Navigation – Plan du site

AccueilAppels à contributionAppels en coursLes populations du Mexique

Les populations du Mexique

Sylvie Coupleux et Maria-Evangelina Salinas Escobar et François-Olivier Seys

En 2024, la Population du Mexique vient de dépasser 130 millions d’habitants. Ce chiffre s’inscrit dans une période ininterrompue de croissance depuis 1790 et le recensement de Villaregigedo, organisé sur le territoire la Vice-royauté de la Nouvelle Espagne, qui estimait la population du Mexique à 4 636 074 habitants. Ces 234 ans de croissance, à l’exception de la diminution de la population dans la période 1910-1921, sont à diviser en deux phases. Jusqu’aux années 1930, la croissance était faible mais constante. Au recensement de 1929, le Mexique comptait 15,6 Millions d’habitants ce qui signifie que la population a été multipliée par 3,3 en 140 ans, avec un taux de croissance annuel moyen de 0,8% par an. Cela correspond à la phase pré-transitionnelle de la transition démographique, caractérisée par une forte natalité et une forte mortalité. En 1929, les Taux Bruts étaient respectivement de 43,8‰ et 34,9‰. Vers 1930, le Mexique a commencé sa transition démographique, avec le début de la baisse de mortalité et sa chute très rapide. Le Taux Brut de Mortalité est déjà de de 14,8‰, en 1950 et passe sous les 10‰ dès 1960, ce qui se traduit par une croissance très rapide de l’espérance de vie à la naissance, qui gagne chaque année environ 0,5 an. La seconde phase de la transition démographique va commencer dans les années 1970, avec le début de la baisse du Taux Brut de Natalité. Il est de 42,1‰ en 1974 et baisse jusqu’à 14,2‰ en 2023. Dans le même temps, l’Indicateur Conjoncturel de Fécondité baisse de 6,5 à 1,6 enfants par femme. Pendant la transition, le taux de croissance annuel moyen était de 2,2% par an et la population a été multipliée par 8.

Aujourd’hui, le Mexique est à un moment charnière de son histoire démographique. Il est en train de terminer sa transition démographique et présente les indicateurs post-transitionnels d’un pays jeune [Zavala, 2014]. L’indicateur Conjoncturel de Fécondité se maintient sous la barre des 2,1 depuis 2018 et les Mexicaines ont toujours des enfants à un âge faible, même si le calendrier commence à se décaler depuis le début du siècle. De même, l’espérance de vie à la naissance est pour les deux sexes de 76,3 ans, soit un niveau comparable à la Roumanie ou deux ans de moins que les Etats-Unis. Le Taux de Mortalité Infantile continue de baisser et il était de 12,4‰ en 2023 [Garcia et Mesle, 2024]. Analyser la dynamique démographique et ses dimensions spatiales, à ce moment charnière constitue, le premier intérêt de ce numéro thématique.

Pays d’immigration européenne jusqu’au milieu du XXe siècle, le Mexique est devenu un pays d’émigration et de transit. Depuis les années 1950, l’émigration vers les Etats-Unis a constitué le principal mouvement [Claderon, Bony et al., 2017]. Ainsi, au recensement américain de 2010, plus de 8 millions de citoyens mexicains vivent aux Etats-Unis et près de 32 millions de personnes se sont déclarées mexico-américaines, ce qui représente 10% de la population du pays et 2/3 des Latinos [Galindo et Zenteno, 2014] Cette communauté, qui existe depuis le XIXe siècle, est majoritairement arrivée après 1950. De même, elle a longtemps été présente exclusivement dans les Etats du sud-ouest et se répand maintenant dans tous les Etats-Unis. Depuis le début du siècle, le Mexique a renforcé sa position de pays de transit pour les populations du reste du continent, étant le seul pays latino-américain avec une frontière terrestre avec les Etats-Unis. Les soubresauts de la politique migratoire américaine ont également changé la destination des émigrants Mexicains. Le Canada voit arriver des Mexicains depuis une quinzaine d’année tout comme l’Union européenne et en particulier l’Espagne. Ces émigrants sont plus aisés socialement que ceux qui traditionnellement partaient vers les Etats-Unis. A l’opposé, le Mexique est également un pays d’immigration même si l’effectif plus faible. En 2020, plus de 1,2 millions d’étrangers vivaient légalement au Mexique dont 2/3 de citoyens des Etats-Unis. Ces immigrés sont majoritairement retraités. Les 400 000 étrangers restants sont essentiellement issus des autres pays hispanophones du continent. On trouve également 40 000 européens dont près de 10 000 Français et enfin une communauté chinoise commence à apparaître.

De plus, les migrations internes sont importantes quelle que soit l’échelle d’analyse. Les Etats du sud sont plutôt des Etats de départ quand ceux du centre et du nord sont plutôt des Etats d’arrivée [Sebille et al., 2023]. A l’échelle locale, l’urbanisation a profondément modifié l’aspects des villes et en particulier des grandes villes. Cela s’est fait de manière traditionnelle des campagnes vers les villes, mais aussi à l’intérieur des métropoles avec des processus originaux comme la création de lotissements planifiés pour périurbaniser : « les fraccionamientos » [Partida Bush, 2014]. Enfin, la Zone Métropolitaine de la Vallée de Mexico (ZMVM) et ses 21 millions d’habitants constitue une des plus grandes métropoles mondiales. Elle est marquée par une dynamique démographique propre par des mouvements internes important et surtout par des processus ségrégatifs de grande ampleur [Valette et al., 2022]. Traiter de ces questions migratoires et de leurs aspects géographiques et sociaux sera le second intérêt de ce numéro.

Ces chiffres de dynamique démographique, qu’elle soit naturelle ou migratoire, cachent des disparités spatiales et sociales fortes. Le Mexique est un pays où les différences sociales induisent des comportements démographiques différents. Par exemple, au recensement de 2020, alors que l’indicateur conjoncturel de fécondité était estimé à 1,9 enfant par femme en moyenne il variait de 2,9 à 1,4 selon de niveau de scolarité atteint par la mère, du moins élevé au plus élevé [Mier Y Teran, 2014]. De même, il était de 2,5 enfants par femmes dans les localités de moins de 2 500 habitants et de 1.6 dans celles de plus de 100 000 habitants. Ces disparités de fécondité sont plus fortes que celles observés en Europe. La Mortalité a des contrastes de même ampleur avec de fortes différences d’espérance de vie. A l’échelle des 32 entités fédérales, il y a 5 ans de différence d’espérance de vie à la naissance entre l’Etat du Chiapas et celui du Nuevo-Leon. Respectivement, en 2024, pour ces deux Etats, elle est de 60.9 ans et 74,7 ans pour les Hommes et 76.4 et 81.1 ans pour les femmes. De plus ces disparités élevées à l’échelle des Etats sont encore plus forte à l’échelle locale où la ségrégation est plus forte qu’en Europe. Traiter de ces disparités régionales et locales sera le troisième intérêt de ce numéro.

Le recensement mexicain distingue également les populations selon leur groupe ethnique. La première distinction est la langue parlée. En 2020, 92,7% de la population s’est déclaré hispanophone. Le reste de la population s’est déclaré bilingue espagnole et une langue autochtone ou unilingue autochtone. La loi générale de 2003 sur les droits linguistiques des peuples autochtones reconnait 68 langues, dont les deux les plus parlées sont le nahuatl et le maya yucatèque, ces deux langues étant les héritières de celles des Aztèques et des Mayas. De même, le recensement pose la question de l’origine ethnique et quatre réponses sont possibles : euro-descendants, métisses, autochtones et afro-descendants. Les communautés autochtones ont une place variable selon les Etats. Par exemple, les autochtones sont concentrés dans les Etats du sud du pays où ils représentent jusque 30% de la population quand ils sont très peu nombreux dans le nord. Ces autochtones sont également plus ruraux et plus pauvres que les autres Mexicains [Sanchez-Garcia et al., 2021]. Traiter de la réalité économique et sociales de ces différentes communautés constituera le quatrième intérêt de ce numéro.

Des articles qui concerneraient l’Amérique centrale sur les mêmes thématiques seraient appréciés et évalués pour une publication éventuelle.

Calendrier

- Date limite pour l’envoi des propositions d’articles (titre et résumé d’environ 1-2 pages) : 1er juillet 2025

Les résumés peuvent être soumis en français, en anglais ou en espagnol.

- Date limite de l’envoi des articles au Comité de rédaction : 1er novembre 2025

Les articles doivent être fournis en anglais ou en français.

- Consignes de publications : https://journals.openedition.org/eps/3344

Contacts

Titres, résumés et articles sont à envoyer à :

Sylvie Coupleux, Maîtresse de Conférences en Géographie, à l’Université d’Artois

sylvie.coupleux@univ-artois.fr

Maria-Evangelina Salinas Escobar, Professeure de Géographie à l’Université de Guadalajara

evangelina.salinas@administrativos.udg.mx

François-Olivier Seys, Professeur de Géographie à l’Université de Lille

francois-olivier.seys@univ-lille.fr

Bibliographie

CALDERON BONY Frida, ODGERS ORTIZ Olga, RIVERA-SANCHEZ Liliana, 2017, L'entrelacement des réseaux migratoires et confessionnels dans le champ migratoire Mexique/États-Unis, in Espace, Populations, Sociétés 2017-2.

GALINDO Carlos et ZENTENO René, 2014, La cambiante y constante migración México-Estados-Unidos, Los Mexicanos : un balance del cambio demográfico, dir. Cecilia Rabell Romero, pp. 445-475.

GARCIA Jenny et MESLE France, 2024, Spatial Differences in the Latin American Health Transition, in Espace, Populations, Sociétés 2023/3-2024/1

INEGI, 2023, Seminario la información estadística de la población mexicana en el exterior, disponible en https://www.inegi.org.mx/eventos/2023/innametra/#:~:text=a)%20La%20poblaci%C3%B3n%20mexicana%20residente,millones%2C%20hacia%20el%20a%C3%B1o%202020.&text=b)%20La%20poblaci%C3%B3n%20mexicana%20nacida,a%20Estados%20Unidos%3A%2011.7%20millones.

INEGI, 2025. Indicadores de la población. Consulta realizada el 20 de marzo de 2025, disponible en https://www.inegi.org.mx/temas/estructura/.

MIER Y TERRAN Marta, 2014, Pautas Reproductivas : la escolaridad y otro elementos explicativos, Los Mexicanos : un balance del cambio demográfico, dir. Cecilia Rabell Romero, pp. 306-349.

PARTIDA BUSH Virgilio, 2014, De los deplazamientos del campo a la cuidad a los translados intraurbanos, Los Mexicanos : un balance del cambio demográfico, dir. Cecilia Rabell Romero, pp. 389-446.

SANCHEZ-GARCIA C., DEL VAL BLANCO J. et ZOLLA C. (coords.), 2021, Estado del Desarrollo Económico y Social de los Pueblos Indígenas de Michoacán, Mexico PUIC-Secretaría de Asuntos Indígenas, 620p.

SEBILLE Pascal, DEMORAES Florent, GUERIN-PACE France, 2023, Historia migratoria de la población mexicana de hoy: modelos migratorios regionales. Estudios Demográficos Urbanos y Ambientales (Éd.), La Odisea de las Generaciones: de las historias de vida a los territorios, Mexico : El Colegio de México,

VALETTE Jean-François, PECOUT Hugues et GUERIN-PACE France, 2022, Caracterizar las desigualdades territoriales en la Zona Metropolitana del Valle de México a través de la movilidad residencial y cotidiana, in Trace (Travaux et recherches dans les Amériques du centre), pp. 113-153.

ZAVALA Maria Eugenia, 2014, La transición demográfica de 1895-2010, Una transición original ? Los Mexicanos : un balance del cambio demográfico, dir. Cecilia Rabell Romero, pp. 80-114.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search