1Ce numéro d’Éducation & Didactique illustre l’intérêt de développer des approches interdisciplinaires, comparatistes, autour de questions théoriques et professionnelles vives qui courent d’un numéro à l’autre.

2Un premier ensemble est formé des articles qui abordent les questions méthodologiques et épistémologiques posés par les dispositifs collaboratifs intermétiers, un des objets importants pour la revue, en lien avec la problématique-clef de la preuve en éducation.

3Cécile Gardiès et Laurent Fauré inscrivent dans la série d’articles qu’Éducation & Didactique consacre aux LéA (lieux d’éducation associés à l’Institut français de l’éducation) leur étude d’un dispositif visant à lutter contre le décrochage des élèves de l’enseignement agricole. De son côté, Caroline Perraud a étudié une ingénierie coopérative dans un établissement et service d’aide par le travail (ESAT).

4Un autre ensemble poursuit le dialogue bien engagé désormais entre les approches sociologiques et didactiques. Corinne Marlot, Géraldine Boivin-Delpieu et Claudia Küll abordent les déterminants de l’agir des enseignants de sciences au croisement des approches didactiques (l’objet étant la démarche scientifique à l’école), psychologiques (via le concept d’« épistémologie pratique ») et sociologiques (via le concept de normes autoprescrites). Igor Martinache, Yann Clémençon, Laurence Maurin, Fabien Meynier et Marlène Mabut reviennent sur ce qui se joue concrètement dans les échanges oraux en classe de SES (sciences économiques et sociales), lorsque les enseignants cherchent à favoriser la mise en activité des élèves. L’enjeu est de savoir si, et à quelles conditions, le dialogue scolaire peut participer à la mise en œuvre d’une pédagogie explicite – objet d’un débat entre sociologues de l’apprentissage (Bernstein) et didacticiens, éclairé par l’analyse de discours.

5Azzedine Hajji, Dorothée Baillet, David Libotte et Thomas Barrier proposent une étude précise de la perception par des étudiants d’un dispositif de tutorat universitaire. L’étude illustre aussi la circulation d’outils conceptuels hors de leur domaine habituel d’utilisation, ici, les concepts de « milieu », de « contrat » et de « genèses ». Teddy Mayeko apporte une contribution, sous l’angle particulier de l’agencement spatial/des espaces de travail, à l’étude de la pédagogie spécifique de l’enseignement adapté (désormais inscrit dans le champ global de l’école « inclusive »). Il étudie le cas d’une classe-relais, dispositif de raccrochage d’élèves en difficulté au collège dans deux disciplines contrastées, SVT et EPS.

6L’ouverture internationale est apportée dans ce numéro par Luis Radford, qui présente une « théorie de l’objectivation », inscrite dans l’héritage de la théorie historico-culturelle de l’activité. Cette théorie propose une définition du savoir et de l’apprendre qui pourra entrer en dialogue avec leurs définitions européennes.

7Muriel Blat, Jean-Marie Boilevin et Patricia Marzin-Janvier « mettent à l’épreuve la robustesse d’un cadre théorique articulant la théorie de la conceptualisation dans l’action avec un modèle dynamique des intentions porté par une perspective phénoménologique du didactique ».

8Enfin, la revue inaugure un nouveau dossier thématique sur Les Classiques de la didactique, en republiant la première partie d’un texte séminal d’Yves Chevallard, paru en 1981. Il sera suivi d’un commentaire de l’auteur, revenant sur plus de 40 années d’histoire de la discipline.