L'Aïd : une géopolitique du mouton. Appel à articles (français)

Le commerce du bétail et la fête du sacrifice connaissent aujourd’hui des reconfigurations multifactorielles et multiscalaires qui relèvent de plusieurs grands mouvements congruents. Les changements climatiques, la croissance démographique et l’urbanisation reconfigurent la géographie des réseaux marchands, affectent les modalités et pratiques de la fête, et accentuent la pression sur les filières productives. Au sein de nombreuses sociétés, les évolutions associées à l’urbanisation et à la mondialisation des modèles et des cultures, redéfinissent d’une part le contenu des « traditions » en y intégrant des formes de « modernisation » qui transforment le rapport à l’Aïd et sa pratique, et conduisent d’autre part à la diffusion et à l’affirmation de préoccupations éthiques et sanitaires qui bouleversent le rapport à l’animal, à sa mise à mort et à sa consommation. Ces mouvements, qui s’inscrivent dans des temps longs, voient leurs effets se manifester et s’amplifier fortement ces dernières années à l’occasion d’accident ou de crises ponctuelles.

Par exemple, la pandémie de la Covid issue d’une zoonose (maladie animale se transmettant à l’Homme) a aggravé des problèmes déjà existants (Bisson, 2020) et donné un nouvel écho aux questions relatives tant au bien-être animal qu’à la santé globale, avec l’adoption par de nombreux pays de normes sanitaires et alimentaires plus restrictives qui affectent autant les circuits marchands internationaux que les pratiques du sacrifice, notamment en milieu urbain. Ainsi, dans certaines métropoles comme le Caire, Erbil ou Istanbul, la fête de l’Aïd al Adha tend à être de plus en plus encadrée et régulée par les autorités urbaines recomposant les pratiques, et les espaces du sacrifice (Givre, 2016). En Australie (1er exportateur mondial), les pressions des groupes animalistes pour interdire l’export de moutons vivants vers des pays qui ne respectent pas les mêmes standards en matière d’éthique animale s’accentuent (Simon Coghlan, 2014), ont mis à mal le secteur de l’élevage australien et provoqué une tension diplomatique entre l’Australie et les pays musulmans importateurs. De même, les tensions et crises politiques en Afrique, au Proche et Moyen-Orient, affectent le commerce international d’animaux vivants et reconfigurent les circuits d’approvisionnement. Pourtant, composant avec ses difficultés et les ouvertures/fermetures des différents marchés d’approvisionnement, les pays du Golfe continuent d’importer chaque année par bateaux, par avion ou par voies terrestres des millions de moutons sur pieds provenant de plusieurs continents pour répondre à leur demande intérieure. L’Arabie saoudite importerait plus de 8 millions de têtes de bétail (bovins, ovins, camélidés…) par an, principalement depuis la Somalie, le Soudan, l’Australie ou la Roumanie, en fonction de l’évolution des contextes locaux (conflits, fermeture des frontières) et globaux (tensions géopolitiques), ou des préférences alimentaires des classes aisées qui n’hésitent pas à importer, par avion, des moutons géorgiens et arméniens quatre fois plus cher que les bêtes venant d’Australie.

Par ailleurs, l’approvisionnement en moutons se heurte à des défis d’une autre nature sur le continent africain. L’Aïd est d’abord un défi commercial et une épreuve pour les gouvernements qui jouent, dans leur capacité à organiser cet événement, une partie de leur crédibilité envers leur clientèle politique. Dans un contexte tendu, les frontières se ferment ou s’ouvrent au gré des besoins d’importation ou de protection des filières locales qui grossissent à l’occasion de l’Aïd. Car l’élevage et la vente de moutons de Tabaski sont une économie « populaire » (Engelhard, 1996) offrant à de nombreux micro-entrepreneurs l’occasion de gagner (ou de perdre) un peu d’argent (Sani et al., 2020). L’économie spécifique de la Tabaski se développe aussi sur le marché des moutons « de race », dont les prix dépassent, à Dakar, le million de Francs CFA (1 500 €) et qui offrent aux classes aisées l’occasion d’une affirmation ostentatoire. Là encore, les normes et pratiques évoluent et dans les métropoles africaines : la pratique du sacrifice par le père de famille est par exemple progressivement remplacée dans les classes les plus aisées par l’intervention d’un tueur, d’un boucher.

Enfin, des reconfigurations encore plus marquées s’observent, comme à Khartoum par exemple, où, dans un cadre de crise politique et économique profonde et durable, les associations caritatives confessionnelles tel que Islamic Relief ou Sadagaat (dont une partie des programmes reposent sur l’Aïd) achètent des animaux grâce aux fonds envoyés par une diaspora qui se tourne de plus en plus vers un « sacrifice par délégation » (Givre, 2016) de taureaux, dont le prix au kg est moins élevé que celui du mouton et qui fournit plus de viande.

Par ces exemples multiples, l’Aïd se révèle à la fois comme un phénomène mondialisé en pleine évolution, et comme un prisme pour lire les transformations des sociétés des Suds à majorité musulmane. La complexité et la variété des évolutions observées, de leurs causes et de leurs effets, nous invitent à élargir nos approches et les cadres d’analyse de l’Aïd. D’une part, en combinant les regards disciplinaires ; d’autre part, en variant les focales, les échelles, et les objets d’étude (du transport au mouton, en passant par les politiques publiques). Nous invitons donc les auteur·e·s à proposer des articles abordant ces processus de reconfiguration de l’Aïd et des réseaux affiliés en les inscrivant dans trois axes qui correspondent à trois grandes approches. Le premier est consacré à la géographie mouvante du commerce de moutons. Le second est celui d’une approche politique de ce commerce dans des contextes de tensions infra et supranationales. Le troisième invite à porter des regards socio-anthropologiques sur les processus de différenciation et de fragmentation qui s’expriment à travers les évolutions des pratiques de l’Aïd.

Axe 1 - Reconfigurations spatiales du commerce du bétail

Le premier axe aura pour but de dresser une carte actuelle des flux et des directions de ce commerce. Dans un contexte changeant, la géographie du commerce de moutons se recompose et se réorganise à toutes les échelles, parfois dans une informalité qui autorise des adaptations plus rapides. Cette instabilité, qui peut paraître paradoxale au regard des enjeux économiques et de l’ampleur des trafics (Nicolas et al., 2018) est pourtant l’une des caractéristiques essentielles de ces filières éphémères et souvent invisibilisées qui, tantôt adoptent des configurations originales, tantôt mobilisent des structures existantes (marchés, réseaux, intermédiaires, etc.). Les articles pourront par exemple porter sur les transformations et adaptation des circuits marchands suite à la mise en place d’un nouveau dispositif de transport, de quarantaine, de chaîne du froid, de fermeture de frontières, d’interdiction d’abattage chez le détaillant, ou chez l’habitant. Ils pourront aussi porter sur les nouveaux lieux de la pratique de l’Aïd en ville où à l’échelle locale, mais aussi les nouvelles formes d’élevage (intensification et spécialisation, élevage d’autres espèces utilisées comme « substituts) et de commerce (les sous-produits animaux : peaux, cuirs). D’autres sujets tel le global land grab (Wolford et al., 2024), l’accaparement de terre en lien avec l’élevage par des entrepreneurs ou des États voulant “assurer leur sécurité alimentaire en investissant à l’étranger” (Abis et Blanc, 2020, p. 19), (marchandisation des pâturages) seront également bienvenus. Le développement de marchés transrégionaux et transnationaux des pâturages se fait souvent en contradiction avec les usages coutumiers et les interactions territoriales préexistants.

Axe 2 - Le commerce du bétail en tension : vers une diplomatie du mouton ?

En 2021, des reporters de Radio Free Asia dénonçaient les mises en scène par les autorités chinoises de célébrations de l’Aïd au Xinjiang, dans la région autonome Ouïghoure, interprétées par les journalistes comme un simulacre de tolérance vis-à-vis de cette population. La fête du sacrifice peut ainsi faire partie des leviers possibles de propagande, entrer dans le registre des enjeux identitaires, et le commerce de moutons être un objet de déstabilisation ou de financement interne d’entités politiques. Le deuxième axe proposera ainsi de questionner le commerce de bétail comme économie de guerre, économie dans la guerre (Bozarslan, 1996) et l’Aïd comme objet de détournements, de revendications ou de résistances dans un monde en tension. En Afrique, plusieurs travaux font état du lien entre les éleveurs et les conflits (Pflaum, 2021). Une carte parue dans le document New fringe pastoralism (UNECA, 2017) établit la proximité des conflits et des marchés aux bestiaux dans l’Afrique subsaharienne. La sortie récente du Mali, du Burkina et du Niger, pays au fort potentiel agropastoral de la Cédéao pose la question des répercussions possibles sur les pays importateurs de bétail du golfe de Guinée et de la façade atlantique (Sibiri Zoundi et Hitimana, 2008). Dans la Corne africaine, le récent accord entre l'Éthiopie et le Somaliland pour un accès à la mer par le port de Berbera (le port historique d'exportation du bétail de la Corne de l'Afrique vers la péninsule arabique ; Pinauldt, 2009 et 2015), questionne les répercussions sur les ports concurrents de Djibouti (principal port d’exportation de bétail de la Corne africaine ; Idris, 2019), mais aussi indirectement sur celui de Suakin au Soudan (détenus par un bail turc financé par le rival qatari, situés juste en face du port saoudien de Djeddah). De même, comment les tensions actuelles autour du Golfe d’Aden et les blocages orchestrés par les Houthis, conséquence indirecte du conflit entre Israël et le Hamas, impactent le commerce de moutons vers le Moyen-Orient. Ces régions, et bien d’autres comme l’Asie centrale et l’Asie du Sud-Est (Indonésie, Malaisie, Brunei) offrent ici des terrains particulièrement intéressants concernant les imbrications entre commerce de bétails, la fête du sacrifice et la géopolitique d’une part, et le potentiel diplomatique de cette confluence d’autre part.

Axe 3 - Le commerce du mouton et l’Aïd comme révélateur des évolutions et des inégalités sociales

Enfin, la dernière thématique s'intéressera aux bouleversements sociaux et sociétaux en lien avec les questions abordées dans les deux premiers axes. Ici, les propositions pourront renseigner les reconfigurations qui s’opèrent au sein des économies morales en présence, entendues ici comme des réseaux de valeurs et de normativités saturées d’affects (Daston 1995, Givre, 2016), qu’elles soient locales, régionales, nationales ou internationales, confessionnelles, éthiques, identitaires ou professionnelles, confrontés aux inégalités que les phénomènes de l’Aïd et du commerce de moutons révèlent. Il y a de fait un mouton du pauvre (dépassant parfois la famille des ovidae – viande bovine et avicole) et un mouton du riche ; une mise à mort animale normée (abattoirs) et celle qui est désormais interdite (particulier) ; des élevages de naissances et des élevages d’embouche, et des systèmes de représentations inhérents qui engagent des valeurs entrant parfois en oppositions avec d’autres (Frank et al., 2015), qu’elles soient religieuses, identitaires ou simplement de l’ordre du sensitif, comme la préférence pour un animal à queue grasse, ou pour le goût salé des agneaux des steppes de la badia syrienne. Les articles pourront étudier également le phénomène d'entrepreneuriat et de salariat avec l’arrivée de nouveaux acteurs investissant dans le commerce de bétail comme en Azerbaïdjan ou en Arménie (Neudert et Rühs, 2013 ; Thevenin, 2021) et l’établissement d’infrastructures de transformation de la viande.

Procédure de soumission d’un texte

Les articles de ce dossier, rédigés en français, en anglais ou en espagnol, comporteront environ 35 000 à 40 000 signes espaces compris (plus les illustrations). Merci de vous reporter aux recommandations aux auteurs d’EchoGéo pour les normes de présentation du texte et de la bibliographie (https://journals.openedition.org/echogeo/25004) ainsi que des illustrations (https://journals.openedition.org/echogeo/1940).

Tous les textes proposés devront être envoyés avant le 15 septembre 2025 à Michaël Thevenin (veninthe@gmail.com), Alice Franck (alice.franck@univ-paris1.fr) et Olivier Ninot (olivier.ninot@univ-paris1.fr), co-coordonnateur·trice·s du dossier, avec copie à Karine Delaunay (EchoGeo@univ-paris1.fr), secrétaire éditoriale d’EchoGéo, qui les transmettra aux évaluateurs et évaluatrices. Le dossier sera publié dans le n° 75 d’EchoGéo (janvier-mars 2026). En plus des articles de ce dossier Sur le Champ, des propositions qui abordent la thématique générale de cet appel pourront nourrir les autres rubriques de la revue EchoGéo (Sur le métier, Sur l’image, Sur l’écrit). Ces propositions doivent se conformer aux attentes de ces rubriques, comme indiqué dans la ligne éditoriale https://journals.openedition.org/echogeo/1927.

Coordinateur·trice·s du dossier thématique :
Michaël Thevenin, chercheur associé à l’UMR Prodig et à l'IFPO (Institut français du Proche-Orient) ;
Alice Franck, maîtresse de conférences à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et membre de l’UMR Prodig ;
Olivier Ninot, ingénieur de recherche au CNRS et membre de l’UMR Prodig.

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Eid: The geopolitics of sheep. Call for papers (English)

The trade of livestock, and specifically sheep, to and within the Muslim world stands out for its scale, impact on people’s daily lives and territorial impact (in urban, peri-urban and rural areas). The Eid-al-Adha celebration (or Eid-al-Kabîr Tabaski in Africa, and Qurbān in the Persian world), “an all-encompassing social fact, no part of which can be understood independently of the totality” (Brisebarre, 1998, p. 149), is a paroxysmal periodic event for this trade. During this festival, an estimated 100 million animals are slaughtered in the space of 72 hours while millions of people work to move, slaughter and freeze them, to market the meat in compliance with the udhiyya, and to manage the waste in more than 50 countries around the world. While many studies have already approached Eid as a major or minority social fact, as a logistical and urban challenge, or as a moment of intense focus for local production chains (Brisebarre, 1998; Ninot, et al., 2009; Franck et al., 2016), few studies approach it in its global dimension – that is, as an underexamined expression of globalization whose study requires an international and multi-sited comparative approach. This global dimension unfolds on the one hand in the sheep trade, which drives many interlocked networks stretching from Oceania to Africa and the Middle East, and from Central Asia to South-East Asia. On the other hand, the effects of climate change, political tensions, urbanization and social transformations are all having a profound effect on the way in which the Eid sacrifice is prepared and performed, revealing growing social and spatial polarizations on a local scale, and producing a complex “geopolitics of sheep” on an international scale.

The livestock trade and the “festival of sacrifice” are currently undergoing multifactorial and multi-scalar reconfigurations due to the convergence of several major evolutions. Climate change, demographic growth and urbanization are reconfiguring the geography of trade networks, affecting the methods and practices of the festival, and creating growing pressure on production sectors. In many societies, the changes associated with urbanization and the globalization of models and cultures are redefining the content of “traditions” by incorporating forms of “modernization” that are transforming people’s relation with Eid and its practice. In addition, the emergence and spread of ethical and health concerns is impacting people’s relationship with animals, their slaughtering, and their consumption. The effects of these long-term trends have been felt and amplified in recent years by accidents and one-off crises.

For example, the Covid pandemic, which was the result of a zoonosis (an animal disease that can be transmitted to humans), has exacerbated existing problems (Bisson, 2020), bringing to the forefront issues relating to both animal welfare and global health, with many countries adopting more restrictive health and food standards that affect both international trade and sacrificial practices, particularly in urban areas. In some cities such as Cairo, Erbil and Istanbul, the Eid al Adha festival is increasingly regulated by the urban authorities: this is impacting both sacrificial practices and spaces (Givre, 2016). In Australia (the world’s leading exporter of sheep), pressure from animal rights groups to ban the export of live sheep to countries that do not comply with the same animal welfare standards is increasing (Simon Coghlan, 2014): this movement has damaged the Australian livestock sector and caused diplomatic tensions between Australia and Muslim importing countries. Similarly, political tensions and crises in Africa, the Near East and the Middle East are affecting international trade in live animals and reconfiguring supply channels. However, despite these difficulties and the opening and closing of various supply markets, the Gulf States continue to import millions of live sheep from several continents every year by boat, plane or overland in order to meet their domestic demand. Saudi Arabia imports more than 8 million heads of cattle (cows, sheep, camels, etc.) a year, mainly from Somalia, Sudan, Australia and Romania, depending on changes in the local (conflicts, border closures) and global (geopolitical tensions) contexts, or on the dietary preferences of the wealthy classes, who have no qualms about importing Georgian and Armenian sheep by air at four times the price of animals from Australia.

In addition, the supply of sheep faces challenges of a different kind on the African continent. Eid is first and foremost a commercial challenge and a test for governments, whose ability to manage the event is crucial to their credibility with their political clientele. Due to a tense context, the borders are closed or opened according to the import or protection needs of the local industries, which grow around the time of Eid. The rearing and sale of Tabaski sheep is a “popular” market (Engelhard, 1996), offering many micro-entrepreneurs the opportunity to make (or lose) a little money (Sani et al., 2020). The specific economy of Tabaski is also developing through a market for “pedigree” sheep, whose prices in Dakar can exceed one million CFA francs (€1,500) and which offer the wealthy classes the opportunity to spend money on an ostentatious statement. Here again, norms and practices are evolving in African metropolises: the practice of the slaughtering by the father of the family, for example, is gradually being replaced in the more affluent classes by the intervention of a slaughterer or butcher.

Lastly, even more radical reconfigurations can be observed in Khartoum for example, where, in the context of a deep and lasting political and economic crisis, faith-based charities such as Islamic Relief or Sadagaat (some of whose programs revolve around Eid) are buying animals thanks to funds sent by members of the diaspora, who are is increasingly turning to the “sacrifice by proxy” (Givre, 2016) of bulls, purchased at a cheaper price per kg than mutton and providing more meat.

These many examples show that Eid is both a fast-changing global phenomenon and a prism for understanding the transformations undergone by Muslim-majority societies in the South. The complexity and variety of the changes, causes and effects that can be observed mean that we need to broaden our approaches and frameworks for analyzing Eid. This can be achieved on the one hand by combining disciplinary perspectives; on the other, by varying areas of focus, scales and objects of study (from transport to sheep, via public policies). In this perspective, we are inviting authors to submit contributions addressing these processes of reconfiguration of the Eid and its associated networks. Contributors may fall under one of the following three themes, reflecting three main approaches: the first focuses on the changing geography of the sheep trade; the second is a political approach to this trade in the context of infra- and supranational tensions; the third invites us to take a socio-anthropological look at the processes of differentiation and fragmentation that are expressed through changes in Eid practices.

Theme 1: Spatial reconfigurations of the livestock trade

This first approach will aim to draw up a current map of the flows and directions of this trade. In a changing context, the geography of the sheep trade is being recomposed and reorganized on all scales, sometimes in informal ways to allow for faster adaptation. This instability, which may seem paradoxical given the economic stakes and the scale of the trade (Nicolas et al., 2018), is one of the essential characteristics of these ephemeral and often invisible networks, which in some cases adopt original configurations and in other use existing structures (markets, networks, intermediaries, etc.). Articles may, for example, examine the changes and adaptations to market channels following the introduction of new transport, quarantine or cold chain arrangements, border closures, or bans on slaughter at retail outlets or in homes. They could also look at new ways of celebrating Eid in towns, cities or local communities, as well as new forms of livestock farming (intensification and specialization, breeding of other species to be used as “substitutes”) and trade (animal by-products: hides, skins). Other topics such as the global land grab (Wolford et al., 2024) – the appropriation of farming land by entrepreneurs or states wanting to “ensure their food security by investing abroad” (Abis et Blanc, 2020, p. 19), or the commodification of grazing land – are also welcome. The development of trans-regional and transnational markets for grazing land often comes into conflict with pre-existing customary uses and territorial interactions.

Theme 2: Tensions in the livestock trade: towards a diplomacy of sheep?

In 2021, Radio Free Asia reporters condemned the Chinese authorities’ staging of Eid celebrations in Xinjiang, in the autonomous Uighur region, which the journalists interpreted as a show of tolerance towards this population. The festival of sacrifice can thus be used as a propaganda tool or be associated with identity policies, and the sheep trade can be used to destabilize or support political entities. The second angle of study will examine the livestock trade as an economy of war / an economy within war (Bozarslan, 1996), and the Eid as a medium for diversions, claims or resistance movements in a world in tension. In Africa, several studies point to the link between livestock farmers and conflicts (Pflaum, 2021). A map published in the document “New Fringe Pastoralism” (UNECA, 2017) shows the proximity of conflicts and livestock markets in sub-Saharan Africa. The recent withdrawal of Mali, Burkina Faso and Niger, three countries with strong agro-pastoral potential, from ECOWAS raises the question of the possible repercussions this event will have on livestock-importing countries in the Gulf of Guinea and along the Atlantic coastline (Sibiri Zoundi et Hitimana, 2008). In the Horn of Africa, the recent agreement between Ethiopia and Somaliland for access to the sea via the port of Berbera (the historic port for exporting livestock from the Horn of Africa to the Arabian Peninsula; Pinauldt, 2009 and 2015) might have an impact on the competing port of Djibouti (the main port for exporting livestock from the Horn of Africa; Idris, 2019), but also indirectly on the port of Suakin in Sudan (under a Turkish lease with Qatari funding, located just opposite the Saudi port of Jeddah). Similarly, the current tensions around the Gulf of Aden and the blockades orchestrated by the Houthis, an indirect consequence of the conflict between Israel and Hamas, are affecting the sheep trade to the Middle East. These regions, and many others such as Central Asia and South-East Asia (Indonesia, Malaysia, Brunei), offer particularly interesting cases for examining the interplay between the livestock trade, the festival of sacrifice and geopolitics on the one hand, and the diplomatic potential of this convergence of factors on the other.

Theme 3: The sheep trade and Eid as indicators of social change and inequality

Finally, the last section will look at social and societal changes related to the issues addressed in the first two sections. Under this theme, proposals may shed light on the reconfigurations taking place within moral economies – understood here as networks of values and normativities with their associated affects (Daston, 1995; Givre, 2016), whether those are local, regional, national or international, religious, ethical, identity-based or professional – when confronted with inequalities revealed by the phenomena of Eid and the sheep trade. There is indeed a poor man’s sheep (sometimes beyond the ovis family, including beef and poultry) and a rich man’s sheep; some animal killing practices (slaughterhouses) are standardized while others are now prohibited (private slaughtering); birth farms and fattening farms are created. These inequalities are also apparent when some inherent systems of representation involving values sometimes clash with others (Frank et al., 2015) – whether religious, identity-based or simply sensory, such as the preference for an animal with a fat tail, or for the salty taste of lambs from the steppes of the Syrian Badia. Contributions may also examine the phenomenon of entrepreneurship and job creation, with the arrival of new players investing in the livestock trade, as in Azerbaijan and Armenia (Neudert and Rühs, 2013; Thevenin, 2021), and the establishment of meat-processing infrastructures.

Text submission procedure

The articles in this dossier, written in French, English or Spanish, will be around 35,000 to 40,000 characters including spaces (plus illustrations). Please refer to the EchoGéo recommendations to authors for standards of presentation for the text and bibliography (https://journals.openedition.org/echogeo/26928) and illustrations (https://journals.openedition.org/echogeo/26933).

All submissions must be sent by 15 September 2025 to Michaël Thevenin (veninthe@gmail.com), Alice Franck (alice.franck@univ-paris1.fr) and Olivier Ninot (olivier.ninot@univ-paris1.fr), the dossier's co-coordinators, with a copy to Karine Delaunay (EchoGeo@univ-paris1.fr), EchoGéo's editorial secretary, who will forward them to the evaluators. The dossier will be published in issue n° 75 of EchoGéo (January-March 2026). In addition to the articles in the Sur le champ (On the field) dossier, submissions that address the general theme of this call for papers may be included in the other sections of EchoGéo (Sur le métier/On the job, Sur l'image/On image, Sur l'écrit/On writing)). These proposals must comply with the expectations of these sections, as indicated in the editorial line (https://journals.openedition.org/echogeo/22070).

Coordinators of the thematic dossier:
Michaël Thevenin, researcher associated with the research unit Prodig and IFPO (Institut français du Proche-Orient);
Alice Franck, lecturer at Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne and member of research unit Prodig;
Olivier Ninot, research scientist at CNRS and member of research unit Prodig.