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Entretiens et Leçons

Les Tchèques ont-ils « copié » les constructions d'Eiffel ? Le transfert des connaissances techniques de la France vers les Pays tchèques à la fin du XIXe et au cours du XXe siècle

Ce qu’apprend la Tour d´observation de Petřín
Did the Czechs “copy” Eiffel’s constructions? Reflection of the transfer of technical knowledge from France to the Czech countries at the end of the 19th and during the 20th century
Marcela Efmertová

Résumés

Pour célébrer les 100 ans de la Révolution française (1789-1799) lors de la 10e Exposition universelle, à Paris, en 1889, la France fit ériger la tour Eiffel par Gustave Eiffel (1832–1923) comme symbole du succès de l'histoire technique, économique, politique et culturelle française au XIXe siècle. Au même moment, les Pays tchèques achevaient leur parcours industriel et économique à travers le XIXe siècle au sein de l'Empire austro-hongrois, avec une œuvre présentée à l'Exposition jubilaire de Prague de 1891. Dans ce cadre, suivant le modèle français et avec l'aide du transfert des connaissances techniques de l'exposition de 1889, à Paris, une tour a été construite sur la colline Petřín, au centre de Prague, avec une vue panoramique sur la ville. Elle paraît similaire à la tour parisienne, tout en étant à l'échelle de 1/5e. Ce fut non seulement une preuve de la compétence des ingénieurs et des entreprises industrielles tchèques, mais aussi un témoignage évident d’un lien entre Tchèques et Français, non seulement d'ordre culturel (création des Alliances françaises dans plusieurs villes des pays tchèques pour l'enseignement de la langue française et les nombreux voyages d'artistes tchèques à Paris pour engranger de l’expérience), mais aussi en ce qui concerne la formation des ingénieurs tchèques. Ces derniers ont su reproduire un complexe technique et manufacturier dans les conditions tchèques, à Prague, seulement trois ans après l'Exposition universelle. L'article traite des circonstances de la création de la tour d'observation de Petřín ainsi que son contexte technique, industriel et économique.

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Texte intégral

  • 1 L'évolution de l'éducation tchèque est abordée, par exemple, dans les publications suivantes : SOMR (...)

1Le transfert des connaissances techniques sur le territoire des Pays tchèques s'effectue depuis le Moyen Âge, non seulement par le biais de voyages réguliers et obligatoires de compagnons (avant les examens de maîtrise) à l'ouest des frontières tchèques, mais aussi grâce aux voyages de représentants d'Églises ou d'étudiants accompagnés de leurs professeurs à travers les universités européennes1. Ces voyages se complétaient des expéditions de nobles terriens en quête de connaissances, dont ont été conservés les carnets de voyage (Binder 2020). À la fin du XVIIIe siècle et au cours du XIXe siècle, de plus en plus d'experts sont partis en voyage. Ce pouvait être des entrepreneurs confirmés, des entrepreneurs débutants dans des activités diverses : agricole et alimentaire, textile, bâtiment, construction mécanique, industrie chimique, électrotechnique, l'énergie. Ce pouvait être encore des étudiants et des professeurs de la Haute école technique tchèque (ou allemande) de Prague.

2L’état satisfaisant de l'enseignement technique élémentaire dans les Pays tchèques vient des corporations, éventuellement des monastères, et surtout des classes industrielles (Štverak 1991) situées dans les écoles élémentaires (ou trivia). Ces classes assuraient la promotion des savoirs artisanaux, des activités manufacturières ou agricoles dans les différentes régions. Au sein de la monarchie des Habsbourg, après l’ouverture entre 1705 et 1717 de l'École de Génie Civil (Stavovská inženýrská škola), l'enseignement technique dans les Pays tchèques a continué à se développer après l'introduction par Marie-Thérèse de l'école obligatoire en 1774 et la constitution de lois scolaires au milieu du XIXe siècle. Ainsi, furent fondés : l’Institut polytechnique (Polytechnický institut) en 1806, la Haute école technique tchèque (C. a k. České vysoké školy technické et K. und. K. Deutsche technische Hochschule in Prag) en 1875 et l’Université polytechnique tchèque de Prague (České vysoké učení technické v Praze) en 1920 (Tayerlová 2004). La création d'écoles industrielles secondaires en Pays tchèque et le large développement des écoles (allemandes et tchèques) polytechniques et des universités de Prague ont constitué l’aboutissement de ce processus.

3Les conditions étaient donc favorables pour le transfert de compétences techniques des pays européens en plein boom industriel vers les Pays tchèques, un processus auquel contribuèrent l’importation et la publication de revues et publications techniques ainsi que les visites d’expositions universelles à partir de 1851 dont la presse quotidienne de l’époque fit des comptes rendus étoffés (Durand ; Fox et Guagnini 1993). La fondation en 1895 de la Česká matice technická (ČMT, littéralement la « matrice technique tchèque ») a contribué à soutenir et développer cette politique de formation avec la publication de la plupart des périodiques techniques tchèques, la collaboration avec d'importantes associations et organisations techniques telles que l'Union des mathématiciens et physiciens (1862), la Société des ingénieurs et architectes (1865), l'Union électrotechnique tchécoslovaque (1919), l'Académie du travail Masaryk (1920), etc. La société tchèque était donc bien préparée pour accueillir, à côté des constructions métalliques et des ponts de chemins de fer, les innovations et les attractions scientifiques et techniques présentées dans les expositions universelles, telles les fontaines éclairées, les tours d'observation. Ces dernières précisément étaient très attractives pour les visiteurs des expositions industrielles.

4Il existe un nombre relativement important de belvédères sur le territoire des Pays tchèques2. Ils ont été créés pour les besoins de l’armée ou du tourisme à partir du dernier tiers du XIXe siècle. De tous, c’est la tour d'observation de Petřín qui se distingue que ce soit par son emplacement3, par la solution technique retenue ou encore par l'histoire de sa construction. Édifiée en 1891 pour l'Exposition Jubilaire de Prague4, elle est considérée comme l’une des répliques de la tour Eiffel5. Elle a été conçue par les fondateurs du Club des touristes tchèques6, l'écrivain Vilém Kurz senior (1847-1902)7 et l'architecte Vratislav Pasovský (1854-1924)8. Avec 363 autres membres9 du club, ils avaient visité l'exposition de Paris en 1889, avant d’envisager une copie réduite de la tour Eiffel. À sa construction s’est ajouté celle d’un téléphérique/funiculaire qui reliait le centre de Prague à Petřín via un pont sur le trajet de la Vltava (Hrubes et al. 2008 ; Molnarova 1991 ; Kurz 2011) ainsi que la construction d'une voie pour l'exploitation du tramway10, qui transportait les visiteurs de la colline Prague-Letná jusqu'au parc des expositions de Královská obora (à Prague-Holešovice). L’ensemble se compléta d’une attraction le Labyrinthe des miroirs, système de miroirs incurvés qui créaient des images de personnes ou d'objets diversement déformées, placé dans un château miniature placé à environ 100 mètres de l'entrée de la tour d'observation de Petřín (fig.1).

Fig.1. Localisation de la tour d’observation de Petřín et des ouvrages d’art de desserte

Fig.1. Localisation de la tour d’observation de Petřín et des ouvrages d’art de desserte

Geoportál Národního památkového úřadu - DB 2558811, Malá Strana, Petřínské sady, Praha

  • 11 En particulier, les Archives de Prague, le fonds des bâtiments historiques – Tour d'observation de (...)
  • 12 Par ex. : KURZ, Vilém. Lanová dráha, rozhledna na Petříně. Tisk k příležitosti slavnostního otevřen (...)
  • 13 Voir KURZ, Vilém. Slavnostní otevření rozhledny na Petříně. In Časopis turistů 1891, vol. III, No 9 (...)
  • 14 Vidéo Petřínská rozhledna z 28. 9. 2017. Voir https://turistickamapa.cz/petrinska-rozhledna-petrin/(...)
  • 15 N° 1-489, tour d'observation - inscription à la liste nationale des monuments culturels du 22 décem (...)

5Il n'existe pas à ce jour de monographie consacrée à la tour d'observation de Petřín de Prague. Les sources d'archives11, y compris les archives photographiques, ne sont pas très nombreuses, et de surcroît dispersées dans plusieurs dépôts. Il existe malgré tout un certain nombre de documents éparses12, des articles13, plusieurs vidéos14 et des avis de l'Institut des monuments nationaux de Prague15. À partir de cette documentation, il est possible d’analyser les solutions qui furent adoptée pour répondre aux problèmes techniques, industriels, économiques et sociaux engendrés par la construction de la tour d'observation.

  • 16 Exposition « 100 ans de la radiodiffusion tchécoslovaque et tchèque et 70 ans de la télévision tché (...)

6Cet article vise à présenter le projet et la construction de la tour d'observation entre 1889 et 1891, avec l'intention de faire apparaître les possibilités de transfert de connaissances techniques de la France vers le territoire tchèque tout en étudiant les capacités locales en termes d'ingénierie et de réalisation de la tour d'observation. Des informations complémentaires porteront également sur l'utilisation de la tour d'observation comme tour de diffusion de la radio tchécoslovaque, à titre expérimental à partir de 1918, régulièrement à partir du 23 mai 1923 (Patzakova-Jandova et al. 1935), puis de télévision (à partir du 1er mai 1953)16.

Le contexte géographique, politique et technique

Les collines de Prague

  • 17 Selon le marchand arabe Ibrahim ibn Yaqub, tiré de son récit de voyage rédigé dans les années 1060, (...)
  • 18 Voir : https://www.strahovskyklaster.cz/ (consulté le 10. 7. 2023).
  • 19 L'auteur est le sculpteur Bohumil Kafka (1878–1942). (Hylmarová 2017)

7Prague17 occupe aujourd'hui une position privilégiée sur environ 496 km2. La ville a été construite à partir du IXe siècle dans la vallée de la rivière Vltava, légèrement au nord du centre de la Bohême, entre cinq collines principales : Vítkov, Strahov, Hradčany, Vyšehrad, Petřín enfin, située à 324 m d'altitude. Des bâtiments importants sont érigés sur chacune d’entre elles : le Château de Prague se dresse sur Hradčany (avec une construction comprise entre le IXe siècle et 1929, Kroupa et Novak 2022) ; Vyšehrad constitue un lieu historique (et mystique), associé au début de la famille Přemyslovci (Premyslides) dans l'État tchèque (Třeštĭk 1997), au milieu du Xe siècle ; Strahov abrite le monastère du Canonnage royal des Prémontrés18 ; En 1891, Petřín recevait la tour d'observation (1891) ; en 1950 enfin, fut érigée sur la colline opposée de Vítkov, la plus grande statue équestre d’Europe centrale de Jan Žižka de Trocnov19, général de l'époque des guerres hussites (XVe siècle, vers 1419–1434).

  • 20 Il a été construit par Charles IV en 1360-1362 pour renforcer les fortifications du Château de Prag (...)
  • 21 Illustrovaný svět. 1903, vol. III, No. 33, s. 788.

8Mais revenons vers Petřín : à son sommet, se tenaient à l'origine des fêtes païennes, remplacées plus tard par la chapelle Saint-Laurent et le chemin de croix. Son versant sud était couvert de vignes et le versant nord de forêts. On y extrayait le grès utilisé pour la construction de la ville. Le mur de fortification de la ville l’entoure depuis le XIVe siècle20. Au XVIIe siècle, on y trouve une salle d'eau et une caserne ainsi que de vastes jardins. Ce complexe de jardins sur la colline de Petřín, communément appelé Petřínské sady (Jardins de Petřín) couvre le sommet et les pentes de Petřín, entre Malá Strana (Petite ville) et Strahov. Au XIXe siècle, la plupart des jardins furent transformés en parcs paysagers à l'anglaise. En 1802, il fut proposé de construire un observatoire sur Petřín, ainsi que le télégraphe optique de Chappe21. En 1882, la capitale royale de Prague acheta la résidence de Nebozízek (à l'origine une maison d'été des chevaliers teutoniques dotée d’un vignoble, qui fut transformée en restaurant), accessible depuis Újezd par une route escarpée (Válek 1929-1930). Cependant, il restait suffisamment d'espace au sommet de Petřín pour d'autres travaux de construction.

Le Club des touristes tchèques à Paris

9Peu après sa création, le 11 juin 1888, à Prague22, le Club des touristes tchèques, fort de 363 membres23, décida de se rendre à la 10e Exposition universelle, qui devait se tenir du 5 mai au 31 octobre 1889 à Paris (Rouaix 1989 ; Ory 1982).

« Visiter l'Exposition universelle signifiait démontrer son intérêt pour le progrès de l'humanité et en même temps participer dans une certaine mesure à ce progrès en appliquant les connaissances et l'expérience acquises lors de l'exposition au bien de sa nation » (De Sychra 2013).

  • 24 Parmi les nombreuses publications, par ex. : LEFEBVRE, Georges, GUYOT, Raymond, SAGNAC, Philippe. R (...)
  • 25 Voir, par ex., EIFFEL, Gustave. La tour de trois cents mètres. 2 vols. Lemercier, 1900 ; SIMON, Jul (...)

10Le 6 août 1889, l’expédition de touristes tchèques quittait Prague à bord d'un train spécial pour Paris, via Linz et Bâle et Paris. Elle revint avec de nombreuses idées nouvelles, et des connaissances techniques qui ont été appliquées par la suite dans les Pays tchèques. L'Exposition universelle, à Paris, avait été notamment organisée pour célébrer le 100e anniversaire de la Révolution française24, et c'est pourquoi une tour d'observation de 320,75 m de hauteur (soit l'équivalent du chiffre symbolique de 1 000 pieds) avait été construite sur le parc des expositions du Champs de Mars entre 1887 et 1889, selon les plans de l'ingénieur Gustave Eiffel25.

11Inaugurée le 6 mai 1889 (Coll. Aut. 1989), elle était unique, car la hauteur les grands monuments ou bâtiments plus anciens (pierre, béton, etc.) n'excédaient pas 170 m (par ex. l´obélisque de Washington achevé en 1885 atteignait 169 m) (Mathieu 2009 : 78). Les touristes tchèques la considérèrent non seulement comme un symbole des compétences techniques, productives et organisationnelles des ingénieurs et constructeurs français, mais aussi comme un sommet technique et un symbole de l'époque. Un monument aussi ambitieux paraissait convenir pour Prague, dans l’optique de l'Exposition Jubilaire prévue trois ans plus tard. L'idée de construire une tour d'observation semblait particulier adaptée à la volonté de mettre en valeur le transfert de connaissances techniques vers la Bohême. Elle naquit lors du retour de Paris à Prague en train.

L’Exposition jubilaire de Prague en 1891, vitrine de la puissance industrielle tchèque

12À cette époque, les Tchèques avaient une bonne expérience des expositions industrielles. Ils les visitaient régulièrement dans toute l'Europe depuis celle de Londres, en 1851. Ils y participaient aussi en présentant notamment leurs innovations techniques (par exemple, František Adam Petřina et Julius Vilém Gintl avec le télégraphe ambulatoire de 1851, etc.) (Efmertová 1998). Dans la pratique, ils utilisaient non seulement le transfert de connaissances tirées des expositions vers la Bohême, mais également les savoirs existants en matière d'artisanat tchèque, ainsi que les acquis de la formation technique proposée par la Haute école polytechnique tchèque de Prague.

13Durant la seconde moitié du XIXe siècle en effet, des groupes d'ingénieurs brillants et d'industriels compétents dans divers domaines (pour les chemins de fer, les machinistes, les ingénieurs électriques et énergétiques, les chimistes, les ingénieurs agricoles et alimentaires, pour la production métallurgique, textile etc.) s’étaient progressivement formés dans les Pays tchèques. Les Pays tchèques disposaient d’une représentation politique au sein de l'Empire austro-hongrois, l’objectif étant de matérialiser les résultats économiques au centre de la monarchie sous la forme d’avantages politiques en faveur des entrepreneurs tchèques. La démarche n’a pas débouché sur la création d’une Tchécoslovaquie indépendante (Urban 1988). Néanmoins, comparativement à d'autres régions de la monarchie, la situation économique et l’essor technique des Pays tchèques avaient émancipé les techniciens tchèques qui se sont sentis capables de relayer le savoir-faire et le génie technique français de Gustave Eiffel, par la construction d’une tour d'observation similaire à Prague.

14L'Exposition Jubilaire de Prague de 1891, en plus de faire émerger les succès industriels et économiques des pays tchèques, était aussi destinée à commémorer les 100 ans du couronnement de Léopold II comme roi de Bohême, en septembre 1791. À l'occasion de ce couronnement en effet, une grande exposition industrielle avait eu lieu dans la salle Vladislav du château de Prague. Et, déjà une vingtaine d’année auparavant, en 1754, une première exposition industrielle, appelée Marché des marchandises du royaume de Bohême, avait été organisée au château de Veltrusy, en 1754, en l'honneur du passage de l'impératrice Marie-Thérèse à travers les Pays tchèques.

  • 26 Pour expliquer la monnaie : un louis d'or (60 kreuzers) était surnommé « or », et cette désignation (...)

15En novembre 1888, un comité composé d'entrepreneurs sous la direction de František Křižík, propriétaire d’une usine d'électrotechnique fut mis sur pied pour préparer l'exposition. Nombre d’entr’eux étaient issus du Conseil impérial de Vienne ou de l'Assemblée régionale tchèque, qui était à la tête du parrainage et du financement du projet, en tant qu'organe suprême de la République tchèque. Le Parlement du Royaume de Bohême accorda à l'exposition une subvention de 100 000 louis d'or26. Des collectes d'argent et des loteries furent organisées pour compléter le financement. Le coût total de toutes les activités de construction au parc des expositions s'éleva à 921 194 louis d'or. À elle seule, la construction du Palais industriel (la principale zone d'exposition) coûta 474 690 louis d'or. Les concepteurs de l'exposition étaient Bedřich Münzberger et Antonín Wiehl. František Thomayer en assura l'aménagement paysager. Au total, 110 pavillons différents furent construits, dont un palais industriel, la fontaine illuminée de Křižík et le portail d'entrée principal (en bois) de l'architecte Antonín Wiehl. L'intérêt suscité par l'exposition fut extraordinaire : 8 700 exposants présentèrent leurs produits à 2,5 millions de visiteurs, dont l'empereur François-Joseph 1er.

La phase de conception (1888- 1890)

L’élaboration du projet

  • 27 Rozhled s Petřína v Praze s vrchole Rozhledny (384 m nad mořem). Družstvo Rozhledny na Petříně, Pra (...)

16Dès leur retour en Bohême, les représentants du club des touristes, sous la conduite de l'architecte Vratislav Pasovský, leur président décidèrent de l’endroit approprié pour la construction de la tour d'observation. La crête de Petřín leur sembla le site idéal27. Elle était considérée comme une extension de la promenade du centre de Prague et était située juste en face de la Ferdinandova třída (aujourd'hui Národní), alors reliée par le pont de chaînes de l'empereur François et la rue Chotkova (aujourd'hui Vítězná). Cette crête constituait l’aboutissement logique de l'itinéraire allant du centre de Prague à la tour d'observation de Petřín.

Fig.2. La colline de Petřín

Fig.2. La colline de Petřín

PETRÁK, Jan. 50 let Petřínské rozhledny (50 ans de la Tour de Petřín). In :Zprávy památkové péče (Rapports sur l'entretien des monuments) 1941, No 5, p. 74

  • 28 Les Habsbourg ont gouverné les Pays tchèques (Royaume tchèque autonome) de 1526 à 1918, et leur lan (...)

17La lutte nationale des Tchèques contre les Allemands à Prague et dans les Pays tchèques, exprimée non seulement sur le plan économique et politique, mais aussi linguistique28, a joué un rôle dans le choix du lieu et de l'itinéraire. La promenade entière s'étendait du centre de la ville depuis la Porte Poudrière. Et elle divisait la vieille et la nouvelle ville de Prague en termes de langue. Le principal corridor urbain de la rue Na Příkopě était allemand et, à travers l'intersection avec Václavské náměstí (Place Venceslas) à Můstek, il continuait jusqu'à la partie tchèque du corridor (Ferdinandova třída), avec, à son extrémité, le Théâtre national tchèque. Le chemin continuait sur le pont de la rivière Vltava et Střelecký ostrov (Île de tir) jusqu'au pied de Petřín, là où se trouvaient la caserne d'Újezd et la porte de fortification et où a ensuite été construite la gare d'embarquement du téléphérique jusqu'à Petřín.

  • 29 Archives de la capitale de Prague, fonds fédéral du cadastre, NAD 5, Club des touristes tchèques 18 (...)
  • 30 La coopérative de la tour d'observation de Petřín a été inscrite au registre du commerce le 25 juin (...)
  • 31 Ibid. Družstvo rozhledny na Petříně bylo zapsáno do obchodního rejstříku 25. června 1890 pod č. 37. (...)

18Pour autant, le projet de placer la tour d'observation au sommet de l'extension de la promenade s'avéra inadapté. C'est pourquoi l'emplacement de la tour d'observation fut déplacé de 400 m au nord-ouest sur la colline de Petřín. Le chantier a ensuite été négocié auprès de la municipalité de Prague. Le résultat fut que le comité du Club des touristes tchèques, lors de son assemblée générale du 18 septembre 188929, recommanda de construire la tour d'observation au sommet de Petřín sur un terrain d'une superficie de 500 m2, représenté par la parcelle ovale n° 17530 (voir fig.1). Parallèlement au projet de construction de la tour d'observation, un plan fut élaboré pour construire un téléphérique jusqu'à Petřín, afin que les visiteurs « raccourcissent leur trajet et économisent du temps et des efforts »31. Il fut décidé d’aménager le funiculaire par étapes - d'abord d'Újezd à Nebozízek, puis au sommet de Petřín, et de rénover le restaurant existant, en l’agrandissant. Enfin, une route fut construite le long de la crête de Petřín jusqu'à la porte de Strahov, près du château de Prague, pour l'accès par l'autre versant (moins raide), afin d’apporter les matériaux de construction de la tour d'observation.

  • 32 Archives de la capitale de Prague, fonds fédéral du cadastre, NAD 5, Club des touristes tchèques 18 (...)
  • 33 Rapport sur la construction de la tour d'observation de Petřín dans le journal Technické listy du 1(...)

19Au moment de la réunion du comité du Club des touristes tchèques, le 16 octobre 188932, le projet de tour d'observation avait déjà pris des formes concrètes, mais les premières informations destinées au public ne furent publiées qu’en janvier 1890 dans le journal Politika (Die Politik) (Kurz 1890). Pour attirer les curieux, une brochure sur le projet de tour d'observation fut éditée, accompagnée d’un supplément photographique (fig.4). D'autres rapports ont paru dans le Journal technique (Technické listy)33 et sous forme d'annonces dans les journaux.

Fig. 3. Publicité pour la tour d’observation

Fig. 3. Publicité pour la tour d’observation

« Petřín - místo vycházek, rozhledů i dolování ». Expozice v suterénu Petřínské rozhledny. Muzeum hlavního města Prahy ("Petřín - un lieu de promenades, de vues et d'exploitation minière". Exposition au sous-sol de la tour d'observation de Petřín. Musée de la capitale Prague), photo de l’auteur

  • 34 La hauteur de Petřín au-dessus du niveau de la mer étant de 320 m, le sommet de la tour d'observati (...)

20Selon le projet envisagé, la base octogonale de la tour devait avoir un diamètre de 20 m et une profondeur de 8 à 11 m. Sa hauteur a été déterminée sur la base d'une comparaison des profils des plus hauts sommets des montagnes tchèques tels que Kleť (Contreforts de la Choumava-Šumavské podhůří), Javor (Forêt bavaroise-Bavorský les, Choumava-Šumava), Milešovka (Hauts plateaux centraux de Bohême-České středohoří), Ještěd (près de Liberec, crête Ještěd-Kozák) et Sněžka (Monts de Géants-Krkonoše) (fig.4). Ainsi, la hauteur de la tour d'observation fut fixée à 60 mètres34 (Kurz 1891), car il était déjà possible de voir les montagnes tchèques depuis Prague.

21Le rez-de chaussée devait accueillir un restaurant de 165 m². Un pavillon de 75 m² avec une passerelle de 1,5 m de large était prévu au premier étage, à une hauteur de 15 m, avec un toit en forme de bulbe d'un diamètre de 3,5 m. Le projet se complétait d’une passerelle d’1 m de large au deuxième étage ; d’un ascenseur pour 5 personnes (d'abord à moteur à gaz, puis électrique) dans l'axe de la tour d'observation, entouré d’un escalier à double colimaçon de 299 marches de manière à ce que les visiteurs qui montent ne rencontrent pas ceux qui descendent.

  • 35 Družstvo rozhledny na Petříně bylo zapsáno do obchodního rejstříku 25. června 1890 pod č. 37.371. V (...)

22Le 28 avril 1890, afin d'assurer le suivi des travaux, le club suscita la création de la Coopérative de Petřín, société à responsabilité limitée35, solennellement fondée dans la salle de la Živnostenská banka (banque principale), à Prague. Le président du Club des touristes tchèques, l'architecte Vratislav Pasovský (fig.3) fut élu président de la coopérative. Il commenca à travailler sur le projet avec l’aide de l'écrivain et journaliste Vilém Kurz, également membre du club.

23Vratislav Pasovský dut affronter plusieurs problèmes :

24Comment obtenir les ressources financières nécessaires à la construction de la tour d'observation ?
Comment garantir la faisabilité du projet ?
À quelle entreprise confier la construction de la structure métallique de la tour ?
Comment organiser la logistique qui devait garantir le bon déroulement du chantier ?
Qui assurerait le fonctionnement de la tour et le suivi technique de son exploitation ?

25Il s’agissait de questions essentielles, non seulement pour la construction de la tour d’observation, mais aussi pour son exploitation ultérieure.

La recherche de financements

  • 36 Prášil était un concepteur de structures métalliques. Il a étudié à la Haute école technique tchèqu (...)
  • 37 L'entreprise První Českomoravská továrna na stroje (Première usine de machines tchéco-morave de Pra (...)

26Le budget (Kurz 1891) fut établi par l'entrepreneur choisi pour construire la tour d'observation. Il s’agissait de František Prášil (1845–1917)36, ingénieur en chef, puis directeur de la Compagnie de la construction du pont de Prague37, entreprise qui faisait partie de la Première usine de machines tchéco-morave de Prague-Libeň (První Českomoravská továrna na stroje) :

Tableau 1. Budget des parties de la tour d'observation de Petřín

Parties concernées

Prix (louis d'or)

Fondations, maçonnerie

3 000

Construction en fer

18 000

Restaurant

3 500

Pavillon du 1er étage

1 500

Escaliers et ascenseur

6 000

Total

32 000

M. Efmertovà

27Par ailleurs, il fallait trouver 78 000 louis d'or pour la construction du funiculaire d'Újezd à Petřín et du chemin au sommet de Petřín. Le montant total du projet s'élevait ainsi à 110 000 louis d'or38. Il convient de noter qu'au moment de la construction de la tour d'observation, du téléphérique et de la route, les constructions sur le parc des expositions (dans la Královská obora à Stromovka) à Prague-Holešovice, pour l'exposition jubilaire, étaient également en cours d'achèvement. Comme ces travaux étaient assez coûteux, il n'a donc pas été facile d'obtenir des fonds supplémentaires pour réaliser ces attractions associées à l'exposition.

28Il avait été envisagé d'utiliser les fonds du club, collectés auprès des particuliers et des entrepreneurs. Les bénéfices de l'expédition à la 10ème Exposition universelle de Paris, soit 1031 louis d'or (zlatých) et 86 kreuzers (krejcarů) (Kurz 1891) furent versés au budget. Il fut également envisagé d'obtenir

« ... à l'avance le patronage de la mairie pour l'ensemble de l'entreprise ; un comité de construction spécial devait alors se charger d'obtenir de l'argent de certaines institutions financières et de particuliers, sous forme de dons ou de certificats d'actions de prêts sans intérêt, qui seraient remboursés rapidement grâce aux recettes de la tour d'observation. Après amortissement des coûts prévu sur 50 ans (à raison de 2 % par an), la tour d'observation deviendrait la propriété de la commune de Prague » (Kurz 1891).

  • 39 Documenta Pragensia. Archives de la capitale Prague, fonds de la municipalité de Prague I. (1764) 1 (...)
  • 40 Archives de la capitale de Prague, fonds de la municipalité de Prague I. (1764) 1784–1949 I. (1964) (...)

29Pour ce faire, le club publia un « dossier commémoratif destiné au célèbre conseil de la capitale royale de Prague »39, dans lequel l'apport de la tour d'observation était évalué du point de vue de la représentation de la ville, son importance pour l'exposition jubilaire et pour le tourisme. Il y était proposé de commencer la construction de manière à ce que la tour d'observation et le téléphérique soient achevés avant ou pendant l'exposition jubilaire qui devait avoir lieu du 15 mai au 18 octobre 1891. Les conseillers contactés exprimèrent leur soutien aux deux projets tout en refusant qu’ils soient financés avec de l'argent public. Le conseil municipal accepta néanmoins d’accorder un prêt avantageux de 25 000 louis d'or. En dehors des collectes, d'autres fonds furent obtenus par l'émission de parts coopératives d'une valeur de 50 louis d'or. Ainsi, 394 actions de 50 louis d'or chacune furent souscrites, en octobre 1890, apportant donc 19 700 louis d’or40.

La mise au point du dossier technique

30Outre les problèmes de financement et d'échange de droits de propriété sur les terrains de Petřín (par exemple avec l'archevêché de Prague pour le Jardin du Séminaire – Seminářská zahrada) pour la construction du téléphérique et de la tour d'observation, la direction de la coopérative a également dû faire face aux inondations de septembre 1890, qui ont interrompus les travaux.

  • 41 Professeur de géologie et de minéralogie, il s'est concentré sur les questions d'hydrologie, des sc (...)
  • 42 Traités tirés des Archives régionales d'État de Prague (acronyme tchèque SOA Prague), fonds První Č (...)

31À l'automne 1890, une étude géologique du chantier de construction avait été commandée et réalisée les 5 et 6 décembre 1890 par le professeur Alfred Slavík (1847–1907)41 de la Haute école technique Impériale et Royale tchèque de Prague. Le 9 février 1891, sur le chantier de Petřín, la commission du permis de construire se réunit. À cette époque, le projet de la structure en métal était déjà prêt. Il avait été conçu en janvier 1891 par l'ingénieur Julius Souček, à partir du projet de l'ingénieur František Prášil. Le montage à Petřín fut dirigé par l'ingénieur Jan Schiller. Toutes étaient membres de la Compagnie de la construction du pont de Prague-Libeň42.

  • 43 En 1891, il reçoit une médaille d'or à l'Exposition nationale du Jubilé de Prague pour une machine (...)
  • 44 Traité selon « 125 let mladší a menší sestřičky » In Věstník, 2016, vol. IX, No 8, s. 3-4.

32Le projet de structure en métal, le calcul statique et le poids final de la tour d'observation ont été présentés par la Compagnie de la construction du pont de Prague le 26 février 1891. Parallèlement, une offre a été soumise pour la fourniture et le montage d'une structure métallique pesant 168 800 kg. August Salaba (1840-1894)43, professeur et recteur de la Haute école technique l'Impériale et Royale tchèque de Prague vérifia la documentation technique du projet. Le 7 mars 1891, l'offre de la Compagnie de la construction du pont de Prague fut acceptée par le conseil d'administration de la coopérative et la construction put commencer44.

La phase de construction (1891)

Le chantier

33Avant la construction de la tour d'observation, le sommet de Petřín était utilisé pour des exercices militaires et faisait partie des fortifications anciennes et des vestiges de la citadelle qui avaient été démantelées en 1874, suite à la défaite de l’Autriche contre la Prusse en 1866. L'accès s’en faisait depuis le jardin des Prémontrés ou du Séminaire appartenant à l'Église ou par une route étroite et escarpée depuis Nebozízek. C'est pourquoi il avait été prévu de construire le téléphérique menant à Nebozízek et la route d'approvisionnement le long de la crête de la colline de Petřín en direction de Hradčany. Les soldats libérèrent une partie du terrain dédié à l’observation. Mieux, ils firent démolir une caserne vétuste pour faire place au chantier de construction.

34La planification des travaux posa problème : le Palais industriel, prévu sur le parc des expositions de Prague-Holešovice devait être construit en même temps que la tour d'observation et sa construction était prioritaire. Pire, la crue du fleuve en septembre 1890 inonda la partie inférieure du parc des expositions en endommageant une partie de la structure du palais déjà construite. Les inondations affectèrent de manière significative d'autres constructions en cours à Prague. Le chantier débuta les 13 et 14 mars 1891, par la pose des jalons. Deux jours plus tard commençaient les premiers travaux de terrassement des fondations pour atteindre une profondeur de 11 m, une étape qui supposait l'extraction relativement complexe de couches de marne solide. Mais la pierre excavée put utilisée pour les fondations de la tour d'observation et du funiculaire, ce qui permit à la coopérative d’économiser sur les matériaux de construction. Début avril 1891, on commença à amener à Petřín les premières parties de la structure destinées aux fondations. Elles pesaient 4, 521 tonnes. La dernière livraison de la structure fut apportée de Prague-Libeň le 12 juin 1891. L’ensemble métallique pesait au total un peu plus de 174 tonnes.

  • 45 La célèbre entreprise pragoise de Vinohrady s'est spécialisée dans le verre en feuille, en miroir, (...)
  • 46 Paragraphe abordé à partir de « 125 let mladší a menší sestřičky » In Věstník, 2016, vol. IX, No 8, (...)

35Mais, lors de la préparation du bâtiment à Petřín, il apparut que le projet devait être modifié. À partir du 1er étage, les escaliers furent élargis à 85 cm et on ajouta une main courante de sécurité. La cabine de l'ascenseur fut agrandie à 2 m², pour pouvoir transporter 6 personnes au lieu de 5. La hauteur du premier étage passa de 15 à 20 m pour pouvoir proposer une vue sur la ville. Il fut également décidé de poser un vitrage complet au niveau de la galerie supérieure avec des verres spéciaux, à miroir, fourni par la société Wolf a Štětka45. Destinés à protéger du vent, ils furent meulés avec un soin particulier. Ce vitrage a augmenté le poids de la tour de 2 956 kg. Enfin, on dota le restaurant du rez-de-chaussée de caves et d’entrepôts au pied de la tour d'observation46.

36Le lundi 11 mai 1891, une commission venue sur place pour reprendre les fondations et commencer l'édification de la tour constata qu’il fallait renforcer une partie de la structure inférieure. En seulement dix jours, de nouvelles pièces modifiées de la structure furent livrées, pesant 1 746 kg de fer ce qui fit monter le poids de l'ensemble de la tour d'observation à 178 tonnes 774 kg. Le creusement des fondations débuta le 23 mars 1891. Début mai, la maçonnerie n'était pas encore au niveau du sol, car il fallait préparer leurs places au moteur à gaz de l'ascenseur et à la dynamo électrique pour l'éclairage de la tour d'observation. La construction de l'échafaudage débuta le 11 mai, un travail dangereux et particulièrement pénible pour les monteurs. Le 27 mai, le 1er étage est achevé.

37À cette époque, outre les ingénieurs de la Compagnie de la construction du pont de Prague-Libeň, la tour d'observation employait 41 monteurs, 9 charpentiers et 52 ouvriers journaliers (Kurz 1891). En raison des caractéristiques de la structure, il n'était pas possible d'avoir autant d'ouvriers travaillant en hauteur. Ils se relayaient donc par équipes. Le 4 juin, la structure atteignait 24 m, soit juste au-dessus du 1er étage, ce qui représentait à peine la moitié de la tour. Au cours des vingt jours suivants, la construction atteint 50 m et, le jeudi 2 juillet 1891, l’ensemble de la structure était en place. L'étage supérieur se trouvait à une hauteur de 53 m au-dessus du sol, et à son somment, la salle des machines pour l'ascenseur atteignait 60 m. Enfin, on installa la couronne de Saint-Venceslas au bout d’une tige de fer qui servait à la fois de poteau et de paratonnerre.

38Le métal pour la tour d'observation avait été produit par la Société sidérurgique de Prague à Kladno (Pražská železářská společnost Kladno) et le montage fut prise en charge par la Compagnie de la construction du pont de Prague-Libeň. L'approbation finale par la commission municipale fut délivrée le 28 juillet 1891. Les travaux de peinture, de menuiserie ou de serrurerie étaient encore en cours. L’étape finale, les travaux secondaires du bâtiment inférieur en brique, furent réalisés par le maçon Zelenka, le menuisier M. Bílek, le peintre J. Svoboda, le menuisier H. Kollman, le serrurier Bittner, l'asphalteur Seume, le plombier et couvreur Kosík, tandis que Ruth et Kavka posèrent les pavés. La société Navrátil fournit le mobilier. Et Rolla fut choisi comme aubergiste.

  • 47 Ce paragraphe a été rédigé à partir des Archives régionales d'État de Prague (SOA Prague), fonds Pr (...)

39Le samedi 8 août 1891, la tour pouvait ouvrir au public. Comme l'ascenseur n'était pas encore fonctionnel, les premiers visiteurs, principalement des enseignants réunis à Prague pour un congrès, montèrent à pied. Le 20 août 1891, c’était la cérémonie d'ouverture. Pasovský, principal responsable de la construction fit le discours d’inauguration devant 120 invités de la municipalité, d'entreprises, de fournisseurs, du Club des touristes tchèques, de la Coopérative de la tour d'observation de Petřín, de représentants de la Chambre de commerce et d'industrie, du comité d'exposition de l'Exposition du Jubilé et des maires des districts de Prague47.

Les constructions complémentaires

Le funiculaire

40La ville de Prague n'était pas disposée à construire elle-même le funiculaire ni même à l'exploiter. C'est pourquoi la Coopérative de la tour d'observation de Petřín prit le chantier en charge. La municipalité de Prague mit à sa disposition un terrain communal. Les plans pour la construction du funiculaire furent élaborés par l'ingénieur Frantisek Macchi48. Pour que les wagons du funiculaire partent et s'arrêtent correctement, il divisa la piste en 7 sections avec des pentes différentes(fig.4). La longueur totale du parcours en pente atteignait moins de 400 m, ce qui en faisait le funiculaire le plus long de la Monarchie austro-hongroise.

Fig.4. Plan du funiculaire

Fig.4. Plan du funiculaire

« Petřín - místo vycházek, rozhledů i dolování ». Expozice v suterénu Petřínské rozhledny. Muzeum hlavního města Prahy ("Petřín - un lieu de promenades, de vues et d'exploitation minière". Exposition au sous-sol de la tour d'observation de Petřín. Musée de la capitale Prague), photo de l’auteur.

41La pente moyenne était de 267 ‰, avec un maximum de 295 ‰. La voie à écartement d’un mètre fut construite comme une voie à trois rails, avec une courte section à deux voies au milieu. L’aiguillage avait une longueur d'environ 68 m. Une crémaillère était placée dans l'axe des voies comme élément de sécurité du funiculaire49. La poulie principale avait un diamètre de 2,8 m. Elle était doublée de bois sur tout son pourtour afin que la corde ne se dégrade pas du fait des frottements.

42Le funiculaire était mis en mouvement par un système hydraulique, la ville de Prague fournissant l'eau à un tarif avantageux. Les deux wagons du funiculaire disposaient d’un réservoir d'eau dans leur partie inférieure. À la station supérieure, le réservoir était rempli d'eau et la cabine chargée, en redescendant, assurait l’ascension de l'autre cabine. À la station inférieure, l'eau était évacuée automatiquement. Après avoir heurté un accessoire spécial, la vanne de la voiture à eau s'ouvrait et l'eau sortait. Pour chaque personne en cabine, 75 kg d'eau étaient nécessaires, ce qui, lorsque la canine inférieure était entièrement occupée et la cabine supérieure complètement vide, équivalait à 3 600 kg d'eau. Il fallait jusqu’à 5,5 m³ d’eau pour mettre en mouvement les deux cabines pleines. Les cabines mesuraient 6 m de long et 2 m de large (fig.5). Elles disposaient de 4 compartiments de 8 sièges chacun, soit une capacité de 32 personnes, en plus d'un espace pouvant accueillir de 12 à 18 personnes debout. Jusqu'à 50 personnes pouvaient être transportées à la fois.

Fig.5. Cabine du funiculaire

Fig.5. Cabine du funiculaire

KURZ, Vilém. Lanová dráha a rozhledna na Petříně (Funiculaire et Tour d'observation de Petřín). Klub českých turistů (Club des touristes tchèques), Praha (Prague) 1891, p. 21.

43La ligne du funiculaire fut construite en seulement six mois – de février à juillet 1891 – après la conclusion du contrat entre la municipalité de Prague et la Coopérative de la tour d'observation de Petřín. Dès le 25 juillet 1891, les premiers passagers montaient dans les cabines fabriquées par la Société industrielle Ringhoffer (Hlavačka 2021) de Prague à Smíchov, sur une distance de 400 m avec un dénivelé de 102 m, alors que la construction de la tour n’était pas encore été terminée. Le procès-verbal de l'inauguration de l'observatoire indique que le trajet durait 3 minutes 40 secondes et que les trajets se succédaient à 10 minutes d'intervalle50. La montée coûtait 20 centimes, la descente 12 centimes et l'aller-retour 24 centimes (Kurz 1901). L'exploitation était à la fois simple et très coûteuse. C'est pourquoi, en 1910, la coopérative s'intéressa à l'électrification du funiculaire, solution appliquée dans les années 1930. Il fut arrêté pendant la Seconde Guerre mondiale. Ensuite, il a fonctionné par intermittence jusqu'en juillet 1967, date à laquelle la pente de Petřín s'effondra après de fortes pluies et endommagea les voies. Le funiculaire n'a été réparé que dans les années 1980 pour être remis en service en 1985. Il est actuellement toujours utilisé51.

Le Labyrinthe de miroirs

44Le Labyrinthe de miroirs circulaire se trouvait à l'origine à l'angle du Palais industriel, au sein du Parc des expositions. C’était le pavillon du Club des touristes tchèques. En 1893, il fut démonté et déplacé près de la tour d'observation de Petřín. Il a été conçu par l´architecte et constructeur Quido Bělský, selon le projet des peintres Adolf et Karl Liebscher52, avec la participation du menuisier et constructeur Matěj Bílek53. Le bâtiment du labyrinthe ressemblait à un château et imitait l'ancienne porte gothique Špička, construite au XIVe siècle par Charles IV, à Vyšehrad.

  • 54 Diorama Klubu českých turistů, In Národní listy, le 13 mai 1891, s. 6.

45Au lieu des miroirs convexes et concaves (35 miroirs ordinaires et 15 déformants) du labyrinthe, il y avait à l'origine un panorama circulaire, avec 20 fenêtres, pour visionner une centaine de diapositives stéréoscopiques présentant des localités tchèques singulières. À l'intérieur, une exposition présentait les activités touristiques et éditoriales du Club des touristes tchèques. 80 m² étaient consacrés à un diorama54 de la bataille des citoyens de Prague (étudiants) et des Suédois, sur le pont Charles, en 1648.

La tour au XXe siècle : un objet technique, politique et patrimonial

Au service des communications radio

46Les techniciens tchèques se préparaient déjà à la radiodiffusion radiotéléphonique avant la Première Guerre mondiale : en 1908, les professeurs de la Haute école technique tchèque de Prague, les ingénieurs électriciens Karel Domalíp (1846–1909) (Efmertova 1998 : 25-31) et Ludvík Šimek (1875-1945) (Zdk 1945), en avaient présenté un projet à l'Exposition commerciale et industrielle de Prague. Les premières tentatives de transmission radiotéléphonique (Ješutová 2003) ont été faites à partir de l'émetteur militaire de la tour d'observation de Petřín, lorsque le professeur Ludvík Šimek utilisa l’émetteur d'une puissance de 5 kW fabriqué à Prague, pour une connexion militaire directe avec la France.

47Après la Première Guerre mondiale, l'objectif principal fut de construire le plus rapidement possible un réseau de communications permettant d'assurer la connexion avec l'étranger. La communication non liée à une connexion par câble était la plus pratique. C'est pourquoi l'appareil de Šimek était très intéressant. Il était utilisé pour transmettre des dépêches classifiées du ministère des Affaires étrangères, qui avaient une dimension politique essentielle au moment de la préparation du traité de paix de Versailles. Cela a poussé à d'autres expériences avec la radiotélégraphie et la radiotéléphonie, initiées en collaboration avec l'Institut de Physique de l'Université de Prague du laboratoire radiotechnique du physicien August Žáček (1886-1961) (Efmertova 1998 ; Tešínská 2008) et des techniciens militaires de la Station Radio Militaire Permanente I/1, située à Prague, sur Petřín (Maršík 2003). À cette époque, la station de Petřín était principalement utilisée pour recevoir et diffuser des dépêches du ministère des Affaires étrangères, ainsi que pour fournir des rapports météorologiques en faveur du trafic aérien (militaire).

48La diffusion sans fil depuis Petřín eut lieu le 28 octobre 1919, sous la direction d'Auguste Žaček. Les techniciens connectèrent le microphone à charbon au réseau français S.F.R. et ils récitèrent et jouèrent du violon pendant une heure à l'antenne. Le professeur A. Žáček écouta leur prestation dans son Institut de physique de l'université du centre de Prague, à Albertov. Les transmissions se répétèrent en 1920 et 1921 et furent entendues jusqu'en Italie et au Danemark. L'émetteur à étincelles français, relativement peu puissant, fut remplacé par un émetteur à tube de la société allemande Telefunken, d'une puissance de 10 kW. Il fut mis en service en juillet 1920 et des liaisons radio de très haute qualité furent immédiatement établies avec Paris, Moscou et Rome55.

49Ce premier poste de communication tchécoslovaque pour la transmission sans fil, ainsi que toutes les autres stations radiotélégraphiques qui furent construites ensuite, étaient sous administration militaire. En 1920, le commandement des forces armées tchécoslovaques comprit l'importance des communications radio pour l'État et son armée et, malgré les contraintes financières, entreprit de construire son propre réseau radiotélégraphique.

50La diffusion régulière du Radiojournal - Radio tchécoslovaque débuta le 18 mai 1923 à 20h15 et la tour de Petřín le transmettait avec ses antennes et ses émetteurs.

La protection contre la foudre et autres problèmes

51La protection contre la foudre de la tour d'observation était également une question importante. Dans ce contexte, un fait essentiel a été enregistré, directement associé aux deux tours de Paris et de Prague, au nom du technicien et météorologue tchèque Karel Václav Emanuel Zenger (1830-1908) (Efmertova 1998 : 149-155).

  • 56 Pour la biographie et les ouvrages importants, notamment l'ouvrage PRÉVOST, Jean. Eiffel. Les Éditi (...)
  • 57 Louis-Henri-Frédéric Melsens (1814–1886), physicien et chimiste belge qui travaillait sur un systèm (...)

52Professeur à l'Institut polytechnique tchèque de Prague, Zenger enseignait la science de l'électricité depuis 1884 (Efmertova 1999 : 101-113). En 1889, Gustave Eiffel (1832-1923)56 le contacta pour lui demander si les quatre piliers de la tour de Paris fonctionneraient comme des parafoudres symétriques. Zenger proposa de placer une sorte de réseau de cages sur la tour Eiffel, en utilisant deux branches de parafoudres symétriques, ce qui rendait moins cher le raccordement du paratonnerre sur la tour. G. Eiffel retint cette solution plutôt que celle du Système Melsens57. Le système de Zenger fut immédiatement testé puisqu’un orage fit rage sur Paris le 16 septembre 1889. Le paratonnerre de Zenger protégea la tour sans aucun dommage.

  • 58 Dans ledit ouvrage, Zenger a répété l'essence du paratonnerre ovoïde, sur lequel il avait déjà donn (...)

53À cette époque, Zenger travaillait déjà sur une publication à ce sujet (Zenger 1890)58. Il proposa également les résultats de ses travaux scientifiques aux constructeurs de la tour d'observation de Prague, qui les utilisèrent et équipèrent la tour du système de protection contre la foudre de Zenger. Ce paratonnerre est resté en activité jusqu'au début du XXe siècle. Quoique difficile à construire, il fut utilisé dans de nombreux autres endroits, en Autriche-Hongrie, en Allemagne, en Roumanie et en Serbie (Kolomy 2000). Ce paratonnerre symétrique était un précurseur. C'est aussi un bon exemple de transfert de connaissances des Pays tchèques vers des pays techniquement avancés, en l'occurrence vers la France.

  • 59 Nebezpečný požár na pražské rozhledně, In Národní politika, le 7 juillet 1938.
  • 60 Oheň v petřínské rozhledně, In České slovo, le 7 juillet 1938.

54Le 6 juillet 1938, vers 15h3059, un incendie ravagea la cabine d'observation supérieure de la tour d'observation de Petřín. Selon la presse de l'époque60, des panneaux en bois du soffite sous la coupole du toit prirent feu à cause d'un court-circuit électrique. Tous les visiteurs furent évacués. Trois corps de pompiers luttèrent contre l'incendie visible de tout Prague ainsi que de la colline opposée de Strahov, où se déroulait le rassemblement des Sokols. L'incendie fut éteint à 19h30, car la hauteur de la cabine et l'effet de cheminée créé dans le tube de la tour d'observation empêchaient l'extinction des flammes.

  • 61 Dates déterminés d´après ŠANTRŮČEK, Vladimír. Také petřínská rozhledna byla okupantům trnem v oku. (...)

55Par le passé, la tour d'observation de Petřín a dû faire face non seulement aux aléas naturels ou aux problèmes techniques, mais également aux décisions politiques. Pendant l'occupation de la Tchécoslovaquie, les nazis envisagèrent de la démolir parce que, selon eux, elle était une preuve de « l'orientation francophile » (Šantrůček 1947) des Tchèques, et qu’elle gênait le panorama d'ensemble de Hradčany. Les nazis abandonnèrent finalement ce projet et y installèrent un appareil de navigation de la Luftwaffe. Il fonctionna jusqu'au 6 février 1945. La vitre de la cabine d'observation fut noircie et la tour fut fermée au public (Petrák 1946). Après la Seconde Guerre mondiale, la tour d'observation fut restituée à la Coopérative de la tour d'observation de Petřín, qui envisagea sa réouverture dès le 13 mai 194561, et s’occupa des aspects techniques associés à la tour, y compris les réparations.

La tour d'observation après 1945

  • 62 Rozhledna je připravena. Svobodné slovo, le 11 mai 1991 et Obnovená premiéra. Svobodné slovo, le 20 (...)

56Une autre décision politique défavorable découla de l'installation d'antennes et d'émetteurs sur la tour de Petřín à partir de 1948, dans le cadre des débuts de la diffusion télévisuelle en Tchécoslovaquie. À partir du 1er mai 1953, la télédiffusion s'installa durablement dans la tour (Nouza 2000). Les salles d'opération pour la diffusion de la télévision étaient situées sur le site du restaurant et au premier étage. Cet état de fait a duré jusqu'en 1992, moment où la tour de télécommunications de Mahlerovy sady (Jardin de Mahler) à Prague-Žižkov reprit ces diffusions. Seuls les émetteurs radio sont restés sur la tour d'observation. C'est également à cette époque que commença la réparation progressive de la tour. Une réparation temporaire eut lieu en 199162 afin de rendre la tour d'observation accessible pendant la durée de l'Exposition générale tchécoslovaque organisée la même année. L'accès à la tour est resté restreint jusqu'en 1999.

  • 63 Setkání odborníků na Petříně. (AULICKÝ, Václav. Rekonstrukce Petřínské rozhledny). Časopis konstruk (...)

57En 1998, la tour d'observation est devenue la propriété de Prague et son administration est passée au Service d'information de la ville. Un appel d'offres fut lancé pour la reconstruction générale de la tour d'observation pour un montant estimé à 50 millions de CZK (environ 2 032 744,33Euros). En 1999, la préparation du projet débuta, dirigée par l'architecte Václav Aulický, en collaboration avec la société EXON, pour s’achever entre 2000 et 200263.

58Dans un premier temps, le tube et l'escalier fortement corrodés ont été entièrement remplacés par une réplique composée de pièces galvanisées à chaud et de revêtements anticorrosion spéciaux. La maçonnerie a également été remplacée. Des briques spéciales ont été fabriquées à cette occasion. Le nouvel emplacement de l'extension du tuyau de transmission a été choisi de manière à ce qu'il n'interfère pas avec l'espace du tube et qu'un ascenseur moderne puisse être remonté à l'étape suivante. Au cours de la reconstruction, les éléments porteurs corrodés et patinés de la structure porteuse ont été progressivement remplacés. Enfin, l'éclairage général de la tour d'observation a été ajouté pour une visibilité longue distance.

59De plus, des répliques galvanisées des murs de la cabine d'observation supérieure ont été rivetées dans les trous d'origine de la structure porteuse, à la place des pièces originales qui ont été démontées. Des reproductions des murs de verre d'origine ont été installées. Quant au pavillon d'observation et à la passerelle, ils ont retrouvé leur forme originale.

Fig.6. La tour dans son état actuel

Fig.6. La tour dans son état actuel

Marcela Efmertovà

60Le bâtiment du rez-de-chaussée a été débarrassé de tous ses vestiges après le démantèlement des équipements de diffusion et des toits en bois pourris. Dans la mesure du possible, il a été reconstruit à l’identique, tout en tenant compte des nouvelles normes de l'UE. Les expositions ont lieu dans les caves d'origine. Le dernier problème sérieux provenait de la conception de l'ascenseur ainsi que la sécurité associée afin de respecter les normes européennes. Au prix de quelques compromis, l'ascenseur, qui dispose d'arrêts dans les deux cabines d'observation, a été replacé dans la tour d'observation. Celle-ci a été ouverte au public le 24 mars 2002, au terme de sa reconstruction.

Conclusion

61La tour d'observation de Petřín a accompagné l'évolution de la société tchèque de la fin du XIXe siècle à nos jours. Elle a réuni les compétences et la formation techniques, les savoirs artisanaux et techniques tchèques, ainsi que la capacité à mettre en œuvre le transfert technique vers les Pays tchèques. L'idée de sa construction est née de l'effervescence nationale de la fin du XIXe siècle au sein de la Monarchie austro-hongroise. Dans un contexte de consolidation nationale et économique au sein des Pays tchèques, les relations intellectuelles et culturelles avec la France étaient fortes. Il s’agissait de chercher une contrepartie face à une influence allemande présente tout au long de l’histoire de la monarchie des Habsbourg (de 1526 à 1918). Des artistes et écrivains tchèques, mais aussi des techniciens et d’autres experts en quête d’innovations se sont rendus à Paris, ainsi que dans d’autres pays occidentaux. Leur présence a été particulièrement fortes lors des expositions universelles. Pour étoffer leur savoir, ils se sont aussi appuyés sur les publications et les revues techniques professionnelles. La diffusion des nouveaux savoirs vers les Pays tchèques était encouragée, favorisant le transfert d’innovations et des connaissances techniques dans un cadre, celui de la société tchèque, réceptif, grâce à un système scolaire technique qui fonctionnait bien.

62Dans le sillage de la vague d’enthousiasme et de la propagation des idées suscitées par les expositions universelles, les techniciens tchèques ont cherché à transférer vers les Pays tchèques certaines avancées techniques. Ils ont été soutenus par les membres du Club des touristes tchèques, qui ont voulu diffuser cet esprit du progrès technique sous la forme d'une réplique de la tour de 300 mètres, construire par la société Eiffel au centre de l’Exposition universelle de 1889, à Paris. Cette tout célébrait non seulement le progrès, mais aussi les 100 ans de la Révolution française. La tour de Prague est devenue elle aussi un symbole du développement industriel et technique réalisé par les Pays tchèques à la fin du XIXe siècle. Cette volonté est née des expériences d'un groupe de plus de 300 touristes qui ont visité la tour Eiffel. Leurs discussions lors d'un voyage en train, de retour de Paris, en août 1889, a constitué le point de départ des ambitions qui ont trouvé leur aboutissement en 1891. La construction d'un ensemble métallique complexe paraissait un projet porteur dans l’optique de l’exposition industrielle jubilaire dans les Pays tchèques prévue pour l'été 1891.

63Les représentants du club touristique ont agi rapidement, dès leur retour à Prague. Ils ont acquis le terrain, discuté des questions administratives avec la municipalité de Prague et les autorités politiques, notamment pour ce qui concernait le permis de construire. Ils ont aussi obtenu des ressources financières et sont parvenues à mener rapidement l'élaboration du projet, sa réalisation et le montage de la tour d'observation. En l'espace de six mois, entre le printemps et l'été 1891, elle était prête pour l'exposition jubilaire. Un grand nombre d'experts-techniciens bien formés, préparés et organisés (géomètres, géologues, hydrologues, architectes, designers, machinistes, etc.), des artisans de diverses professions, des ouvriers, des urbanistes et intervenants culturels (journalistes qui ont rendu compte de la construction de la tour d'observation) ont été réunis pour accompagner la construction de la tour d'observation. Il convient aussi de mentionner le rôle des entrepreneurs (notamment de la Compagnie de la construction du pont de Prague-Libeň, qui fait partie de la première usine de machines tchéco-morave à Prague-Libeň et de la Société sidérurgique de Prague à Kladno).

64L'union de ces forces a eu un effet positif. Les obstacles logistiques liés au transport des pièces métalliques jusqu'à la colline de Petřín ont également été surmontés. Pour ce faire, une route d'accès le long de la crête de la colline a également été construite. La tour d'observation de Petřín a été ouverte aux visiteurs le 20 août 1891. Elle constituait une véritable réplique de la tour Eiffel, à une échelle de 1/5e, soit une hauteur de 60 m. Cependant, si l'on inclut la hauteur au-dessus du niveau de la mer de la colline de Petřín (324 m d'altitude), nous sommes alors presque à la même hauteur que la fière Tour Eiffel. La tour d'observation a été au cœur de l'exposition jubilaire de 1891. Avec le funiculaire menant à Nebozízek, le tramway de Letná au parc des expositions Prague-Holešovice, la fontaine illuminée de Křižík et le Labyrinthe de miroirs situé sur le site de l'exposition, elle est devenue l'une des principales attractions de Prague.

65La tour d'observation de Petřín a également été équipée d'une innovation contemporaine par celui qui a résolu la protection contre la foudre de la tour Eiffel, K. V. Zenger, professeur de l´Institut polytechnique de Prague. Avec ses ovoïdes symétriques, Zenger s’approche de la protection en cage contre la foudre des bâtiments. Plus tard, après la Première Guerre mondiale, la tour d'observation de Petřín a également servi au développement de la radiotéléphonie. En plaçant des antennes et des émetteurs sur son sommet, elle a contribué au début de la radiodiffusion régulière tchécoslovaque, à partir du 18 mai 1923. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle a également servi aux occupants allemands de poste d'observation pour la Luftwaffe. Après la Seconde Guerre mondiale, à partir de 1er mai 1953, la radiodiffusion télévisuelle a débuté à partir de la tour, en accueillant les locaux techniques pour la télévision tchécoslovaque. Cet état de choses a duré jusqu'en 1992, date à laquelle une autre haute tour a été construite à Mahlerovy sady, à Prague-Žižkov, pour les communications radio, lors la reconstruction de la tour d'observation de Patřín, qui a duré jusqu'en 2002. Actuellement, la tour de Petřín reçoit principalement des visiteurs de Prague. Elle complète le panorama et constitue un élément architectural de premier plan, qui domine la capitale de la République tchèque.

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Notes

1 L'évolution de l'éducation tchèque est abordée, par exemple, dans les publications suivantes : SOMR, Miroslav et all. Dějiny školství a pedagogiky. Svoboda, Praha 1987. RÝDL, Karel. K vývoji správy a řízení školství v českých zemích (1774-1989). Univerzita Pardubice, Pardubice 2010. ŠTVERÁK, Vladimír. Dějiny pedagogiky. vol. 1. et 2. SPN, Praha 1981 a 1982.

2 Il existe à ce jour plusieurs centaines de tours d'observation sur le territoire de la République tchèque. Leur nombre exact est inconnu. Pour une liste exhaustive, voir https://www.gigaplaces.com/gigalist-prehled-rozhleden-v-ceske-republice/ ou https://rozhledny.webzdarma.cz/ (consulté le 27.8.2023).

3 La tour se situe à l´adresse suivante : Petřínské sady, Praha 1 - Malá Strana.

4 Issus de plusieurs travaux, par ex. : FOX, Robert, GUAGNINI, Anna (eds.). Education, Technology and Industrial Performance in Europe, 1850–1939. Cambridge University Press, 1993. HLAVAČKA, Milan et all. Jubilejní výstava 1891. Praha 1891 nebo KAFKA, Josef (red.). Illustrovaný průvodce Zemskou jubilejní výstavou s průvodcem Prahou. Merkur, Praha 1891, s. 30, 34, 41, 50.

5 Voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Tour_Eiffel#cite_ref-p12_11-1 (consulté le 27.8.2023).

6 Le club a été fondé le 11 juin 1888 dans la salle Měšťanská beseda, à Prague (un bâtiment situé entre les rues Jungmannova et Vladislavova à Prague 1). Le premier événement du club fut un voyage de groupe à l'Exposition universelle de Paris en 1889. Dans d'autres villes tchèques, de nombreuses succursales du club installèrent des chalets et construisirent des tours d'observation. À partir de 1889, ils ont commencé à créer un réseau dense de panneaux touristiques permettant de s'orienter dans le paysage, notamment dans les forêts et les montagnes, ou dans les zones remarquables. Un premier itinéraire de 8 km près de Prague (aujourd'hui une zone de loisirs) allait de Štěchovice aux courants de Svatojánské. À ce jour, 1 370 marqueurs bénévoles entretiennent les plaques. Voir https://nasregion.cz/pred-130-lety-vznikl-v-praze-klub-ceskych-turistu-zaslouzil-se-o-postaveni-petrinske-rozhledny-a-lanovky-46493/ (consulté le 27. 8. 2023).

7 De Vilém Kurz, voir https://nasregion.cz/pred-130-lety-vznikl-v-praze-klub-ceskych-turistu-zaslouzil-se-o-postaveni-petrinske-rozhledny-a-lanovky-46493/ (Consulté le 27. 8.2023).

8 LUKEŠ, Zdeněk. 125 let pražské dámy. In Neviditelný pes (article de presse Lidové noviny du 23. 9. 2016). Voir https://neviditelnypes.lidovky.cz/architekt/architektura-125-let-prazske-damy.A161002_223229_p_architekt_wag/tisk (consulté le 27. 8. 2023).

9 Nombre de membres du club tiré de : https://nasregion.cz/pred-130-lety-vznikl-v-praze-klub-ceskych-turistu-zaslouzil-se-o-postaveni-petrinske-rozhledny-a-lanovky-46493/ (consulté le 27.8.2023).

10 Voir : https://www.dnyceskestatnosti.cz/novinky/kalendarium/18-7-1891-zahajeni-provozu-prvni-elektricke-tramvaje-v-ceskych-zemich/ ou https://www.prazsketramvaje.cz/view.php ?cisloclanku =2006041295 (cité en ligne le 6. 7. 2023).

11 En particulier, les Archives de Prague, le fonds des bâtiments historiques – Tour d'observation de Petřín, le fonds du Club des touristes tchèques (statuts du club). Archives photographiques du Bureau de presse tchécoslovaque (FA ČTK), Prague 1920-1939 (1930), NAD 1451, carton 107 (vue de la tour d'observation depuis le jardin du séminaire de 1930), carton A/3 (vue d'observatoire de 1930). Des documents se trouvent également aux Archives régionales de l'État à Prague, aux Archives du Musée technique national, etc. (voir la liste des sources à la fin du texte). Comme sources publiées, nous pouvons retenir Pragensie de la Bibliothèque municipale de Prague concernant la tour d'observation de Petřín (environ 30 titres différents).

12 Par ex. : KURZ, Vilém. Lanová dráha, rozhledna na Petříně. Tisk k příležitosti slavnostního otevření 20 srpna 1891. Klub českých turistů, Praha 1891. KURZ, Vilém. Rozhledna na Petříně : obrázek z blízké budoucnosti Prahy. Nákladem Klubu českých turistů, Praha 1890, 7 s. Kurz, Vilém. Lanová dráha & rozhledna na Petříně. Druhé vydání. Pražská informační služba, Praha 2011, 20 s. AUGUSTIN, František (ed.). Autografické záznamy tlaku, teploty, směru a rychlosti větru na rozhledně na Petříně v Praze r. 1895. Nákladem České akademie císaře Františka Josefa pro vědy, slovesnost a umění, Praha 1896, 85 s. PETRÁK, Jan. Petřínská rozhledna. Klub českých turistů, Praha 1946. KOCHÁNEK, Ladislav. 444 pražských nej, unikátů a kuriozit. Odeon, Praha 1995, s. 172-175, etc.

13 Voir KURZ, Vilém. Slavnostní otevření rozhledny na Petříně. In Časopis turistů 1891, vol. III, No 9, s. 145-152. PETRÁK, Jan. 50 let Petřínské rozhledny In Zprávy památkové péče 1941, No 5, s. 74. AULICKÝ, Václav. Rekonstrukce Petřínské rozhledny. In Architekt, 2003, vol. 49, No 6. VÁLEK, Vladimír. Petřínská rozhledna. In Naše Praha, 1929–1930, vol. 6, 20. 12. 1929, s. 100-105.

14 Vidéo Petřínská rozhledna z 28. 9. 2017. Voir https://turistickamapa.cz/petrinska-rozhledna-petrin/ (cité en ligne le 23. 7 2023).

15 N° 1-489, tour d'observation - inscription à la liste nationale des monuments culturels du 22 décembre 1964. Le 13 janvier 1975, le SÚPPOP (Institut géodésique de la ville de Prague) a établi le point géodésique 0, nomenclature 1425, sur la tour d’observation, n° 68. Catalogue commémoratif. La tour d'observation porte le code de site historique CZ 9045. Elle est protégée en tant que monument depuis le 13 décembre 1992 dans le cadre de l’inscription au patrimoine mondial de l'UNESCO, numéro de registre ÚSKP 1 - Centre historique de Prague. Des découvertes archéologiques sont également documentées au sein de la parcelle, décrite pour la dernière fois le 28 janvier 2005. Voir : https://pamatkovykatalog.cz/pravni-ochrana/petrinska-rozhledna-150931, aussi https://iispp. npu.cz/mis_public/documentDetail.htm ?id =1074513 et https://pamatkovykatalog.cz/petrinska-rozhledna-16023724 a https://isad.npu.cz/jadro-hl-mesta-prahy-7228 (consulté le 5. 8. 2023).

16 Exposition « 100 ans de la radiodiffusion tchécoslovaque et tchèque et 70 ans de la télévision tchécoslovaque et tchèque au 1er étage de la Faculté d´électricité de l´Université polytechnique de Prague » (auteurs M. Efmertová et M. D. Hrtus). L’Exposition a ouvert en mai 2023. Voir https://histech.fel.cvut.cz/actions.html (consulté le 27. 8. 2023).

17 Selon le marchand arabe Ibrahim ibn Yaqub, tiré de son récit de voyage rédigé dans les années 1060, le nom de la ville est Fraga. Voir POCHE, Emanule et all. Praha středověká. Panorama, Praha 1983, s. 7. Il n'existe pas encore suffisamment de références historiques pour déterminer l'origine du nom de la ville et la question n'a donc pas été résolue de manière satisfaisante. Cependant, on peut affirmer que le nom Praha est déjà connu grâce à la Chronique tchèque de Kosmos du XIIe siècle, écrite en latin (son auteur était Kosmas, doyen du chapitre Saint-Guy de Prague. Il a écrit la chronique entre 1119–1125, partie I/9). Pour lui, le nom vient du mot latin petra (rocher) ou du verbe slave patřiti (regarder, regarder au loin). Il est également indiqué dans d'autres sources que le nom Prague proviendrait du mot práh (une poutre taillée ou plutôt un seuil de rivière dans la rivière Vltava) ou du verbe pražitrôtir (allemand prageln, latin frigere – brûlant de feu. Pour la ville, il a fallu brûler un endroit dans la forêt afin d’y construire des maisons).

18 Voir : https://www.strahovskyklaster.cz/ (consulté le 10. 7. 2023).

19 L'auteur est le sculpteur Bohumil Kafka (1878–1942). (Hylmarová 2017)

20 Il a été construit par Charles IV en 1360-1362 pour renforcer les fortifications du Château de Prague et de Malá Strana contre d'éventuelles attaques venant du sud et de l'ouest.

21 Illustrovaný svět. 1903, vol. III, No. 33, s. 788.

22 Archives de la capitale de Prague, fonds fédéral du cadastre, NAD 5, Club des touristes tchèques 1888–1950, XIV/0022, dossiers du Bureau.

23 Nombre de membres tiré de https://nasregion.cz/pred-130-lety-vznikl-v-praze-klub-ceskych-turistu-zaslouzil-se-o-postaveni-petrinske-rozhledny-a-lanovky-46493/ (consulté le 27. 8. 2023).

24 Parmi les nombreuses publications, par ex. : LEFEBVRE, Georges, GUYOT, Raymond, SAGNAC, Philippe. Révolution française, Librairie Félix Alcan, 1930. BERTAUD, Jean-Paul. La Révolution française. Perrin, 2004 ; BOULANT, Antoine. La Révolution française. Vérités et légendes, Perrin, 2023. Atlas de la Révolution française, EHESS Paris ; BIARD, Michel (dir.), La Révolution française : une histoire toujours vivante, Tallandier, 2009 ; MARTIN, Jean-Clément. Révolution et contre-révolution en France, 1789-1989 : les rouages de l’histoire, Presses universitaires de Rennes, 1996.

25 Voir, par ex., EIFFEL, Gustave. La tour de trois cents mètres. 2 vols. Lemercier, 1900 ; SIMON, Jules. Guide officiel de la tour Eiffel. Chaix, 1893 ; LEMOINE, Bertrand (rééd.). La tour de trois cents mètres. Taschen, 2006 (textes-préface, légendes et notice biographique-de la réédition de l’ouvrage de Gustave Eiffel) ; MATHIEU, Caroline (dir.). Gustave Eiffel le magicien du fer. Catalogue de la même exposition dans l´Hôtel de ville de Paris du 7 mai au 29 août 2009. ESFP, 2009.

26 Pour expliquer la monnaie : un louis d'or (60 kreuzers) était surnommé « or », et cette désignation a perduré même après la réforme monétaire des années 1890, lorsque la couronne a été introduite pour la première fois dans les pays tchèques, sous l’influence austro-hongroise. Dans le nouveau système monétaire, les deux couronnes en argent étaient communément appelées « or ». (Vondra 2012).

27 Rozhled s Petřína v Praze s vrchole Rozhledny (384 m nad mořem). Družstvo Rozhledny na Petříně, Praha 1895.

28 Les Habsbourg ont gouverné les Pays tchèques (Royaume tchèque autonome) de 1526 à 1918, et leur langue – l’allemand – était également la langue principale de la monarchie à cette époque. L'élément tchèque a progressivement fait face à ce problème sur les plans culturel, économique et politique, notamment au cours du XIXe siècle jusqu'à la création de la Tchécoslovaquie indépendante.

29 Archives de la capitale de Prague, fonds fédéral du cadastre, NAD 5, Club des touristes tchèques 1888–1950, XIV/0022, dossiers du Bureau.

30 La coopérative de la tour d'observation de Petřín a été inscrite au registre du commerce le 25 juin 1890 sous le numéro 37 371. Données techniques voir http://www.170let.cz/clanek/druzstvo-rozhledny-na-petrine-v-praze-16 (cité en ligne le 29. 8. 2023).

31 Ibid. Družstvo rozhledny na Petříně bylo zapsáno do obchodního rejstříku 25. června 1890 pod č. 37.371. Voir : http://www.170let.cz/clanek/druzstvo-rozhledny-na-petrine-v-praze-16 (consulté le 29. 8. 2023).

32 Archives de la capitale de Prague, fonds fédéral du cadastre, NAD 5, Club des touristes tchèques 1888–1950, XIV/0022, dossiers du bureau.

33 Rapport sur la construction de la tour d'observation de Petřín dans le journal Technické listy du 1er octobre 1890.

34 La hauteur de Petřín au-dessus du niveau de la mer étant de 320 m, le sommet de la tour d'observation se situe à 380 m.

35 Družstvo rozhledny na Petříně bylo zapsáno do obchodního rejstříku 25. června 1890 pod č. 37.371. Voir : http://www.170let.cz/clanek/druzstvo-rozhledny-na-petrine-v-praze-16 (consulté le 29. 8. 2023).

36 Prášil était un concepteur de structures métalliques. Il a étudié à la Haute école technique tchèque de Prague puis a rejoint les ateliers de la fonderie Vojtěšská à Kladno. Outre la tour d'observation de Petřín, il a également conçu le Palais industriel de l'architecte Bedřich Münzberger sur le parc des expositions de Prague-Holešovice pour l'exposition jubilaire de 1891. En 1886, lorsque l'entreprise Première usine de machines tchéco-morave de Prague-Libeň a été créée et a commencé à produire des ponts, Prášil accepta le poste d'ingénieur en chef. En 1894, il devint indépendant et fonda, avec sa famille, la société Bratři Prášilové a spol., à Prague-Libeň. L'entreprise a fonctionné jusqu'en 1945, date à laquelle elle est devenue partie intégrante de ČKD Lokomotivka. Voir aussi Slovník osobností. Technické památky v Čechách, na Moravě a ve Slezsku. IV. LIBRI, Praha 2004, s. 377.

37 L'entreprise První Českomoravská továrna na stroje (Première usine de machines tchéco-morave de Prague-Libeň) construisait des ponts. František Prášil en était le directeur. Viz Mostář s rozhledem. In EURO.CZ, dne 1. 10. 2007. Voir https://www.euro.cz/clanky/mostar-s-rozhledem-887120/ (consulté le 5. 5. 2023).

38 Pour les montants proposés pour le budget du bâtiment, voir : http://www.170let.cz/media/upload/1502881899_mcp-vestnik-8-2016-final.pdf (cité en ligne le 5. 5. 2023).

39 Documenta Pragensia. Archives de la capitale Prague, fonds de la municipalité de Prague I. (1764) 1784–1949 (1964), NAD 4 histoire de la construction de Prague 1784-1950.

40 Archives de la capitale de Prague, fonds de la municipalité de Prague I. (1764) 1784–1949 I. (1964), NAD 4, histoire de la construction de Prague 1784-1950.

41 Professeur de géologie et de minéralogie, il s'est concentré sur les questions d'hydrologie, des sciences du sol et de droit minier. Voir F. K. Pr. MUDr. Alfred Slavík nécrologie. Zlatá Praha, 1907, vol. XXIV, No 19 (février), s. 231.

42 Traités tirés des Archives régionales d'État de Prague (acronyme tchèque SOA Prague), fonds První Českomoravská továrna na stroje (Première usine de machines tchéco-morave de Prague-Libeň) s.a., 1871–1921 (1929), NAD 2975, Compagnie de la construction du pont de Prague (vue des dessins de la tour).

43 En 1891, il reçoit une médaille d'or à l'Exposition nationale du Jubilé de Prague pour une machine permettant de tester la résistance des matériaux. Voir Ottův slovník naučný. Jan Otto, Praha 1888–1909, mot de passe Salaba.

44 Traité selon « 125 let mladší a menší sestřičky » In Věstník, 2016, vol. IX, No 8, s. 3-4.

45 La célèbre entreprise pragoise de Vinohrady s'est spécialisée dans le verre en feuille, en miroir, spécialement étiré, pressé, dépoli, décoratif et taillé de toutes sortes.

46 Paragraphe abordé à partir de « 125 let mladší a menší sestřičky » In Věstník, 2016, vol. IX, No 8, s. 7.

47 Ce paragraphe a été rédigé à partir des Archives régionales d'État de Prague (SOA Prague), fonds První Českomoravská továrna na stroje (Première usine de machines tchéco-morave de Prague-Libeň) s.a., 1871–1921 (1929), NAD 2975, Compagnie de la construction du pont de Prague (construction de la tour) et selon « 125 let mladší a menší sestřičky » In Věstník, 2016, vol. IX, No 8, s. 8.

48 Lanová dráha Petřín. Voir https://www.prazsketramvaje.cz/view.php ?cisloclanku =2006041295 (consulté le 4. 5. 2023).

49 Voir https://zubacka.aio.cz/Cze/abtovy.htm (consulté le 5. 5. 2023).

50 Paramètres techniques étudiés à partir de https://www.prague.eu/cs/objekt/mista/107/zrcadlove-bludiste-na-petrine et https://www.tvarchitect.com/video/skryte-poklady-architektury-pavilon-klubu-ceskych-turistu-zrcadlove-bludiste-na-petrine// (consulté le 5. 5. 2023).

51 Voir https://www.prague.eu/cs/objekt/mista/1354/lanova-draha-na-petrin ou https://www.ttg.cz/lanovku-na-petrin-ceka-celkova-rekonstrukce-i-vymena-vozu/2021/01/ (consulté le 5. 5. 2023).

52 Jubilejní výstava zemská království Českého v Praze 1891. F. Šimáček, Praha 1894, s. 568/9.

53  Étudiés à partir de : https://www.prague.eu/cs/objekt/mista/107/zrcadlove-bludiste-na-petrine et https://www.tvarchitect.com/video/skryte-poklady-architektury-pavilon-klubu-ceskych-turistu-zrcadlove-bludiste-na-petrine (consulté le 5. 5. 2023).

54 Diorama Klubu českých turistů, In Národní listy, le 13 mai 1891, s. 6.

55 Étudiés à partir de : http://c4-isr.blogspot.com/2015/02/prehistorie-radiovych-komunikaci.html (consulté le 4. 5. 2023).

56 Pour la biographie et les ouvrages importants, notamment l'ouvrage PRÉVOST, Jean. Eiffel. Les Éditions Rieder, Paris, 1929. LEMOINE, Bertrand. Gustave Eiffel. Hazan, Paris, 1984.

57 Louis-Henri-Frédéric Melsens (1814–1886), physicien et chimiste belge qui travaillait sur un système de paratonnerre similaire à celui de Zenger depuis le milieu du XIXe siècle. Voir HENRIOT, Émile. Melsens (Louis-Henri-Frédéric). Biographie Nationale, t. 30, Établissements Émile Bruylant, Brussels 1958, col. 570. DE HEEN, Pierre. Notice sur Louis-Henri-Frédéric Melsens. Annuaire de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique, 1893, p. 484-493.

58 Dans ledit ouvrage, Zenger a répété l'essence du paratonnerre ovoïde, sur lequel il avait déjà donné une conférence à l'Exposition internationale de Vienne en 1883.

59 Nebezpečný požár na pražské rozhledně, In Národní politika, le 7 juillet 1938.

60 Oheň v petřínské rozhledně, In České slovo, le 7 juillet 1938.

61 Dates déterminés d´après ŠANTRŮČEK, Vladimír. Také petřínská rozhledna byla okupantům trnem v oku. In Věstník hlavního města Prahy 1947, vol. 50 (nový vol. 3), No 28, s. 662.

62 Rozhledna je připravena. Svobodné slovo, le 11 mai 1991 et Obnovená premiéra. Svobodné slovo, le 20 mai 1991.

63 Setkání odborníků na Petříně. (AULICKÝ, Václav. Rekonstrukce Petřínské rozhledny). Časopis konstrukce 2003, No 1, s.12-13.

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Table des illustrations

Titre Fig.1. Localisation de la tour d’observation de Petřín et des ouvrages d’art de desserte
Crédits Geoportál Národního památkového úřadu - DB 2558811, Malá Strana, Petřínské sady, Praha
URL http://journals.openedition.org/ephaistos/docannexe/image/12902/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 628k
Titre Fig.2. La colline de Petřín
Crédits PETRÁK, Jan. 50 let Petřínské rozhledny (50 ans de la Tour de Petřín). In :Zprávy památkové péče (Rapports sur l'entretien des monuments) 1941, No 5, p. 74
URL http://journals.openedition.org/ephaistos/docannexe/image/12902/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 420k
Titre Fig. 3. Publicité pour la tour d’observation
Crédits « Petřín - místo vycházek, rozhledů i dolování ». Expozice v suterénu Petřínské rozhledny. Muzeum hlavního města Prahy ("Petřín - un lieu de promenades, de vues et d'exploitation minière". Exposition au sous-sol de la tour d'observation de Petřín. Musée de la capitale Prague), photo de l’auteur
URL http://journals.openedition.org/ephaistos/docannexe/image/12902/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 1,3M
Titre Fig.4. Plan du funiculaire
Crédits « Petřín - místo vycházek, rozhledů i dolování ». Expozice v suterénu Petřínské rozhledny. Muzeum hlavního města Prahy ("Petřín - un lieu de promenades, de vues et d'exploitation minière". Exposition au sous-sol de la tour d'observation de Petřín. Musée de la capitale Prague), photo de l’auteur.
URL http://journals.openedition.org/ephaistos/docannexe/image/12902/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 1,3M
Titre Fig.5. Cabine du funiculaire
Crédits KURZ, Vilém. Lanová dráha a rozhledna na Petříně (Funiculaire et Tour d'observation de Petřín). Klub českých turistů (Club des touristes tchèques), Praha (Prague) 1891, p. 21.
URL http://journals.openedition.org/ephaistos/docannexe/image/12902/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 723k
Titre Fig.6. La tour dans son état actuel
Crédits Marcela Efmertovà
URL http://journals.openedition.org/ephaistos/docannexe/image/12902/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 1,2M
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Pour citer cet article

Référence électronique

Marcela Efmertová, « Les Tchèques ont-ils « copié » les constructions d'Eiffel ? Le transfert des connaissances techniques de la France vers les Pays tchèques à la fin du XIXe et au cours du XXe siècle »e-Phaïstos [En ligne], XII-1 | 2024, mis en ligne le 01 mai 2024, consulté le 16 novembre 2025. URL : http://journals.openedition.org/ephaistos/12902 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ephaistos.12902

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Auteur

Marcela Efmertová

Historienne des sciences, des techniques et de l’économie, Marcela Efmertová, est directrice d´études à l´Université polytechnique de Prague. Elle y a fondé l’enseignement et la recherche en Histoire des sciences et des techniques, désormais présent dans tous les segments d'études à l’université. Depuis 2010, elle dirige le Laboratoire d´histoire (électro)technique et elle a reçu l'accréditation pour le programme d'études doctorales Histoire des sciences et des techniques en tchèque et en anglais, avec une validité jusqu'en 2030. Elle est spécialiste en histoire tchèque dans le contexte européen des XIXe et XXe siècles, et notamment en histoire de l´électrotechnique (des techniques), des sciences, de l’ingénierie et de l’économie.

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