1En Sciences de l’éducation et de la formation (SEF) comme dans d’autres domaines des sciences sociales, nombreux sont les chercheurs, parmi lesquels les doctorants, qui ont recours au traitement statistique de leurs données. L’ouvrage dirigé par Clara Solier, Lucille Soulier et Nour Ezzedine, dans cette perspective, fournit des éléments descriptifs, démonstratifs, mais également déontologiques qui ne se limitent pas aux seules Sciences du langage (SDL), et s’inscrivent dans une évidente transversalité.

2Plusieurs atouts, à cet égard, peuvent être attribués à ce volume. Le premier consiste dans la présentation, par des personnes qui en ont fait un usage assidu et critique, de plusieurs types de traitements et méthodes d’analyse statistique à la disposition des chercheurs. Sur une base vulgarisatrice bienvenue, sans pour autant verser dans une simplification réductrice, les auteurs exposent différents formats de (méta)données orales comme écrites, ainsi que de précieuses indications sur les mesures, les outils de transcription, de formatage et d’annotation des corpus, avec des informations clés sur les variables retenues pour l’analyse. S’ensuivent une introduction à R, abondamment sollicité en SEF, et des exemples concrets de tests inférentiels bivariés, d’analyse de régression linéraire (fonctionnement et modélisations), ou logistique, que terminent deux chapitres : l’un sur la classification hiérarchique ascendante, l’autre sur les protocoles expérimentaux à cas unique.

3Un autre atout de l’ouvrage relève des multiples avertissements produits par les contributeurs, entre autres sur les failles possibles de la détection de F_O pour le traitement de l’oral spontané (p. 18-19), les erreurs et fluctuations d’échantillonnage (p. 175 sqq), l’incompréhension de ce qu’exprime la p-value (p. 188 sqq), mais aussi les nécessaires phases de correction manuelle des transcriptions (p. 55-58), de standardisation des échelles de mesure (p. 278), ou encore de réplication indépendante du protocole (p. 311-312). Cela, pour éviter les conclusions hâtives ou celles que l’on appellera volontiers « accommodantes ».

4Les seules réserves que l’on pourrait formuler sur l’ouvrage, outre l’évidente technicité de certaines explications, concernent quelques remarques assez vite expédiées (par exemple sur la distinction, peu consensuelle, entre approches inductive et déductive) et des allant-de-soi sujets à controverse (dont celui qui touche aux « méthodes » – « syllabique » vs « globale », p. 298 – d’apprentissage de la lecture). Ces remarques n’enlèvent absolument rien à l’intérêt manifeste de cette initiative éditoriale, qui constitue un support utile tant en SDL qu’en SEF, à tout le moins.