1L’exploitation minière artisanale de l’or est une pratique ancienne au Burkina Faso notamment dans la région du Sud-ouest, encore appelée « pays Lobi ». Du fait de certains facteurs culturels et historiques liés à la colonisation (Kiéthéga, 1983 ; Giri, 1994 ; Somé, 2004), elle avait été bannie de certaines communautés de la région où l’or, notamment alluvionnaire, n’était exploité que par les femmes. Depuis 2004, la commune de Kampti, située en pays lobi, connait une ruée vers les gisements d’or filoniens, animée par des populations venant notamment des régions sahéliennes du pays et des États voisins. Le décalage initial entre les pratiques d’exploitation filonienne et des représentations associées à la vie et aux usages du métal aurifère dans la région n’ont pas été favorables à l’arrivée de ces nouveaux acteurs. Cependant, en 2018, le nombre de campements miniers aurifères artisanaux était de quatre, occupés par des milliers de personnes selon le Plan communal de développement de Kampti (PCD, 2018). Pour aboutir à cet ancrage territorial dans ce milieu où l’orpaillage filonien était presque inexistant et la recherche de l’or réservée aux femmes (surtout par pannage du minerai), la nécessité de développer des stratégies s’est imposée aux nouveaux acteurs.
2L’ancrage territorial renvoie à l’attachement social et politique à un lieu, du fait de facteurs environnementaux (économique, financier, technologique...) et des politiques publiques, qui régulent les dynamiques territoriales. Selon Elverdín et al. (2011), les processus d’ancrage des activités productives dépendent des éléments du contexte global, des conditions locales et des politiques nationales. Les facteurs politiques ont en effet contribué à l’installation et à l’ancrage de populations agricoles au Burkina Faso, lors de précédentes migrations climatiques organisées par l’État à partir de 1973 (Nébié, 1987). Si l’installation des orpailleurs n’a, elle, pas été orchestrée par les pouvoirs politiques, leur ancrage dans les territoires miniers suit un processus et des stratégies spécifiques adaptées à un milieu où plusieurs facteurs concourent à la rendre difficile.
3Contrairement aux entreprises formelles constituées d’une entité unique, les entreprises informelles en Afrique, notamment celles qui régissent les mines artisanales, sont caractérisées par leur organisation apparemment « multicéphale » en lien avec leur informalité. Cependant, ils font l’objet d’une organisation interne bien définie, tantôt puisant dans les règles étatiques, tantôt dans les relations coutumières ou traditionnelles (Arnaldi di Balme et Lanzano, 2014). Le site minier artisanal est considéré de la même manière dans cette étude : il est une entité économique productrice, avec à sa tête un comptoir privé d’achat, souvent représentant des acteurs externes au territoire d’extraction, et qui assurent une certaine organisation informelle interne, avec le concours des exploitants. Dans cet article, nous nous intéressons aux actions développées par les acteurs externes à un territoire pour y légitimer leur présence. L’accent est mis sur les relations entre les artisans miniers et les parties prenantes locales composées des gestionnaires traditionnels des ressources naturelles, les autorités coutumières, et les instances décentralisées chargées de la gestion de la commune. Le village est le territoire géré par des autorités coutumières et la commune est gérée par le Maire. Depuis début 2022, les communes sont également sous la responsabilité de Présidents de délégation spéciale. Ces deux échelles coutumière et municipale du territoire sont considérées pour l’analyse dans cet article. Le type de territoire étudié ici est le « territoire au sens économique qui se réfère à l’acquisition par la population locale d’une capacité de développement économique spécifique, à partir d’avantages naturels ou humains » (IMS et ORSE, 2006). L’orpaillage est ainsi au cœur de l’émergence économique du territoire villageois et communal.
4Les facteurs qui favorisent l’ancrage territorial relèvent du domaine économique à travers la création d’emplois directs ou indirects, la participation au développement local, la prospective, le partenariat publics/privés ; mais aussi des données environnementales (déchet, transport, maîtrise de l’énergie, énergie renouvelable, biodiversité, etc.) et du contexte social à travers, entre autres, l’accessibilité, la cohésion sociale, le bien-être de la population, le recrutement (Bres, 2016). L’ancrage territorial est ici abordé à travers la contribution de l’orpaillage à la création d’emplois informels au profit des populations locales, mais aussi les partenariats et les réalisations faites dans la commune à leur profit. On l’a dit, dans la zone d’étude, les exploitants qui ont initié cette activité sous sa forme actuelle sont majoritairement des populations exogènes ou allochtones, venues d’autres régions du pays et des États voisins. L’installation de ces nouveaux acteurs, majoritairement masculins, est d’autant plus compliquée que les populations locales, surtout lobi, avaient, elles, une perception et pratique bien différente de l’orpaillage, qui était réservé aux femmes, plutôt qu’aux hommes, et à la technique de pannage plutôt que la méthode filonienne souterraine d’extraction. La présence des nouveaux acteurs suscite donc un certain nombre de questionnements quant aux stratégies d’insertion et d’ancrage de ces nouveaux acteurs exogènes de l’orpaillage : comment ont-ils pu s’établir dans une zone où l’orpaillage était une activité réservée aux femmes et comment ont-ils pu faire accepter la méthode filonienne ?
5Nous situons la contribution de cette étude au niveau des travaux sur la légitimité locale des projets d’extraction minière, notamment à travers la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE). Cette dernière est majoritairement appliquée à la mine industrielle (Rodić, 2007 ; Jahmane et Louart 2013), alors que l’analyse portée ici montre qu’elle est également significative dans le champ de la mine artisanale. Souvent présentée de manière apolitique comme une approche bienveillante des entreprises de mine industrielle à aider les communautés avoisinantes des projets extractifs, les travaux de recherche montrent que la RSE est aussi souvent une manière de légitimer leur présence localement (Walas et al., 2022). Nous nous inspirons de ce débat pour montrer que, dans la mine artisanale aussi, ces dynamiques font écho. Alors que l’orpaillage est parfois présenté comme un phénomène social homogène, nous montrons au contraire que son expansion est aussi porteuse d’hétérogénéité sociale, culturelle et politique rendant nécessaire le développement de stratégies que nous appelons « d’ancrage territorial » qui s’apparentent à de la RSE.
6L’analyse porte sur les stratégies d’insertion et d’ancrage des artisans miniers en pays lobi, à travers le cas des sites de Fofora et de Dindoura dans la commune de Kampti. D’une superficie de 1 244 km2, Kampti a été une des premières communes de la région à accueillir un site d’exploitation artisanale contemporaine de l’or (illustration 1). De 43 850 individus installés dans 114 villages en 2006, la population de la commune de Kampti était estimée à 65 725 en 2019 selon le recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) de l’Institut National de la Statistique et de la Démographie (INSD, 2022).
7Les enquêtes au sein de la commune ont été principalement réalisées dans les villages de Fofora et Dindoura, dont relèvent les camps d’habitation et sites d’extraction de Fofora et de Galgouli qui ont également été concernés. Le choix de ces camps miniers a été guidé par leur ancienneté : ils ont été créés respectivement en 2004 et 2008. Le village de Dindoura est peuplé de Lorhon, exploitants traditionnels de l’or en Afrique de l’Ouest (Kiéthéga, 1983). Quant à Fofora, occupé par des Lobis, l’orpaillage est traditionnellement interdit aux hommes. Dans ces deux terroirs, les populations locales adoptent de plus en plus l’activité. Ces cas différents nous permettent d’intégrer les différences historiques du rapport à l’orpaillage dans notre analyse.
Illustration 1 - Localisation de la zone d’étude
Auteure : Édith Sawadogo, 2024.
8Les matériaux sont essentiellement qualitatifs, reposant sur 64 entretiens individuels ou en groupe, auprès d’orpailleurs à Fofora et à Galgouli, des autorités de la commune de Kampti et autres personnes-ressources des villages de Fofora et de Dindoura étant en mesure de se prononcer sur le contexte social de développement de l’orpaillage par des allochtones dans cette zone. Il s’agit précisément de
20 personnes du village de Dindoura dont le chef du village qui est aussi à la tête du Conseil villageois de développement (CVD),
20 personnes à Fofora dont le CVD,
10 responsables de puits d’orpaillage, soit cinq par site d’orpaillage, un focus group de 10 orpailleurs allochtones à Dindoura,
deux responsables de la mairie de Kampti,
et deux responsables de l’établissement primaire de Dindoura. Ces entretiens sont complétés, mais aussi nourris par des observations de terrain. La collecte des données s’est déroulée en mai 2018, novembre 2019 et décembre 2024 sur une durée totale de 46 jours. Le logiciel Iramuteq a été utilisé pour l’analyse thématique du corpus et ArcGis pour la cartographie.
9Cet article s’organise en deux parties. Premièrement, nous analysons les conditions géologiques ainsi que les rapports des populations autochtones à l’orpaillage comme facteurs précurseurs favorables à l’afflux des orpailleurs allochtones. Deuxièmement, nous analysons les stratégies mises en place par les artisans miniers allochtones, à travers les négociations pour l’occupation des lieux, les réalisations en faveur des populations locales, ainsi que l’implication de ces derniers aux différentes activités.
10Les facteurs précurseurs à l’afflux des exploitants sont d’abord naturels, liés à la géologie de la commune, suivis de la féminisation de l’orpaillage en pays lobi.
11Il existe des causes naturelles à l’attraction et à l’installation d’une population dans un territoire. Dans le secteur agricole, dans les années 1970-1980, les conditions climatiques plus favorables dans certaines zones surtout au sud du pays avaient amené le gouvernement burkinabè à installer des populations venant des zones éprouvées par les sécheresses successives (Nébié, 1987). Dans le domaine minier, les conditions géologiques ont été les causes directes de l’arrivée des exploitants allochtones. La commune est en effet composée de deux entités géologiques qui sont les formations détritiques du Tarkwaïen et les formations volcano-sédimentaires d’âge Birimien ou Paléoprotérozoïque (Zonou, 2005). Les roches vertes rencontrées dans la commune sont des roches méta volcanites neutres à basiques, les faciès grenus basiques associés aux méta-volcanites, les granodiorites et dans une moindre mesure dans les roches volcano-sédimentaires (tufs, gneiss) (Sawadogo, 2021). La présence de roches riches en or a favorisé les découvertes fortuites à l’origine des ruées dans la commune. La familiarité des nouveaux acteurs miniers artisanaux avec la recherche aurifère et le désintérêt des populations de la commune de Kampti pour l’or filonien ont favorisé cette occupation du milieu à des fins d’orpaillage.
12Rappelons que de manière générale, l’orpaillage était traditionnellement une activité féminine en pays Lobi avant d’être déclaré interdit aux hommes avec la colonisation (Mégret, 2013; Sawadogo, 2021). Auparavant, et au-delà du pays Lobi, l’or avait été exploité par des populations dans cette région sans distinction aucune de genre. Il s’agissait en effet des populations de l’ethnie Lorhon, actuellement habitants de Dindoura, et propriétaires terriens du site d’or de Galgouli. Ils sont des descendants des Malinkés de l’empire du Mali, préalablement installées dans l’actuelle Côte d’Ivoire (Kiéthéga, 1983 ; Somé, 2004 ; Sawadogo, 2021). Ils seront plus tard rejoints par les Koulango du royaume Ashanti (actuel Ghana), les Touna, descendants des Lorhon (Kiéthéga, 2008), ainsi que les Bwaba (Somé, 2004). Leurs exploitations de l’or vont cependant cesser avec la colonisation, qui va mettre fin au travail forcé, précédemment source principale de main-d’œuvre pour l’orpaillage (Kiéthéga, 1983, 2009 ; Somé, 2004 ; Mégret, 2013). Au sortir de la colonisation, la mésaventure des travaux forcés, qui obligeaient aussi bien les anciens esclaves que leurs anciens maîtres à rechercher l’or pour le paiement de l’impôt de capitation, a eu un impact culturel sur l’extraction minière artisanale. En effet, pour échapper à ces travaux forcés, les populations du pays Lobi vont renforcer les interdits autour de l’or en interdisant l’activité aux hommes (Kiéthéga, 1983 ; Zonou, 2005 ; Mégret, 2013). Les femmes ont assuré ainsi la production de l’or après la colonisation jusqu’à l’arrivée des orpailleurs contemporains dans le terroir de Dindoura (Galgouli en 2008) après une précédente installation dans d’autres terroirs de la commune (un peu plus tôt à Maména en 1998 et Fofora en fin 2004). Leur arrivée dans la commune a favorisé une reprise de l’orpaillage par les Lorhons et certains Lobis.
13L’arrivée d’orpailleurs allochtones a constitué une nouvelle source de rente bien accueillie par certaines localités et plus ou moins combattue par d’autres. Dans tous les cas, les orpailleurs ont pu tant bien que mal convaincre les populations locales à faciliter leur installation dans des campements et dans les sites d’extraction du minerai aurifère. La présence actuelle de ces exploitants principalement dans des campements miniers, territoires qui leur sont dédiés depuis la renaissance de l’orpaillage, est la preuve de l’existence de facteurs facilitant leur ancrage territorial. Ci-dessous nous analysons les différentes stratégies qui facilitent cet ancrage. Nous commençons par les négociations avec les autochtones en vue de paiement de loyer d’installation ou d’accès au terrain pour l’extraction et le traitement du minerai, qui aboutit à un partage de la rente minière artisanale, et ce malgré leurs relations vis-à-vis de l’or. Nous continuons avec l’implication d’acteurs locaux dans les activités, en finissant par les réalisations sociales au profit de la communauté en passant par les implications multiformes de ces derniers.
14À l’échelle des villages, dans le but d’une installation, des actions comme les négociations sont menées par les orpailleurs à travers leurs leaders. Cela a abouti pour les sites étudiés à des versements de loyer pour une occupation de l’espace à des fins de logement ou d’extraction. Dans la commune de Kampti, les négociations se font avec les propriétaires terriens, notamment avec les aînés. Seulement les propriétaires terriens dont le domaine est occupé sont dédommagés. En cas de réinstallation suite à des conflits, de nouvelles négociations sont entreprises comme ce fut le cas dans le site de Fofora en 2019 suite à un déguerpissement en 2017. En fonction de la zone concernée, les types d’acteurs impliqués dans la négociation diffèrent. Les négociations ont lieu aussi bien pour l’installation des camps miniers que pour le forage des puits d’orpaillage. Pour l’installation et les débuts de forage de puits, des fonds sont demandés par les propriétaires terriens pour des sacrifices. Il s’agit en effet de contributions sous forme de location pour l’occupation des biens fonciers informellement privés. Les négociations pour l’installation des exploitants d’une activité sont également observées dans le milieu agricole, comme au Sénégal dans le secteur de l’agro-industrie. En effet, des négociations sont entreprises en vue de l’installation de l’entreprise ou de l’extension des superficies cultivées de l’entreprise agricole (Bourgoin et al., 2017). Toujours au Sénégal, Touré montre l’existence de négociation auprès des coutumiers, pour la mise en valeur du foncier par les sociétés d’aménagement des terres. Des dédommagements ou un traitement prioritaire lors des attributions de parcelles aménagées leur sont alors proposés (Touré, 2021). Des pratiques similaires ont lieu dans nos cas d’étude : les cautions d’installation et de réinstallation sont demandées dans chaque site d’orpaillage à Kampti auprès des artisans miniers (Zonou, 2005 ; Mégret, 2013).
15Aussi, à la découverte d’un filon, les chefs de puits allochtones doivent verser des montants variables pour des sacrifices aux propriétaires terriens. En fonction de l’âge de la mine artisanale, les montants ont connu des évolutions. En 2012, à la découverte de filon d’or, chaque propriétaire de puits devait verser 2 000 FCFA pour l’achat d’une poule à des fins de sacrifice (Mégret, 2013). Ce montant a évolué et en 2019, une somme forfaitaire supérieure à 2 000 FCFA était demandée aux exploitants des différents sites de la commune.
16Selon un propriétaire de puits à Galgouli, « l’obtention d’un puits est conditionnée par le paiement d’une somme pour des sacrifices à la découverte d’un endroit » (Entretien avec un chef de puits dans le site de Galgouli, Kampti, mai 2018). Ces dépenses ont pour but de favoriser une bonne productivité en toute sécurité. Cela relève de la croyance qu’ont les habitants et les artisans miniers, de l’existence d’une communauté spirituelle ayant le pouvoir d’influencer leurs activités. Dans la commune de Kampti, l’or représente une matière appartenant aux génies, divinités ou ancêtres. Il est autorisé aux humains seulement sous certaines conditions : les sacrifices. Des sacrifices en lien avec l’obtention de la permission des êtres invisibles sont constamment réalisés par les autorités coutumières au nom des orpailleurs, notamment en cas de perte en vie humaine. Les artisans miniers allochtones, régulièrement en porte-à-faux avec les us et coutumes par ignorance, sont en effet tenus pour responsables, par les locaux, des accidents se déroulant dans la commune et dans les sites d’orpaillage (Sawadogo et Da, 2020).
17Au-delà des êtres invisibles auxquels il faut faire des sacrifices par l’intermédiaire des coutumiers et propriétaires terriens, des négociations pour l’exploitation des puits se font entre les différentes parties prenantes (propriétaires terriens et chefs de puits). « Le responsable du puits approche le chef du village qui donne les conditions et le montant nécessaires pour les sacrifices. Par la suite, les propriétaires de puits et du terrain s’entendent sur le mode de paiement (argent, moto …) » (entretien avec un chef de puits dans le site de Galgouli, Kampti, mai 2018). Les différentes actions de solidarité envers les populations proches des entreprises informelles et les actions qui visent à faire des sacrifices pour le bon déroulement des activités sont donc à considérer dans ces stratégies d’ancrage.
- 1 1euro = 655,67 francs CFA.
18Ainsi, les orpailleurs allochtones sont aussi à l’origine de dons en nature et en espèce, qui favorisent leur ancrage. Les dons en espèces peuvent aller de 1 000 FCFA à plus de 50 000 FCFA (de 1,53 à plus de 76,25 euros1). Si les faibles sommes sont données dans le cadre d’une invitation pour une calebasse de dolo au cabaret du site, des montants de 50 000 francs CFA sont demandés pour l’ouverture d’un puits. Dans le Sanmatenga, ce montant était de 25 000 FCFA (Zongo, 2019) (38,12 euros environ). Ces montants pour l’ouverture de puits sont aussi observés dans les autres sites de la commune comme Bandadjara, Sangboulanti (Mégret, 2013 ; Sawadogo, 2021). Selon certains chefs de puits, le cumul des montants donnés aux propriétaires terriens pendant l’exploitation d’un puits dans le site de Galgouli peut souvent atteindre les 3 000 000 de francs CFA (4 574,89 euros), voire plus. Les dons en nature sont souvent l’achat d’engins de déplacement pour le propriétaire terrien. Certains propriétaires de puits s’expriment en ces termes : « pendant l’exploitation de mon puits, j’ai donné aux propriétaires terriens des motos et des sommes allant de 250 000 à 1 000 000 de FCFA (de 381,24 à 1 524,96 euros) » (entretien avec un chef de puits dans le site de Galgouli, Kampti, mai 2018). Les montants importants servent souvent à l’achat de biens matériels ou pour la construction et la réfection de l’habitat des populations locales qui sont propriétaires de terre où l’on a des puits d’orpaillage.
19En plus de ces actions isolées, des acteurs locaux ou administratifs vont vers les orpailleurs pour demander du soutien. C’est ce qui ressort d’une discussion avec un groupe de responsables d’orpaillage allochtones en novembre 2019 dans le site d’orpaillage de Galgouli. « Au début de l’orpaillage dans la commune en 2008…, nous sommes allés voir un responsable de l’administration à Gaoua et de la commune à Kampti qui a accepté de prendre nos présents. Ils viennent vers nous individuellement pour demander de l’aide » (entretien avec un groupe d’orpailleurs dans le site de Galgouli, novembre 2019). Ces actions relèvent, selon Olivier de Sardan (1996) de l’économie morale de la corruption. En effet, dans l’administration africaine des personnes haut placées peuvent profiter de leur position pour obtenir des faveurs d’autres acteurs en position de faiblesse, ce qui semble être le cas présent. Les actions des orpailleurs paraissent alors comme un moyen de se faire accepter par les autorités, dans ce milieu traditionnellement hostile à l’orpaillage filonien. Ces actions ont sans doute nourri une certaine empathie de l’administration, des autorités municipales ou coutumières pour les exploitants qui évoluent dans l’illégalité, leur permettant de s’installer ainsi dans les terroirs villageois de la commune. Ces pratiques sont acceptées, car l’orpaillage est perçu comme une contribution à l’amélioration des conditions de vie des populations, soit en favorisant l’amélioration de l’habitat, soit à travers l’acquisition de biens matériels par les populations locales, qui trouvent dans l’orpaillage une source de rentabilité. Cette économie morale est donc un facteur d’ancrage clé des orpailleurs allochtones.
20De façon générale, de nos entretiens auprès des habitants de Dindoura et Fofora, l’orpaillage était perçu comme une mauvaise chose au début de la ruée dans la commune. Il était perçu comme un problème social. Un habitant de Dindoura affirme en novembre 2019 que : « À l’arrivée des orpailleurs allochtones, c’était un problème avec les enfants et les jeunes du village qui allaient dans le site contre la volonté de leurs parents ». Cependant, actuellement les perceptions ont changé. Selon le même interlocuteur « actuellement, quelques jeunes fréquentent le site et d’autres sont même devenus officiellement des orpailleurs. Certaines personnes arrivent à tirer profit de l’orpaillage en construisant des maisons (illustration 2) et en s’achetant des motos ». D’autres investissements ont pu être faits pour plus de rentabilité notamment dans le lavage des engins dans le site de Galgouli » (entretien avec un habitant de Dindoura, novembre 2019).
Illustration 2 - Maison construite en 2019 par un autochtone orpailleur de Fofora
Source : Sawadogo, 2021.
21Un autre habitant affirme son intérêt pour l’activité par ces propos : « avant l’arrivée des orpailleurs, j’étais élève et maintenant je suis creuseur de puits d’orpaillage. Nous sommes 8 dans notre famille et je fais l’orpaillage avec le chef de famille. L’orpaillage nous permet de subvenir à nos besoins » (entretien avec un ressortissant de Dindoura, novembre 2019). Dans le même sens, « l’orpaillage est considéré comme une bonne chose, un mal nécessaire, car il permet aux orpailleurs autochtones de subvenir aux besoins de leur famille et de s’occuper des soins médicaux » (entretien avec un habitant de Fofora, novembre 2019). Cette perception de l’orpaillage comme « mal nécessaire » traduit bien l’ambiguïté toujours présente de cette forme d’ancrage territorial : d’une part il est clair que l’activité tient une importance économique pour les populations, d’autre part celle-ci a des conséquences néfastes sur l’environnement et la société.
22Traditionnellement exploitants de l’or, les Lohrons ont d’abord observé les orpailleurs allochtones exploiter l’or avant de s’y impliquer. Leurs relations traditionnelles à l’or ont favorisé une intégration plus ou moins pacifique des nouveaux chercheurs d’or dans le terroir. Ils se sont progressivement impliqués dans l’orpaillage en occupant, pour les hommes des postes de chefs de puits et des creuseurs de puits d’or, et pour les femmes des postes de gestionnaires de hangars de traitement et de laveuses de minerai aurifère. Dans la zone de Fofora, même si des conflits violents ont opposé les locaux aux nouveaux arrivants miniers, l’activité a été adoptée au fil des années par les populations locales. Cette nouvelle implication semble être une aubaine pour les populations de Dindoura et de Fofora qui ne manquent pas d’exprimer leur satisfaction pour cette activité. Cette organisation du travail dans les années 2004 a évolué. De nos jours, le type d’acteurs de la chaine de traitement du minerai a été modifié. Des hommes détenteurs de trous d’extraction possèdent aussi des hangars de mouture et de traitement du concentré de minerai et embauchent des femmes pour la gestion des hangars de concentration du minerai.
23Ainsi, dans le cadre de leurs activités, l’ancrage des exploitants miniers artisanaux allochtones se fait non seulement à travers le prix des sacrifices et de la rente avec les propriétaires terriens, mais elle s’est construite également à travers l’emploi d’orpailleurs locaux. Au-delà de la simple volonté d’aider les populations à améliorer leurs conditions de vie, l’implication de la population satisfait à la fois le besoin de main-d’œuvre des orpailleurs allochtones et facilite l’atteinte de leurs objectifs d’exploitation. Cette implication favorise la cohésion sociale dans la mesure où aussi bien les allochtones que les autochtones tirent profit, même si de façon disproportionnée, et facilite donc l’ancrage des premiers, et la pérennisation de cet ancrage.
24Au-delà de ces implications qui occupent les jeunes à la recherche d’emploi, les orpailleurs allochtones contribuent à la réalisation d’infrastructures publiques au profit des populations locales, qui s’apparente de manière intéressante à la RSE. Bien que ces réalisations ne soient pas générales, elles se font de manières directes ou indirectes selon que l’on soit à l’échelle villageoise ou communale. En ce qui concerne l’échelle du village, une réalisation a par exemple été faite pour l’éducation de la jeune enfance à Dindoura. Il s’agit d’une école primaire sous paillote de l’État reconstruite en 3 classes par les orpailleurs à la demande de la population locale. Approchée par la population locale, l’association des orpailleurs de Galgouli a procédé à des cotisations par puits, hangars, moulins et lieux de commerce pour réunir des fonds selon la capacité de chacun (Sawadogo, 2021).
25Cette infrastructure a été en effet réalisée après installation des orpailleurs allochtones dans le territoire villageois, où seulement des négociations liées à leurs installations et sanctionnées par le paiement de loyer étaient la condition. Cependant pour rendre durable leur présence, des négociations de réalisation d’infrastructures ont été faites plus tard. L’établissement (illustration 3) est d’une importance capitale pour le village de Dindoura d’autant plus que c’est le seul dans le village. Construit à 100% par les orpailleurs, il est aussi bien fréquenté par les enfants de Dindoura, des villages environnants que du site d’orpaillage.
Illustration 3 - Établissement construit par les artisans miniers du site de Galgouli
Auteure : Édith Sawadogo, décembre 2024.
26Depuis son inauguration en novembre 2018, l’infrastructure a accueilli environ 298 enfants, dont 155 filles et 143 garçons (tableau 1), dans de bien meilleures conditions.
Tableau 1 - Effectif cumulé des élèves de l’école primaire publique de Dindoura
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Filles
|
Garçons
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Effectif Total
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2018-2019
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58
|
67
|
125
|
2019-2020
|
94
|
95
|
189
|
2020-2021
|
94
|
95
|
189
|
2021-2022
|
103
|
102
|
205
|
2022-2023
|
103
|
102
|
205
|
2023-2024
|
37
|
45
|
82
|
2024-2025
|
89
|
86
|
175
|
Source : Direction de l’école primaire de Dindoura, décembre 2024.
27Selon le tableau 1, après des recrutements consécutifs des deux premières années, les nouveaux élèves sont recrutés toutes les deux années comme dans les écoles classiques à 3 classes. Chaque recru doit faire 2 ans en Cours Préparatoire (CP), en Cours Elémentaire (CE) et au Cours Moyen (CM). Le même effectif est ainsi formé pour deux ans s’il n’y a pas de redoublant ni de renvoi. Les importantes baisses d’effectif sont observées après les fins de cycles, lorsqu’il y a des admis au certificat d’études primaires, comme c’est le cas ici en 2022-2023. Cependant dans les différents effectifs, les enfants du village de Dindoura sont faiblement représentés contrairement aux élèves des orpailleurs. Selon un responsable de l’école, les enfants de Dindoura représentent seulement 10 à 15 % des effectifs des différentes promotions. Cela s’explique par un taux de scolarisation endémique, mais dans une moindre mesure du fait du faible effectif de la population de Dindoura par rapport à celles du site d’orpaillage où des milliers de personnes vivent avec des enfants de bas-âge. À titre d’exemple, selon le RGPH 2019, 179 enfants avaient l’âge entre 4 à 5 ans en 2019 et éligibles pour les recrutements au cours préparatoire (CP) en 2021-2022. Cependant, selon le tableau, seuls 16 élèves, sans distinction d’origine, ont été recrutés par l’école, faisant passer l’effectif de 189 en 2020-2021 à 205 en 2021-2022, avec le même effectif durant l’année scolaire suivante. En 2023-2024 le nombre a baissé de 205 à 82, suite à l’admission des élèves en deuxième année de cours moyen (CM) au Certificat d’Études Primaire (CEP) en 2023, correspondant aussi à la fin du parcours des premiers élèves. En outre, certains élèves auraient déménagé avec leurs parents orpailleurs selon notre interlocuteur au sein de l’école. Les prochains recrutements n’ont eu lieu qu’en 2024-2025, d’où une nouvelle hausse des effectifs de 82 à 175. Au vu du nombre d’enfants d’orpailleurs à plus de 80 %, leur contribution aux cotisations des parents d’élèves est plus significative. Ces chiffres compliquent évidemment les discours dominants sur le travail des enfants dans l’orpaillage, mais l’importance ici est de montrer que l’ancrage des orpailleurs allochtones ne se fait pas gratuitement : elle passe par la construction d’infrastructures, qui favorise tantôt les autochtones, même de manière moindre, et les orpailleurs allochtones.
28La construction de cet établissement jadis sous paillote, par les orpailleurs, est une fierté aussi bien pour les orpailleurs que pour les autochtones. Ces derniers voient en ce geste une avancée pour leur village en matière d’éducation, mais aussi un renforcement de la cohésion sociale, gage d’un bon ancrage pour cette entité économique. Cependant, le faible effectif des élèves autochtones montre que l’établissement est plus bénéfique pour les orpailleurs que pour les autochtones qui n’envoient pas tous leurs enfants à l’école. L’état d’esprit des acteurs (autorités communales et coutumières, populations locales) à la réception de l’infrastructure confirme cependant leurs satisfactions quant à la présence des orpailleurs comme un facteur favorable à l’épanouissement du village (Sawadogo, 2021). La nouvelle infrastructure réduit en effet pour ses bénéficiaires leur exposition aux intempéries des saisons qui rendent les conditions d’apprentissage difficiles. Elle améliore ainsi les conditions de travail et d’apprentissage des enseignants et des élèves.
- 2 Ouattara K.A.K., 7/10/2018. Comme rurale de Kampti : Des orpailleurs offrent une école aux habitant (...)
29À la cérémonie de réception officielle de l’édifice le 6 octobre 2018, en présence des autorités communales, le maire de la commune a salué l’initiative des orpailleurs et a garanti le soutien du conseil municipal aux orpailleurs donateurs. Ces actions sont selon lui, un gage des relations saines entre exploitants miniers artisanaux et les populations locales. Ce qui traduit une volonté des autorités à accompagner les donateurs, malgré l’informalité de leur activité, donc à leur accorder une certaine légitimité. Le maire l’exprime en ces termes : « le conseil municipal ne ménagera aucun effort pour accompagner les initiateurs de cette œuvre sociale2». À travers cette construction, les orpailleurs allochtones bénéficient donc de légitimité « par le bas » des autochtones, mais également « par le haut » des autorités étatiques, et ce malgré leur informalité.
30Sur le plan communal, les orpailleurs contribuent également indirectement à la réalisation d’infrastructures. En effet, malgré que leur activité soit informelle, ils payent des taxes à la commune qui sont injectées dans le budget qui sert à certaines réalisations. Ces taxes mises sur le compte de la compensation de la dégradation du domaine communal sont collectées par la mairie. À cet effet, en 2017, la Mairie a collecté environ 8 716 000 FCFA (13 288 euros), à raison de 50 000 FCFA (76,22 euros) par trou (120 trous payés) sur un total de 180 recensés (Sawadogo, 2021). Ces contributions sont utilisées, selon un agent de la mairie, pour la construction d’infrastructures commerciales dans la commune. Des magasins en location ont été réalisés dans le chef-lieu de la commune et d’autres en cours de construction par la mairie. Ces infrastructures sont réalisées pour le bénéfice final de la municipalité, qui va percevoir des loyers auprès des locataires. Toutefois, selon nos observations, la réhabilitation des espaces détériorés par les activités minières n’est pas une priorité pour les parties prenantes. Il faut alors noter un usage tronqué des taxes collectées à cause de la dégradation de l’environnement. Ces négociations informelles contribuent également à l’ancrage territorial des orpailleurs allochtones.
31Dans ce milieu informel, l’orpaillage et les activités économiques connexes échappent au contrôle de l’État, les rendant illégales. Pour légitimer leurs pratiques et galvaniser leur ancrage, les artisans miniers ont développé des actions qui leurs permettent de non seulement s’installer, mais aussi d’avoir accès à la source de leurs activités. En effet, les responsables des comptoirs d’achat, avec le concours des propriétaires de puits, développent des pratiques chargées de renforcer la légitimité de cette activité. Leurs actions peuvent aussi bien survenir avant ou pendant leur installation. L’aide apportée à la population avant l’installation se présente comme un moyen d’obtenir les autorisations nécessaires dans le terroir villageois et cela a été beaucoup plus observé dans le site de Fofora où la population était hostile à l’orpaillage. Les stratégies d’ancrage pour ces exploitants informels et illégaux paraissent alors, tout comme le montrent les travaux politisant la RSE (Walas et al., 2022), non seulement comme une question de moralité, mais aussi une question de survie de l’activité minière artisanale.
32Les contributions des acteurs miniers artisanaux au développement local se font à travers des réalisations directe ou indirecte d’infrastructures en faveur des populations riveraines. Leurs contributions concernent aussi bien des milliers de francs CFA qui sont injectés dans les terroirs villageois en vue d’accéder aux ressources, que la garantie de leur ancrage. Ces actions s’assimilent à la Responsabilité Sociale des Entreprises, observée dans le secteur industriel où les réalisations sont dans un cadre formel et contribuent à légitimer ces sociétés. Dans le milieu des sociétés minières artisanales non formelles, les retombées socioéconomiques profitent aussi bien aux populations autochtones qu’aux allochtones qui dépendent de l’exploitation du minerai aurifère. En définitive, les réalisations et les compensations entreprises permettent aux acteurs étrangers de se maintenir dans les territoires miniers qui les ont accueillis tout en contribuant à leur développement. Cela traduit une légitimation de cette activité illégale.
33Il s’agit de pratiques courantes dans le domaine minier dans la commune de Kampti et ailleurs au Burkina Faso. En effet, dans un contexte précaire et incertain d’obtention d’autorisations formelles d’exploitation, les exploitants illégaux et informels font des dons de diverses natures aux propriétaires terriens, autorités villageoises et communales dans le but de sécuriser leur présence. Ces pratiques relèvent d’une économie informelle classique de la dette au sein de laquelle des opérateurs travaillent à maintenir au mieux leurs activités en « obligeant » leurs hôtes par le biais de dons généreux. En Afrique et notamment au Burkina Faso, l’informalité importante du milieu entrepreneurial entraine des actions relevant d’une économie informelle à l’origine du renforcement de l’ancrage de leurs activités. Selon Biwolé-Fouda (2023), il s’agit de valeurs révélées par les savoirs locaux et les pratiques ancrées. En fin de compte, les exploitants qui cherchent à s’intégrer dans les territoires riches en ressources et les populations détentrices des ressources profitent tous des retombées économiques de l’exploitation des ressources.
34Les œuvres en faveur des populations locales constituent des actions non-inscrites dans le circuit formel bien que mobilisant souvent des acteurs administratifs et politiques comme dans le cas de la remise des clés de l’infrastructure scolaire à Dindoura. Elles sont souvent le fait de négociations entre acteurs qui commencent dès que la richesse en or du minerai semble avérée dans un territoire. Des négociations sont faites dans le but d’une installation prolongée d’habitations à proximité de la ressource. Aussi, l’accès à la ressource va-t-il nécessiter des négociations continues à chaque fois qu’une recherche ou exploitation est à entamer. Les entreprises informelles minières sont ainsi continuellement à la recherche d’accords pour un accès aux ressources. L’installation des artisans miniers dans les villages miniers de la commune a engendré avec le temps une implication des riverains (autochtones) qui se privaient de l’orpaillage au début de la ruée de 2004. Cela est une des garanties pour un ancrage et une bonne continuité de l’activité pour les allochtones. Cet ancrage n’empêche pas les perpétuelles négociations avec les parties prenantes locales en rapport avec la ressource minière ou d’autres ressources indispensables à l’orpaillage.
35Cependant, il faut reconnaître la limite de cet ancrage qui reste partielle, dans la mesure où les problèmes environnementaux et sociétaux qui en découlent restent une réalité, et mettent en question la durabilité de l’activité minière artisanale. L’ancrage est donc fragile, compte tenu de l’incertitude économique dans laquelle se situe l’orpaillage, de sa participation au développement local, et des aspects environnementaux et sociaux. Dans la commune et dans les sites d’études, la dégradation de l’environnement à travers la coupe du bois et l’utilisation des polluants chimiques est une réalité qui fait de l’orpaillage un « mal nécessaire », pour reprendre l’expression d’un de nos interlocuteurs, plutôt qu’un mode de vie viable sur le long terme (Razanamahandry, 2017 ; Sawadogo et Da, 2021). Aussi, dans le site de Fofora, plusieurs conflits entre orpailleurs allochtones et population locale ont été enregistrés à plusieurs reprises (Cros et Mégret, 2018 ; Sawadogo et Da, 2020). Ces contraintes constituent une limite à l’ancrage effectif des orpailleurs.