Avant-propos
Foreword
Texte intégral
- 1 Italo Calvino (1923-1985), « Des bons et des mauvais usages politiques de la littérature », confére (...)
Justement du fait de l’individualisme – de la solitude – de son travail, l’écrivain peut parfois explorer des zones que personne n’a encore explorées, à l’intérieur de lui ou au-dehors ; il peut lui arriver de faire des découvertes qui, tôt ou tard, deviendront pour la conscience collective des domaines essentiels1.
Italo Calvino
- 2 Extrait du récit de Rime Fetnan.
- 3 Diversité condensée ci-après dans le terme générique « Humanités ».
1« Mais alors qu’est-ce que vous faites là ? » s’étonne une conseillère de Pôle emploi devant qui une jeune femme vient de brandir son titre de « docteure » après avoir argumenté, en vain, contre l’initiation au traitement de texte qui lui est présentée comme obligatoire mais qu’elle juge inutile après « six années passées à rédiger un manuscrit de 450 pages2 ». La question est emblématique d’une situation d’incompréhension et de méconnaissance que voudrait éclairer ce numéro hors-série de la revue Essais, à partir de récits dont les auteur·es sont des docteur·es en arts, lettres, langues, sciences humaines, politiques ou sociales3. Tous interrogent un faire : qu’est-ce qu’une thèse ? – et un faire là : à quel emploi peut prétendre le ou la titulaire d’une thèse dans le monde d’aujourd’hui ?
2Initié par une docteure des années 1990, rédigé par des diplômé·es du siècle suivant, le volume a pris forme dans le dialogue avec la jeune génération des doctorant·es membres du comité de rédaction de la revue en 2021. Cette expérience éditoriale est évoquée dans un texte collectif, que l’on trouvera à la suite de l’avant-propos. Se confronter à son propre avenir n’était pas facile, d’autant moins que les désillusions rapportées dans les récits de docteur·es sont nombreuses. Gageons que cette tâche, qui a été assumée avec sérieux et lucidité, est la plus belle preuve que le goût de la recherche reste entier – et que la société aurait tout à gagner à lui faire digne place.
- 4 Site de relais et de production d’informations sur l’ESR créé en 2020 par Julien Gossa, MCF spécial (...)
3À l’origine du volume, il y a en effet ce savoir partagé par les enseignants-chercheurs habilités à diriger les travaux des futur·es docteur·es : le titre octroyé par la soutenance d’une thèse n’ouvre plus les mêmes horizons. Il suffit pour s’en convaincre de consulter le document intitulé L’entrée dans la carrière des enseignants-chercheurs mis en ligne en septembre 2021 par la « Conférence des praticiens de l’enseignement supérieur4 ». On peut y lire que le nombre d’enseignants-chercheurs titulaires a baissé alors même que le nombre d’étudiant·es augmentait, conséquence prévisible du baby boom de l’an 2000 :
L’entrée dans la carrière des enseignants-chercheurs, Julien Gossa, Florent Pignon, édition 2021.
- 5 L’ensemble des EC titulaires est ici constitué des maîtres de conférence et professeurs d’universit (...)
2009 |
2019 |
|
EC titulaires |
56 240 |
55 538 |
Étudiants (milliers)5 |
1518 |
1784 |
- 6 Lire par exemple l’« Appel aux enseignants-chercheurs » du 18 juin 2021, lancé par la CP-CNU (Commi (...)
4Certes, un·e docteur·e ne doit pas être promis·e à un seul avenir. Mais force est de constater que celui de la recherche s’est assombri, de nouveaux statuts précaires ayant été créés, qui plus est, en plein confinement, par la loi du 24 décembre 2020 de programmation de la recherche pour les années 2021 à 2030 (LPR)6. Le monde du travail manque singulièrement d’appétence, quant à lui, pour les formations par la recherche. Il semble donc urgent de reprendre la main sur la forme de storytelling du show médiatique « ma thèse en 180 secondes », qui promeut performance orale et brièveté, mais peine à faire exister bien d’autres enjeux.
- 7 Citation relevée par Patrícia Souza Silva dans l’article « Allocataires et moniteurs en sciences hu (...)
- 8 Lindsay Waters, L’Éclipse du savoir, tr. J.-J. Courtine, Paris, Allia, 2008. La conférence prononcé (...)
- 9 L. Waters, L’Éclipse du savoir, op. cit., p. 71.
5Rejoindre l’université ne semblait pas une chimère, à qui avait bénéficié de financements publics pour ses longues études, dans les années 1990. Les listes de candidats pour un même poste d’enseignant-chercheur n’étaient pas si longues, même si le ministère anticipait déjà une « crise de l’emploi » dans son « Rapport sur les études doctorales » de 1995, une faible proportion annuelle d’« insertions professionnelles “stables” » incitant à mettre en garde contre l’« effet cumulatif » d’une telle situation : la création d’un « “bourrelet” [sic] de docteurs7 ». Les listes des publications pour un même candidat n’atteignaient pas non plus les proportions d’aujourd’hui. N’existait pas encore la pression constante du publish or perish, approche comptable de la recherche qui a encouragé à écrire beaucoup, sans trop savoir pour qui et pourquoi, dans un temps de plus en plus court. Un haut responsable des Presses de l’Université de Harvard, Lindsay Waters, devait en dénoncer les effets pervers dès 2004 dans un essai intitulé Ennemies of Promise. Publishing, perishing, and the Eclipse of Scholarship. J’ai reçu Lindsay Waters à l’Université Bordeaux Montaigne, peu après la parution de la traduction française de l’ouvrage8. Il était venu raconter combien les logiques quantitatives nuisaient à la production des savoirs ; il mettait en garde l’université française qui semblait tentée par une même logique, et qui se trouvait d’ailleurs à l’arrêt depuis des mois, protestant contre les perspectives de précarisation et de mise en concurrence des chercheurs. C’était au printemps 2009 : un représentant de l’une des plus prestigieuses universités américaines faisait entendre une parole forte dans un amphithéâtre abandonné ; il était déjà trop tard, nous étions en train de perdre la bataille contre « la révolution gestionnaire9 ». La scène me revient en mémoire aujourd’hui, comme le mauvais présage de récits d’outre-thèse qui en constituent une suite logique, pour le pire – l’éclipse avérée, socialement, des savants – et le meilleur : celui ou celle qui sait raconter possède un réel pouvoir, qu’il s’agit ici d’utiliser pour remettre les docteur·es en pleine lumière.
- 10 Les auteur·es des récits qui constituent le présent volume citent par exemple l’Association Nationa (...)
Il existe bien des moyens de se projeter outre-thèse, c’est-à-dire au-delà des années de formation, dans ce que l’on a l’habitude d’appeler le monde du travail. Le récit est porteur d’un savoir spécifique, susceptible d’alimenter la réflexion collective, initiée ici ou là10, et de la compléter.
6Statistiquement, le doctorat est attractif.
- 11 « Doctoral Education in Europe : approaches and institutional structures », Alexander Hasgall, Breg (...)
- 12 « Une insertion et des conditions d’emploi des docteurs plus favorables pour les diplômés de 2016 p (...)
- 13 Cet infléchissement a fait l’objet d’une précédente publication : « Fort impact de la crise sanitai (...)
Les indicateurs font état d’une augmentation considérable (+ 56 %) du nombre de nouveaux docteur·es en Europe : ils ou elles étaient 158 000 en 2000, 247 000 en 201211. En ce qui concerne la France, une publication récente sur le site du ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation indique qu’environ « 14 000 docteurs sont diplômés chaque année12 ». Le titre de la publication est par ailleurs très encourageant : « Une insertion et des conditions d’emploi des docteurs plus favorables pour les diplômés de 2016 par rapport à ceux de 2014 ». Dans le détail se profile toutefois une réalité plus contrastée. Le haut chiffre de « 14 000 diplômés » est relativisé par une note de bas de page qui précise « Hors crise sanitaire. En 2020, seuls 11 800 doctorants ont obtenu leur diplôme13 » : l’écart suffit à confirmer les effets délétères produits par la fermeture des universités, pendant des mois, dans une indifférence générale assez préoccupante. Le premier gros titre intérieur invite aussi à l’optimisme : « En décembre 2019, trois ans après l’obtention de leur doctorat en 2016, 93 % des docteurs occupent un emploi, soit un taux en progression de 2 points par rapport au taux d’insertion en décembre 2017 des diplômés 2014 ». Mais le constat n’en finit pas d’être nuancé au fil des pages :
- 14 Note d’information du SIES, n° 21, septembre 2021, op. cit., p. 4 et 6.
Néanmoins l’emploi n’est pas toujours à durée indéterminée puisque seul un docteur sur deux occupe un emploi stable un an après l’obtention du doctorat. Trois ans après la soutenance de leur thèse, cette proportion est de deux sur trois (+1 point par rapport à la promotion 2014). […]
Le contraste est toujours marqué selon le secteur d’emploi : 55 % des docteurs occupant un emploi dans le secteur académique ont signé un contrat à durée déterminée, notamment en post-doctorat contre 30 % des docteurs travaillant dans le public hors secteur académique. […]
Nombreux à réaliser leur thèse en étant déjà en emploi, 92 % des docteurs en sciences humaines et humanités occupent un emploi à trois ans, soit 1,6 point de plus que la promotion 2014. Les conditions d’emploi des diplômés 2016 se sont améliorées par rapport à celles des diplômés 2014. Pour 7 docteurs sur 10, l’emploi est stable (+ 1,6 point) et 92 % sont classés au niveau cadre (+6 points). Toutes les disciplines ont vu leur proportion de cadres augmenter. Toutefois, cette proportion reste 4 points en deçà de celle des docteurs toutes disciplines confondues. […]
Le taux d’insertion des femmes progresse plus lentement que celui des hommes14. »
7Au fil des précisions, apparaît une diversité à laquelle l’approche statistique ne peut concéder qu’une place restreinte. La forme narrative permet une autre saisie de la réalité des jeunes diplômés.
- 15 Voir citation placée en exergue.
Toute personne qui écrit n’est certes pas un « écrivain » au sens artistique du terme, mais comme le souligne l’un des grands maîtres du récit, l’italien Italo Calvino, la solitude (de qui se raconte) est favorable à l’exploration de « zones que personne n’a encore explorées15 ».
- 16 On citera en particulier, dans le domaine de la littérature, la narratologie que Gérard Genette inv (...)
- 17 Pierre Bourdieu se revendique en l’occurrence « de romanciers tels que Faulkner, Joyce ou Virginia (...)
8Les recherches menées depuis les années 197016 ont permis de préciser la forme de savoir spécifique attachée au geste narratif. Raconter revient à configurer un certain espace-temps et à déterminer un certain point de vue sur le monde. L’on pourra objecter que la connaissance ainsi partagée est subjective. Si l’on entend par là qu’elle est assumée par un sujet qui a pleine conscience de son geste de soustraction (d’une réalité singulière, prélevée sur un ensemble considérablement plus vaste), on en déduira sans crainte que le récit éclaire précisément les sujets eux-mêmes, donnant à voir et à entendre les multiples facteurs constitutifs de destins individuels : l’état d’esprit ou l’âge des diplômé·es, leur solitude ou sociabilité, la part de rêve qu’ils associent ou non à la notion de « réussite » et éclaire leur ambition ou résignation, le regard des contemporains, les usages (les sociétés anglophones ont plus de considération pour le PhD « philosophiae doctor »), les corps alertes ou entravés, les lieux ou non-lieux de vie. Ces visions subjectives sont prises qui plus est dans un dispositif propre, celui du vis-à-vis : le récit est toujours double, constitué d’un monde narrant et d’un monde narré ; c’est une forme dialogique. Il en découle une nécessaire complémentarité des points de vue, mais aussi leur complication, autant de caractéristiques qui intéressent directement la perception d’une réalité sociale aussi complexe que celle d’un devenir professionnel. Ce « perspectivisme » est d’ailleurs ce que revendique un sociologue comme Pierre Bourdieu, soucieux « d’abandonner le point de vue unique, central, dominant, bref quasi divin, auquel se situe l’observateur » au profit de « l’expression des mêmes réalités dans des discours différents, parfois inconciliables17 ».
9Les enjeux de récits introspectifs sont immédiatement perceptibles dans le titre même du présent volume : « outre-thèse » a fait débat dans le comité de lecture, les chercheurs de langue (ou plutôt de lecture) maternelle française associant un horizon beaucoup plus sombre à l’expression (immédiatement reliée à l’outre-tombe des Mémoires de Chateaubriand) que les chercheurs d’autres cultures. Ce débat est emblématique d’une charge imaginaire qu’explore la forme narrative. Celle-ci apporte ainsi l’éclairage de ses questions propres, parmi lesquelles celle du rôle joué par le langage dans l’appréhension du réel n’est pas la moindre : la condition des docteur·es sera appréciée différemment selon qu’il sera fait usage d’un langage abstrait ou concret, spécialisé ou vulgarisateur, cultivant ou redoutant la novlangue, selon que la langue utilisée semblera pauvre ou poétique.
- 18 Chiffres donnés en 2014 pour les promotions 2010, 2011, 2012 et 2013 par l’Observatoire des étudian (...)
10Il est possible de donner une idée de ces différences, c’est-à-dire d’esquisser la complémentarité des mondes reconstitués par des statisticiens d’un côté, des narrateurs de l’autre, en comparant les réponses apportées à une même question par l’Observatoire des étudiants de l’Université Bordeaux Montaigne et les contributions (neuf sur vingt recueillies dans ce volume) de diplômé·es de la même université. Cette question est la première que pose l’enquête statistique (confortée par un fort taux de participation, entre 69 % et 81 % des sondés) : « Qui sont les docteurs de l’Université Bordeaux Montaigne ? ». Les premières réponses révèlent des outils de catégorisation bien connus : légère majorité de femmes ; 42 % d’étrangers ; âge moyen de 36 ans18. Si l’on devait répondre à cette même question à partir des récits réunis ci-après, on verrait apparaître des enjeux bien différents, concernant des mutations intimes :
- 19 Michaël Dion, « Passer son chemin c’est en prendre un nouveau ».
- 20 Damien Plantey, « Un diplôme pour la gloire ? ».
- 21 Emna Kamoun, « Récit d’une docteure en design ».
- 22 Rime Fetnan, « Entre estrangement et sérendipité : première année d’une vie de docteure ».
Le long temps de la thèse emporte avec lui toute la vie, il l’implique intimement dans une métamorphose de l’esprit19.
À défaut de reconnaissance professionnelle, mon titre de docteur me donne la perspective d’une reconnaissance intellectuelle20.
Comment devais-je me présenter ? plutôt comme vendeuse qui fait une thèse ou doctorante en design qui construit sa pensée tout en pliant des vêtements et en conseillant des hommes sur leur style21 ?
Moi qui ai passé des années à étudier le concept d’altérité, je suis désormais confrontée à ma propre étrangeté : qui suis-je, quelle est ma place, et quel est mon but une fois le travail accompli22 ?
- 23 Olivier Morin, « Une formation par la recherche ».
- 24 Titre du récit de Maria Gabriela Dascalakis-Labreze et Anaïs Carrere.
- 25 Nina Mansion, « Une éducation doctorale ».
11Dans les récits la notion même de diplôme est interrogée, par l’association de la thèse à une « aventure » ou à « une expérience au sens empiriste du terme23 ». Le texte à deux voix des « Docteures en situation de handicap » confirme, certes, que « faire une thèse n’est pas une mince affaire, [et] l’est d’autant moins quand on est femme, étrangère, mère, que l’on travaille à plein temps et que l’on est, en surplus, en situation de handicap24 », mais rend plus sensible encore aux processus d’invisibilisation : ce qui retient l’attention, dans ce récit, c’est la richesse de vies intellectuelles qui ne sont ni altérées ni limitées comme pourrait le faire croire la seule mention du « handicap ». Une autre dimension, rarement prise en compte, la solitude, permettrait d’appréhender peut-être avec plus de justesse l’être des diplômés : définie comme une activité « exigeante et absorbante », l’écriture d’une thèse « s’accommode mal de distractions extérieures, même les plus scientifiques d’entre elles. Et que dire d’une vie de famille25 ? ». Qui sait quel intérêt profond une société pourrait trouver dans l’emploi de citoyens ayant fait une expérience si radicale de l’écart – pour peu qu’elle ait conscience que ce faire-là caractérise des docteur.es ?
12Ce ne sont que quelques exemples des déplacements de pensée permis par le recours au récit. L’échantillon bordelais permet d’éclairer par ailleurs la composition même du présent volume : il résulte d’un large appel à communication, mais a aussi été nourri d’une part d’enquête interne. Se trouvent ainsi réunies les contributions de figures familières ou non, proches ou lointaines, connues ou inconnues, voire éprouvant le besoin d’être protégées par le recours à des pseudonymes.
Une approche chorale du devenir des docteur·es dans le monde répond au désir de rendre compte de la coexistence de différents points de vue. L’agencement des récits individuels n’en crée pas moins une certaine vision de la réalité dont il convient de présenter in fine les grandes lignes.
13L’appel à contribution spécifiait que la forme de récit était libre. Les seules contraintes concernaient la position des auteur·es, dont il était attendu un certain recul sur leur discipline ou expérience propre, qu’il importait de rendre compréhensible à des non spécialistes dans un contexte pluridisciplinaire. Un horizon commun était par ailleurs posé : il fallait proposer une réflexion sur la formation reçue, la société contemporaine étant plutôt mal informée en matière de doctorats. Si ces composantes se retrouvent dans une majorité de textes, c’est un autre élément qui s’est imposé à la lecture, à savoir la difficulté à satisfaire un projet professionnel.
- 26 Le nombre de « doctorants bénéficiant d’un financement dédié pour la thèse » en « Sciences humaines (...)
14Cette difficulté est traduite par le titre donné au premier ensemble de récits : « Colères ». Ces textes mettent en évidence un phénomène assez préoccupant : la disparition, aussi bien des contenus que des individus. C’est un risque que l’avenir peau de chagrin de la recherche fait peser sur ceux et celles qui projetaient d’en faire leur métier, confortés qui plus est par l’obtention difficile de financements publics pour leur formation26. L’auteur anonyme du récit qui ouvre le volume explique ainsi le choix de son propre effacement : « J’ai requis l’anonymat, car la précarité n’a jamais été favorable à la prise de parole, et l’on n’est jamais trop prudent » ; et il évoque d’autres biffures, en conclusion : « Le lecteur s’indignera peut-être de n’avoir rien trouvé dans ce texte qui ait trait aux qualités intellectuelles et morales du bon chercheur, ou à la qualité de ses recherches ». C’est qu’en « régime néolibéral », explique-t-il, d’autres « qualités » l’emportent : l’absence d’attaches (il faut pouvoir s’inventer un avenir partout dans le monde), le « mental d’acier » (nécessaire pour affronter « le marathon de la précarité scientifique »), la capacité à « se vendre » ou à séduire, à faire de bons choix stratégiques, la chance, même. Un individu diplômé « bac+10 » qui se découvre chômeur à 38 ans ne satisfait guère le goût des success stories prêté au monde contemporain. Mais la réalité est sombre, suggère le titre du deuxième récit : « Comment les restrictions budgétaires à l’Université brisent des vies professionnelles ». Celui-ci est signé d’un pseudonyme créé le 20 mars 2020, pour des raisons qui méritent d’être rappelées :
- 27 Laboratoire Cogitamus, « Havre de recherche » : https://www.cogitamus.fr/camille.html, consulté le (...)
Camille Noûs est un individu collectif qui symbolise notre attachement profond aux valeurs d’éthique et de probation que porte le débat contradictoire, insensible aux indicateurs élaborés par le management institutionnel de la recherche, et conscient de ce que nos résultats doivent à la construction collective. C’est le sens du « Noûs », porteur d’un Nous collégial mais faisant surtout référence au concept d’« esprit » ou d’« intellect » (« νοῦς ») hérité de la philosophie grecque27.
15La forme de violence racontée dans les premiers récits s’exerce sur des individus isolés, fragilisés par une concurrence que n’expliquent ni les pratiques de la recherche rappelées ci-dessus, ni les besoins accrus de formations par la recherche (augmentation déjà évoquée, de près de 300 000 étudiant·es, dans les universités françaises, entre 2009 et 2019). La colère naît d’un manque de reconnaissance, de la sensation forte d’avoir été abandonné par la République, comme l’écrit Damien Larrouqué, docteur en Sciences politiques contraint à l’expatriation, alors même qu’il souhaiterait travailler en France pour « rendre à la société une part des investissements et de la confiance qu’elle a placés en [lui] ».
- 28 http://blog.educpros.fr/doctrix/2021/01/12/temoignage-dun-rescape-par-charles-bosvieux-onyekwelu/, (...)
16Il n’est pas anodin d’ouvrir le volume sur une telle rubrique. C’est une façon de prendre acte d’une situation que décrit Charles Bosvieux-Onyekwelu, jeune recrue du CNRS, dans une tribune au titre explicite, « Témoignage d’un rescapé » : « Représentons-nous l’Université comme un navire en train de couler. Beaucoup de titulaires, qui sont dans les salons du haut pas encore immergés, ne comprennent pas (ou pas “with full understanding”) que, dans les soutes du Titanic, l’air commence à manquer28 ».
- 29 Voir « L’ERC dans l’horizon 2020 » : https://www.horizon2020.gouv.fr/cid72629/erc.html, consulté le (...)
- 30 Citation de David Graeber, Bullshit jobs (tr. E. Roy, Les Liens qui libèrent, 2018), donnée dans le (...)
17La seconde rubrique s’intéresse aux conditions de suffocation faites aux jeunes chercheurs. Son titre « Do we care? » est un écho ironique à la façon dont « l’excellence », au nom de laquelle le monde de la recherche a été mis sens dessus dessous ces dernières décennies, s’est mise à parler anglais, c’est-à-dire à cesser de prendre soin des mots (usant le plus souvent d’un mauvais Global English), alors même qu’un nouvel espace de recherche venu du monde anglo-saxon se déployait, les études du care – « soin » étant sans doute trop clairement solidaire pour avoir droit de cité U. Les textes réunis répondent aux deux traductions possibles de cette rubrique. Prenons-nous soin des docteur·es ? Célia Cristia, psychologue clinicienne, répond en prenant le recul des années de formation pour mettre en évidence des « souffrances et vulnérabilités » liées au « processus doctoral » lui-même, qu’il serait bon de reconsidérer du point de vue des relations humaines. Nous préoccupons-nous du sort des docteur·es ? Les auteur.es anonymes du second récit donnent des exemples de mauvais usages liés aux emplois précaires, les bullshit jobs (tâches administratives déléguées par les titulaires, traduction ou rédaction au noir d’appels à projet et de dossiers d’évaluation, vacations chronophages) qui sont exercés dans l’espoir d’être recruté un jour, et qui entretiennent surtout le découragement et l’insécurité financière. Le troisième récit s’inscrit dans l’espace où les millions coulent à flot, celui des projets de recherche européens, auxquels peuvent participer des docteur·es pour une durée déterminée. Sur le site du ministère, on peut lire que « L’ERC [European Research Council] finance l’excellence scientifique à la frontière des connaissances29 ». Dans le texte de Camille Noûs on découvre certes un budget d’excellence (8,5 millions d’euros attribués sur quatre ans) mais aussi des frontières bien étanches, les sciences humaines et sociales faisant l’objet de bien peu d’égards de la part des sciences de la nature, dans un projet parfaitement formaté linguistiquement (« j’adoptais rapidement le lexique en vigueur […] Work, Package, deliverables, incentives »), mais peu pensé du point de vue de l’interdisciplinarité. Ce n’est certes qu’un exemple de grande déconvenue, mais qui mérite d’être mis en perspective avec un chiffre de 2018 cité dans le récit précédent : « les universités européennes auraient dépensé environ 1,4 milliards d’euros par an à préparer des demandes de subvention qui ont été rejetées – des sommes qui, évidemment, auraient pu servir à financer la recherche30 », et peut-être aussi la pratique même d’une recherche aux frontières.
- 31 Italo Calvino, Se una notte d’inverno un viaggiatore [1979], tr. utilisée : Martin Rueff, 2015.
18Ces deux premiers ensembles, consacrés aux conditions de vie et aux idéaux brisés, sont suivis de deux autres, composés de récits qui constituent un échantillonnage des mille et une vies d’outre-thèse susceptibles d’être vécues. Parce qu’ils forment un ensemble infini, il a semblé pertinent de présenter ces récits à l’aide des formules dont s’est servi Italo Calvino, figure tutélaire de ce volume, pour décrire l’opération narrative. Si une nuit d’hiver un voyageur est le titre d’un roman conçu comme un laboratoire du genre romanesque31. Le protagoniste est un lecteur de romans lancé à la recherche des suites de récits qu’il peut lire (ainsi que les vrais lecteurs) mais jamais finir, pour sa (notre) plus grande frustration. Tous les récits interrompus sont dotés de titres qui, mis bout à bout, forment une phrase emblématique d’un désir insatiable de nouveaux récits, le dernier d’entre eux s’intitulant : « quelle histoire attend sa fin là-bas ? ».
- 32 Conventions Industrielles de Formation par la Recherche, qui « représentent 10 % des doctorats fina (...)
19La rubrique « Si une nuit universitaire un·e docteur·e » recueille ainsi des textes dont la tonalité sombre rappelle la façon dont l’écrivain italien met en branle l’imaginaire. La sensation d’égarement domine dans les sept récits rassemblés, qui confrontent à un univers énigmatique, fait de codes secrets et de chausse-trappes, difficilement accessible. S’impose l’image d’une impossible ascension (vers le « Graal » ou « la gloire ») d’individus en proie à l’« estrangement », écrasés par leur « cheminement » laborieux dans le monde de la recherche, comparés à des personnages de Kafka, plongés dans la « forêt obscure » de Dante, contraints de « passer [leur] chemin » ou de bifurquer sans fin. Hélène Bourdeloie évoque ainsi un « parcours doctoral en demi-teinte » qui ne l’a pas préparée au grand désenchantement auquel elle assimile son saut dans l’univers des enseignants-chercheurs sans filet éthique. Jean-François Poisson-Gueffier dit le profond mal être du docteur poursuivant un travail de recherche dans le but de rejoindre un jour l’université, et dont les activités semblent « illicites » à son employeur (l’éducation nationale, en l’occurrence). Patrícia Souza Silva se demande s’il lui fallait vraiment « gravir cette montagne » de la thèse après avoir pris conscience que son travail sur la traduction poétique ne lui garantissait aucun avenir professionnel. Michael Dion se désinvestit, parce qu’il se dit épuisé après un long parcours consacré aux « scénographies » des installations dans les musées, et parce qu’il a « 32 ans, deux enfants » et utilisé tous ses « droits au chômage » ; il fait le triste constat d’une recherche qui se tient « aux abords de la société » et ne lui permet pas d’y trouver une place, ce que confirme à sa façon Candy Jangal, docteure en géographie de la santé. Celle-ci se sentait rassurée d’avoir réalisé sa thèse « en dehors du monde académique » (« les doctorants en CIFRE32 ont souvent plus d’opportunités d’embauche »), mais découvre que son domaine d’études, « la grande pauvreté », n’intéresse guère le monde non-académique. Damien Plantey pourrait se réjouir de son emploi stable, obtenu sur concours, de Bibliothécaire à l’Institut national d’histoire de l’art, mais cet emploi correspond à un niveau « bac +3 » ; son doctorat sur « l’histoire des bibliothèques à la Renaissance » n’est donc pas reconnu. Rime Fetnan, qui fut longtemps un membre actif du comité de lecture de la revue Essais et a été à ce titre incitée à évoquer sa première année de « vie de docteure », résume bien la forme de sidération dans laquelle la « nuit universitaire » (l’absence d’horizon professionnel sûr dans ce « havre que constitue l’université ») plonge ceux et celles qui s’y trouvent confrontés : « Le problème, c’est surtout que je me suis considérée justement et à tort comme une “docteure”, et uniquement comme cela. Le fait qu’un diplôme devienne un statut si totalisant (sans que la reconnaissance, c’est-à-dire une profession, découle de ce statut, contrairement aux médecins par exemple, qui sont docteurs de diplôme et de métier), est en réalité très enfermant ». C’est en s’ouvrant à la « sérendipité » que cette spécialiste de « la déconstruction des identités figées et essentialisées dans le champ de l’art contemporain » espère pouvoir envisager d’autres « possibles ».
- 33 Si l’on en croit les chiffres de la section 18 du CNU, « Architectures et arts », reproduits dans L (...)
20Le dernier ensemble, intitulé « Quelle histoire attend sa fin là-bas ? », fait précisément le pari du possible. Sept derniers récits sont proposés qui disent à la fois de fortes désillusions et un pur plaisir de chercheur qui constitue une force, sur laquelle il semblait important d’attirer l’attention in fine. Maria Gabriela Dascalakis-Labreze et Anaïs Carrere plaident pour une meilleure intégration professionnelle des personnes en « situation de handicap », mais réussissent aussi à partager l’intense curiosité qui les a conduites à faire une thèse sur le « discours des femmes engagées » dans le monde anglophone pour l’une, sur « La reconfiguration des faits dans le discours de presse argentine » pour l’autre. Hassane Mahamat Hemchi éclaire aussi bien les complications liées à des changements de corps et de pays (Tchad, Maroc, France, en l’occurrence) que l’importance d’une thèse en cotutelle sur la mobilité (urbaine, au Tchad) pour « un Sahélien » dont la mère n’est jamais allée à l’école et le père était ophtalmologue au Mali. Emna Kamoun ne cache pas combien fut spartiate sa nouvelle vie de docteure en France, après qu’elle eut quitté un emploi de designer scénographe en Tunisie, dans le monde du luxe, où il lui semblait « perdre le sens de ce qu’[elle] faisai[t] » ; sa thèse sur ce qui « fait événement » permet de comprendre combien une façon de vivre (consistant en l’occurrence à rompre avec son quotidien) peut être soutenue par l’exercice d’une pensée : « ma recherche est une pierre à un édifice en perpétuelle construction ». Olivier Maurin présente sa recherche en histoire moderne comme un « véritable tremplin vers la construction de son identité » aussi bien « professionnelle » que « personnelle ». Aubin Gonzales, docteur en situation de handicap ayant été recruté sur un poste de maître de conférence en Histoire contemporaine, raconte une success story, tout comme Nina Mansion, nouvelle maître de conférence en Histoire et Cultures architecturales, qui fait partie des 4 % de docteurs recrutés dans son domaine33. Il a semblé important de donner voix à ces deux anciens collaborateurs de la revue Essais, pour suggérer que bien d’autres histoires pourraient légitimement attendre des fins similaires. Le premier se prête à un « exercice d’humilité scientifique » consistant à reconstituer toutes les étapes d’une diplomation heureuse et non moins liée à une histoire d’exil singulière, à « des secrets de famille » ; la seconde partage ce qu’elle ne craint pas d’appeler son « éducation doctorale », faite de solitude et de solidarités, qui est venue butter sur « un confinement d’ampleur » avant de déboucher sur le métier convoité d’enseignant-chercheur. C’est aussi celui qu’exerce Mathieu Perrot, mais à l’étranger, où il a fini par décrocher un poste de Professeur Assistant à Lafayette College (Pennsylvanie, USA), après des années de précarité. Son récit prend la forme tragi-comique d’une « Note » de bas de page pour suggérer qu’un docteur est quelqu’un qui a longtemps maintenu sa vie en marge (« Doctorat de bibliothèque, rongé d’angoisses, de certitudes molles, d’amis imaginaires ») et que la société marginalise à son tour. Son propre happy end dote son discours de la force propre aux critiques formulées de l’intérieur. Il ne s’agissait de rien d’autre ici que de donner du volume à ces voix autorisées – dans l’espoir de pouvoir continuer à passer le relais.
Notes
1 Italo Calvino (1923-1985), « Des bons et des mauvais usages politiques de la littérature », conférence donnée en 1976, tr. Michel Orcel et François Wahl, La Machine littérature, Paris, Seuil, 1984, p. 82.
2 Extrait du récit de Rime Fetnan.
3 Diversité condensée ci-après dans le terme générique « Humanités ».
4 Site de relais et de production d’informations sur l’ESR créé en 2020 par Julien Gossa, MCF spécialité informatique à l’IUT de Strasbourg. « L’idée n’est pas de donner un avis supplémentaire, mais de mettre à disposition des ressources » : https://cpesr.fr/lentree-dans-la-carriere-des-enseignants-chercheurs/, consulté le 2 janvier 2022.
5 L’ensemble des EC titulaires est ici constitué des maîtres de conférence et professeurs d’université ; le calcul du nombre d’étudiants ne prend pas en compte les élèves des classes préparatoires ; voir L’entrée dans la carrière des enseignants-chercheurs, op. cit., rubriques 1.6.2 et 1.6.3.
6 Lire par exemple l’« Appel aux enseignants-chercheurs » du 18 juin 2021, lancé par la CP-CNU (Commission permanente du Conseil national des universités) : https://academia.hypotheses.org/32648, consulté le 2 janvier 2022.
7 Citation relevée par Patrícia Souza Silva dans l’article « Allocataires et moniteurs en sciences humaines à la fin des années 1990 », Camille Noûs, Genèses, 2020/2, n° 119, note 5, p. 141-142.
8 Lindsay Waters, L’Éclipse du savoir, tr. J.-J. Courtine, Paris, Allia, 2008. La conférence prononcée à Bordeaux en plein blocage s’intitulait « Figures don’t Lie, But Liars Figure » (mai 2009).
9 L. Waters, L’Éclipse du savoir, op. cit., p. 71.
10 Les auteur·es des récits qui constituent le présent volume citent par exemple l’Association Nationale des Candidats aux Métiers des Sciences Politiques (ANCMSP, Bilan des recrutements MCF en science politique, 2018-2019) ; le numéro de la revue Genèses (2020/2, n° 119) intitulé Pour l’université, pour la recherche ou celui de Tracés. Revue de Sciences humaines (n° 39, 2020) intitulé Documenter l’université en lutte ; ou encore le collectif P.É.C.R.E.S (Pour l’Étude des Conditions de travail dans la Recherche et l’Enseignement Supérieur) auteur du volume Recherche précarisée, recherche atomisée. Production et transmission des savoirs à l’heure de la précarisation, éditions Raisons d’Agir, avril 2011.
11 « Doctoral Education in Europe : approaches and institutional structures », Alexander Hasgall, Bregt Saenen and Lidia Borrell-Damian, European University Association : https://eua.eu/resources/publications/809:doctoral-education-in-europe-today-approaches-and-institutional-structures.html, consulté le 2 janvier 2022.
12 « Une insertion et des conditions d’emploi des docteurs plus favorables pour les diplômés de 2016 par rapport à ceux de 2014 », Note d’information du SIES (Systèmes d’Information et Études Statistiques), n° 21, septembre 2021.
13 Cet infléchissement a fait l’objet d’une précédente publication : « Fort impact de la crise sanitaire sur le nombre de docteurs diplômés en 2020 (-15 %) », Note flash du SIES n° 9, mai 2021.
14 Note d’information du SIES, n° 21, septembre 2021, op. cit., p. 4 et 6.
15 Voir citation placée en exergue.
16 On citera en particulier, dans le domaine de la littérature, la narratologie que Gérard Genette invente au contact du grand récit proustien (Figures III, 1972, Nouveau discours du récit, 1983), ou les travaux du philosophe Paul Ricœur mettant en évidence la fonction « révélante et transformante à l’égard de la pratique quotidienne » du récit de fiction, in Temps et récit 3. Le Temps raconté, Paris Seuil, Points/Essais, 1985, p. 285 ; c’est l’auteur qui souligne.
17 Pierre Bourdieu se revendique en l’occurrence « de romanciers tels que Faulkner, Joyce ou Virginia Woolf », in « L’espace des points de vue », La Misère du monde, P. Bourdieu dir., Paris, Seuil, 1993, p. 9.
18 Chiffres donnés en 2014 pour les promotions 2010, 2011, 2012 et 2013 par l’Observatoire des étudiants, Cellule d’aide au pilotage, Université Bordeaux Montaigne, en collaboration avec l’Observatoire Régional des Parcours Étudiants Aquitains (ORPEA). Les chiffres les plus récents concernent l’année 2014 (voir « Campagne d’évaluation HCERES 2021, École Doctorale Montaigne Humanités ») et donnent une vision du devenir des docteur·es proche de celle du SIES dont la note n° 21 est citée plus haut.
19 Michaël Dion, « Passer son chemin c’est en prendre un nouveau ».
20 Damien Plantey, « Un diplôme pour la gloire ? ».
21 Emna Kamoun, « Récit d’une docteure en design ».
22 Rime Fetnan, « Entre estrangement et sérendipité : première année d’une vie de docteure ».
23 Olivier Morin, « Une formation par la recherche ».
24 Titre du récit de Maria Gabriela Dascalakis-Labreze et Anaïs Carrere.
25 Nina Mansion, « Une éducation doctorale ».
26 Le nombre de « doctorants bénéficiant d’un financement dédié pour la thèse » en « Sciences humaines et humanités » est de 37 % ; voir « L’état de l’emploi scientifique en France [Rapport 2020] », tableau 20, p. 61 : https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/l-etat-de-l-emploi-scientifique-en-france-edition-2020-47826, consulté le 2 janvier 2022.
27 Laboratoire Cogitamus, « Havre de recherche » : https://www.cogitamus.fr/camille.html, consulté le 2 janvier 2022.
28 http://blog.educpros.fr/doctrix/2021/01/12/temoignage-dun-rescape-par-charles-bosvieux-onyekwelu/, consulté le 2 janvier 2022.
29 Voir « L’ERC dans l’horizon 2020 » : https://www.horizon2020.gouv.fr/cid72629/erc.html, consulté le 2 janvier 2022.
30 Citation de David Graeber, Bullshit jobs (tr. E. Roy, Les Liens qui libèrent, 2018), donnée dans le récit de Y.M.&I.M.
31 Italo Calvino, Se una notte d’inverno un viaggiatore [1979], tr. utilisée : Martin Rueff, 2015.
32 Conventions Industrielles de Formation par la Recherche, qui « représentent 10 % des doctorats financés et les financements spécifiques pour doctorants étrangers 15 % » : https://publication.enseignementsup-recherche.gouv.fr/eesr/FR/T744/le_doctorat_et_les_docteurs/, consulté le 22 janvier 2022.
33 Si l’on en croit les chiffres de la section 18 du CNU, « Architectures et arts », reproduits dans L’entrée dans la carrière des enseignants-chercheurs, op. cit., p. 54.
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Référence électronique
Isabelle Poulin, « Avant-propos », Essais [En ligne], Hors-série 7 | 2022, mis en ligne le 01 février 2022, consulté le 30 mars 2023. URL : http://journals.openedition.org/essais/10682 ; DOI : https://doi.org/10.4000/essais.10682
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