Riches en ressources fourragères et d’une densité de population parmi les plus faibles de la Moyenne-Guinée (24 habitants au km en moyenne), les régions guinéennes de Gaoual et de Koundara ont permis au pastoralisme peul de prospérer depuis la fin du xxe siècle (Diallo 2002 : 95-97). Souvent désignées par l’appellation pulaar hirnaage (Baldé 2020 : 20), elles sont situées à la frontière occidentale de l’ancien Fouta théocratique, qui contrôlait, entre le xviiie siècle et le début de la colonisation française, les plateaux centraux du Fouta-Djalon, c’est-à-dire les actuelles régions administratives de Labé, de Mamou et une partie de celle de Boké. Pendant des siècles, l’hirnaage a été un refuge pour les Pulli ou Fulbe burure, peu disposés à abandonner l’élevage et leur religiosité sylvopastorale et résistant aux formes de soumission liées à leur condition de « païens » dans la société islamisée de Fouta Jallon. La croissance démographique des hauts plateaux centraux a intensifié ce p...
Du bien-être relationnel à l’aisance de vie : historiciser la notion de heɓtaare à la périphérie occidentale du Fouta-Djalon
Résumés
Dans les régions guinéennes de Gaoual et de Koundara, où le pastoralisme peul a prospéré depuis la fin du XXe siècle, la notion pulaar de heɓtaare, communément traduite en français par « liberté », « indépendance » ou encore « bien-être », exprime à la fois l’émancipation, pour les êtres humains, des contraintes politiques, environnementales et socioéconomiques et les conditions de bien-être produites par ce processus d’émancipation. L’étude des nuances sémantiques du mot heɓtaare du point de vue des éleveurs âgés qui, à l’époque de la première République de Guinée (1958-1984), ont connu la dispersion en brousse au rythme des saisons et des besoins des animaux, permet d’entrevoir le mode de vie frugal qui a caractérisé cette phase de leur vie. L’investissement de la deuxième République (1993-2008) dans le secteur sylvopastoral a augmenté la rentabilité du cheptel et a attiré ces éleveurs vers plus de sédentarité, les amenant à s’installer dans les centres urbains et semi-urbains de la région. Si aujourd’hui les vaches sont encore en brousse, l’anthropisation pose des défis énormes, qui font douter les éleveurs âgés de l’avenir de leur activité. Les enfants qui hériteront d’ici quelques années de la responsabilité pastorale ont développé un rapport consumériste au patrimoine de cheptel accumulé par leurs parents. Leur vision du heɓtaare tend vers le bonheur et l’aisance de vie, que l’usage commercial du cheptel bovin, surtout pour la production de viande, peut apporter.
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Ismailou Baldé et Alice Bellagamba, « Du bien-être relationnel à l’aisance de vie : historiciser la notion de heɓtaare à la périphérie occidentale du Fouta-Djalon », Cahiers d’études africaines, 257 | 2025, 39-64.
Référence électronique
Ismailou Baldé et Alice Bellagamba, « Du bien-être relationnel à l’aisance de vie : historiciser la notion de heɓtaare à la périphérie occidentale du Fouta-Djalon », Cahiers d’études africaines [En ligne], 257 | 2025, mis en ligne le 01 janvier 2028, consulté le 16 avril 2025. URL : http://journals.openedition.org/etudesafricaines/49450 ; DOI : https://doi.org/10.4000/13h7c
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