• 1 H. Herluison, Actes d’état-civil d’artistes français, Orléans, H. Herluison, 1873, p. 372. Laborde, (...)
• 2 Emmanuel Bénézit, « Ragot (François) », Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpte (...)
• 3 On trouve cette information ici et là dans les catalogues de bibliothèques et les bases de données (...)

2Encore faut-il savoir de quel François Ragot il est question... En effet, le semblant de biographie de ce graveur a longtemps été obscurci par la publication d’un acte de baptême, le 22 juin 16381, d’un certain François Ragot, qui y est dit fils de François Ragot, graveur, et de Marie Bertrand. Ses parrain et marraine sont deux personnes importantes du monde de l’estampe : Gaspard Firens et Madeleine de Cormont, femme de François Langlois. Cet acte a donc remis en question l’existence d’un seul graveur du nom de François Ragot et a considérablement obscurci les quelques tentatives d'ébauches biographiques2. En 1988, Anne Gall soutient à l’École du Louvre un mémoire – hélas resté inédit et qui n’a donné lieu à aucune publication – sur La diffusion des œuvres de Rubens à Paris au XVII^e siècle autour de François Ragot et revient sur l’idée de deux François Ragot, la révoquant en doute3. Or, l’acte que nous présentons ici montre qu’il existe bien un François Ragot graveur en 1623, qui est donc très certainement le père du François Ragot né en 1638. Il n’y a en fait aucune raison de penser que le fils soit devenu graveur et le seul auteur d’estampe de ce nom est donc bien celui dont nous éditons le contrat d’apprentissage ici.

• 4 AN, MC, XV, 73, 14 janvier 1624 (Documents du Minutier central concernant les peintres, sculpteurs (...)
• 5 AN, MC, I, 91, 26 mai 1626.
• 6 Laborde 43151 : bans pour le mariage du libraire Thomas Leroy, dont il est témoin « aagé de cinquan (...)
• 7 AN, MC, XII, 43, 2 septembre 1614. Marie-Antoinette Fleury et Martine Constans, Documents du Minuti (...)

3Essayons de donner quelques éléments biographiques. Le père de François Ragot (le père, le graveur) s’appelle Jean Ragot : il appartient déjà au monde de l’estampe puisqu’il est imprimeur en taille-douce, rue Saint-Jacques, à l’enseigne du Coeur bon4 puis de la Vigne d’or5. Il serait né en 1576 ou en janvier 15776. Il semble proche de Jean Le Clerc : quand ce dernier met enceinte Gilette André, c’est lui qui s’entremet, remet une somme d’argent à la jeune femme, reçoit le nourrisson et le fait baptiser7.

• 8 AN, MC, CIX, 238, 3 septembre 1668.

6Le jeune homme, devenu donc graveur à part entière, commence sa carrière dans le monde professionnel parisien. Il travaille notamment pour Balthazar Moncornet : nous éditons (document 2) un acte, déjà signalé mais jamais publié, reconnaissant une dette de 150 livres pour dépenses de bouche. François Ragot reste en relation avec lui et fait partie en 1668 des graveurs qui effectuent la prisée du fonds de Moncornet après son décès8.

• 9 Les comtes de Soissons sont une branche cadette des Bourbon-Vendôme et donc des princes du sang et (...)

7François Ragot se marie en 1635 avec Marie Bertrand, ce qui donne lieu à un contrat de mariage que nous éditions également ici (document 3). Les parents de la jeune fille sont Jeanne Despoiriers, seule encore vivante, et son défunt mari, Bertrand Bertrand (sic), qui exerçait la profession de linger pour la maison du comte de Soissons9. Celui-ci est très ordinaire : la mariée reçoit de sa mère une dot de 1000 livres, dont les deux tiers entrent dans la communauté – si bien que la mariée jouit d’un douaire de 340 livres.

• 10 Laborde 56759. Parrain, Henri Roussel, bourgeois de Paris ; marraine, femme de Jacques Tournier, ma (...)
• 11 Laborde 56761. Parrain et marraine, Pierre et Charlotte-Anne Lambinois (?).

8On leur connaît au moins trois enfants : une fille, Marguerite, en 1636, baptisée le 20 mars en l’église Saint-Benoît10 ; François en 1638, déjà cité ; et un fils, Pierre, baptisé le 22 juillet 1639 à Saint-Benoît11. Il semble prendre plusieurs apprentis dans les années qui suivent.

• 12 Herluison, p. 372. Il ne semble pas réaliste de penser que cet acte concerne le François Ragot né e (...)
• 13 AN, Y 256, fol. 303.

9François Ragot meurt en juin 1670 rue Saint-Jacques, vis-à-vis la fontaine, et est inhumé le 13, paroisse Saint-Séverin12. On ignore encore la date de mort de son épouse, qui est en tout cas toujours en vie en 169013.

• 14 Roger-Armand Weigert, Inventaire du fonds français, graveurs du XVIIe siècle, tome IV, Paris, Bibli (...)
• 15 Laborde 48157.
• 16 Laborde 4108.
• 17 Laborde 26921.
• 18 Laborde, 18651. Il est également parrain de Louis Colin, dont le père est sellier, le 19 janvier 16 (...)

10Le maître de François Ragot – Michel Faulte – n’est pas bien connu non plus. L’Inventaire du fonds français donne comme uniques informations le fait qu’il aurait gravé de 1612 à 1637 et qu’il a sans doute collaboré avec Crispin de Passe et Abraham Bosse14. On peut ajouter qu’il est mort avant 1615 et qu’il a plusieurs enfants : sa fille Barbe est baptisée le 25 mars 1617 à Saint-Benoît avec le graveur Jean Messager pour parrain15 ; une fille, Anne, devient marraine du fils de Nicolas Beret (Berey ?), marchand imagier, en 163616 ; il a un garçon, Michel, baptisé le 21 janvier 1624 avec Jeanne, fille de Pierre Firens, comme marraine17. En 1623, il est parrain d’Adrienne, fille du marchand imagier Jacques de Lapierre18.

• 19 sy n’a… le couchera : ajouté dans la marge.

13Jehan Ragot, imprimeur en taille doulce, demeurant à Paris rue Sainct Jacques, parroisse Sainct Benoist, confesse pour le prouffict faire et dommage esviter de François Ragot, son filz, l’avoir baillé, et mis en service et apprentissage du premier jour de juing dernier, presens moys et ans, jusques à trois ans prochains venans faits et accomplis, avec honnorable homme Michel Faulte, graveur en taille-doulce, demeurant à Paris rue des Sept Voyes, paroisse Sainct Hillaire, à ce present, preneur et retenant pour luy led. François Ragot, son apprenty durant led. temps auquel, pendant iceluy, il promet monstrer et enseigner à son pouvoir son art de graveur en taille-doulce et tout ce dont il se mesle et entremet en icelluy, à la charge que sond. pere promet et sera tenu de nourir, coucher, lever sond. fils et luy fournir de tous changes, ses habitz, lingerie, chaussures, vestures et autres, avec ses ustencilz qui luy seront necessaires durant led. temps de trois ans, et est accordé que led. bailleur sera pareillement tenu d’envoyer sond. filz chez led. Faulte pour apprendre sond. art selement pour les deux premieres annees desd. trois années tous les jours ouvrables seullement et pour la derniere année d’icelles trois années sera aussy tenu l’envoyer pour l’effect que d’estre chez sond. maistre aussy tous les jours ouvrables et petites festes, pendant laquelle derniere année led. Faulte promet de nourrir led. apprenty, mesme de le coucher – sy n’a la commodité de le coucher ou il ne le peult coucher, sond. pere le couchera19.

• 20 Vingt cinq livres : ajouté dans la marge.

14En faveur du present apprentissage a esté accordé entre les partyes à la somme de cent livres t. que led. bailleur en promet et gaige bailler et payer aud. Faulte ou au porteur en ceste manière : vingt cinq livres20 de troys en troys moys consecutifs et ensuivans l’ung ou l’autre dont le premier payement commencera et eschera le premier jour d’aoust prochain venant en continus par led. bailleur jusques en fin de payement d’icelle somme.

• 21 Nicolas Nourry, notaire titulaire de l’étude XVII de 1592 à 1644. Le nom du second notaire n’a pas (...)

20Nourry21

• 22 Saint-Benoît-le-Bétourné, importante église du quartier aujourd’hui démolie, à l’emplacement approx (...)
• 23 Trois, biffé.
• 24 « Des notaires » répété et biffé.

28François Ragot, graveur en taille dousse demeurant rue Sainct Jacques, parroisse Sainct Benoist-le-bien-tourné22 confesse debvoir à Balthazard Montcornet, aussy graveur en taille dousse, à ce present, la somme de cent cinquante livres tz. pour despenses de bouche que led. debteur a prise et acrue en la maison dud. creantier pendant six23 mois ou environ, sy comme donc à payer lad. somme de cent cinquante livres tz aud. creantier ou au porteur d’huy en trois mois prochains pour tout delay, à peyne de tous despens, dommages et interestz. Promettans… obligeans… renonceans. Faict et passé ès estudes des notaires24 soubzsignez l’an mil six cens trente quatre, le vingt septiesme jour d’avril avant midy, et ont signé

• 25 Georges Beurrey, notaire titulaire de l’étude LXX de 1632 à 1641.

31Beurrey25

• 26 Pierre Ier Muret, notaire titulaire de l’étude XCI de 1631 à 1667.

32Muret26

• 27 Biffé : François

34Furent presens en leurs personnes Jehan27 Ragot, imprimeur à Paris, et Françoise Charpentier, sa femme de luy auctorizée en ceste partie, demeurant rue Sainct Jacques, parroisse Sainct Benoist, stipullant en ceste partie pour François Ragot leur filz, graveur, à Paris, demeurant avec sesdictz pere et mere à ce present en son voulloir et consentement d’une part

• 28 À l’emplacement actuel de la fondation Pinault (bourse de commerce).

35Et Jehanne Despoiriers vefve de feu Bertrand Bertrand, vivant marchand linger fournissant la maison de Monseigneur le comte de Soissons demeurant à Paris en l’hostel dudict seigneur, rue des deux Escus28, parroisse Sainct Eustache, stipullant aussy en ceste partie pour Marie Bertrand, fille dudict deffunt et d’elle. Ladicte fille à ce presente de son voulloir et consentement d’aultre part.

• 29 Les quatre derniers ajoutés en bas de page.

54et [blanc] de Loynes, amys29.

• 30 au mesme prix et non aultrement : ajouté en bas de page.

59Pourra ladicte future espouze et ses enfans survivans led. futur espoux prendre laditte communauté ou y renoncer et en cas de renonciation reprendront franchement quictement tout ce que lad. future espouze aura apporté avec ledict futur espoux ses douaire et preciput cy dessus et tout ce qui luy sera advenu et escheu constant led. mariage par succession, donnation ou aultrement, sans estre tenus d’aulcunes debtes de lad. communauté, encores qu’elle y eust parlé et s’y fust obligée, dont les heritiers dudict futur espoux seront tenus liez et acquités, comme au semblable les heritiers de lad. future espouze pouront pareillement renoncer à lad. communauté et, en y renonceant, reprendront : sçavoir la mere de lad. future espouze la somme de six cens livres et ses heritiers collateraulx que la somme de cinq cens livres seullement, et oultre en faveur des presentes promecteur seront tenus lesd. Ragot et sa femme, de luy auctorizée comme dict est, donner ausd. futurs espoux pour leur logement une chambre pendant trois années entieres qu’ilz ont à jouir de la maison en laquelle ilz sont à present demeurans et, au cas qu’ils renouvellent le bail de lad. maison, au mesme prix qu’ils l’ont et non aultrement30, leur continueront leur logement ceans aussy longtemps qu’ilz y demeureront et en cas qu’iceulx futurs espoux ne se trouvassent bien logés en lad. maison pouront lesd. futurs espoux relouer lesdictes deux chambres et en recepvoir les loiers pour eux loger où bon leur semblera pendant lesd. trois années et à continuer cy après en cas que dict est que lad. maison luy soit relouée au mesme prix

• 31 Claude Ier Le Vasseur, notaire titulaire de l’étude XXXV de 1599 à 1645.

74Louis Bertrand Le Vasseur31

• 32 Jacques Guymier, notaire titulaire de l’étude CV de 1631 à 1637.

75Guymier32