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Textes introductifs

Introduction. Palmyre-Tadmor : le patrimoine culturel en guerre

Palmyra-Tadmor. Cultural heritage at war
Sylvie Crogiez-Pétrequin

Résumés

On pensera le patrimoine de l’humanité défini par la classification de l’Unesco comme un bien commun à toute l’humanité menacé par des conflits armés, même si les dangers encourus par le patrimoine archéologique et architectural demeurent multiples. Après son instrumentalisation par le régime baasiste syrien, la destruction par Daech du patrimoine archéologique de Palmyre, perçu comme un symbole à la fois de la civilisation occidentale et national de l’État syrien, est ainsi destinée à choquer les Occidentaux, au même titre que l’utilisation de Palmyre était envisagée par l’État syrien dans la construction du roman national syrien.

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Texte intégral

  • 1 Pensons à la thèse de M. Mura, soutenue en 2021 à Paris 1-Panthéon-Sorbonne, sous la direction de P (...)
  • 2 Colloque Archaeology of Conflict/Archaeology in Conflict. Documenter la destruction au Moyen-Orient (...)

1L’intérêt pour le patrimoine culturel – monumental, archéologique ou architectural –, en temps de guerre n’a rencontré l’attention des chercheurs en archéologie, en histoire ou en droit, qu’assez récemment. Cette attention s’est accrue au XXIe siècle à cause des atteintes portées à des sites exceptionnels, considérés ou non comme appartenant à l’humanité entière. Au même titre que des thèses désormais réalisées sur ce thème1, plusieurs colloques ont questionné l’archéologie du conflit comme celui coordonné en 2017 à l’INHA sur la documentation des destructions archéologiques2. La mise en défense du patrimoine avait pourtant commencé dès le XXe siècle lors des deux guerres mondiales ; en témoigne la défense passive de certaines cathédrales en France ou du château de Versailles.

  • 3 En atteste une riche bibliographie dont un échantillon est mentionné en annexe.

2Dans cette introduction à ce numéro des Cahiers d’EMAM sur Palmyre, il s’agit d’élargir dans un premier temps la focale et de ne pas se limiter à Palmyre pour saisir les problématiques complexes de la question du patrimoine archéologique et architectural en situation de conflit armé. Pour comprendre les enjeux sous-jacents à sa protection, il faut retracer les enjeux historiques mais aussi et peut-être surtout politiques, car le Patrimoine de l’humanité défini par la classification de l’Unesco est un bien commun à toute l’humanité appartenant néanmoins aussi bien à une société qu’à un État particuliers. La politique de protection de ce patrimoine a évolué au gré des risques qu’il a encourus et des agressions dont il a été l’objet. La thématique sur les destructions s’est de ce fait beaucoup développée depuis une quinzaine d’années dans les publications3. Elle pourrait donner l’impression que les atteintes au patrimoine en cas de conflit armé se sont multipliées. Si cela ne semble guère rassurant, on dira plutôt que celles-ci changent de nature, le patrimoine n’étant plus une victime collatérale des guerres mais un instrument de guerre pour les belligérants.

  • 4 R. Azimi, « L’art vaut-il une vie ? », Le Monde, 23 janvier 2016.

3On s’interrogera ainsi la notion de patrimoine dans son sens politique, puisque ce terme renvoie aussi à des notions d’héritage et de témoignage d’identité. Il reste d’ailleurs suffisamment imprécis pour laisser la place à des interprétations différentes selon les nations et les États. Rappelons que Palmyre fait partie du roman national de l’État syrien incarné par le personnage de Zénobie alors que le régime établi par Hafez al-Assad a été renversé en 2024 après 54 ans de règne. Mais qu’en est-il des habitants de Tadmor et de tous ceux qui sont morts depuis le déclenchement de la guerre en 2011 ? Il peut sembler ainsi illégitime de s’interroger sur la destruction du patrimoine quand tant d’humains ont perdu la vie. C’est une question que pose avec acuité R. Azimi en janvier 2016 dans un article du Monde précisément intitulé « L’art vaut-il une vie ? », montrant les ruines de la mosquée des Omeyyades à Alep partiellement détruite4. Dans cette tension perpétuelle entre la valeur du patrimoine et celle de la vie humaine, la destruction du patrimoine mondial, comprenant les pillages et les destructions, sans motifs, de villes, est, pour rappel, devenue juridiquement un crime de guerre en 1998. La question du patrimoine en guerre, comme celle de sa préservation et de sa destruction, est ainsi une question de politique contemporaine en tant qu’elle questionne le rapport entre patrimoine et nation ou identité. Les seuls risques pour le patrimoine ne sont évidemment pas ceux de la guerre civile ou étrangère mais également ceux des catastrophes naturelles – le séisme à Katmandou par exemple survenu en avril 2015, à la suite de celui de 1934 –, le développement urbain, la surexploitation économique et touristique non contrôlée – le Machu Pichu ou Venise –, la contrebande, les pillages et trafics, les déchets abandonnés. De même s’est développée depuis quelques années toute une bibliographie sur les menaces du changement climatique pour le patrimoine, sujet que le numéro des Cahiers d’EMAM n’évoquera pas, mais qui, pour certains sites, se conjuguent aux risques engendrés par les combats. L’urbanisation croissante et la densité urbaine galopante et parfois incontrôlée, notamment dans les pays en développement, se sont traduites en effet pendant longtemps par la destruction du patrimoine archéologique ou culturel quand il n’était pas protégé suffisamment par un intérêt touristique. En ce sens, le site de Palmyre existe aussi dans le temps présent, et c’est même ce rapport qui a entraîné sa destruction, puisque, pour Daech, les monuments de Palmyre sont une création occidentale et n’appartiennent pas à son histoire. Palmyre faisant aussi partie du roman national syrien, elle devait donc être détruite à cause de cette double valeur symbolique.

4Aussi, après avoir inventorié les textes juridiques sur la protection du patrimoine en cas de conflit armé, on dressera un panorama historique de la protection du patrimoine de Palmyre, pour en venir enfin à la raison politique de la destruction du site.

Les textes sur la protection du patrimoine en cas de conflit armé

5Les textes juridiques internationaux sur la protection du patrimoine archéologique et architectural sont en effet nombreux mais ne concernent pas tous le cas des atteintes portées en cas de conflit armé, car ces textes législatifs peuvent aussi traiter des biens culturels et des œuvres d’art en général, comme des trafics qu’ils occasionnent. Nous avons donc opéré un tri dans cet ensemble pour ne retenir que ceux qui concernent précisément les situations de conflit.

  • 5 L’exposition s’est tenue du 11 mars au 4 juillet 2016 à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine (...)

6La prise en compte du patrimoine pendant les guerres date de la fin du XIXe siècle comme le rappelle l’exposition « 1914-1918. Le patrimoine s’en va-t-en guerre »5. Même si des atteintes patrimoniales avaient eu lieu avant la Première Guerre mondiale, les réponses apportées et les actions menées avant cette date n’avaient pas encore atteint le niveau international, les réactions se limitant aux pays concernés.

  • 6 Art. 4.2 : « Il ne peut être dérogé aux obligations définies au paragraphe premier du présent artic (...)

7On peut considérer que le premier texte sur la protection des biens culturels en cas de conflit armé est la convention de La Haye signée en 1954. Si son préambule s’occupe surtout des exportations et des trafics illicites d’objets, l’article 4 est clair sur ce point6 :

« Les Hautes Parties contractantes s’engagent à respecter les biens culturels situés tant sur leur propre territoire que sur celui des autres Hautes Parties contractantes en s’interdisant l’utilisation de ces biens, celle de leurs dispositifs de protection et celle de leurs abords immédiats à des fins qui pourraient exposer ces biens à une destruction ou à une détérioration en cas de conflit armé, et en s’abstenant de tout acte d’hostilité à leur égard. » || art. 4.1

  • 7 Auparavant, la résolution 2199 de 2015, prise par l’Unesco, interdit le commerce des biens culturel (...)
  • 8 Pour rappel, l’État syrien est signataire de la Convention de La Haye de 1954, mais pas de celle de (...)

8Cette convention a été renforcée en 1999 pour prendre en compte les nouvelles formes des conflits armés. Plus récemment, en 2017, la résolution 2347 des Nations Unies, mais ratifiée seulement par 29 États, porte plus largement sur le rôle de la culture dans les conflits armés. Elle condamne en effet en tant que crimes de guerre les destructions délibérées de biens culturels, de même qu’elle traite des « Antiquités de sang »7. En bref est totalement proscrit par de nombreux textes « tout acte d’hostilité dirigé contre les monuments historiques, les œuvres d’art ou les lieux de culte qui constituent le patrimoine culturel ou spirituel des peuples ». Les conventions sont en théorie contraignantes mais seulement pour les parties signataires. La contrainte néanmoins ne permet en rien la prévention des destructions et ne garantit pas davantage l’immunité aux monuments, mais elle rend seulement possible de désigner les coupables et de les punir, contrairement aux déclarations qui n’ont aucun caractère contraignant. Les résolutions quant à elles sont considérées comme contraignantes pour tous ; cependant d’un point de vue juridique, c’est en définitive toujours la législation du pays qui s’applique. S’il y a toutefois transgression du droit international, c’est donc la législation du pays qui s’applique quand bien même celle-ci doit se mettre en conformité avec le droit international de l’ONU ou celui de l’ si le pays en a été signataire8.

  • 9 De même, la Convention européenne de Londres de 1969, revue à Malte en 1992, sur la protection du p (...)
  • 10 Sur cette conception, voir Beghain, 2012, passim.

9L’idée que la culture dans son ensemble peut être un lien de paix entre les peuples est apparue nettement en 1995 à la suite des accords de Dayton après le conflit en Bosnie, permettant au Tribunal pénal international en Yougoslavie (TPIY) de sanctionner des militaires auteurs de destructions à Dubrovnic non utiles d’un seul point de vue militaire. Le caractère effectif de cette protection reste cependant bien tributaire de l’attitude des États concernés par les guerres. Créée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale en raison des destructions du patrimoine qui avaient eu lieu, l’Unesco se préoccupe du patrimoine mondial culturel et naturel par un inventaire et un fonds de solidarité. Dans le préambule de la Convention de 1970 sur les biens culturels, on lit en effet que « les biens culturels sont un des éléments fondamentaux de la civilisation et de la culture des peuples, et ils ne prennent leur valeur réelle que si leur origine, leur histoire et leur environnement sont connus avec la plus grande précision ». Il s’agit donc ici d’abord d’acquisition de connaissances. La préoccupation de la préservation des biens culturels, notion plus large que le patrimoine, n’est apparue que par la suite, dans un élargissement des actions de l’Unesco9. Ainsi, le « Patrimoine de l’humanité » réside essentiellement dans la conscience et les idées : il ne s’agit pas d’architecture exceptionnelle mais bien de représenter un lieu d’histoire unique. Cette conception du patrimoine tel qu’à Palmyre est sans doute celle de l’Occident, et n’étant en tout cas pas partagée par tous les pays10.

10L’ensemble de ces textes montre toutefois la prise de conscience progressive que la destruction du patrimoine est un fait de guerre. Et quand cette destruction ne répond pas à des objectifs utiles pour la guerre, elle devient alors un crime de guerre, depuis l’avis en 1998 de la Cour pénale internationale (CPI). Ainsi, les sites archéologiques ne doivent pas être utilisés comme sites de combats ou pour tout ce qui pourrait les exposer à des destructions même involontaires. On notera cependant que les armées ont toujours une raison stratégique à opposer pour s’y installer ou combattre l’ennemi qui occupe un site archéologique, un monument, un édifice ou un musée, illégalement au regard du droit international. Cette préoccupation militaire est désormais intégrée dans la formation des armées – occidentales – à la fois pour éviter de se servir de ces sites et pour en déloger sans dommages les ennemis qui s’y seraient installés. Cet appareil légal ne suffit pas cependant toujours à protéger concrètement les sites, ne permettant, comme on l’a dit, que d’engager des poursuites après les conflits.

11Ainsi, les institutions installées au XXe siècle n’ont pas empêché les destructions, comme lors de la guerre de Bosnie entre 1991 et 1995, en premier lieu parce que les autorités concernées ne le voulaient pas. Les Serbes considérant qu’un patrimoine était national et donc un marqueur d’identité appartenant à une ethnie particulière, on pouvait détruire celui qui ne faisait pas partie de l’identité serbe. Le parallèle avec les événements de Syrie est simple : cibler le patrimoine de l’ennemi, c’est atteindre l’ennemi. La liste de l’Unesco sur le Patrimoine de l’humanité oblige en théorie les États concernés à protéger ce patrimoine sélectionné comme universel parce que ces États reçoivent une aide financière pour ce faire. Normalement, cet État en est ainsi responsable et ne peut plus lui porter atteinte, devant au contraire le protéger, le mettre en valeur et le transmettre. Ce n’est que, depuis la guerre de Bosnie, par le TPIY, que s’est ajoutée à la responsabilité de l’État, celle des individus en tort.

12La Déclaration de l’Unesco en octobre 2003 sur la destruction intentionnelle vient enfin clore cette courte liste, texte cependant à la portée limitée pour n’être qu’une déclaration :

« Prévenir et interdire la destruction intentionnelle du patrimoine culturel et aussi du patrimoine naturel lorsqu’il est lié au premier, en temps de paix et en cas de conflit armé et encourager les États à devenir parties aux instruments destinés à protéger le patrimoine culturel, s’ils ne l’ont pas encore fait. »

Un panorama historique sur la protection de Palmyre

13Élargissons d’abord le point de vue par-delà le site de Palmyre. La liste de l’Unesco sur le patrimoine en péril commencée en 1979 contient ainsi 56 sites. Notons en Libye, l’oasis de Ghadamès, la « perle du désert », Leptis Magna qui a souffert de pillages et du vol des œuvres du musée sous l’ère Khadafi) mais aussi Cyrène et Sabratha, ou bien encore les maisons-tours de la ville de Sanaa au Yemen, les églises et couvents médiévaux du Kosovo dont les populations serbes minoritaires sont protégées par l’ONU, l’ensemble exceptionnel des églises de bois de Roumanie, en péril à cause de la non-intervention de l’État roumain sous l’ère Ceaucescu, pris en charge désormais par le World Monuments Fund (WMF). À cette liste, on pourrait ajouter Tombouctou au Mali, lieu à détruire pour les fondamentalistes musulmans ; le site arménien d’Ani en Turquie, carrefour de routes caravanières et métropole importante au Moyen Âge, dont l’église est considérée comme le point de départ du style gothique, site aujourd’hui menacé par l’armée turque qui s’en sert comme champ de tir bien que le site soit classé pourtant Patrimoine de l’humanité, et aujourd’hui sur la liste du WMF avec l’accord de l’État turc ; Hatra en Irak depuis 2015 ; ou Jailsamer et sa forteresse en Inde menacés à cause du tourisme, de la pression démographique et des séismes. Retenons enfin en Ukraine trois sites considérés comme en péril par l’Unesco depuis l’invasion russe en février 2022 ; au même titre que de grands sites emblématiques comme Jérusalem menacée par le développement urbain et qui figure sur cette liste depuis 1982 ; ou les Bouddhas de Bamiyan détruits par les talibans en Afghanistan en 2001.

  • 11 Citons seulement l’exposition « Les Antiquités de Palmyre » qui s’est tenue au musée du Louvre (Par (...)

14En Syrie, font partie de cette liste, depuis 2013, plusieurs sites, non seulement Palmyre mais également les vieilles villes de Damas, de Bosra et d’Alep, le Crac des chevaliers et les villages antiques du nord de la Syrie alors que tous ces sites étaient déjà inscrits sur la liste du Patrimoine mondial, ainsi Palmyre depuis 1980. Rappelons que pour être sur la liste du Patrimoine mondial en péril, il suffit d’avoir avoir un critère sur les dix énoncés, qu’il n’est pas nécessaire de développer ici, quand Palmyre en avait trois. Le site de Palmyre était donc doublement « protégé » parce qu’à la fois Patrimoine mondial de l’Humanité et en péril. Sa destruction cependant semble l’aboutissement de la rencontre entre l’intérêt que lui porte l’Occident et l’histoire contemporaine de la Syrie. Centre d’intérêt pour l’Occident et pour l’Europe, il est aussi celui de la France en particulier. comme en témoignent les expositions tenues ces trente dernières années, l’essentiel de la collection française ayant été constituée pendant la période du Mandat en Syrie11.

15Si on remonte un peu dans l’histoire, l’Empire ottoman ne s’est guère intéressé à cette région de son territoire et, moins encore, à son patrimoine anté-islamique. Du manque d’intérêt pour un patrimoine qui ne présentait aucun intérêt économique, politique ou symbolique a résulté un vide juridique : aucune loi ne disant à qui ce patrimoine appartenait, cela a autorisé les Européens à s’en emparer, dans tous les sens du terme. Dans cette région, le patrimoine archéologique, son exploitation et sa protection ne deviennent ainsi un enjeu géopolitique qu’au moment de la Première Guerre mondiale, l’archéologie étant un élément de l’action des empires coloniaux français, anglais et allemand. À l’issue de la Grande Guerre, le Traité de Sèvres qui démantèle l’Empire ottoman comporte ainsi un article sur la protection des Antiquités, article 421 demeuré sans effet en raison de la remise en cause du traité par Mustapha Kemal. Si des fouilles sont bien réalisées, ce vide juridique a permis aux États qui finançaient les fouilles de s’attribuer le mobilier archéologique jusque vers 1930, date à laquelle le droit international stipule que les objets appartiennent à l’État sur le territoire duquel ils ont été trouvés, permettant de créer des musées comme celui de Damas et d’Alep.

16Mais Palmyre, pour le régime syrien, représente le « Versailles » pour les Français, un lieu patrimonial officiel qui a été érigé ainsi pour faire partie de l’histoire officielle de la Syrie et être un lieu, certes touristique, mais aussi celui sur lequel l’État syrien reçoit les délégations étrangères. La mise en valeur du patrimoine y devient donc un enjeu politique et économique sans considération de la connaissance scientifique et des fouilles. Si l’État syrien a inscrit en 1950 dans sa Constitution la protection de son patrimoine, dont fait partie Palmyre, cela ne l’a pas empêché d’y installer l’armée dès 2012. Car il ne faut pas oublier que le site de Palmyre incarne aux yeux des Syriens la ville de Tadmor et sa prison bien connue de toute la population, avec un aéroport vital pour l’économie et le tourisme. La ville actuelle de Tadmor est enfin la porte vers l’Iran, avec une dimension stratégique et économique présentes depuis l’Antiquité. En fait, les Syriens connaissent surtout Tadmor et les Occidentaux Palmyre bien que les archéologues locaux, comme la population, aient tenté aussi de protéger le patrimoine palmyrénien au péril de leur vie.

17Il ne sera pas ici question de revenir sur l’histoire antique de Palmyre ni de ses rapports avec les Empires romain ou parthe/perse (Grandpierre, 2010 ; Sartre, 2016) mais on rappellera seulement quelques points historiques bien connus des spécialistes de Palmyre, offrant de comprendre le statut actuel de Palmyre pour tous, Occidentaux, État syrien et Daech, et son utilisation parfois erronée. Le rempart de Palmyre n’a ainsi été construit que sous Dioclétien à la fin du IIIe siècle de notre ère – ou peut-être sous Aurélien un peu plus tôt –, quand Palmyre a été insérée dans une ligne défensive fortifiée, donc après l’époque du « règne » de Zénobie. En aucun cas, la muraille de Palmyre ne serait une marque de la volonté d’indépendance de Palmyre vis-à-vis du colonisateur romain puisque celle que l’on a conservée a été construite par le pouvoir romain qui souhaitait renforcer son dispositif défensif. La fortification englobe d’ailleurs des monuments funéraires préexistants et désaffectés. La ville de Palmyre est ensuite prise par les armées musulmanes dans le courant du VIIe siècle, puis se révolte contre les Abassides alors qu’à cette époque encore, le site est stratégique et permet de contrôler les routes du désert vers l’est. D’ailleurs, une fortification de hauteur est construite au XIVe siècle pour faire face aux potentielles invasions mongoles, fortification utilisée encore très récemment. Ainsi, l’importance stratégique de Palmyre est ancienne.

18À Palmyre, une société multiculturelle – sémitique, romaine, orientale, arabe –, explique en partie la multiplicité des dieux honorés comme celle de lieux sacrés sur la longue durée, comme sur le djebel Muntar consacré à un dieu égyptien, devenu ensuite martyrion musulman. Le caractère architectural unique du site de Palmyre résidait en partie dans ses tombeaux et les tours funéraires. Un certain nombre de ces ensembles antiques ont été détruits systématiquement par Daech en 2015 en même temps qu’un bastion arabe, construit au XIIe siècle dans l’entrée du sanctuaire de Bêl qui, de temple païen, était devenu église chrétienne puis mosquée.

19Toutes ses raisons scientifiques et historiques, et non pas l’histoire de Zénobie, expliquaient le classement de Palmyre au Patrimoine de l’humanité. C’est bien le décalage entre ce qu’est Palmyre historiquement et ses utilisations par le régime syrien ou la manière dont elle est considérée différemment par les Occidentaux et Daech qui sont à l’origine de sa destruction.

La destruction de Palmyre

  • 12 On n’oubliera pas les assassinats perpétrés par Daech qui les a mis en scène sur le site même de Pa (...)
  • 13 Pensons à la mise à sac régulière des sites du Pérou pour des raisons économiques dont on n’entend (...)

20Si Palmyre nous occupe aujourd’hui, c’est en raison des destructions volontaires et violentes de ses monuments, sans pouvoir encore extrapoler sur la situation nouvelle née de la chute du régime Assad en 202412. Ce vandalisme systématisé cependant n’est pas nouveau en 2015, ni exceptionnel. Il a existé à toutes époques et dans de nombreuses régions du monde, de même qu’il continue aujourd’hui, plus ou moins à bas bruit dans le silence si le destructeur ne diffuse pas dans le monde entier les images de ses actions. On n’évoquera donc ici que les conflits armés même si les dangers encourus par le patrimoine archéologique et architectural sont multiples, on l’a dit, entre pillages, trafics, défaut d’entretien, urbanisation, risque climatique, (in)sécurité, expansion du tourisme de masse13.

  • 14 On pourrait aussi évoquer la citadelle de Suse détruite en 2014. Quelques-uns des monuments malmené (...)

21En ce qui concerne les destructions volontaires du patrimoine par faits de guerre, la liste recoupe en partie, on l’a vu, celle du Patrimoine en péril : rappelons encore la destruction des Bouddhas de Bamiyan en Afghanistan en 2001, parce qu’objets d’une fatwa, ou citons le minaret en spirale de l’antique Samarra, capitale du califat abbasside, endommagé par la guerre en Irak en 2005, car celui-ci était un poste d’observation pour l’armée américaine avant de l’être à nouveau en 2014 par Daech qui s’attaquait aux lieux saints sunnites et chiites14.

  • 15 Le pillage et la destruction d’objets du musée de Mossoul ont été aussi filmés, et la vidéo diffusé (...)

22Palmyre ne fait donc pas exception. Pour rester au Proche-Orient, région du monde si riche en vestiges antiques et médiévaux, ne citons que la vieille ville d’Alep ravagée lors de la bataille de 2016 alors que la ville était séparée en deux, une partie tenue par l’armée syrienne et l’autre par plusieurs groupes rebelles ; le théâtre de Bosra en 2015 alors qu’il était demeuré très bien conservé depuis sa construction au début du IIe siècle de notre ère et intégré dans une fortification construite par les Abbuyides ; la ville d’Homs – l’ancienne Emèse ; mais également Mossoul, occupée par Daech pendant trois ans, qui a vu, comme Palmyre, la destruction systématique de ses anciens monuments, y compris des mosquées et des mausolées, considérés comme hérétiques, et le pillage du musée15. C’est enfin le Crac des chevaliers, habité jusqu’en 1934 par les populations locales, chassées pour cause de restaurations effectuées par l’administration française, et devenu en 2011 une caserne et un camp d’entraînement pour les rebelles et, pour cette raison, pilonné par l’armée syrienne. On compte ainsi aujourd’hui une vingtaine de sites archéologiques détruits en Syrie. Comme Nimroud, capitale de l’Assyrie antique, ou Ninive, détruites en 2015, tous ces sites sont pourtant inscrits sur la liste de l’Unesco.

  • 16 Voir également R. Caillet, « L’État islamique à Palmyre, c’est l’État islamique dans la cour du Lou (...)

23À Palmyre, Daech a détruit des monuments et des édifices de toutes époques, y compris arabes ou musulmans. Mais cette destruction n’est que la fin d’une longue liste de destructions perpétrées par cette organisation en Mésopotamie antique, avant celles de Syrie, objets aussi des pillages à Ninive, Khorsabad ou Nimroud. Si ces événements ont commencé lors de la guerre du Golfe, ils se sont intensifiés ensuite pour atteindre leur paroxysme en Syrie avec des destructions en rapport avec l’idéologie politique de Daech, considérant que l’Europe s’était approprié le patrimoine de la Syrie à l’époque coloniale, puis postcoloniale par l’inscription à l’Unesco et enfin que le régime syrien avait récupéré Palmyre dans son roman national. C’était pour Daech autant de raisons de détruire ce patrimoine qui retenait l’intérêt de ses deux ennemis. Le message officiel de Daech est religieux, Palmyre paraissant le symbole de pratiques idolâtres et sa destruction tout « juste pour faire enrager l’Occident » (Sartre, 2016, p. 238)16. Gardons toutefois que les intentions de Daech sont avant tout politiques et économiques.

  • 17 « Al Ababeeb : filmer Zénobie comme une héroïne nationale », Frontières 9, 2023, p. 47-58, numéro c (...)

24En mai 2015, après avoir sévi en Irak, Daech entre donc dans Palmyre sans coup férir alors que l’armée régulière installée dans le fortin arabe lui a laissé la place libre. Pour rappel, Palmyre avait commencé à être détruite par la réalisation d’installations militaires – routes et fosses –, puis par les tirs et les bombardements de l’armée syrienne. L’attitude du régime syrien vis-à-vis de Palmyre demeure en effet au moins ambigüe. Les nationalistes syriens du parti Baas confondent l’empire romain avec l’empire colonial français (Sartre, 2016, p. 169), pensant que faire de Zénobie « reine de Palmyre » permettrait à la population syrienne d’avoir une héroïne nationale qui se serait opposée à l’Empire romain comme les nationalistes syriens face aux empires coloniaux occidentaux des XIX et XXe siècles. La destruction de Palmyre par Daech offre ainsi au régime en place la possibilité de montrer qui sont les nouveaux vandales. Tant le site que sa destruction ont donc représenté pour le régime officiel un instrument de propagande nationaliste. Comme le montre encore la série télévisée Al Ababeed, diffusée en Syrie dès les années 1996-1997, dans laquelle on peut voir le temple de Bêl et la grande colonnade de Palmyre, on assiste à une identité nationale fantasmée qui permet d’évoquer la Syrie contemporaine à travers le personnage de Zénobie et de son histoire. Dans cette série étudiée par T. Richard17, l’armée romaine y est en fait celle des armées française et britannique de l’époque des mandats sur la Syrie, celle d’Israël ensuite.

Conclusion

25L’émotion une fois retombée, et Daech en difficulté en Syrie, l’Unesco a pu reprendre l’initiative. Une fondation Aliph a été créée en 2016 avec quarante pays, dont les Émirats, pour intervenir en urgence sur le patrimoine avec des volumes financiers importants. En ont bénéficié le port de Beyrouth, les villes de Mossoul et de Palmyre. Les interventions sont concrètes et rapides, parfois même trop rapides au regard du temps des historiens et des archéologues puisque l’objectif reste d’abord économique et non pas scientifique. La question s’est aussi posée à nouveau de savoir s’il fallait choisir entre sauver les humains ou les monuments. Finalement, on peut se demander sociologiquement ce qui a choqué dans cette destruction : la destruction en elle-même ? la destruction gratuite et inutile ? ou la provocation par la mise en scène de la destruction ?

26Le film de la destruction de Palmyre par Daech est en effet un message adressé à tous ceux qui ne sont pas de leur côté. Sur ce point, la question posée par P. Veyne, si elle constitue un cri du cœur, ne semble pas valide. Les vestiges de Palmyre ne sont pas ces « monuments inoffensifs d’un lointain passé » (Veyne, 2015), mais au contraire un patrimoine qui, dans l’esprit des idéologues de Daech, a été confisqué par l’Occident et donc n’appartient plus à leur propre histoire. Palmyre est la conséquence d’une colonisation occidentale reprise par la suite par l’État syrien pour servir à son roman national. À double titre donc, ces monuments ne sont pas inoffensifs et appartiennent bien au temps présent. Dans la pensée de Daech, ce patrimoine-là n’a pas à être respecté et sa destruction est un outil de propagande, comme un autre, destiné à choquer les Occidentaux. Patrimoine de l’humanité qui plus est, le détruire, c’est attenter aux valeurs et aux biens protégés par la communauté internationale combattue.

  • 18 Actif sur de nombreux sites internet, Faisal Jeber a subi aussi la torture de la part de Daech. Voi (...)

27Tout cela regarde ainsi notre rapport au monde et au temps. Donnerons-nous le mot de la fin à F. Jeber, géomaticien et créateur du Centre Gilgamesh qui, en 2018, estimait, avec d’autres, qu’il fallait sauvegarder Palmyre pour sauvegarder l’identité nationale syrienne, fermement convaincu que la protection et la restauration du patrimoine culturel contribueront à la réconciliation des communautés irakiennes et de l’identité nationale, après des années de troubles dans le pays, augurant ce que pourrait être l’avenir de Palmyre et de la Syrie après la chute du régime de Bachar al-Assad18.

  • 19 Certains États s’en préoccupent désormais, comme par exemple l’Estonie qui a intégré dans sa Consti (...)

28C’est réintégrer Palmyre dans le roman national de la Syrie actuelle pour effacer le message de Daech, revenir à l’état antérieur et réinvestir les monuments avec un objectif nationaliste. Comme souvent, l’archéologie et ses vestiges sont politisés grâce au concept de patrimoine, et l’héritage matériel devient un outil pour faire une narration identitaire à usage des touristes et des étrangers, peu importe qu’elle n’ait aucun fondement scientifique. Pourtant les civilisations et la culture n’ont ni patrie ni frontières, ou ne devraient pas en avoir. Les enjeux patrimoniaux et culturels sont une expression vide de sens quand l’État lui-même est « déconstruit », selon les termes d’Annie et Maurice Sartre, ou quand il déconstruit lui-même son patrimoine en lui donnant un sens qu’il ne doit pas avoir. Si l’État ne protège pas son patrimoine naturel et culturel, ne participant d’aucune manière que ce soit à sa conservation, on peut douter que le reste du monde puisse faire quelque chose, malgré l’Unesco19.

29Ainsi, le patrimoine reste un objet et une construction politique à un moment et dans une société considérés. C’est pourquoi, même classé au Patrimoine de l’humanité, il n’est pas immunisé contre les dommages qu’on peut lui porter. Pour Daech, Palmyre est un site archéologique protégé par l’Occident et un lieu de mémoire inventé par l’État syrien, le site faisant donc partie d’une société que l’organisation rejette puisqu’à la fois symbole de la civilisation occidentale et symbole national de l’État syrien. A contrario, la destruction de Palmyre devient le symbole de la puissance de Daech sur l’Occident, tout comme la reprise de Palmyre en 2016 a permis au régime syrien de se poser en défenseur du patrimoine mondial. Le Patrimoine mondial de l’humanité qui appartiendrait à tous est, on le voit, parfois difficilement conciliable avec les intérêts nationaux (Leloup, 2021, passim) et les idéologies, notamment quand elles sont fondées sur des motifs religieux. Politique et patrimoine ne font pas toujours bon ménage, aussi, plutôt que les mots de F. Jeber ci-dessus, nous préférons conclure avec P. Béghain (2012, p. 7) : « Ne pas accepter qu’il [le patrimoine] devienne le lieu du repli identitaire et de l’exaltation nationaliste ou l’outil pernicieux de nouvelles exclusions ».

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Bibliographie

Béghain P., 2012, Patrimoine, politique et société, Paris, Presses de Sciences Po.

Bessenay-Prolonge J., Herr J.-J., Mura M., Havé A. (dir.), 2019, Archaeology of Conflict/Archaeology in Conflict. Documenting Destruction of Cultural Heritage in the Middle-East and Central Asia, Paris, Routes de l’Orient Actes, II.

Camara A., Négri V. (dir.), 2016, La protection du patrimoine archéologique. Fondements sociaux et enjeux juridiques, Paris, L’Harmattan.

Clemente-Ruiz A., Aloudat N. (dir.), 2018, Cités millénaires. Voyages virtuels de Palmyre à Mossoul, Paris, IMA, Iconem, Hazan [catalogue d’exposition].

David J.-C., Boissière T., 2014, « La destruction du patrimoine culturel à Alep : banalité d’un fait de guerre ? », Confluences Méditerranée, no 89/2, p. 163-171. https://shs.cairn.info/revue-confluences-mediterranee-2014-2-page-163?lang=fr

Dupaigne B., 2021, Politiques du patrimoine, Paris, L’Harmattan.

Grandpierre V., 2010, Histoire de la Mésopotamie, Paris, Folio Histoire.

Leloup M., 2021, Défendre l’humanité en protégeant son patrimoine. Un nouveau mandat pour les organisations de paix onusiennes, Paris, Dalloz.

Négri V. (dir.), 2014, Le patrimoine culturel, cible des conflits armés. De la guerre civile espagnole aux guerres du 21e siècle, Bruxelles, Bruylant.

Poli J.-F., Mezghani N. (dir.), 2006, Droit et protection du patrimoine culturel dans les pays méditerranéens, Paris, L’Harmattan.

Sartre A., Sartre M., 2016, Palmyre. Vérités et légendes, Paris, Perrin.

Veyne P., 2015, Palmyre. L’irremplaçable trésor, Paris, Albin Michel.

Viviers D., 2018, Usages et enjeux des patrimoines archéologiques. Entre science et politique, Bruxelles, L’Académie en poche.

• Autres ressources

« 1914-1918. Le patrimoine s’en va-t-en guerre » : exposition à la Cité de l’architecture et du patrimoine (Paris), du 11 mars au 4 juillet 2016.

« Le patrimoine archéologique et son droit. Questions juridiques, éthiques et culturelles » : colloque au musée du quai Branly, les 9 et 10 octobre 2012.

« Trésors de Mésopotamie. Des archéologues face à Daech » : documentaire de J. Bashara, diffusé sur Arte le 25 septembre 2021, sur une reconstitution virtuelle et numérique pour modéliser les monuments détruits.

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Notes

1 Pensons à la thèse de M. Mura, soutenue en 2021 à Paris 1-Panthéon-Sorbonne, sous la direction de P. Butterlin : Dynamique des tells, pillages et destructions militaires : étude comparative de l’évolution des tells archéologiques moyen-orientaux dans trois micro-régions de Syrie, d’Irak et d’Afghanistan.

2 Colloque Archaeology of Conflict/Archaeology in Conflict. Documenter la destruction au Moyen-Orient et en Asie centrale/Documenting Destruction of Cultural Heritage in the Middle-East and Central Asia, Paris, INHA, 2-3 nov. 2017.

3 En atteste une riche bibliographie dont un échantillon est mentionné en annexe.

4 R. Azimi, « L’art vaut-il une vie ? », Le Monde, 23 janvier 2016.

5 L’exposition s’est tenue du 11 mars au 4 juillet 2016 à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine (Paris).

6 Art. 4.2 : « Il ne peut être dérogé aux obligations définies au paragraphe premier du présent article que dans les cas où une nécessité militaire exige, d’une manière impérative, une telle dérogation ».

7 Auparavant, la résolution 2199 de 2015, prise par l’Unesco, interdit le commerce des biens culturels en provenance de la Syrie et de l’Irak.

8 Pour rappel, l’État syrien est signataire de la Convention de La Haye de 1954, mais pas de celle de 1999.

9 De même, la Convention européenne de Londres de 1969, revue à Malte en 1992, sur la protection du patrimoine archéologique, envisage surtout les connaissances et leur diffusion.

10 Sur cette conception, voir Beghain, 2012, passim.

11 Citons seulement l’exposition « Les Antiquités de Palmyre » qui s’est tenue au musée du Louvre (Paris) en 1993.

12 On n’oubliera pas les assassinats perpétrés par Daech qui les a mis en scène sur le site même de Palmyre.

13 Pensons à la mise à sac régulière des sites du Pérou pour des raisons économiques dont on n’entend guère parler.

14 On pourrait aussi évoquer la citadelle de Suse détruite en 2014. Quelques-uns des monuments malmenés pendant la guerre du début des années 2000 ont été restaurés partiellement par l’Unesco.

15 Le pillage et la destruction d’objets du musée de Mossoul ont été aussi filmés, et la vidéo diffusée par Daech, comme dans le cas de Palmyre. En Libye, il en avait été de même pour le musée de Bagdad en 2003 ou celui de Benghazi.

16 Voir également R. Caillet, « L’État islamique à Palmyre, c’est l’État islamique dans la cour du Louvre », Le Monde, 22 mai 2015.

17 « Al Ababeeb : filmer Zénobie comme une héroïne nationale », Frontières 9, 2023, p. 47-58, numéro consacré aux Passés politisés. Usages politiques du passé antique et médiéval au XXIe siècle.

18 Actif sur de nombreux sites internet, Faisal Jeber a subi aussi la torture de la part de Daech. Voir Clemente-Ruiz et al., Cités millénaires, 2018.

19 Certains États s’en préoccupent désormais, comme par exemple l’Estonie qui a intégré dans sa Constitution la préservation de ses forêts qu’elle a considérées comme un patrimoine national (en plus de la protection de la biodiversité).

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Pour citer cet article

Référence électronique

Sylvie Crogiez-Pétrequin, « Introduction. Palmyre-Tadmor : le patrimoine culturel en guerre »Les Cahiers d’EMAM [En ligne], 36 | 2025, mis en ligne le 08 janvier 2025, consulté le 17 novembre 2025. URL : http://journals.openedition.org/emam/5919 ; DOI : https://doi.org/10.4000/131ke

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