Éditorial
Texte intégral
1Ce premier numéro du volume 16 – principalement constitué d’articles relevant de dossiers thématiques – rend compte d’un choix éditorial proposant d’aller plus loin sur des sujets importants pour la recherche en didactique.
2Tout d’abord, l’article d’Alain Mercier et Géraldine Philip-Liger emmène le lecteur loin de la classe ou des lieux d’apprentissages habituels en questionnant les dimensions didactiques des actions entre mères et petits chimpanzés lorsque ces derniers apprennent à casser des noix. L’enjeu est d’interroger – dans une perspective anthropologique de didactique comparée – la transmission des techniques dans les sociétés humaines et non humaines au delà du postulat d’intentionnalité des sujets. Les transactions didactiques chimpanzières sont étudiées à l’aune des connaissances scientifiques du domaine. La discussion comparatiste permet d’une part, de poursuivre le travail de modélisation des phénomènes didactiques, et d’autre part, d’affirmer en retour que l’action didactique est conjointe et non pas seulement partagée, ainsi que le rôle décisif de la situation dans les processus sémiotiques à l’œuvre.
3Suivent une série d’articles sur Lieux d’Éducation Associés (LéA) qui rassemblent acteurs de l’éducation et chercheurs sur des projets scientifiques communs. Il s’agit d’études collaboratives et réflexives, considérant l’éducation comme « un fait social total » (expression de Marcel Mauss, reprise sur le site des LéA [http://ife.ens-lyon.fr/lea]).
4Les six articles donnent à voir la diversité des recherches qui y sont menées. Mireille Morellato se questionne sur les effets de la coopération au sein de cette structure : le consensus n’est pas l’objectif recherché, mais elle permet une dialectique intéressante dans la diversité des « voir comme ». Cécile Allard, Julie Horoks et Julia Pilet tirent de leur expérience de LéA des principes de travail collaboratif, issus de leurs travaux sur l’enseignement et l’apprentissage en mathématiques au secondaire : la co-construction d’une problématique commune, l’appui sur les contextes d’enseignement et les pratiques des enseignants, le principe itératif de conception et de mise en œuvre de ressources sur un temps long et le partage des tâches et des responsabilités. Aline Blanchouin, Nadine Grapin, Éric Mounier et Nathalie Sayac comparent deux dispositifs de recherche-formation sur les pratiques de l’évaluation en mathématiques à l’école primaire. Les deux cadres théoriques utilisés permettent de faire dialoguer ces expérimentations. Catherine Loisy, Stéphanie Mailles Viard Metz, Pierre Bénech, Véronique Heili, Stéphanie Inza, Sylvie Estour et Frédéric Bourrin s’intéressent à l’accompagnement de l’élève dans son projet d’orientation à partir d’un environnement numérique. Il s’agit de s’interroger sur ce qu’il reste, six ans après le projet, comme outils et pratiques collectives pour les acteurs de cette recherche. Nina Asloum, Helene Veyrac, Audrey Murillo et Julie Blanc traitent de la conception d’un dispositif de vidéoformations pour des proviseurs adjoints, dans le cadre d’une co-élaboration entre ceux-ci et les chercheurs. Les perspectives de la vidéoformation sont alors renouvelées par l’analyse des résultats de cette recherche. Enfin, Guy Jodry nous ouvre les portes de la naissance et des évolutions d’un LéA en collège, montrant que les dispositifs didactiques résultent de la contribution de chaque membre de la recherche et contribuent en retour au développement de chacun, mais aussi à des transformations de la pratique d’enseignement-apprentissage mobilisée.
5Enfin, les trois derniers articles de cette livraison reviennent – à la suite des journées scientifiques de l’ARCD à Lyon en 2019 – sur la question de la preuve et du comparatisme dans les recherches en éducation. Ils poursuivent les échanges initiés depuis 2017 dans le dossier « Pratique et preuves – Pratiques fondées sur la preuve, preuves fondées sur la pratique » (articles en accès libre à l’adresse : https://journals.openedition.org/educationdidactique/2717). Ce dossier se voit ainsi étoffé par les contributions suivantes : Sylvain Doussot revient sur le texte de cadrage des journées pour comprendre le rôle que peut jouer le comparatisme dans cette réflexion. Laurent Lima et Marina Tual s’interrogent sur les données probantes permises par l’étude randomisée d’un dispositif éducatif en classe. Lucie Gomes montre à partir de son travail de thèse la façon dont les analyses qualitatives peuvent « faire preuve ». D’autres contributions des intervenants à ces journées seront publiées au fil des numéros du volume 16.
6Nous vous souhaitons une bonne lecture.
Pour citer cet article
Référence papier
Comité de rédaction, « Éditorial », Éducation et didactique, 16-1 | 2022, 6.
Référence électronique
Comité de rédaction, « Éditorial », Éducation et didactique [En ligne], 16-1 | 2022, mis en ligne le 30 avril 2022, consulté le 12 juin 2025. URL : http://journals.openedition.org/educationdidactique/9608 ; DOI : https://doi.org/10.4000/educationdidactique.9608
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