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Situations

Écrire les lieux du travail. Espace, référentialité et mémoires urbaines dans trois écrits littéraires ouvriers de la première moitié du XXe siècle

Samia Myers
p. 115-135

Résumés

À partir de l’analyse de trois écrits littéraires ouvriers de la première moitié du XXe siècle, cet article s’intéresse à la manière dont les auteur·rice·s ouvrier·ère·s – ici, Marguerite Audoux, René Bonnet et Albert Soulillou – ont mis en mots les lieux du travail. Du petit atelier de couture à la grande usine automobile, en passant par la ville elle-même, où travaillent les charpentiers, les espaces évoqués sont différents les uns des autres, tout comme les moyens d’écriture adoptés par les auteur·rices. Tous.te·s, néanmoins, réalisent, par l’écriture, des gestes singuliers: Audoux constitue l’atelier de couture en refuge féminin; Bonnet inscrit dans la ville de Paris le travail des charpentiers; Soulillou oppose à l’usine un espace onirique dans lequel s’affirme la singularité des travailleur·se·s.

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Extrait du texte

Ce document sera publié en ligne en texte intégral en mai 2024.

Plan

1. De l’atelier au refuge: l’écriture comme aménagement
1.1. L’atelier, espace central et espace précaire
1.2. L’atelier refuge
2. Construire la ville et la mémoire du travail
3. Poème au seuil de l’usine: du lieu réel au lieu rêvé?
Conclusion

Aperçu du texte

«Mon pauvre vieux, est-ce que tu pourras vivre là, est-ce que tu seras aussi fort que les autres?» Telle est la question que se pose Georges Navel, alors ouvrier, lorsqu’il entre pour la première fois dans le hall de l’usine Citroën de Saint-Ouen, dans les années 1920. Saisi par les proportions et par l’atmosphère bruyante, c’est par le biais d’une interrogation sur la possibilité même d’habiter ce lieu, de «vivre là», que Navel choisit de formuler dans son autobiographie ses premières impressions de la grande usine de banlieue parisienne. Ce lieu de travail apparaît donc comme un espace singulier et revêt une fonction narrative conséquente: il s’agit d’un lieu imposant et hostile qu’il faudra pourtant occuper quotidiennement et tenter d’apprivoiser.

L’importance accordée à la description ou à l’évocation du lieu de travail est une caractéristique que l’on retrouve dans un grand nombre d’écrits littéraires ouvriers du XXe siècle. Avant de s’arrêter sur l’activité ou sur la tâche, la...

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Pour citer cet article

Référence papier

Samia Myers, « Écrire les lieux du travail. Espace, référentialité et mémoires urbaines dans trois écrits littéraires ouvriers de la première moitié du XXe siècle »Études de lettres, 320 | 2023, 115-135.

Référence électronique

Samia Myers, « Écrire les lieux du travail. Espace, référentialité et mémoires urbaines dans trois écrits littéraires ouvriers de la première moitié du XXe siècle »Études de lettres [En ligne], 320 | 2023, mis en ligne le 15 mai 2024, consulté le 02 juin 2023. URL : http://journals.openedition.org/edl/4511 ; DOI : https://doi.org/10.4000/edl.4511

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Auteur

Samia Myers

Université de Strasbourg

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Droits d’auteur

Tous droits réservés

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