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Sur l'Image

L’image de l’oasis comme matériel de terrain

Réappropriation d’une image au service d’un nouvel imaginaire territorial
The oasis image as field material
Reappropriating an image to serve a new territorial imaginary
Irène Carpentier

Résumés

L’iconographie oasienne est riche et ancienne, mais son usage dans la recherche reste peu explicité. Revenant sur nos terrains de thèse, à Tozeur et Gabès en Tunisie, il s’agit ici d’interroger le rôle de la photo dans la construction de l’imaginaire territorial oasien, et de la recherche sur ces espaces. Matériel de terrain original, la photo dans les oasis constitue une ressource porteuse de discours divers sur le territoire, entre promotion d’un rêve touristique, documentation d’un paysage, ou support de sensibilisation à la dégradation environnementale du milieu. Nous reviendrons notamment sur la réappropriation de l’abondant corpus colonial au service d’une idéalisation des systèmes anciens, puis le processus de constitution d’un corpus « témoin » des dégradations environnementales dans un contexte de dynamisme associatif, et enfin la manière dont la recherche peut mobiliser ce matériel de terrain pour analyser et illustrer la diversité des formes de mise en valeur des territoires.

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Texte intégral

Introduction

1L’iconographie oasienne est riche et ancienne. Incarnation de l’orientalisme puis de la domination coloniale (Garcier et Bravard, 2014 ; Davis, 2007 ; Gabous 1989 ; Fleig, 1997), c’est aussi un vecteur central de la promotion du rêve touristique (Battesti, 2009), puis patrimonial (Carpentier, 2021a), et plus récemment des combats environnementalistes (Robert, 2021 ; Carpentier, 2018). L’image est au centre de la construction de l’imaginaire territorial oasien contemporain. Pourtant le statut de ces photographies des milieux oasiens pour la recherche n’a pas fait l’objet de beaucoup d’analyses au-delà de l’imagerie coloniale. C’est ce rôle de la photo -en particulier ancienne- dans cette construction, et dans celle de la recherche sur ces espaces qu’il s’agira d’explorer, au regard des différents modèles de mise en valeur des territoires oasiens.

2Espace de représentations et de fantasmes, l’oasis fait partie de ces « terrains lointains » (Goeury, 2008) héritiers d’un orientalisme en transformation, de l’explorateur à l’agent colonial, au chercheur ou à l’expert (Garcier et Bravard, 2014 ; Marshall et Lavie, 2017). Ces différents acteurs, extérieurs au milieu, participent à la production d’une riche photothèque : le voyageur, puis l’explorateur colonial figent une première image du paysage oasien, préambule d’une mise en marché du rêve touristique (Battesti, 2009 ; Saidi, 2017), puis ce sont les oasiens eux-mêmes qui se chargent de capturer les transformations rapides de leurs milieux, se réappropriant à l’occasion ce corpus colonial. Cette production photographique traduit des discours divergents : témoignages d’un passé révolu, valorisation d’un paysage caractéristique, dénonciation de dégradation et de transformations contemporaines, documentation d’un milieu et de ses pratiques, la photographie est utilisée par une diversité d’acteurs comme moyen d’expression et de sensibilisation aux enjeux des territoires auprès de publics variés.

  • 1 Cette thèse a bénéficié d’une Bourse d’Aide à la Mobilité Internationale du MAE (Ministère des Affa (...)
  • 2 Il apparaît difficile de quantifier précisément l’importance de ce corpus car les sources sont très (...)
  • 3 Pour des raisons de structuration de l’article nous reviendrons sur les différents éléments de la d (...)

3Nous reviendrons ici sur la manière dont la photo a influé sur notre démarche de thèse (Carpentier, 2018)1 qui visait à travailler sur les différentes formes de mise en valeur des territoires oasiens, en particulier tertiaires, dans un contexte de « patrimonialisation » et d’activisme associatif pour le « développement durable » du territoire. À Tozeur et Gabès, mes terrains d’étude, nous avons en effet été confrontés à une iconographie importante2, de différents types et supports -carte postale, poster, photos en ligne, photos privées, brochure, site web spécialisé. Cette iconographie constitue une ressource singulière, porteuse de discours et de représentations contrastées sur le territoire. En écho à ce matériel existant, nous avons constitué notre propre corpus photo afin d’illustrer les mutations du milieu, à différentes échelles de temps, notamment les dégradations de certaines zones par rapport aux photos anciennes, ou au contraire leurs réhabilitations, et réinvestissement pendant le temps de nos recherches (2011-2022)3. Cela permet de diversifier les objets représentés, en lien avec nos analyses sur la diversité interne des territoires. À partir des photos collectées ou produites au fil du temps par les acteurs locaux, puis celles produites par nos recherches sur ces espaces, il s’agira donc ici de montrer les différents usages possibles d’un ensemble photographique hétéroclite, à la fois pour la défense du territoire par les acteurs, mais aussi pour la recherche comme matériel d’enquête et d’écriture.

4Nous nous interrogerons sur la manière dont les images favorisent la construction d’un imaginaire territorial oasien et d’un discours politique sur le territoire. En quoi les photos ont-elles constitué un matériel de terrain singulier pour notre travail de géographe, à la fois produites par les acteurs et par notre terrain ? Dans quelle mesure ces photos servent-elles d’appui à la construction d’un discours territorial qui dépassent leurs catégories de production?

Une iconographie abondante, au cœur de l’imaginaire collectif

5Dès nos premiers séjours de terrain, en 2010, nous avons pu mesurer la présence et la force de l’iconographie oasienne historique dans l’imaginaire collectif local. D’abord, ces images sont disponibles sous une grande diversité de supports : carte postale, brochure, site web spécialisé, album de groupes Facebook locaux, affiche dans les maisons, posters municipaux, etc… Ensuite, elles sont connues et partagées, et constituent un véritable corpus collectif. Cette singularité s’est imposée, et faire un retour ici sur cet usage des photographies dans notre recherche permet d’éclairer autrement les mécanismes de construction de l’imaginaire territorial oasien, et son usage militant.

L’iconographie coloniale : construction d’un discours sur l’indigène oasien à « moderniser » et prémisses d’une mise en marché d’un paysage

  • 4 Le terme est emprunté à Edward Saïd, auteur palestinien de l’ouvrage fondateur L’orientalisme, l’Or (...)

6L’imagerie coloniale – son usage, son rôle, et ses objets – a fait l’objet de nombreux travaux, notamment en histoire et en anthropologie (Gabous 1989 ; Fleig, 1997 ; Eileraas, 2003 ; Haine, 2011). Le plus souvent, ils soulignent les rapports de dominations induits par la photographie coloniale sur les populations et espaces colonisés. Les photographies de nus (Pouillon, Mégnin, 2010), « d’ethnies », de costumes traditionnels, « scientifiques » sont répertoriées, localisées, datées, archivées. Elles participent d’un « orientalisme4 des photographes », fondé sur « l’imagination, le rêve » et qui construit un « univers de clichés et de stéréotypes » (Denoyelle, 1994), reconstituant des « scènes de genre » et « portraits typiques » (Ibid., 1994). Elles sont analysées en tant qu’objet illustrant et diffusant le projet colonial, tout comme la production cartographique, support des représentations de la métropole sur l’Empire (Boukhris, Chapuis, 2016).

7En géographie, cette iconographie coloniale semble moins avoir retenu l’attention, si ce n’est en lien avec son usage dans le terrain ou avec la notion d’exotisme (Staszak, 2008 et 2015 ; Calbérac, 2010), mais c’est la géographie du tourisme qui en aborde largement les enjeux. En effet, photographie et tourisme sont étroitement liés, et « le tourisme se présente comme un outil de propagande majeur de l’idéologie coloniale » (Zytnicki et Kazdaghli, 2009). Il « s’articule étroitement aux politiques de modernisation des colonies, […] aux politiques patrimoniales de conservation de la « culture indigène » » et participe à « la production d’imaginaires géographiques alimentant le désir colonial entre la métropole et les colonies » (Boukhris et Chapuis, 2016) (illustration 1). L’affiche touristique incarne ici précisément ce besoin d’alimenter le désir colonial avec la reproduction d’un décor oasien simplifié, valorisé pour sa capacité à offrir une station « d’hivernage », un lieu de loisir de contre–saison pour les colons. C’est dans ce contexte que la production d’image des oasis maghrébines se démultiplie, et fige un paysage « traditionnel » stéréotypé, réduit aux palmiers, à l’oued, et à la source, avec la « scène de vie » associée, composée d’indigènes et de leurs ânes (illustrations 1b et 2). Ces images sont particulièrement courantes et il existe une multitude de versions et d’exemples du même type à Tozeur et Gabès, dont les deux cartes postales reproduites ici sont des cas symptomatiques. À Gabès (illustration 1b), les sujets font face à l’objectif et « posent », renforçant l’impression d’extériorité et de domination du photographe sur le milieu. Cette photographie coloniale est ainsi mise au service d’un projet visant à mettre en lumière une dichotomie entre tradition « indigène » et « modernité ». On retrouve cette dichotomie entre palmeraie ancienne et nouveaux périmètres irrigués dans le désert, plantation rectiligne de palmier dattier à destination des marchés d’exportation. La photo coloniale met aussi souvent en lumière les traces des vestiges archéologiques romains dans les oasis, afin d’inscrire l’emprise coloniale dans une continuité impériale (Davis, 2007), et ainsi, de la légitimer. Les ponts, barrages, ou canaux de pierre sont ainsi abondamment photographiés (illustration 2). À Tozeur, la carte postale reproduit le « barrage romain » sur l’oued principal, éludant le savoir-faire local en matière de gestion de l’eau, pourtant particulièrement important dans les oasis, et à Tozeur en particulier.

Illustrations 1 - Affiche Gabès PLM, 1921 (gauche) et Carte postale Gabès, 1903 (droite)

Illustrations 1 - Affiche Gabès PLM, 1921 (gauche) et Carte postale Gabès, 1903 (droite)

Source: R. Briquet, Impression Cornille et Serre (gauche) ; Collection du site Delcampe. URL: www.delcampe.net (droite)

Illustration 2 - Carte Postale Tozeur, Le Barrage romain (date inconnue)

Illustration 2 - Carte Postale Tozeur, Le Barrage romain (date inconnue)

Source : Site Tunisie. Histoire par les cartes postales anciennes. URL: www.tunisie-cartespostales.com

8Les oasis sont ainsi abondamment photographiées par les colons au début du XXe siècle, dans un contexte où les premiers hôtels et brochures promotionnelles de la « destination oasis » apparaissent. Le tourisme est en effet « un puissant producteur d’images » (Boukhris et Chapuis, 2016) présentes dans « les guides, les cartes postales, les brochures, les récits de voyage, les photographies ». Jusqu’à aujourd’hui, cette image des oasis comme image du rêve de voyage reste centrale dans la production photographique et la représentation de ces espaces. Mais ces photos du début du siècle dessinent aussi la figure orientale, exotique, « authentique » de l’altérité radicale, celle de l’indigène. C’est le dispositif spatial de la colonie et de l’espace métropolitain qui est ainsi défini. Ce qui importe ici n’est cependant pas tant de revenir sur le contexte de production de ces images, que sur leurs usages contemporains par les oasiens, dans un cadre de recherche en géographie sur les modes de valorisation de ces territoires.

Des images présentes dans l’espace public : usage patrimonial d’un corpus ancien

9Notre recherche doctorale s’intéressait à la diversité des formes de mise en valeur des oasis et en particulier, au processus de tertiarisation engagé dans les oasis depuis les années 1990 dans les oasis (Carpentier, 2018 et 2021a). Or la reconnaissance de la valeur patrimoniale du lieu va souvent puiser dans l’iconographie coloniale, du fait de ses logiques de mise en lumière d’un milieu « traditionnel » indigène par les colons, mais réappropriée dans un nouveau contexte.

  • 5 Groupes Facebook « Chenini book », « Oasis de Chenini Gabès », « Stop Pollution » ; compte privé : (...)

10En effet, ces images coloniales, plus ou moins anciennes, sont très présentes dans l’espace public oasien. À Tozeur en 2013, une exposition de cartes postales coloniales, imprimées sur de grands panneaux, se dressait devant la mairie, présentant diverses images d’oueds, de barrages, et d’autres lieux symboliques de l’oasis, comme les zaouia – tombeaux des saints – ou le Jujubier de Sidi Ali Boulifa, premier espace de mise en tourisme où se trouve aujourd’hui le zoo, mais aussi des bâtiments coloniaux, comme la Poste, ou des « scènes de vie », comme « le marchand de fèves dans l’oasis ». À Gabès, ces cartes postales sont aussi connues et numérisées, font l’objet de collections, sont parfois commercialisées, et plus récemment, popularisées au sein de groupes Facebook5 locaux sur l’oasis. Cette présence forte de ces photos anciennes dans les espaces contemporains témoigne d’abord d’une persistance de la vision « conservatrice » du patrimoine oasien, qui se traduit dans les discours et projets, par l’idée de l’oasis ancienne comme une incarnation de « la tradition ». Les périmètres irrigués en deglet nour, « oasis moderne » dans la terminologie de l’administration, pourtant massivement déployés à l’époque coloniale, images même de la modernité agricole au désert, sont par exemple tout à fait absents à la fois de l’iconographie et de l’espace public. Conceptualisé au Maroc par H. Lyautey (Girard, 2006), la politique de « l’association » entre patrimoine indigène et modernité coloniale, produit un héritage photographique colonial déséquilibré, dont l’usage contemporain n’est pas univoque. La photo peut en effet être réappropriée dans un contexte différent, comme ressource support d’un nouveau discours sur le territoire.

Le « rêve touristique oasien » postindépendance (1956-2000)

11La production d’image dans les oasis reste cependant étroitement liée à l’activité touristique. En effet, Gabès dans les années 1970, et surtout Tozeur dans les années 1990, ont fait l’objet d’une mise en tourisme qui contribue à démultiplier les photos de ces espaces. L’imaginaire touristique oasien s’inscrit dans la continuité directe de l’imaginaire colonial (Battesti, 2009) et dans un contexte national de diversification du produit touristique balnéaire (Saidi, 2017). Le paysage de la source, du palmier, représentant la richesse de la faune et de la flore, présentés comme des éléments d’un milieu « naturel » exceptionnel, sont les photos les plus classiques et marquantes pour les voyageurs de passage. La construction sociale du milieu, produit de savoir-faire complexes, est évacuée. Ainsi, les jardins – parcelle agricole oasienne –, espaces de l’intimité inaccessibles aux touristes (Battesti., 2009) comme aux colons, sont très peu photographiés. La mise en image de l’oasis à cette période répond plutôt à la promotion de l’oasis comme espace de loisir et de promenades, le long d’une « route touristique » balisée – parcourue en calèches (illustrations 3a et 3b) –, qui traverse une palmeraie ancienne vue comme décor exotique « naturel », plutôt que comme espace productif, résultat d’un système social et économique singulier. La promenade en calèche est une activité classique du tourisme oasien, à Tozeur, elle est institutionnalisée dans un circuit, et offre au visiteur l’image d’une forêt de palmier luxuriante et fleurie (illustration 3a). À Gabès, les calèches passent par le « pont romain » point d’intérêt dans l’oasis, où se regroupent les cafés, et concernent autant les touristes internationaux que les visiteurs locaux (illustration 3b). Aujourd’hui, cette fonction de loisir reste centrale dans la pratique du territoire et la présence accrue des citadins et visiteurs ponctuels transforment l’organisation et la vocation des espaces (Carpentier, 2021b).

Illustrations 3 - Calèches le long des routes touristiques à Chenini Gabès (gauche) et à Tozeur (droite)

Illustrations 3 - Calèches le long des routes touristiques à Chenini Gabès (gauche) et à Tozeur (droite)

Auteur : Irène Carpentier, 2010 et 2011.

La constitution d’un corpus « témoin », support d’un discours militant

Usage militant de l’iconographie oasienne : exprimer la crise, se réapproprier le discours ?

12Mais ce qui explique cette richesse et la vitalité de l’archivage iconographique, c’est aussi la volonté des acteurs locaux de constituer un corpus « témoin » des transformations, comme support d’un discours militant. La constitution de ce corpus passe alors par un dépassement des catégories de production des images anciennes, et notamment coloniales.

13Plutôt que de documenter la dégradation en tant que telle, l’essentiel des photos va ainsi dans le sens de la promotion de la qualité du milieu et des savoirs faires associés, via différents types de supports et dans des démarches d’intérêts parfois divergents. Au centre des discours oasiens sur leur territoire, réside l’idée de la crise et de la perte (Ayeb, 2012 ; Carpentier, 2021-b), celle d’un milieu historique et productif qui répondait aux besoins des habitants. Le récit de la destruction s’accompagne alors presque systématiquement d’une idéalisation du système ancien, appuyée et illustrée par des photos, « preuves » de la qualité perdue. Les cartes postales coloniales ou les photos de promotion touristiques sont alors réappropriées et détournées de leur usage initial, au service d’un discours critiques sur les modèles de développement contemporains accusés d’avoir détruit les systèmes oasiens. C’est un point clé du discours des militants pour la sauvegarde des oasis, qui émergent dans les années 1980 (Carpentier, 2018), à mesure des dégradations environnementales et de la désertification. Cette réinterprétation du corpus colonial et touristique dans un contexte militant permet alors une pluralisation des usages de la photo, déconnectée de son cadre de production historique, et offre de nouvelles opportunités de communications militantes, fondées sur la mise en lumière de la brutalité des ruptures qui transforment les paysages oasiens.

Le choc de la « perte » de l’eau en image

  • 6 Dans les années 1980-1990, l’ensemble des oasis de Tunisie, qui était traditionnellement irriguées (...)

14L’idée même de réhabilitation du territoire passe alors par la documentation de l’ampleur et de la rapidité des mutations, en particulier la « perte » de l’eau6, caractérisée par l’assèchement des oueds, et des savoirs associés à la répartition des eaux. Les photos coloniales et touristiques des oueds, illustrant les travaux collectifs autour des partiteurs d’eau sont ainsi réutilisées, réhabilitées, non pas tant pour une démarche de propagande touristique ou esthétisante, que comme témoignages « scientifiques » de l’assèchement rapide et brutal, qui a vu, en moins d’une génération, l’eau disparaître du paysage visible de l’oasis. Désormais irriguées par des forages profonds dans les nappes souterraines, les oasis sont passées dans le monde des territoires aux « eaux cachées ». (Fofack et al., 2018)

Illustrations 4 - L’oued à Gabès (zone Ras el oued) dans les années 1960 environ (gauche) et Le lit de l’oued dans la même zone en 2010 (droite)

Illustrations 4 - L’oued à Gabès (zone Ras el oued) dans les années 1960 environ (gauche) et Le lit de l’oued dans la même zone en 2010 (droite)

Sources : groupe Facebook « Cheninibook » (gauche) ; Irène Carpentier, 2010 (droite).

15Ces deux photos, prises à peu près dans la même zone de l’oasis de Gabès – dite de Ras el Oued – à proximité de la zone des sources à 50 ans d’écart, montrent comment le lit de l’oued est transformé en chemin, et modifie fondamentalement l’aspect du paysage.

Le rêve perdu de la baignade et la construction patrimoniale

16De ce point de vue, le corpus photographique oasien constitue un matériel précieux pour la recherche. Non seulement il sert d’objet de médiation entre les acteurs et les différents discours sur leurs espaces, mais il constitue également une ressource, inscrite dans l’imaginaire territorial collectif, activable ou modulable en fonction des publics, des projets, et des fonctions du territoire concerné. Ce rôle de médiation de l’image se déploie à la fois auprès d’un public extérieur à l’oasis, comme support de communication de la réalité des transformations du milieu, mais aussi en interne, auprès des différents groupes d’acteurs oasiens, comme un objet de consensus, qui dépasse les clivages liés aux différentes approches de la conservation et de la sauvegarde du milieu. « L’oasis d’autrefois » apparaît alors comme un patrimoine collectif incarnant une forme d’équilibre et de richesse du milieu perdue, qui se nourrit d’un corpus photographique diversifié. Ce corpus permet en effet d’illustrer plusieurs types de discours. Le discours de la « durabilité de facto » des oasis, de son caractère « agroécologique », mais aussi celui qui insiste sur une dégradation avant tout environnementale, faisant abstraction des enjeux socio-économiques. La dimension tertiaire du territoire peut aussi être remise en perspective dans un processus historique plus long que celle de la seule activité touristique internationale, mettant en lumière les usages anciens de l’oasis comme espace de loisir. Cela souligne combien l’iconographie oasienne n’est pas au service d’un discours univoque, même s’il incarne pour le collectif local une image consensuelle d’équilibre et de richesse perdue.

Illustrations 5 - Baignade dans l’oued Gabès, années 1975 (gauche) et Baignade à Ras el Aïn, Tozeur dans les années 1980 (droite)

Illustrations 5 - Baignade dans l’oued Gabès, années 1975 (gauche) et Baignade à Ras el Aïn, Tozeur dans les années 1980 (droite)

Sources : groupe Facebook « Chenini Gabès » (gauche); . groupe Facebook « Travelingo » (droite).

17Dans ce contexte, cette photo de Gabès (illustration 5 gauche) est particulièrement « célèbre » localement. Affichée dans certains commerces locaux, dans les maisons des habitants, dans différents locaux d’associations ou en illustration de projet, c’est une photo qui permet de faire vivre et transmettre l’idéal oasien auprès de la nouvelle génération qui n’a jamais connu l’oued rempli en eau, ni même la possibilité d’une baignade. Si sa datation n’est pas très claire, ni son auteur, l’image véhiculée et l’objectif associé est assez précis : il faut transmettre le plaisir de l’oasis aux jeunes générations, l’urgence de sa sauvegarde. Plutôt que celle d’un environnement désertifié et écrasé par les problématiques structurelles du monde agricole tunisien (morcellement foncier, crise économique, etc…), la photo porte un imaginaire non agricole, celle d’un espace oasien conçu comme espace de jouissance collectif. À Tozeur ou Nefta, on retrouve l’équivalent de cette image, photo de baignade des enfants dans les sources aujourd’hui disparues (illustration 5 droite). Outils de construction de la valeur collective, ces photos participent de la dynamique de patrimonialisation.

Documenter la sauvegarde, construire un discours militant qui s’épanouit dans le milieu associatif post-révolution de 20117

  • 7 En 2011 en Tunisie, à la suite de mobilisations populaires dans les régions, le régime du président (...)
  • 8 Né en 1221 à Tozeur, Ibn Chabbat est l’inventeur d’un nouveau système de répartition des eaux, fond (...)
  • 9 Entre 2010 et 2020, le nombre d’organisation de la société civile est multiplié par deux et demi.

18La photo est ainsi au service d’un travail de consignation des savoir-faire, de fabrique du patrimoine. Dès les premiers effets de déstructurations du système (Kassah, 1996), certains habitants se sont organisés pour documenter les spécificités de leurs espaces de vies. À Gabès, des « missions-photos » dans l’oasis sont réalisées dès les années 1980 par des activistes locaux pour illustrer la pratique collective de gestion du barrage en terre, menacée de disparition par l’assèchement des oueds. L’érection du barrage sur l’oued principal, proche de la zone des sources, est en effet une action qui était alors l’occasion d’une grande fête et d’une rencontre des familles de producteurs de l’oasis. Un instituteur-photographe (M. Ben Youssef) constitue une « base de données » photos avec l’aide de ses étudiants. Durant notre travail de terrain, c’est au sein de l’association de sauvegarde de l’oasis de Chenini (l’ASOC) que nous l’avons rencontré, et que nous avons pu consulter ces rares images. À Tozeur également, docteurs et étudiants en histoire ont patiemment collecté des images et photos, pour reconstituer le fonctionnement des oueds et de leurs partitions. Ces photos s’accompagnent ici d’une recherche sur les textes, dans la mesure où Tozeur a une longue histoire de gouvernance collective des eaux, remontant au 13ème siècle, avec le système d’Ibn Chabbat. Ingénieur hydraulique né à Tozeur, il inaugure une « révolution hydraulique » avec son « Code des eaux », et devient le symbole du rayonnement scientifique de la ville8. Souvent issues d’initiatives individuelles, ces démarches de collecte d’images trouvent un espace d’accueil et de partage particulièrement dynamique au sein du milieu associatif local, notamment après 2011, dans un contexte du boom associatif9. Ce dynamisme associatif est relayé par un activisme numérique, avec la présence sur Facebook de dizaines de groupes collectant des images anciennes des oasis, tenus par des jeunes qui en sont originaires, mais ne résident pas toujours sur place. Cela nous a permis de mieux cerner la force de la « nostalgie » territoriale (Guinard et Gervais Lambony, 2016) oasienne et la mise en récit du territoire par ses acteurs.

19La photo constitue donc une ressource pour les acteurs de l’oasis, dans le cadre d’une promotion de type patrimoniale de leurs territoires. Outil de transmission des valeurs et spécificités héritées, c’est aussi un moyen de témoigner de l’ampleur de la perte, et dans le même temps de renforcer l’attachement au territoire, et la mobilisation collective pour sa sauvegarde.

L’image de la dégradation : l’oasis oubliée ?

Les lieux de la dégradation

  • 10 À Tozeur, Nefta, et Chenini de Gabès, ces « zones des sources » ont fait l’objet de projets associa (...)

20Pour toutes ces raisons, la photo s’est révélée un matériel de terrain de grande importance pour notre travail de thèse. D’un point de vue purement illustratif, la richesse de la base de données permet de mieux visualiser l’état du milieu au début et milieu du 20ème siècle, et l’ampleur des bouleversements liés aux projets de développement. C’est aussi un moyen de repérer certains « hauts lieux » de ces mutations, comme les zones de « Ras el Oued » (illustration 6), « tête des sources », ou les lits des oueds (Carpentier, 2021). Parmi les plus photographiées au fil du temps, ce sont des lieux qui constituent des espaces témoins des dégradations. Au prisme de ces images, c’est une géographie des espaces de la sauvegarde qui se dessine. Cette photo de « Ras el Oued » dans l’oasis de Gabès illustre la désertification de ces espaces symboles, autrefois cœur de la biodiversité et de l’abondance hydraulique. Ils constituent à ce titre les lieux privilégiés pour les projets de réhabilitation écologique et agricole de l’oasis par les acteurs associatifs locaux10.

Illustration 6 - La zone des sources, Oasis de Gabès, 2011

Illustration 6 - La zone des sources, Oasis de Gabès, 2011

Auteur : Irène Carpentier, 2011.

21Cependant, au-delà de ces lieux-symboles, c’est aussi l’usage de ces images et leurs modalités de diffusion qui entre en interaction avec l’écriture de la recherche.

Diversité des formes de mises en valeur et transformations rapides : photos de la recherche

22Ainsi, il est à noter que la dimension productive de l’oasis reste peu illustrée. Le travail agricole, les jardins, les outils, restent sous représentés par rapport aux paysages oasiens considérés comme classiques : palmeraie en bord d’oued. Les effets visibles des dégradations, pollutions, salinisation, enfrichement sont également très peu pris en charge par cette écriture photographique de l’espace. C’est pour cela que dans le cadre de notre recherche, nous avons cherché à compléter le corpus sur ces thématiques. Si les paysages de l’eau, des bassins de collecte, voir des séguias est une image très courante des oasis, les savoir-faire liés à l’usage de l’eau et au travail du sol dans les parcelles est un peu plus rare (illustration 7a). L’irrigation par submersion, pratiquée dans les oasis tunisiennes, oriente l’ensemble de l’agencement des parcelles (en longueur à Gabès (illustration 7a), en carreaux à Tozeur) et du travail agricole. Pour le travail des palmiers (illustration 7b), il est le plus souvent réservé à des métayers marginalisés (Carpentier, 2023), notamment dans la région de Tozeur, dont le travail a parfois été mise en valeur par les circuits de visite touristique, mais qui reste peu visible dans l’iconographie.

Illustrations 7 - Des images plus rares dans le « corpus oasien » : irrigation par submersion et travail du sol dans une parcelle à Chenini Gabès (gauche) et travail des palmiers par les khammès à Tozeur (droite)

Illustrations 7 - Des images plus rares dans le « corpus oasien » : irrigation par submersion et travail du sol dans une parcelle à Chenini Gabès (gauche) et travail des palmiers par les khammès à Tozeur (droite)

Auteur : Irène Carpentier, 2020 (gauche)et 2014 (droite).

23Lors de notre recherche, la prise en photos des espaces dégradés nous permet de mesurer l’écart entre l’idéal nostalgique transmis et promu par la dynamique associative de la « sauvegarde » oasienne, et la réalité d’un milieu agricole marginalisé et sous pression. Cet écart s’inscrit dans la tension entre différentes fonctions et vocations du territoires mise en lumière par notre recherche. La marginalisation des dynamiques productives de la petite agriculture familiale, en lien avec la montée en puissance et le renouvellement de la mise en tourisme et des activités de loisirs, mais aussi l’émergence des activités agroindustrielles au sein même des palmeraies anciennes, et non plus seulement dans les périmètres irrigués périphériques des « oasis modernes », renforcent les inégalités sociales et spatiales dans l’oasis. Ces inégalités se traduisent par une distorsion de la perception de l’espace de l’oasis. Entre des zones promues, réhabilitées, célébrées pour leurs qualités esthétiques et porteuses d’idéales, et des zones oubliées, polluées, salinisées, urbanisées, enclavées, remplies de déchets (illustrations 8a et 8b), se développent dans les failles d’imaginaires territoriaux en confrontation. Et si ces lieux de l’idéal oasien sont massivement pris en charge par la photo, ceux de la dégradation le sont nettement moins, alors qu’ils sont omniprésents dans les discours de dénonciation de « la crise ».

Illustrations 8 - Déchets dans l’oasis de Gabès

Illustrations 8 - Déchets dans l’oasis de Gabès

Auteur : Irène Carpentier, 2020.

24Pour expliquer cette discrétion, nous pouvons faire l’hypothèse de l’effet performatif potentiel de ces images. Si l’image de l’oasis dégradée s’impose comme norme, la sauver apparaîtrait vain. Objets de projections de la part des chercheurs désireux d’y trouver la réponse à des questionnements sur les modèles de développement, les oasis sont un terrain idéal pour une mise en image (Goeury, 2008). Mais plutôt qu’une reproduction de l’idéal de paradis agraire (Cariou, 2013), nous avons plutôt cherché dans notre recherche à illustrer les transformations rapides de ces espaces, pour en souligner la diversité interne. La recomposition des paysages étagés vers la spécialisation culturale (illustrations 9a et 9b), les formes d’irrigation dans un contexte de bétonnisation des oueds et de dislocation de l’entretien collectif des drains (illustrations 10a et 10b) sont autant d’exemples de ces mutations et de cette diversité dans l’espace, où la photo participe à l’écriture géographique.

Illustrations 9 - Simplification du paysage étagé ancien vers le palmier deglet nour intensif, Tozeur

Illustrations 9 - Simplification du paysage étagé ancien vers le palmier deglet nour intensif, Tozeur

Auteur : Irène Carpentier, 2014.

25Ainsi, ces photos illustrent les dynamiques de spécialisation voire de reconversion vers le palmier deglet nour en monoculture dans l’oasis ancienne, contribuant à une transformation du paysage de l’oasis de Tozeur. L’étage arboricole, riche et diversifié, autrefois répandu dans l’ensemble de l’oasis, avec notamment le bananier de variété locale « banane du jerid », et la présence des figuiers, devient désormais assez rare, et réservée à certaines zones de petites agricultures familiales diversifiées.

Illustrations 10 - Forage et bassin privé à Tozeur (gauche) et Irrigation par submersion dans les petites parcelles à Gabès (droite)

Illustrations 10 - Forage et bassin privé à Tozeur (gauche) et Irrigation par submersion dans les petites parcelles à Gabès (droite)

Auteur : Irène Carpentier, 2014 (gauche) et 2022 (droite).

26D’autre part, cette photo illustre les effets de l’individualisation de l’irrigation. La présence d’une infrastructure hydraulique comme un bassin de collecte sur une parcelle privée incarne cette privatisation de la gestion de l’eau par les plus grands exploitants. Si les écrits sur la gestion de l’eau dans les oasis sont très nombreux (Kassah, 1996 ; Ayeb, 2012 ; Veyrac, 2005), l’impact des transformations de cette gestion dans les paysages est moins souvent abordé. Dans les plus petites parcelles, l’irrigation par submersion en lien avec le tour d’eau collectif reste la règle (illustration 10b).

27Simplification des paysages et privatisation de l’irrigation, une diversité de formes de valorisation cohabitent dans l’espace de la palmeraie, comme autant de témoignages de la complexité des articulations entre modèles de développement oasiens.

Conclusion

28En conclusion, les espaces oasiens ont la particularité d’avoir fait l’objet d’une mise en image précoce, abondante, et continue. Paysage iconique de l’imaginaire collectif et colonial, figé par l’économie touristique internationale, la mise en image de l’oasis prend un sens de plaidoyer et de témoignage à mesure des dégradations et marginalisations diverses. Ceci traduit la réappropriation collective d’un corpus au-delà des conditions historiques de sa production. Cette déconnexion agit à la fois comme une ressource pour la variété des discours selon les publics visés, et comme facteur d’ambiguïté sur les valeurs associées au territoire mise en image. Corpus stratégique pour la transmission d’une certaine image de l’oasis aux générations futures et aux visiteurs, l’iconographie oasienne constitue ainsi un matériel de terrain essentiel pour la recherche.

29En effet, en identifiant les thématiques traitées par la photo, les usages sociaux de cette production, et sa circulation sur les réseaux, c’est le territoire de l’oasis lui-même qui est remodelé. Les zones des sources, les bords d’oueds et routes touristiques incarnent le territoire tout entier, rejetant dans l’ombre la grande diversité des formes de mise en valeur dans l’oasis. Notre travail de recherche visait ainsi à explorer et compléter cette imagerie oasienne, au-delà de l’image « carte postale », pour traduire et transcrire la diversité, et la rivalité des formes oasiennes, confrontés à des défis et dégradations toujours plus menaçantes. Les photos des oasis traduisent ainsi un discours scientifique renvoyant au statut ambivalent de ces espaces : milieu fragile, modèle de gestion des ressources, espace dégradé, lieu de réinvention des imaginaires collectifs.

ANNEXE
Cartes de localisation (approximative) des photos mentionnées dans le texte, à Tozeur et Gabès

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Bibliographie

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Notes

1 Cette thèse a bénéficié d’une Bourse d’Aide à la Mobilité Internationale du MAE (Ministère des Affaires Etrangères) 2011-2013, et a été essentiellement menée au sein de l’IRMC (Institut de Recherches sur le Maghreb Contemporain) à Tunis. Le travail de terrain doctoral (2011-2016) a été complété par des séjours réguliers (2019-2020) notamment à Gabès, permettant d’enrichir le travail photographique pour la recherche.

2 Il apparaît difficile de quantifier précisément l’importance de ce corpus car les sources sont très diversifiées, et évolutives. En effet, les collections privées ne sont pas faciles d’accès, et sont diffusées de manière ponctuelle, notamment sur les réseaux sociaux ou à l’occasion d’évènements. Pour les images coloniales, il faudrait un travail d’archives systématique pour évaluer plus précisément la richesse du fond.

3 Pour des raisons de structuration de l’article nous reviendrons sur les différents éléments de la démarche méthodologique au fil du texte.

4 Le terme est emprunté à Edward Saïd, auteur palestinien de l’ouvrage fondateur L’orientalisme, l’Orient inventé par l’Occident en 1980. Il y définit l’orientalisme comme un « style de pensée fondée sur la distinction ontologique et épistémologique entre Orient et Occident », soulignant le rapport de domination qu’exerce ce dernier. (cité par Harpigny, 1981).

5 Groupes Facebook « Chenini book », « Oasis de Chenini Gabès », « Stop Pollution » ; compte privé : Nazih Hachaichi, doctorant en histoire sur la ville de Gabès.

6 Dans les années 1980-1990, l’ensemble des oasis de Tunisie, qui était traditionnellement irriguées par des sources artésiennes, se trouvent privées de cette ressource -du fait des différentes dynamiques de développement régionales (tourisme, industrie, agro-industrie) - et doivent désormais avoir recours aux forages profonds, dans les nappes fossiles, pour maintenir l’irrigation.

7 En 2011 en Tunisie, à la suite de mobilisations populaires dans les régions, le régime du président Ben Ali est renversé, et inaugure une série de changements politiques et institutionnels d’ampleur dans l’ensemble du monde arabe, communément appelés « printemps arabes ».

8 Né en 1221 à Tozeur, Ibn Chabbat est l’inventeur d’un nouveau système de répartition des eaux, fondé sur le principe de partition de l’oued et du compte des heures de manière proportionnelle à la surface des propriétés. C’est le principe du « tour d’eau » qu’il contribue à formaliser et qui se répand alors dans toutes les oasis de Tunisie, et de l’est Algérien (Kassah, 1996).

9 Entre 2010 et 2020, le nombre d’organisation de la société civile est multiplié par deux et demi.

10 À Tozeur, Nefta, et Chenini de Gabès, ces « zones des sources » ont fait l’objet de projets associatifs de mise en valeur d’ampleur, entamés dans les années 2010, et qui ont pris de l’ampleur après la révolution.

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Table des illustrations

Titre Illustrations 1 - Affiche Gabès PLM, 1921 (gauche) et Carte postale Gabès, 1903 (droite)
Crédits Source: R. Briquet, Impression Cornille et Serre (gauche) ; Collection du site Delcampe. URL: www.delcampe.net (droite)
URL http://journals.openedition.org/echogeo/docannexe/image/24923/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 516k
Titre Illustration 2 - Carte Postale Tozeur, Le Barrage romain (date inconnue)
Crédits Source : Site Tunisie. Histoire par les cartes postales anciennes. URL: www.tunisie-cartespostales.com
URL http://journals.openedition.org/echogeo/docannexe/image/24923/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 224k
Titre Illustrations 3 - Calèches le long des routes touristiques à Chenini Gabès (gauche) et à Tozeur (droite)
Crédits Auteur : Irène Carpentier, 2010 et 2011.
URL http://journals.openedition.org/echogeo/docannexe/image/24923/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 300k
Titre Illustrations 4 - L’oued à Gabès (zone Ras el oued) dans les années 1960 environ (gauche) et Le lit de l’oued dans la même zone en 2010 (droite)
Crédits Sources : groupe Facebook « Cheninibook » (gauche) ; Irène Carpentier, 2010 (droite).
URL http://journals.openedition.org/echogeo/docannexe/image/24923/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 229k
Titre Illustrations 5 - Baignade dans l’oued Gabès, années 1975 (gauche) et Baignade à Ras el Aïn, Tozeur dans les années 1980 (droite)
Crédits Sources : groupe Facebook « Chenini Gabès » (gauche); . groupe Facebook « Travelingo » (droite).
URL http://journals.openedition.org/echogeo/docannexe/image/24923/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 560k
Titre Illustration 6 - La zone des sources, Oasis de Gabès, 2011
Crédits Auteur : Irène Carpentier, 2011.
URL http://journals.openedition.org/echogeo/docannexe/image/24923/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 268k
Titre Illustrations 7 - Des images plus rares dans le « corpus oasien » : irrigation par submersion et travail du sol dans une parcelle à Chenini Gabès (gauche) et travail des palmiers par les khammès à Tozeur (droite)
Crédits Auteur : Irène Carpentier, 2020 (gauche)et 2014 (droite).
URL http://journals.openedition.org/echogeo/docannexe/image/24923/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 362k
Titre Illustrations 8 - Déchets dans l’oasis de Gabès
Crédits Auteur : Irène Carpentier, 2020.
URL http://journals.openedition.org/echogeo/docannexe/image/24923/img-8.jpg
Fichier image/jpeg, 279k
Titre Illustrations 9 - Simplification du paysage étagé ancien vers le palmier deglet nour intensif, Tozeur
Crédits Auteur : Irène Carpentier, 2014.
URL http://journals.openedition.org/echogeo/docannexe/image/24923/img-9.jpg
Fichier image/jpeg, 349k
Titre Illustrations 10 - Forage et bassin privé à Tozeur (gauche) et Irrigation par submersion dans les petites parcelles à Gabès (droite)
Crédits Auteur : Irène Carpentier, 2014 (gauche) et 2022 (droite).
URL http://journals.openedition.org/echogeo/docannexe/image/24923/img-10.jpg
Fichier image/jpeg, 253k
URL http://journals.openedition.org/echogeo/docannexe/image/24923/img-11.png
Fichier image/png, 108k
URL http://journals.openedition.org/echogeo/docannexe/image/24923/img-12.jpg
Fichier image/jpeg, 589k
URL http://journals.openedition.org/echogeo/docannexe/image/24923/img-13.jpg
Fichier image/jpeg, 575k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Irène Carpentier, « L’image de l’oasis comme matériel de terrain »EchoGéo [En ligne], 63 | 2023, mis en ligne le 30 juin 2023, consulté le 02 octobre 2023. URL : http://journals.openedition.org/echogeo/24923 ; DOI : https://doi.org/10.4000/echogeo.24923

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Auteur

Irène Carpentier

Irène Carpentier, i.carpentier88@gmail.com, est membre de l'UMR SELMET, CIRAD - ICARDA, Tunis. Elle a récemment publié :
- Carpentier I., 2021a. Innover pour dominer ? Patrimonialisation, durabilité, et reconfigurations sociales des territoires oasiens du sud tunisien. In Berger M., Chaléard J.-L., Gana A., Crise des modèles ? Agricultures, recompositions territoriales et nouvelles relations villes-campagnes. Prodig Ed., Collection Grafigéo Mémoires et Documents, n°37.
- Carpentier I., 2021b. « Sauver les oasis », recomposer les dominations. Géographie de terroirs agricoles en crises. Le cas des oasis de Tozeur et Gabès, Tunisie. Pour, n° 239, p. 205-216.
- Carpentier I., 2023. Travailler la terre oasienne. L’Espace Politique [En ligne], n° 46. URL: http://journals.openedition.org/espacepolitique/11014 - DOI: https://doi.org/10.4000/espacepolitique.11014

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Droits d’auteur

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