Ce dossier thématique fait suite à la session « Espaces et lieux des imaginaires du futur » organisée dans le cadre du colloque de l’Union Géographique Internationale tenu à Paris en 2022. S’inscrivant dans les activités scientifiques de la transversalité « Stabilités et fluidités des objets géographiques » de l’UMR Géographie-cités, cette session était co-organisée par Ségolène Débarre et Béatrice von Hirschhausen, que je remercie chaleureusement d’avoir initié ces réflexions et de m’avoir permis de les prolonger par ce dossier thématique.

1La construction des territoires se nourrit d’héritages du passé autant que de projections dans le futur (Von Hirschhausen, 2023). Si l’espace géographique est couramment appréhendé comme le résultat de processus historiques cumulatifs, une perspective inverse et complémentaire consiste à interroger les effets des imaginaires du futur sur la construction spatialisée des sociétés. Il s’agit alors d’analyser la production des territoires en prenant comme point de départ la manière dont les configurations spatiales à venir sont pensées, anticipées, promues ou combattues. La notion d’imaginaires géographiques désigne, selon la définition qu’en donne Bernard Debarbieux, un « ensemble d’images mentales en relation qui confèrent, pour un individu ou un groupe, une signification et une cohérence à la localisation, à la distribution, à l’interaction de phénomènes dans l’espace » (2003, p. 489), autrement dit un ensemble de représentations partagées qui permettent l’appréhension collective d’un objet géographique en lui donnant du sens. En ce qu’ils sont un mode d’appréhension et d’intelligibilité de la réalité, les imaginaires participent pleinement de l’explication des phénomènes spatiaux (Debarbieux, 2015). Ils déterminent en partie les formes d’appropriations de l’espace déployées par différent·es acteur·rices et contribuent ainsi à faire advenir des réalités spatiales d’ordre matériel et immatériel, certains fonctionnant même comme des prophéties auto-réalisatrices (Staszak, 2000). Faire advenir des réalités spatiales, telle est également l’ambition de la planification territoriale, entendue comme dispositif politique visant à organiser l’aménagement du territoire à une échéance déterminée, en en formulant les objectifs et en en déterminant les moyens et les étapes (Merlin, 2023). Répondant à une volonté de maîtrise de l’évolution de l’espace géographique, elle traduit historiquement une approche normative qui consiste à définir une organisation spatiale jugée optimale à un horizon donné. À cet égard, la planification est indissociable d’imaginaires relatifs à la configuration future d’un territoire. Depuis une vingtaine d’années, ces derniers gagnent d’ailleurs en visibilité dans le contexte d’une « fictionnalisation » croissante de la production territoriale (Matthey, 2011 ; Matthey et al., 2023), au sens de mise en récit et en spectacle, à destination d’un public plus large que les seul·es acteur·rices de la planification, de projets dont les réalisations concrètes n’ont pas encore vu le jour – et ne le verront parfois jamais. Ce sont ces relations entre imaginaires du futur et planification territoriale que ce dossier thématique propose d’explorer.

2Cette préoccupation paraît particulièrement actuelle à l’heure où des crises globales interrogent à la fois la manière dont les sociétés se projettent dans l’avenir et la capacité de la planification à intégrer les effets de ces crises. Urgence écologique, tensions géopolitiques, exacerbation des inégalités ou encore crispations identitaires dessinent aujourd’hui un futur particulièrement incertain. Comment, dès lors, se projeter dans l’avenir – ou, pour le dire autrement, quels imaginaires du futur mobiliser en ces temps d’incertitudes ? On peut s’interroger sur les effets de ces transformations sur la manière d’imaginer l’avenir, c’est-à-dire à la fois sur les contenus des imaginaires du futur et sur les cadres cognitifs et idéologiques, formels et informels, de leur élaboration, de leur circulation et de leur négociation. La réflexion intéresse directement la planification, qui repose précisément sur l’anticipation de ce qui sera dans dix, vingt ou trente ans : quels imaginaires du futur peuvent orienter l’aménagement des territoires dans ce contexte et comment y intégrer l’éventualité d’un bouleversement brutal des équilibres sur lesquels reposent ces projections ? Cet enjeu des fondements imaginaires de la planification croise des débats plus vastes sur les ambitions et les modalités d’un exercice de prospective parfois encore perçu comme « autoritaire, technocratique [et] oublieux des aspirations des habitants » (Desjardins, 2020, p. 6). De telles critiques interrogent la capacité de la planification à s’adapter aux évolutions contemporaines et, pour ce faire, à intégrer des imaginaires du futur pluriels et portés par d’autres acteur·rices que les professionnel·les du domaine. Ce dossier propose d’approfondir ces enjeux à travers plusieurs axes de réflexions transversaux aux six articles.

3Le premier d’entre eux porte sur les modalités de l’anticipation que constituent les imaginaires du futur mobilisés en contexte de planification, c’est-à-dire sur leurs fondements, leurs contenus et leurs formes matérielles et immatérielles. Nourris d’arguments de nature variable et élaborés par différents systèmes d’acteur·rices, ces imaginaires sont indissociables des cadres politiques, idéologiques et culturels propres aux groupes sociaux qui les formulent. Si, à la suite de l’historien Reinhart Koselleck (1990), on admet que l’« horizon d’attente » des sociétés (soit leur projection vers l’avenir) est indissociable de leur « espace d’expérience » (c’est-à-dire du passé tel qu’il est remémoré), il faut également considérer le rôle de l’histoire et des mémoires propres à chaque groupe social dans la manière dont il envisage l’avenir. Ainsi, la production des espaces « se fait sous des régimes d’historicité particuliers et situés, tissés d’expériences et d’imaginaires du futur » (Von Hirschhausen, 2017, p. 104). Il en résulte une grande diversité de caractéristiques que prêtent les sociétés aux territoires futurs qu’elles envisagent, redoutent ou souhaitent. Le spectre est vaste entre les deux extrêmes que représentent l’utopie et la dystopie ; en témoigne par exemple la diversité des « mondes d’après » fantasmés ou redoutés au plus fort de la pandémie de Covid-19. Ces imaginaires étant spatialisés, certains (types d’)espaces cristallisent plus que d’autres les projections en contexte de planification, ce dont rendent compte les articles de ce dossier. Ces derniers abordent enfin la question des formes que prennent ces imaginaires du futur, c’est-à-dire des supports matériels et immatériels qui en permettent la formulation, la circulation et la négociation à différentes échelles spatiales et temporelles.

4Un deuxième aspect structurant est celui de la dimension politique de ces imaginaires. Ceux-ci sont toujours le produit de configurations socio-spatiales situées et structurées par des rapports de pouvoir qui influencent les fondements, contenus et formes évoqués précédemment. Les articles de ce dossier proposent ainsi une lecture critique des jeux d’acteur·rices à l’œuvre dans l’élaboration et la négociation des imaginaires du futur mobilisés par la planification territoriale. Ils donnent à voir les appropriations, détournements, hybridations et résistances que suscitent tant ces imaginaires que les espaces qu’ils contribuent à produire. Cette dimension politique éclaire les relations variables entre ce qui relève d’une dimension prospective (anticipation de ce qui sera), d’une dimension normative (prescription de ce qui devra être) et d’une dimension effective (ce qui advient effectivement). Parmi l’ensemble des imaginaires qui prêtent aux territoires à venir des configurations multiples, plus ou moins probables et plus ou moins souhaitées, les acteur·rices de la planification territoriale opèrent en effet une hiérarchisation et une sélection des futurs jugés désirables, lesquels s’actualisent inégalement dans des réalités spatiales effectives en fonction des rapports de pouvoir à l’œuvre.

5Un troisième axe de réflexion porte sur la performativité des imaginaires mobilisés par la planification territoriale : s’ils sont spatialisés, ces imaginaires du futur peuvent également être spatialisants (Fijalkow, 2017). Se pose alors la question des rapports entre l’espace projeté et l’espace qui advient à partir de (ou malgré) ces projections et, plus largement, du rôle effectif que jouent ces imaginaires dans la construction des territoires à différentes échelles. On peut s’interroger sur les facteurs qui expliquent l’adéquation ou l’écart entre une projection et ce qui advient réellement ; ils peuvent relever des caractéristiques des espaces concernés, des jeux d’acteur·rices à l’œuvre, des rapports de pouvoir qui s’y exercent ou encore des ressources matérielles et symboliques mobilisées. Les différents articles de ce dossier proposent ainsi des réflexions sur les degrés de performativité des imaginaires analysés, mais surtout sur les conditions et les moyens de cette performativité.

6À la lumière de ces différents axes, plusieurs articles proposent enfin une réflexion sur les difficultés de divers ordres mises en lumière par l’analyse des imaginaires du futur en contexte de planification territoriale. Il peut s’agir des obstacles au renouvellement de ces imaginaires rendu nécessaire par les évolutions sociales, politiques et environnementales ; de la délicate articulation des projets portés par les professionnel·les de la planification avec des imaginaires du futur relevant d’autres acteur·rices et d’autres registres d’action ; ou encore des limites relatives à l’actualisation des imaginaires de la planification, dont la capacité à faire advenir des réalités spatiales tangibles est variable.

7Les articles de ce dossier explorent ces différents aspects à partir de cas d’études variés, essentiellement urbains à l’exception de l’article de Noam Greco Monteiro, consacré aux réseaux de transport transeuropéens. Si le contexte français est fortement représenté, d’autres espaces européens (Edimbourg, Athènes, pays baltes) et non-européens (Brasilia, Lagos) sont également mobilisés. Les contributions s’attachent à des types d’espaces de nature et d’échelle variables : mégaprojet métropolitain, espaces publics, sites inscrits au Patrimoine mondial de l’Unesco, corridors de transport ou encore tours résidentielles. Sur le plan temporel, plusieurs d’entre elles proposent une mise en perspective historique des imaginaires du futur mobilisés dans le cadre des politiques patrimoniales de l’Unesco (Bernard Debarbieux) et des politiques de transport européennes (Noam Greco Monteiro).

8À partir d’une étude des politiques patrimoniales de l’Unesco, Bernard Debarbieux analyse les imaginaires du futur en jeu dans l’évolution des liens entre patrimonialisation et planification urbaine. Insistant sur l’interdépendance des imaginaires du temps et de l’espace mobilisés, il montre que ces évolutions sont indissociables de transformations de la manière de concevoir les relations entre passé, présent et futur. L’article aborde ces transformations à partir d’une mise en regard des orientations générales de l’Unesco et de trois sites inscrits au Patrimoine mondial (Athènes, Brasilia et Edimbourg). Il souligne, d’une part, l’élargissement progressif des échelles spatiales et temporelles de la patrimonialisation dans les orientations de l’Unesco : le patrimoine-objet isolé laisse place à des ensembles urbains plus vastes, tandis que sont intégrées les temporalités liées aux nécessités du développement urbain. Il montre, d’autre part, que le recours croissant à la planification dans les politiques patrimoniales de l’Unesco se double, à partir des années 1970, d’une évolution significative du rôle qui lui est attribué. On passe ainsi d’une conception instrumentale de la planification, d’abord pensée comme devant servir la protection du patrimoine, à une approche plus intégrée qui appréhende le patrimoine comme une ressource pour une planification urbaine durable. Alors que ces évolutions semblent témoigner d’une convergence des imaginaires du temps et de l’espace associés à la patrimonialisation et à la planification, Bernard Debarbieux souligne que ces déclarations d’intention se traduisent inégalement dans la gestion effective des biens inscrits : celle-ci peine à s’affranchir d’une vision qui subordonne la planification à l’impératif de conservation. Ce constat interroge alors plus largement la possibilité d’une convergence d’imaginaires du futur multiples dans lesquels puisent différent·es acteur·rices et différents domaines d’action.

9À partir du modèle des interactions développé par Éric Landowski, Lucile Berthomé propose une lecture sémiotique des relations entre imaginaires du futur et planification territoriale. Cette approche propose d’aborder les appropriations matérielles et symboliques de l’espace par ses usager·es comme autant d’interprétations de l’espace planifié, envisagé comme un ensemble de signes. Le modèle de Landowski distingue quatre régimes de construction du sens qui diffèrent par le degré d’imprévu qu’ils admettent dans les interactions. Transposés à la planification, ces régimes sont mobilisés pour rendre compte des degrés de liberté variables laissés aux usager·es dans leur appropriation effective des espaces planifiés par les acteur·rices institutionnel·les. L’article fait l’hypothèse que la planification urbaine, en tant qu’entreprise de mise en ordre, relèverait d’une ontologie de la prudence : elle viserait à produire des espaces dont le fonctionnement est régulier et prévisible. Pour ce faire, elle contraindrait pratiques et imaginaires afin d’en assurer la conformité avec les intentions planificatrices. À partir de ce constat, Lucile Berthomé analyse deux contre-propositions inspirées de régimes d’interaction plus ouverts à l’incertitude, qui relèvent d’une ontologie de l’aventure : les randonnées périurbaines des Sentiers métropolitains, envisagées comme une subversion du sens assigné aux espaces périphériques par la planification, et le commun bordelais Darwin Écosystème, compris comme une opposition plus radicale aux logiques de planification. L’autrice montre que ces deux initiatives esquissent des modes de planification urbaine moins normatifs, plus ouverts au surgissement d’appropriations imprévues et à l’épanouissement d’imaginaires du futur alternatifs. L’article propose ainsi une réflexion sur les conditions d’une possible intégration d’imaginaires du futur pluriels aux démarches de planification.

10À partir du méga-projet urbain d’Eko Atlantic City à Lagos (Nigeria), Hervé Roquet propose une analyse de la manière dont les imaginaires du futur s’incarnent dans les espaces actuellement existants. L’article montre que l’usage de dispositifs technologiques immersifs confère une dimension sensible et tangible à la mise en scène de la modernité urbaine du futur quartier, qui peut être non seulement visualisée mais aussi éprouvée. Hervé Roquet propose de mobiliser l’idée de « spectralité » pour rendre compte de la manière par laquelle un futur projeté hante déjà le présent, influençant les perceptions actuelles du projet. L’article s’intéresse ensuite aux résistances à ce futur urbain spectral, qui mettent en lumière des rapports de pouvoirs inégalitaires aboutissant notamment à des expulsions forcées. Au moyen d’une méthodologie collaborative et créative, l’auteur explore les potentialités de la vidéo à 360° comme forme de contre-dispositif immersif dont peuvent se saisir les populations locales. Hervé Roquet souligne toutefois l’ambiguïté de ces résistances face au projet contesté : bien qu’elles en déplorent les conséquences sur leurs conditions d’existence, les personnes participant à l’enquête expriment leur adhésion à une modernité urbaine perçue comme désirable. L’article ouvre ainsi des pistes de réflexion sur les modalités de mise en scène des imaginaires du futur et sur la manière dont elles influencent l’appréhension des transformations urbaines à venir.

11À partir d’une réflexion sur la prise en compte des inégalités de genre dans l’aménagement des espaces publics urbains, Elsa Koerner interroge les conditions de production et d’évolution des imaginaires mobilisés dans la production institutionnelle de la ville. Par l’analyse croisée des discours des personnes en charge de l’urbanisme opérationnel à Rennes, Strasbourg et Le Mans, elle montre que l’intégration effective des questions de genre dans l’aménagement de ces espaces se heurte à une double difficulté. D’une part, la réticence des praticien·nes à tenir compte des appropriations genrées de l’espace nourrit l’illusion d’une neutralité de l’espace public à cet égard, d’où une difficulté à imaginer des aménagements susceptibles de favoriser une égalité effective en la matière. D’autre part, dans le cadre des dispositifs de participation citoyenne, le recours à l’imagination des usager·es pour concevoir les futurs espaces publics se heurte à la moindre expression par les femmes de leurs besoins en matière d’aménagement de ces espaces. Face à ces difficultés, Elsa Koerner propose plusieurs pistes de réflexion. Elle souligne d’abord l’intérêt, dans le cadre des opérations d’urbanisme, du développement de supports iconographiques dé-genrés pour stimuler l’évolution des imaginaires relatifs à la dimension genrée des usages de l’espace public. Elle plaide surtout pour une prise en compte des questions de genre à l’échelle de la planification stratégique, au-delà des seules opérations d’urbanisme localisées. Une clé pour parvenir à une planification féministe de la ville serait alors la pleine intégration de la division sexuée du travail aux réflexions sur l’aménagement des agglomérations, afin de prendre en compte les pratiques spatiales liées à un travail reproductif largement féminin et aux implications transversales nombreuses. À travers cette réflexion, l’article interroge en définitive le rôle des différent·es acteur·rices dans le développement d’imaginaires féministes de la ville et soulève la question des échelles pertinentes d’élaboration et de mise en œuvre de ces imaginaires.

12À partir d’une étude des tours résidentielles récentes en France, Geoffrey Mollé interroge le renouvellement des imaginaires du futur mobilisés par la planification métropolitaine. Il aborde cette question à travers la notion de dimensionnement, qui rend compte de la hiérarchisation variable qu’opèrent ces imaginaires entre les dimensions institutionnelle, environnementale et expérientielle des territoires. L’analyse des discours de promotion des projets récents de tours résidentielles souligne la place nouvelle qu’y tient l’argument écologique : les tours incarneraient des métropoles du futur capables de répondre aux exigences de la transition écologique. Pourtant, au-delà de cet apparent renouvellement, persiste une conception du territoire qui privilégie la dimension institutionnelle plutôt que les dimensions environnementale et expérientielle. L’article met ainsi en évidence une inertie des fondements imaginaires de la planification métropolitaine : malgré la place nouvelle qu’y tient l’argument écologique, ils restent structurés par un dimensionnement des territoires inchangé. Les tensions suscitées par certains projets de tours résidentielles montrent cependant l’affirmation d’imaginaires alternatifs portés par d’autres acteur·rices et reposant sur d’autres manières d’envisager le territoire. L’auteur plaide alors pour un redimensionnement écologique des imaginaires, qu’il juge nécessaire à l’avènement d’une planification véritablement écologique. À travers cette étude, l’article propose ainsi une réflexion plus large sur les conceptions du territoire qui sous-tendent les imaginaires du futur mobilisés par les acteur·rices de la planification.

13Enfin, l’article de Noam Greco Monteiro interroge les transformations des imaginaires du futur à l’œuvre dans la planification territoriale européenne à travers l’évolution des Réseaux Transeuropéens de Transport (RTE-T). Lancés en 1992, ces réseaux ont initialement été portés par un imaginaire d'ouverture et d'intégration européenne nourri par la fin récente de la Guerre froide. Toutefois, face aux crises géopolitiques récentes, notamment à l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022, cet imaginaire s’est recomposé pour privilégier des enjeux sécuritaires et de résilience, marquant un tournant vers une dynamique de fermeture géopolitique. L’exemple du corridor Rail Baltica illustre les tensions entre l’idéal initial de coopération et d’intégration économique, qui incluait le voisin russe, et la vision désormais plus défensive du territoire européen développée dans ce contexte de crise. L’article analyse ainsi l’articulation entre les évolutions géopolitiques et celles des imaginaires du futur que mobilise l’Union européenne dans sa planification.