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Dossier

Développer les ressources halieutiques haïtiennes : exploration des potentialités de l’usage de récifs artificiels pour la pêche artisanale

Fisheries Resources Enhancement: Explorative Potential for The Use of Artificial Reef for Small Scale Fisheries
Sylvain Pioch et Pierre-Yves Hardy

Résumés

Cet article propose de réaliser la première synthèse sur le potentiel d’immersion de récifs artificiels (RA) en Haïti, afin de lutter contre l’insécurité alimentaire par des projets favorisant l’augmentation et la gestion des ressources côtières. Après une brève approche historique de l’utilisation de tels récifs depuis les années 80, nous nous attacherons à présenter une perspective de développement de sites adaptés aux besoins et potentialités de gestion actuelles. À partir d’une enquête de terrain, nous avons pu dégager les points clés motivant un programme pilote. En effet, la dépendance alimentaire reste extrêmement importante vis-à-vis des productions halieutiques, notamment dans les départements Sud et Sud-Est où les fonds côtiers sableux sont propices à la pose de récifs artificiels et où la demande des pêcheurs pour développer et gérer de nouveaux sites de pêches est forte. L’étude a permis de mieux définir la perception de ces installations par les pêcheurs haïtiens, en identifiant notamment les craintes et les images attachées à la pose d’obstacles sous-marins dans les fonds côtiers, pouvant constituer un frein à leur développement. Les résultats identifient deux sites candidats à haut potentiel socio-écologique et permettent de distinguer plusieurs types de RA spécifiquement adaptés aux objectifs halieutiques et aux possibilités techniques en Haïti, ainsi qu’à un mode de gestion réaliste.

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Notes de l’auteur

Le texte est adapté du rapport de l’expertise collective réalisée par l’IRD en collaboration avec le MARNDR sous la direction de Gilbert David [2021], les figures sont tirées de ce rapport.

Texte intégral

Remerciements

Les auteurs remercient M. Dervil Castel Mario stagiaire de la faculté d’agronomie de Port-au-Prince pour son stage réalisé en 2019-2020 sous leur encadrement, ainsi que Mme Monique Gherardi, ingénieur d’étude du laboratoire LAGAM, pour le travail cartographique et sémiologique.

Introduction

1La situation en Haïti est très préoccupante non seulement sur le plan politique et économique, mais également sur le plan sanitaire et social, vis-à-vis de sa capacité à assurer la subsistance quotidienne de 12 millions d’habitants, sur un territoire d’à peine 27 750 km². Mécaniquement, l’indice de développement humain (IDH), défini par les Nations Unies pour mesurer les progrès d’un pays, était de 0,51 en 2019 (PNUD, 2020), ce qui place Haïti à la 170e place du tableau de l’IDH, publié sur 189 pays. D’après la FAO1, moins de la moitié de la population est sous-alimentée. De nombreuses études et auteurs se sont penchés sur la problématique de l’insécurité alimentaire. Les apports en protéines sont essentiellement issus de pois et légumineux, rarement agrémentés de poulet d’importation ou de viande bovine de manière très insuffisante (CIRAD, 2016). Bien qu’en contexte insulaire, la consommation en poisson est faible avec 5 kg/hab./par an2, contre 8,7 pour la voisine République dominicaine, ou 25,8 pour la Jamaïque. Le potentiel d’accroissement de production de protéines marines, issues de la pêche haïtienne, représente un potentiel considérable, bien que la filière soit déficiente (Favreliere, 2008 ; Felix, 2012). Avec 28 056 unités de pêche, constituées à 95 % de petits métiers artisanaux, l’effort de pêche et la répartition homogène le long des côtes haïtiennes des pêcheurs professionnels représente un atout de poids pour assurer une production régulière, de proximité et de qualité (David et al., 2021). Mais sur le terrain, on peut aussi constater une surexploitation des zones de pêches côtières (- 30 m de fond et quelques km de la côte), facilement accessibles en sécurité par une flottille constituée d’unités de pêches qui sont des pirogues ou « bwa fouyé » de 3,5 m à 51 %, ou des canots de 5 m pour 36,6 %, en bois et propulsés par la voile ou à la rame (rarement au moteur) (Ibid). Associés à des tailles de capture très faibles (tout est gardé pour être vendu) ou des techniques destructrices comme la pêche au filet à moustiquaire ou la pêche de nuit au narguilé, les ressources peinent à se développer empêchant le maintien des stocks halieutiques récifaux côtiers (Ibid). Trois leviers d’action sont utilisés dans une situation de surexploitation halieutique : quotas de pêche, l’augmentation de la capacité de production des milieux (repeuplement et récifs artificiels [RA]) ou la création de réserves pour développer l’effet de « spill-over » (débordement) au bénéfice des zones adjacentes (Pioch, 2008). La pose de récifs artificiels concourt à créer des îlots de substrats durs sur lesquels de nouveaux écosystèmes coralliens et algaux vont se développer, accroissant ainsi de manière significative la densité de poissons exploitables. Il convient de noter que les récifs artificiels étant vulnérables à la sédimentation et à la surpêche, une approche intégrée demeure nécessaire pour une intensification durable sur le long terme des écosystèmes marins. Il est d’ailleurs intéressant de noter que Pascal Saffache concluait son article dans Études Caribéennes en 2006 par « Enfin, pour tenter de repeupler le plateau insulaire haïtien, pourquoi ne pas envisager la pose de récifs artificiels (RA) ». Il rappelait que « “Cela permettrait d’aboutir à terme à une gestion intégrée des côtes et des espaces marins haïtiens. Avec la possibilité de développer des activités touristiques de plongée, une vraie activité de pêche, le tout étant d’agir en amont pour pallier les problèmes de dégradations à la source et non pas en aval pour en résoudre les conséquences.”. C’est sur la base de cette intuition que prend racine cet article, proposant de dresser l’historique des immersions de RA en Haïti puis d’enquêter sur le terrain pour mieux identifier les perceptions que les pêcheurs locaux en ont et de proposer, sur la base d’un travail de co-construction participatif, des modules adaptés aux capacités locales de fabrication autant qu’aux espèces cibles et des sites potentiels, propices à un projet pilote.

1. Méthode

2Cet article présente les principaux résultats du chapitre 8 (“Création d’habitats artificiels en zone côtière”) de l’expertise collective sur la pêche en Haïti réalisée conjointement par l’IRD et le MARNDR entre 2017 et 2020 et diligentée par la banque interaméricaine de développement (BID). Deux missions ont été réalisées en aout 2018 et juillet 2019, appuyée par un mémoire de stage réalisé par Mario Dervil Castro (2019). Ces missions se sont déroulées dans les départements du Sud et du Sud-Est d’Haïti et ont permis de contacter 62 pêcheurs pour le secteur Baie d’Aquin (août 2018) et 95 pêcheurs pour les secteurs Jacmel et Marigot, soit 157 pêcheurs artisanaux (Figure 1).

Figure 1 : Deux secteurs investigues (encadres verts), sur les départements sud et sud-est Carte d’Haïti

Figure 1 : Deux secteurs investigues (encadres verts), sur les départements sud et sud-est Carte d’Haïti

Mise en carte : M. Gherardi, Lagam

3L’objectif de ces entretiens étaient de mieux connaitre les espèces cibles de la pêche, la distance moyenne à la côte des sites pêchés, la profondeur de ces « bonnes zones », les techniques de pêche utilisées et les autres activités exercées par les pêcheurs.

4Ces entretiens ont été complétés par quatre focus groupes (Barbour et Kitzinger, 1998), deux au sujet de la perception des RA et la définition de sites propices avec une carte participative de localisation avec un groupe de 5 et un groupe de 4 pêcheurs dans l’arrondissement des Cayes, deux au sujet des caractéristiques des habitats naturels abritant les espèces cibles identifiées, avec des groupes de 5 et 6 pêcheurs dans l’arrondissement de Jacmel. L’ensemble des données sont disponibles dans le rapport d’expertise collective de David et al. (2021).

5Deux séries de plongées et des comptages sous l’eau ont été réalisées, avec les pêcheurs professionnels, afin de mieux définir les sites de pêche et les formes naturelles coralliennes ou rocheuses abritant les espèces cibles ainsi que les caractéristiques de ces espèces in situ.

2. Des récifs artificiels adaptés aux besoins humains et halieutiques

6Le principe du renforcement d’un habitat marin par la pose de récifs artificiels est simple, il s’agit avant tout de restaurer ou de créer des habitats adaptés aux espèces marines des fonds marins durs, notamment coralliens, tout en protégeant les fonds meubles contre l’usage de filets détruisant les herbiers ou les fonds meubles (Pioch, 2008). Le récif artificiel agit selon trois étapes : a) l’attraction des espèces marines cibles de la pêche en proposant des habitats adaptés (Lutjans, mérous, langoustes) ; b) la colonisation par ces espèces ; c) la production, un ensemble de récifs artificiels assure alors trois fonctions essentielles : protection (abris aux juvéniles ou aux adultes selon son design), nourricerie et reproduction, tant des algues, coraux et mollusques fixés sur sa surface que des crustacés et poissons adultes qui s’y abritent (Pioch et al., 2010). En règle générale, le succès de la mise en place de récifs artificiels pour renforcer la productivité du milieu dépend à la fois de trois paramètres. Il s’agit, d’une part, de la qualité des données biophysiques et cartographiques (bathymétrie, courantologie, météorologie, zones de frayères, zones de nurseries, zones de pêche, zones réglementaires et activités maritimes) ; d’autre part, des dispositions de gestion (organisation de pêcheurs, autogestion, réglementation, surveillance) ; enfin, de son design mimant la nature (éthologie des espèces cibles, forme des habitats naturels et fonctions cibles à imiter, disposition, orientation, profondeur [Salaün et al., 2020]).

7Ces trois aspects sont primordiaux, les données biophysiques et cartographiques permettent l’identification de sites d’accueil appropriés (espèces fonds, apports trophiques, présence d’abri côtier, etc.) ; les dispositions de gestion, lorsqu’elles sont effectives, permettent de gérer la pression de pêche au niveau des récifs, pour assurer leur efficacité optimale et la pérennité des stocks.

8Enfin, les données présidant au design et à la disposition des récifs artificiels sur les fonds marins assurent les objectifs d’habitats et de fonctions écologiques selon les espèces cibles souhaitées (éthologie). Afin de valider ces informations, les quatre enquêtes de terrain conduites en 2018 et 2019 dans les départements du Sud et du Sud-Est ont apporté des données essentielles. Mais avant de nous intéresser aux besoins actuels en récifs artificiels, il est intéressant de dresser tout d’abord un rapide historique des immersions déjà réalisées en Haïti.

2.1. Historique des projets de récifs artificiels réalisés en Haïti

9Dans le département du Nord, face aux plages de Cap-Haïtien, des carcasses de voitures ont été immergées, sans leur moteur, pour créer un site d’épave en plongée et de pêche récréative. Peu d’informations ont pu être collectées sur ce premier site, mais il y a fort à parier qu’étant donné la durée de vie de la tôle des carrosseries, et les conditions particulièrement agressives dans les caraïbes (salinité, température, lumière) il ne reste que très peu de traces de ces immersions.

2.1.1. Les pyramides haïtiennes

10Par la suite, un deuxième site d’immersion a été développé en 2007. Il s’agit de pyramides en béton de 1 m³ (Figure 2), dans 5 m de fond, pour créer un site de plongée au nord de Port-au-Prince (com. pers. Robert Strhyanin). Nous pouvons ici parler d’habitat artificiel conçu dans le but de développer la faune et la flore sous-marine. Il s’agit du premier de la sorte en Haïti à base d’ouvrages dimensionnés pour être immergés.

Figure 2 : Colonisation des pyramides en béton, premiers récifs artificiels volontaires haïtiens

Figure 2 : Colonisation des pyramides en béton, premiers récifs artificiels volontaires haïtiens

Photos : R. Stryhanin

11Ce site de quelques dizaines de mètres carrés est réservé à la plongée de loisir. D’après les plongeurs le fréquentant, il est bien colonisé, avec de nombreuses espèces halieutiques, confirmant le besoin en habitats comme facteur limitant la colonisation et la possibilité de développer des populations halieutiques.

2.1.2. Le projet « Ampil poissons »

12En 2014 un projet de RA original nommé « Ampil poissons » est porté par l’Université américaine Abaco NC University et supervisée par Jacob Allgeier (Assistant professor à l’Université du Michigan). Il consiste à tester, sur la partie Ouest de Ile à Vache, des formes basiques de RA constituées de parpaings empilés installés dans des herbiers entre -2,5 et 3 m de fond (Figure 3). L’objectif scientifique, sur ce site très réduit, est de tester la fertilisation des herbiers par les déjections de l’ichtyofaune fréquentant les RA (Layman et al., 2016).

Figure 3 : Photos et dessin des ra appelés « ampil poissons » (abaco, ncu ; layman et al., 2016)

Figure 3 : Photos et dessin des ra appelés « ampil poissons » (abaco, ncu ; layman et al., 2016)

13Depuis 2014 le suivi scientifique a montré des résultats intéressants (Ibid), avec une présence avérée d’espèces cibles halieutiques (e.g. lutjans, langoustes ou haemulidae). Il parait toutefois curieux de chercher à développer les herbiers, en les recouvrant (même partiellement) par des habitats artificiels, qui empiètent donc sur cet écosystème. Mais l’expérience reste intéressante dans le domaine halieutique (notamment par l’abondance des langoustes).

14Les trois projets rappelés ci-dessus, bien que de petite dimension et sans suivi scientifique pour deux d’entre eux, sembleraient valider l’intérêt de disposer des RA pour l’installation d’espèces locales, notamment d’espèces cibles halieutiques (langoustes, lutjan ou haemulidae) et le développement d’une faune fixée autochtone (corail, éponges…).

2.2. Profils des pêcheurs artisanaux côtiers

15Comme rappelé plus haut, les projets de RA doivent être adaptés aux attentes des pêcheurs locaux et aux besoins éthologiques des espèces cibles de la pêche. À partir des enquêtes réalisées sur les deux secteurs d’étude, les profils des pêcheurs concernés montrent une pyramide d’âge comprise entre 30 et 50 ans. Leur rayon d’action est faible (du fait des moyens nautiques utilisés), car ils pêchent à proximité des côtes du bord jusquà 10 à 15 km en moyenne, dans des fonds moyens de 20 m, en ciblant les poissons de roche appelés « roses » (vivaneaux, lutjans), les rougets et la langouste (Figure 4). La pêche est leur activité principale, en utilisant majoritairement la technique de la ligne à main (ou palangrotte).

Figure 4 : Profil des pécheurs artisanaux côtiers, des techniques et des sites de pèche privilégies

Figure 4 : Profil des pécheurs artisanaux côtiers, des techniques et des sites de pèche privilégies

16L’évolution des profils socio-économiques des pécheurs est renseignée en détail dans l’ouvrage de David et al. (2021). Les pêcheurs constatent une importante diminution de leurs prises depuis trente ans. Ils considèrent que la zone côtière joue aujourd’hui de moins en moins son rôle de « garde-manger ». Certaines espèces ont disparu de leurs habitats habituels, ce que relèvent également Augier et Watson dans leur rapport publié en 2010 sur la gestion raisonnée des ressources (Augier et Watson, 2010). En particulier, les pêcheurs relatent que le « pawòkèt roz » (Sparisoma atomarium), le « pwason bous » (Xanthichthys ringens) et les langoustes pêchées jadis au niveau des récifs côtiers, se retirent progressivement vers des eaux plus profondes, sans doute pour se protéger de la turbidité et des polluants causés par les apports des bassins versants. Ainsi, les investissements engagés par les pêcheurs sont de plus en plus importants pour l’acquisition de carburant (pour ceux qui possèdent ou partagent des embarcations motorisées) et de matériels divers (engins, pièces de rechange…). La sécurité en mer est un point très sensible et dépend largement des rares moyens matériels dont disposent les pêcheurs. En se déplaçant loin des côtes avec des équipements peu importants, ils courent de forts risques d’accident en mer. Notons que les pêcheurs préfèrent pêcher le long des côtes. Ils ont la possibilité de vendre au marché régional ou national, mais le plus souvent local car les possibilités d’acheminement des produits, souvent transportés dans des camions, voitures ou deux roues avec stockage non réfrigéré, imposent un circuit court. En effet, la plupart des pécheurs n’ont pas les moyens de conserver le poisson rendant cette pêche principalement vivrière. La faiblesse de la chaîne du froid et les difficultés de transport condamnent les pêcheurs à accepter des prix bas.

2.2.1. Étude de la perception de l’objet récifs artificiels par les pêcheurs locaux

17Afin de susciter l’engagement des pêcheurs, une enquête de perception a été menée, sous la forme d’entretiens semi-directifs avec un échantillon de 157 enquêtés. L’analyse des réponses nous a permis de mieux comprendre les craintes, mais également les attentes vis-à-vis de cet objet, encore confidentiel en Haïti. La synthèse des résultats est proposée ci-après :

  1. Obstacle à la navigation pour 68 % (des enquêtés) :

    • Perception négative : sur la profondeur d’immersion de peur d’avoir à faire à des récifs affleurant à la surface, ils seront immergés suffisamment profond pour ne pas affleurer à la surface.

  2. Modification des comportements des espèces 61 % :

    • Perception négative : sur le risque que les récifs changent les comportements des poissons de surface en les attirant plus au fond.

  3. Positionnement des sites par rapport à la côte 60 % :

    • Perception positive : distance des récifs à la côte et aux récifs naturels pour un accès facile.

  4. Support pour Lamparo 51 % :

    • Perception positive : sur la possibilité d’utiliser comme un « attracteur » en disposant des lumières dessus,

  5. Dépose 35 % :

    • Perception négative : sur la réversibilité, le démontage des récifs artificiels, si cela les gêne peut on les démonter.

  6. Design des RA 35 % :

    • Perception neutre : curiosité/information et demande de connaissance sur les formes, les volumes et la fabrication des récifs.

  7. Durabilité des ouvrages 34 % :

    • Perception neutre : sur la résistance des récifs aux ouragans

  8. Requins 29 % :

    • Perception négative : sur le risque que les requins soient attirés par les poissons et se développent trop fortement

18Globalement, les pêcheurs ont des perceptions plutôt favorables sur l’installation de RA. La phase de concertation, avant immersion et mise en place d’un plan de gestion de sites de RA, pourra se baser sur ces perceptions afin d’améliorer l’acceptabilité des projets.

2.2.2. Détermination d’un site proposé par les pêcheurs professionnels

19Dans la baie d’Aquin, environ 200 pêcheurs se répartissent un territoire étroit et surpêché. Huit pêcheurs membres de l’association locale de la baie d’Aquin (département des Cayes, voir Figure 1) ont été volontaires pour un exercice de cartographie participative. L’objectif était de positionner sur la carte bathymétrique du territoire la meilleure zone de RA. Les sites considérés comme adaptés sont situés au large du vieux Bourg d’Aquin, à l’est de Grosse Caye dans le secteur dit du Lozandier. La zone est accessible aux petites embarcations et permet une pêche côtière artisanale en sécurité. La carte montre le bilan de la cartographie participative (Figure 5).

Figure 5 : Résultats de l’exercice de cartographie participative, les points noirs sont les lieux indiqués par les pêcheurs. Deux zones se distinguent, à l’ouest (ovale rouge) et à l’est (ovale blanc)

Figure 5 : Résultats de l’exercice de cartographie participative, les points noirs sont les lieux indiqués par les pêcheurs. Deux zones se distinguent, à l’ouest (ovale rouge) et à l’est (ovale blanc)

Mise en carte : S. Pioch, Lagam

20La zone à l’Ouest étant trop profonde pour la pose de RA, elle a été rejetée. Le site à l’Est a été retenue en raison de la facilité d’accès pour les pêcheurs et de pose, sur des fonds proches de la côte (moyens nautiques de pose des RA se font à la rame). Enfin, ce secteur est particulièrement intéressant pour la pose de RA car il se situe dans le périmètre du projet d’une future Aire Marine Protégée, favorisant le contrôle et la gestion des accès au site aménagé en RA.

2.3. Un site expérimental aux caractéristiques biophysiques intéressantes

21Sur le site en baie d’Aquin, proposé par les pêcheurs et retenu pour ses caractéristiques bathymétriques, une série de plongées ont permis de constater que les récifs coralliens y sont rares et se composent principalement de blocs massifs (type Montastrea ou Orbicella, cf. Figure 6). Certains de ces habitats naturels forment des pinacles coralliens (couramment appelés « patates » de corail) de 2 à 3 m, dont les plus richement colonisés sont exposés aux courants dominants, avec des formes creuses particulières (hauteur et profondeur caractéristiques).

Figure 6 : un habitat naturel attractif pour les espèces cibles, constitué d’un massif corallien caractéristique (« patate » de corail creusée) vu de haut et de côté h = 2 à 3 m, diam. = 2 m (photos : p.y. hardy)

Figure 6 : un habitat naturel attractif pour les espèces cibles, constitué d’un massif corallien caractéristique (« patate » de corail creusée) vu de haut et de côté h = 2 à 3 m, diam. = 2 m (photos : p.y. hardy)

22Le cortège d’espèces associées est normal pour ces fonds caraïbéens, mais les tailles sont petites pour cette profondeur et cet habitat. Ce site montre, malgré tout, un bon potentiel écologique. Ces habitats naturels peuvent être imités pour développer des RA adaptés aux espèces locales.

3. Design, planification et volume du projet de récifs artificiels « Lakay pwason »

3.1. Design des HA

  • 3 Kuroki, T. (1952). « The shape of a reef and its function as a habitat for fish. » Japan Fisheries

23Les études permettant de sélectionner un type de RA ont une influence directe sur la croissance et la survie des espèces cibles (Kuroki3, 1952). Cette connaissance est fondamentale pour pérenniser les stocks ainsi accrus, mais elle doit également être complétée par une gestion adaptée aux objectifs de pêche ou de conservation (Djellali et al. 2003). Nous appuierons notre expertise sur l’étude de 280 modules et une centaine de sites en Europe et en région Caraïbes, au Japon et aux Etats Unis, ainsi que sur les retours d’expériences en Haïti et régions périphériques (cf. éléments présentés en supra).

24Le design des modules doit tenir compte de 4 éléments clés :

  1. simplicité constructive et d’immersion

  2. robustesse et disponibilité des matériaux

  3. habitats adaptés aux espèces cibles

  4. facilité de gestion

25Les matériaux employés seront identiques à ceux utilisés dans la construction courante (ciment, sables, parpaings, tôles ondulées, tiges en fer à béton). Leur liaisonnement se fera sur le principe de la tige à double platine (sandwich). La levée ou la traction (selon les principes d’immersion retenus), se fera à l’extrémité des tiges filetées, ou par flottaison (éléments auto-portant). Ces principes faciliteront la pose et la dépose demandée par les pêcheurs locaux (cf. enquêtes).

26Les expériences réussies en Haïti (pyramides haïtiennes, « ampil » à l’Ile-a-Vache [NUC Abaco]) et de Guadeloupe (Pioch et Léocadie, 2017), sur les mêmes espèces cibles, ainsi que la seconde mission de terrain ont permis de valider les options de design. Enfin, les dispositions de type « récifs chicanes » (système anti-plongeur braconnier) et système de « gendarme » (crochet anti-filet) assureront une auto-gestion du fait des choix de construction appliqués aux ouvrages proposés.

3.1.1. Design proposé par les pêcheurs locaux

  • 4 Ces pêches sont aussi exercées de nuit selon l’appellation de « pêche batterie ».

27Les enquêtes ont permis d’échanger avec une dizaine de pêcheurs professionnels en apnée4 et pêche au narguilé (harpon), dits localement « tirés ». Les connaissances nécessaires à la définition d’un design adapté aux espèces locales doivent se fonder sur une bonne connaissance éthologique des espèces ciblées par les pêcheurs. Nous reproduisons ici l’un des croquis réalisés sur le terrain, sur la base des connaissances extrêmement riches et précises des pêcheurs (Figure 7).

Figure 7 : croquis présentant la forme des habitats naturels adaptés aux espèces cibles, réalisé par un pêcheur détaillant les « portes » où les poissons circulent, leurs positions, leurs tailles ainsi que les trous constituant des cachettes secondaires désignés par la lettre « T »

Figure 7 : croquis présentant la forme des habitats naturels adaptés aux espèces cibles, réalisé par un pêcheur détaillant les « portes » où les poissons circulent, leurs positions, leurs tailles ainsi que les trous constituant des cachettes secondaires désignés par la lettre « T »

Croquis : Sam Oussendi

28Les 11 esquisses collectées ont permis d’identifier des éléments précis. Malgré une assez grande diversité de croquis, à relier aux nombreuses espèces cibles, ou aux spécialités de chaque pêcheur (langouste, roses, pélagiques côtiers…), des points communs sont synthétisés ci-après :

  1. les habitats doivent être munis de plusieurs entrées/sorties,

  2. les entrées doivent être situées au plus près du fond,

  3. les diamètres d’accès sont compris entre 7 et 15 cm (pour le passage des poissons),

  4. les volumes sont compris dans, au minimum 1 m de haut et environ 3 à 5 m de large.

29Ces éléments ont été complétés par des plongées sur site afin de vérifier et compléter les informations fournies.

3.1.2. Design adapté pour des RA haïtiens dans les départements Sud et Sud-Est

30Afin de définir des RA adaptés aux espèces et aux besoins haïtiens, nous utiliserons la méthode développée par Pioch (2008) (Tableau 1). La première étape consiste à classer les espèces côtières cibles de la pêche et des RA en fonction de leur groupe éthologique et de leurs habitats (Figure 8).

Figure 8 : Types d’espèces cibles en fonction de leur relation avec l’habitat A, B ou C (d’après Nakamura, 1985)

Figure 8 : Types d’espèces cibles en fonction de leur relation avec l’habitat A, B ou C (d’après Nakamura, 1985)

Tableau 1 : relations entre types d’espèces, groupes et habitats naturels ou artificiels

Types d’espèces cibles

Groupes

Habitats naturels

Type A (ou I)

Espèces benthiques ou necto-benthiques souvent cryptiques de substrat dur.

Substrats durs présentant des cavités sombres et complexes.

Type B* (ou II et IV*)

Espèces démersales fréquentant ou vivant sur ou à proximité des substrats durs.

Substrats durs présentant un relief et des cavités moyennes à grandes

Type C (ou III)

Espèces pélagiques vivant en pleine au

La pleine eau et proximité des remontées du fonds abruptes ou présentant un très fort relief (up-welling).

Source : Pioch, 2008

31La deuxième étape, repose sur le classement des catégories de RA dont la forme est adaptée aux différents types d’espèces cibles (cf. Tableau 2).

Tableau 2 : Relation entre les trois types d’espèces cibles et les 3 catégories de RA

Tableau 2 : Relation entre les trois types d’espèces cibles et les 3 catégories de RA

Source : Pioch, 2008

32La troisième étape permet de définir les morphologies de RA en relation avec le comportement relatif à l’habitat des différents types d’espèces cibles (cf. Tableau 3).

Tableau 3 : relation RA et espèces cibles

Tableau 3 : relation RA et espèces cibles

Source : Pioch, 2008

33En reprenant cette démarche méthodologique et sur la base des échanges ainsi que des enquêtes menées sur le terrain (rappelés en supra), les principes retenus pour le design des RA haïtiens sont proposés dans le tableau 4.

Tableau 4 : Modules adaptés aux acteurs/usages et aux types d’espèces cibles pour la zone de projet en Haïti

Tableau 4 : Modules adaptés aux acteurs/usages et aux types d’espèces cibles pour la zone de projet en Haïti

3.2. Définition de quatre types d’habitats artificiels adaptés aux besoins haïtiens

34Quatre modules ont été définis dans le cadre de ces recherches. Ces modules sont réalistes d’un point de vue de la disponibilité des matériaux et des capacités de construction locales.

351 - Récifs « bateau » : Profondeur de pose comprise entre 10 et 40 m, pour adultes de langoustes, colas, vivanneaux (rose et argenté), sardes et kwokwo (perroquet vert).

L’intérêt de ce RA est qu’il facilite la pose en mer par son processus de conception en forme de bateau, c’est-à-dire une structure auto-flottante. Le moule ou la forme, réalisés en grillage et tiges d’acier peuvent être amenés à proximité de l’eau, sur une plage, avant d’être tirés à l’eau (sur rondin ou chariot).

362 - Récifs « Langoustes » : profondeur de pose comprise entre 11 à 25 m.

Ce module peut être réalisé en bambou, sur le modèle des « Casitas » caraïbéennes conçues par Briones-Fourzán et al. (2001). Mais leur durabilité est très réduite, de 1 à 3 ans, au lieu de 30 à 50 ans pour notre proposition.

373 - Amas chaotique : profondeur de pose comprise entre 7 et 12 m, pour juvéniles de langoustes, colas, vivanneaux (rose et argenté), sardes et kwokwo (perroquet vert).

Ce RA est fabriqué avec des blocs inertes de débris de construction récupérés et lavés avant immersion (béton, pierre, acier, tôle). Les diamètres des blocs sont de 20 à 50 cm, posés en amas (tas), largués depuis une barge ou apportés petit à petit par les pêcheurs, jour après jour. Le volume de l’amas est compris entre 10 à 20 m³, soit 12 à 24 tonnes. La hauteur est comprise entre 1 et 2 m et la longueur de 7 à 9 m (deux bouées de surface permettent de baliser le site).

384 - Récifs « Mixte » : profondeur 7 à 20 m, espèces cibles langoustes et juvéniles coraliens.

Ce RA fait la synthèse entre le récif langouste et l’amas chaotique, en visant deux objectifs sur un module. Il est conçu pour résister à des houles cycloniques supérieure à 17 m, d’après le retour d’expérience en Guadeloupe après le passage de l’ouragan Irma en 2017 et pour une durabilité de plus de 50 ans (Pioch et Leocadie, 2017).

3.3. Recommandations de gestion

39Afin de faciliter leur appropriation et leur gestion les sites de RA doivent être balisés et proches de villages de pêcheurs (surveillance facilitée).

40L’accès au site est libre, mais les pêcheurs doivent s’engager en signant une charte avec l’ANAP, gestionnaire de la future Aire Marine Protégée (AMP) dans la baie d’Aquin. Cette charte impose :

  1. Pas de braconnage (pêche « batterie » [nuit]),

  2. Pas de filet sur les RA,

  3. Pas de pêche des juvéniles,

  4. Repos biologique pour la reproduction des espèces cibles [langouste, mérou, roses] en évitant de pêcher des femelles grainées = à définir avec les pêcheurs (poissons grainés) et l’AMP (zones de frayères, tailles « acceptables »…).

41Le suivi et l’évaluation sont incontournables pour tout projet d’aménagement par des RA. Ils permettront de dresser un bilan sur les efforts halieutiques (quantité de poissons produits, espèces, tailles), le respect des règles de taille (juvéniles, femelles), mais également l’évolution des revenus et les effets sur les pêcheurs, notamment en termes de sécurité (proximité des sites à la côte) ou sur la structuration de la communauté (cohésion, respect de la charte).

  • 5 Les possibilité régionales et nationales d’écoulement des stocks sont limitées : peu de conserverie (...)

42Ce travail pourrait s’étaler sur a minima trois années, son objectif est de mieux comprendre les conditions de la réplication et du développement positif d’un programme national de RA avec pour objectif un site par quartier de pêcheurs. La mise en place d’un projet pilote de RA n’est qu’un aspect de la politique globale à mettre en place pour augmenter la productivité halieutique. Rappelons que le problème de l’organisation des filières de vente/redistribution est un enjeu5 à prendre en compte pour améliorer le secteur et comprendre le niveau de pression sur les ressources.

Conclusion

43La zone marine haïtienne constitue un haut potentiel d’exploitation en espèces d’importances halieutiques, notamment dans les petits fonds côtiers, d’après le recensement réalisé par Vendeville et al. en 2022. Ce potentiel est pourtant mis à mal car les pêcheurs n’ont eu le choix d’exercer une grande pression sur les stocks des petits fonds, à proximité de la côte, du fait d’une flotte de pêche constituée de petites unités propulsées à la voile et à la rame, pour répondre à une forte demande en protéines locales.

44En réponse, les RA pourraient créer ou restaurer de nouveaux sites de pêche adaptés à des espèces à fortes valeurs économique : langouste, sarde « rose » ou lutjan. En effet, les fonds marins se prêtent bien à la mise en place de projet de RA et les pêcheurs sont intéressés par cet outil de gestion des zones côtières.

45Mais comme le soulignait Saffache (2006), « Ce qui est à la fois effrayant et enthousiasmant dans le cas des espaces marins haïtiens, c’est que tout est à faire. Avec un minimum de stabilité et de bonne volonté politique, et avec l’aide des pays voisins et des institutions internationales, la gestion intégrée de la frange côtière et du milieu marin haïtien devrait devenir une réalité à terme. ».

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Bibliographie

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Notes

1 http://www.fao.org/faostat/fr/#country/93, consulté le 11 novembre 2022

2 http://www.fao.org/fishery/facp, consulté le 11 novembre 2022

3 Kuroki, T. (1952). « The shape of a reef and its function as a habitat for fish. » Japan Fisheries

Magazines 18(1).

4 Ces pêches sont aussi exercées de nuit selon l’appellation de « pêche batterie ».

5 Les possibilité régionales et nationales d’écoulement des stocks sont limitées : peu de conserveries, une chaine du froid difficile à respecter par manque de disponibilité de glace ou de groupe frigorifique dans les centres de pêche avec un groupe froid en panne à Cayes Jacmel et une usine à glace en panne à Cayes. Les possibilités locales d’écoulement des stocks sont limitées et amènent certains revendeurs à vendre des poissons peu frais à la limite des conditions de consommation (observation sur les petits marchés locaux ou les volumes vendus sont faibles, environ 5 vendeuses par marché pour des quantités respectives assez faible, de 10 à 30 kilos). Le nombre d’intermédiaire peut être important, jusquà 7 revendeurs, on peut dire que seulement 5 à 10 % du prix final revient au pêcheur en moyenne. Le nombre de personnes a terre qui vivent du secteur de le pêche est conséquent.

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Table des illustrations

Titre Figure 1 : Deux secteurs investigues (encadres verts), sur les départements sud et sud-est Carte d’Haïti
Crédits Mise en carte : M. Gherardi, Lagam
URL http://journals.openedition.org/etudescaribeennes/docannexe/image/27628/img-1.png
Fichier image/png, 1,1M
Titre Figure 2 : Colonisation des pyramides en béton, premiers récifs artificiels volontaires haïtiens
Crédits Photos : R. Stryhanin
URL http://journals.openedition.org/etudescaribeennes/docannexe/image/27628/img-2.png
Fichier image/png, 381k
Titre Figure 3 : Photos et dessin des ra appelés « ampil poissons » (abaco, ncu ; layman et al., 2016)
URL http://journals.openedition.org/etudescaribeennes/docannexe/image/27628/img-3.png
Fichier image/png, 258k
Titre Figure 4 : Profil des pécheurs artisanaux côtiers, des techniques et des sites de pèche privilégies
URL http://journals.openedition.org/etudescaribeennes/docannexe/image/27628/img-4.png
Fichier image/png, 79k
Titre Figure 5 : Résultats de l’exercice de cartographie participative, les points noirs sont les lieux indiqués par les pêcheurs. Deux zones se distinguent, à l’ouest (ovale rouge) et à l’est (ovale blanc)
Crédits Mise en carte : S. Pioch, Lagam
URL http://journals.openedition.org/etudescaribeennes/docannexe/image/27628/img-5.png
Fichier image/png, 506k
Titre Figure 6 : un habitat naturel attractif pour les espèces cibles, constitué d’un massif corallien caractéristique (« patate » de corail creusée) vu de haut et de côté h = 2 à 3 m, diam. = 2 m (photos : p.y. hardy)
URL http://journals.openedition.org/etudescaribeennes/docannexe/image/27628/img-6.png
Fichier image/png, 292k
Titre Figure 7 : croquis présentant la forme des habitats naturels adaptés aux espèces cibles, réalisé par un pêcheur détaillant les « portes » où les poissons circulent, leurs positions, leurs tailles ainsi que les trous constituant des cachettes secondaires désignés par la lettre « T »
Crédits Croquis : Sam Oussendi
URL http://journals.openedition.org/etudescaribeennes/docannexe/image/27628/img-7.png
Fichier image/png, 364k
Titre Figure 8 : Types d’espèces cibles en fonction de leur relation avec l’habitat A, B ou C (d’après Nakamura, 1985)
URL http://journals.openedition.org/etudescaribeennes/docannexe/image/27628/img-8.png
Fichier image/png, 34k
Titre Tableau 2 : Relation entre les trois types d’espèces cibles et les 3 catégories de RA
Crédits Source : Pioch, 2008
URL http://journals.openedition.org/etudescaribeennes/docannexe/image/27628/img-9.png
Fichier image/png, 309k
Titre Tableau 3 : relation RA et espèces cibles
Crédits Source : Pioch, 2008
URL http://journals.openedition.org/etudescaribeennes/docannexe/image/27628/img-10.png
Fichier image/png, 603k
Titre Tableau 4 : Modules adaptés aux acteurs/usages et aux types d’espèces cibles pour la zone de projet en Haïti
URL http://journals.openedition.org/etudescaribeennes/docannexe/image/27628/img-11.png
Fichier image/png, 185k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Sylvain Pioch et Pierre-Yves Hardy, « Développer les ressources halieutiques haïtiennes : exploration des potentialités de l’usage de récifs artificiels pour la pêche artisanale »Études caribéennes [En ligne], 55 | Août 2023, mis en ligne le , consulté le 12 février 2025. URL : http://journals.openedition.org/etudescaribeennes/27628 ; DOI : https://doi.org/10.4000/etudescaribeennes.27628

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Auteurs

Sylvain Pioch

Université Paul Valéry Montpellier 3, laboratoire EA LAGAM Géographie et aménagement de l’espace, MCF-HDR, sylvain.pioch@univ-montp3.fr, https://www.researchgate.net/profile/Sylvain-Pioch

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Pierre-Yves Hardy

Université Paul Valéry Montpellier 3, laboratoire EA LAGAM Géographie et aménagement de l’espace, Post-doctorant, pierrehardy6@gmail.com

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