1L’effondrement économique qui a suivi la chute du régime communiste et la réunification allemande a entraîné la fermeture de la plupart des mines, et notamment celles de lignite dont la production a fortement décliné au cours des années 1990. En l’espace de quelques années, la diminution drastique de la production et la fermeture de la plupart des activités industrielles qui lui étaient liées ont entraîné de profondes transformations économiques et fait entrer les bassins miniers dans une sorte de léthargie, à l’origine de nombreux problèmes socio-économiques (Wirth, Linz 2007). Contrairement aux bassins houillers d’Europe de l’Ouest où le déclin progressif de l’exploitation minière a permis l’émergence de nouvelles activités et un redéveloppement plus ou moins réussi, les régions minières des nouveaux Länder sont entrées très brutalement dans l’ère post-industrielle (Förster 1996).
2La fermeture brutale des immenses mines à ciel ouvert qui caractérisaient les paysages des bassins de lignite a entraîné des changements assez rapides de ces paysages façonnés pendant plus d’un siècle par ces activités minières. L’extension spatiale considérable des friches minières au début des années 1990 a rendu nécessaire de conduire un programme de réhabilitation consistant à reboiser de vastes surfaces et à ennoyer les excavations résiduelles pour constituer tout un paysage lacustre encore en cours de développement. Dans le même temps, s’est aussi posée la question des nouveaux usages à trouver pour ces anciennes surfaces minières, dans des régions très durement frappées par l’effondrement des activités minières et industrielles.
3Les paysages de la Basse Lusace, qui portent encore profondément l’empreinte de l’exploitation minière, se sont en effet rapidement transformés en de nouveaux paysages lacustres et forestiers, encore en cours d’aménagement. C’est sur cette nouvelle image dont l’émergence a été favorisée au cours des années 2000 par l’organisation d’une exposition internationale d’architecture (IBA) que la région du bassin de lignite de Basse Lusace tente de se construire un avenir. C’est aussi dans ce contexte qu’ont été mis en place les premiers parcs éoliens implantés à la fin des années 1990 sur des friches minières, devenues une ressource potentielle en termes de production d’énergie renouvelable et marquant ainsi assez symboliquement les mutations économiques et paysagères de la transition énergétique.
Fig. 1 - Les bassins charbonniers et de lignite en Allemagne
Deshayes
4Après avoir décrit les caractéristiques des paysages miniers hérités de l’exploitation massive de l’époque de la RDA, l’article présente les conditions dans lesquelles se sont développés les projets aboutissant à la création d’un nouveau paysage lacustre post-minier. L’analyse des études réalisées lors de l’IBA, ainsi que des entretiens auprès des habitants et des principaux acteurs impliqués dans le développement des nouveaux projets, permettent de mesurer les enjeux sociaux, économiques et environnementaux associés à la construction de ces nouveaux paysages.
5État presque dépourvu de ressources énergétiques autres que le lignite, la RDA a fortement développé l’extraction de ce combustible de médiocre qualité qui dépassait 300 millions de tonnes par an à la fin des années 1980. Extrait de gigantesques exploitations à ciel ouvert dans la région de Leipzig et en Basse Lusace, le lignite est à l’origine de la dévastation de vastes régions. En effet, si après la fin de l’exploitation il était prévu de réhabiliter et de remettre en culture, ou de reboiser les friches minières, en réalité, à partir des années 1980, la priorité donnée à la production et le manque de ressources financières ont réduit les surfaces réhabilitées qui étaient très inférieures à celles affectées par la progression des mines (Berkner 2000).
6Au moment de la chute du régime communiste en 1989, à peine la moitié des 120 000 ha de terres agricoles ou forestières exploitées avait fait l’objet d’une réhabilitation, car la logique strictement productiviste en vigueur en RDA avait relégué au second plan la nécessité de reconstituer de nouveaux paysages après l’extraction du lignite (Deshaies 2005, Deshaies 2007). Aussi, en 1989, les paysages des bassins de lignite se caractérisaient-ils par la prédominance de vastes friches minérales labourées par les excavatrices géantes (Berkner 1991, Berkner 2001).
Fig. 2 - Les exploitations de lignite et les friches minières de Basse Lusace en 1989
Geosatellitenbildatlas Deutschland, 1990
7Principal centre d’extraction du lignite du pays, le bassin de Basse Lusace était aussi le plus marqué par le déficit de réhabilitation, car la production n’avait pas cessé d’augmenter depuis les années 1960 pour atteindre un maximum de 200 millions de tonnes en 1988, à l’époque où les moyens manquaient cruellement pour assurer la remise en culture (Berkner 1989, Deshaies 2005). La grande continuité des couches permettait l’utilisation généralisée des ponts transporteurs, de telle sorte que les exploitations à ciel ouvert de Basse-Lusace s’étendaient à une vitesse nettement plus importante que dans les autres bassins, alors que la remise en culture ne pouvait pas suivre le rythme.
8Entre 1970 et 1990, les surfaces ayant été exploitées pour l’extraction du lignite en Basse-Lusace ont ainsi presque doublé, passant de 37 578 à 70 578 ha (Deshaies 2005). Au cours des années quatre-vingt, c’était plus de 2000 ha par an qui étaient ainsi consommés par l’exploitation minière. Tandis que dans les années soixante-dix, les surfaces réhabilitées étaient presque équivalentes à celles consommées par l’exploitation, dans les années quatre-vingt, seule la moitié des surfaces faisait l’objet d’une réhabilitation. Plus encore qu’en Allemagne centrale, dans la région de Halle et de Leipzig, les paysages de la Basse Lusace étaient donc marqués par d’immenses surfaces labourées, totalement minérales, correspondant aux déblais laissés par les ponts transporteurs. Sur les 75 000 ha exploités depuis les débuts de l’activité minière en Basse Lusace, il y avait en 1992 plus de 36 000 ha correspondant à des mines en activité, à des excavations résiduelles, ou à des friches n’ayant pas encore été réhabilitées (Georgi 1994).
Photo 1 - Excavation résiduelle de l’exploitation de Meuro à Groβräschen en cours d’inondation
Fermée en 1999, l’exploitation de Meuro a commencé à être inondée pour former le lac de Groβräschen à partir de 2007.
Deshaies, 2015
- 1 La LMBW est une société publique appartenant au Bund qui est chargée de réhabiliter les anciennes e (...)
9À la suite de la réunification en 1990, l’exploitation du lignite a été privatisée, réorganisée et la plupart des mines ont été fermées en conséquence de la forte diminution des volumes extraits qui sont désormais de l’ordre de 70 millions de tonnes par an dans trois exploitations encore en activité, possédées aujourd’hui par la société LEAG qui a pris le relais de Vattenfall en 2018. L’Etat fédéral a pris en main la réhabilitation des friches minières par le biais de sociétés publiques réunies en 1994 pour constituer la LMBV1 (Lausitzer und Mitteldeutsche Bergbauverwaltungsgesellschaft mbH).
Tableau 1 : surfaces exploitées et réhabilitées en Basse Lusace (ha),
Année
|
Surface totale exploitée
|
Mines actives et surfaces non réhabilitées
|
Surfaces totales réhabilitées
|
Surfaces agricoles
|
Surfaces reboisées
|
Lacs existants
|
Autres usages
|
1979
|
50 227
|
22 878
|
27 349
|
4 426
|
17 471
|
2 309
|
3 144
|
1989
|
68 671
|
31 891
|
36 780 (53 %)
|
7 646
|
21 460
|
2 916
|
3 725
|
1992
|
74 744,9
|
36 530,3
|
38 214,6
|
8 743,7
|
22 631,9
|
3 204,2
|
3 634,8
|
2002
|
80 831
|
34 375,5
|
46 455,5
|
9 329
|
28 050,1
|
3 555,9
|
5 520,3
|
2013
|
86 592
|
31 877,6
|
54 714,4
|
9 880,1
|
30 374,2
|
7 545,9
|
6 914,2
|
2016
|
87 913
|
30 641,6
|
57 271,4
|
10 246,7
|
31 120,3
|
8 873,6
|
7 030,8
|
2021
|
89 949,6
|
30 804,5
|
59 145,1 (66 %)
|
10 691,6
|
31 894,6
|
8 977,2
|
7 581,7
|
Deshayes, d’après https://kohlenstatistik.de/
10Le bilan de la réhabilitation des friches minières en 2013 était déjà impressionnant, puisqu’en 20 ans, ce sont plus de 16 000 ha (soit 20 % de la surface totale exploitée depuis le XIXe siècle) qui ont été reconvertis (Wiedernutzbarmachung), principalement par la plantation de forêts (8000 ha supplémentaires) pour la moitié des surfaces et par la constitution de lacs (4300 ha supplémentaires) dans les excavations résiduelles. En revanche, peu de surfaces nouvelles (environ 1000 ha) ont été converties à l’agriculture en raison de la médiocrité des sols et de la restructuration du secteur agricole dans les nouveaux Länder.
11Par contre, les surfaces dévolues à d’autres usages (3300 ha supplémentaires) ont beaucoup progressé. Il s’agit notamment de l’aménagement de zones d’activités, de loisirs, ou encore de l’implantation de parcs photovoltaïques et éoliens qui illustrent la constitution d’un nouveau paysage de succession minière (Pflug 1998). Depuis 2013, la poursuite de la mise en eau des anciennes exploitations à ciel ouvert a fait encore fortement progresser les surfaces lacustres (1400 ha supplémentaires) qui occupent désormais 15 % des surfaces réhabilitées, derrière les forêts qui couvrent pour leur part 54 % des surfaces. Ainsi, alors que le paysage antérieur à l’exploitation minière se caractérisait par la prédominance de la forêt et des cultures et la présence de quelques étangs (moins de 1 % des surfaces aquatiques), le nouveau paysage de succession minière est constitué d’immenses lacs au milieu de vastes forêts issues d’opérations de reboisement. Par contre, les surfaces agricoles ont beaucoup diminué par rapport à la situation antérieure à l’exploitation minière.
- 2 En 2013, il restait 8 000 emplois dans le secteur du lignite en Basse Lusace contre 75 000 en 1989.
12Face à l’ampleur des surfaces minières abandonnées et à la nécessité de reconstruire un cadre de vie acceptable dans une région dévastée et fortement frappée par l’effondrement économique qui a suivi la réunification, la LAUBAG puis, à partir de 1994, la LMBV, ont mis en œuvre un vaste programme de réhabilitation conduit suivant les méthodes classiques éprouvées depuis des décennies (Pflug, 1998) : dépolluer les anciens sites miniers, remodeler les exploitations afin de stabiliser les talus, réaliser les travaux de renaturation, de reboisement et de remise en culture des friches minières. Dès la fin des années 1990, le nouveau paysage de succession minière, constitué de grands lacs dans les excavations résiduelles et de nouvelles forêts plantées sur les plateaux de déblais, commençait à se dessiner (Deshaies 2007). Dans le même temps, face à la disparition de la plupart des emplois du secteur du lignite2, se posait aussi la question des nouvelles activités à créer et donc de l’usage des surfaces réhabilitées. Les communes et les deux Länder se partageant le bassin, la Saxe et le Brandebourg, étaient intéressés à ce que la remédiation permette notamment de développer l’attractivité de leur territoire (Lintz, Wirth 2015). En effet, la LMBV avait aussi pour mission d’accompagner la réutilisation de ces espaces en recherchant des investisseurs pour de nouvelles activités.
Fig. 3 - Paysages du bassin de lignite de Basse Lusace en 1996
1, surfaces en cours d’exploitation minière ou fermées depuis 1990 ; 2, limite de la zone autorisée pour l’exploitation ; 3, limite de la zone planifiée pour l’exploitation ; 4, surfaces en voie de réhabilitation ; 5, surfaces agricoles ; 6, surfaces reboisées ; 7, nouveau lac dans une ancienne exploitation minière ; 8, canal de jonction entre les nouveaux lacs ; 9, espace urbain ou village ; 10, centrale thermique ; 11, autoroute ; 12, route fédérale ; 13, limite entre Länder ; 14, frontière internationale.
Deshayes
13Si l’exploitation forestière couvre l’essentiel des surfaces réhabilitées, la constitution de plusieurs dizaines de nouveaux lacs, dont les plus grands s’étendent sur plusieurs centaines d’ha, a permis d’envisager un nouvel avenir touristique autour de ces plans d’eau que l’on a réussi à rendre de qualité suffisante afin de pouvoir être utilisés pour des activités balnéaires (Schultze, Pokrandt, Hille 2010). Seuls certains lacs en cours de constitution, comme le lac de Bluno, ont encore des eaux de qualité trop médiocre (ph trop acide), pour pouvoir servir de support à des activités. Mais sur la plupart des lacs déjà constitués ou en cours de formation, de nombreux projets d’aménagement de plages, de bases nautiques, de zones « naturelles » protégées (Naturschutzgebiet), d’infrastructures d’accueil touristique ont été réalisés.
Photo 2 - Le lac de Groβräschen a atteint son niveau final en octobre 2018
Un vignoble a été planté sur le plan incliné en contrebas du siège de l’IBA (logo See). L’entrée du nouveau port de plaisance est visible au second plan.
Deshaies, 2022
14De vastes surfaces de friches minières ont été localement réaménagées pour servir de support à de nouveaux usages tel que le circuit automobile de l’Eurospeedway Lausitz ouvert en août 2000 et destiné à accueillir des courses de vitesse à l’américaine. Dans le cadre du processus de réhabilitation des friches minières, une initiative originale a donné lieu à la réalisation d’un jardin botanique et d’un sentier de découverte géologique (Findlingspark) sur les blocs erratiques extraits des déblais miniers en bordure de l’exploitation de Nochten.
Photo 3 - Le jardin botanique du Findlingspark
Le jardin a été créé sur une partie des friches minières de l’exploitation de Nochten et la centrale thermique de Boxberg
Deshaies, 2021
15Dans le nord du bassin, en bordure du lac de Schlabendorf, en cours de constitution, la fondation Heinz Sielmann a acheté 3300 ha d’anciens terrains miniers afin d’en faire un conservatoire de la nature. Depuis le centre de visite installé dans la dernière maison épargnée par l’exploitation minière, on peut explorer un paysage étrange (le Naturlandschaft Wanninchen) de dunes de sables et de marais qui abrite une faune et une flore très variées.
Tableau 2 : origines et caractéristiques des nouveaux lacs dans les anciennes exploitations minières de Basse Lusace (source : LMBV)
Nom de la mine
|
Dates de l’exploitation
|
Surface exploitée (ha)
|
Nom du lac
|
Formation du lac
|
Surface du lac (ha)
|
Usage principal
|
Schlabendorf N
|
1959-1977
|
2 500
|
Lichtenauer See
|
2009-2015
|
326
|
nature
|
Schlabendorf S
|
1975-1991
|
3 300
|
Schlabendorfer See
Drehnaer See
|
2002-2012
1999-2011
|
556
226
|
Nature+marina
|
Seese West
|
1962-1978
|
2 900
|
Schönfelder See
|
1997-2008
|
140
|
nature
|
Seese Ost
|
1983-1996
|
8 300
|
Bischdorfer See
|
2000-2012
|
255
|
Sports nautiques
|
Greifenhain
|
1937-1994
|
3 100
|
Altdöberner See
|
1998-2026
|
880
|
Land art
|
Gräbendorf
|
1984-1992
|
830
|
Gräbendorfer See
|
1996-2007
|
460
|
plongée
|
Jänschwalde
|
1976-2010
|
1 960
|
Klinger See
|
2000- ?
|
320
|
nature
|
Klettwitz Nord
|
1988-1992
|
436
|
Bergheider See
|
2001-2013
|
320
|
Nature+sports nautiques
|
Meuro
|
1965-1999
|
3 580
|
Groβräschener See
|
2007-2018
|
790
|
Sports nautiques
|
Niemtsch
|
1941-1966
|
1 544
|
Senftenberger See
|
1967-1972
|
1 100
|
Baignade, sports nautiques, nature
|
Sedlitz
|
1928-1980
|
2 640
|
Sedlitzer See
|
2006-2015
|
1 400
|
Sports nautiques
|
Scado
|
1940-1977
|
2 020
|
Partwitzer See
|
2004-2021
|
1 120
|
Sports nautiques
|
Koschen
|
1955-1972
|
900
|
Geierswalder See
|
2004-2013
|
640
|
Sports nautiques
|
Spreetal
|
1915-1991
|
5 170
|
Neuwieser See
Blunoer Süsee
Sabrodter See
Bergener See
Spreetaler See
|
2002-2015
2005-2015
2006-2015
2009-2015
1998-2015
|
630
350
140
130
310
|
à déterminer
|
Scheibe
|
1985-1996
|
760
|
Scheibesee
|
2002-2011
|
680
|
à déterminer
|
Werminghoff I
|
1931-1945
|
778
|
Knappensee
Graureihersee
|
1951-1953
2013-
|
286
137
|
Réservoir, sports nautiques
|
Werminghoff II
|
1934-1954
|
745
|
Silbersee
|
1967-1972
|
340
|
baignade
|
Werminghoff III
|
1952-1984
|
3 950
|
Lohsa II
|
1997-2016
|
1 080
|
réservoir
|
Dreiweibern
|
1984-1989
|
300
|
Dreiweiberner See
|
1996-2002
|
294
|
Tourisme baignade
|
Burghammer
|
1963-1973
|
860
|
Bernsteinsee
|
1997-2010
|
480
|
Réservoir, sports nautiques
|
Bärwalde
|
1976-1992
|
1 950
|
Bärwalder See
|
1997-2009
|
1 300
|
Baignade, sports nautiques, nature
|
Berzdorf
|
1946-1997
|
2 000
|
Berzdorfer See
|
2002-2013
|
965
|
Baignade, sports nautiques
|
Deshaies
16Le nouveau paysage lacustre de Basse Lusace3 (Lausitzer Seenland) déjà en grande partie constitué dans la partie occidentale du bassin, autour de la ville de Senftenberg, fait depuis plusieurs années sa promotion comme destination touristique nouvelle. L’originalité de cette région est qu’elle offre à la fois un fort potentiel pour des activités balnéaires et nautiques, mais aussi des possibilités très variées pour des vacances actives (randonnée cycliste, en skate, à cheval ou à quad), ou sur les traces du patrimoine industriel (l’excavatrice géante de l’ancienne exploitation de Klettwitz, ou l’ancienne centrale thermique de Plessa). Depuis 2015, les différents lacs constitués dans les anciennes exploitations de lignite autour de Senftenberg sont reliés entre eux par des canaux ; ce qui permet d’effectuer une véritable croisière en passant d’un lac à l’autre. Certains de ces plans d’eau ont vu se développer des ports de plaisance, avec à proximité des infrastructures de restauration et de séjour.
Photo 4 - Le conservatoire de la nature de la fondation Heinz Sielmann, dans l’ancienne exploitation de Schlabendorf sud
Deshaies, 2007
17En quelques années, cette région lacustre est devenue une destination touristique émergente, dont la promotion et la coordination des acteurs du secteur est assurée par un syndicat, le Tourismusverband Lausitzer Seenland, issu de la fusion en 2012 des syndicats créés en 2002 en Brandebourg et en 2004 dans la partie saxonne. La fréquentation, encore modeste, est néanmoins en forte croissance, passant de 590 000 nuitées en 2012 à plus de 834 000 nuitées en 20194. L’objectif était d’atteindre 1,5 million de nuitées en 2020, lorsque la plupart des lacs devaient avoir atteint leur niveau final. Mais la crise liée à la pandémie de Covid 19 est venue perturber ces projets en raison des restrictions sanitaires qui ont prévalu pendant plusieurs mois. En 2021, pour la deuxième année consécutive, le nombre de nuitées a été en recul de 10 %, tombant en dessous de 700 000.
18Parallèlement au développement de ces projets d’utilisation pour le tourisme et les loisirs des lacs en cours de constitution, la politique de développement des énergies renouvelables en Allemagne a donné une nouvelle valeur aux anciennes surfaces minières. Dès la fin des années 1990, on a commencé à envisager d’utiliser des friches minières pour installer les nouvelles infrastructures de production d’énergie renouvelables, en particulier les éoliennes qui doivent toujours être situées loin des habitations et des zones naturelles protégées. Le Land de Brandebourg a été précurseur, en lien avec sa volonté de développer les énergies renouvelables. Après avoir défini des objectifs assez modestes en 2002 (5 % d’énergie renouvelable en 2010), la « stratégie énergétique » de 2008 a fixé pour 2020, une part de 20 % d’énergies renouvelables dans la consommation d’énergie primaire. Pour atteindre ses objectifs, il a misé fortement sur la biomasse et l’énergie éolienne. Par contre, le Land de Saxe reste jusqu’à aujourd’hui en retrait, en particulier pour les éoliennes dont la capacité installée est cinq fois plus faible que celle du Brandebourg.
Fig. 4 - Nouveaux paysages du bassin de lignite de Basse Lusace en 2016
1, surfaces en cours d’exploitation minière ou fermées récemment ; 2, limite de la zone autorisée pour l’exploitation ; 3, limite de la zone planifiée pour l’exploitation ; 4, surfaces en voie de réhabilitation ; 5, surfaces agricoles ; 6, surfaces reboisées ; 7, nouveau lac dans une ancienne exploitation minière ; 8, canal de jonction entre les nouveaux lacs ; 9, parc photovoltaïque ; 10, parc éolien ; 11, Landmarke, ou centre de visite ; 12, port de plaisance ; 13, circuit automobile Eurospeedway Lausitz ; 14, espace urbain ou village ; 15, centrale thermique ; 16, autoroute ; 17, route fédérale ; 18, limite entre Länder ; 19, frontière internationale. Abréviations des nouveaux lacs: SD, Schlabendorfer See; DN, Drehnaer See; LT, Lichtenauer See; SF, Schönfelder See; BD, Bischdorfer See; GD, Gräbendorfer See; AD, Aldöberner See; KG, Klinger See; BH, Bergheider See; GR, Groβräschener See; SB, Senftenberger See; SL, Sedlitzer See; PW, Partwitzer See; GW, Geierswalder See; BS, Blunoer Südsee; NW, Neuwieser See; SA, Sabrodter See; ST, Spreetaler See; BE, Bernsteinsee; SC, Scheibe-See; LS, Lohsa II; DW, Dreiweiberner See; KP, Knappensee; BW, Bärwalder See.
Deshaies
19C’est pourquoi les éoliennes ont été implantées essentiellement dans la partie brandebourgeoise du bassin de lignite. La LMBV a vendu 1500 ha de friches minières pour installer des parcs éoliens. L’insertion des énergies renouvelables s’est faite en deux temps dans la région de Schipkau : entre 1999 et 2006, l’implantation d’une cinquantaine d’éoliennes pour une puissance installée d’environ 100 MW. L’implantation des premières éoliennes en 1999 faisait directement suite aux résultats de l’étude commanditée par le Land de Brandebourg et publiée en 1996 quant aux possibilités de construction d’éoliennes sur des accumulations de déblais miniers. Celle-ci soulignait notamment le gros potentiel éolien qui existait au sommet des plateaux de déblais miniers et en particulier sur celui dominant le village de Klettwitz (commune de Schipkau), considéré comme l’un des meilleurs sites de tout le Brandebourg.
Photo 5 - Parc éolien dans l’ancienne mine de Klettwitz Nord
Deshaies, 2015
20Les fortes disponibilités en surfaces ont aussi été saisies par des investisseurs dans le photovoltaïque, notamment à la suite de la modification de la loi EEG5 en 2009 qui a limité les possibilités d’implantation des parcs PV sur des surfaces en conversion comme les friches industrielles et minières. La LMBV a alors établi un recensement des surfaces pouvant se prêter à l’installation des parcs PV et a recherché des investisseurs. Dans la région de Schipkau, cela a abouti en 2011 à l’implantation de plusieurs grands parcs photovoltaïques sur les friches minières de l’ancienne exploitation de Meuro qui s’étendent à la fois sur les communes de Schipkau, de Groβräschen et de Senftenberg. À cela s’ajoutent l’implantation récente d’installations PV sur le parking de l’anneau de course automobile de Lusace (Eurospeedway Lausitz) et la construction à proximité de la plus puissante éolienne terrestre du monde (7 MW). Au total, en 2021, 166 éoliennes avaient été implantées dans l’ensemble du bassin minier et 1770 ha de friches minières avaient été utilisées pour installer des parcs photovoltaïques6.
21L’implantation des parcs éoliens et des parcs photovoltaïques a été perçue très favorablement par la LMBV dans la mesure où elle apportait une justification aux investissements énormes réalisés depuis la Réunification pour réhabiliter les friches minières qui, dans une Allemagne en situation économique difficile au début des années 2000, pouvaient sembler disproportionnés. Le déclin démographique et économique de l’Allemagne de l’Est rendait très hypothétique la possibilité de réutiliser des surfaces aussi vastes pour de nouveaux usages économiques. Aussi, l’implantation des parcs éoliens et plus récemment des parcs photovoltaïques, est venue illustrer les nouvelles formes de valorisation que l’on pouvait trouver pour ces surfaces dont il y a peu encore, on ne savait que faire et qui contribuaient à donner une image négative de la région.
Photo 6 - Ancienne excavatrice et parcs photovoltaïques sur les friches minières de l’ancienne exploitation de Meuro
Parcs éoliens à l’horizon
Deshaies, 2018
22Ces formes de réhabilitation et de reconversion de la région semblaient cependant insatisfaisantes, dans la mesure où elles aboutissaient à terme à la disparition presque totale des héritages du passé minier et donc à une certaine banalisation du paysage. Il semblait ainsi nécessaire de développer un concept permettant de préserver le patrimoine culturel de la région minière (Wirth, Černič Mali, Fischer 2012). Aussi, à l’imitation de ce qui avait été réalisé dans le bassin de la Ruhr au cours des années quatre-vingt-dix (Shaw 2002), les responsables politiques de la région Lausitz-Spreewald, soutenus par le gouvernement du Land de Brandebourg, ont créé une IBA (Internationale Bauausstellung), c'est-à-dire une société chargée d’initier, de coordonner et d’assurer la promotion des projets de réhabilitation et de mise en valeur du patrimoine et des paysages développés dans la région (IBA, 2010). Le gouvernement de la Saxe n’a participé à l’IBA que pour la partie située dans le Lausitzer Seenland. Entre 2000 et 2010, l’IBA Fürst Pückler Land a ainsi contribué à mettre en scène le changement de paysage et surtout à donner une nouvelle image du bassin de Basse Lusace ; le logo de l’IBA, See (lac en allemand) jouant sur sa signification anglaise : voir. Trente projets regroupés dans neuf espaces qualifiés « d’îles paysagères » ont été ainsi initiés par l’IBA.
Photo 7 - L’ancien pont-transporteur de la mine de Klettwitz Nord devenu la « Tour-Eiffel couchée »
Deshaies, 2013
- 7 La production de coke générait de grandes quantités d'eaux usées riches en phénol. Elle était purif (...)
23Ces projets se déclinent suivant différents thèmes, représentant à la fois l’héritage industriel et minier et le devenir des paysages de la Basse Lusace. En effet, l’IBA a intégré le fait qu’en conséquence de l’ennoiement progressif des anciennes mines, les paysages allaient beaucoup changer au cours des prochaines décennies et qu’il fallait donc exploiter cette originalité pour transformer l’image de la région, tout en conservant des éléments de son identité. Plusieurs « monuments » portant témoignage de l’histoire de l’extraction et de la transformation du lignite ont été ainsi préservés et même mis en scène comme l’ancien pont-transporteur de la mine de Klettwitz devenu « la Tour Eiffel couchée », ou les « Bio-Türme7 » de l’ancienne cokerie de Lauchhammer.
24Les paysages lacustres en cours de constitution ont inspiré de nouveaux concepts que l’IBA s’est efforcée de réaliser afin de donner une image nouvelle à la région. L’idée d’une liaison navigable par canal entre les différents lacs a ainsi émergé au cours de l’IBA. Celle-ci a aussi développé l’insertion de nouvelles architectures flottantes sur les lacs en cours de formation et la réalisation de Landmarken servant de belvédères sur les paysages lacustres en devenir. L’un de ces belvédères, érigé en 2008 le long du canal joignant les lacs de Geierswald et de Sedlitz, est devenu le Landmarke le plus emblématique de la région. Construit en acier à la surface de couleur rouge oxydée, il est surnommé le Rostiger Nagel (littéralement le clou rouillé) et offre du haut de ses 30 mètres, un panorama exceptionnel sur trois des plus grands lacs du Lausitzer Seenland. À proximité de ce Landmarke, on peut aussi arpenter la première partie d’un ponton flottant qui, suivant le projet initial, devait traverser l’ensemble du lac de Sedlitz.
Photo 8 -Le Landmarke du « Rostiger Nagel »
Construit en 2008 le long du canal reliant les lacs de Geierswald et de Sedlitz, il est devenu un des emblèmes de la nouvelle région des lacs de Lusace
Deshaies, 2018
25Dans l’une des seules exploitations encore en activité, celle de Welzow, les paysages éphémères des déblais miniers en cours de reconquête spontanée par la végétation ont servi de support à un projet original de tourisme de découverte. L’organisation de tours8 au cours desquelles le visiteur est invité à partager les émotions que lui inspire la renaissance de la nature sur les friches minières constitue le point d’orgue de ce concept touristique original. Les nouveaux paysages énergétiques apparus depuis la fin des années 1990 ont aussi inspiré un des projets de l’IBA, avec l’idée d’utiliser une partie des friches minières réhabilitées pour la culture de plantes énergétiques, notamment d’arbres à croissance rapide.
26En 2010, à la fin de l’IBA, l’énergie est même devenue un thème fédérateur entre différents sites du bassin de Basse Lusace, à travers la mise en place de la route de l’énergie et du patrimoine industriel de Lusace (Energie Route der Lausitzer Industriekultur9). Cette nouvelle route touristique qui est rattachée à la route européenne du patrimoine industriel (ERIH10) met en réseau dix sites représentatifs des activités d’extraction et de transformation du lignite pour la production d’énergie. La plupart des sites constituent un patrimoine industriel puisqu’il s’agit d’anciennes briquetteries (Briquetterie Louise, Energiefabrik Knappenrode), d’anciennes centrales thermiques (Plessa), des Bio-Türme de Lauchhammer, ou encore de l’ancien pont-transporteur de la mine de Klettwitz. Mais l’originalité de la route est qu’elle comporte aussi des sites en activité comme la nouvelle centrale thermique de Schwarze Pumpe et la mine de lignite de Welzow, dans laquelle sont proposées des excursions à pied, à vélo, ou en véhicules à moteur tout-terrain.
27Profondément transformés par l’exploitation du lignite, les paysages de la Basse Lusace sont en train d’acquérir une nouvelle identité, puisque lorsque l’exploitation minière aura cessé à l’horizon 2030, la région sera devenue une contrée lacustre et boisée, comportant 50 000 ha de forêts et plus de 140 lacs s’étendant sur 26 000 ha, soit un quart des anciennes surfaces minières. Ces paysages qui ne seront pas sans évoquer ceux hérités de la glaciation, en Mecklembourg-Poméranie ou en Finlande, seront aussi caractérisés par l’omniprésence des énergies renouvelables, en particulier de l’éolien dont le développement se poursuit.
- 11 On parle dans ce cas d’opération de repowering.
28Au cours des dernières années et notamment depuis la catastrophe de Fukushima en 2011 qui a donné une impulsion supplémentaire à la transition énergétique, de nombreux nouveaux parcs éoliens ont été créés, ou sont en cours de construction dans l’ensemble de la Basse Lusace, soit sur des friches minières, soit à proximité. Les anciennes éoliennes de Klettwitz/Schipkau ont été démontées en 2014/2015 pour être remplacées par 27 éoliennes deux fois plus puissantes11. Ainsi, à côté des cheminées et des tours de refroidissement des centrales thermiques qui dominaient jusqu’à présent les paysages, les champs d’éoliennes sont en train de devenir des éléments caractéristiques des paysages du bassin de lignite.
- 12 Entretien du 12 mai 2017 auprès de l’adjoint au maire de Klettwitz.
29Ces projets éoliens ont bénéficié d’un large soutien local et il n’y a pas eu de problème d’acceptabilité comme le montre une enquête réalisée auprès de la population de Klettwitz. La municipalité insiste sur ce qui apparaît comme une sorte de dynamique qui contraste avec la situation des années qui ont suivi la Réunification. Il y a vingt ans encore, c’était le déclin, près de la moitié de la population ayant perdu son emploi avec la fermeture des exploitations de lignite. De plus, le cadre paysager local était fortement marqué par des friches minières très étendues. Le développement des énergies renouvelables est apparu comme « la première chose nouvelle positive dans la région depuis la réunification »12. Elles ont apporté de l’espoir, même si les effets sur l’emploi ont été modestes.
30Plus important peut-être en termes d’image, cette région autrefois extrêmement polluée par les émissions de dioxyde de soufre des centrales thermiques et littéralement dévastée par l’exploitation à ciel ouvert du lignite, est en train de se reconstruire une image plus « verte ». Elle bénéficie déjà d’un environnement agréable, avec les nombreux lacs en cours de constitution dans les anciennes exploitations de lignite. Ceux-ci deviennent même des zones « naturelles » attractives pour les oiseaux migrateurs. Lors de la réalisation du projet de repowering de Klettwitz-Schipkau, il a d’ailleurs fallu tenir compte de ces nouveaux enjeux environnementaux, afin que les nouvelles éoliennes plus hautes que les anciennes ne constituent pas une menace pour certaines espèces d’oiseaux concentrées sur les rives du Bergheider See. Le développement des énergies renouvelables à travers l’implantation des parcs éoliens et photovoltaïques, participe à la construction de cette nouvelle image de la région, devenue l’une des plus importantes d’Allemagne en matière de production d’électricité « verte ».
31Ceux qui ont encore en tête l’image des paysages dévastés par l’exploitation du lignite du bassin de Basse Lusace en 1989 auront du mal à reconnaître les paysages actuels de la région. Les trente-deux ans qui se sont écoulés depuis la réunification allemande et l’effondrement de la production de lignite ont entrainé des transformations considérables des paysages. La fermeture de la plupart des mines a permis d’engager un grand programme de réhabilitation des friches minières et de faire naitre un nouveau paysage constitué de forêts et de lacs immenses. Mais ces changements ne se limitent pas à la physionomie des paysages, car l’organisation d’une exposition internationale d’architecture (IBA) a permis de faire émerger de nouveaux concepts, matérialisés par des projets destinés à donner du sens à ces mutations et à forger une nouvelle image de la région. La Basse Lusace est ainsi en train de se trouver une nouvelle identité, comme région touristique autour des trois principaux concepts qui ont pu ressortir de la période de l’IBA : les nouvelles surfaces lacustres, la mise en scène du patrimoine industriel et les paysages de l’énergie. C’est précisément l’association de ces trois éléments qui fait désormais l’originalité de cette région (Bayerl 2011). Cette stratégie de réaménagement de la région minière par la réhabilitation des paysages doit combiner la restauration écologique et le développement socio-économique, en créant de nouvelles potentialités (Wirth, Lintz 2006, Wirth et al. 2012).
- 13 Cette évolution est calculée à partir de la population des deux villes principales, Cottbus et Hoye (...)
32Il n’est pas sûr cependant que cela suffise à permettre un renouveau d’une région dont le déclin démographique se poursuit inéluctablement. En vingt-huit ans, entre 1993 et 2021, le bassin de Basse Lusace a perdu plus du quart de sa population, passant de 500 000 habitants à 356 000 habitants13. Loin de se ralentir par rapport à l’évolution des années ayant suivi la réunification, la diminution de la population est restée tout aussi importante de 2000 à 2014, où la région a perdu en moyenne 6 000 habitants par an. Depuis 2014, le déclin démographique a ralenti, en raison notamment du vieillissement accentué de la population et de l’épuisement du réservoir pouvant alimenter le flux migratoire qui prédominait jusqu’alors. Mais il est encore en moyenne de plus de 1 200 habitants par an, essentiellement en raison du déficit naturel. L’image incontestablement beaucoup plus positive de la Basse Lusace et les nouvelles activités créées sont insuffisantes pour insuffler une nouvelle dynamique dans un des territoires les plus vieillis d’Allemagne.
33À cela s’ajoute la nouvelle incertitude qu’a créé la vente en 2016 des mines de lignite et des centrales thermiques par Vattenfall, à la compagnie tchèque LEAG, filiale de EPH. Malgré le déclin très fort du secteur du lignite depuis la réunification, il reste encore le principal employeur de la région (avec 8000 emplois directs et 16 000 emplois indirects) et une réduction supplémentaire de la production de lignite aurait de grandes conséquences sur l’emploi. L’incertitude s’est d’ailleurs récemment accrue avec les recommandations de la commission du charbon, nommée par le gouvernement allemand en juin 2018. Dans son rapport rendu en janvier 2019, elle a recommandé de fermer toutes les centrales à charbon et à lignite du pays avant 2038, ce que le gouvernement allemand était décidé à suivre. La nouvelle coalition au pouvoir depuis 2021 avait même annoncé une sortie du charbon dès 2030. L’une des centrales de Basse Lusace était d’ailleurs concernée par la fermeture dans les cinq années à venir. Néanmoins, la guerre en Ukraine depuis février 2022, les sanctions économiques qui ont suivi et entraîné l’arrêt des importations de gaz russe qui étaient censées remplacer le lignite, pourraient obliger le gouvernement allemand à revoir ses plans et à prolonger davantage l’exploitation du lignite, ce qui est plutôt vu positivement localement. Si l’image de la Basse Lusace est désormais de moins en moins associée au lignite et de plus en plus à des paysages lacustres dédiés au tourisme balnéaire ou naturel, il semble encore trop tôt pour renoncer définitivement à l’exploitation de ce qui fut pendant plus d’un siècle et demi sa grande richesse.