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La pandémie de Covid-19, facteur de revitalisation démographique des zones rurales ? Le cas de la province d’Alicante (Espagne)

José Ramón Valero Escandell

Résumés

La pandémie de 2020 et le confinement ont été caractérisés dans de nombreux endroits par une revitalisation démographique de certaines zones rurales, ou du moins par un ralentissement du processus de dépeuplement. Ce fut notamment le cas dans la province d’Alicante, située au sud de l’Espagne en Andalousie, où la dynamique observée en 2020 apparaît en rupture avec celle de la décennie précédente (2010-2020).
Quels facteurs ont pu favoriser ce rebond ? Dans cet article, nous avons focalisé notre attention sur l’effet potentiel de quelques facteurs géographiques, économiques et démographiques : la distribution territoriale des communes rurales, leur distance par rapport aux centres urbains, la proximité du littoral, le niveau de revenu, le vieillissement local de la population, la dynamique démographique au cours de la décennie qui a précédé la crise du Covid-19, la présence de résidents étrangers arrivés pour y exercer une activité professionnelle ou y passer leur retraite.
Les résultats sont mitigés. Aucun lien très net ne peut être mis en évidence ; mais des tendances émergent toutefois, qui rejoignent les résultats d’études menées ailleurs en Espagne ou confirment des mouvements qui ont émergé avant l’épidémie de Covid-19. Faut-il y voir un phénomène ponctuel ou l’amorce d’une dynamique de plus long terme ? Il est encore trop tôt pour répondre à cette question. Mais cette analyse permet de préciser des pistes de recherche qui peuvent orienter les politiques d’aménagement du territoire et stimuler de manière durable le renouveau démographique des zones rurales.

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Texte intégral

1.- Objectif, cadre théorique et choix du terrain

Objectif

1Le confinement provoqué par la pandémie de Covid-19 a semblé accroître l’attractivité des espaces de vie moins denses que les grandes villes. Les zones rurales sont alors apparues comme une sorte d’eldorado résidentiel. Mais cela a-t-il entrainé un exode urbain et une ruée vers le rural ? Souvent en déprise démographique en Espagne, les zones rurales ont-elles vraiment profité de cette pandémie pour amorcer un processus de revitalisation démographique ? Nous proposons dans cet article quelques pistes d’explication à partir du cas de la province d’Alicante.

Une problématique récente, mais déjà un foisonnement de recherches

2Cette question a été largement débattue dans les médias en Espagne, mais aussi à l’étranger, comme en France par exemple. Elle est aussi devenue presqu’immédiatement un objet de recherche académique. En Espagne, plusieurs auteurs ont ainsi souligné la façon dont le confinement de 2020 a contribué à inverser la tendance au déclin de nombreuses communes rurales : elles ont en effet connu une croissance supérieure à celle des zones urbaines [Gutiérrez, Moral, Ramos, 2022], en grande partie grâce au fait que bon nombre des personnes recensées dans les petites villes y possédaient une habitation secondaire. Un phénomène de ce type a été précisément observé en Aragon : un rebond démographique a été constaté grâce à l’arrivée de populations qui avaient un lien avec ces communes, soit parce qu’elles en étaient originaires, soit parce qu’elles y possédaient une résidence secondaire [Gracia, Gil, Albarova, 2021, 52]. De nombreux autres chercheurs ont rapidement perçu que les transformations de la vie quotidienne pendant la pandémie, notamment le télétravail et la recherche de logements plus grands et d’espaces plus conviviaux, offraient aux zones rurales une opportunité d’être à nouveau attractives. À l’échelle mondiale, on a ainsi observé un phénomène de contre-urbanisation [Vaishar, 2020], motivé par la volonté d’éviter les zones où le contact et le risque de contagion étaient les plus élevés - notamment dans les transports publics [Buffalo-Rydzewski, 2021] -, et rendu possible par de nouvelles pratiques professionnelles comme le télétravail.

3De nombreux auteurs ont souligné les possibilités que le télétravail peut ouvrir dans les territoires ruraux. Le nombre de personnes en télétravail, que celui-ci soit imposé ou volontaire, s’est multiplié et la proximité entre le lieu de résidence et le lieu de travail, caractéristique essentielle du travail traditionnel, s’en est trouvée bouleversée. Il est intéressant de noter que jusqu’en 2020, une grande partie de la recherche sur le télétravail s’était focalisée sur les nomades numériques et leurs possibilités de se déployer entre (grandes) villes. Aujourd’hui, sous réserve d’infrastructures numériques locales suffisantes, les petites communes, même celles qui sont les plus éloignées des grands centres urbains, peuvent attirer des résidents, y compris des professionnels hautement spécialisés dans leur profession. On parle déjà de la façon dont le télétravail peut être utilisé pour générer d’autres emplois dans les petites localités, de son influence sur la récupération ou l’amélioration de certains services, comme la santé ou l’éducation, et de nouveaux bassins d’emploi sont même envisagés [Molina et al., 2020, 181]. A contrario de nombreux articles dans le monde ont commenté les freins généraux au télétravail : par exemple, l’apparition du travail dans l’espace de vie familial et, pour les femmes, l’interaction permanente entre l’activité professionnelle et les charges domestiques quand elles sont réunies au sein du même espace [Anderson et Kelliher, 2020] ; la moindre sociabilité professionnelle qui peut altérer la satisfaction dans l’exercice de son activité professionnelle [Radovic, Stervanovic, Milojevic, 2021]. En milieu urbain, le télétravail se heurte aussi à la taille réduite des logements et aux difficultés du marché de l’immobilier à répondre à la demande de logements plus grands et abordables [Rymaniak, 2021]. En dépit de ces freins, des auteurs estiment que, dans certains pays, le télétravail a concerné un pourcentage de travailleurs dépassant les 30 %, soit des dizaines de millions de personnes, avec des transferts démographiques vers des centres urbains de moindre taille, où le marché immobilier est plus accessible et la qualité de vie meilleure, en particulier en période de confinement [Fournier Guimbao, 2020]. Certains parlent de changements dans le monde du travail, comme la fin du présentéisme, c’est-à-dire le lien entre les heures passées au travail et la performance, ou le développement de la gig economy (l’économie à la tâche), qui se caractérise par des contrats temporaires, des travailleurs indépendants, des missions à court terme, etc. [Seco González, 2020]. Ces évolutions contribuent à augmenter la compétitivité de la main-d’œuvre localisée dans le monde rural. En d’autres termes, le télétravail peut être un outil contre le dépeuplement des zones peu denses [Martínez Yáñez, 2021], bien qu’il ne soit pas exportable partout.

4Il est notamment difficile de s’affranchir complètement des principaux centres économiques. Les travaux conduits sur le renouveau de l’attractivité des zones rurales ont donc questionné l’influence de la distance par rapport aux zones urbaines de grande ou moyenne taille et l’accessibilité aux services comme facteur de développement différencié des zones rurales. Ce processus a été étudié en Espagne, en particulier dans les grandes communautés autonomes de l’intérieur, telles que celles de Castille-La Manche, Castille-et-León et Aragon. Dans la région de Castille-et-León, l’isolement s’est notamment avéré lié à la distance par rapport à Madrid ou Valladolid [López González, 2021]. Dans la région de Castille-La Manche, les processus de dépeuplement ont été liés à l’accessibilité, bien qu’il soit reconnu que celle-ci doit être mesurée en temps réel d’accès [Ruíz Pulpón, 2022]. En ce qui concerne l’Aragon, en étudiant les personnes qui y sont retournées, Lardíes [2005] confirme qu’elles ont tendance à se concentrer dans les communes d’une certaine taille, et non dans les plus petits villages vieillissants. En général, la proximité de zones plus peuplées est toujours appréciée [Recaño, 2020]. Bien sûr, après le confinement, les études relient l’accessibilité à l’accès aux technologies de l’information et de la communication et à une série d’autres dotations améliorées qui permettent l’installation de populations provenant des zones urbaines [Gutiérrez, Moral et Ramos, 2022 ; Martínez Ruiz, 2020]

5Cette crise sanitaire et la capacité du monde du travail à trouver des solutions alternatives pour maintenir autant que possible l’activité professionnelle ont fait de nombreuses zones rurales des destinations résidentielles attractives [Davies, 2021]. En Espagne, les opportunités offertes par les communes rurales qui n’étaient pas trop éloignées de Madrid ont été analysées [Arnaiz et al., 2021], en particulier certaines zones de Castille-La Manche, relativement bien reliées à la capitale. Des travaux ont bien documenté les avantages possibles de certaines zones rurales par rapport à la capitale, comme un logement moins cher ou un environnement plus sain et paisible [Molina et al., 2020], tout en soulignant le fait que certains secteurs économiques, comme les produits locaux ou les infrastructures écologiques, peuvent faciliter cette migration. Face à cette vision positive, certains auteurs rappellent que les zones rurales, même dans ce contexte particulier, ne présentent pas que des avantages. Par exemple, Jésus Seco González [2020] souligne l’existence de certains freins comme les carences en matière de transports publics et d’équipement dans les petites communes, tout en reconnaissant que cette nouvelle attractivité peut être un vecteur de développement des infrastructures, notamment publiques. Enfin, le rebond démographique potentiel de ces zones rurales ne doit pas faire oublier le contexte démographique global de l’Espagne, caractérisé par une fécondité très faible qui ne semble guère montrer de signes de reprise [Esteve, Blanes, Domingo, 2021]. En Espagne, le salut démographique passe par l’immigration qui se concentre encore, le plus souvent, dans les principales villes du pays, loin des zones rurales.

6En Espagne, les bénéfices démographiques de la pandémie de Covid-19 dont les communes rurales pourraient tirer parti ont tout particulièrement attiré l’attention des chercheurs, car cette problématique s’inscrit dans le cadre d’un intérêt plus général pour la question de l’exode rural qui, en Espagne, porte un nom : l’Espagne vide ou Espagne vidée. Cette inquiétude a même conduit à la création de mouvements politiques spécifiques dans les provinces en dépeuplement, dont Teruel Existe, qui a remporté un siège de député et deux de sénateurs aux élections générales de 2019. Aujourd’hui, il existe également un ministère de la transition écologique et du défi démographique, même si plusieurs auteurs critiquent cette approche de la revitalisation des zones rurales. Par exemple, Martínez Ruiz [2020] établit un lien entre le dépeuplement de l’intérieur de Valence et les déficits des modèles de gouvernance institutionnelle : il parle de lacunes administratives et de manque de flexibilité. Sáez Pérez [2021] critique de son côté le fait que même si l’on parle d’égalité des chances et de cohésion territoriale, ces concepts ne sont pas clairement définis et que seules des mesures d’action superficielles sont prises. Nombreux sont ceux qui ont analysé les populations susceptibles de s’installer dans les territoires dépeuplés et qui pourraient contribuer à leur revitalisation, comme l’a fait Lardíes [2005] avec les personnes retournant vivre sur leurs terres natales. Mais ces mouvements de retour peuvent avoir leur revers sociologique : les différences avec les néo-ruraux peuvent par exemple affecter les équilibres culturels locaux et générer des réactions de rejet ou de partition socio-culturelle à des échelons locaux très fins.

Le choix de la province d’Alicante

7Pourquoi, alors que, d’une part, les travaux sur les effets de la pandémie du Covid-19 sur la démographie des zones rurales sont nombreux et que, d’autre part, la démographie rurale en Espagne est bien documentée, consacrer un article sur le cas la province d’Alicante ? Le monde rural espagnol n’est pas homogène, bien au contraire. D’un point de vue démographique, les communes rurales se répartissent en trois grands groupes [Recaño, 2020] : les communes résilientes, généralement les plus grandes, les zones rurales d’émigration et celles menacées de manière irréversible par un dépeuplement. Parmi les facteurs qui rendent comptent de ces trajectoires différentes, nous pouvons avant tout retenir le vieillissement, l’émigration et la proximité de zones plus peuplées. Selon Recaño [2020], la localisation géographique est également un motif de différenciation des évolutions et perspectives démographiques : il distingue ainsi les zones situées près des côtes méditerranéenne et atlantique et celles des provinces intérieures, au sein desquelles existent également des différences, fonction de la présence d’une activité productive capable d’offrir des perspectives économiques aux immigrants potentiels, comme c’est le cas de certaines communes de la région viticole de Ribera del Duero [Molinero et Alario, 2020]. Dans ce cadre très hétérogène, et en raison de la diversité des territoires qui la composent, la province d’Alicante offre un terrain d’observation privilégiée pour comprendre, notamment, les interactions démographiques entre strates urbaines dans les mois qui ont suivi le premier confinement de 2020.

  • 1 La comarque est une forme d’organisation territoriale espagnole, plus petite que la province, compo (...)
  • 2 Le Padrón est un registre municipal d’habitants, différent du recensement, maintenu par les commune (...)

8La province d’Alicante, malgré sa petite taille (5 816 km2), est la cinquième province la plus peuplée du pays, avec une forte densité de population (323 habitants/km2) et une croissance démographique intense au cours du dernier demi-siècle. Plutôt que de se concentrer dans une seule agglomération urbaine, sa population forme un réseau urbain très dense. La plus grande ville, Alicante, concentre à peine 18 % de la population totale, sept autres villes de cinq comarques1 différentes comptent plus de 50 000 habitants et 18 de ses 141 communes comptent plus de 25 000 habitants. À l’autre extrémité, selon les données du Padrón municipal d’habitants2 de l’année 2020, 33 villages n’atteignent pas le demi-millier d’habitants. Ces derniers diffèrent également entre eux par leur densité démographique. Par exemple, si la densité de certaines communes de petite taille, comme Rafal ou Sant Joan, dépasse largement les 2 000 habitants/km2, dans d’autres, comme Tollos ou Confrides, elle n’atteint même pas 5 habitants/km2. Dans cette province, l’exode rural a accéléré le processus de vieillissement des petits villages, qui ont perdu la majeure partie de leur population au cours du XXe siècle. À partir des années 1990, la tendance a nettement changé et certaines communes dépeuplées, notamment dans les zones pré-littorales (c’est-à-dire, proches de la côte, mais non riveraines), ont commencé à récupérer des habitants et à se transformer économiquement, parfois grâce à l’installation de retraités venus d’Europe du Nord. Dans de nombreux autres endroits, le déclin démographique n’est plus associé à l’émigration, mais à un déficit de naissances par rapport aux décès persistant, lié au vieillissement de la population [Cortés Samper, 2005].

9Une autre caractéristique particulière d’Alicante est la coexistence, à quelques kilomètres de distance, de systèmes de production locaux très différents, à tel point que la province a traditionnellement été décrite comme un lieu abritant une mosaïque de métiers. Certes, il s’agit aujourd’hui d’un territoire où le secteur tertiaire domine, au sein duquel le tourisme est l’activité qui génère le plus d’emplois directs, indirects (dans les activités auxiliaires) et induits (par un plus grand dynamisme économique sur le territoire). Toutefois, le secteur tertiaire des deux grandes villes (Alicante et Elche) ou celui de la majorité des capitales des comarques ne repose pas sur le tourisme, mais sur d’autres secteurs comme les secteurs public (santé, éducation, administration, soins), commercial et financier. Il subsiste aussi une activité industrielle, surtout dans l’intérieur du pays, mais elle souffre, dans de nombreux secteurs, d’une grave crise depuis le déclin du système de production fordiste. En dépit de cette situation critique, l’industrie reste un secteur clé sur lequel repose une grande partie de l’économie des comarques. Enfin, alors que de nombreuses communes de l’intérieur tentent encore d’adapter leur agriculture traditionnelle au monde actuel, des cultures intensives orientées vers l’exportation sont encouragées dans plusieurs parties de la région pré-littorale. Cette structure économique est essentielle pour bien comprendre les particularités démographiques de ce territoire.

10Compte tenu de ses caractéristiques économiques, la province d’Alicante est l’une des régions où l’immigration est la plus intense d’Espagne. Elle fut la destination d’un exode rural depuis les provinces voisines en raison de son industrie et de son secteur des services. Puis, dans les années 1970, elle fut l’une des premières destinations pour des migrants d’un nouveau type : les retraités d’Europe du Nord qui souhaitaient vivre au soleil, sans stress, en sécurité et avec un niveau de services relativement satisfaisant. Cette situation n’est toutefois pas exceptionnelle ; de nombreuses études sur cette thématique ont déjà été menées, comme celles que Hoggart [1995] a réalisées en France il y a plus d’un quart de siècle sur l’impact des Britanniques sur les économies rurales de l’ouest de la France. Il a résumé ce dernier à l’achat de biens et de services, à l’emploi de travailleurs locaux et à la mise en place de certaines initiatives économiques, tout en pointant du doigt des problèmes pour vendre leurs propriétés en cas de besoin, ce qui tendait à ralentir le processus d’installation de ces immigrés d’un nouveau type. Dans d’autres endroits, comme la Toscane en Italie, de grands films de l’histoire du cinéma rappellent que, du moins pour les résidents britanniques, il s’agit d’un phénomène désormais séculaire. Ce phénomène a également été étudié depuis longtemps comme un processus global nord-sud à l’échelle européenne [Williams, King, Warnes, Patterson, 2000], avec une résidence partielle transnationale, de nouveaux réseaux familiaux, amicaux et culturels.

11À Alicante, la singularité du processus ne réside pas seulement dans l’ancienneté du phénomène, mais aussi dans son intensité et dans le fait qu’il ne touche pas seulement les catégories sociales les plus aisées, mais aussi les classes moyennes des pays riverains de l’Atlantique nord. Le sociologue Mario Gaviria [1976] a publié plusieurs travaux sur la naissance du phénomène dans la région de Benidorm, bien qu’il affecte selon lui un espace singulier et qu’il se concentre sur la période hivernale. Depuis les années 1980, le processus s’est davantage ancré dans les communes proches des villes touristiques, comme Alfàs del Pí ou La Nucia, où les étrangers constituaient déjà la majorité de la population [Valero, 1992]. Leur vie quotidienne était très différente de celle de leurs voisins, leur implantation était périphérique et ils constituaient des communautés nationales de taille petite ou moyenne qui, dans la pratique, étaient des agrégats démographiques singuliers beaucoup plus importants que de nombreuses villes de l’intérieur. Le phénomène a continué à s’étendre sur le territoire environnant et, partant des communes littorales, il a fini par atteindre la plupart des comarques d’Alicante. En ce début de XXIe siècle, on constate la présence d’une population qui dépasse déjà largement 100 000 personnes, sans compter les personnes non-recensées qui vivent ici la majeure partie de l’année. Les travaux de Huete et Mantecón parlent des caractéristiques et des motivations de ces groupes, qui sont venus chercher une meilleure qualité de vie. Il ne s’agit pas tant de la plage, mais du climat, de l’accès à la santé, du paysage, des relations sociales en plein air, et d’une vie en retrait avec leurs pairs dans un cadre méditerranéen [Huete, 2008]. L’intensité du phénomène implique la construction de milliers de résidences secondaires, dans des lotissements périphériques, créant un paysage culturel différent, parfois avec des services qui leur sont spécifiquement destinés et des entreprises immobilières qui mettent en valeur les anciennes terres rurales. Ces collectivités n’apprennent généralement pas la langue locale et restent isolées du centre urbain traditionnel, dans des communautés plus ou moins fermées, avec quelques manques, résultant parfois de leur propre dispersion sur le territoire [Huete, Mantecón, 2011]. Ce monde enclavé dans la province, qui concerne un nombre croissant de communes, stimule l’économie (construction, nouveaux services...) et occulte une réalité moins enviable là où cette présence étrangère est à peine perceptible. Ces nouveaux services en pleine expansion, qui s’adressent en grande partie aux personnes âgées, finissent également par générer des interférences dans de nombreux environnements ruraux qui connaissent également un fort vieillissement. Certains auteurs, comme Laksfoss, une chercheuse norvégienne qui a étudié le groupe de ses compatriotes dans des villages d’Alicante, parlent d’environnements hybrides, très variés, avec des familles transnationales, de la vieillesse, de la richesse et d’une certaine « fortification extérieure » [Laksfoss, 2018]. Leur présence dynamise donc les alentours et transforme ainsi la structure sociodémographique d’Alicante.

12Cette immigration non liée au travail s’est répartie de manière atypique sur l’ensemble du territoire. Plutôt que de se concentrer dans les plus grandes villes, elle s’est établie dans des territoires urbains situés loin des zones les plus touristiques, d’abord sur le littoral puis, de manière plus importante, dans les zones pré-littorales et, enfin, bien qu’avec une intensité plus faible, dans toutes les comarques. Cette distribution géographique des retraités distincte de celle des immigrés des années 1960 et 1970 issus de l’exode rural a bouleversé le paysage démographique traditionnel : là où ils se sont installés, les retraités ont été les moteurs d’une croissance de population inédite mais aussi les catalyseurs d’un vieillissement démographique notable. Des mises en garde ont cependant été lancées contre les macro-urbanisations dans les petites villes, déjà freinées dans une certaine mesure par la crise de 2008, qui pourraient dénaturer la culture locale et générer des difficultés dans la prestation de services publics liés au bien-être [Cortes Samper, 2015].

2.- Méthodologie

13Pour mettre en œuvre un éventuel processus de revitalisation de cet espace et de cette société complexes et variés dans les mois qui ont suivi le premier confinement, la croissance de la population en 2020 (c’est-à-dire celle observée entre les chiffres officiels du Padrón au 1er janvier 2020 et 2021) a été comparée à celle enregistrée dans les mêmes communes au cours de la décennie précédente, entre 2010 et 2020. En même temps, ces augmentations démographiques de l’année 2020 ont été rapprochées de quelques caractéristiques des communes : nous avons ainsi retenu des facteurs strictement démographiques (taille des communes, croissance naturelle, vieillissement) et des facteurs de nature spatiale et économique afin d’estimer dans quelle mesure ils ont pu contribuer ou conditionner un éventuel rebond démographique des zones rurales.

14Les sources utilisées sont essentiellement statistiques et sont principalement liées aux sources démographiques fournies par l’Institut national de la statistique (INE). Les plus importantes ont été les statistiques du Padrón, qui nous ont permis de comparer les chiffres absolus de différentes années et de vérifier le pourcentage d’étrangers ou de personnes âgées dans chaque lieu ou d’autres aspects structurels. De même, les principaux indicateurs démographiques qui fournissent des valeurs sur la dynamique de la population, comme la croissance naturelle et le solde migratoire, ont été mobilisés comme éléments essentiels de la transformation ; nous avons utilisé le Résumé municipal des phénomènes démographiques pour le cas spécifique de la Province d’Alicante.

15Les statistiques sur l’impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPF), l’impôt direct progressif le plus important en Espagne, ont également été une source particulièrement intéressante, que nous avons utilisée uniquement pour l’année 2019, juste avant la pandémie et le confinement.

16En ce qui concerne les aspects spatiaux, strictement géographiques, nous avons eu recours à deux outils essentiels : Google Maps (consulté le 15 février 2021 pour toutes les communes), qui nous a permis de calculer les distances, non pas en kilomètres, mais en temps nécessaire pour effectuer le parcours. De plus, afin de déterminer si les communes sont littorales ou non, nous avons utilisé les données du ministère de l’Environnement et du Milieu rural et marin via documentacion.diputacionalicante.es. Nous avons également pu y trouver l’étendue du littoral de chaque commune et constater qu’il n’existe pratiquement aucune commune littorale d’Alicante comptant moins de 10 000 habitants, c’est-à-dire, des communes théoriquement rurales. En revanche, dans une province où la « régionalisation » est controversée, nous avons eu recours à la classification établie dans la Proposta de Demarcacions Territorials Homologades, 1998, de la Conselleria d’Administració Pública.

17Pour mieux comprendre les ressorts du rebond démographique éventuel des zones rurales, nous avons tout d’abord répertorié les communes d’Alicante en fonction de leur population au 1er janvier 2020, sur la base des données du Padrón de l’INE. Les communes d’Alicante peuvent être classées en quatre grands groupes non exclusifs : les communes de moins de 500 habitants, presque toujours les plus vieillissantes et avec les plus grandes pertes relatives de population ; les communes de moins de 2 000 habitants, c’est-à-dire celles que l’INE considère comme des communes strictement rurales ; celles de moins de 10 000 habitants, considérées comme semi-rurales, car beaucoup d’entre elles disposent de nombreux services considérés comme urbains et peuvent même être pleinement intégrées à des zones urbaines plus importantes ; et enfin, l’ensemble des communes de la province. Logiquement, pour certains aspects, contraints par la situation, comme dans le cas des données sur le revenu disponible, afin de mieux différencier le comportement des communes rurales en cette année 2020 ou de les distinguer cartographiquement, nous avons constitué des sous-groupes exclusifs : nous avons par exemple distingué le groupe des communes de moins de 500 habitants du reste des communes rurales.

18Les registres de recensement 2020 et 2021 ont ensuite été comparés, toujours au 1er janvier, pour calculer l’accroissement démographique. Celui-ci a été ensuite mis en relation avec les différents facteurs locaux mentionnés ci-dessus. Le coefficient de corrélation linéaire est utilisé pour mesurer le lien éventuel entre les facteurs contextuels et l’évolution démographique. Les variables corrélées ont été calculées de différentes manières : certaines directement à partir du registre du Padrón 2020, comme les proportions d’étrangers dans chaque commune ou de personnes âgées de 65 ans ou plus ; d’autres, pour lesquelles nous avons considéré une perspective temporelle plus longue (la décennie) à partir des registres de recensement 2020 et 2010 ; et enfin, les revenus, les distances ou la proximité du littoral à partir des sources décrites précédemment.

19Les coefficients de corrélation linéaire ont été calculés non seulement pour l’ensemble des communes de la province, mais aussi pour les divers groupes établis sur la base de leur taille. Les calculs ont été utilisés pour produire une série de tableaux dans lesquels nous avons résumé les résultats obtenus à partir de l’ensemble des données utilisées, ce qui nous a permis d’analyser plus facilement les différentes trajectoires, de caractériser les facteurs que nous considérons comme les plus déterminants pour expliquer l’évolution spécifique et de tirer d’éventuelles conclusions.

3.- Résultats

20Comme le montre la carte 1, les zones rurales d’Alicante, en particulier les petites communes, sont principalement situées à l’intérieur de la province, avec un ensemble compact de communes au nord de la province, dans les zones périphériques des comarques de La Marina (Baixa et Alta) et d’Alcoià, qui se distinguent tout particulièrement. En général, la croissance a été beaucoup plus forte dans les grandes villes, les stations balnéaires et certaines zones industrielles.

21Comme le montre le tableau 1, après la décennie de la Grande Récession au cours de laquelle la population provinciale s’est réduite, essentiellement en raison de départs d’immigrés et d’un moindre afflux de retraités européens, mais avec des pertes moins importantes dans les centres urbains, la situation a considérablement changé en 2020. L’année du confinement, ce sont les petites communes qui ont accru leur population (jusqu’à +2 % dans celles de moins de 2 000 habitants), tandis que le déclin dans les grands centres urbains s’est poursuivi. Ce résultat est d’autant plus remarquable que la mortalité liée au Covid-19 est plus élevée parmi la population âgée, dont le poids tend à être beaucoup plus élevé dans les villages. Si l’on a constaté une certaine croissance, il est clair que l’immigration a été plus importante que ne l’indiquent les chiffres de la croissance. Autre élément à noter : c’est dans les villages strictement ruraux que la croissance est la plus forte, mais pas tant dans les plus petits (ceux qui comptent moins de 500 habitants) que dans ceux qui proposent une série de services plus avancés, qui sont souvent également offerts aux villages voisins.

Carte 1.- Répartition des communes de la province d’Alicante (Espagne) selon leur nombre d’habitants en 2020

Carte 1.- Répartition des communes de la province d’Alicante (Espagne) selon leur nombre d’habitants en 2020

Tableau 1.-Alicante : Évolution de la population par commune entre 2010 et 2021 (au 1er janvier)

Taille des communes (habitants)

Nombre de communes

Accroissement annuel moyen de la population (‰)

Population totale (Padrón au 1er janvier)

2020-2021

2010-2020

2021

2020

2010

1 à 499

33

19,0

-7,82

8 677

8 515

9 210

500 à 1999

32

20,3

-9,84

32 806

32 152

35 495

2000 a 4999

17

17,9

-7,60

56 686

55 689

60 102

5000 a 9999

22

11,4

-1,69

163 370

161 533

164 288

> 10 000

37

-1,1

-2,14

1 620 223

1 621 999

1 657 190

Province d’Alicante

141

1,0

-2,44

1 881 762

1 879 888

1 926 285

Source: INE: Estadística del Padrón continuo
https://www.ine.es/​dyngs/​INEbase/​es/​operacion.htm?c=Estadistica_C&cid=1254736177012&menu=ultiDatos&idp=1254734710990

22Cette situation ne concerne pas toutes les communes de taille similaire ; elle cache toute une diversité de situations et d’évolutions parfois très différentes dans des lieux pourtant très proches. Dans le tableau 2, nous avons décomposé la situation particulière des communes que nous avons précédemment regroupées par zone, et nous l’avons fait en différenciant quelques groupes supplémentaires, tant au sein des zones rurales que des zones urbaines. La province a enregistré une faible croissance démographique portée par un petit solde migratoire qui est tout de même parvenu à compenser un solde naturel négatif. Cette situation se retrouve quelle que soit la strate démographique considérée mais avec des nuances toutefois.

Tableau 2.-Alicante. 2020 : Répartition des communes selon la taille démographique, l’accroissement naturel et le solde migratoire

Tableau 2.-Alicante. 2020 : Répartition des communes selon la taille démographique, l’accroissement naturel et le solde migratoire

Élaboration propre avec les données de l’INE: Alicante: Resumen municipal de fenómenos demográficos
https://www.ine.es/​jaxi/​Tabla.htm?tpx=23580&L=0

Carte 2.- Répartition des communes de la province d’Alicante (Espagne) selon l’accroissement démographique total (à gauche) et le solde migratoire (à droite) en 2020

Carte 2.- Répartition des communes de la province d’Alicante (Espagne) selon l’accroissement démographique total (à gauche) et le solde migratoire (à droite) en 2020

Préparé avec des données de l’INE : Estadísticas del Padrón Continuo (avec la collaboration de Gabino Martín-Serrano, Département de géographie humaine de l’Université d’Alicante)

23Le solde migratoire est nettement positif dans tous les cas à l’exception des grandes villes où réside précisément une grande partie de la population qui a migré pendant l’année 2020 (carte 2). Le plus souvent, cette population migrante dispose de liens familiaux (lieu de naissance) ou résidentiels (résidences secondaires) dans les communes plus petites. Dans l’ensemble de la province, on constate une nette prédominance des communes à croissance naturelle négative (dans 103 des 141 communes existantes) et à solde migratoire positif (dans 116 d’entre elles). Peu de communes ont pu s’appuyer sur des soldes migratoire et naturel positifs ; elles sont également peu nombreuses à subir à la fois des déficits naturel et migratoire.

24La dynamique démographique globalement partagée par toutes les strates de communes en dépit de caractéristiques différentes laisse présager qu’il ne faut pas s’attendre à ce que les coefficients de corrélation soient très concluants, mais plutôt très nuancés.

Accessibilité et littoralité : quand les facteurs de la croissance démographique d’hier deviennent répulsifs

25À Alicante, la proximité du littoral et la distance par rapport aux principaux centres urbains (capitale provinciale, capitales des comarques), ou fonctionnels comme l’aéroport, ont conditionné le peuplement, comme le montre la carte 1. Cela est tout à fait logique dans une province très touristique, où des retraités étrangers viennent s’installer depuis de nombreuses années.

Tableau 3.- Littoral et augmentation de la population des communes d’Alicante (1960-2021)

Territoire

Dynamique démographique (moyenne annuelle) (%)

Population totale (1)

2020-2021

2010-2020

1960-2010

2021

2020

2010

1960

Province dAlicante

0,10

-0,24

2,01

1 881 762

1 879 888

1 926 285

711942

Communes côtières dAlicante (2)

-0,10

-0,33

2,59

1 113 950

1 115 101

1 152 397

320316

Communes non côtières dAlicante

0,40

-0,12

1,37

767 812

764 787

773 888

391 626

1) Pour 2021, la population correspond au Registre des Habitants au 1er janvier de chaque année. Pour 1960, à la population de fait du Recensement.
2) Source: Ministerio de Medio Ambiente y Medio Rural y Marino à travers de documentacion.diputacionalicante.es

Élaboration propre avec les données de l’INE: Estadísticas del Padrón Continuo et Censo de Población de 1960

26Comme le montre le tableau 3, les communes littorales, qui ne sont que 20 sur les 141 que compte aujourd’hui la province, regroupent la majorité de la population d’Alicante, et ce depuis la fin du siècle dernier, lorsque le tourisme balnéaire est devenu la principale activité économique de la province, tandis que la production industrielle, essentiellement développée dans les comarques de l’intérieur, a dû faire face à une grave crise dont elle ne semble toujours pas s’être remise. En effet, le demi-siècle compris entre 1960 et 2010, marqué par le tourisme de masse puis par l’immigration de retraités, a constitué un véritable bouleversement dans la répartition territoriale de la population provinciale. Ce n’est pas que l’intérieur se soit vidé, au contraire, il s’est également développé, et de manière très importante, dans les centres industriels jusque dans les années 1970 et dans certaines communes pré-littorales par la suite. Cependant, la côte a plus que triplé sa population, transformant de nombreuses communes encore rurales en 1960 en zones urbaines fortement tertiarisées. Pourtant, au cours de la décennie 2010-2020, en raison de la Grande Récession, la province a été confrontée à une baisse importante de sa population, qui a frappé de plein fouet les zones côtières. Dans ces dernières, la population étrangère, qui est arrivée à partir des années 1990, a diminué. Cette population fut attirée par la croissance économique et le nombre de résidents retraités. Mais la crise du Covid-19 et peut-être aussi le Brexit qui a inquiété de nombreux résidents britanniques (la première colonie de la région, et de loin) ont manifestement dissuadé l’arrivée de nouveaux étrangers sur le littoral. En 2020, les zones littorales, presque toutes nettement urbaines, ont ainsi continué de perdre de la population, tandis que les communes pré-littorales et intérieures en ont gagnée dans leur ensemble.

27Au cours des mois qui ont suivi le confinement, tout du moins en Espagne, beaucoup de personnes ont pu conserver leur emploi dans une grande ville tout en vivant ailleurs grâce au télétravail. Mais en 2020, cette opportunité de découpler lieu de travail et lieu d’activité professionnelle n’a pas bénéficié aux grandes communes de la côte. La croissance démographique n’a en effet pas eu lieu dans les grandes communes côtières ; au contraire, ce sont les communes de l’intérieur, au style de vie plus tranquille, avec une concentration de population plus faible et loin des grandes agglomérations, qui ont profité de cette situation singulière. Il est possible qu’avec le temps cela devienne une réalité pérenne.

28Le tableau 4 montre comment la distance par rapport aux grands centres urbains a été essentielle pour expliquer la répartition de la population provinciale, avec un degré de fiabilité surprenant. Il existe une relation claire entre la taille des communes et le temps nécessaire pour accéder en voiture aux capitales de province, aux aéroports ou aux capitales de comarques. Dans ce cas, nous avons préféré mesurer les distances en termes de temps requis plutôt qu’en termes de distance linéaire ou routière, car cela nous semble beaucoup plus approprié. Les petits villages sont en moyenne à plus d’une heure du centre de la capitale ou de l’aéroport, et les temps de trajet sont également très importants dans le cas des communes strictement rurales alors qu’ils sont en moyenne nettement plus courts dans le cas des communes semi-rurales (2 000-10 000 habitants). Dans le cas des plus grands centres urbains, le calcul perd tout son sens, car ils sont souvent la destination de ces déplacements. La concentration dans les plus grands centres urbains et la réduction de la population dans les petites communes, notamment les plus isolées, a été l’une des principales tendances démographiques de la province tout au long du XXe siècle.

Tableau 4.- Temps de trajet (en minutes) par rapport aux points centraux des communes d’Alicante (par groupes, en fonction de la taille de la population)

Taille des communes (Habitants)

Nombre de communes dans chaque groupe

(1) Temps de trajet moyen en minutes par rapport à…

Alicante (centre-ville)

Capitale de la comarque (2)

Aéroport El Altet

1 à 499

33

64,1

30,6

61,7

1 à 1999

32

52,8

27,3

49,7

2000 à 4999

17

46,0

23,0

40,9

5000 à 9999

22

44,9

23,1

39,2

> 10 000

37

30,3

11,0

29,2

Notes : (1) Distances calculées avec google.maps (15/02/2021) pour chaque commune et pondérées en fonction de la population de chacune d’elles. (2) Source : "Proposta de Demarcacions Territorials Homologades", Consellería dAdministració Pública, 1998, cité par Diputación de Alicante. Unidad de Documentación.

Propre élaboration avec des données de Padrón Municipal de Habitantes (INE)

29Cette situation a varié tout au long de la décennie, comme le montre le tableau 5, qui analyse la corrélation entre l’augmentation de la population et la distance par rapport à ces points centraux. Nous avons constaté que la population a récemment augmenté au fur et à mesure que l’on s’éloigne de ces derniers, même si les corrélations ne sont pas très marquées. Cela s’explique, d’une part, par une tendance au rejet des centres urbains dont certains sont dégradés, très touristiques ou/et de plus en plus tertiarisés et, d’autre part, à une meilleure attractivité résidentielle de nombreuses communes pour les populations qui y ont déjà des attaches et dont l’installation plus pérenne peut être encouragée par l’amélioration des communications. En 2020, dans la province d’Alicante, il semble qu’une partie de la population ait adhéré au slogan « smaller is better ». Alors que la tendance démographique n’a pas changé en 2020 à l’échelle de la province par rapport à la décennie 2010-2020, les communes rurales, en particulier celles de plus petite taille, ont su faire de leur éloignement des principaux centres urbains un facteur d’attraction de la population à une époque où le Covid-19 frappait aussi brutalement que durement la population espagnole.

Tableau 5.- Communes province d’Alicante. Corrélations entre la croissance démographique et les distances par rapport aux points centraux

(1) Distance par rapport à…

Taille des communes

Coefficient de corrélation
( r )

Année 2020

Période 2010-2020

Alicante (centre-ville)

Groupement de municipalités d’Alicante

0,09

-0,44

Communes < 500 hab.

-0,31

-0,26

Communes 500 - 1999 hab.

0,18

-0,58

Communes 2000 - 4999 hab

-0,27

-0,29

Communes 5000 - 9999 hab

-0,14

0,03

Communes > 10 000 hab.

0,02

-0,62

Groupement de municipalités d’Alicante

0,14

-0,38

Capitale de la comarque

Communes < 500 hab.

-0,22

-0,28

Communes 500 - 1999 hab.

0,34

-0,52

Communes 2000 - 4999 hab

0,07

-0,36

Communes 5000 - 9999 hab

-0,01

-0,43

Communes > 10 000 hab.

0,17

-0,19

Groupement de municipalités d’Alicante

0,10

0,44

Aéroport El Altet

Communes < 500 hab.

-0,31

-0,29

Communes 500 - 1999 hab.

0,27

-0,63

Communes 2000 - 4999 hab

-0,23

-0,28

Communes 5000 - 9999 hab

-0,20

0,16

Communes > 10 000 hab.

0,02

-0,64

(0) Calculé avec google.maps (15-02-2021)

Propre élaboration avec des données de Padrón Municipal de Habitantes (INE)

Relation avec certaines caractéristiques démographiques antérieures

30Après avoir analysé la relation entre l’augmentation de la population en 2020 et des facteurs géographiques tels que la littoralité et la distance par rapport aux grands centres, qui sont essentiels dans la distribution de la population d’Alicante, nous nous attachons à l’effet de certains facteurs socio-démographiques sur l’évolution de la population. L’un d’entre eux est le pourcentage de résidents étrangers dans chaque commune, un facteur clé dans une province qui, avant la crise économique de 2008, avait le pourcentage d’étrangers le plus élevé de toute l’Espagne, en raison de la combinaison de ses opportunités d’emploi pour les travailleurs immigrés et de nombreux atouts pour des milliers de retraités européens qui connaissaient déjà la côte pour y avoir fait des séjours touristiques, souvent à plusieurs reprises. Cette coexistence de deux catégories d’immigrés aux caractéristiques (nationalité, catégorie sociale, âge) et intérêts très différents (activité, retraite) conduit à distinguer ces deux groupes (tableau 6) : celui des immigrés dans leur ensemble et le groupe attiré par des conditions de vie paisibles et conviviales.

Tableau 6.-Communes de la province d’Alicante. Corrélations entre l’augmentation de la population en 2020 et les pourcentages de population étrangère résidant dans chaque lieu au 1-1-2020.

Taille des communes (habitants)

Corrélation entre le pourcentage daugmentation de la population municipale en 2020 et…

Le pourcentage détrangers dans chaque commune au 1-1-2020

Le pourcentage détrangers de nationalité française, allemande et britannique au 1-1-2020

r

r

Groupement de communes d’Alicante

0,19

0,26

Communes < 500 hab.

0,21

0,16

Communes 500 - 1999 hab.

0,30

0,28

Communes 2000 - 4999 hab

0,15

0,21

Communes 5000 - 9999 hab

0,77

0,71

Communes > 10 000 hab.

-0,12

-0,17

Propre élaboration avec des données de l’INE: Estadísticas del Padrón Continuo
https://www.ine.es/​jaxiT3/​Datos.htm?t=33588

31Il est facile de délimiter le groupe des étrangers : certes ils sont de moins en moins nombreux en raison des naturalisations croissantes, mais il n’est pas aussi facile de définir le groupe résidentiel. Le Padrón ne donne pas, pour chacune des communes, la nationalité de tous les étrangers, mais seulement celle des plus nombreux. Ne disposant que de ces données, nous avons essayé de discriminer le collectif des personnes de nationalité allemande, française et britannique, car elles sont clairement minoritaires parmi celles qui sont attirées pour des raisons professionnelles. Dans les deux cas, nous pouvons trouver une relation modérément positive entre le volume des deux groupes et l’augmentation de la population, mais nous n’avons pas pu observer une relation plus marquée dans les zones rurales. La population étrangère, en particulier celle qui arrive pour des raisons résidentielles, a contribué à améliorer certains services dans certaines communes, mais il ne faut pas chercher dans ces groupes les raisons de la revitalisation des communes rurales qui a été due en grande partie à l’inscription au registre des communes de personnes d’origine espagnole, en particulier, comme nous l’avons mentionné plus haut, de celles ayant un lien familial ou une résidence secondaire.

32Dans le tableau 7, nous avons calculé d’autres corrélations. En ce qui concerne la proportion de population âgée de 65 ans ou plus, il existe une légère relation entre le degré de vieillissement et la croissance démographique dans l’ensemble de la province, mais cette relation diminue et change lorsque nous nous référons aux communes strictement rurales, en particulier aux plus petites. En d’autres termes, certaines communes plus vieillissantes, souvent également liées à une nette décroissance démographique, à la perspective d’un dépeuplement et à l’absence de services essentiels (école, soins de santé suffisants, guichets bancaires, télécommunications satisfaisantes...) n’ont pas enregistré de changement de tendance.

33De même, dans le tableau 7, nous avons mis en relation la croissance de 2020 avec la tendance observée au cours de la décennie précédente (2010-2020), tant en ce qui concerne la croissance naturelle que le solde migratoire. En Espagne, et également à Alicante, la croissance naturelle est conditionnée depuis des années par la très faible fécondité et le vieillissement croissant. Quant au solde migratoire, après une période de forte croissance, de la fin des années 1990 jusqu’à la crise de 2008, la situation est aujourd’hui plus instable, avec de nouvelles arrivées, mais aussi des retours et des émigrations de jeunes autochtones. Dans les deux cas, la corrélation entre la croissance réelle en 2020 et le comportement antérieur de ses composantes naturelle et migratoire a été négative : il ne semble pas y avoir de continuité avec la dynamique antérieure. La corrélation par rapport à la très faible croissance naturelle précédente est très différente selon la taille de la commune et, dans une large mesure, peut être liée à l’impact des décès dans chaque lieu. Quant au solde migratoire, qui était négatif au cours de la décennie précédente, la trajectoire est plus cohérente et les changements semblent être particulièrement significatifs dans les communes semi-rurales, celles qui semblent avoir le mieux profité des opportunités générées par la pandémie.

Tableau 7.- Communes d'Alicante, 2020 : Corrélation entre l'augmentation démographique et certains facteurs démographiques

Taille des communes

Croissancenaturelle moyenne de la décennie 2010-2020

Solde migratoire moyen de la décennie 2010-2020

Pourcentage de personnes de plus de 65 ans au 1-1-2020

r

r

r

Groupement de communes d'Alicante

-0,12

-0,20

0,17

Communes < 500 hab.

0,12

-0,14

-0,05

Communes 500 -1999 hab.

-0,09

-0,46

0,17

Communes 2000-4999 hab

0,07

-0,36

-0,03

Communes 5000 - 9999 hab

-0,14

-0,58

0,49

Communes > 10 000 hab

0,25

0,12

-0,30

Propre élaboration avec des données de l'INE: Alicante: Resumen municipal de fenómenos demográficos et Estadísticas del Padrón Continuo
Croissance végétative: https://www.ine.es/​jaxi/​Tabla.htm?tpx=23580&L=0
Pourcentage de personnes âgées de plus de 65 ans: https://www.ine.es/​jaxiT3/​Tabla.htm?t=24328

Un revenu disponible plus élevé n’était pas non plus un facteur d’attraction

34Le tableau 8 établit une corrélation entre la croissance des communes en 2020 et le revenu disponible moyen de leurs habitants en 2019, l’année précédant la pandémie. Malheureusement, l’administration fiscale espagnole ne fournit pas beaucoup de données sur les communes de moins de 1 000 habitants, probablement en raison de la nécessaire protection des données.

Tableau 8.- Province d'Alicante: Corrélation entre l'augmentation de la population en 2020 et le revenu disponible moyen en 2019

Taille des communes

Coefficient de corrélation r

Toutes les communes de la province

-0,23

Communes entre 1000-1999 habitants

-0,12

Communes entre 2000-4999 hab

-0,20

Communes entre 5000-9999 hab

-0,12

Communes de plus de 10 000 hab

0,06

Propre élaboration basée sur les données de l'INE (Estadísticas del Padrón Continuo) et Agencia Tributaria (Estadística de declarantes de IRPF por municipios)
Accès aux données sur les revenus : https://www.agenciatributaria.es/​AEAT/​Contenidos_Comunes/​La_Agencia_Tributaria/​Estadisticas/​Publicaciones/​sites/​irpfmunicipios/​2019/​jrubikf74b3dca9af01b51cabd6d5603e0e16daecd1a97c.html# (propose uniquement des données pour les communes de plus de 1000 habitants).

35En 2020, l’augmentation de la population des communes d’Alicante présentait une corrélation négative avec le revenu disponible moyen de leurs citoyens l’année précédente : le transfert de population s’est donc fait en faveur des communes à faibles revenus. Pour l’expliquer, il faut considérer les personnes qui pouvaient le plus facilement changer de lieu de résidence ; le télétravail a davantage profité aux cadres et professions intermédiaires qu’aux travailleurs manuels traditionnels et/ou aux ouvriers. En outre, dans une large mesure, ce déménagement s’est fait vers des résidences secondaires, ce qui implique également un certain niveau de revenus antérieurs. Les meilleurs niveaux de revenus antérieurs de chaque commune n’ont donc pas été un moteur de croissance.

36Pour résumer l’analyse ci-dessus, nous pourrions retenir les résultats suivants :

  • Malgré l’augmentation de la mortalité liée au Covid-19 – qui a touché davantage la population âgée – de nombreux villages se sont développés en 2020 en raison de l’augmentation significative de l’immigration. La tendance des années précédentes a considérablement changé.

  • Proportionnellement, l’augmentation de la population en 2020 a été plus importante dans les communes de l’intérieur, qui profitent d’un style de vie plus détendu, d’une faible densité et de l’éloignement des grandes agglomérations. Pendant la période où sévissait la crainte de la contagion, elles ont été nombreuses à bénéficier de l’attrait que représentait leur éloignement.

  • Il existe des différences importantes entre les communes mais, en général, ce sont les communes semi-rurales, c’est-à-dire celles qui disposent d’un certain nombre de services de base, qui ont le mieux exploité les possibilités offertes par la pandémie. Dans la plupart d’entre elles, l’augmentation est due à l’inscription au Padrón de populations qui y possédaient déjà des résidences secondaires. Il ne semble pas que les niveaux de revenus supérieurs antérieurs aient constitué une incitation dans ce sens.

4.- Discussion et conclusions

37Les facteurs démographiques ne semblent pas suffisants pour expliquer le caractère exceptionnel du comportement démographique d’Alicante au cours de l’année 2020, bien qu’ils soient essentiels pour le définir comme absolument atypique par rapport à la décennie précédente, et même à plus long terme. L’augmentation a été totalement contraire aux tendances précédentes, car elle ne s’est pas appuyée sur les dynamiques naturelles et migratoires de la décennie 2010-2020, ni sur l’attrait antérieur de ceux qui arrivaient en quête d’opportunités d’emploi ou qui étaient attirés par un climat hivernal doux ou un style de vie méditerranéen paisible. Elle n’a pas non plus été directement liée aux conditions spatiales qui expliquaient en grande partie la croissance antérieure de chaque commune, puisque la corrélation est négative tant avec la littoralité qu’avec la distance par rapport aux grands centres. De la même façon, le niveau de revenu de la population des communes ne semble pas avoir joué de manière positive : là encore, la corrélation est négative entre la croissance démographique et le niveau de revenu disponible moyen des habitants de chaque lieu.

38Ces constats appellent un certain nombre d’interrogations. Tout d’abord, l’année 2020 constitue-t-elle sur le plan démographique une situation exceptionnelle, liée à une conjoncture spécifique (celle de l’après-confinement) ou, au contraire, s’agit-il de l’amorce d’un retournement de tendance durable dans le temps ? Il est encore trop tôt pour conclure de manière catégorique. En effet, nous ne disposons pas encore des données municipales définitives au 1er janvier 2022 qui permettraient de dégager une première indication ; toutefois, nous disposons de données provisoires par taille des agglomérations qui donne quelques informations. Les caractéristiques de croissance de 2020 ne semblent pas s’être maintenues en 2021, car le pourcentage du poids des petites communes a de nouveau diminué à Alicante. Mais comme la mortalité liée à l’épidémie de Covid-19 a surtout touché la population âgée, qui est largement surreprésentée dans les plus petites communes, il est possible que le recul de leur poids démographique soit au moins en partie lié à une surmortalité conjoncturelle. En revanche, les atouts des petites communes demeurent : un style de vie plus tranquille, des concentrations humaines plus faibles, des logements plus grands et accessibles, des possibilités de télécommunication presque généralisées. Et la « découverte » des avantages de cette strate communale au moment de la crise du Covid-19 pourrait créer l’amorce d’un mouvement plus durable. La conjoncture économique actuelle (forte inflation, prix élevés des carburants) peut jouer dans les deux sens : un repli sur les espaces denses qui réduisent les déplacements notamment automobiles, ou bien un attrait encore plus grand pour des territoires où le niveau de vie est moins élevé.

39Cette première approche des effets de la crise sur la démographie et la dynamique de peuplement dans la province d’Alicante, une année seulement après le début de cette crise du Covid-19, ne permet encore pas de faire des pronostics pour les années qui viennent. Mais elle permet de préciser certaines interrogations et ouvre donc des pistes de recherche pour ces toute prochaines années. Des sources plus détaillées telles que des micro-données seront par exemple intéressantes à mobiliser pour déterminer quels sont les groupes sociaux qui ont le plus changé de résidence en 2020. Il est également essentiel d’analyser d’autres aspects de nature socio-économique, tels que la disponibilité des résidences secondaires, le prix des logements ou les corrélations avec la disponibilité ou la non-disponibilité de certains services spécifiques.

40En outre, contrairement à une image stéréotypée faisant du télétravail une opportunité de résider dans des lieux « touristiques », par exemple à proximité de la plage ou dans des lieux éloignés de l’agitation des grandes villes, ce ne sont pas les petites communes ni le littoral qui ont le plus bénéficié des variations résidentielles de 2020, mais essentiellement certaines communes semi-rurales (surtout celles de 2 000 à 4 999 habitants) qui combinent certaines caractéristiques des zones rurales comme la moindre densité et des aménités caractéristiques des plus grandes villes (services, infrastructures publiques, etc.). Si leur croissance devait se poursuivre, il faudrait prévoir de mieux les doter, notamment en services publics. L’anticipation même de ces besoins pourrait en outre stimuler une redistribution plus égalitaire de la population sur l’ensemble du territoire de la province d’Alicante.

41Les restrictions des mobilités internationales pendant l’année 2020 ont permis de mettre à jour les mobilités internes et les ressorts de ces dernières. En particulier, nos constats comme ceux dressés par d’autres travaux conduits ailleurs en Espagne montrent que le ressort de ces migrations internes, de ce repli vers des entités territoriales plus petites et moins denses, est une proximité affective (lieu de naissance ; présence de liens familiaux) ou/et résidentielle (propriété d’une résidence secondaire ; lieu de villégiature antérieur) du migrant avec la commune vers laquelle il se tourne. La question est de savoir si ces mouvements ne sont qu’une réponse opportuniste à une situation de crise ou bien l’amorce d’un changement dans le choix des lieux de vie fondé sur la volonté de privilégier un véritable ancrage identitaire, ouvrant potentiellement sur une dynamisation des milieux ruraux. Dans une province comme Alicante, il est essentiel, pour l’avenir, d’associer cette tendance possible au phénomène résidentiel des retraités européens. Nous savons beaucoup de choses sur eux, mais ce n’est peut-être que la partie émergée de l’iceberg, car il semble évident qu’ils sont beaucoup plus nombreux que ceux qui sont recensés et qu’ils constituent un groupe diffus, difficile à définir et à classer. De plus, en raison de leur âge moyen, ils ont besoin d’un renouvellement continu pour conserver leur importance sur le territoire d’Alicante ; nous devons en savoir plus sur leurs motivations à s’installer et à rester lorsque leur situation initiale change, surtout dans les zones intérieures peu dynamiques.

42Sur le plan démographique, cette crise du Covid-19 a ouvert une véritable boîte de Pandorre, en particulier sur tout ce qui touche aux migrations internes et au dynamiques de peuplement. Par exemple, qu’il s’agisse d’Espagnols ou d’étrangers, dans quelle mesure connaissons-nous la relation entre cette population et son lieu d’origine, sa seconde résidence ou son lieu de travail ? Combien d’entre eux envisagent de s’y installer ? Qu’est-ce qui les pousse à le faire ou à écarter cette possibilité ? Quels sont les services que les télétravailleurs qui ont la possibilité de se déplacer considèrent comme essentiels pour concilier leur activité professionnelle avec les autres besoins de la vie quotidienne ? Comment peuvent-ils revitaliser certaines communes rurales ?

43Les réponses à ces interrogations semblent indispensables si l’on veut planifier le développement local dans des environnements de plus faible densité et moins accessibles. Elles sont d’autant plus utiles qu’elles rencontrent également des préoccupations d’aménagement du territoire liées à la crise qui vient, celle du réchauffement climatique.

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Notes

1 La comarque est une forme d’organisation territoriale espagnole, plus petite que la province, composée de plusieurs communes. Certaines communautés autonomes les ont définies juridiquement, d’autres les utilisent de manière fonctionnelle dans leur gestion.

2 Le Padrón est un registre municipal d’habitants, différent du recensement, maintenu par les communes et publié annuellement par l’Institut national de la statistique (INE).

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Table des illustrations

Titre Carte 1.- Répartition des communes de la province d’Alicante (Espagne) selon leur nombre d’habitants en 2020
URL http://journals.openedition.org/eps/docannexe/image/13115/img-1.png
Fichier image/png, 154k
Titre Tableau 2.-Alicante. 2020 : Répartition des communes selon la taille démographique, l’accroissement naturel et le solde migratoire
Crédits Élaboration propre avec les données de l’INE: Alicante: Resumen municipal de fenómenos demográficos https://www.ine.es/​jaxi/​Tabla.htm?tpx=23580&L=0
URL http://journals.openedition.org/eps/docannexe/image/13115/img-2.png
Fichier image/png, 30k
Titre Carte 2.- Répartition des communes de la province d’Alicante (Espagne) selon l’accroissement démographique total (à gauche) et le solde migratoire (à droite) en 2020
Crédits Préparé avec des données de l’INE : Estadísticas del Padrón Continuo (avec la collaboration de Gabino Martín-Serrano, Département de géographie humaine de l’Université d’Alicante)
URL http://journals.openedition.org/eps/docannexe/image/13115/img-3.png
Fichier image/png, 235k
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Pour citer cet article

Référence électronique

José Ramón Valero Escandell, « La pandémie de Covid-19, facteur de revitalisation démographique des zones rurales ? Le cas de la province d’Alicante (Espagne) »Espace populations sociétés [En ligne], 2022/2-3 | 2022, mis en ligne le 21 février 2023, consulté le 28 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/eps/13115 ; DOI : https://doi.org/10.4000/eps.13115

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Auteur

José Ramón Valero Escandell

Département de Géographie Humaine. Université d’Alicante
jose.valero[at]ua.es

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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