La Commune de Paris, Saint-Barthélemy du XIXe siècle dans les mémoires des Communards
Résumés
Les Communards écrivains ou journalistes après leur amnistie en 1880 mettent leur plume au service d’une rectification de l’histoire officielle et d’un récit de la répression, s’inscrivant dans ce que Jules Vallès nomme en exergue de L’Insurgé (1886) « la grande fédération des douleurs ». Il s’agit autant de justifier l’action politique a posteriori, de prétendre présenter des documents et des témoignages inédits que d’affirmer sa condition d’auteur, se distinguant des prisonniers de droit commun envoyés avec eux au bagne.
Dans ces écrits, la Saint-Barthélemy est utilisée comme métaphore et comme emblème de la lutte fratricide absolue, du bain de sang outrancier. Au risque du raccourci et de l’équivalence hâtive (Thiers et Charles IX, le Louvre et les Tuileries) les mémoires des Communards multiplient les analogies, nous permettant de considérer la construction de l’événement, mais aussi la conception de l’historiographie ainsi en jeu. Le régime de l’anecdote et de la comparaison rapproche 1572 et 1871 pour éloigner 1793.
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- 1 Jules Vallès, L’Insurgé, « Aux morts de 1871. À tous ceux qui, victimes de l’injustice sociale, pri (...)
1Les Communards français, écrivains ou journalistes, après leur amnistie en 1880, mettent leur plume au service d’une rectification de l’histoire officielle et d’un récit de la répression, s’inscrivant dans ce que Jules Vallès nomme en exergue de L’Insurgé (1886) « la grande fédération des douleurs »1. Publiant en Belgique, en Suisse, ou plus tard en France dans des maisons d’édition à ligne éditoriale politique proche de leur cause, ils articulent une double visée à leurs textes : le geste militant (relater la Commune, justifier leur action politique et surtout revenir minutieusement sur les actes qui leur ont été reprochés et sur leur condamnation) et le récit de soi (leur vie, celle de leurs compagnons de lutte et de leur famille) forment deux matériaux travaillant à la mise en place d’une Histoire de la Commune, dans laquelle sa répression, la semaine sanglante, apparaît comme la troisième Saint-Barthélemy du XIXe siècle, après les révolutions de 1830 et de 1848.
- 2 « Préface », dans Marc-Amédée Gromier, La Commune : Journal d’un vaincu, Paris, Victor-Havard, 1892 (...)
- 3 Bertrand Tillier, La Commune de Paris. Révolution sans images, Seyssel, Champ Vallon, coll. « Époqu (...)
- 4 Ibid., p. 23-25. La presse et la caricature communardes n’ont pourtant pas manqué de propager des i (...)
2En effet, il s’agit autant de justifier l’action politique a posteriori, notamment en présentant des documents et des témoignages, que d’affirmer sa condition d’auteur, se distinguant des prisonniers de droit commun. Cette dimension est essentielle et récurrente d’un auteur à l’autre : proclamer une identité professionnelle d’écrivain permet de se déclarer porte-parole d’un nombre de fusillés et condamnés sans procès que le texte a pour visée d’affirmer très élevé. La préface du texte de Marc-Amédée Gromier indique qu’« écrit par un seul, il porte le reflet de la pensée et de la souffrance de dix mille »2. Pour beaucoup d’entre eux, du reste, le retour en France et l’amnistie générale de 1880 constituèrent ce que l’historien Bertrand Tillier qualifie de « nouvelle condamnation »3. Pauvres, malades ou isolés, contraints au mutisme, ils sont conscients que la Commune souffre d’un déficit de récit et d’image4 : convoquer la Saint Barthélemy c’est, dans ce contexte, assigner une référence puissante et une force de représentation imaginaire efficace à un événement dont ils déplorent tantôt l’absence de représentation tantôt la représentation fausse chez leurs contemporains.
- 5 Myriam Revault d’Allonnes, « La métaphore, ‘réserve de sens’ », Revue philosophique de Louvain, n°1 (...)
- 6 Benoît Malon, La Troisième défaite du prolétariat français, Neuchâtel, G. Guillaume, 1871, p. 398.
3Dans cette construction narrative et ce alors même que la condition tacite de l’amnistie est le consentement à l’oubli et à la non-représentation, la Saint-Barthélemy est utilisée comme métaphore, comme marqueur explicite du bain de sang outrancier. Toute métaphore voit du semblable dans du dissemblable et « contribue à ébranler les catégorisations acquises »5, comme l’a analysé Paul Ricoeur dans La Mémoire vive : en appeler à la Saint-Barthélemy pour qualifier une semaine sanglante d’exécutions arbitraires à la mitrailleuse de fédérés hostiles à la religion d’État exige des écarts autant que des raccourcis. Il n’est pas tant question de guerre civile que de violence extrême, telle qu’exercée aux yeux des Communards par l’Ancien Régime autoritaire dont le gouvernement Thiers serait une résurgence à travers l’Histoire, à l’instar de l’Empire et de la Restauration avant lui. Au risque du rapprochement irrationnel et de l’équivalence hâtive, les mémoires des Communards multiplient les analogies, nous permettant de considérer la construction de l’insurrection parisienne comme conflit fondateur d’une histoire politique, mais aussi d’une forme d’historiographie. Nous nous proposons donc d’aborder comment le régime de l’événement et de la comparaison rapproche 1572 et 1871, faisant de la semaine sanglante qui écrasa la Commune de Paris la « Saint-Barthélemy du socialisme6 » dans une mémoire que les auteurs appellent à écrire de la gauche française.
La Saint-Barthélemy, métaphore littéraire du bain de sang
- 7 « Les simples fiançailles (17 août) produisirent déjà une explosion dans Paris. Avec des hurlements (...)
- 8 Robert Tombs, La Guerre contre Paris. 1871 : L’armée met fin à la Commune, trad. Jean-Pierre Ricard (...)
- 9 Jean-Claude Caron, Frères de sang. La guerre civile en France au XIXe siècle, Seyssel, Champ Vallon (...)
- 10 Voir à ce propos Quentin Deluermoz, Commune(s), 1870-1871. Une traversée des mondes au XIXe siècle, (...)
- 11 Jean Allemane, Mémoires d’un socialiste, des barricades au bagne, Paris, Librairie socialiste, 1906 (...)
4La Saint-Barthélemy et son environnement – guerres de religion mais surtout guerre avec l’Espagne, intrigues politiques au sein de la noblesse française – constituent durant tout le XIXe siècle un formidable matériau littéraire. Les « noces vermeilles » traitées par Michelet comme la matrice de « torrents de sang »7 éclaboussant durablement la société française et installant une hantise de la guerre civile font la fortune des romans populaires comme des drames romantiques ainsi que de la scène opératique. Les grands succès de l’opéra Les Huguenots de Meyerbeer (1836) ou du roman La Reine Margot (1845) de Dumas, pour ne citer que ceux-là, ont arrêté la représentation de corps-à-corps sanglants motivés par la traîtrise et la passion, assez étrangers de fait à la « tuerie froide et impersonnelle »8 que fut deux siècles plus tard la semaine sanglante. Mais la Saint-Barthélemy est une analogie explicite en culture savante comme en culture populaire : or les anciens Communards qui l’utilisent ont le désir d’être compris de tous et à ce titre, leur drapeau rouge et les fusillades sanglantes produisent des discours très efficaces, dans ce qui est également un « affrontement rhétorique »9. Particulièrement déçus et hostiles à l’égard de la presse conservatrice, passant sous silence le fait que les Communards ont fait eux aussi grand usage de la presse et de la caricature10, du discours politique et du discours littéraire, ils souhaitent être clairs et proposer des images saisissantes, susceptibles de retenir l’attention et de solliciter une représentation visuelle. Jean Allemane regrette ainsi que le peuple ait confié ses intérêts « aux professionnels de la phrase, aux rhéteurs »11 qui, selon lui, opacifient la vérité factuelle. Le caractère spectaculaire et outrancier des portraits qui ont été dressé d’eux les invite en réaction à se souhaiter la sobriété et la précision. La comparaison avec un événement ancien, mais doté d’un imaginaire fort, leur confère une autorité et ancre leur point de vue. Il s’agit de faire entrer la Commune de Paris dans l’Histoire de France, en la situant dans un temps long et en lui enlevant le caractère d’insurrection disparate, mal menée et rapidement écrasée que lui assignent ses détracteurs. La mise en relation avec la Saint-Barthélemy donne à la Commune la consistance d’un événement proprement historique et de ce fait intelligible et interprétable, à la différence de la portée anecdotique et irrationnelle que lui prêtent ses opposants.
- 12 Louise Michel, La Commune. Histoire et souvenirs, Paris, La Découverte, coll. « Poche », 1999 (1898 (...)
- 13 L’armée qui massacra les Parisiens n’est pas composée de « ruraux », provinciaux ignares et catholi (...)
- 14 Prosper-Olivier Lissagaray, Histoire de la Commune de 1871, Paris, Dentu, 1896, p. 88.
- 15 Ibid., p. 91.
- 16 Voir Robert Tombs, Paris, bivouac des révolutions. La Commune de 1871, op. cit., p. 31-32 : « Des m (...)
- 17 Jean-Claude Caron, op. cit., p. 196.
- 18 Ibid., p. 207.
- 19 Jean Allemane, op. cit., p. 86.
5La comparaison trouve ses motivations sur des éléments contextuels simplifiés. À l’été 1572 comme au printemps 1871, quelques journées terribles d’effusions de sang dans un espace urbain réduit et enfermé dans la violence allument dans Paris la guerre civile. L’écrasement de la Commune, la semaine sanglante, est une Saint-Barthélemy de sept jours : « Ces journées funestes nous reportent à celles de la Saint-Barthélemy »12, indique Louise Michel. La mise en relation fait de la Commune, non une lutte fratricide insurrectionnelle, mais rien moins qu’une lutte des classes avant l’heure, le déchaînement de violence émanant d’aristocrates fanatiques. Le déplacement du gouvernement à Versailles après le 18 mars où il rejoint l’Assemblée motive des raccourcis sur le retour de l’Ancien régime, ou même sa permanence de coup d’État en coup de force à travers tout le XIXe siècle. L’influence étrangère supposée à l’entourage de l’Impératrice Eugénie dans le déclenchement de la guerre puis l’armée prussienne aux portes de Paris ravivent le motif de la lutte interne alors que le danger serait ailleurs, à l’instar des guerres de religion menées tandis que l’Europe, et notamment l’Espagne, convoitaient des territoires du royaume de France. Les lieux de pouvoir législatif comme le château de Versailles, l’Assemblée nationale sont largement dépeints comme lieux de malversations, comparés au château de Blois qui vit l’assassinat du duc de Guise et au château du Louvre, dont les couloirs auraient toujours abrité, selon les romans populaires, des feintises de cour et des violences politiques. Le raccourci amène le Louvre et les Tuileries à justifier l’incendie de l’un par les intrigues de l’autre. Charles IX apparaît en massacreur en chef, monstre de l’Ancien Régime, tenant d’une brutalité irrationnelle. Dans la version scénique d’Alexandre Dumas et Auguste Maquet (1847) de La Reine Margot, il tue un protestant depuis une fenêtre du Louvre. Dans les récits des Communards, ce sont des soldats fanatisés13 voire des sympathisants du gouvernement qui tirent de leurs fenêtres ou massacrent en pleine rue un petit peuple sans défense. Les rues et les places sont baignées de sang, « plus rouges encore (que leur drapeau) du sang de mille martyrs »14. La Seine, « fleuve de sang »15, charrie des flots rouges et sur le pavé coulent des rigoles de sang. Ce sont là des images de la Saint-Barthélemy superposées à celles de la Commune de Paris, qui connut la « guerre des rues »16 avec la prise des barricades, mais également des exécutions sommaires dans des casernes, des massacres à la mitrailleuse et non des assassinats à la dague ou des défenestrations, mais la représentation frappe les esprits. De fait, la répression de la Commune de Paris a fait plus de victimes que la Saint-Barthélemy et, à l’échelle de la capitale française, « demeure le plus considérable massacre de population civile de son histoire »17. En termes idéologiques, le durcissement des discours qui précède et sans doute explique la semaine sanglante déplace l’affrontement vers une « guerre de principes inconciliables »18, une nouvelle guerre de religions, dont les acteurs sont posés comme les héritiers d’une répression armée de tout temps avide de faire couler le sang des insurrections parisiennes. Les prisons, les hospices et les hôpitaux ne sont pas en reste : le personnel religieux des hospices notamment, les sœurs de charité, sont décrits comme des fanatiques qui égorgent les blessés, humilient les femmes, privent d’eau et de nourriture les passants qui leur sont confiés : « cadavres obéissants, perdus pour la société, tout prêts à accomplir les pires actions pour l’amour d’un dieu cruel, avide de sang »19.
Martyrologie et mythologie de la Commune
- 20 Marc-Amédée Gromier, op. cit., p. 58.
- 21 « Préface de l’éditeur (1886) », dans Louise Michel, Mémoires, tome 1, Paris, F. Roy, 1886, p. i-ii
6Si les Versaillais peuvent à peu de frais être rapprochés d’aristocrates catholiques dévoyés et assoiffés de sang, les Communards ne reculent pas devant leur propre représentation en martyrs. Gromier prétend « conserver [s]a dignité de vaincu-martyr » et les images religieuses abondent20. Le préfacier des Mémoires de Louise Michel indique qu’elle a « quelque chose de la sœur de charité »21 et ne craint pas les équivalences de trajectoire sacrificielle :
- 22 Ibid., p. vi.
Née dix-neuf siècles plus tôt, elle eût été livrée aux bêtes de l’amphithéâtre ; à l’époque de l’Inquisition, elle eût été brûlée vive ; à la Réforme, elle se fût noblement livrée aux bourreaux catholiques. Elle semble née pour la souffrance et pour le martyre.22
7Louise Michel elle-même écrit à propos de Marie Ferré, sœur d’un Communard fusillé, emprisonnée à Paris et morte jeune sans jamais avoir abandonné ses convictions :
- 23 Louise Michel, La Commune. Histoire et souvenirs, op. cit., p. 444.
Le jour où le calendrier clérical, que le facteur nous apporte tous les ans, aura été remplacé par le calendrier républicain, le nom de cette martyre y brillera parmi les plus mémorables et si jamais le baptême civil remplace le baptême religieux, c’est sous l’égide de sa mémoire et de sa vertu que les honnêtes femmes placeront leurs enfants.23
- 24 « Messieurs, l’expiation sera complète, mais ce sera, je le répète, l’expiation telle que d’honnête (...)
- 25 Jean-Claude Caron, op. cit., p. 213.
8Dans la mesure où les Communards ont été accusés d’exactions à l’égard des communautés religieuses parisiennes, parmi lesquelles la prise d’otages ayant mené à l’exécution de l’Archevêque de Paris qui justifie « l’expiation »24 revendiquée par Thiers et la « nécessaire punition »25 de l’insurrection, la reprise à leur compte de l’imaginaire du martyre leur permet de s’affirmer comme les oubliés de l’Histoire officielle, au côté des protestants de 1572, récusant fermement avoir été à l’origine de brutalités et renvoyant la violence dans l’autre camp. Regrettant que la Commune en soit toujours « à jouer le rôle d’épouvantail qu’on fait grimacer en ajoutant comme tableau final le massacre des otages », Charles Beslay en appelle à la Saint-Barthélemy comme étalon des exactions du pouvoir :
- 26 Charles Beslay, La Vérité sur la Commune, Bruxelles, Henri Kistemaeckers, 1877, p. 123.
Essayez auprès de cette bourgeoisie récalcitrante de parler de la Commune en termes sérieux, et ces hommes, plus durs que le destin, ne manqueront pas de vous arrêter au premier mot, en s’écriant : Et les otages ?
N’allez pas leur dire que si l’on discute la Saint Barthélemy et l’Inquisition, on peut bien discuter la question des otages ; ne tentez pas de leur faire observer qu’en bonne conscience et en bonne justice, il serait équitable de compter les fusillades de Versailles, après avoir compté les fusillades de la Commune […] On ne discute pas avec l’ivraie, on la fauche !26
9Le fleuve rouge de sang relève d’un réseau métaphorique convoqué pour évoquer les guerres de religion. Les images des Versaillais comme des fanatiques faisant couler le sang dans les rues, celle de l’idéologie conservatrice comme une continuité de l’absolutisme, au prix d’un certain nombre de lissages des contextes historiques, permettent à la Commune de Paris de figurer parmi les conflits civils qui convoquent martyrologie et mythologie de la répression atroce.
- 27 Marc-Amédée Gromier, op. cit., p. 39. Vae victis (Malheur aux vaincus !) est une formule attribuée (...)
Je vois passer les bandes d’assassins, ruisselantes de boue et de sang mêlés. Les journaux sont infâmes. Ils se résument tous en ce cri exécrable : Vae victis ! Paris, à présent, est un coupe-gorge. On s’assassine mutuellement. On se dénonce à l’envi. Chaque dénonciation est un arrêt de mort.27
10Les anciens Communards qui prennent la plume ont été des journalistes, des rédacteurs, se réclament de l’écriture factuelle et de la stricte rédaction à visée mémorielle, propre à composer un matériau utile à des historiens : Gromier a été le secrétaire de Félix Pyat, Jean Allemane a été journaliste. Or durant les événements de la Commune, et plus encore à la suite de la semaine sanglante, la presse s’est déchaînée contre eux, des écrivains de renom les ont vilipendés, les maisons d’éditions parisiennes ne les publient pas :
- 28 Jean Allemane, op. cit., p. 149.
Ce sont là des infamies, des lâchetés que l’Histoire doit dévoiler, aussi bien que les noms de ces gentilshommes de plume, qui regrettaient que les tueurs fissent relâche : les Alexandre Dumas fils et autres Maxime Ducamp.28
11La violence de la semaine sanglante, selon eux, a été encouragée par la guerre des mots mise en place par les journalistes et écrivains ayant précédemment décrit les Communards comme des barbares à anéantir, retrouvant l’une des raisons du massacre de la Saint-Barthélemy selon Michelet : le pouvoir de la parole prétendant nécessaire le bain de sang afin d’éviter plus de sang encore aurait été déterminant dans la décision du roi de consentir au massacre. Ainsi de cet entretien relaté entre le Cardinal de Retz et Charles IX :
- 29 Jules Michelet, op. cit., p. 379.
L’Italien dut l’emporter, non en atténuant la chose, mais plutôt en la grandissant, en rappelant les massacres illustres de l’histoire, comme les Vêpres siciliennes, mystérieuse et soudaine extermination d’un grand peuple en une nuit, saignée immense, vastes ruisseaux de sang...29
- 30 Robert Tombs, La Guerre contre Paris. 1871 : L’armée met fin à la Commune, op. cit., p. 363.
- 31 Marc-Amédée Gromier, « Préface », dans op. cit., p. 14.
- 32 Voir Paul Lidsky, « Les types dans la littérature anti-communarde », dans Les écrivains contre la C (...)
- 33 E. Caro, « La fin de la bohème. Les influences littéraires dans les derniers événements », La Revue (...)
- 34 Ibid., p. 244.
- 35 Ibid., p 245.
12Que la semaine sanglante ait été précédée mais aussi suivie d’« une abondante littérature sur la nécessaire punition que la Ville rouge, foyer d’insurrections à répétition devait subir »30 a été analysé par les historiens de la Commune. Pour les Communards, c’est précisément cette littérature qui appelle la leur en retour et nécessite des comparaisons de même degré. Sont-ils dépeints comme des hordes barbares qu’ils s’auto-proclament d’une rébellion très pensée et légitime, écrasée par un pouvoir fanatique. Décrits par leurs détracteurs comme des soudards illettrés, jetés en prison et déportés avec des prisonniers de droit commun, ils ont à cœur de s’affirmer comme des auteurs sérieux. S’ils récusent tout sentimentalisme sur leur situation personnelle, s’affichant en vertueux républicains détachés de tout pathos, ils insistent sur leur condition d’écrivains. Ils citent les philosophes antiques, disent avoir passé leur temps de détention à lire des essais politiques et entendent autant légitimer leur discours de vérité sur la Commune que, ce faisant, leur statut d’écrivain. Démontrer « [q]ue la Commune ne fut peut-être pas la chose abominable qu’on avait proclamée, que la plupart des hommes qui la représentèrent ne furent pas des incapables, les malhonnêtes et les sanguinaires qu’on avait dépeints »31, valide leur propos et légitime leur personne. Leurs opposants en effet ont construit quelques figures-repoussoirs de la Commune, parmi lesquelles la pétroleuse et le voyou, mais aussi « le jeune déclassé »32, littérateur sans talent, détruisant Paris faute de réussir comme écrivain. Aussi les anciens Communards en retour font-ils usage de métaphores et références afin de démontrer leur connaissance de l’histoire littéraire, leur culture historique : au côté de la Saint-Barthélemy, si leurs opposants usent d’une comparaison comme le sac de Rome par les Wisigoths en 1527, ils y répondent avec celle de l’écrasement de la révolte des esclaves menée par Spartacus en 71 avant J. C. Ces références leur permettent de situer la Commune dans une longue chaîne d’exactions commises par des pouvoirs autoritaires tout en attestant de leur culture historique. Leurs détracteurs voient en eux l’expression d’une « barbarie lettrée »33, assurent que la Commune viendrait d’une vie de Bohème artistique désœuvrée, dénuée de conscience morale, produisant des « orateurs d’estaminet » et des « rimeurs débraillés »34. Œuvre d’une « littérature envieuse »35, l’insurrection aurait pour terreau des imaginations malades et des frustrations d’écrivains ratés. Dix ans plus tard, se dire écrivain républicain et relater la Commune de Paris se donne aussi pour tâche de réhabiliter l’écriture militante, de l’inscrire dans une réflexion sur l’histoire des combats civils en France, nécessitant des comparaisons frappantes.
L’événement et l’écriture de l’histoire
- 36 Bertrand Tillier, « La Commune : un non-objet », dans La Commune de Paris. Révolution sans images ?(...)
- 37 Ibid.
- 38 « L’Histoire de la Commune a été escamotée, dit Michelet pour la Révolution Française. L’Histoire d (...)
- 39 Charles Beslay, op. cit., p. 150.
13La Commune a duré quelques mois, et sa répression brutale quelques jours : ses opposants ont tôt fait de la ravaler au statut de « non-événement »36 et de la présenter comme une « convulsion », selon le terme de Maxime Du Camp, une éruption incompréhensible de barbarie. Pour ses admirateurs et rescapés, la comparer à la Saint-Barthélemy permet de souligner le caractère précipité et brutal de la répression d’une contestation qui « n’est pas parvenue à s’imposer comme révolution et qui n’a pas réussi à exister comme événement »37, mais est fondatrice à leurs yeux. C’est la sortir de la monstruosité irrationnelle, aporie ou singularité de l’Histoire, « escamotée »38 selon Prosper-Olivier Lissagaray, et la faire entrer dans une série de révolutions, l’ouvrir à l’explication par la similitude et le rapprochement. Cherchant à établir « la vérité sur la Commune », Charles Beslay use de la comparaison pour réhabiliter la Commune au côté d’autres massacres et, immanquablement, c’est la Saint-Barthélemy qui est convoquée : « On sait que le nombre des fusillés a dû monter à dix-sept mille ! On sait que la Saint-Barthélemy et la révocation de l’Édit de Nantes n’ont jamais atteint cette rage de tuerie39. Victorine Brocher, décrivant les miséreux de la rue de Belleville qui espèrent une accalmie des combats en fait de même :
- 40 Victorine Brocher, Souvenirs d’une morte vivante, Lausanne, Librairie A. Lapie, 1909, p. 258.
En récompense de leurs souffrances, M. Thiers, le premier représentant de la patrie, leur préparait une hécatombe qui aurait fait envie aux barbaries du Moyen âge, et qui a de beaucoup dépassé les horreurs de la Saint-Barthélemy.40
- 41 Voir à ce propos Éric Fournier, « La Commune n’est pas morte ». Les usages du passé de 1871 à nos j (...)
- 42 Benoît Malon, ibid., p. 451.
14Fondatrice de l’historiographie socialiste, la Commune de Paris, troisième « Saint-Barthélemy des prolétaires », après 1830, et surtout la répression de la révolte des canuts en 183141, et 1848, s’inscrit dans l’Histoire comme « cité martyre », « immense champ de carnage, clos de toutes parts, et au milieu duquel une population désespérée et vaincue se débattait sous les coups d’une soldatesque effrénée, ivre de carnage et surexcitée aux massacres contre une classe maudite »42. Ce régime de la comparaison se déploie en degrés divers selon les auteurs ; plus vindicative, l’équivalence pour l’ex-condamné à mort Gaston Costa vaut justification de la violence notamment anticléricale :
- 43 Gaston Da Costa, « La répression », dans La Commune vécue, tome 3, Paris, Ancienne Maison Quantin, (...)
Dent pour dent a dit la Commune.
Si l’on allait se souvenir de Galilée et de Jean Huss, si l’on vous mettait dans les lèvres la fiole des Médicis, si l’on vous plantait dans les épaules le poignard de Lucrèce Borgia ?
Dent pour dent ! Vous nous les avez cassées par centaines pendant les Saint Barthélemy !
Œil pour œil ! Voilà des siècles que nous sommes aveugles.43
15Dressant la liste des victimes de la rage populaire, il désigne « des agents secrets de l’ancienne garde impériale », des « gendarmes » qui tuent dans les casernes :
- 44 Ibid., p. 144.
- 45 Ibid.
Enfin des prêtres qui, aux yeux du peuple, allaient payer pour le supplice des Templiers, pour le bûcher de Jeanne d’Arc, pour le massacre de la Saint Barthélemy, tout comme en septembre 179244.
Loi du Talion ! terrible autant que vous voudrez, mais fatale dans la guerre civile, la plus féroce de toutes les guerres, mais celle du moins où le combattant sait le mieux pourquoi il se bat !
À la justice de Thiers, le peuple opposait la sienne. Quel est devant l’histoire, le plus responsable, le plus coupable des deux ?45
- 46 C’est également mettre en avant la Terreur blanche et prolonger l’analogie entre mouvements violent (...)
16Mais en appeler à la Saint-Barthélemy, c’est également inscrire les causes de l’insurrection et la mécanique de sa répression dans un temps long : les mémorialistes y voient non un événement isolé mais un maillon clair d’une longue chaîne de causalité et de manières d’exercer le pouvoir, des guerres de religion à la défaite de Sedan. La stratégie mémorielle est stratégie historiographique. Faire émerger la Saint-Barthélemy et la Commune comme des points saillants, c’est aussi minimiser la Terreur46 qui divise les républicains et considérer que dans un temps long de l’histoire de France se produisent régulièrement des répressions d’insurrections ou revendications. Rappelant 1830 et 1848, Lissagaray décrit la Commune comme aboutissement de rebellions au cours de l’histoire de France :
- 47 Prosper-Olivier Lissagaray, « Préface : pour qu’on sache », dans op. cit., p. ii.
Ce flot révolutionnaire court, ininterrompu, dans notre histoire, tantôt au grand jour, tantôt souterrain, comme ces fleuves qui s’abîment soudainement dans les gouffres ou les sables, pour reparaître bien plus formidables au soleil étonné.47
17Le coup d’État de 1852 prend davantage de poids que 1830 et 1793 en perd. Il y a rééquilibrage des événements et la semaine sanglante est vue comme l’aboutissement effroyable d’autres répressions, ses opposants comme des résurgences de l’Ancien Régime, au prix de nombreux raccourcis. Mac Mahon est ainsi autant de Guise durant la Saint-Barthélemy que Turenne durant la guerre de Trente Ans :
- 48 Ibid., p. 392.
La gloire du Turenne de 1871 se découvrait jusque dans la Seine marbrée par une longue traînée de sang qui passait sous la deuxième arche du pont des Tuileries. Les morts de la semaine sanglante se vengeaient, empestant les squares, les terrains vagues, les maisons en construction […]48
18Là où l’Amnistie prétend à l’oubli et à la minoration de l’événement, les mémorialistes au contraire entendent le surexposer pour le hisser au niveau d’autres révolutions et insurrections comme autant de pièces apportées au procès général de l’abus de pouvoir. Aussi le raccourci sert à bâtir l’accusation d’un crime d’État plusieurs fois réitéré et d’une longue histoire de la rébellion assassinée. Raison pour laquelle les protestants ne sont pas envisagés comme des hérétiques mais comme des rebelles, des opposants à la raison d’État ou plutôt au mystère d’État.
- 49 Ibid.
19Qui plus est, les textes sont écrits plusieurs années après la Commune, et pour certains, jusqu’à vingt ou trente ans après. Aussi sincères qu’ils se disent, aussi précis qu’ils se prétendent, ils souffrent de l’effet de distance avec l’événement relaté, qu’ils surexploitent pour en conserver la mémoire, et sont captifs également d’un effet de proximité avec l’histoire immédiate. Entre 1880 et 1900, rappeler l’imaginaire de la lutte fratricide, c’est la présenter comme indigne et inutile, contraire aux intérêts d’un pays qui devrait concentrer son énergie sur la protection de ses frontières. Or la France en apparence pacifiée de la IIIe République se prépare à la guerre : des combats coloniaux sont menés, des luttes d’influence se font jour avec les puissances européennes voisines ; dans un contexte de crainte de guerre aux frontières, la Saint-Barthélemy et la Commune, guerres civiles, apparaissent comme des luttes déraisonnables plus encore qu’injustes. Le Garde des Sceaux Elie Le Royer, opposé à l’amnistie des Communards, les estime coupables d’un crime de « lèse-patrie », ruinant l’unité nationale alors que les Prussiens étaient aux portes de Paris. Les auteurs ont alors à cœur de se poser en patriotes, mémorialistes des « milliers de Français patriotes », massacrés et « jetés hors de leur patrie »49 par d’autres Français.
- 50 L’expression d’Alain Corbin (Le village des cannibales, Paris, Aubier, 1990, p. 132) est reprise pa (...)
- 51 Robert Tombs, Paris, bivouac des révolutions. La Commune de 1871, op. cit., 2014.
20Il est un autre moment fondateur où une puissance étrangère menace à l’Est tandis que Paris s’épuise en guerre civile : à l’origine de la Commune de 1871, il y a 1792, après le 10 août et le début de la captivité de Louis XVI, la municipalité parisienne comme commune. Or cette matrice est embarrassante à qui souhaite défaire le portrait à charge contre la Commune de 1871 car ses adversaires puisent précisément dans la Terreur, dans les arrestations et condamnations à mort arbitraires de 1793 pour l’édifier. Dès lors, replacer la Commune dans une série de rebellions dans un temps long, c’est aussi atténuer la résonnance de 1871 avec 1793 pour lui en donner d’autres, plus flatteuses. En affirmant à l’Assemblée que la Révolution est un bloc en 1891, après le scandale du Thermidor de Sardou, Clémenceau a fédéré la gauche française autour de l’héritage révolutionnaire ; mais les anciens Communards n’y trouvent pas totalement leur compte mémoriel et entendent bien réclamer que l’expiation change de camp. Se réclamer de la Saint-Barthélemy consiste alors à désigner la semaine sanglante non seulement comme une faute morale, mais avec la distance critique comme une erreur politique. « Massacre fondateur »50, la Commune de Paris nécessite l’usage de métaphores absolues, « cesse d’être un conflit politique pour devenir une allégorie »51 afin, pour entrer dans l’histoire de la gauche, de sortir de sa représentation en vandalisme stérile.
- 52 Henry Maret, député, rédacteur en chef du Radical, dans « Enquête sur la Commune », La Revue blanch (...)
Le massacre ne fut pas seulement un crime, il fut pour la réaction elle-même une lourde faute. La Commune qui eût sombré dans le ridicule prit une hauteur tragique. L’assassinat de tant de prolétaires cimenta la République. Il s’est élevé de ce charnier une vapeur, qui dissipée, montra le socialisme plus fort qu’il n’avait jamais été, et la question sociale plus vivante, plus inévitable. Les morts sont terribles en politique, et les Saint-Barthélemy toujours bêtes.52
Notes
1 Jules Vallès, L’Insurgé, « Aux morts de 1871. À tous ceux qui, victimes de l’injustice sociale, prirent les armes contre un monde mal fait et formèrent, sous le drapeau de la Commune, la grande fédération des douleurs, je dédie ce livre. », Paris, G. Charpentier, 1886, s.p. Parmi les nombreux écrits, nous traitons ici ceux qui font explicitement référence à la Saint-Barthélemy en lien avec la Commune.
2 « Préface », dans Marc-Amédée Gromier, La Commune : Journal d’un vaincu, Paris, Victor-Havard, 1892, p. 6.
3 Bertrand Tillier, La Commune de Paris. Révolution sans images, Seyssel, Champ Vallon, coll. « Époques », 2004, p. 291.
4 Ibid., p. 23-25. La presse et la caricature communardes n’ont pourtant pas manqué de propager des images marquantes et le « mythe » de la Commune doit beaucoup aux images de la presse internationale et aux représentations picturales. Mais se dire mal ou sous-représenté est une entrée en matière au récit de l’événement.
5 Myriam Revault d’Allonnes, « La métaphore, ‘réserve de sens’ », Revue philosophique de Louvain, n°113-2, 2015, p. 247-261, ici p. 251.
6 Benoît Malon, La Troisième défaite du prolétariat français, Neuchâtel, G. Guillaume, 1871, p. 398.
7 « Les simples fiançailles (17 août) produisirent déjà une explosion dans Paris. Avec des hurlements terribles, l’armée des aboyeurs, déchaînée dans toutes les chaires, cria que Dieu ne souffrirait pas cet exécrable accouplement, que la colère du ciel allait tomber, qu’on verrait des torrents de sang. » Jules Michelet, Histoire de France, tome 9 Guerres de religion, Paris, Chamerot, 1856, p. 360.
8 Robert Tombs, La Guerre contre Paris. 1871 : L’armée met fin à la Commune, trad. Jean-Pierre Ricard, Paris, Flammarion, coll. « Champs Histoire », 2021 (2009 pour la traduction, 1981 pour la version originale), p. 446.
9 Jean-Claude Caron, Frères de sang. La guerre civile en France au XIXe siècle, Seyssel, Champ Vallon, coll. « la chose publique », 2009, p. 213.
10 Voir à ce propos Quentin Deluermoz, Commune(s), 1870-1871. Une traversée des mondes au XIXe siècle, Paris, Éditions du Seuil, « points histoire », 2023 (2020), chapitre « La Commune, un événement médiatique global », p. 99-130. Voir également Jean-Louis Robert, Nouvelle histoire de la Commune de Paris, 1871, Paris, Arbre bleu éditions, coll. « Gauches d’ici et d’ailleurs », vol. 2, 2023.
11 Jean Allemane, Mémoires d’un socialiste, des barricades au bagne, Paris, Librairie socialiste, 1906, p. 14.
12 Louise Michel, La Commune. Histoire et souvenirs, Paris, La Découverte, coll. « Poche », 1999 (1898), p. 275.
13 L’armée qui massacra les Parisiens n’est pas composée de « ruraux », provinciaux ignares et catholiques bornés, nouveaux Chouans lancés à l’assaut de la capitale, mais les récits des Communards mobilisent, comme ceux de leurs détracteurs à leur encontre, une mythologie du fanatisme. Voir Michel Cordillot (dir.), La Commune de Paris, 1871. Les acteurs, l’événement, les lieux, Tallandier, « Texto », Paris, 2023 et « Identités subjectives : les Communards et leurs ennemis », dans Robert Tombs, Paris, bivouac des révolutions. La Commune de 1871, trad. par José Chatroussat, Paris, Libertalia, 2016 (1999), p. 211-227.
14 Prosper-Olivier Lissagaray, Histoire de la Commune de 1871, Paris, Dentu, 1896, p. 88.
15 Ibid., p. 91.
16 Voir Robert Tombs, Paris, bivouac des révolutions. La Commune de 1871, op. cit., p. 31-32 : « Des milliers de personnes trouvèrent la mort en combattant ou furent sommairement abattues comme rebelles capturés les armes à la main. »
17 Jean-Claude Caron, op. cit., p. 196.
18 Ibid., p. 207.
19 Jean Allemane, op. cit., p. 86.
20 Marc-Amédée Gromier, op. cit., p. 58.
21 « Préface de l’éditeur (1886) », dans Louise Michel, Mémoires, tome 1, Paris, F. Roy, 1886, p. i-ii.
22 Ibid., p. vi.
23 Louise Michel, La Commune. Histoire et souvenirs, op. cit., p. 444.
24 « Messieurs, l’expiation sera complète, mais ce sera, je le répète, l’expiation telle que d’honnêtes gens doivent l’infliger quand la justice l’exige, l’expiation au nom des lois et par les lois » dans Adolphe Thiers, « Discours à l’Assemblée nationale », 22 mai 1871, dans Marc Antoine Calmon (éd.), Discours parlementaires de M. Thiers, tome XIII, Paris, Calmann-Lévy, 1882, p. 267.
25 Jean-Claude Caron, op. cit., p. 213.
26 Charles Beslay, La Vérité sur la Commune, Bruxelles, Henri Kistemaeckers, 1877, p. 123.
27 Marc-Amédée Gromier, op. cit., p. 39. Vae victis (Malheur aux vaincus !) est une formule attribuée au chef de guerre gaulois Brennus, vainqueur des Romains qui exigea d’eux un butin énorme, se targuant du droit du plus fort.
28 Jean Allemane, op. cit., p. 149.
29 Jules Michelet, op. cit., p. 379.
30 Robert Tombs, La Guerre contre Paris. 1871 : L’armée met fin à la Commune, op. cit., p. 363.
31 Marc-Amédée Gromier, « Préface », dans op. cit., p. 14.
32 Voir Paul Lidsky, « Les types dans la littérature anti-communarde », dans Les écrivains contre la Commune, Paris, La Découverte, 2021 (1970), p. 101-125.
33 E. Caro, « La fin de la bohème. Les influences littéraires dans les derniers événements », La Revue des Deux-Mondes, Paris, juillet 1871, tome 94, p. 241 à 267, ici p. 241.
34 Ibid., p. 244.
35 Ibid., p 245.
36 Bertrand Tillier, « La Commune : un non-objet », dans La Commune de Paris. Révolution sans images ?, op. cit., p. 23.
37 Ibid.
38 « L’Histoire de la Commune a été escamotée, dit Michelet pour la Révolution Française. L’Histoire de la Commune de 1871 a été fabriquée par des escamoteurs. » Prosper-Olivier Lissagaray, « Préface : pour qu’on sache », dans op. cit., p. i.
39 Charles Beslay, op. cit., p. 150.
40 Victorine Brocher, Souvenirs d’une morte vivante, Lausanne, Librairie A. Lapie, 1909, p. 258.
41 Voir à ce propos Éric Fournier, « La Commune n’est pas morte ». Les usages du passé de 1871 à nos jours, Paris, Libertalia, 2013. La formule de « troisième défaite » ou « troisième Saint-Barthélemy » est explicitement employée par Benoît Malon, journaliste et essayiste socialiste, pour rapprocher le massacre puis la réprobation mémorielle envers « les ouvriers de Lyon soulevés en 1832, les insurgés de juin 1848, et les communiers de 1871 », dans La troisième défaite du prolétariat français, op. cit., p. 9. Il met particulièrement en relation « la seconde Saint-Barthélemy des prolétaires » (1848, p. 23) et « la Saint-Barthélemy du socialisme » (p. 393), la répression de la Commune, en considérant leurs protagonistes comme ayant fait l’objet de « flétrissures » et de portraits à charge injurieux.
42 Benoît Malon, ibid., p. 451.
43 Gaston Da Costa, « La répression », dans La Commune vécue, tome 3, Paris, Ancienne Maison Quantin, 1905, p. 269.
44 Ibid., p. 144.
45 Ibid.
46 C’est également mettre en avant la Terreur blanche et prolonger l’analogie entre mouvements violents contre-révolutionnaires de 1795, de 1815 (massacre de protestants dans le Gard) et l’après-Semaine sanglante.
47 Prosper-Olivier Lissagaray, « Préface : pour qu’on sache », dans op. cit., p. ii.
48 Ibid., p. 392.
49 Ibid.
50 L’expression d’Alain Corbin (Le village des cannibales, Paris, Aubier, 1990, p. 132) est reprise par Robert Tombs pour qualifier la Commune de Paris, op. cit., p. 444.
51 Robert Tombs, Paris, bivouac des révolutions. La Commune de 1871, op. cit., 2014.
52 Henry Maret, député, rédacteur en chef du Radical, dans « Enquête sur la Commune », La Revue blanche, tome xii, 1897, p. 249-305, ici p. 261.
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Référence électronique
Florence Fix, « La Commune de Paris, Saint-Barthélemy du XIXe siècle dans les mémoires des Communards », Études Épistémè [En ligne], 45 | 2024, mis en ligne le 06 novembre 2024, consulté le 16 février 2025. URL : http://journals.openedition.org/episteme/19844 ; DOI : https://doi.org/10.4000/12v83
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