Expérienciations verbo-visuelles et épiphanies transmédiales : L’Espace d’un instant (2021-2022) de Pierre Ménard
Résumés
Pierre Ménard, nom de plume de l’écrivain français Philippe Diaz, qui est très actif sur le web depuis le début des années 2000 et est à l’origine de projets littéraires développés sur une diversité de supports (livres imprimés, livres numériques, bande radiophonique, vidéos, blogs, sites internet, affiches ou encore cartes à jouer), juxtapose texte et image de manière quasiment systématique dans ses créations, en un geste d’écriture foncièrement intermédial, et parfois transmédial. Il s’agit par cette contribution de mettre en lumière, au départ d’un travail mené sur son projet L’espace d’un instant élaboré sur son site Liminaire entre janvier 2021 et février 2022, la manière dont l’appropriation iconique se trouve au cœur du dispositif d’écriture de cet auteur, ainsi que la façon dont les déplacements qui sont inhérents à ce geste d’appropriation font éclore de singulières expérienciations verbo-visuelles. Alors que le projet se présente comme une « constellation d’instants suspendus, d’arrêts sur images » créant des spatialités affectives en un ensemble où la vastitude du monde émerge à partir de l’épiphénoménal, l’on voit comment s’y révèle, à travers les 420 denses fragments le composant, une logique d’accumulation d’épiphanies qui a pour dessein d’« esquisse[r] un portrait en creux, une sorte d’autobiographie à visée universelle ».
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Mots-clés :
littérature française contemporaine, texte et image, littérature numérique, intermédialité, poétique visuelleKeywords:
contemporary French literature, text and Image, digital literature, intermediality, visual poeticsPlan
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- 1 Chantal Tourigny Paris, « Préface », Laboratoire parcellaire [collectif], Chicoutimi, La peuplade/O (...)
[S’emparer du] ténu, [du] bref
et [de] l’ordinaire pour l’émulsionner1.
- 2 Emmanuel Alloa, « Faire abstraction », Peter Szendy, Emmanuel Alloa et Marta Ponsa (dir.), Le Super (...)
- 3 Pierre Beauvais, Ne croyez surtout pas que je hurle, 75’, 2019.
- 4 Voir Corinne Vionnet, Corinne Vionnet. [En ligne], URL : https://corinnevionnet.com/About (consulté (...)
- 5 Voir Patrice Lemarié, Patrice Lemarié. http://lemariepatrice.weebly.com/ ; et au sujet de sa pratiq (...)
- 6 Voir Jan Baetens, Géraldine David et Olivier Deprez, WREK NOT WORK, Exposition à la Wittockiana, Br (...)
- 7 Pierre Ménard, Liminaires. [En ligne], URL : https://www.liminaire.fr/ (consulté le 02/07/2024).
- 8 Par expérienciation, on entend le « moyen d’acquisition de connaissances par expérience personnelle (...)
1« Forcés que nous sommes à nous mouvoir quotidiennement dans le grand supermarché des images, le vol à l’étalage n’est peut-être pas la pire des stratégies2 », soutient Emmanuel Alloa dans son texte publié dans le collectif Le supermarché des images. Cette allégation semble pouvoir entrer en résonance avec toute une série de pratiques et processus de création contemporains dont notamment ceux de Pierre Beauvais3, Corinne Vionnet4, Patrice Lemarié5 ou Olivier Deprez6, pour n’en retenir que quatre développés en contexte francophone dans le champ des arts visuels et cinématographiques. Mais qu’en est-il de cette disposition sur le plan de la création littéraire contemporaine – dont l’image n’est pas originellement la matière première ? Comment s’y agence-t-elle concrètement et est-elle amenée à moduler plus ou moins fortement le geste d’écriture ? Quelles configurations iconotextuelles rend-t-elle par ailleurs possibles, singulièrement en contexte numérique ? Afin de répondre à ces questions, l’on propose de se pencher sur l’œuvre et le travail de Pierre Ménard, nom de plume de l’écrivain français Philippe Diaz, qui est très actif sur le web depuis le début des années 2000 et est notamment connu pour son site Liminaire7 lancé en 2009. Autrement dit, il s’agit de mettre en lumière la manière dont l’appropriation iconique se trouve au cœur du dispositif d’écriture et de création de cet auteur ayant développé une série d’œuvres littéraires nativement numériques tout autant que transmédiales, et la façon dont les déplacements qui sont inhérents à ce geste d’appropriation font de la sorte éclore de singulières expérienciations8 verbo-visuelles.
Pierre Ménard et la mise au travail des images
- 9 Pour une approche en détail de cette dynamique, consulter Pierre Ménard, « À l’image du texte. Gest (...)
- 10 Gilles Bonnet, Pour une poétique numérique. Littérature et internet, Paris, Hermann, coll. « Savoir (...)
2Depuis 2006, et parallèlement à une pratique quotidienne de la photographie, Ménard collecte de manière régulière des images, notamment sur Tumblr, qui lui ont permis de mener à bien différents projets littéraires développés sur une diversité de supports (livres imprimés, livres numériques, revues, bande radiophonique, vidéos, blogs, sites internet, affiches ou encore cartes à jouer)9. Il a ainsi créé plusieurs œuvres narratives, essentiellement en ligne, qui juxtaposent texte et photographie de manière quasiment systématique, en un geste d’écriture foncièrement intermédial et parfois transmédial. Gilles Bonnet, dans son livre Poétique du numérique. Littérature et internet, parle de l’image comme du « déclencheur privilégié d’une écriture web10 » ; c’est on ne peut plus vrai en ce qui concerne Ménard – une des rubriques de la page d’accueil de son site s’intitule d’ailleurs « Le site en images », qui propose une sélection d’une trentaine d’images mises à profit dans certains projets en cours ou passés. On retrouve ainsi cette dynamique dans bon nombre de ses projets dont, par exemple, Mon beau souci, mené entre avril et décembre 2020, dont le titre fait écho à l’article de Jean-Luc Godard paru dans le soixante-cinquième numéro des Cahiers du cinéma « Montage, mon beau souci », et dont la colonne vertébrale repose sur des plans issus de différents films visionnés par Ménard. Chacune des livraisons – il y en a eu neuf au total – se compose en effet de trois séries de deux plans de films différents à partir desquels se développe une écriture poétique, exactement neuf vers qui leur font suite et qui débutent tous par le pronom personnel « je ».
Ill. 2

Extrait de la huitième livraison du projet Mon beau souci intitulée « Un glissement d’ombres ».
- 11 Pour approfondir cette pratique du glanage, très prégnante dans la création littéraire contemporain (...)
- 12 Pierre Ménard, « Les restes de la nuit et des rêves », Liminaires. [En ligne], URL : https://limina (...)
- 13 Voir Pierre Ménard, « Coïncidences visibles », Liminaires. [En ligne], URL : http://www.liminaire.f (...)
3S’établit de la sorte un autoportrait oblique, diffracté, au prisme d’images cinématographiques glanées11, qui lui permettent de cueillir en leurs creux ce qui y vibre de lui, de frayer un cheminement intime et impressionniste inédit où les images « [s]e replie[nt] en un seul mouvement immobile qui est vertige, pause et arrivée12 » pour reprendre un vers de la sixième livraison ; processus général auquel renvoie le titre de la première livraison : « coïncidences visibles13 ».
4Il y a donc chez Ménard une véritable mise au travail des images, qui constituent un des matériaux de base de sa dynamique de création. Ainsi a-t-il pu avancer que :
- 14 Pierre Ménard, « L'espace d'un instant #24 », Liminaires. [En ligne], URL : http://liminaire.fr/ent (...)
L’espace de travail de l’écrivain se présente donc [pour moi] sous la forme d’un tableau d’images « au travail », une « série de séries d’images », soumise à de permanentes modifications, de continuels arrangements selon des constellations et configurations toujours nouvelles. Il est constitué d’un ensemble infini d’images secrètement reliées entre elles et qui, selon l’angle et la thématique choisie, entrent en mouvement et résonance14.
5Ailleurs, il dit aussi :
- 15 Pierre Ménard, « À l’image du texte », art. cit.
Je n’écris pas mes textes avec des mots mais avec des couleurs et des sons. [...] Je travaille dans mes dictionnaires. Avec mes logiciels de montage. Les mots, leurs couleurs. Avec moi, l’écriture ressemble à un travail d’artisan. Il faut ouvrir un livre pour y rechercher un passage. Se connecter pour trouver une information. Repérer une image dans un film, la situer, en chercher d’autres. Enregistrer le texte écrit pour en vérifier la sonorité et recommencer pendant des heures15.
- 16 Voir Pierre Ménard, « Journal d'un regard », Liminaires. [En ligne], URL : http://liminaire.fr/mot/ (...)
- 17 Yves Citton, « Supermarché des icônes et surprises des images », Peter Szendy, Emmanuel Alloa et Ma (...)
- 18 Jean-Christophe Bailly, L’Imagement, Paris, Le Seuil, « Fiction & Cie », 2020, p. 62.
6Dans une époque d’inflation exponentielle des images où leur reproductibilité ne connait quasi aucune limite, Ménard, qui est notamment l’auteur d’un Journal du regard16, fait en sorte de pleinement habiter les images qu’il investit et qui l’ont accroché. Il leur accorde une véritable attention et les sort ainsi du flux amnésique dans lequel elles sont la plupart du temps prises : il en fait autre chose qu’un pur paraitre, en les inscrivant dans une expérienciation foncièrement sensible, tout autant pathique que réflexive. Il les appréhende complètement comme des « opérateurs de surprises et d’hétérogénéité17 », pour reprendre une formule d’Yves Citton également issue du collectif Le supermarché des images, à même de façonner une expérience poétique novatrice. Ménard en fait plus encore des opérateurs de déliaison, de défigement. Et pour faire référence à une autre proposition théorique, l’on peut dire qu’il fait des images qu’il investit littérairement des « images-suspens », en écho à la terminologie forgée par Jean-Christophe Bailly dans son essai L’imagement ; l’image-suspens étant cette image incertaine, « sans fin au travail, sans fin en train de retarder son interprétation18 ».
- 19 Pierre Ménard, « Rien ne ressemble à ce dont je ne me souviens pas », Liminaires. [En ligne], URL : (...)
- 20 Et c’est même la dixième livraison de Mon beau souci – mais s’inscrivant dans un format différent, (...)
- 21 Gilles Bonnet, « Vers une pixelittérature ? » in Gilles Bonnet et Jérôme Thélot (dir.), Input Pictu (...)
7Ce sont ces différentes perspectives que je vais tâcher de mettre en mouvement en m’appuyant sur un des derniers projets que Ménard a menés, dont la première phase a pris fin en février 2022 : L’espace d’un instant19, dont chacune des livraisons offre le récit d’un même instant, d’une même minute, telle qu’elle se déroule à sept endroits différents du globe. Celles-ci, au nombre de soixante – comme le nombre de minutes que comporte une heure de temps –, ont été composées et diffusées sur plus d’une année, entre janvier 2021 et février 2022. À noter que Mon beau souci évoqué ci-avant semble avoir amorcé ce projet qui lui fait directement suite20 dans le fil d’écriture de Liminaire ; projet où ce sont à nouveau des images cinématographiques qui sont investies et à partir desquelles se déplie l’écriture. Toutefois, dans L’espace d’un instant, les photogrammes ont été à chaque fois passés en noir et blanc, ce qui permet d’octroyer une plus grande unité à l’ensemble et, aussi, de les extirper de manière plus prononcée de leur contexte d’origine. Il est ainsi question de voir ce « [q]ue peut encore le verbe face [au] déferlement d’images21 » contemporain, au départ d’une œuvre iconotextuelle numérique qui, inscrite sous le signe du « désir et [du] plaisir renouvelé d’écrire et de rebondir » (#3), propose « une superposition de couches de vies instantanées, qui sèchent les unes sur les autres [...] [à] l’abri des cacophonies du temps » (#25).
Activer une oscillation entre concordance factuelle et décollement du réel
- 22 Voir Liminaire, « L'espace d'un instant », Spotify. [En ligne], URL : https://podcasters.spotify.co (...)
8L’espace d’un instant, projet d’écriture fictionnelle mené en ligne – qui a également donné lieu à un podcast22 spécifique et qui est censé être prolongé sous la forme d’une installation sonore et d’une application web, tout en composant la matière originelle du prochain roman (papier) de l’auteur –, est marqué par un protocole scriptural et publicationnel très précis : chaque jour, durant soixante semaines, a été publié un fragment textuel lui-même inscrit dans un « épisode » plus large, composé de sept volets différents réunis en raison de leur ancrage temporel similaire (lié à une même minute).
Ill. 3

Capture d’écran de la page d’accueil du projet qui reprend l’ensemble des épisodes composant l’œuvre
- 23 Voir ibid. Par ailleurs, une formule que l’on retrouve dans la cinquième livraison s’applique parfa (...)
- 24 À ce sujet, on peut consulter Bertrand Gervais et Anaïs Guilet, « Esthétique et fiction du flux. Él (...)
- 25 Type d’approche qui renvoie à une tendance forte de l’écriture web, volontiers attirée par l’instan (...)
9Se présentant comme une « constellation d’instants suspendus, d’arrêts sur images », s’y révèle, à travers les 420 denses fragments qui le composent, une logique d’accumulation d’épiphanies qui a pour dessein d’« esquisse[r] un portrait en creux, une sorte d’autobiographie à visée universelle23 ». Ce projet, assimilable à une longue stase temporelle au tracé sinueux, ondoyant, cherche d’une certaine façon à répondre à l’hyper-fragmentation de l’espace et du temps qui est le propre de notre époque, au flot des informations en temps réel qui affluent à tous moments, qui mettent parfois à mal nos repères et notre discernement. Il ne s’agit toutefois pas pour Ménard de chercher à contrer le flux, mais plutôt, en s’y immergeant, en l’appréhendant suivant une modalité de musement24, de l’approfondir, d’octroyer à des instants sinon envolés un surcroit de présence, une épaisseur, et de les fixer comme repères – aussi fragiles soient-ils : « Une manière de courber la linéarité du temps afin de la transformer en mouvement qui nous porte » (#10). Dans la reconfiguration du rapport au temps qu’il propose, le projet, via une approche25 par le fragment, la parcelle, donne à appréhender un long cheminement d’images, où il est question de se mouvoir d’image-instant en image-instant, en un tour du monde multidirectionnel, où tous les continents sont représentés, et où près de 140 pays différents sont convoqués. « Se laisser porter c’est l’idée de départ », est-il affirmé dans deux livraisons distinctes – la vingt-septième et la trente-septième –, en une formule qui résume parfaitement l’esprit du projet marqué par le régime de la translation.
10Se voient par conséquent créées des spatialités affectives en un ensemble où la vastitude du monde émerge à partir de l’épiphénoménal, à partir de capsules temporelles condensées, relativement réduites. Un fragment de la trente-sixième livraison donne tout particulièrement à apprécier ce processus (ill. 4).
Ill. 4

Extrait de la trente-sixième livraison (dernier fragment)
Franck Ménard, http://liminaire.fr/entre-les-lignes/article/l-espace-d-un-instant-36.
11Amplitude et modicité sont embrassées dans le projet non comme antagonismes mais comme co-opératrices d’un recalibrage attentionnel. Et l’œuvre, dont l’énoncé-slogan pourrait être « Ailleurs, partout » (en clin d’œil au magnifique film d’Isabelle Ingold et Vivianne Perelmuter), de répondre ainsi à l’impératif de Giusepe Pénone : « que l’éphémère s’éternise » ; ce qu’une phrase de la quatrième livraison laisse entendre : « donner de ce monde, le sentiment d’une durée infinie comme d’un éternel présent » (#4).
- 26 Voir Pierre Ménard, « l'espace d'un instant #27 », Liminaires. [En ligne], URL : http://liminaire.f (...)
- 27 Voir Georges Perec, L’infra-ordinaire, Paris, Le Seuil, coll. « La Librairie du xxie siècle », 1989
- 28 Voir Gilles Deleuze et Félix Guattari, Mille plateaux. Capitalisme et Schizophrénie 2, Paris, Minui (...)
12Avec L’espace d’un instant, des micro-capsules temporelles particulières se voient valorisées et investies d’une valeur intrinsèque, sur le modèle de ce qui est affirmé dans un des fragments de la vingt-septième livraison : « tentative renouvelée de transcender l’apparence pour exprimer l’essence d’une parcelle du monde, parcelle qui est monde, porteuse de la globalité du monde26 ». Au travers de ce mode de fonctionnement métonymique de l’exploration du monde, se trouve par conséquent aménagé une sorte de présent toujours en acte dont l’image, appréhendée comme instant épiphanique, constitue la pierre angulaire, le catalyseur, de l’ordre du « peti[t] miracl[e] quotidie[n], de [l’]illuminatio[n], [de l’]allumett[e] craqué[e] à l’improviste dans le noir » pour reprendre une formule de Virginia Woolf citée en exergue non seulement du projet dans sa totalité mais aussi de chacune des livraisons. Afin d’exemplifier cette dynamique, peut être mentionné un fragment de la première livraison qui évoque la découpe d’une orange et dans lequel on retrouve ces assertions : « C’est une satisfaction passagère. On n’y pense jamais, mais dès qu’elle ressurgit, elle illumine tout autour de nous » ; « [q]uelques éclaboussures jaillissent en feu d’artifices » (#1). L’appréhension des images sélectionnées, très majoritairement ancrées dans un cadre quotidien et subjectivé réactualisant l’infra-ordinaire perecquien27, s’établit donc à partir d’un faisceau de nuances qui proviennent autant du matériau visuel à disposition que des projections ou expériences de vie présentes et passées de Ménard, dans une oscillation permanente entre concordance factuelle et décollement du réel. « Confrontation du passé et du présent, constellations dans lesquelles se télescopent l’autrefois et le maintenant » (#17), est-il en ce sens assuré dans un des fragments du projet dans lequel par ailleurs ne se voient pas défaites, comme pouvaient le souhaiter Deleuze et Guattari28, mais plutôt multipliées, les visagéifications possibles de la figure auctoriale. Une des entrées de la vingt-troisième livraison, qui évoque la résurgence d’une scène d’enfance, permet de très clairement percevoir cette dynamique (Ill. 5).
Ill. 5

Extrait de vingt-troisième livraison (troisième fragment)
Pierre Ménard, http://liminaire.fr/entre-les-lignes/article/l-espace-d-un-instant-23.
Granularités, profondeur, frémissements
13Le projet, depuis les images qui en forment la colonne vertébrale, ouvre à une autre manière de regarder et de sentir, à un donné sensible et thymique, comme en témoigne par exemple ce fragment de la dix-neuvième livraison qui propose l’exploration perceptuelle de gestes amoureux (Ill. 6).
Ill. 6

Extrait de la dix-neuvième livraison (quatrième fragment)
Pierre Ménard, http://liminaire.fr/entre-les-lignes/article/l-espace-d-un-instant-19.
- 29 Pierre Ménard, « La profondeur se cache à la surface », Liminaires. [En ligne], URL : https://www.l (...)
- 30 Michel Ribon, À la recherche du temps vertical dans l’art. Essai d’esthétique, Paris, Kimé, 2002, r (...)
14Venant gratter la surface du monde pour en retenir quelques granularités ou marbrures et jouant de la plasticité spatio-temporelle contemporaine (à laquelle le titre du projet peut renvoyer) , Ménard introduit à une réexpérimentation du monde et du quotidien à partir de momentums affectivement investis, suivant une perspective centrale pour l’auteur qui est d’ailleurs exprimée dans deux livraisons différentes (la quarante-deuxième et la cinquante-quatrième) : « La profondeur se cache à la surface », adaptation d’une citation de Hofmannsthal qui avait déjà donné son titre à un long billet de l’auteur datant de janvier 201629. Aussi, l’auteur de L’esprit d’escalier, en avançant « dans le dédale permanent du réel et les méandres de [certains de ses] souvenirs » (#40), emmène vers ce que Michel Ribon a dénommé le temps vertical : un « présent perpétué » qui offre de la présence, « un temps de secousse, de rupture, d’éveil » à de multiples possibles existentiels, et, ce faisant, « un temps de métamorphose ou de transfiguration30 » du donné.
- 31 Voir Hartmut Rosa, Résonance. Une sociologie de la relation au monde, trad. de l’allemand par Sacha (...)
- 32 Christine Buci-Glucksman, Esthétique de l’éphémère, Paris, Galilée, 2003, p. 25
- 33 Camille de Toledo, « Ce qui est réel, ce qui est matériel… », Camille de Toledo, Aliocha Imhoff et (...)
15Invitant à se rendre disponible et attentif aux frémissements du sensible, à des petits bouts du monde, Ménard s’empare donc de la masse du présent (compacte, épaisse) en y faisant surgir des moments d’éclat, d’envol. L’éphémère y est instant d’inflexion, ressac, et émerge dès lors le tracé d’un arc oscillatoire, celui de la furtivité paradoxalement pérennisée, dégagée du cours du temps. Chaque livraison, tel un tressaillement, perce ainsi des trouées dans la monotonie et l’opacité des jours, dans la routine et l’étroitesse des gestes, dans « l’immensité laborieuse du quotidien » (#9), dont elles viennent disjoindre la trame. La brièveté se voit en effet inscrite dans un temps long, dans une itération sans cesse relancée d’un pur présent palpitatoire ; et la concision de se voir dès lors autant célébrée que, paradoxalement, déjouée. L’Espace d’un instant fait de la sorte signe vers – et même active – le concept de résonance tel qu’il est développé par le philosophe allemand Hartmut Rosa31 en ce qu’il, pour le dire avec les mots de Christine Buci-Glucksman, « capte du temps dans les flux imperceptibles et les intervalles des choses, des êtres et de l’existant32 ». Il fait ainsi en sorte de réhabiter le présent de présences, selon un syntagme emprunté à Camille de Toledo33. « Le temps revient prendre toute sa place, comme une interrogation silencieuse qui nous met dans le règne de la présence » (#35), est-il avancé dans la trente-cinquième livraison, tandis qu’une autre, antérieure, propose cette séquence où la labilité temporelle se voit endiguée par quelques traits qui, aussi chétifs soient-ils, sont porteurs d’un lien permettant de faire face au plus grand des désastres (Ill. 7).
Ill. 7

Extrait de la vingt-et-unième livraison (premier fragment)
Pierre Ménard, http://liminaire.fr/entre-les-lignes/article/l-espace-d-un-instant-21.
16La poétique du fragment investie se révèle associée à une esthétique qui conjoint dans un même mouvement continuité et discontinuité. De prime abord, on aurait tendance à envisager un binôme continuité temporelle/discontinuité spatiale (à travers la simultanéité des instants retenus en regard de l’éclatement des lieux convoqués), mais ce point de vue se voit en réalité complètement retourné par l’approche cartographique dont le projet témoigne également, qui établit un principe de reliance affirmé (Ill. 8).
17Pierre Ménard, http://liminaire.fr/liminaire/article/rien-ne-ressemble-a-ce-dont-je-ne-me-souviens-pas.
S’y révèle, plus certainement, et pour reprendre des formules issues de différents fragments, « un composé de croisements, d’échappatoires et de perspectives » (#27) pouvant aller jusqu’à susciter un « tremblement mystique « (#60) depuis « [c]ette frontière qu[’il] essaie de traverser dans tous les sens entre immobilité et mouvement » (#12).
- 34 Milad Doueihi, La Grande Conversion numérique, Paris, Le Seuil, 2011, p. 308.
- 35 Cette dynamique fait directement écho à ce que Dominique Péty note de l’opération fréquemment menée (...)
- 36 Une phrase que l’on retrouve dans un des fragments de la deuxième livraison semble incidemment évoq (...)
- 37 Pierre Ménard, « Les restes de la nuit et des rêves », Liminaires. [En ligne], URL : http://www.lim (...)
- 38 Pierre Ménard, « À l’image du texte. Geste de l’écriture et maniement des images », art. cit.
- 39 « Accepter l’hospitalité d’un instant, et par la suite expérimenter. Des transformations, des passa (...)
18Transparait en outre une logique d’expansion en même temps que de porosité face aux images qui ont été déplacées de leur ancrage originel (des films) pour investir un contexte inédit, tels des « morceaux choisis » pour reprendre le terme de Milad Doueihi amenés à « circuler dans le voisinage d’autres objets34 » où ils acquièrent une signification et énergie nouvelles35. Dans L’espace d’un instant – œuvre-iconothèque s’il en est –, les images, tout à la fois lieux de l’évasion imaginative36 et points d’appui pour la création poétique, sont conjointement (et ce n’est pas la même chose) étendues et approfondies. C’est précisément de l’espace verbal qui est octroyé à des instants – des plans de films – ; de l’espace verbal dans lequel peuvent s’épanouir les images retenues et ainsi échapper à l’insignifiance. En citant une formule que l’on retrouve dans le projet, on peut dire de Ménard qu’il « entre dans l’image qu’il fabrique » (#44), le texte apparaissant comme le réceptacle de la matière visuelle qui elle-même se voit réélaborée dans l’entrelacement des couches de sens déclinables. Et se révèle en conséquence, dans l’interstice saccadé entre regard, projections, rêverie, désirs, impressions, souvenirs, miroitements et même spectralités, une interpénétration active des régimes sémiotiques, du texte et de l’image sur un mode tout à la fois dialogique et centrifuge ; ce qui n’a rien d’étonnant chez cet écrivain pour qui les mots sont avant tout des « lambeaux d’images37 » et qui considère que « [d]ans l’envers des images se situe l’endroit de l’écrit38 ». Les images, composantes inchoatives de chacun des fragments, se voient ainsi développées une seconde fois : non plus de la pellicule vers le papier ou l’écran, mais de leur informulé vers une matérialisation verbale. Dans le trente-cinquième fragment on peut lire cette assertion : « C’est la réalité invisible qui devient visible », sentence que l’on pourrait quelque peu augmenter pour en faire un méta-commentaire du projet : c’est la réalité invisible de l’image qui devient visible grâce au(x) texte(s). Et de ce mouvement transmédial d’expérienciation des images émerge un espace intermédial vibratile : une texture intrinsèquement affective et émulsive39, de l’ordre, pourrait-on dire, de l’intimus, c’est-à-dire du plus intérieur et du plus délicat, ainsi que le donne à appréhender un fragment de la cinquante-neuvième livraison du projet (Ill. 9).
Ill. 9

Extrait de la cinquante-neuvième livraison (quatrième fragment)
Pierre Ménard, https://www.liminaire.fr/entre-les-lignes/article/l-espace-d-un-instant-59.
*
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- 40 Pierre Ménard, « Narration combinatoire : l’écriture en mouvement », Liminaire 26 mai 2017. [En li (...)
19Chez Pierre Ménard, et tout particulièrement dans L’espace d’un instant, il ne s’agit par conséquent pas ni de traduire les images mises à profit pour l’écriture, ni d’en chercher l’intention créatrice, ni même de les documenter ou illustrer, mais bien de les insérer dans une trame narrative et poétique singulière dont elles constituent la matrice, de les façonner en tant que matériaux littéraires à part entière – des matériaux littéraires non textuels –, et d’ainsi les remettre en jeu en en dépliant certains possibles jusqu’alors conscrits. En somme, et en faisant converger (voire se confondre) tout à la fois proche et lointain ainsi qu’intimité et altérité, l’écrivain aménage au départ des photogrammes dont il s’empare le terrain – et même terreau – d’une expérienciation inédite, qui prend la forme d’une reconfiguration existentielle permettant de « voyager dans les interstices du réel40 ».
Notes
1 Chantal Tourigny Paris, « Préface », Laboratoire parcellaire [collectif], Chicoutimi, La peuplade/OBORO, 2011, p. 15.
2 Emmanuel Alloa, « Faire abstraction », Peter Szendy, Emmanuel Alloa et Marta Ponsa (dir.), Le Supermarché des images, Paris, Gallimard/Jeu de Paume, 2020, p. 74.
3 Pierre Beauvais, Ne croyez surtout pas que je hurle, 75’, 2019.
4 Voir Corinne Vionnet, Corinne Vionnet. [En ligne], URL : https://corinnevionnet.com/About (consulté le 02/07/2024).
5 Voir Patrice Lemarié, Patrice Lemarié. http://lemariepatrice.weebly.com/ ; et au sujet de sa pratique, peut être consulté Christophe Pique, « Les technologies numériques au cœur du processus créatif. L’émergence d’un hyperstyle », Revue Proteus, n° 20 – « L’ère numérique du style », automne 2023, p. 34-35.
6 Voir Jan Baetens, Géraldine David et Olivier Deprez, WREK NOT WORK, Exposition à la Wittockiana, Bruxelles, Bibliotheca Wittockiana, 2019.
7 Pierre Ménard, Liminaires. [En ligne], URL : https://www.liminaire.fr/ (consulté le 02/07/2024).
8 Par expérienciation, on entend le « moyen d’acquisition de connaissances par expérience personnelle et dans un environnement propre à l’individu » (https://www.lalanguefrancaise.com/dictionnaire/definition/experien ciation), cadre (subjectif) qui est précisément celui qu’aménage Ménard avec son projet.
9 Pour une approche en détail de cette dynamique, consulter Pierre Ménard, « À l’image du texte. Geste de l’écriture et maniement des images », in Jessica Desclaux, Bertrand Gervais, Corentin Lahouste, Anne Reverseau et Marcela Scibiorska (dir.), Iconothèques. Collecte, stockage et transmission d’images par les écrivain·e·s et artistes (xixe-xxie s.), Rennes, PUR, coll. « Interférences », à paraitre à l’automne 2024.
10 Gilles Bonnet, Pour une poétique numérique. Littérature et internet, Paris, Hermann, coll. « Savoir lettres », 2017, p. 23.
11 Pour approfondir cette pratique du glanage, très prégnante dans la création littéraire contemporaine, en particulier numérique, peut être consulté Gilles Bonnet et Jérôme Thélot (dir.), Input Pictura Poesis, Les nouveaux cahiers de MARGE, n° 2, automne 2020. [En ligne], URL : https://publications-prairial.fr/marge/index.php ?id =297 (consulté le 02/07/2024).
12 Pierre Ménard, « Les restes de la nuit et des rêves », Liminaires. [En ligne], URL : https://liminaire.fr/entre-les-lignes/article/les-restes-de-la-nuit-et-des-reves (consulté le 02/07/2024).
13 Voir Pierre Ménard, « Coïncidences visibles », Liminaires. [En ligne], URL : http://www.liminaire.fr/entre-les-lignes/article/coincidences-visibles (consulté le 02/07/2024).
14 Pierre Ménard, « L'espace d'un instant #24 », Liminaires. [En ligne], URL : http://liminaire.fr/entre-les-lignes/article/l-espace-d-un-instant-24 (consulté le 02/07/2024). Dorénavant, les références à ce projet d’écriture seront indiquées entre parenthèses dans le corps du texte, à l’aide du numéro de la livraison correspondante.
15 Pierre Ménard, « À l’image du texte », art. cit.
16 Voir Pierre Ménard, « Journal d'un regard », Liminaires. [En ligne], URL : http://liminaire.fr/mot/journal-du-regard (consulté le 02/07/2024).
17 Yves Citton, « Supermarché des icônes et surprises des images », Peter Szendy, Emmanuel Alloa et Marta Ponsa (dir.), Le Supermarché des images, op. cit., p. 180.
18 Jean-Christophe Bailly, L’Imagement, Paris, Le Seuil, « Fiction & Cie », 2020, p. 62.
19 Pierre Ménard, « Rien ne ressemble à ce dont je ne me souviens pas », Liminaires. [En ligne], URL : http://liminaire.fr/liminaire/article/rien-ne-ressemble-a-ce-dont-je-ne-me-souviens-pas, consulté le 02/07/2024).
20 Et c’est même la dixième livraison de Mon beau souci – mais s’inscrivant dans un format différent, uniquement textuel – qui succède, dans le fil d’écriture de Liminaire, à la dernière de L’espace d’un instant ; voir : Pierre Ménard, « Pas de règles d'équilibre », Liminaires. [En ligne], URL : https://www.liminaire.fr/palimpseste/article/pas-de-regles-d-equilibre (consulté le 02/07/2024).
21 Gilles Bonnet, « Vers une pixelittérature ? » in Gilles Bonnet et Jérôme Thélot (dir.), Input Pictura Poesis, op. cit.
22 Voir Liminaire, « L'espace d'un instant », Spotify. [En ligne], URL : https://podcasters.spotify.com/pod/show/espaceinstant (consulté le 02/07/2024).
23 Voir ibid. Par ailleurs, une formule que l’on retrouve dans la cinquième livraison s’applique parfaitement au projet mené qui ouvre à un ensemble de « lieu[x] qui n’existe[nt] pas ailleurs qu’en [lui]-mêm[e] » (#5).
24 À ce sujet, on peut consulter Bertrand Gervais et Anaïs Guilet, « Esthétique et fiction du flux. Éléments de description », Protée, vol. 39, n° 1, printemps 2011, p. 89-100.
25 Type d’approche qui renvoie à une tendance forte de l’écriture web, volontiers attirée par l’instant, la petite forme ou le fragment, tout comme par l’utopie ubiquitaire.
26 Voir Pierre Ménard, « l'espace d'un instant #27 », Liminaires. [En ligne], URL : http://liminaire.fr/entre-les-lignes/article/l-espace-d-un-instant-27 (consulté le 02/07/2024).
27 Voir Georges Perec, L’infra-ordinaire, Paris, Le Seuil, coll. « La Librairie du xxie siècle », 1989.
28 Voir Gilles Deleuze et Félix Guattari, Mille plateaux. Capitalisme et Schizophrénie 2, Paris, Minuit, 1980, p. 205-234.
29 Pierre Ménard, « La profondeur se cache à la surface », Liminaires. [En ligne], URL : https://www.liminaire.fr/derives/article/la-profondeur-se-cache-a-la-surface (consulté le 02/07/2024).
30 Michel Ribon, À la recherche du temps vertical dans l’art. Essai d’esthétique, Paris, Kimé, 2002, respectivement p. 12, 13 et 279.
31 Voir Hartmut Rosa, Résonance. Une sociologie de la relation au monde, trad. de l’allemand par Sacha Zilberfarb et Sarah Raquillet, Paris, La Découverte, 2018.
32 Christine Buci-Glucksman, Esthétique de l’éphémère, Paris, Galilée, 2003, p. 25
33 Camille de Toledo, « Ce qui est réel, ce qui est matériel… », Camille de Toledo, Aliocha Imhoff et Kantuta Quirós, Les Potentiels du temps. Art et politique, Paris, Manuella éditions, p. 45.
34 Milad Doueihi, La Grande Conversion numérique, Paris, Le Seuil, 2011, p. 308.
35 Cette dynamique fait directement écho à ce que Dominique Péty note de l’opération fréquemment menée par des poètes-photographes investissant l’espace numérique– statut qui est celui de Ménard –, qui va « bien au-delà de la simple collecte : il s’agit au contraire de réaliser un montage complexe qui permet l’inscription dans une série structurée, dans une temporalité et un espace complexes, dans un projet cognitif, affectif ou esthétique, et de réveiller ou de doter d’un pouvoir neuf l’objet ainsi recueilli et paré » (« Collectionneurs d’instants : poésie et photographie sur le net », dans Gilles Bonnet et Jérôme Thélot [dir.], Input Pictura Poesis, op. cit.).
36 Une phrase que l’on retrouve dans un des fragments de la deuxième livraison semble incidemment évoquer la dynamique à l’œuvre dans le projet : « Ce que je vois n’existe pas, je l’invente. Au jour le jour » (#2).
37 Pierre Ménard, « Les restes de la nuit et des rêves », Liminaires. [En ligne], URL : http://www.liminaire.fr/entre-les-lignes/article/les-restes-de-la-nuit-et-des-reves (consulté le 05/07/2024).
38 Pierre Ménard, « À l’image du texte. Geste de l’écriture et maniement des images », art. cit.
39 « Accepter l’hospitalité d’un instant, et par la suite expérimenter. Des transformations, des passages, certainement pas des fins, ni des buts. [...] Seulement une superposition de couches de vies instantanées, qui sèchent les unes sur les autres. [...] À l’abri des cacophonies du temps » (#25, je souligne).
40 Pierre Ménard, « Narration combinatoire : l’écriture en mouvement », Liminaire 26 mai 2017. [En ligne], URL : https://www.liminaire.fr/liminaire/article/narration-combinatoire-l-ecriture-en-mouvement, consulté le 02/07/2024.
Haut de pageTable des illustrations
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Titre | Ill. 1 |
Légende | Ensemble des publications liées au projet Mon beau souci. |
URL | http://journals.openedition.org/elfe/docannexe/image/7210/img-1.png |
Fichier | image/png, 1,4M |
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Titre | Ill. 2 |
Légende | Extrait de la huitième livraison du projet Mon beau souci intitulée « Un glissement d’ombres ». |
URL | http://journals.openedition.org/elfe/docannexe/image/7210/img-2.png |
Fichier | image/png, 1,7M |
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Titre | Ill. 3 |
Légende | Capture d’écran de la page d’accueil du projet qui reprend l’ensemble des épisodes composant l’œuvre |
URL | http://journals.openedition.org/elfe/docannexe/image/7210/img-3.png |
Fichier | image/png, 571k |
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Titre | Ill. 4 |
Légende | Extrait de la trente-sixième livraison (dernier fragment) |
Crédits | Franck Ménard, http://liminaire.fr/entre-les-lignes/article/l-espace-d-un-instant-36. |
URL | http://journals.openedition.org/elfe/docannexe/image/7210/img-4.png |
Fichier | image/png, 1,3M |
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Titre | Ill. 5 |
Légende | Extrait de vingt-troisième livraison (troisième fragment) |
Crédits | Pierre Ménard, http://liminaire.fr/entre-les-lignes/article/l-espace-d-un-instant-23. |
URL | http://journals.openedition.org/elfe/docannexe/image/7210/img-5.png |
Fichier | image/png, 1,1M |
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Titre | Ill. 6 |
Légende | Extrait de la dix-neuvième livraison (quatrième fragment) |
Crédits | Pierre Ménard, http://liminaire.fr/entre-les-lignes/article/l-espace-d-un-instant-19. |
URL | http://journals.openedition.org/elfe/docannexe/image/7210/img-6.png |
Fichier | image/png, 1,1M |
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Titre | Ill. 7 |
Légende | Extrait de la vingt-et-unième livraison (premier fragment) |
Crédits | Pierre Ménard, http://liminaire.fr/entre-les-lignes/article/l-espace-d-un-instant-21. |
URL | http://journals.openedition.org/elfe/docannexe/image/7210/img-7.png |
Fichier | image/png, 478k |
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Titre | Ill. 8 |
Légende | Carte liée à l’Espace d’un instant, présente sur la page d’accueil du projet |
URL | http://journals.openedition.org/elfe/docannexe/image/7210/img-8.png |
Fichier | image/png, 282k |
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Titre | Ill. 9 |
Légende | Extrait de la cinquante-neuvième livraison (quatrième fragment) |
Crédits | Pierre Ménard, https://www.liminaire.fr/entre-les-lignes/article/l-espace-d-un-instant-59. |
URL | http://journals.openedition.org/elfe/docannexe/image/7210/img-9.png |
Fichier | image/png, 894k |
Pour citer cet article
Référence électronique
Corentin Lahouste, « Expérienciations verbo-visuelles et épiphanies transmédiales : L’Espace d’un instant (2021-2022) de Pierre Ménard », Elfe XX-XXI [En ligne], 13 | 2024, mis en ligne le 05 juillet 2024, consulté le 14 juin 2025. URL : http://journals.openedition.org/elfe/7210 ; DOI : https://doi.org/10.4000/11zmx
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Le texte seul est utilisable sous licence CC BY 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
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