Le processus doctoral : entre souffrances et vulnérabilités
The doctoral process: Between suffering and vulnerability
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1L’aventure doctorale en Sciences Humaines et Sociales (même lorsqu’elle est menée dans le cadre d’un contrat doctoral unique), confronte à de multiples précarités. L’isolement et le manque de repères s’avèrent parfois si prégnants qu’ils empêchent les personnes vulnérabilisées d’en parler : pas de groupe de pairs, pas de rythmicité calendaire, pas de lieu de travail, etc. Or, le parcours doctoral est une expérience intense, qui mobilise, pendant plusieurs années de vie, des investissements conséquents (enseignements, terrains, théorisation, communications scientifiques, etc.). De plus, les personnes engagées dans ce parcours sont la plupart du temps de jeunes diplômés, souvent novices dans l’expérience professionnelle et aux prémices de leur vie d’adulte. Le parcours doctoral centralise donc plusieurs enjeux de la vie d’un sujet (pas seulement autour du parcours universitaire), à commencer par son inscription dans un environnement social et professionnel. L’absence de cadre de tels parcours (cadre principalement déterminé – ou non – par un·e directeur·trice de thèse), amène à une vulnérabilité singulière, dans ce moment essentiel du développement identitaire du sujet.
De l’origine du·de la doctorant·e
2L’université fait partie, dans l’inconscient collectif, des sphères intellectuelles les plus élevées. Le caractère public de cette institution lui confère par ailleurs la garantie de l’accessibilité à toutes et à tous, prônant aussi une forme d’universalité dans la diffusion des savoirs. Dans ce contexte, débuter une thèse en France, peut s’apparenter à une forme d’engagement moral, ou bien à une contribution à une sorte d’effort collectif pour l’intellectualisation de la nation.
Débuter une thèse : pour quoi faire ?
- 1 Aurélien Perruchet, Le Doctorat : un investissement rentable ? Approches économiques et sociologiqu (...)
- 2 Dominique Maillard, « Conduites étudiantes dans le système doctoral et modalités d’insertion profes (...)
- 3 Aurélien Perruchet, « Le doctorat : un investissement rentable ? », Approches économiques et sociol (...)
- 4 Ibid., p. 175.
3Dans une recherche publiée en 2008, Aurélien Perruchet met en évidence que « la rentabilité pécuniaire n’est pas le principal motif de la poursuite d’études en thèse »1. Gageons que depuis, ce motif n’est toujours pas la raison principale pour laquelle les étudiant·es s’engagent dans un projet de thèse. Il relève dans son travail d’enquête un désir de poursuivre dans une démarche de formation intellectuelle tout en ayant conscience du manque d’ouverture professionnelle d’une telle entreprise. Déjà en 1997, Dominique Maillard concluait une étude menée auprès de docteurs en sciences exactes en affirmant que « la réalisation de la thèse est davantage un projet étudiant qu’un projet professionnel »2. Aurélien Perruchet rappelle aussi que les conditions socio-économiques des étudiant·es qui débutent une thèse sont un marqueur important : « Les enfants d’ouvriers ont donc moins de chances que tous les autres de poursuivre en thèse »3. Si les analyses menées par l’auteur ont certainement été modifiées ces quinze dernières années, ses propos conclusifs semblent toutefois toujours d’actualité : « Ainsi, tout se passe comme si les doctorants étaient les meilleurs éléments d’un système, l’académie, qui fonctionne suivant des normes et des échelles de valeurs qui lui sont propres. Leur valeur, leurs qualités, sont reconnues par leurs professeurs, qui les encouragent à poursuivre leurs études académiques jusqu’à devenir chercheurs. La désillusion est plus rude encore quand certains d’entre eux s’aperçoivent que le monde de la recherche ne peut leur offrir de poste stable. Il faut alors envisager une reconversion du projet professionnel qui est en général douloureuse »4. L’attribution d’un financement de thèse est un élément décisif dans le choix que font les étudiant·es de poursuivre un parcours de thèse. Celles et ceux qui sont amené·es à engager un doctorat en cumulant des emplois précaires nous amènent toutefois à nous interroger aussi sur l’impact de l’idéalisation de tels itinéraires universitaires…
4D’un point de vue plus psychologique, débuter une thèse, c’est aussi répondre à des injonctions plus ou moins conscientes au sujet de son parcours d’étude, mais aussi son histoire familiale, son appartenance sociale, etc. Dans mon cas, par exemple, l’idée même de débuter une thèse m’était particulièrement inconfortable et, lorsque mes enseignants me l’ont pour la première fois suggérée, je l’ai tout simplement refusée. Il se trouve que mon père a, il y a bien des années de cela, débuté lui aussi une thèse en ingénierie. Or, le fait qu’il ne l’aie, lui, jamais terminée, faisait partie d’un héritage familial que je me refusais à rejouer. « Finir la thèse de mon père : pas question ! » Si l’invitation à poursuivre une carrière de chercheur ne se fait pas totalement au hasard, celles et ceux qui acceptent de se lancer dans cet inconnu ne le font pas non plus sans raison. Ainsi déterminer le « pour quoi faire ? » semble être une réflexion que l’on néglige parfois d’interroger.
Le maître, l’élève
- 5 L’une des plus notable est l’étude de Rosental et Racobson, publiée en 1968, qui décrit ce que les (...)
- 6 Antoine Destemberg, L’honneur des universitaires au Moyen Âge : Étude d’imaginaire social, Paris, P (...)
- 7 Albert Ciccone, La part bébé du soi. Approche clinique, Paris, Dunod, 2021.
5Si l’université est le dernier lieu d’instruction de l’État français, les enjeux qui lient le corps enseignant à ceux des étudiant·es ne sont pas sans rappeler ceux qui nous ont été inculqués dès notre plus jeune âge. Ainsi, l’influence d’un maître, d’une maîtresse, peut aisément se projeter comme celui d’un parent auprès d’un jeune enfant. La posture d’autorité, l’ascendance et le lien de transmission amènent l’enfant à se plier aux attentes du·de la maître·sse plus qu’aux siennes. Les études en sciences de l’éducation5 révèlent combien l’effort pour la conformité aux attentes de l’enseignant·e est prépondérant, dès le plus jeune âge. Ces modèles montrent aussi combien les enfants peuvent être en adéquation avec les attentes de leur environnement familial, réalisant avec brio le dessein de leurs parents (être de bons élèves, pratiquer les sports qu’ils aiment, jouer de l’instrument auquel ils n’ont jamais joué, etc.). Si l’on peut bien sûr considérer que les étudiant·es en fin de parcours universitaires sont des adultes, la relation dissymétrique tissée avec un enseignant ainsi que les représentations liées à l’institution universitaire nous laissent penser que des reliquats de ces relations persistent dans les liens enseignant·es/étudiant·es. Il s’agit d’une forme d’idéalisation, par l’étudiant·e, de celui ou celle qui fait de lui·d’elle, un·e élu·e. Le travail d’Antoine Destemberg, au sujet des universitaires de la période moyenâgeuse, témoigne de ce que ces organisations hiérarchiques s’inscrivent dans une filiation historique forte : « La chaire magistrale ressemblait de plus en plus à un trône épiscopal, voire à un trône royal. Les maîtres tendaient ainsi à se rapprocher de la figure de Salomon […]6 ». La symbolique du maître, comme celle du père, vient convoquer chez le jeune adulte une position régressive voire infantile. C’est son rapport à la relation parentale qui est mobilisé lors du choix de débuter un travail de thèse, mais aussi son expérience dans la scolarité. Ainsi, dans mon propre parcours, ce premier mouvement de recul vis-à-vis d’un travail doctoral, s’est vu contrebalancé par une forme de séduction : mon expérience de scolarité n’avait pas été des plus heureuses et la perspective de réaliser une thèse venait s’accorder avec un besoin plus inconscient de « réparer l’enfant blessée en moi » (pour reprendre l’usage du terme utilisé par Albert Ciccone7). Ce motif, de réparation du parcours de scolarité, est peut-être à l’œuvre dans bien des démarrages de carrière universitaire, sans que nous n’en sachions rien, faute de recherche à cet endroit…
6En cheminant sur mon propre parcours originel de thèse, j’ai pris conscience d’avoir commencé à élaborer un projet de recherche vers lequel on me poussait pour la thèse : un travail initié dans un service de médecine où j’avais été embauchée. Mes enseignants de l’époque m’ont encouragée, convaincus que mon travail de chercheure m’offrait toutes les chances pour réaliser une thèse « facilement ». C’est un peu malgré moi, que j’ai commencé à préparer un pré-projet de thèse, avec un sentiment de ne pas « incarner » réellement ce projet que d’autres semblaient désirer plus que moi.
De l’idéalisation à la persécution
- 8 Mélanie Klein, Essais de psychanalyse 1921-1945, Paris, Payot, 1947.
- 9 Michel Beaud, L’art de la thèse : comment préparer et rédiger un mémoire de master, une thèse de do (...)
7L’idéalisation est un mécanisme inhérent à la construction du sujet humain. Elle a été travaillée par la psychanalyste Mélanie Klein, qui relève combien celle-ci est toujours, sous une forme ou une autre, mise en tension avec celui de la persécution8. Ainsi, lorsqu’un·e étudiant·e est identifié·e par un·e enseignant·e, les enjeux psychiques associés peuvent découler d’une forme d’idéalisation. C’est le terme d’« élu » qu’utilise Michel Beaud9 pour évoquer ceux qui débutent et surtout réussissent à terminer un parcours doctoral. Être choisi, dans ce contexte de fin de parcours universitaire, remarqué comme étant digne d’aller plus loin, peut susciter des fantasmes autour d’un lien singulier, similaire à celui d’un parent avec son enfant. Le lien entre le·la directeur·trice de thèse et le·la doctorant·e est alors marqué par la manière dont la collaboration s’est instaurée. Qui en a décidé ? Est-ce l’enseignant·e qui a proposé à un·e étudiant·e de poursuivre un travail ? Est-ce un concours qui a attribué aléatoirement un partenariat ? Ou encore l’étudiant·e qui a choisi son futur tuteur ?
8J’ai pris conscience du malaise dans lequel j’étais à l’idée de débuter une thèse sur un sujet que je n’avais pas réellement choisi lorsque j’ai mené, simultanément à ma préparation du concours doctoral, une formation à l’éthique dans la santé. Ce troisième travail de mémoire consécutif, en trois ans d’intervalle, est venu ouvrir une autre porte à ma réflexion naissante de chercheure. Un sujet que j’avais choisi et qui reposait sur mon expérience professionnelle de psychologue clinicienne. L’incarnation d’une problématique comme étant en quelque sorte « mon affaire », m’a permis de réaliser que si je devais m’aventurer sur un projet doctoral, il fallait que ce travail m’appartienne d’une manière plus singulière. L’enthousiasme éprouvé dans les derniers jours d’écriture de ce mémoire m’a permis d’éprouver un véritable désir de la recherche et, en quelques jours, j’ai « retourné la maison ». Changé de sujet de thèse, changé de directeur, changé de laboratoire d’accueil, changé d’université et donc de région. Comme pour signifier que quelque chose de cette relation de tutorat (ou de mentorat) s’inscrivait pour moi dans une filiation symbolique, je suis retournée dans ma ville d’origine : là où, plus ou moins consciemment, la réparation d’un parcours universitaire inabouti pouvait œuvrer significativement. Ce choix, a, cette fois-ci été réellement incarné et je n’étais alors plus dans une place de vulnérabilité face aux désirs d’autrui, mais bien dans l’accomplissement de mon propre projet, pour lequel je choisissais un accompagnement fiable et de confiance.
La place du·de la doctorant·e au sein d’un système
Une place hybride
- 10 Christophe Granger, La destruction de l’université française, Paris, La fabrique édition, 2015.
- 11 https://universiteouverte.org/2020/10/07/un-doctorant-qui-ne-deprime-pas-ce-nest-pas-un-bon-doctora (...)
9Débuter un doctorat, c’est entrer dans l’arène universitaire, passer de l’autre côté du rideau et en voir les « coulisses ». Peu à peu, l’idéalisation se déconstruit : découvrir comment se déroule la mise en scène laisse bien souvent un peu perplexe, moins euphorique et c’est une autre réalité qui peut s’approcher. Celle d’une institution mise à mal administrativement et économiquement, mais aussi celle d’un service public en rupture avec ce qu’il a pu incarner10. Dans ce contexte éprouvant pour tous les professionnels engagés à l’université, le doctorant prend une place singulière que lui‑même a bien du mal à définir. Le décret de 2016 tente de mieux circonscrire son statut au sein de l’université. Mais il reste que cette fonction hybride polymorphe (tout à la fois étudiant, chercheur associé, enseignant, voire collègue salarié lorsqu’il est sous contrat) le place dans une position de vulnérabilité singulière dans un panorama institutionnel qui relève de la méta-complexité. Pour revenir sur l’aspect symbolique des places, le doctorant s’incarne comme une sorte d’adolescent, lui aussi hybride dans son statut (ni tout à fait enfant, ni tout à fait adulte), qu’il s’agit de réussir à faire advenir en tant que membre d’une communauté reconnue. S’instaurant dans une véritable quête, à l’instar d’un processus ritualisé sous l’ode du passage d’un état à un autre, le doctorant doit supporter certaines souffrances qui lui sont dévolues. L’expérience de la thèse, telle celle d’un accouchement (ne dit-on pas de la thèse qu’elle est une sorte de bébé ?), s’incarne alors par les douleurs par lesquelles il faut « nécessairement » passer pour en « être/naître ». Ainsi, en octobre 2020, un directeur de laboratoire d’une grande université pouvait énoncer en réunion de rentrée face à une assemblée de doctorants qu’un « doctorant qui ne déprime pas, ce n’est pas un bon doctorant »11.
10Alors que je quittais deux expériences professionnelles riches, je me figurais que j’allais prendre place au sein d’une équipe de chercheurs psychologues, être accueillie et « portée » tout au long de mon travail par une émulsion collective, rencontrant d’autres pairs qui, comme moi, expérimentaient le parcours doctoral, etc. Quelle ne fut pas alors ma sidération lorsque je pris place le matin de la réunion de rentrée de mon laboratoire et que le directeur me demanda de but en blanc qui j’étais. Cette entrée en matière augurait déjà une forme de négation de la place et de la légitimité en soi des doctorants dans un tel panorama. Ici a débuté pour moi, au-delà de la désillusion, un véritable travail de deuil agrémenté pendant de longues semaines, de la traversée d’une période qu’il m’a fallu apprendre à nommer comme dépressive.
La soumission admise et valorisée
- 12 Pascale Haag, Rebecca Shankland, Evgeny Osin, Émilie Boujut, Fabienne Cazalis, Anne-Sophie Bruno, P (...)
- 13 Colin Lemée, Pierre Flores, Jeanne Boisselier, Mary Guillard, Vincent Wagner, « How can we help PhD (...)
11Une fois posé le constat de la vulnérabilité des doctorant·es au sein de leur environnement de recherche, il semble intéressant de comprendre ce qui tisse les enjeux de ce positionnement, les raisons qui les amènent à se soumettre à un certain nombre de propositions et celles qui poussent le corps enseignant à « utiliser » cette force vive comme des supports à la réalisation de leur propre travail. Peu d’études permettent d’apporter des éléments de réflexion12. Toutefois, les expériences empiriques parlent et les enquêtes sur la souffrance des étudiant·es13, ainsi que celle des doctorant·es aussi. Deux hypothèses peuvent être proposées qui mériteraient d’être explorées qualitativement. Une première hypothèse relève de l’idéalisation et de la persécution dont nous avons parlé précédemment : les doctorant·es, élu·es pour réaliser un travail de recherche aux côtés de leurs enseignant·es, sont invité·es à passer de l’autre côté et mesurent cet état comme relevant d’une qualité d’exception. Ils ne sont pas nombreux à poursuivre dans cette voie et cette élection leur est souvent rappelée comme étant une chance. Le désir de plaire va alors être un puissant moteur à leurs processus décisionnels. Désir de plaire « nourri » par une persécution, plus ou moins consciente de la part des enseignant·es : cours à donner, corrections de copies, présence aux examens, remplacements de dernière minute, mais aussi « petite main » sur les projets de recherche, mission d’expertise, communication scientifique peu ajustée, formation en tout genre, etc. Chaque proposition étant présentée comme une opportunité de plus de découvrir, apprendre, se faire connaître, se faire bien voir, etc. Le conflit de loyauté de ces étudiants en quête de reconnaissance est parfois très intense à porter : dire « non » à une proposition faite par un enseignant, c’est risquer de passer pour un désintéressé, un feignant ou pire, un suffisant ! Si l’on ajoute à cela un terrain intense, les investissements d’intérêt pour le·la doctorant·e, et une vie personnelle… vivante, il y a de quoi souffrir d’un stress qui n’est parfois rien moins qu’un burn out !
- 14 Yves Dupont, L’université en miettes. Servitude volontaire, lutte des places et sorcellerie, Montre (...)
- 15 Ces épreuves des parcours universitaires ne sont pas sans évoquer les violences faites aux étudiant (...)
- 16 Caroline Ibos, Aurélie Damamme, Pascale Molinier, Patricia Paperman, Vers une société du care. Une (...)
12Une deuxième hypothèse, qui expliquerait la raison pour laquelle le corps enseignant ne s’alerte pas au sujet de ces souffrances doctorales, pourrait être la sacralisation d’un rite de passage éprouvé par la communauté d’enseignants-chercheurs. L’expérience de thèse reste, pour quiconque est parvenu à un tel niveau universitaire, un parcours initiatique éprouvant. Nombre d’enseignants, plus ou moins jeunes, expriment leurs difficultés lors de ces années de doctorat. Yves Dupont, retraçant le parcours antérieur aux années 1990, rappelle que les plus déterminés à exercer en tant qu’universitaires devaient déjà se frotter à l’expérience de la thèse de troisième cycle (thèse de doctorat) puis à la thèse de doctorat d’État (Habilitation à Diriger des Recherches). Ainsi, pour celles et ceux qui parvenaient à terminer leur thèse de troisième cycle et à obtenir un poste en université, il fallait venir à bout d’une peine plus conséquente encore pour advenir au statut de Professeur : « La minorité de ceux qui décidaient d’affronter cette épreuve particulièrement pénible (de 7 à 10 ans en moyenne) finissaient par accoucher d’une somme difficilement lisible (souvent de 700 à 1000 pages) et dont la rédaction, après les avoir presque tous épuisés et coupés du monde, leur laissait un nombre de séquelles propres à déprimer un bouddhiste ! »14. On comprend alors, que certains relatent, non sans une certaine fierté, combien la tâche était « encore plus dure pour eux » à l’époque. Ni bourse ni contrat doctoral, des années de travail, parfois presque une décennie – deux si l’on compte la thèse d’État, une précarité qui s’éternise et le mérite, enfin, d’y être parvenu. Ce mérite d’en être, après tant d’années d’épreuve, semble incarner une forme de perméabilité à la compassion groupale, ce que Yves Dupont nomme « la banque à ressentiment » et qui, vraisemblablement, se rejoue aux dépens des doctorant·es. L’épreuve et l’adversité constituent une sorte de norme institutionnelle, qui permet la banalisation de la souffrance, surtout lorsqu’elle concerne les plus vulnérables. « Ce par quoi je suis passé, tu passeras » signe en quelque sorte l’aliénation collective inconsciente autour d’un même constat : le doctorat est difficile et se mérite, se paie au prix de douleurs et sacrifices15. La remise en question de ce principe ne semble pas d’actualité à l’heure où pourtant, les lieux de soin et par là même, les sciences humaines, produisent des savoirs au sujet du care institutionnel16, de la bienveillance, de la bientraitance.
- 17 Collectif PECRES Recherche précarisée, recherche atomisée. Production et transmission des savoirs à (...)
- 18 Xavier DUNEZAT, « Pourquoi je démissionne de mon poste d’enseignant-chercheur en sociologie à l’uni (...)
13Ces deux hypothèses ne sont d’ailleurs sans doute pas sans lien l’une avec l’autre, puisque, nous l’avons vu, l’idéalisation génère des formes de persécutions. Les persécuteurs des doctorant·es le sont d’ailleurs eux-mêmes, par un système institutionnel démantelé et réorganisé au cours des années 2000 vers la valorisation des principes de concurrence et d’intérêts personnels, légitimant un esprit de compétition au détriment de celui d’une communauté de chercheurs. La violence et les situations d’humiliations seraient alors aussi monnaie courante pour les enseignants chercheurs, qui fuient de plus en plus les investissements collectifs : « Pillage intellectuel et harcèlement sont les deux principaux abus qui circulent dans les couloirs des universités et des établissements de recherche, donnant rarement lieu à des plaintes : c’est d’ailleurs une des raisons de leur nombre, ils se réalisent dans une impunité quasi-totale17 ». En 2007, un jeune Maître de conférences de sociologie de l’université Lille 1 démissionne de ses fonctions et explique son choix dans un article saisissant : « Visiblement, le désert relationnel universitaire fait souffrir beaucoup de gens mais la désorganisation collective individualise les souffrances et encourage un silence général. »18
Précarités, vulnérabilités, souffrances
Salariat ou non, une précarité ou une autre
- 19 Thomas Lestavel, « Le blues des doctorants », Alternatives Économiques, vol. 372, n° 10, 2017, p. 2 (...)
- 20 Ibid., p. 26.
14Le Contrat Doctoral Unique, créé en 2009, apporte, contrairement à la bourse d’étude, les garanties sociales d’un véritable contrat de travail. Régulant ainsi un salaire minimum et stipulant un temps de travail (35 h hebdomadaires), il précise aussi le nombre d’heures d’enseignement que les doctorant·es peuvent dispenser et le droit à une formation au cours de leur parcours. Formalisant ainsi le souhait d’inscrire cette étape universitaire comme une réelle expérience professionnelle, le CDU a aussi pour objectif de permettre aux jeunes chercheur·es de mieux s’intégrer dans le monde de l’emploi à la fin de leur thèse. Toutefois, il est manifeste que le nombre des contrats doctoraux n’a cessé de baisser ces vingt dernières années19 et que, si les contrats tentent de donner un cadre à une expérience professionnelle atypique, le flou reste encore entier lorsque l’on recueille les impressions des jeunes salarié·es des universités : « De leur côté, les thésards sont censés être des professionnels à part entière, selon l’arrêté définissant les formations doctorales et la charte européenne du chercheur. Mais le contrat doctoral mis en place en 2009 dans ce but ne dure que trois ans, alors qu’une thèse demande en moyenne cinq ans en sciences humaines (trois ans et demi en sciences “dures”). Et, surtout, la plupart des thésards n’obtiennent pas ce précieux sésame20 ». De fait, si le CDU sécurise les doctorant·es vis-à-vis de leurs conditions économiques (salaire toutefois au minimum du seuil pour des étudiant·es diplômé·es d’un niveau Bac + 5), il n’offre que peu de conditions matérielles à leur épanouissement, en termes de cadre de travail concret. Rares sont les jeunes recrues à disposer d’un lieu de travail (bureau à soi ou même à partager). Les contrats de travail ne stipulent pas nécessairement des horaires de travail, ni de modalités concernant les jours de congés. Le matériel n’est (en tout cas en Sciences Humaines et Sociales) jamais fourni et les frais que la recherche occasionne sont rarement pris en charge non plus. L’inscription étudiante annuelle est à la charge des doctorant·es et nombre de droits ne sont pas évoqués lors du recrutement (prise en charge financière des frais de transport, formation, un accompagnement par une médecine du travail).
15À la fin de mon doctorat, alors que je m’étais appliquée dans mon travail pour terminer la rédaction de mon manuscrit dans le temps qui m’était imparti (le temps de mon salariat), je suis allée voir une administratrice pour lui demander si des possibilités de financement de 4e année existaient. Il allait me manquer quelques mois de salaire pour déposer mon manuscrit puis préparer et soutenir ma thèse. Six, tout au plus. Cette personne, cherchant à me rassurer, me déclara avec bienveillance que : « j’allais toucher mon chômage et que je serai donc à l’abri de la précarité pour terminer mon travail de thèse ». Quelques semaines plus tard, toujours préoccupée par mes sources de revenus, je me suis décidée à formuler, comme le stipule le décret de 2016, une demande de prolongation exceptionnelle de financement aux responsables de mon école doctorale. Argumentant de l’avancée de mes travaux et des motifs qui justifiaient ma demande, j’ai été reçue par deux professeurs un peu interloqués de ma demande : « Vous rendez‑vous compte de la chance que vous avez d’avoir eu un CDU ? Je vous trouve un peu ingrate de demander encore plus, m’a dit la directrice de mon École Doctorale. » Bien que je susse fort bien que ma demande ne porterait nul fruit, je ne me suis pas retenue de leur dire que je ne comprenais pas pourquoi tou·tes les doctorant·es contractuel·les ne faisaient pas cette même démarche : poursuivre une activité jusqu’alors qualifiée comme étant leur travail en utilisant parfois tous leurs droits au chômage, voire en les épuisant complètement, n’est, a fortiori, ni légal ni éthique vis-à-vis de leur engagement. « Pôle emploi finance la recherche », disent alors de nombreux·ses doctorant·es.
Statuts précaires : quelle dévotion ?
- 21 Ibid., p. 26.
- 22 Geneviève Belleville, « Écrire une thèse sans y laisser sa peau (ou comment demeurer sain d’esprit (...)
16« En sciences humaines, seuls 38 % des inscrits en première année de doctorat sont financés par ce biais (ils sont 95 % en sciences “dures”). Les autres font des vacations à l’université, ont un job “alimentaire” à côté, voire sollicitent l’aide de leurs parents »21. Alors que la situation des doctorant·es contractuel·les soulève de nombreuses vulnérabilités, il est intéressant de se questionner sur les raisons qui poussent certain·es étudiant·es à s’engager dans un tel parcours sans sécurité financière. Pour certain·es, on peut interroger l’idéalisation dont nous parlions plus haut : l’accès à un statut privilégié de doctorant·e provoque parfois l’illusion d’une reconnaissance et d’une légitimité nouvelle. Pour d’autres, la perspective de repousser une entrée dans la vie active signe le désir de poursuivre un investissement universitaire. Dans la plupart des cas, l’investissement pour la thèse requiert de véritables sacrifices qui amènent souvent à des enlisements dramatiques : la recherche d’emploi augmentant la difficulté à se consacrer sereinement au travail de recherche, le besoin de ressources poussant à accepter trop d’enseignements en vacation (souvent payés le semestre suivant), voire à les cumuler avec des boulots « alimentaires » sans lien avec l’université. Mais, pour les doctorant·es qui ont déjà tant sacrifié, la perspective de mettre fin à un tel parcours prend une tournure de psycho-traumatisme, tant le sentiment d’échec peut être grand. De même, pour celles et ceux qui parviennent au bout de ce chemin de croix, le nombre réduit de postes d’ATER ou de Maître de conférences ne laissent qu’à peu d’élus la possibilité d’advenir dans l’environnement universitaire. « L’abandon du doctorat est une problématique très coûteuse tant pour l’individu qui, après s’être considérablement endetté, diminuera ses chances d’insertion professionnelle, que pour les universités et la société qui investissent des montants élevés dans des programmes de formation très spécialisés pour ne voir que la moitié des inscrits obtenir leur diplôme22 ». Pour beaucoup commence alors un véritable travail de deuil : deuil d’une certaine ascension sociale idéalisée, deuil d’une réussite académique valorisée. Et surtout deuil d’un sacrifice qui aura été vain : les peines et les humiliations n’auront, somme toute, servi aucune réalisation, aucune des transformations sociales et identitaires auxquelles le sujet aspirait.
Doctorant·es étranger·es : fantômes
- 23 Théodul Sankara, « L’Épreuve de la thèse et la particularité de ses Épreuves », Pensée plurielle, v (...)
- 24 Ibid., p. 46.
17Dans un contexte déjà rendu éprouvant pour les doctorant·es français·es en contrat ou en situation d’emploi précaires, la précarité devient plus inquiétante encore lorsqu’on ajoute à ces facteurs, la vulnérabilité liée à la discrimination, la difficulté de la langue, la méconnaissance du système administratif et des enjeux propres à l’université, au monde du travail. Théodul Sankara compare, lui aussi, l’expérience doctorale des étrangers à une épreuve initiatique : « Mais la particularité́ de cette étape est la façon dont se relaient pour les doctorants étrangers les “vexations, humiliations et changements de procédés” qui les obligent à se réadapter pour faire face. […] C’est une réalité éprouvante avec des faits répétitifs qui font de l’étudiant étranger une personne “étrange”. Il est, chaque année, exposé aux mêmes tracasseries administratives et cela ne favorise pas le travail de recherche. Par exemple, pour le renouvellement du titre de séjour, il faut attendre en Île‑de‑France facilement 10 mois […] »23. Ainsi, les doctorant·es étranger·es sont, dans les laboratoires d’accueil, nécessairement dans une forme d’à côté : sans cesse en réajustement pour trouver si ce n’est leur place, au moins une place, qu’on voudrait bien leur faire. Théodul Sankara, reprenant alors le concept de l’épreuve, évoque aussi combien ce parcours procède aussi de processus de résilience. Le·la doctorant·e étranger·e qui réussirait à terminer une thèse de doctorat se muerait en quelque sorte en une sorte de héros voire de super héros. Qu’adviendrait-il alors de celui, de celle qui ne réussirait pas la quête identificatoire d’un tel processus initiatique ? La souffrance doit-elle s’inscrire, en donnant raison à certains directeurs de laboratoire, comme une condition sine qua none du parcours doctoral ? L’initiation à un parcours de recherche doit-elle se réduire à des « combats continus » ? Doit-on valider que ces itinéraires de vie pour des adultes souvent en devenir soient marqués par le sceau de souffrances psychiques, telles que les décrit aussi Théodul Sankara : « sentiment de perte de personnalité, un climat d’incertitude, et de descente aux enfers pour les cas les plus tragiques »24 ? Les doctorant·es étranger·es, plus que les autres, deviennent parfois dans les laboratoires de véritables fantômes, êtres de passage qui marquent parfois les esprits d’une communauté de chercheurs, mais s’effacent aussi d’autres fois, jusqu’à ne plus savoir ce qu’ils et elles sont devenus…
Conclusion : vers une université du care ?
18Cette question m’a taraudée – pas seulement pour mes collègues étranger·es ou sans contrat – et me taraude encore. Je reste profondément convaincue que la place des doctorant·es au sein de l’université procède d’une fonction, plus ou moins consciente, de « soupape » du milieu universitaire. Autour d’eux, se noue une sorte de point aveugle qui nous empêche de penser sérieusement cette problématique : le peu d’études menées à leur sujet en est un marqueur.
C’est la souffrance qui n’est pas légitime
19Alors, comme pour d’autres combats qui sont longtemps restés dans l’ombre, peut-être faudrait-il se saisir du principe que la souffrance psychique, sociale ou physique, n’a rien de légitime ! Les doctorant·es d’aujourd’hui n’ont pas à faire les frais des vieilles souffrances de leurs tuteurs·trices. Bien sûr, nous savons que pour soigner les vulnérables, il faut aussi soigner les personnes qui les accompagnent. Toutefois, les événements se produisent aussi depuis la base : il a suffi à quelques premières victimes de prendre courageusement la parole et de dénoncer, pour faire vaciller une omerta autour de la culture du viol, la prédominance de l’inceste… Il suffira sans doute de quelques doctorant·es pour porter les voix et décrire, donner à voir, la vulnérabilité de leurs parcours ; et bien entendu, de quelques enseignant·es, quelques administratifs ou professionnel·les soucieux·ses d’être à l’écoute de ces sujets pour produire des événements de transformation, voire de résilience institutionnelle.
Le doctorat : une expérience digne de l’autoentreprise
20L’expérience doctorale, malgré toutes les souffrances qu’elle suppose, relève d’une prouesse à bien des égards. Pas seulement parce qu’il faut survivre à ses « épreuves », mais aussi parce que le cadre interne nécessaire à l’aboutissement d’un tel travail relève en réalité des compétences nécessaires à la création d’une entreprise qui n’en prend pourtant pas les atours. Penser le parcours doctoral comme création d’une entreprise, permet d’envisager combien ce travail est solitaire et dépend résolument du porteur de projet. Même pour celles et ceux qui n’ont pas cherché directement leur financement, même pour celles et ceux qui sont bien intégrés à un laboratoire : in fine, la recherche se pense seul·e, se réalise seul·e et la thèse s’écrit seul·e. L’injonction paradoxale peut alors être d’autant plus forte que l’isolement se vit au sein d’une méta institution qui brasse souvent des milliers de salarié·es… Alors, pour celles et ceux qui hésiteraient à en finir avec une expérience doctorale trop coûteuse, soyons francs : nombreux·ses sont les entrepreneurs qui clôturent leur activité après 2, 3 ou 4 années de travail. Le projet n’a pas abouti et des raisons économiques les obligent à ce choix : il·elles n’en sont pas moins de créateur·trices d’entreprises, qui méritent d’être reconnu·es comme tels.
Notes
1 Aurélien Perruchet, Le Doctorat : un investissement rentable ? Approches économiques et sociologiques. Paris, l’Harmattan, 2008, p. 131
2 Dominique Maillard, « Conduites étudiantes dans le système doctoral et modalités d’insertion professionnelle », in Jean-Jacques Paul dir., Quelle formation pour les docteurs face aux évolutions du marché du travail ?, Actes du colloque organisé par l’Irédu avec le soutien financier de la Mission scientifique universitaire, du Conseil régional de Bourgogne et de l’université de Bourgogne, 28-29 mars 2002, p. 119.
3 Aurélien Perruchet, « Le doctorat : un investissement rentable ? », Approches économiques et sociologiques, Paris, op. cit., p. 147.
4 Ibid., p. 175.
5 L’une des plus notable est l’étude de Rosental et Racobson, publiée en 1968, qui décrit ce que les auteurs ont appelé « l’effet Pygmalion » : les chercheurs indiquent de manière aléatoire à des enseignants certains élèves qu’ils auraient identifiés, après une série de tests, comme étant précoces. Des mois plus tard, les évaluations montrent une amélioration des résultats de ces élèves, témoignant de l’impact qu’une telle croyance a créé sur l’investissement des enseignants et en retour, sur l’adaptation positive des élèves à ce nouvel investissement. Le même effet, dans son versant négatif, est appelé « l’effet Golem ».
6 Antoine Destemberg, L’honneur des universitaires au Moyen Âge : Étude d’imaginaire social, Paris, Presses Universitaires de France, 2015, p. 272.
7 Albert Ciccone, La part bébé du soi. Approche clinique, Paris, Dunod, 2021.
8 Mélanie Klein, Essais de psychanalyse 1921-1945, Paris, Payot, 1947.
9 Michel Beaud, L’art de la thèse : comment préparer et rédiger un mémoire de master, une thèse de doctorat ou tout autre travail universitaire à l’ère du net, Paris, La découverte, 2006.
10 Christophe Granger, La destruction de l’université française, Paris, La fabrique édition, 2015.
11 https://universiteouverte.org/2020/10/07/un-doctorant-qui-ne-deprime-pas-ce-nest-pas-un-bon-doctorant/, consulté le 03/04/2021.
12 Pascale Haag, Rebecca Shankland, Evgeny Osin, Émilie Boujut, Fabienne Cazalis, Anne-Sophie Bruno, Pierre Vrignaud, Marie-Claire Gay, « Stress perçu et santé physique des doctorants dans les universités françaises », Pratiques psychologiques, vol. 24, issue 1, mars 2018, p. 1-20.
13 Colin Lemée, Pierre Flores, Jeanne Boisselier, Mary Guillard, Vincent Wagner, « How can we help PhD students cope with mental health issues and drop-out? An extensive analysis of discourse », Social sciences, disponible en ligne : https://doi.org/10.21203/rs.3.rs-87359/v1.
14 Yves Dupont, L’université en miettes. Servitude volontaire, lutte des places et sorcellerie, Montreuil, L’échappée, 2014, p. 139.
15 Ces épreuves des parcours universitaires ne sont pas sans évoquer les violences faites aux étudiant·es dans les parcours d’étude en santé (médecine, infirmière, sage-femme, kinésithérapeute…). L’ouvrage du Dr Auslender, rassemble près de 130 témoignages d’étudiant·es ayant subi des violences psychologiques, verbales, physiques ou sexuelles sur leurs lieux de formation. Véronique Auslender, Omerta à l’hôpital. Le livre noir des maltraitances faites aux étudiants en santé, Paris, Michalon Éditeur, 2017.
16 Caroline Ibos, Aurélie Damamme, Pascale Molinier, Patricia Paperman, Vers une société du care. Une politique de l’attention, Paris, Le Cavalier Bleu, 2019.
17 Collectif PECRES Recherche précarisée, recherche atomisée. Production et transmission des savoirs à l’heure de la précarisation, Raisons d’Agir, Paris, 2011, p. 93.
18 Xavier DUNEZAT, « Pourquoi je démissionne de mon poste d’enseignant-chercheur en sociologie à l’université », Liens Socio, n° 6, octobre 2007, p. 15.
19 Thomas Lestavel, « Le blues des doctorants », Alternatives Économiques, vol. 372, n° 10, 2017, p. 26.
20 Ibid., p. 26.
21 Ibid., p. 26.
22 Geneviève Belleville, « Écrire une thèse sans y laisser sa peau (ou comment demeurer sain d’esprit dans le processus) », in Catherine Schnedecker et Angelina Aleksandrova (éds), Le doctorat en France : mode(s) d’emploi, Bruxelles, Peter Lang, 2017, p. 79
23 Théodul Sankara, « L’Épreuve de la thèse et la particularité de ses Épreuves », Pensée plurielle, vol. 14, n° 3, 2015, p. 42.
24 Ibid., p. 46.
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Référence électronique
Célia Cristia, « Le processus doctoral : entre souffrances et vulnérabilités », Essais [En ligne], Hors-série 7 | 2022, mis en ligne le 01 février 2022, consulté le 25 avril 2025. URL : http://journals.openedition.org/essais/10762 ; DOI : https://doi.org/10.4000/essais.10762
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