Numéro coordonné par :
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Rémi Casanova (Université de Lille)
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Camille Roelens(Universitéde Lausanne)
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Sylvain Connac(Université Paul-Valéry Montpellier 3)
Envoyer vos propositions d’articles àremi.casanova@univ-lille.fr–roelens.camillejean@orange.fr–sylvain.connac@univ-montp3.fr
Chaque proposition doit prendre la forme d’un résumé de 2000 signes maximum auquel peuvent être ajoutées, au maximum, 5 références bibliographiques destinées à exposer l’ancrage scientifique de la proposition et/ou les choix méthodologiques effectués. Indiquer de façon systématique : vos références institutionnelles, courriel auquel on peut vous contacter, l’axe choisi, le titre de l’article.
Envoi des propositions pour : Juin 2023
Envoi des articles : Janvier 2024
Retour des expertises de l’article : Avril 2024
Envoi des articles définitifs : Octobre 2024
Publication décembre 2024
Concilier l’égalisation démocratiqueprogressive des droits fondamentaux (Renaut, 2002) et la responsabilité éducative en ce qu’elle suggère d’asymétrie dans la relation constitue un défi majeur pour les temps démocratiques (Foray, 1996). Quelles en sont les conditions ?
Pour toute perspective de socialisation éducative et/ou scolaire en général (Durkheim, 1992/1999 ; Simmel ; 1908/2013), si l’on souhaite envisager cette dernière à l’aune de l’idéal démocratique en particulier (Dubar, 1997/2015 ; Paturet, 1998 ; Vincent, 2019), nul élève ne doit être vu comme une cire vierge. Qu'en est-il de ceux qui cherchent, guident, accompagnent, enseignent et managent ? Les maîtres ont eu des maîtres (Steiner, 2003). Chacun, un jour ou l'autre, n'a-t-il pas été pris par la main ? Il convient alors de jeterun regard rétrospectif et projectif, empreint de gratitude comme de critiques, sur ceux qui furent les maîtres à penser, bref de réfléchir à nos origines idéologiques, pragmatiques et académiques. Plus que de chercher nos pères, très souvent parmi nos pairs, de rechercher nos grands-pères, ceux qui ont construit les paradigmes dans lesquels se déploient nos pensées, nos axes et nos actes.
Le présent dossier souhaite donc contribuer de manière originale à ce complexe champ de réflexion sur la conversion duprojet démocratique en pratiques éducatives (Blais,et al., 2002/2013 ; Dubet et Duru-Bellat, 2020 ; Dupeyron, 2021 ; Meirieu, 2020, Merle, 2002/2017 ; Prost, 1992/1997 ; Statius, 2009) en s’emparant plus spécifiquement des théoricien.ne.s et de praticien.ne.s que l’on peut à bon droit identifier comme des « figures inspirantes pour une socialisation démocratique dans et par l'éducation ».
Il s’agira donc en premier lieu de comprendre en quoi chaque figure étudiée, sa personne, son œuvre, ses positions, sesconcepts et ses écrits sont aujourd'hui encore inspirants ou en quoi ils ont été inspirants de pensées et pratiques visant à une socialisation démocratique dans et par l’éducation. En quoi cette personne, en tant qu'homme ou femme, théoricien et praticien, marque notre époque, directement ou indirectement, dans les différents champs qu'il a abordés ? En quoi fait-il école ? Dans quels domaines, selon quelles modalités et dans quelles institutions trouve-t-on des traces, des marqueurs de sa pensée ? Peut-onparler à leur endroit de figures d’autorité (Pain et Vulbeau, 2001 ; Prairat, 2010) ? Mais, avec et au-delà de la personne, il s'agit de penser les concepts, les idées, les épistémologies, les méthodologies que ces mêmes figures ont développées. Il s'agitdonc essentiellement de reconnaître et d'interroger les filiations, les généalogies, les cultures et, à travers elles, la construction identitaire de chacun en tant que sujet, acteur social et institutionnel, chercheur et enseignant. Le geste de l’inspiration en éducation questionne également celui de la critique comme de l’utopie, de la peur comme de l’espoir (Cornu, Pompougnac et Roman, 1990 ; Pereira, 2018 ; Rancière, 2005).
L’ombre d’une appréhension partielle voire partiale desdites figures, et peut-être même d’une instrumentalisation de ce qui est inspirant, ne peut que planer sur un tel projet intellectuel. S’il peut sembler nécessaire de l’accepter et de l’assumer, jusqu’à un certain point, la rigueur scientifique exige également de pouvoir justifier cette prise de risque dans sa singularité chaque fois qu’elle survient, de l’analyser et de la mettre en perspective avec les données historiques et les connaissances contemporaines. Ce dossier se conçoit donc également comme un espace potentiel de dispute intellectuelle et de recontextualisation plus que de revisite et/ou d’affirmation d’une orthodoxie ou d’une orthopraxie.Conséquemment, les auteur.e.s sont ici invités autant à penserlafigure inspirante qu’à partir dela figure inspirante. Il leur faudra aussi, quels que soient leurs terrains d'exercices et leurs coordonnées d’énonciation - université, institution, cabinet, association -, leurs statuts ou leurs fonctions, chercher à dévoiler, penser, révéler, analyser, critiquer, mettre en perspectiveles figures inspirantes à travers leur vie, leurs écrits, leurs idées,du point de vue du développement des liens sociaux pour lesquels ils ont œuvré ou contribué. Nous privilégierons les figures dont l’œuvre participe à la construction desentiments d’appartenance à des collectifs (Oury, 2005) plus que celles qui ont agi dans des optiques de développements personnels.
Cet appel à textes est ouvert aux sciences de l’éducation et de la formation dans toute leur pluralité constitutive d’approches. Il est enrevanche demandé que les propositions d’articles s’appuient nécessairement sur l’analyse de données, qui peuvent être empiriques ou textuelles mais dont le traitement et la discussion avec rigueur et réflexion critique sera un critère important pour la sélection des propositions de contributions, puis le cas échéant pour la pré-expertise des textes complets, puis leurs expertises en double aveugle selon les procédures et grilles en vigueur dans la revue. Nous retenons ici quatre axesthématiques dans lesquels les appréhensions des figures inspirantes dont les auteur.e.s se saisiront (et qu’ils et elles préciseront explicitement dans leurs propositions) devront s’inscrire :
- inspiration à travers les ouvrages, concepts et épistémologies écrits, développés et mobilisés par la figure en question.
- inspiration à travers lapraxis, les pratiques, les outils et les méthodes mobilisés par la figure en question.
- inspiration à travers les réseaux de sociabilité et les histoires de vie dans lesquels la figure travaillée s’est trouvée prise durant son existence.
- inspiration à travers les organisations et les institutions que l’œuvre de la figure travaillée a inspirées et/ou que cette même figure a directement contribué à développer.
À condition de s’inscrire dansces axes thématiques, il est enfin possible de proposer, en les argumentant, des rapprochements et/ou comparaisons entre deux figures inspirantes.