petites et moyennes villes ont été, ces vingt dernières années, souvent considérées comme des espaces économiques secondaires, voués à la désindustrialisation (Poupard et Baude, 2014), à la perte de la vitalité commerciale (Fijalkow et al., 2017) et ramenés au statut d’hinterlands de métropoles en croissance (Talandier et Calixte, 2021). Les politiques publiques, notamment en France, ont en effet favorisé les espaces métropolitains, supposés représenter la quintessence de l’attractivité économique, mais aussi touristique, résidentielle et culturelle dans un contexte de concurrence mondialisée (Campagnac-Ascher, 2015) et de création de liens à l’économie-monde (Destatte, 2017). À l’inverse, de nombreuses voix ont documenté la possibilité de logiques de développement alternatives, notamment en relativisant les avantages supposés de la métropolisation et en montrant les atouts des villes petites et moyennes (Servillo et al., 2017 ; Bouba-Olga et Grossetti, 2018). D’autres ont montré les capacités d’innovation et de construction sociale de ces territoires (Gros-Balthazard et Talandier, 2020 ; Talandier, 2023 ; Fompérie et al., 2023), permettant l’identification de pistes de redéveloppement autour de nouvelles logiques productives et territoriales plus durables (Du Tertre, 2009 ; Nieddu et al., 2014 ; Demissy, 2018 ; Maillefert et Robert, 2017).

2Pour documenter et tester les leviers de transformation des modèles productifs à l’échelle du territoire de Romans-sur-Isère – notre cas d’étude –, nous proposons de nous appuyer sur deux corpus, encore peu analysés ensemble : le corpus des nouveaux modèles économiques (Ademe, 2013 ; Maillefert et Robert, 2017) qui selon, nous, propose une lecture renouvelée de la création de richesse à l’échelle de territoires productifs et urbains; le corpus de l’économie territoriale dans sa vision conventionnaliste (Buclet, 2011 ; Fompérie et al., 2023) qui propose un cadrage pour comprendre des dynamiques de développement à une échelle mésoéconomique (ici Valence-Romans Agglo). Ces deux corpus offrent un espace de discussion autour des enjeux de transition territoriale vers la durabilité du territoire Romanais. Les enjeux de durabilité sont abordés à partir d’une entrée particulière, celle de la permacircularité, notion englobante proposée par Bourg et Arnsperger (2016) que nous tentons, à titre programmatique, d’appliquer à quelques cas d’entreprises repérés sur le territoire étudié. Ces cas ne sont pas des cas d’étude au sens habituel du terme. Ils doivent être pensés comme des supports pour alimenter un débat sur une trajectoire productive et territoriale allant vers la durabilité. Nous essayons également de montrer dans quelle mesure le territoire romanais, en tant que ville petite et moyenne spécifique, est un terreau favorable à de telles initiatives.

La construction industrielle du territoire. Du déclin au renouveau des projets productifs et territoriaux à Romans-sur-Isère

3Située sur les rives de l’Isère, aux pieds du Vercors, la ville a bénéficié d’une situation géographique favorable pour développer une proto industrie dans la soie, puis se spécialiser dans le cuir, profitant des cheptels ovins et bovins du Vercors et des Baronnies, et des nombreux cours d’eau la traversant, indispensables à l’activité de tanneries (Perret, 2015). Ancienne ville de soie, Romans se convertit dans la chaussure au tournant des années 1850 (Perret, 2015 ; Perret et Gagnon, 2016). La grande industrie s’y installe pendant la première guerre mondiale pour faire face notamment aux besoins militaires. C’est à cette période qu’émergent les grands industriels de la chaussure dont la réussite s’appuie sur des innovations techniques comme le soudé ou la vulcanisation. Les entreprises exportent leurs modèles, ce qui les place en tête du secteur à l’échelle mondiale au début de la décennie 1970. Romans-sur-Isère acquiert une réputation à une échelle nationale attirant une clientèle parisienne à la recherche de modèles de luxe (Fompérie et al., 2023). Certains la considèrent même comme la « capitale mondiale de la chaussure de luxe » (Pau, 2016).

4Mais, dès les années 1980, des difficultés apparaissent, avec en point d’orgue des vagues de délocalisations qui aboutissent à un déclin total en 2000, lorsque des marques emblématiques du territoire comme Jourdan et Kelian ferment (Gros-Balthazard, 2018a, 2018b ; Gros-Balthazard et Talandier, 2020). Alors que durant la période faste de la ville, on estime que l’industrie de la chaussure faisait vivre la moitié des 33 000 habitants de la commune, à la fin des années 2000, la ville ne compte plus que 200 employés de la chaussure sur le bassin de population, principalement concentrés dans l’entreprise Clergerie (Perret, 2015).

5Face aux enjeux de déprise industrielle, la relance économique du territoire s’organise autour de deux projets différents, issus cependant d’un même terreau historique (Fompérie et al., 2023). Le premier, soutenu par la municipalité, s’appuie plutôt sur des leviers portés par des investissements extérieurs au territoire. Il vise à relancer la dynamique commerciale sur la base d’une logique d’attractivité portée par le modèle de la chaussure de luxe. Cette stratégie s’exprime par exemple par l’installation d’un centre commercial de déstockage textile (Marques Avenue) dans l’ancienne caserne de pompiers de la ville. Elle s’accompagne toutefois du maintien d’anciens savoir-faire autour de l’activité de tannerie (Tanneries Roux) soutenue par des grandes marques comme Hermès ou Louis Vuitton qui sous-traitent à Romans.

Encadré 1 - Les modèles de développement à Romans-sur-Isère

Un travail précédent, centré sur l’histoire productive du territoire, a proposé une représentation des modèles productifs territoriaux à Romans-sur-Isère. L’analyse s’appuie sur le concept de régime conventionnel territorial, défini comme « un moment dans le temps et l’espace pendant lequel une communauté humaine donnée se conforme à un certain nombre de principes qui orientent les comportements des individus inscrits dans cette communauté » (Buclet, 2011, p. 914). Les conventions, définies dans une perspective institutionnaliste, forment un point de repère pour l’action et se renforcent avec l’augmentation de l’adhésion des différentes parties prenantes (collectivités, monde socio-économique, habitants).

La mobilisation de différents travaux du champ de l’économie et de la géographie territoriales nous permettent de proposer une caractérisation d’un régime conventionnel territorial par l’articulation de quatre conventions (Salais, 1989 ; Salais et Sorper,1992 ; Casteigts, 2003 ; Hollard, 2017) : une convention de qualité (régulant la qualité des produits en lien avec la qualité du travail) , une convention de solidarité (régulant les liens entre travail et chômage), une convention de vente (régulant le lien entre produit et marché des biens) et une convention de durabilité (régulant les liens entre activité économique, enjeux environnementaux et sociaux) (Fompérie et al., 2023). Cette convention de durabilité, à la différence des trois autres est encore assez peu documentée.

Nous avons identifié pour notre territoire, l’existence d’un régime conventionnel industriel historique, appuyé sur trois conventions (qualité, solidarité et vente) et n’activant pas la dimension de durabilité. Après les années 1990, ce régime industriel s’est décliné en deux régimes distincts qui combinent de manière propre les différentes conventions. Malgré une relative activation de la convention de durabilité, cette dernière reste toujours en retrait.

8Après la fermeture de l’usine Jourdan, l’idée nait de racheter, en coopération avec Veyret Découpe, une ligne de production et de créer une nouvelle marque (Made In Romans) et un atelier de fabrication de chaussures : une dynamique autour du textile et de la chaussure dite responsable s’installe à Romans (Fompérie et al., 2023).

9Le réseau Archer soutient également l’émergence de nouveaux acteurs de la chaussure et du cuir, notamment sous forme de micro ou très petites entreprises hébergées dans une structure de portage salarial coopérative, Arcoop. Archer joue un rôle central dans la dynamique de renouveau industriel du territoire en appuyant divers projets comme la création de l’association d’entreprises Romans Cuir, au début des années 2010. Tête d’un réseau local autour du cuir, de la chaussure et du textile, Romans cuir propose à ses adhérents différents services de mise en réseau. Les produits sont identifiés grâce au label Véritable Chaussure de Romans qui assure que la découpe, le montage et le piquage sont effectués sur place, et dont au moins 50 % de la valeur de vente est issue de produits de France.

10Une des structures très médiatisées de ce mouvement de renouveau territorial est l’entreprise 1083. Fondée en 2013, elle propose une offre qui s’écarte de la logique de spécialisation cuir-chaussure du territoire. Cette entreprise textile joue sur un argumentaire de proximité dans la fabrication et la vente de produits et sur les caractéristiques environnementales des produits (éco-conception des produits, politique RSE de l’entreprise, volonté de reconstruire une filière locale de matières premières). Suite aux difficultés à structurer une filière amont locale, l’entreprise choisit de reconfigurer son modèle économique, en se tournant vers une logique d’économie de fonctionnalité : vendre un usage plutôt qu’un bien dans une logique servicielle (Vuidel et Du Tertre, 2009). Elle propose par exemple des jeans en pièces détachées à coudre soi-même, ou encore des jeans entièrement recyclables avec une consigne (projet dit « Jean Infini »). Il s’agit donc de modifier structurellement les logiques productives et consommatrices du modèle industriel pour aller vers une logique de circularité des ressources, associée à une logique consommation locale.

11Les acteurs du renouveau productif à Romans se regroupent progressivement dans un lieu hybride, la Cité de la chaussure, inauguré en 2018 dans les locaux de l’ancien supermarché du centre-ville. Espace fédérateur des initiatives autour de la chaussure, il comprend des ateliers de fabrication, une boutique de vente de marques romanaises, et propose différents services tels que le prototypage, ou encore la sous-traitance de production de chaussures. La Cité de la chaussure active ainsi les dimensions de relocalisation productive, de réinsertion et de patrimonialisation d’un savoir-faire comme leviers de redéveloppement local, en considérant les enjeux environnementaux plutôt comme des dimensions associées : le durable est d’abord lié au local (Fompérie et al., 2023).

13Ces exemples cachent peut-être, mis ensemble, un mouvement plus profond de transformation territoriale. Pour tester cette hypothèse, nous proposons dans un premier temps de discuter des caractéristiques d’un modèle alternatif, puis d’identifier des conditions concrètes de transformation et enfin, de les tester à partir de l’observation de pratiques productives territoriales innovantes.

Renouveau productif et durabilité : une proposition de critères de durabilité territoriale

15La circularité qualitative se pense comme la capacité des acteurs à insuffler une réflexion sur la nécessité de faire évoluer les mécanismes de production et de consommation, et l’adéquation de leurs modèles économiques avec ces valeurs. Cette circularité ne s’oppose pas au développement des ressources territoriales dans le temps long, mais les soumet à une contrainte de conservation. La règle des 3 R de l’économie circulaire (Réutiliser, Réemployer, rRecycler) représente souvent la concrétisation de cet enjeu, auquel il faut ajouter l’étape fondamentale de la sobriété, nécessaire pour maintenir le fonctionnement des cycles biogéochimiques.

16Nous cherchons, à titre exploratoire, à décliner les critères de permacircularité sur nos cinq organisations et entreprises du territoire romanais. Ces critères sont croisés avec ceux de l’économie de la fonctionnalité et de l’ESS. Ils nous paraissent illustratifs pour discuter de conditions d’émergence d’un régime productif et serviciel durable.

18Les cas d’étude retenus constituent des cas probatoires qui permettent d’illustrer une ou plusieurs caractéristiques propres aux enjeux de circularité et de durabilité territoriales. En premier lieu, la dimension d’appartenance au monde de l’ESS, bien que multiforme, nous semble être un élément très significatif des démarches. Ensuite, trois autres critères, définis ci-dessus (coopération, circularité et dimension servicielle) issus des travaux de Bourg et Arnsperger (2016) et de nos recherches sur les changements de modèle, sont également testés sur nos différents exemples. Un dernier critère concerne les conditions d’inscription dans les Nouveaux Modèles Economiques (NME).

19Le premier critère se rapporte aux liens à l’ESS. On remarque que les cinq organisations étudiées relèvent d’une activité productive fondée plutôt sur des valeurs (non marchandes) que sur la recherche de profitabilité (au sens marchand), qu’elles relèvent ou non de l’ESS en matière de statut juridique.

20La Cité de la Chaussure en tant qu’émanation directe du groupe Archer est un acteur central de l’ESS romanaise. Ma bouteille s’appelle reviens est structurée en SCIC (société coopérative d’intérêt collectif), statut issu de l’ESS. La Ferme Intégrale et 1083 ont toutes deux adopté des statuts compatibles avec les valeurs de l’ESS (grille salariale stricte, non distribution de dividendes, processus décisionnaire horizontal, …), leurs deux dirigeants disent réfléchir à se convertir totalement à l’ESS, mais sont freinés par des enjeux de financement des investissements.

22Structurellement, la Cité de la chaussure est conçue comme un espace de coopération et de collaboration (nous distinguons la coopération de la collaboration par l’établissement d’un contrat stipulant qu’une rémunération doit compenser l’aide apportée en cas de collaboration inter organisationnelle). 1083 est une entreprise actrice de cet espace et entre donc dans plusieurs projets en coopération ou collaboration avec les autres acteurs de la chaussure et du cuir à Romans.

23Les derniers critères sont caractéristiques des NME. Ce sont la circularité, ou entendue comme la capacité des producteurs à recycler, relocaliser, réemployer et réduire la fin de vie dans leurs processus productifs, et la dimension servicielle de la création de valeur. L’innovation réside dans la capacité des acteurs à rendre un service, à combler un besoin, sur et pour le territoire. Ce changement de modèle se matérialise par l’hybridation des modèles productifs anciens (fabrication de chaussures) vers des modèles économiques innovants (service d’habillement) dans lesquels le service supplante la production, avec une plus ou moins grande ouverture à la transversalité territoriale (co-construction de l’offre et de la demande). La Cité de la Chaussure, en tant que tiers lieu, est emblématique de cette logique, en proposant des activités hybrides et transversales : visibilisation des savoir-faire, visite de l’atelier de fabrication, vente de chaussures locales, point de restauration bio et emplois d’insertion.

24Les critères et les résultats sont synthétisés dans le tableau 1 ci-dessous.

25Les entreprises que nous avons étudiées illustrent des dynamiques territoriales de redéveloppement spécifiques. Elles sont également connectées à des enjeux urbains qu’il s’agit ici de mieux faire apparaître.

Des entreprises au territoire : la ville comme espace de développement d’initiatives de transformation territoriale ? 

26La dynamique productive à Romans-sur-Isère n’est pas seulement affaire de système productif, même si certaines propriétés des espaces productifs locaux peuvent s’appliquer aux initiatives productives que nous avons étudiées. Par exemple, les relations d’interconnaissance et de coopération sont présentes sur le territoire ; des savoirs faire ont été préservés ainsi que la culture industrielle autour du cuir et de la chaussure. Les propriétés de coopération, de proximité et d’innovation sociale (Gros Balthazard et Talandier, 2020) sont ainsi bien présentes à travers l’action collective sur le territoire. On peut d’ailleurs trouver des points communs aux dynamiques de renouveau territorial, analysées dans les territoires des Hauts de France au prisme des approches proximistes (Beaurain et al., 2019). La proximité est autant de nature géographique qu’organisationnelle ou résiliaire. Ainsi, dans certains territoires emblématiques d’expérimentations réussies, comme à Loos-en Gohelle (Hauts-de-France), la taille de la ville, en favorisant la diffusion des idées, est citée par le maire comme un facteur important ayant permis la réappropriation de l’image du territoire par ses habitants leur engagement dans les actions de redéveloppement (Caron et al., 2020 ; Caron, 2023).

27On peut également identifier d’autres critères d’activation qui sont moins visibles. On pense ici aux facteurs soft d’attractivité (Bourdeau-Lepage, 2019) qui sont issus directement d’aménités territoriales associées à des facteurs spécifiques aux petites villes ou villes moyennes comme un cadre de vie agréable ou un prix du foncier maîtrisé. Ces « services au territoire » apportent aux entreprises des avantages hors marché augmentant leur compétitivité (Bourdeau-Lepage, 2021). À l’inverse, les espaces métropolitains n’offrent pas telles aménités environnementales et de bien-être du fait d’externalités négatives (congestion, pollution, prix du foncier, sentiment d’insécurité etc.) (Bouba-Olga et Grossetti, 2018).

30Les deux dimensions que nous mettons en avant (facteurs soft d’attractivité et consensus sur la création de valeur pour le territoire) activent la convention de durabilité qui n’est pas la plus simple à développer dans les projets de renouveau territorial. Du point de vue entrepreneurial, elle pourrait en effet se résumer à des actions de RSE conventionnelles (sans effet sur le territoire) ; du point de vue associatif, elle pourrait se limiter à des actions sociales (réinsertion par exemple) (sans volonté de transformation du modèle économique). Du point de vue des politiques publiques elle pourrait signifier une simple transposition de critères fondés sur l’entreprenariat (sans volonté de changement de modèle).

31Pour être transformatives, les actions collectives doivent faire système. Nous avons montré que les actions de remédiation à Romans s’appuient sur des héritages anciens, parfois hétérogènes (entrepreneuriat ouvrier, savoir-faire, culture associationniste) qui sont mis au service de projets qui paraissent compatibles avec les enjeux de durabilité. De fait, les acteurs du territoire activent des capacités territoriales héritées (Texier et Maillefert, 2021) qui incitent à l’invention d’un modèle productif nouveau, potentiellement transformateur. Il ne l’est pas toujours ni complètement. Mais la dynamique récente du territoire romanais semble pouvoir s’inscrire dans une trajectoire de transition vers la durabilité qui est permise à la fois par la dynamique productive, l’action publique et l’action associative, réunis dans des espaces d’interconnaissance structurés par un récit historique commun.

Conclusion

32Dans le contexte de villes industrielles en déclin, qui est celui de Romans-sur-Isère, les nouveaux modèles économiques en lien avec l’ESS semblent être des vecteurs potentiels de transformation de la production manufacturière et de changement de modèle. Notre travail fait l’hypothèse que la dimension de durabilité est en cours d’activation à Romans-sur-Isère. Cette dimension peut être approchée par la notion de permacircularité, que nous avons testée sur cinq expérimentations qui nous ont paru emblématiques de la question de l’évolution des modèles d’entreprises et de territoires vers davantage de durabilité.

33Les expérimentations, à des échelles et des degrés différents, placent les actions dans une volonté de repenser et réinventer les pratiques économiques territoriales. La volonté de réindustrialisation prend des formes originales qui passent par un questionnement profond des structurations et des modèles économiques. Les réflexions sur la durabilité territoriale sont présentes chez tous les acteurs interviewés, qui y répondent par des solutions allant de la circularité simple à la fonctionnalité (le service). Les nouvelles pratiques interrogent également les modes d’habiter et le bien-être. Ces innovations sont permises à la fois par l’existence de propriétés classiques des systèmes productifs localisés, mais aussi par des innovations structurelles s’appuyant sur un ensemble de capacités territoriales héritées et réactivées : un récit commun, des savoir-faire conservés, un projet compatible avec différentes déclinaisons du récit, la construction des coordinations à différentes échelles, le développement de services territoriaux. Il reste évidemment à activer de manière plus explicite et plus large les composantes de durabilité que nous avons identifiées.