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Clôture de l’appel à résumés : lundi 1er décembre 2025 inclus.
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Date limite d’envoi des articles : lundi 27 avril 2026 inclus.
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Stéphane Ondo Ze, Dr en géographie politique, UMR PRODIG, Centre d'Etudes et de Recherche en Géosciences Politiques et prospective (CERGEP) et laboratoire Habiter (U.R. 2076).
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Lucile Médina, PR en géographie du développement, Université Paul Valéry Montpellier, UR LAGAM.
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Régis Hounkpé, Enseignant au sein du Master géopolitique de l’Université de Reims.
Le 1er forum de l’ONU sur la société civile, organisé à Nairobi en mai 2024, a marqué une étape importante dans la reconnaissance du rôle des acteurs non-étatiques dans la gouvernance mondiale. Il a affirmé l’influence croissante de ces derniers dans les négociations internationales et la régulation globale. Longtemps dominées par les États et des groupes économiques globalisés, les dynamiques géopolitiques se sont réorganisées notamment autour d'une pluralité d'acteurs : groupes de réflexion, diasporas, organisations non gouvernementales (ONG), confréries religieuses et collectifs de militants engagés dans des luttes sociales, environnementales ou politiques, etc. Regroupés sous le terme générique d’Organisations de la Société Civile (OSC), ces acteurs reconfigurent profondément et de façon multiscalaire, les dynamiques spatiales.
Les OSC ont fait l’objet d’innombrables analyses et publications, à tel point qu’on pourrait légitimement s’interroger sur l’apport d’une nouvelle contribution sur ce sujet. Pourtant, les transformations récentes de leurs modes d’action, de leur influence transnationale et de leur rapport aux États imposent de renouveler les approches et d’examiner ces dynamiques sous un angle critique et spatial. Il s’agit de dépasser une approche normative qui ignore la diversité des réalités sociopolitiques et spatiales que recouvrent ces organisations (Enjolras, 2005).
Dans les années 1990, la Banque mondiale a institutionnalisé les OSC comme des partenaires privilégiés du système d’aide au développement destiné aux pays du Sud. Dès lors, la notion de société civile a été principalement associée aux politiques de développement et à la coopération internationale, au détriment des dynamiques locales émergentes et autonomes (« bottom-up ») (Merklen, 2009). Cette approche, largement portée par les discours institutionnels sur la gouvernance mondiale, a marqué les politiques de développement des années 1990 et 2000. Elle tendait à homogénéiser la société civile en occultant la diversité des engagements politiques et sociaux, pourtant profondément ancrés dans les territoires et les réseaux transnationaux.
Souvent reconnues officiellement par les Etats, les dynamiques d’action des OSC s’inscrivent parfois dans une logique complémentaire à ceux-ci. Toutefois, certaines de ces organisations ont depuis cherché à contourner leur autorité échappant ainsi à une simple intégration dans les mécanismes étatiques traditionnels. Se posant alors en contre-pouvoir, elles revendiquent une autonomie stratégique, parfois en adoptant une posture anti-étatiste et globalisée (Holloway, 2005). En s’organisant en marge ou en parallèle des cadres institutionnels étatiques (Thiriot, 2002), ces acteurs développent une dialectique propre. Ils établissent des stratégies géopolitiques et influencent les débats politiques majeurs en imposant des agendas alternatifs ou en impactant directement les décisions politiques et économiques à différentes échelles. Leur action participe des processus politiques, favorise la circulation d’innovations, de bouleversements géopolitiques et des transformations socio-économiques (Blum, 2017), parfois au point de questionner le rapport au politique ainsi que les principes fondamentaux des relations internationales (Dozon, 2013). Acteurs polymorphes, ils incarnent le « cinquième » pouvoir (Ramonet 2014, Menissier 2014), face aux pouvoirs institutionnels (législatif, exécutif et judiciaire) et aux médias traditionnels.
Les OSC réinvestissent et reconfigurent l’espace public en s’émancipant des structures étatiques et économiques classiques, souvent trop statiques et codifiées (Rangeon, 1986) Elles redessinent ainsi des territorialités politiques et sociales (Raffestin, 1980), façonnant de nouveaux espaces d’action qui ne se limitent plus aux cadres institutionnels traditionnels. En parallèle, elles tissent des liens et développent des circulations transnationales, qui remplacent les frontières rigides du politique et contribuent à la fluidité de leurs mobilités et réseaux (Retaillé, 2005). Cette redéfinition spatiale du pouvoir transforme les modes d’action collective et les stratégies d’engagement (Gervais-Lambony, 2012), inscrivant les OSC dans une dynamique d’adaptation et de convergence des mobilisations - des luttes - à l’échelle globale.
L’émergence de ce cinquième pouvoir traduit ainsi une réappropriation citoyenne de l’espace public et une diversification des modes d’action collective des OSC, capables de structurer des mobilisations autonomes à différentes échelles. Pourtant, la notion de société civile reste souvent enfermée dans des lectures institutionnelles et occidentalo-centrées. Leclerc-Olive (2013) souligne l’illusion d’une théorie unique applicable à tous les contextes, tandis que Daniel et Neubert (2021) insistent sur l’importance des « cas inhabituels », qui enrichissent les cadres théoriques en s’affranchissant des modèles conventionnels.
Cet appel à contributions pour ce numéro thématique de la revue L’Espace Politique renouvelle l’analyse de la société civile en valorisant la diversité des OSC et l’impact qu’elles peuvent avoir dans les Suds, notamment en matière de gouvernance des territoires, de développement économique et social, d’influence sur les politiques publiques et de reconfiguration des processus multilatéraux de coopération. Il met également en lumière les dynamiques spatiales et multiscalaires qui structurent l’action de ces organisations, ainsi que les processus de diffusion de leurs pratiques et modèles d’intervention à travers différents contextes géopolitiques. Il s’appuie sur une approche interdisciplinaire combinant géopolitique critique, études sur le développement, sciences politiques et sociologie des mouvements sociaux. Ce numéro thématique explore les mutations à l’œuvre dans la nébuleuse des OSC des Suds et leur influence sur les rapports de pouvoir multiscalaires. Il souhaite mettre en avant les stratégies multiscalaires de ces organisations, territoriales et médiatiques, essentielles à la transformation des espaces politiques, économiques et sociaux. Au-delà des enjeux émergents au cœur de l’action de ces OSC (changement climatique, justice sociale, souveraineté numérique), ce numéro thématique examine comment ces mobilisations redéfinissent la gouvernance des territoires et des sociétés des Suds.
Cet appel s’articule autour de quatre axes principaux, non-exclusifs, qui pourront susciter réflexions et propositions :
Cet axe analyse comment les sociétés civiles des Suds naviguent entre les échelles d’actions et de légitimation, en reconfigurant à la fois leurs territoires d’intervention et les cadres institutionnels globaux, c’est-à-dire les institutions ainsi que les règles, les processus et les normes qui les structurent. Leurs revendications, ancrées dans des réalités locales, circulent via des réseaux transétatiques et transnationaux en restructurant des rapports de pouvoir multiscalaires (Rosière 2020). La montée du ressentiment envers la politique française en Afrique illustre ces dynamiques postcoloniales, marquées par des revendications de souveraineté et de justice économique. Ces dynamiques illustrent également une logique de décentrement, se dégageant des perspectives des Nords pour s’orienter vers des considérations et des mobilisations endogènes. C’est le cas avec l’influence des luttes féministes et sociales issues des Suds, qui impactent les Nords à travers la circulation des symboles, des revendications et des cadres théoriques. La quatrième vague féministe en Amérique latine avec des mouvements tels que Ni Una Menos témoigne de l’imbrication des luttes locales et globales, notamment avec les foulards verts, symboles des revendications pour le droit à l'avortement, qui ont conduit à des avancées législatives en Argentine, qui ont essaimé jusqu’au nord du continent américain.
Cet axe invite à explorer les nouvelles formes d’expression empruntées par les sociétés civiles des Suds pour articuler et diffuser leurs revendications. L’hypothèse centrale est que les sociétés civiles des Suds développent des stratégies d’expression innovantes et sensibles pour articuler leurs revendications, en mobilisant des formes artistiques et numériques. Entre performances artistiques, créations numériques, campagnes médiatiques et mobilisations communautaires, ces formes variées témoignent de leur sensibilité et de leur créativité face à des contextes souvent contraints. Les médias numériques, alternatifs et privés jouent un rôle clé dans les mobilisations citoyennes des Suds. Les réseaux sociaux, en particulier, fédèrent les communautés et structurent les mobilisations transnationales. Toutefois, la manipulation des algorithmes, illustrée par le scandale Cambridge Analytica au Gabon et au Kenya, accentue les risques de polarisation politique, idéologique et affective. Ces polarisations conduisent à des tensions qui parcourent l’ensemble de la société avec des conséquences graves sur l’intégration sociale et la solidarité entre les citoyens d’un État ou d’un ensemble politique (Leblanc, 2023). Parallèlement, les médias privés ou financés par des États tiers redéfinissent l’espace d’expression tout en soulevant des enjeux éthiques liés à la désinformation et à la gouvernance numérique. Quels sont les nouveaux modes d’expression des sociétés civiles des Suds ? Comment les outils numériques et artistiques transforment-ils les stratégies de mobilisation face aux contraintes politiques et médiatiques ? Quel rôle jouent les médias alternatifs et privés dans la structuration des mobilisations ?
Les sociétés civiles des Suds diversifient leurs sujets de mobilisation, reflétant les mutations sociales et politiques contemporaines. Si la démocratie a historiquement occupé une place centrale, d'autres enjeux s'imposent aujourd'hui avec une intensité croissante. Les luttes environnementales prennent une ampleur mondiale, que ce soit à travers la protection des ressources naturelles ou la dénonciation des politiques extractivistes. Les revendications culturelles, souvent ancrées dans la préservation des identités et des droits autochtones, s'articulent avec des enjeux politiques et sociétaux, comme l'égalité de genre ou les droits des minorités notamment dans l’accès aux ressources foncières (Yameogo 2016 ; Ramutsindela 2001). Par ailleurs, les débats monétaires et économiques, notamment sur la souveraineté financière ou les injustices fiscales, mobilisent également des communautés à diverses échelles (Pigeaud et Sylla 2024). Dès lors, ces mobilisations s’inscrivent dans des espaces de lutte pluriels, allant des territoires locaux, où les communautés organisent des résistances face aux projets extractivistes, aux arènes internationales, où elles influencent les négociations politiques et économiques sur les bouleversements climatiques. Elles se déploient également à travers des réseaux transnationaux. Cet axe explore ces champs de mobilisation variés ainsi que la manière dont ceux-ci redéfinissent l’agenda des sociétés civiles et façonnent leurs interactions avec les cadres globaux.
Cet axe explore les dynamiques d'influence auxquelles les sociétés civiles des Suds sont confrontées et questionne leurs relations aux États. Les États exercent souvent leur influence par des mécanismes tels que le financement, la formation d’élites ou l’utilisation des outils numériques. En Chine, la société civile fait face à une répression systématique et à un renforcement des contrôles limitant sévèrement les libertés d'association et d'expression. L’arrestation de figures comme Xu Zhiyong ou Ding Jiaxi, pour avoir prôné des réformes sociales, illustre la brutalité d’un régime déterminé à étouffer toute mobilisation citoyenne. La censure, combinée à une surveillance numérique avancée, contraste fortement avec les dynamiques observées dans d'autres parties de l'Asie. À l’inverse, au Sénégal, le pouvoir politique s’appuie sur sa diaspora et les confréries religieuses pour asseoir sa légitimité, illustrant une interaction plus collaborative entre société civile et État (D’Angelo 2013 ; Diagne 2011). Enfin, le sommet Afrique-France tenu à Montpellier en octobre 2021 et le programme étasunien Young African Leaders Initiative (YALI), bien qu’affichant des objectifs inclusifs, sont parfois perçues comme des instruments de soft power, alignant les élites locales sur des stratégies géopolitiques extérieures. Cet axe invite ainsi à examiner ces dynamiques relationnelles, ces influences multiformes et leurs impacts, tout en interrogeant l’autonomie des sociétés civiles par rapport aux Etats.
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Clôture de l’appel à résumés : le lundi 1er décembre 2025 inclus
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Retour aux auteurs : mi-janvier 2026
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Date limite d’envoi des articles : le lundi 27 avril 2026 inclus
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Publication : décembre 2026
Les articles ne doivent pas dépasser 60 000 signes (espaces non compris) et respecter les normes de publication de L’Espace Politique [En ligne http://espacepolitique.revues.org/1302].
Article à envoyer à : ondozestephane13@gmail.com, lucile.medina@univ-montp3.fr