• 1 Il est traité dans : Roger-Armand Weigert, Inventaire du fonds français de la Bibliothèque national (...)

1Né à Troyes en 1627, Louis Cossin1 est un graveur reconnu, qui jouit d’un beau succès. Alors âgé de 46 ans, bien installé à Paris, on le voit ici prendre en apprentissage un jeune homme, comme cela est habituel dans le milieu de la taille-douce.

• 2 On trouve ici et là des graveurs du nom de Roger – mais ce nom, situé en fin d’alphabet, n’a pas ét (...)

2Nous ne savons en revanche rien de Vincent Roger, sur lequel l’intégralité de la recherche sur l’estampe jusqu’à ce jour est muette2. Fils d’un sergent au bailliage de Saint-Germain-des-Prés déjà décédé en 1673 (Nicolas Roger) et d’une certaine Jeanne Millerie, il est âgé de quatorze ans et demi en juillet 1673, ce qui lui donne une date de naissance située à la fin de l’année 1658 ou au tout début de 1659. Les clauses de son apprentissage sont originales dans la mesure où, bien qu’il soit assez jeune et ne soit pas issu du métier, il ne paye rien à son maître et doit au contraire recevoir une petite gratification de soixante livres à l’issue des six ans : il devrait alors avoir bien progressé et être en mesure de constituer une véritable aide pour Louis Cossin. Peut-être aussi entre-t-il chez Cossin en connaissant un peu l’art du burin grâce à son grand frère.

• 3 Lui-même n’est pas cité dans les ouvrages de références sur la période (Marianne Grivel, Le Commerc (...)
• 4 Henri Herluison, Actes d'état-civil d'artistes français : peintres, graveurs, architectes, etc. : E (...)

3Car Vincent Roger est très vraisemblablement le frère d’un autre graveur, jamais étudié et rarement mentionné : François Roger3. Ce dernier se désigne à la fois dans les actes comme « maître graveur » et « graveur en taille-douce » : on connaît quelques estampes de sa main, qui gagneraient à être cataloguées, comme ces pièces autour de sainte Geneviève (BnF, Estampes, Da-35-fol) ou une Adoration des mages d’après Poussin (BnF, Estampes, Da-18b-fol, fol. 41). Il perd sa femme en 1686 et meurt lui-même en 1694 à l’âge de 37 ans, ce qui le fait naître en 1656 ou 16574 – c’est-à-dire qu’il serait le frère aîné de Vincent.

• 5 Archives nationales, Y5261, 13 décembre 1680 : « Advis à François Roger, fils mineur de deffunt Nic (...)
• 6 Archives nationales, Y3991B, 13 décembre 1680.
• 7 On sait par ailleurs de François Roger qu’il perd un fils, Louis, le 26 juin 1686, alors qu’il habi (...)

4En effet, il est attesté que les parents de Vincent le sont également d’un fils nommé François5. L’acte qui nous l’apprend6 nous renseigne au passage sur le devenir de Vincent Roger. En 1680, en effet, Jeanne Millerie, agit comme tutrice de son fils François à la succession de Marguerite Roger, qui avait épousé un sergent à verge de Saint-Germain-des-Prés du nom de Corneillau. Sans doute s’agit-il de la sœur de Nicolas Roger, la tante de François. Cet acte est passé en présence de deux graveurs en taille-douce, Guillaume Montbard et Antoine Trouvain, qui sont certainement les maîtres de François Roger7. Or donc, Jeanne Millerie n’intervient pas comme tutrice de son fils Vincent, qui devrait pourtant lui aussi être mineur et héritier, ce qui laisse à penser qu’il est déjà mort. Ceci explique que nous ne connaissions aucune estampe de Vincent Roger, décédé pendant l’adolescence et, tout au plus, à vingt-deux ans.

• 8 Plevir, ancien verbe signifiant « engager », « promettre ».

10À ce faire, estoit present led. Vincent Roger, apprenti de present aage de quatorze ans et demi, lequel a eu le present apprentissage fait de luy pour agréable, a promis et promet apprendre led. art de graver en taille doulce à son pouvoir, servir sond. maistre en icelluy et en touttes choses licittes et honnestes, obeyr à ses commandemens, faire son proffict, esviter son domage et l'advertir du contraire sytost qu'il sera venu à sa cognoissance ; sans soy fuir ne aller ailleurs servir pendant le temps et, en cas de fuicte ou absence, lad. vefve Roger sa mere promet et s'oblige le chercher par la ville et banlieue de Paris pour, s'y trouver le peult, le ramener à sond. maistre pour parachever le temps de son present apprentissage et, sy a lad. vefve Roger mere plevy8 led. Vincent Roger son filz de toutte loyaulté et prudhomie car ainsi etc. promettans… obligeans... chacun en droict soy et l’un envers l’autre, renonceans de part et d’autre…

• 9 Ce passage sur la (non) signature de la veuve Roger ajouté en fin de texte.

11Faict et passé à Paris en l’estude de Charles, l’un desd. notaires soubzsignez l’an mil six cens soixante treize, le huictiesme jour de juillet après midy, ladicte vefve Roger mere a declaré ne sçavoir escripre ne signer de ce faire enquise et interpellée par les notaires soubzsignés pour satisfaire à l’ordonnance9, et ont signé

• 10 Charles Nera, notaire titulaire de l’étude LVIII de 1667 à 1685.

14Nera10

• 11 Nicolas Charles, notaire titulaire de l’étude XLVI de 1636 à 1679.

15Charles11