Résumé
Puissant outil de promotion, le vidéoclip active des processus d’information, de médiatisation et de médiation. Aussi constitue-t-il aujourd’hui une instance incontournable voire une condition sine qua non à la viabilité de la musique en régime numérique. Par ailleurs, il est le produit d’un travail collectif mettant en œuvre des savoir-faire techniques et artistiques d’acteurs dont on sait très peu de choses. Cet article propose de mettre en visibilité les « nouveaux métiers » de la musique qui, derrière et devant la caméra, participent à la conception et à la fabrication des vidéoclips à Abidjan. En se fondant sur les propositions de la sociologie des professions et de l’anthropologie du travail, il propose une ethnographie du monde socio-professionnel des réalisateurs, chorégraphes et danseurs de vidéoclips. Celle-ci permet d’examiner les trajectoires, les dynamiques de subjectivation, le travail créatif et les logiques de professionnalisation dans lesquels les acteurs du monde du vidéoclip abidjanais sont engagés. L’article décrit les transformations des pratiques professionnelles et la construction d’une industrie culturelle à l’ère du numérique.
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Extrait du texte
Ce document sera publié en ligne en texte intégral en décembre 2023.
Plan
Introduction
Des parcours de formation hétérogènes
Pluriactivités, inventivité et flexibilité
Fabriquer un vidéoclip à Abidjan : conventions et tactiques
Coopérations, conflits et reprises d’initiatives
Conclusion
Aperçu du texte
Introduction
La musique s’écoute, se regarde et se danse. Elle agit autant dans la création de sons, d’images et d’imaginaires que dans la mise en mouvement de corporéités. De cette intime alliance du son, de l’image et du geste émerge, dans les années 1980, le vidéoclip, une forme audiovisuelle hybride qui emprunte au cinéma, à la télévision, à la publicité et aux jeux vidéo. Puissant outil de promotion de la musique, le vidéoclip marque la « bascule récente vers une culture audiovisuelle synesthésique » au sein de laquelle « la musicalisation de la vision » est centrale (Bonde Korsgaard 2017 : 85). Le vidéoclip et ses multiples avatars au format court ont aujourd’hui envahi le quotidien des utilisateurs d’internet et des réseaux sociaux. Ces derniers sont de plus en plus nombreux à « n’écou[ter] que des clips » (Kaiser et Spanu 2018 : 8). Aussi, ces usagers participent-ils activement à la création, à l’incorporation et à la mise en circulation à l’échelle globale de ces « tendances...
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Pour citer cet article
Référence papier
Ettien Adou et Sarah Andrieu, « Chorégraphes, danseurs et réalisateurs de vidéoclips à Abidjan (Côte d’Ivoire). Ethnographie des nouveaux métiers artistiques en régime numérique », Cahiers d’ethnomusicologie, 35 | 2022, 187-204.
Référence électronique
Ettien Adou et Sarah Andrieu, « Chorégraphes, danseurs et réalisateurs de vidéoclips à Abidjan (Côte d’Ivoire). Ethnographie des nouveaux métiers artistiques en régime numérique », Cahiers d’ethnomusicologie [En ligne], 35 | 2022, mis en ligne le 15 décembre 2023, consulté le 09 juin 2023. URL : http://journals.openedition.org/ethnomusicologie/4756
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Auteurs
Ettien ADOU est docteur en Sciences de l’Information et de la Communication à l’Université Félix Houphouët-Boigny (Abidjan/Côte d’Ivoire). Il est membre du Groupe de Recherche en Anthropologie de la Communication (GRAC) à Abidjan et membre du projet ANR Cultures du numérique en Afrique de l’Ouest : musique, jeunesse et médiations. Ses travaux qui se déroulent essentiellement en Côte d’Ivoire portent sur le broutage, un usage déviant d’internet, et sur la reconfiguration de l’économie symbolique du vidéoclip. Dans ses recherches récentes, il questionne la manière dont, dans un contexte de globalisation et d’uniformisation de la culture, les fictions télévisées ivoiriennes rendent compte des dynamiques sociales de résistance, de résilience et de reliance.
Sarah ANDRIEU est anthropologue, maîtresse de conférences au département des Arts de l’Université Côte d’Azur. Elle est membre du Centre Transdisciplinaire d’Épistémologie de la Littérature et des Arts vivants (CTEL) et membre associée à l’Institut des Mondes Africains (IMAF). Ses recherches, menées au Burkina Faso depuis 2002, portent d’une part sur les usages politiques des danses traditionnelles par l’état postcolonial et d’autre part, sur les dynamiques de circulation d’esthétiques, de savoirs, d’imaginaires dans le champ globalisé de la danse africaine contemporaine. Dans le cadre du projet Cultures du numérique en Afrique de l’ouest : musique, jeunesse et médiations, elle s’intéresse au monde des « danseurs urbains » ivoiriens et à l’écosystème des vidéoclips. Elle interroge les questions de la création et de la circulation des imaginaires de soi et des techniques corporelles à l’ère numérique ainsi que les dynamiques de professionnalisation dans lesquelles sont engagés les danseurs abidjanais.
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