Les structures et l’organisation traditionnelles de la musique sénégalaise, basées sur le rôle des griots et une importante musicalisation du quotidien (Niang 2015), ont été traversées au fil des siècles par diverses influences, cubaine, américaine, coloniale (Shain 2009). Depuis l’introduction de la technologie 3G à partir de 2010 (Sagna 2012), la création musicale au Sénégal est en pleine transformation : multiplication des home studios, bouleversement des modes de diffusion et de distribution, transformation des pratiques du point de vue de la création, de l’écoute, et du stockage. Ces transformations sont particulièrement importantes dans le cadre de la production de musiques hip-hop, présentes au Sénégal depuis la fin des années 1980 (Benga 2002), mais dont les processus de création ont rapidement évolué au cours des décennies suivantes. Le beatmaker, « faiseur de rythmes » qui compose et produit les instrumentaux hip-hop, est aujourd’hui devenu une figure centrale de la créati...
L’acquisition des savoirs audionumériques dans les studios des beatmakers sénégalais
Résumé
Une enquête de terrain menée dans les studios d’une quinzaine de beatmakers sénégalais a permis de constater l’omniprésence de discours liés à l’autodidaxie pour expliquer les modalités d’acquisition des savoirs audionumériques sur lesquels s’appuient leurs pratiques de création. Mais ces apprentissages autodidactes correspondent en fait le plus souvent à des situations où ni les apprenants, ni les formateurs, ne reconnaissent le caractère formatif de situations d’apprentissage qui ont pourtant bien lieu. Cet article se propose d’examiner dans le détail ces processus, afin d’identifier quels types d’apprentissages sont mis en œuvre, et quels types de savoirs sont alors transmis. Ces savoirs audionumériques se développent soucent au contact de situations concrètes, dans les studios. Même si les beatmakers y font constamment référence, et bien que leur influence soit réelle, les pratiques de création hip-hop globalisées sont confrontées à des contraintes locales, à la spécificité des expériences traversées par les beatmakers sénégalais au cours de leur vie professionnelle, mais aussi à des « savoirs tacites » liés aux studios d’enregistrement de façon plus générale. En l’absence de formations institutionnelles, un ensemble de savoirs adaptés à la réalité de la création musicale sénégalaise actuelle est ainsi transmis et mis à jour à travers des pratiques et des interactions qui font dialoguer au quotidien échelle locale et circulations globalisées.
Extrait du texte
Ce document sera publié en ligne en texte intégral en décembre 2023.
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Pour citer cet article
Référence papier
Maël Péneau, « L’acquisition des savoirs audionumériques dans les studios des beatmakers sénégalais », Cahiers d’ethnomusicologie, 35 | 2022, 105-121.
Référence électronique
Maël Péneau, « L’acquisition des savoirs audionumériques dans les studios des beatmakers sénégalais », Cahiers d’ethnomusicologie [En ligne], 35 | 2022, mis en ligne le 15 décembre 2023, consulté le 09 juin 2023. URL : http://journals.openedition.org/ethnomusicologie/4720
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