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Sur le champ

Miner dans le désert : logiques d’association et formes spatiales de la mine artisanale en Namibie

Antoine Latarge, Hugo Quemin, Kaarina Efraim, Marie Forget et Mélanie Duval
Cet article est une traduction de :
Mining the Desert Margins: Exploring the Territorial and Organizational Dynamics of Artisanal Mining in Namibia [en]

Résumé

Cet article examine l'organisation sociale et spatiale de l'exploitation artisanale des pierres semi-précieuses en Namibie, mettant en lumière un domaine largement sous-exploré. Il s'intéresse aux dynamiques de pouvoir et aux expériences de précarité rencontrées par les mineurs, en soulignant les stratégies associatives qu'ils mettent en œuvre au quotidien. Ces stratégies apparaissent comme des réponses à des situations spécifiques, façonnées par divers facteurs, où le libre arbitre des mineurs joue un rôle significatif mais non dominant. En s'appuyant sur un travail de terrain mené sur deux principaux sites miniers artisanaux en Namibie, Xoboxobos et Tubusis, cette analyse se base sur des entretiens semi-directifs et une observation participante pour proposer une typologie des modes d'association, identifiant les facteurs influents et les choix organisationnels des mineurs. Ainsi, en fournissant une vue d'ensemble et une analyse située, cet article ouvre la voie à de futures recherches sur le secteur minier artisanal en Namibie.

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Texte intégral

Cette recherche a été financée en tout ou partie, par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) au titre du projet COSMO-ART, ANR-21-CE27-0011. Dans l’objectif de sa publication en libre accès, l’auteur/le bénéficiaire titulaire de droits applique une licence open Access CC-BY à tout article/manuscrit accepté pour publication (AAM) résultant de cette soumission. Également, ce travail a bénéficié d'une aide de l'État gérée par l'Agence Nationale de la Recherche au titre du programme « France 2030 » portant la référence ANR-15-IDEX-0002 via le LabEx ITEM, projet de recherche GéoExTour.

Introduction

1L’imaginaire collectif associe souvent l'exploitation minière aux mines à ciel ouvert, opérées par de grandes entreprises et leurs machines coûteuses. Pourtant, l’immense majorité des mineurs à travers le monde travaillent avec des outils simples tels que des pioches, pelles et burins. Ces mineurs dits « artisanaux » extraient divers types de ressources telles que l'or, le diamant, l'étain, le lithium, les terres rares, le tantale, le cobalt ainsi que des pierres précieuses et semi-précieuses. Seuls ou organisés en petits groupes et en coopératives auto-financés, ils jouent un rôle crucial dans l'industrie minière mondiale. En 2017, l’IISD estimait à 40 millions leur nombre dans le monde, soit six fois plus que les 7 millions employés par les mines industrielles (Fritz et al., 2018). Ainsi, si les mines artisanales sont bien moins efficientes, elles contribuent toutefois à hauteur de 20 à 25 % de la production annuelle mondiale d'or, de diamants, d'étain, de tantale et de cobalt (Schwartz et al., 2021). À ce titre, elles sont souvent considérées comme « indispensables » et comme « l'activité non agricole la plus importante dans le monde en développement » (World Bank, 2019). 

2La Namibie est l'un des principaux pays miniers d'Afrique. Son industrie minière est de loin le principal contributeur au PIB, aux exportations et aux recettes publiques du pays. Parallèlement à 44 gisements industriels actuellement exploités, la mine artisanale prospère grâce à une géologie particulièrement favorable. Cette géologie, remontant à 2 milliards d’années, a été formée par une succession de phénomènes volcaniques, de subduction, de glaciations et d’érosion. Les complexes volcaniques, façonnés par la formation (il y a 500 Ma) et la dislocation du Gondwana (130 Ma) ont été rendus visibles par l’érosion favorisant le développement de nombreux sites d’extraction artisanale dans les régions de l’Erongo et de Kunene, principalement autour des massifs de l’Erongo, de Spitzkoppe et du Brandberg. 

3Malgré l’important potentiel minier, très peu d’études se sont intéressées à la mine artisanale en Namibie. Les rapports gouvernementaux et les écrits scientifiques ont néanmoins observé le développement de l’activité de manière institutionnelle et quantitative (voir par exemple Nyambe et Amunkete, 2009 ; Ross, 2011 ; Odendaal et Hebinck, 2019) depuis la première étude sur le Small-Scale Mining en Namibie (Speiser, 2000) jusqu’aux plus récentes études d’impacts financées par le Ministère des Mines et de l’Énergie (2021). Ces travaux manquent souvent d'un investissement à long terme sur le terrain : ils répètent consensuellement les grands chiffres et les enjeux prioritaires du secteur et semblent ainsi satisfaire les vues ministérielles. Pourtant, force est de constater que la visibilité gouvernementale sur cette activité reste médiocre même si depuis l’indépendance en 1990, le gouvernement namibien tente de formaliser et de contrôler les activités minières artisanales des 5 000 petits mineurs recensés en 2023. La plupart d’entre eux vivent toujours dans des conditions difficiles et vendent leur production sur des marchés informels à bas coût, souvent comme souvenirs pour les touristes (Ellmies et al., 2005). L’extraction comme la vente sont donc souvent motivées par l’urgence et l’immédiateté. De plus, les problèmes du quotidien minier tels que le manque d'outils et de machines appropriés, les conditions de travail difficiles, ou les conflits récurrents avec les propriétaires fonciers concernant les droits d'exploitation, perdurent depuis des décennies. Au regard de leurs conditions de vie difficiles, la priorité des petits mineurs recouvre des enjeux de (sur)vie plutôt que des questions de légalisation. Dès lors, de nombreuses situations informelles, parfois illégales, persistent par défaut. C’est notamment le cas lorsque l'extraction se déroule sur les propriétés privées de très grande superficie des Namibiens d’origine allemande. Aux enjeux légaux et matériels se superposent alors des enjeux sécuritaires, les mineurs étant parfois pourchassés par des milices privées pour les expulser. 

4Que font ces mineurs lorsque l’entrée dans la légalité ne permet pas de répondre à leurs problèmes ? L’une des stratégies qu’ils adoptent pour faire face aux multiples enjeux matériels, financiers, légaux et sécuritaires de leur activité consiste à s’associer. Ils naviguent ensuite entre ces associations en fonction de leur contexte du moment et de leurs trajectoires respectives. Pour mieux comprendre les différentes formes d’association et les choix des mineurs au regard d’enjeux situés, cette étude propose d’analyser les modalités du travail minier à Tubusis et Xoboxobos (illustration 1), deux hauts lieux de l’exploitation artisanale en Namibie (Mowa, 2021). Ces deux terrains couvrent des compositions géologiques variées – allant des basaltes et autres roches volcaniques en passant par des granites/granodiorites à des roches gréseuses – et concentrent l'extraction sur des régimes fonciers différents – de propriétés privées à des terres communautaires. À partir d’observations et d’entretiens semi-structurés menés en 2023 et 2024, notamment avec les petits mineurs à Tubusis et à Xoboxobos, les propriétaires terriens du massif de l’Erongo et les fonctionnaires du Ministère des Mines et de l’Energie (MME), cette étude présente l’enjeu et l’implication du gouvernement namibien dans la formalisation de l’activité minière artisanale depuis les années 1990 (1), avant d’analyser les configurations socio-spatiales du travail minier à Tubusis et Xoboxobos (2) puis de proposer une typologie ethnographiquement informée des modèles d’organisation des mineurs (3). Axée majoritairement sur des données qualitatives et une démarche d’observation participante, cette étude propose une réflexion située (grounded theory, cf. Charmaz, 2006) sur l’influence du contexte dans les choix organisationnels des mineurs.

Illustration 1 - Tubusis et Xoboxobos, deux hauts lieux de la mine artisanale au cœur d’une géologie et de régimes fonciers particuliers

Illustration 1 - Tubusis et Xoboxobos, deux hauts lieux de la mine artisanale au cœur d’une géologie et de régimes fonciers particuliers

Auteur : Antoine Latarge, 2024.

Entre objectifs de régulation et réalités minières : un état des lieux namibien

5En Namibie, malgré un poids économique croissant et un nombre grandissant d’individus engagés dans cette activité, la mine artisanale n’a pas fait l’objet de beaucoup de recherches. Pourtant, plusieurs milliers de personnes vivent aujourd’hui exclusivement de l’économie précaire de cette activité (Speiser, 2000), alimentant des marchés mondialisés en demande de minéraux à bas coûts (Schwartz et al., 2021). Comme ailleurs, la mine artisanale namibienne dépend fondamentalement des contextes politiques, sociaux, culturels et géologiques du territoire dans lequel elle se déploie (Ross, 2011). Pour cette raison, ce désinvestissement de la recherche sur le sujet ne peut pas être comblé par la diversité des travaux sur la mine artisanale dans d’autres pays où de nombreuses réflexions mettent l’accent
(i) sur les impacts environnementaux de la mine artisanale, notamment autour de l’usage de substances chimiques pour faciliter les processus extractifs (Tarras- Wahlberg et al., 2000 ; Soe et al., 2022),
(ii) sur certains enjeux moraux notamment lié au travail minier infantile (Gatsinki et Hilson, 2022 ; O’Driscoll, 2017)
ou encore (iii) sur les violences associées à la présence de groupes armés (Brugger et Zongo, 2023 ; Uràn, 2018).

6Très différente dans ses formes, la mine artisanale namibienne présente des particularités qui la singularisent. L’une de ses particularités tient aux minéraux qui y sont recherchés, avec la quasi-totalité de l’activité minière organisée autour de la recherche de pierres semi-précieuses (Nyambe et Amunkete, 2009). Les modalités d’extraction sont donc également spécifiques, de même que les réseaux et les méthodes de vente, dans la mesure où l’activité minière autour de la pierre semi-précieuse présente généralement des configurations singulières (Chowdury et Lahiri-Dutt, 2016 ; Cartier, 2019). 

7L'histoire minière de la Namibie est relativement méconnue, et pourtant très ancienne. La circulation de cuivre et de ses alliages en Afrique australe est attestée dès le XIe siècle (Mugabe, 2022), et à leur arrivée vers 1850, les premiers colons allemands (missionnaires et marchands) documentent l'existence d'une économie minière régionale qui les a précédés. Les Bushmen commercent alors avec les Ovambos, leur vendant du sel ainsi que du cuivre des environs de Tsumeb (Nord-Est), qu'ils ont pu extraire de gisements proches de la surface (Gordon, 1992). En 1893, après une série d'expropriations, ce même gisement passe sous le contrôle de la South West Africa Company (Söhnge, 1967), suivi du gisement d'étain d'Uis, découvert en 1911 et industrialisé en 1922 (Olivier, 2006). Pendant la même période, plusieurs mines diamantifères sont ouvertes dans le désert du Namib à partir de 1908 (Schneider, 2020), ainsi qu'une dizaine de petites mines d'étain sur les pourtours sud-ouest du massif de l'Erongo, entre 1916 et 1928 (Haughton et al., 1939 ; Frommurze et al., 1942). La chute du prix de plusieurs minerais, notamment de l'étain à partir des années 1980, a entraîné l'arrêt temporaire ou permanent de la plupart des mines industrielles. Durant cette période de récession économique, croisée avec une situation sociale précaire liée à la guerre d’indépendance, une pluralité d'individus non-blancs se (re)tourne vers la mine artisanale. Cela a donné un nouvel élan à cette activité, alors prisée pour sa stabilité dans le contexte d’une situation socio-économique nationale délétère. Ainsi, avec l’indépendance en 1990, la République namibienne naissante devait relever le défi de la gestion de ces deux activités minières concurrentes (artisanale et industrielle). Elle héritait en effet d’une période coloniale qui avait fait du pays un vaste terrain d’extraction vers l'international (Freeman, 1991). Intégrer la mine artisanale représentait alors un enjeu postcolonial majeur, car il s’agissait d’organiser la gestion d’une activité qui permettait à des milliers d’individus de survivre. Dans le même temps, cette activité se déroulait régulièrement au-delà des clôtures de fermes aux dimensions démesurées héritées du colonialisme. L’un des multiples défis de ce jeune gouvernement consistait donc à formuler de nouvelles lois afin de 1. dépasser le problème de l’illégalité d’une activité devenue acceptable/acceptée, 2. mieux contrôler un secteur relativement opaque et 3. revoir l’organisation légale de ces activités historiquement liées mais de plus en plus disjointes au gré des changements technologiques. En 1992, la promulgation du Minerals Act répond en théorie à ce défi par une réglementation unique de toutes les activités minières toujours en vigueur aujourd’hui.

8Le Minerals (Prospecting and Mining) Act (33 of 1992) distingue la mine artisanale de la mine industrielle en proposant deux types de réglementation avec un cadre législatif commun. Pour la mine artisanale, le Minerals Act stipule qu’une Non-Exclusive Prospecting Licence (NEPL) peut être accordée à tout résident namibien majeur pour une somme relativement modeste (le prix change régulièrement – actuellement N$250 / 13€) et une validité d’un an. Cette licence, renouvelable à souhait, donne le droit à un individu de prospecter - mais pas de miner – partout dans le pays, quels que soient les minerais et les régimes fonciers. Il est dès lors possible « d’aller n'importe où pour chercher n'importe quel produit » (géoscientifique du MME, entretien 2023). Cette licence peut être obtenue à Windhoek, au MME, ou dans des bureaux régionaux prévus pour alléger les coûts de transport. Une fois un terrain trouvé, pour passer de la prospection à l’exploitation, il faut soumettre une demande de mining claim. Ce titre, également relativement bon marché (actuellement N$250 / 13€), passe par un processus d’évaluation qui débouche sur une validation ou un refus. Son acquisition permet d’extraire et de vendre légalement les minéraux trouvés sur une aire usuellement rectangulaire, de 18 hectares (300 x 600 mètres). Une branche spéciale du MME, la small-scale mining division (SSMD, créée en 2010) aide les mineurs à formaliser ce type de demande. Comme condition d’obtention d’un mining claim, le MME impose de soumettre un Environnemental Clearance Certificate (ECC), c’est-à-dire un document prenant la forme d’un questionnaire, qui permet d’attester que l’endroit peut supporter l’extraction minière. L’ECC est ensuite transféré du MME et au Ministry of Environment, Forestry and Tourism (MEFT). Selon le terrain demandé, le MEFT peut alors imposer un Environmental Impact Assessment (EIA) fait par un consultant privé. Depuis 2021, l’ECC doit systématiquement être précédé d’un Heritage Impact Assessment (HIA), réalisé par un archéologue assermenté par le National Heritage Council (NHC). Comme les coûts des démarches sont difficilement supportables pour les mineurs, différentes stratégies sont mises en place pour les aider. En partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), le gouvernement a par exemple réalisé en 2021 des études d’impacts sur de larges zones stratégiques – là où il y a une concentration de l’activité minière – pour que les mineurs n’aient plus besoin de les financer eux-mêmes. La délivrance d’un titre minier nécessite donc aujourd’hui une triple validation – MME, MEFT, NHC –, ce qui explique la longueur des délais, atteignant parfois l’année. La décision finale d’attribution de ce titre est finalement prise par des représentants des ministères concernés qui se retrouvent en réunion chaque vendredi. Une fois acquis, un mining claim est valable pour trois ans et renouvelable pour deux ans, et il est possible d’obtenir jusqu’à un maximum de dix titres miniers par individu. 

9La législation et les incitations subséquentes ont transformé de manière significative les modalités de l'exploitation minière en Namibie en visant une régularisation massive de la mine artisanale. Par exemple, au début des années 2000, le MME a proposé un financement régional pour établir des organisations coopératives parmi les mineurs artisanaux. Au même moment, une délégation de l'UE en Namibie fournissait un soutien financier important pour développer des cours de gestion d'entreprise adaptés aux activités minières (Nyambe et Amunkete, 2009). Aujourd'hui, le MME, par le biais de la SSMD, encourage les mineurs à regrouper leurs concessions, pour un meilleur contrôle et une meilleure visibilité de l'exploitation minière artisanale et simplifier les processus légaux grâce à des efforts centralisés. De plus, le gouvernement attribue souvent des portions de terrain trop grandes pour qu'un seul mineur puisse les exploiter. Cela justifie les incitations gouvernementales à l'association, et de nombreux mineurs partagent désormais leur surface avec d’autres.

10Bien que la tendance générale soit à l'augmentation de la légalisation pour les mineurs opérant sur des terres communales, ceux travaillant sur des terres privées atteignent rarement une pleine conformité légale. La plupart possèdent une licence de prospection non exclusive (NEPL), applicable quel que soit le régime foncier, mais l'acquisition d'une concession minière sur des terres privées nécessite le consentement du propriétaire. Ainsi, quelques années après la mise en œuvre de la loi, 80 % des 2 000 mineurs artisanaux namibiens continuaient à opérer illégalement (Krappmann, 2006). Cependant, selon le MME, la situation s'est depuis améliorée. En 2023, environ 5 000 Namibiens tiraient leurs revenus de l'exploitation minière artisanale, presque tous étant « enregistrés » (c'est-à-dire détenteurs d'une NEPL). Ces chiffres, bien que difficiles à vérifier, indiquent une tendance croissante à la formalisation du secteur. Les obstacles légaux, administratifs et techniques impliquant diverses institutions et mesures gouvernementales font que l'obtention de ce permis n'est ni simple ni garantie. En 2022, seulement 115 des 1 141 demandes de concessions minières soumises au MME ont été approuvées, représentant un taux d'approbation de seulement 10 %.

11Tant au niveau de l'extraction que de la vente, la législation est l’un des facteurs qui influence les modalités d'association des mineurs. Également, la géologie est une donnée fondamentale dans la mesure où elle détermine la nécessité d’investir, ou non, dans des machines (perforateur, groupe électrogène, etc.), ou si des outils manuels (pelle, pioche, burin, etc.) suffisent. Le type de foncier est également un facteur important, avec la possibilité de conflits avec les propriétaires concernant les droits d'exploitation. Cependant, des analyses développées en 2023 et 2024 révèlent que la législation, la géologie et le contexte foncier ne suffisent pas à expliquer les formes d’association observées. Par conséquent, cette étude vise à améliorer notre compréhension des choix organisationnels des mineurs artisanaux namibiens en examinant la manière dont ces choix sont influencés par des facteurs interconnectés, y compris les configurations territoriales locales et les dynamiques de pouvoir entre les diverses parties prenantes. En analysant les organisations minières locales sur deux hauts lieux de la mine artisanale namibienne, Tubusis et Xoboxobos, nous proposons de mettre en lumière les variations contextuelles qui influencent les modalités d'association des mineurs et, par extension, les relations de pouvoir qui façonnent leur vie quotidienne.

Tubusis et Xoboxobos, contexte et enjeux de deux hauts lieux de la mine artisanale en Namibie

Tubusis

12Logé au pied du massif de l’Erongo, Tubusis (illustration 2) se situe à environ 200 kilomètres au nord-ouest de la capitale Windhoek, et à moins d’une heure au nord d’Usakos (illustration 3) le long d’une route praticable et fréquentée par les touristes. Avec 1 500 habitants, Tubusis bénéficie toutefois d’infrastructures publiques notables : clinique, commissariat, centre de formation agricole et une école primaire d’ampleur nationale de 400 élèves, dont 250 en pensionnat, ce qui permet à Tubusis de jouir d’une centralité relative. Outre l’activité minière, certains habitants travaillent dans les commerces et services publics à proximité, et une poignée dans les lodges privées. La mixité est faible, avec des difficultés d’intégration pour des individus non-damaras (Ovambos, Himbas…).

Illustration 2 – Au pied du massif de l’Erongo, des habitations de tôles ou en dur forment la localité de Tubusis

Illustration 2 – Au pied du massif de l’Erongo, des habitations de tôles ou en dur forment la localité de Tubusis

Auteure : Mélanie Duval, 2024.

13L’histoire de Tubusis n’est pas exclusivement minière, son toponyme figurant déjà sur les premières cartes coloniales allemandes. L’activité minière semble avoir débuté à la fin des années 1990, notamment via la découverte en 1999 d’une grande quantité de tourmaline noire créant un emballement du small-scale mining dans l’Erongo. La ruée de 1999-2001 se développe aussi avec la découverte de béryl (1999), d’aquamarine (2000), puis d’uranium et d’or (2003). En mars 2001 la découverte de jeremejevite amène plusieurs centaines de small-scale miners à creuser illégalement en continu sur plusieurs fermes (Wilson et al., 2002).

Illustration 3 – L’activité minière et les mobilités à Tubusis, entre fermes privées et terres communautaires

Illustration 3 – L’activité minière et les mobilités à Tubusis, entre fermes privées et terres communautaires

Auteur : Antoine Latarge, 2024.

  • 1 Les conservancies sont des espaces qui bénéficient d’une forme de gestion autonome, par les populat (...)

14Aujourd’hui, l’activité minière se déroule sur deux catégories foncières : communautaire, gérée par l’autorité traditionnelle Oe=Gân, intégrée depuis 2004 à la #Gaingu Conservancy1, et privée, dont les fermes détenues par des namibiens d’origine allemande dépassent 10 000 ha. L’extraction est particulièrement exigeante dû au contexte géologique granitique du massif. Les cavités naturelles appelées pockets que cherchent les mineurs, parfois assez grandes pour qu’ils puissent s'y tenir debout, peuvent se trouver à des profondeurs atteignant trente mètres. Souvent, les mineurs doivent patienter plusieurs mois, voire des années, avant d'en atteindre une. Ainsi, de petits camps semi-permanents de tentes de fortune sont éparpillés, autant sur les terres communautaires que sur les propriétés privées, provoquant des tensions. Les outils nécessaires pour extraire les cristaux sont adaptés à la dureté et à la profondeur des formations géologiques. Sans les makita, marteaux-piqueurs dénommés d'après la marque japonaise (bien qu’étant pour la plupart des équivalents low-cost chinois) (illustration 4), percer les couches de roche serait strictement impossible. La diversité des cristaux extraits est remarquable : quartz (clair, fumé, améthyste), tourmalines, béryls, topazes, fluorite… (Schneider, 2005). Cette diversité confère à Tubusis une renommée connue des collectionneurs de cristaux du monde entier (Cairncross et Bahmann, 2006).

Illustration 4 – Mineur de Tubusis équipé de son makita

Illustration 4 – Mineur de Tubusis équipé de son makita

Auteure : Mélanie Duval, 2024.

15Les conditions d’extraction locale influencent les mobilités. Un premier type de mobilité correspond aux déplacements liés au travail minier – accès au site, ravitaillement du groupe en eau, nourriture, pétrole, machines et vente de pierres. Un deuxième type correspond à une pause dans l’activité permettant aux mineurs de visiter leurs proches, mais celle-ci dépend des capacités financières de chacun. Des mineurs provenant des régions du Nord, par exemple, ne sont pas rentrés depuis plusieurs années. La mobilité des habitants de Tubusis s’inscrit donc dans un schéma quadrangulaire, entre les campements semi-permanents, le village, la ville de proximité, et potentiellement les lieux d’origine.

16En 2022, l'association Tubusis Small Scale Mining Group est fondée à la suite d’une réunion organisée par la division de la mine artisanale du MME. Elle rassemble environ 80 individus sous la direction d’un comité de quatre personnes (illustration 5). Pour le MME, elle favorise l’organisation des mineurs en groupes dotés d'une entité légale, afin de renforcer le contrôle d’une activité en expansion. Pour les mineurs cela permet de formaliser leur situation, mutualiser les ressources pour accomplir des démarches administratives complexes et améliorer leur représentativité auprès des instances gouvernementales. 

Illustration 5 - À Tubusis, la mise en place du comité des mineurs comme illustration de la stratégie gouvernementale

Illustration 5 - À Tubusis, la mise en place du comité des mineurs comme illustration de la stratégie gouvernementale

Auteur : Antoine Latarge, 2024.

17Ceci est d’autant plus crucial que les relations avec les grands propriétaires se sont dégradées ces deux dernières décennies. Ces derniers se sont progressivement associés, notamment afin de contrer l’extraction minière, dans un contexte de développement touristique croissant (Quemin, 2023). Ne pouvant toujours pas s’opposer légalement à l’activité minière sur leurs terres, certains recourent à des évictions armées illégales.

  • 2 Pour des besoins d’anonymat, les prénoms ont été modifiés.

18Cette situation présente donc plusieurs niveaux de violence. Physique, avec des menaces proférées par les fermiers : « Je pensais que la Namibie était indépendante, mais ce gars blanc là-bas, il dit aux gens : je vais te tirer dessus si je te trouve sur mes terres, je vais te tirer dessus » (Immanuel2, entretien 2024). La mobilisation des game rangers, qui ne protègent plus seulement la faune mais chassent les mineurs, radicalise la situation. Symbolique, avec la privatisation de l'accès à une montagne que les habitants de Tubusis considèrent comme un bien commun : « Mais ici, nous ne sommes pas sur la terre de quelqu’un, nous sommes dans la montagne. Le sol est à toi, la ferme est à toi, mais la montagne n’est pas à toi, elle est à tout le monde » (Immanuel, entretien, 2024). Économique, car l’accès aux sites d’extraction, requiert désormais un détour d’une dizaine de kilomètres, alors que les mineurs sont lourdement chargés en ravitaillement et en machines. Relégués à l’écart des meilleures surfaces d’extraction, les habitants des terres communautaires revivent le souvenir douloureux de l'apartheid tandis que les propriétaires fonciers organisent des visites touristiques onéreuses qui débordent sur les terres communautaires, sans aucun bénéfice pour les populations locales.

Xoboxobos

19Dans les montagnes de Goboboseb, une dizaine de kilomètres à l'ouest du Brandberg et à environ 80 kilomètres de la petite ville d'Uis (illustration 6), quelques ondulations de tôles prouvent que la vie est possible au cœur du désert du Namib (illustration 7). Selon les interlocuteurs, le nom Xoboxobos serait dérivé du bruit du makita brisant la roche, ou signifierait « l’odeur de l’argent ». Les unités d’habitation, environ 70 à l’heure actuelle, rassemblent en moyenne 4 personnes, parfois sous la forme de foyers familiaux, avec des enfants en bas âge.

Illustration 6 - À Xoboxobos, des mobilités importantes malgré la déconnexion et l’éloignement

Illustration 6 - À Xoboxobos, des mobilités importantes malgré la déconnexion et l’éloignement

Auteur : Antoine Latarge, 2024.

Illustration 7 - Xoboxobos et ses habitations de tôles et de bâches en plastique

Illustration 7 - Xoboxobos et ses habitations de tôles et de bâches en plastique

Auteur : Antoine Latarge, 2024.

20La diversité des mineurs à Xoboxobos, où les locuteurs Oshiwambo (Nord) sont majoritaires, suivis des Kavangos (Nord-Est), Ovahimbas (Nord-Ouest) et Otjihereros (Nord-Ouest et Centre-Est), contraste avec la quasi-absence de Damaras, pourtant majoritaires dans la région. En découle de fortes différences linguistiques et culturelles au sein du village, sans pour autant sembler être source de conflits ou de tensions.

21Isolé des acteurs institutionnels, le camp majoritairement masculin de Xoboxobos fonctionne en quasi-autonomie. Les rares femmes présentes – « les plus fortes » (Hector, entretien 2024) – participent à l’extraction, souvent sous l'autorité de leur conjoint et sans accès aux machines, perpétuant ainsi des rapports de domination genrés. Bien qu’étant à plus d’une heure de voiture, c’est à Uis que sont centralisées les activités essentielles pour les mineurs de Xoboxobos, comme l'approvisionnement en eau et en nourriture, les visites à l’église, les quelques échanges avec les autorités locales et l’organisation de rares ateliers sur la sécurité, la législation et la préservation de l’environnement. Les trajets vers Uis sont aussi l'occasion de loisirs : « [à propos de certains mineurs] Ces motherfuckers, ils disent qu’ils s’en foutent, gaspillent leur argent. Ils vont en ville pour acheter de l’alcool, s’envoyer en l’air et tout » (Absalom, entretien 2024). Toutefois, pour les contacts gouvernementaux, il faut se rendre à la capitale à cinq heures de route. Localement, la distance entre le village et les lieux d’extraction est praticable à pied, et la nécessité d’utiliser des machines, qui justifierait de résider à proximité immédiate du lieu d’extraction, est faible. Les mineurs rentrent généralement dans leurs familles une semaine par mois, mais s’absentent parfois plus longuement. Plus de la moitié du village est donc souvent vide en raison d’un turnover permanent. Ainsi, les mobilités des habitants de Xoboxobos suivent un schéma triangulaire entre le village, la ville voisine et les régions d'origine.

22La première installation à Xoboxobos semble remonter à 1990, lors de l’indépendance de la Namibie, bien que la région soit alors déjà connue de certains allemands pour sa concentration d’améthyste (Cairncross et Bahmann, 2006). En 1992, date la plus ancienne à laquelle une activité a pu être attestée, quelques individus seulement y minaient, le lieu ayant alors déjà l’aspect d’un village minier. Toutefois, le développement significatif du village a attendu le début des années 2000, accompagné par des ONG avec des ateliers de la Rossing Foundation sur la sécurité, le business et l’organisation, conduisant à la création d’un comité représentatif (illustration 8). Composé de sept personnes, majoritairement des locuteurs Oshiwambo, ce comité joue un rôle crucial dans la régulation des conflits et des arrivées, de la vie quotidienne et de l'activité minière. Il gère par exemple l'approvisionnement en eau potable – achetée à Uis via une cotisation collective de N$100/individu/an et revendue au faible coût de N$30 les 20 L – (illustration 9). Ils ont également investi dans des machines de coupe de pierres, accessibles aux mineurs, et servent de relais administratif pour les demandes de titres miniers, court-circuitant ainsi les difficultés administratives et les coûts associés. Le rôle du comité est central, en témoigne l’absence d’autres entités de régulation communautaire. L'attractivité de Xoboxobos a pourtant considérablement augmenté après 2020, la précarisation engendrée par les confinements successifs ayant fait presque triplée la centaine de mineurs qui y vivaient en 2018. L'intégration des nouveaux arrivants se fait par parrainage familial ou amical, ce qui se reflète dans l'organisation spatiale du camp en deux ailes distinctes (illustration 10), puisque les nouveaux venus s'installent d'abord avec leurs proches avant de potentiellement s'établir indépendamment à proximité. Xoboxobos semble destiné à continuer de grandir, la mine artisanale étant une solution de plus en plus attractive pour répondre à l’actuel enjeu crucial : « Il n’y a plus de travail en ville » (Johannes, entretien 2024).

Illustration 8 - Le comité de Xoboxobos, né lors de workshops organisés par la Rossing Foundation

Illustration 8 - Le comité de Xoboxobos, né lors de workshops organisés par la Rossing Foundation

Auteur: Antoine Latarge, 2024.

Illustration 9 - L’eau achetée par le comité est stockée dans deux grands conteneurs, et chaque jour un mineur s’occupe de la distribution pendant une heure

Illustration 9 - L’eau achetée par le comité est stockée dans deux grands conteneurs, et chaque jour un mineur s’occupe de la distribution pendant une heure

Auteure : Mélanie Duval, 2024.

Illustration 10 - Xoboxobos, un camp qui se développe en deux ailes

Illustration 10 - Xoboxobos, un camp qui se développe en deux ailes

Auteur : Antoine Latarge, 2024.

23L'activité minière à Xoboxobos se déroule entièrement sur des terres communautaires, sous l’autorité traditionnelle Dâure Daman, intégrée depuis 2008 à la Tsiseb Conservancy. Elle est caractérisée par des conditions géologiques faiblement contraignantes. En comparaison à l’Erongo, les conditions d’extractions sont plus aisées : les pockets de quelques centimètres sont situées proche de la surface au creux de roches friables (illustration 11). Une baramine, un marteau, un burin, et une tige en métal repliée suffisent pour atteindre plusieurs géodes en une seule journée, bien que des marteaux-piqueurs soient parfois employés pour accélérer le processus. Les cristaux extraits – principalement des variétés de quartz (clair, fumé, améthyste) – ont une valeur marchande inférieure à ceux de Tubusis, ce qui est compensé par les quantités extraites et la régularité de découverte des pockets.

Illustration 11 - Géode contenant plusieurs variétés de quartz

Illustration 11 - Géode contenant plusieurs variétés de quartz

Auteure : Marie Forget, 2024.

Typologie des modes d’association : quelles réponses des mineurs face à la précarité ?

24L'organisation des mineurs en Namibie présente une diversité de modèles, révélant l’influence de contextes situés et de stratégies organisationnelles. Il ne s’agit donc ni de déterminisme, ni de choix isolés, mais de réponses élaborées par rapport à un contexte donné. Si l’analyste tente souvent de dénouer le nœud du contexte pour mieux le comprendre, nous pensons que l’interconnexion des facteurs contextuels demeure une composante essentielle de l'analyse. Considérer par exemple le manque de machines comme un facteur influant sans considérer le facteur géologique est un non-sens. Décomposer ces facteurs contextuels indépendamment des autres, « c'est croire qu'on peut sortir un poisson de l'eau pour mieux observer comment il nage » (Beaud et Weber, 1997). Il est donc préférable d’étudier conjointement ces facteurs comme impliquant des réponses organisationnelles locales, plutôt que de prétendre les démêler et croire retrouver en chacun d’eux la trace du contexte. Cette interconnexion – et donc la part variable du contexte – permet de comprendre dans quelle mesure les modèles identifiés ne sont pas exclusifs les uns par rapport aux autres. Chez une même personne, ces modes d'association peuvent cohabiter à un moment donné et évoluer au fil du temps, influencés par l’évolution du contexte et les trajectoires individuelles.

Le mineur solitaire

« Je travaillais avec un groupe, mais maintenant je suis tout seul car nous avons brisé le groupe. Les gars avec les machines, celui à qui elles appartiennent [...] Ils prennent plus d’argent que les autres, et après tu n’as plus rien » (Thomas, mineur solitaire dans une autre région après avoir quitté le groupe avec lequel il minait dans l’Erongo, entretien 2024).

25À Xoboxobos, le modèle du mineur solitaire est courant du fait de la simplicité technique et du contexte reclus et peu contrôlé. Facile à mettre en place, il permet l’engouement autour de Xoboxobos suite au COVID, aucune compétence technique, ni investissement financier, ni compétence relationnelle n’étant nécessaires à l’extraction :

« J’ai quatre enfants et pas beaucoup d’argent, alors j’ai quitté mon travail à la mine de cuivre de Tsumeb. Ensuite j’ai rencontré quelqu’un qui travaillait à Xoboxobos. On a miné ensemble, et en deux jours, je me suis fait huit mille [420€]. Quand j’ai vu que je pouvais faire autant, je suis rentré chez moi, fait mon sac, et j’en ai parlé à ma petite amie. Elle a été d’accord pour venir. Nous sommes allés à Xoboxobos et avons commencé à miner » (Tobias, entretien 2024).

26Malgré les gains réalisés, ce modèle expose des vulnérabilités, notamment de genre. Réputée très travailleuse, Selma subit des violences de la part de son partenaire, jaloux ou sous l'influence de l'alcool. L’absence d’association favorise ce genre de situation : l’interdépendance entre les membres du couple est exacerbée et la victime n’a personne vers qui se tourner pour y échapper.

Illustration 12 - À trois heures de marche de Xoboxobos, Selma, accompagnée de son fils, manie la baramine

Illustration 12 - À trois heures de marche de Xoboxobos, Selma, accompagnée de son fils, manie la baramine

Auteure : Mélanie Duval, 2024.

27À Tubusis, miner seul est impossible en raison de la dureté de la roche et de la profondeur des galeries. Les accidents de travail, le recours impératif à des machineries lourdes, le risque de solitude prolongée, l’illégalité, l’indésirabilité ou encore la distance par rapport au lieu de résidence expliquent la nécessité d’une collaboration. Pour cause, il n'est pas facile de travailler seul car une fois que l'endroit est profond, il faut être aidé par trois ou quatre personnes.

« Il faut des cordes pour évacuer tous les déchets [...] Et parfois, dans les trous, il n'y a pas d'oxygène. Donc à des endroits, on utilise de l’oxygène médical […] ou on fait souffler un compresseur […] et des fois on utilise une clim... » (Daniel, entretien 2024).

28Si le modèle du « mineur solitaire » peut résulter d’une stratégie délibérée, il est parfois dicté par une situation de précarité, l’absence d'alternatives viables ou un manque de réseaux et de compétences relationnelles nécessaires pour former des partenariats efficaces. D’un côté il promet des avantages économiques et l’évitement de rapports hiérarchiques déséquilibrés, mais de l’autre il se caractérise par une vulnérabilité sécuritaire et financière, le mineur ne disposant pas du soutien de pairs en cas d’incapacité à trouver des minéraux. Il fragilise aussi le mineur dans les interactions sociales, tant avec d'autres membres de la communauté qu’avec des acteurs externes, tels que les grands propriétaires ou les institutions. Aussi, en réponse à ces difficultés, bien que l’activité extractive soit individuelle, une forme de coopération indirecte et informelle peut se manifester, par exemple à travers le partage de l'espace d'un mining claim, moyennant ou non un paiement. Des formes de porosité se dessinent ici avec l’association horizontale.

L’association horizontale

« On partage tous la même tente, nous sommes frères [...] Quand tu passes autant de temps avec des gens, ils deviennent une partie de votre famille » (George, mineur à Tubusis, entretien 2024).

29À Xoboxobos, l’association horizontale émerge de contextes socio-économiques variés. Quand aucun des membres du groupe ne détient de mining claim, ils se trouvent dans une situation d’illégalité collective ou dépendent de la tolérance d’un autre mineur qui les accepte sur sa concession. Il est également possible que le titulaire d’un permis minier n’impose pas de compensation économique aux membres de son groupe. Dans ce cas, ils partagent équitablement les bénéfices issus de la vente des pierres semi-précieuses, car « Tout le monde est ici pour le pain, c’est le pain amène tout le monde ici » (Absalom, entretien 2024). Cette forme d’association montre comment l’entraide et le partage des ressources sont essentiels pour survivre dans le milieu minier. Elle repose sur le développement d’une solidarité fondée sur une précarité collective.

30À Tubusis, quelques équipes adoptent un modèle d'association horizontale, bien que l’usage de machines – impliquant un investissement en capital – le complique. Les bénéfices engendrés sur la vente sont partagés équitablement entre les membres :

« Quand on trouve une pierre, on la vend, et tous ensemble on partage le prix de manière égale. [...] On loue trois machines pour N$300 [15€] la semaine. [...] En fait, c'est des mineurs à la retraite qui, du coup, louent leurs machines. Et c'est comme ça qu'ils se font une retraite. [Pour payer collectivement ces machines], ce qu’on fait, c'est qu’on ramasse de l'herbe puis on la vend en sac de N$50 [2,5€] aux fermiers du village, parce qu'il y a pas mal d'élevages » (George, entretien 2024).

31Cependant, une hiérarchie interne peut émerger. Généralement, un seul mineur est en charge des relations avec les acheteurs via des numéros de téléphone qu’il est le seul à posséder. Il est aussi parfois celui qui organise les ressources nécessaires à l'exploitation et l’acheminement des machines jusqu’au camp. Ces fonctions lui confèrent une position de leadership au sein du groupe. Bien que fondé sur une répartition équitable des bénéfices ce modèle intègre bien souvent une verticalité basée sur l’expérience et le capital social.

Illustration 13 - Une association horizontale à proximité de Tubusis

Illustration 13 - Une association horizontale à proximité de Tubusis

En y passant le plus clair de leur temps et en y partageant la même tente, les mineurs développent des sentiments de fraternité.

Auteure : Mélanie Duval, 2024.

32Le modèle de l’association horizontale repose ainsi sur des principes d’égalité et de solidarité souvent renforcés par des liens communautaires ou familiaux. Bien que des inégalités de capital et de connaissances techniques existent, elles semblent transcendées par un profond désir de collaboration et de fraternité. Cette solidarité est essentielle pour appréhender les dynamiques d’association dans ces contextes isolés. Permettant aux mineurs d’établir des relations de proximité au-delà du cadre professionnel, les associations horizontales naissent autant par choix que par nécessité. Une lecture strictement économique de ce modèle serait donc réductrice. En dépit de rapports hiérarchiques, la confrontation collective à la précarité sociale et relationnelle ainsi qu'aux défis inhérents à la vie de petit mineur dans les montagnes du désert namibien forge des liens particulièrement intenses.

L’association verticale

« C’est comme si j’étais le conducteur d’une voiture et les autres, les passagers… Les passagers doivent payer le conducteur car le conducteur est responsable d’eux ». (Loide, mineur de Xoboxobos qui possède son propre mining claim et récupère une proportion des bénéfices supérieure à celle des trois autres membres de son groupe, entretien 2024).

33À Xoboxobos, malgré le besoin limité d’un accès aux machines, ce mode d’organisation qui se définit par la présence d’un leader sur le plan décisionnel et économique reste populaire. Miner sur une concession apporte une certaine sérénité à l'activité, la difficulté de son obtention peut justifier une inégalité dans la redistribution. La responsabilité du leader, puisque le mining claim est à son nom et qu’il organise la stratégie du groupe, pèse aussi dans les logiques de répartition des gains. Un autre facteur est le partage de l'expérience : en échange d’un accompagnement temporaire par un mineur plus exercé, certains jeunes mineurs acceptent de percevoir moins d’argent le temps d’apprendre les ficelles du métier :

« En ce moment, deux jeunes minent avec le groupe, un depuis le mois dernier et un depuis trois mois. Ils n’ont aucune expérience dans l’activité minière alors je leur apprends où et comment miner » (Hafeni, entretien 2024).

34Ainsi, une valeur économique est parfois attribuée à des éléments qui n’en ont pas au départ, ou très peu. Dans le cas d’écarts de redistribution dus à la possession de machines ou d’une voiture, l’association s’explique par un espoir de meilleur rendement économique. En sacrifiant une proportion de leur revenu, les mineurs espèrent malgré tout l’augmenter, en étant plus efficaces grâce aux machines, ou en allant plus loin en voiture, où les pierres sont nombreuses et la concurrence plus rare.

35À Tubusis, les logiques qui mènent à la verticalité des groupes sont similaires mais plus fréquentes, du fait de la particularité du lieu. La dureté du substrat géologique ainsi que la nécessité d’organiser efficacement une extraction difficile et dangereuse justifient ce modèle. Avoir le contact et des relations particulières avec des acheteurs généreux et fiables, permettant d’assurer des bénéfices collectifs plus importants dans un contexte où la vente représente un challenge capital, est aussi un argument sur lequel un mineur peut jouer pour réclamer un partage des gains à son avantage. Le rôle du leader ressemble donc parfois plus à celui d’un manager :

« J’ai assez de chance pour avoir mes propres machines, et j’ai un groupe de trois mineurs qui sont dans la montagne. J’aimerais aller avec eux tous les jours, mais je dois être ici pour m’occuper du ravitaillement en nourriture, en eau et en carburant, de la vente des pierres et de la distribution d’argent aux familles des mineurs qui sont dans la montagne » (Immanuel, entretien 2024).

Illustration 14 - Comme Immanuel, certains leaders d’associations verticales passent une bonne partie de leur temps à Tubusis plutôt qu’au campement

Illustration 14 - Comme Immanuel, certains leaders d’associations verticales passent une bonne partie de leur temps à Tubusis plutôt qu’au campement

Auteure : Mélanie Duval, 2024.

36L'association verticale illustre comment la possession de capital crée des dynamiques de pouvoir et d'inégalité parmi les mineurs à travers un capital économique, mais aussi via des capacités techniques ou relationnelles supérieures aux autres. Dans l'ensemble, les moyens d’investissements des mineurs restent le facteur principal de hiérarchie, où ceux qui ont des machines ou la possibilité de les louer occupent une position dominante. Par rapport aux associations horizontales, ces groupes s’assemblent davantage par un processus de sélection orienté vers l'efficacité et la productivité plutôt que par des motivations relationnelles, conduisant à une distension des liens en dehors du cadre de l’activité. Ces modèles d’organisations ont donc tendance à être moins durables, et les inégalités de redistribution – parfois perçues comme des injustices – peuvent pousser les mineurs à tenter une aventure solitaire ou à mieux négocier la part des gains qui leur revient auprès d’un nouveau groupe.

La contractualisation

« [Sa vie] n’est pas très difficile. Il a une belle maison. Il n’a aucun problème avec l’eau, avec l’électricité. Moi j’ai peur dès que je descends dans les trous, mais j’essaie de le faire pour mes enfants » (Thomas, à propos de son ancien sponsor qui le finançait pour miner dans le massif de l’Erongo).

37À Xoboxobos, des formes de contractualisation se déploient principalement entre les mineurs et les acheteurs, souvent appelés middle-men. Ruben, dont l'exportation de pierres semi-précieuses vers l’Allemagne et Taiwan a fait de lui une figure prééminente du domaine, incarne les principales formes de contractualisation en vigueur à Xoboxobos. La première repose sur une logique de « dons contre dons » : l'acheteur fournit aux mineurs les machines nécessaires pour l’extraction ou la découpe, et il bénéficie en retour d’une priorité d’achat sur les cristaux de valeurs, et un potentiel de négociation des prix plus avantageux. Il peut également s’assurer d’une bonne découpe de la pierre en confiant cette tâche à un mineur talentueux. Ce modèle offre également des avantages substantiels aux mineurs. Un lien de confiance établi avec un acheteur garantit aux mineurs des débouchés réguliers pour leurs pierres. De plus, l’accès à une machine de découpe sous contrat permet de capitaliser sur cet équipement en proposant de tailler les pierres d’autres mineurs, générant ainsi un complément de revenu. Afin de renforcer cette relation de confiance, les acheteurs apportent fréquemment de l’eau et de la nourriture lorsqu'ils viennent voir leurs vendeurs, à qui ils offrent également un trajet vers la ville. En contraste avec ce type de contractualisation informelle, il existe également une contractualisation plus officielle à Xoboxobos : un détenteur de mining claim embauche des mineurs et récupère la totalité des pierres en échange d'un salaire mensuel. Ce modèle assure aux mineurs une source de revenu régulier, leur offrant ainsi une meilleure visibilité sur leur avenir financier. Cependant, la nature précaire de ce salaire peut également les maintenir dans une situation de vulnérabilité économique. Cette contractualisation peut être une activité d’appoint pour des acheteurs qui possèdent un mining claim. Certains investissent dans plusieurs mining claims afin d’employer davantage de mineurs et recourir à des machines plus efficaces, telles que des caterpillars. Des mining claims sont exploités de la sorte autour de Xoboxobos, principalement par trois frères namibiens blancs, Aron, Joel et Gerson.

Illustration 15 - Autour de Xoboxobos, certaines formes de contractualisation amènent à utiliser des caterpillars, modifiant radicalement la pratique et l’impact paysager de l’activité

Illustration 15 - Autour de Xoboxobos, certaines formes de contractualisation amènent à utiliser des caterpillars, modifiant radicalement la pratique et l’impact paysager de l’activité

Auteur : Antoine Latarge, 2024.

38À Tubusis, la contractualisation est communément désignée sous le terme sponsoring. Ce modèle implique qu'une personne extérieure au groupe de mineurs, le « sponsor », fournisse les ressources et les machines nécessaires à l'extraction minière et à la survie dans la montagne.

« Donc ça marche comme ça : j’investis dans une équipe de mineurs, ils travaillent pour trouver quelque chose de valeur, ok ? Ils doivent trouver quelque chose qui peut à la fois leur payer un salaire et rembourser le gars qui les a subventionnés. Donc, c’est à celui qui les sponsorise qu’appartient tout ce qu’ils trouvent. [...] Quand ils trouvent de belles pierres, elles m’appartiennent. Et ensuite je les vends et je donne de l’argent à l’équipe » (Jeremy, entretien 2024).

39Ce dernier détient la propriété des pierres extraites et est responsable de leur vente, exerçant ainsi un contrôle complet et souvent opaque sur le pourcentage de bénéfices redistribués aux autres membres de l’association. Cette forme de contractualisation s’inscrit dans le collective narrative qui façonne l’imaginaire des mineurs à Tubusis. Nombreux sont animés par l'espoir de découvrir une pocket suffisamment grande pour pouvoir acheter des machines, une voiture, et ainsi franchir le seuil du modèle de sponsoring pour devenir eux-mêmes des investisseurs dans le domaine minier. Cette aspiration est nourrie par plusieurs exemples de réussite vivants, tels que Jeremy et Daniel, qui ont démarré leur activité dans les années 1990s. Leur succès, illustré par l’argent généré par la découverte de plusieurs pockets, leur a permis de sécuriser leur retraite en investissant dans certains groupes. Ainsi, le modèle de sponsoring à Tubusis reflète non seulement des mécanismes économiques où le sponsor détient une part disproportionnée des bénéfices, mais aussi un rêve collectif dans lequel les mineurs espèrent transcender leur rôle actuel pour accéder à une position de pouvoir et de réussite dans le secteur minier.

40La contractualisation dans le secteur minier se manifeste sous diverses formes, englobant les accords explicites établis entre les mineurs et d'autres acteurs économiques afin de faciliter l'accès à des outils ou des marchés pour la commercialisation de leurs produits. Ce modèle se distingue des associations verticales par le fait qu'une des parties au contrat n'est pas directement impliquée dans l’extraction minière et donc par une rare présence physique du financeur sur le terrain. En effet, les interactions entre l’investisseur et les mineurs sont relativement sporadiques. Cette forme de contractualisation repose sur un modèle de pouvoir où l’investisseur, malgré son éloignement des opérations, maintient un contrôle significatif sur le processus minier en assurant une continuité de sa présence. Il peut pour cela transférer une partie de son autorité à un intermédiaire, incarné par un membre du groupe en qui il place davantage de confiance. Finalement, les plus grandes disparités produites par ce modèle sont d’ordres économiques, puisqu’il débouche sur des situations de niveau de vie radicalement différentes. 

Conclusion

41Par le biais d’une réflexion située, couplant observations de terrain et entretiens semi-directifs, notre analyse apporte des éléments de réflexion tangibles sur les modalités de fonctionnement de la mine artisanale en Namibie, revisitant et approfondissant la manière dont les littératures grises et scientifiques ont prétendu couvrir le sujet durant les deux dernières décennies. Les quatre modèles d'association des mineurs qui ont été présentés – en solitaire, association horizontale, verticale, et contractualisation – illustrent la diversité et la complexité des stratégies employées par les mineurs pour naviguer dans un environnement économique et social difficile. À bien des égards, le postulat consistant à concevoir l’activité minière artisanale comme une activité uniforme et homogène doit être remis en question. Préconcevoir l’activité minière sous une forme monolithique, c’est négliger les moyens que les mineurs mettent en place pour combattre la précarité de leur activité. Emprunter ce postulat, c’est donc à la fois faire l’impasse sur la praxis organisationnelle des mineurs et les réduire à l’état de figurants inactifs et impuissants, ce qui pose un problème méthodologique majeur, et négliger l’analyse des rapports de pouvoir entre les différents acteurs de la mine artisanale, ce qui pose un problème éthique.

42Le choix d’un modèle d’association n’est pas uniquement le résultat d’une décision stratégique, il est également influencé par un ensemble de facteurs souvent incontrôlables par les mineurs eux-mêmes. Les stratégies d'association reflètent ainsi des ajustements continus face à des contextes en perpétuelle évolution, chaque mineur cherchant à optimiser sa situation. Cette analyse révèle trois principes essentiels qui structurent les formes d’association minière :
(i) d'abord, dans la continuité des études monographiques conduites sur d’autres régions (Kuramoto 2001 ; Deb et al., 2008 ; Bazillier et al., 2023), cette étude de cas souligne à son tour que le travail minier ne se conforme pas à un mode opératoire unique. La diversité des pratiques observées démontre que les mineurs adaptent leurs méthodes en fonction des spécificités des contextes dans lesquels ils opèrent.
(ii) Ensuite, les mineurs ne se limitent souvent pas à un modèle d’association fixe. Ils naviguent entre différents types d'associations, en fonction des opportunités, des enjeux, et parfois même en adoptant simultanément plusieurs modèles.
(iii) Enfin, les frontières entre ces modèles ne sont pas rigides. L’existence de toute une gamme de possibilités dans lesquelles s’inscrivent les situations des mineurs révèle une certaine porosité entre les modèles d’associations. Les choix organisationnels varient au gré des contextes géologiques, géographiques et sociaux – ou plutôt, ils varient en fonction de la manière dont les mineurs évaluent ces contextes.

43Cet article apporte un premier regard sur une activité qui se révèle aussi complexe qu’importante dans la Namibie postcoloniale. Alors que l’intérêt pour la mine artisanale croît tant parmi les Namibiens (de plus en plus attirés par cette activité) que du côté des autorités gouvernementales, cette étude n’est qu’un jalon dans l’exploration de ce secteur, appelant des études complémentaires. Parmi celles-ci figure notamment l’examen des conditions de vente, avec l’analyse des relations spécifiques entre vendeurs et acheteurs, et les mécanismes de « dons contre dons » qui structurent ces échanges. Également, la circulation des pierres semi-précieuses depuis leur extraction jusqu’à leur destination finale, qu’il s’agisse de magasins occidentaux ou de collections privées, invite à entreprendre de nouvelles recherches sous l’angle de la mondialisation des produits issus d'activités dites « artisanales », invitant par là-même à déconstruire les discours associés aux mines traditionnelles. Avec l'importance croissante du secteur minier en Namibie, un panel de nouveaux enjeux se dessine, notamment ceux qui touchent à l’articulation entre l’extraction minière (artisanale et industrielle) et les objectifs de préservation environnementale et touristiques – ce qui revient à s’intéresser aux interactions et aux rapports de pouvoir qui s’expriment entre les acteurs du secteur minier, les représentants des objectifs de préservation et ceux qui habitent ces territoires. Ainsi, en proposant une analyse des modalités d'association des petits mineurs en Namibie, nous initions une démarche d’investigation plus large sur la place et le fonctionnement de l’activité minière – artisanale et industrielle – en Namibie, avec tout ce que cette investigation peut soulever comme potentiel comparatif international.

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Notes

1 Les conservancies sont des espaces qui bénéficient d’une forme de gestion autonome, par les populations locales, dont l’objectif est d’assurer un usage des ressources naturelles durable et dont les retombées reviennent aux communautés (Gargallo, 2015).

2 Pour des besoins d’anonymat, les prénoms ont été modifiés.

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Table des illustrations

Titre Illustration 1 - Tubusis et Xoboxobos, deux hauts lieux de la mine artisanale au cœur d’une géologie et de régimes fonciers particuliers
Crédits Auteur : Antoine Latarge, 2024.
URL http://journals.openedition.org/echogeo/docannexe/image/28847/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 556k
Titre Illustration 2 – Au pied du massif de l’Erongo, des habitations de tôles ou en dur forment la localité de Tubusis
Crédits Auteure : Mélanie Duval, 2024.
URL http://journals.openedition.org/echogeo/docannexe/image/28847/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 536k
Titre Illustration 3 – L’activité minière et les mobilités à Tubusis, entre fermes privées et terres communautaires
Crédits Auteur : Antoine Latarge, 2024.
URL http://journals.openedition.org/echogeo/docannexe/image/28847/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 488k
Titre Illustration 4 – Mineur de Tubusis équipé de son makita
Crédits Auteure : Mélanie Duval, 2024.
URL http://journals.openedition.org/echogeo/docannexe/image/28847/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 1,5M
Titre Illustration 5 - À Tubusis, la mise en place du comité des mineurs comme illustration de la stratégie gouvernementale
Crédits Auteur : Antoine Latarge, 2024.
URL http://journals.openedition.org/echogeo/docannexe/image/28847/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 264k
Titre Illustration 6 - À Xoboxobos, des mobilités importantes malgré la déconnexion et l’éloignement
Crédits Auteur : Antoine Latarge, 2024.
URL http://journals.openedition.org/echogeo/docannexe/image/28847/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 596k
Titre Illustration 7 - Xoboxobos et ses habitations de tôles et de bâches en plastique
Crédits Auteur : Antoine Latarge, 2024.
URL http://journals.openedition.org/echogeo/docannexe/image/28847/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 520k
Titre Illustration 8 - Le comité de Xoboxobos, né lors de workshops organisés par la Rossing Foundation
Crédits Auteur: Antoine Latarge, 2024.
URL http://journals.openedition.org/echogeo/docannexe/image/28847/img-8.jpg
Fichier image/jpeg, 280k
Titre Illustration 9 - L’eau achetée par le comité est stockée dans deux grands conteneurs, et chaque jour un mineur s’occupe de la distribution pendant une heure
Crédits Auteure : Mélanie Duval, 2024.
URL http://journals.openedition.org/echogeo/docannexe/image/28847/img-9.jpg
Fichier image/jpeg, 548k
Titre Illustration 10 - Xoboxobos, un camp qui se développe en deux ailes
Crédits Auteur : Antoine Latarge, 2024.
URL http://journals.openedition.org/echogeo/docannexe/image/28847/img-10.jpg
Fichier image/jpeg, 452k
Titre Illustration 11 - Géode contenant plusieurs variétés de quartz
Crédits Auteure : Marie Forget, 2024.
URL http://journals.openedition.org/echogeo/docannexe/image/28847/img-11.jpg
Fichier image/jpeg, 1,2M
Titre Illustration 12 - À trois heures de marche de Xoboxobos, Selma, accompagnée de son fils, manie la baramine
Crédits Auteure : Mélanie Duval, 2024.
URL http://journals.openedition.org/echogeo/docannexe/image/28847/img-12.jpg
Fichier image/jpeg, 804k
Titre Illustration 13 - Une association horizontale à proximité de Tubusis
Légende En y passant le plus clair de leur temps et en y partageant la même tente, les mineurs développent des sentiments de fraternité.
Crédits Auteure : Mélanie Duval, 2024.
URL http://journals.openedition.org/echogeo/docannexe/image/28847/img-13.jpg
Fichier image/jpeg, 896k
Titre Illustration 14 - Comme Immanuel, certains leaders d’associations verticales passent une bonne partie de leur temps à Tubusis plutôt qu’au campement
Crédits Auteure : Mélanie Duval, 2024.
URL http://journals.openedition.org/echogeo/docannexe/image/28847/img-14.jpg
Fichier image/jpeg, 532k
Titre Illustration 15 - Autour de Xoboxobos, certaines formes de contractualisation amènent à utiliser des caterpillars, modifiant radicalement la pratique et l’impact paysager de l’activité
Crédits Auteur : Antoine Latarge, 2024.
URL http://journals.openedition.org/echogeo/docannexe/image/28847/img-15.jpg
Fichier image/jpeg, 561k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Antoine Latarge, Hugo Quemin, Kaarina Efraim, Marie Forget et Mélanie Duval, « Miner dans le désert : logiques d’association et formes spatiales de la mine artisanale en Namibie »EchoGéo [En ligne], 71 | 2025, mis en ligne le 31 mars 2025, consulté le 24 juin 2025. URL : http://journals.openedition.org/echogeo/28847 ; DOI : https://doi.org/10.4000/140dv

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Auteurs

Antoine Latarge

Antoine Latarge, antoine.latarge@univ-smb.fr, est doctorant, Université Savoie Mont Blanc, Campus scientifique, pôle montagne, Bourget du Lac 73376, France, et membre du laboratoire EDYTEM (UMR 5204).

Hugo Quemin

Hugo Quemin, quemin.hugo@gmail.com, doctorant, Université Savoie Mont Blanc, Campus scientifique, pôle montagne, Bourget du Lac 73376, France, et membre du laboratoire EDYTEM (UMR 5204). Il a récemment publié :
- Quemin, H., Duval, M., Lahaye, R., 2024. Claiming rock art, claiming indigeneity: Spaces and scales of recognition in Khoe and San identity claims. Journal of Social Archaeology, vol. 25, n° 1.
- Quemin H., Duval M., Morris D., Pinto L., 2023. Exploring Multiple Conditions of Participation on Community-based Heritage Management: A Case Study of Wildebeest Kuil Rock Art Tourism Centre, South Africa. Public Archaeology, vol. 22, n° 1, p. 39-59.

Kaarina Efraim

Kaarina Efraim, kaarinaefraim@gmail.com, est conservatrice, Department of Archaeology, National Museum of Namibia, Windhoek, Namibia.

Marie Forget

Marie Forget, marie.forget@univ-smb.fr, est enseignante chercheure, Université Savoie Mont Blanc, Campus scientifique, pôle montagne, Bourget du Lac 73376, France et membre du laboratoire EDYTEM (UMR 5204). Elle a récemment publié 
- Bos,V. Forget M., Gunzburger Y., 2024. Lithium-based energy transition through Chilean and Australian miningscapes. The Extractive Industries and Society, vol. 17, document 101384.
- Forget M., Rossi M., 2024. Beyond Technology and Toward Sustainable Trajectories for Mining Territories: A Challenge for the Present. International Journal of Political Economy, vol. 53, n° 1, p. 96-110.
- Forget M., Bos V., 2024. Verdir l’extraction : la « récolte » du soleil et du lithium dans les Andes. Écologie & Politique, n° 68, p. 71-86.

Mélanie Duval

Mélanie Duval, Melanie.Duval@univ-smb.fr, est chercheure, Laboratoire EDYTEM UMR 5204, Université Savoie Mont Blanc, Campus scientifique, pôle montagne, Bourget du Lac 73376, France - Rock Art Research Institute, GAES, University of the Witwatersrand, P. Bag 3, P.O. Wits, Johannesburg 2050, South Africa. Elle a récemment publié :
- Baracchini L., Duval M., 2024. Partager des images, repenser le patrimoine rupestre : un projet de photographie participative avec les communautés !Xun et Khwe de Platfontein (Afrique du Sud). Nouvelles perspectives en sciences sociales [En ligne sur Erudit], vol. 20, n° 1, p. 135-179. DOI: https://doi.org/10.7202/1116924ar
- Quemin H., Duval M., Morris D., Pinto L., 2023. Exploring Multiple Conditions of Participation on Community-based Heritage Management: A Case Study of Wildebeest Kuil Rock Art Tourism Centre, South Africa. Public Archaeology, vol. 22, n° 1, p. 39-59.
- Quemin H., Duval M., Morris D., Pinto L., 2023. Exploring Multiple Conditions of Participation on Community-based Heritage Management: A Case Study of Wildebeest Kuil Rock Art Tourism Centre, South Africa. Public Archaeology, vol. 22, n° 1, p. 39-59.

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