La théorie de l’objectivation (TO) est une théorie de l’apprentissage qui cherche à favoriser des pratiques pédagogiques conceptuellement riches, critiques, inclusives et démocratiques. La conception de ces pratiques repose sur une nouvelle conception de l’apprentissage en tant que processus historico-culturel. Symétriquement, la définition théorique de l’apprentissage est ancrée dans une conception du savoir qui s’écarte des approches rationalistes et empiristes (anciennes et nouvelles). L’objectif de cet article est d’offrir une vue d’ensemble du savoir et de l’apprentissage tels qu’ils sont conçus dans le cadre de la TO. Cette vue d’ensemble est nécessairement philosophique, car elle aborde un problème qui a souvent été négligé dans la recherche en éducation : le problème ontologique de la nature de la connaissance – telle que la connaissance mathématique et scientifique. Le cadre philosophique présenté ici est fondé sur une philosophie spécifique qui inspire la théorie de l’objectivation : le matérialisme dialectique. En nous inspirant de cette philosophie, nous théorisons l’apprentissage comme un processus social, incarné, affectif, sémiotique et matériel au cours duquel les individus rencontrent le savoir. Lors de cette rencontre, le savoir se manifeste dans une activité pratique, matérielle et sensible par le biais de ce que nous appellons ici « connaissance » et « concept ». Comme nous le soutenons dans cet article, la connaissance, le savoir et le concept sont trois modes d’existence d’une même entité qui est invoquée dans le mouvement de l’apprentissage.