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Études touristiques

Les structures d’encadrement du tourisme en Tunisie au cours de la période coloniale (1881-1956)

The Structures of Supervision of Tourism in Tunisia During the Colonial Period (1881-1956)
Las estructuras de supervisión del turismo en Túnez durante el período colonial (1881-1956)
Lassaad Dandani

Résumés

Cet article propose de retracer l’itinéraire de l’organisation structurelle de l’activité touristique en Tunisie pendant la période du protectorat français. Notre hypothèse de départ c’est qu’il n’y a pas de tourisme sans implication officielle de l’administration du protectorat. C’est à dire, sans une politique d’encadrement, sans une ossature administrative de gestion, sans législation, sans l’initiative des acteurs physiques et moraux. Nous tenterons donc de comprendre la nature des différentes structures mises en place par l’administration du protectorat pour gérer l’activité touristique. En effet, cette intervention a été soit d’une façon directe à travers des services spécialisés soit par des organismes spécifiques. Quoi qu’il en soit, la diversité des structures d’encadrement dévoile l’importance du tourisme sous le protectorat français en tant qu’une activité économique et culturelle majeure. Elle constituait un témoignage sur l’implication de l’administration du protectorat dans la promotion du tourisme.

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Texte intégral

Introduction

1L’histoire du tourisme en Tunisie n’a pas fait l’objet de plusieurs recherches historiques. Généralement, le tourisme était considéré comme une activité postcoloniale qui était propagée et structurée par rapport au contexte des années 1960. Cependant, depuis les deux dernières décennies nous avons pu défricher quelques canaux de l’histoire du tourisme en Tunisie qui remontent à la période de la deuxième moitié du xixsiècle (Dandani, 2012). En revanche, si nous avons pu retracer les grandes étapes de la naissance et de l’évolution du tourisme en Tunisie sous le protectorat, plusieurs aspects nécessitent encore des éclaircissements. Ces aspects s’avèrent, aujourd’hui, d’une importance capitale pour peaufiner notre connaissance du tourisme en Tunisie de manière diachronique. Ils permettaient de centrer le tourisme dans le contexte colonial et favorisaient des éléments de taille pour comprendre la nature du tourisme pratiqué durant cette période et ses principaux changements.

2Parmi les aspects qui émergent, au fur et à mesure que nous exploitons les corpus historiques et les ressources documentaires, ceux propres à la fabrique du tourisme en Tunisie et à son organisation structurelle. Malgré quelques essais (Llanes, 2006 ; Dandani, 2012), l’étude des structures d’encadrement du tourisme en Tunisie coloniale est loin d’être exhaustive. Elle reste une étude à faire. Elle est tributaire d’une documentation encore inédite et incomplète. L’accès à des sources inexplorées n’a cessé de renouveler, d’une façon incessante, notre regard sur ce sujet.

3Dans ce travail, l’hypothèse de départ est simple : il n’y a pas de tourisme sans implication officielle de l’administration du protectorat. Il n’y a pas de tourisme sans une politique d’encadrement, sans création d’une ossature administrative de gestion, sans législation, sans l’initiative des acteurs physiques et moraux. Partant de ce constat, nous nous posons les questions suivantes : comment s’ordonne le tourisme en Tunisie au temps du protectorat ? Quel type d’implication les pouvoirs publics ont-ils eue vis-à-vis du tourisme ? Qui gère cette activité et quelle est la nature de la gouvernance mise en place ? Par quels moyens l’administration du protectorat avait-elle agi pour organiser le tourisme ? Quel est le rôle des différents organismes qui étaient inventés depuis la seconde moitié du XIXe siècle ?

4Cet article se propose, donc, de répondre à ces interrogations et éclaircir ces questionnements. L’examen des sources archivistiques, encore peu connues et leur recoupement avec d’autres sources nous favorisent des éclaircissements importants sur la nature des structures et des organismes d’encadrement du tourisme en Tunisie pendant la période coloniale. Une telle étude met l’accent sur la naissance des premiers codes de l’activité touristique en Tunisie, leur évolution dans le temps et dans l’espace, ainsi que sur les changements qui ont subis. Elle nous permit de discerner un schéma préliminaire sur l’organigramme des institutions touristiques, leur répartition géographique et leurs fonctions, etc. Finalement, elle nous oriente vers une conscience d’ensemble sur le fait touristique en Tunisie et sur les spécificités de la naissance et de l’évolution de la carte touristique.

1. Aux origines de l’organisation du tourisme en Tunisie : l’ère des balbutiements

1.1. La direction générale de l’agriculture, du commerce et de la colonisation : une première administration du tourisme en Tunisie

  • 1 Cette direction est l’une des six grandes administrations créées par le Protectorat. Sa naissance d (...)

5Après l’installation du protectorat français en Tunisie en 1881 le tourisme avait commencé à intriguer les responsables français et en premier lieu les politiciens et les capitalistes. Il a été attaché à la direction de l’agriculture, du commerce et de la colonisation1. Sous la conduite de son directeur Paul Bourde, elle avait commencé timidement à s’intéresser au tourisme. Il a été considéré par les responsables de l’administration du protectorat comme un outil capable d’épauler les enjeux de la colonisation.

6Depuis la première décennie du xxe siècle, plusieurs initiatives ont été entreprises pour faire la propagande en faveur de la Tunisie. Le rôle des premières structures hivernales et touristiques est d’attirer les visiteurs, de les renseigner et de les retenir, disait D’Orgeval (1931 : 9). Quelques organismes ont vu le jour pour canaliser le tourisme. Ces institutions se rapportent à des activités touristiques comme l’hôtellerie, le transport, les agences de voyages… C’était le cas de la Société tunisienne des hôteliers, restaurateurs et commerçants qui a été construite au cours de la première décennie du xxe siècle à la suite d’un arrêté du 15 janvier 1908. D’autres organismes ont été créés autour de quelques activités comme le Touring-Club de Tunisie, l’Automobile club de Tunisie, etc.

7Ainsi, un service fut créé à Paris pour faire découvrir la Tunisie aux Français. Il avait le rôle de fournir les renseignements nécessaires à tous ceux qui voulaient visiter la Tunisie. Il s’agissait de l’Office du Gouvernement tunisien « qualifié pour renseigner le public sur l’état des communications maritimes et aéronautiques entre la Métropole et la régence de Tunis, sur des carrières ouvertes aux jeunes gens de nationalités françaises…, sur le tourisme et les ressources hôtelières du moment » (Hubac, 1948).

  • 2 P. L., A l’Office tunisien de Paris, La Petite Tunisie, 20-25 mars 1935

8Au fur et à mesure, le tourisme avait commencé à susciter l’engouement des acteurs privés et des visionnaires parmi les scientifiques, archéologues et autres. Plusieurs personnalités étaient pionnières dans la création de quelques structures touristiques. C’était le cas de lOffice tunisien d’Hivernage (OTH) créé en France par Edmonde Lécore Carpentier et qui était mis sous le patronage de la Direction de l’Agriculture, du Commerce et de la Colonisation. La direction de cet office était accordée à Carcassonne et Madame Ferry connues pour leur dynamisme dans la l’organisation des activités touristiques2. Son rôle était de faire connaître la Tunisie aux Français désirant immigrer et s’installer dans la Régence. Pour ce faire, il avait fourni des informations concernant plusieurs domaines tels que l’agriculture et l’hivernage.

9De sa part, le Touring-Club de France, fondé depuis 1890 à Paris, avait créé en 1910 un Comité du Tourisme Colonial pour l’Algérie et la Tunisie pour promouvoir le tourisme nord-africain. Il groupait des représentants des compagnies de transport, des établissements de crédit, des fervents de tourisme et d’autres. Un article paru dans les Annales Coloniales met en lumière cet organisme qui « cherche à attirer les voyageurs vers l’Algérie et la Tunisie » (Anonyme, 1910 : 1). Il s’agissait d’un Comité qui était sous le patronage de M. Jonnart, Gouverneur d’Algérie, et M. Alapetite, Résident de France à Tunis. C’est ce qui a favorisé un appui politique et financier pour mettre en place une propagande non seulement en faveur du tourisme, mais aussi pour la France. Par les journaux, par les livres, des brochures, des affiches, disait l’auteur, le comité « peut inspirer le désir de connaître cette partie de notre empire colonial, chercher à en faire apprécier les beautés pittoresques et le charme exotique et même les produits agricoles et industriels ». Colette Zytncki rappelle les objectifs de ce comité en écrivant : « vient de se constituer dans le but de réunir les ressources nécessaires à la publicité qui devra être faite pour attirer les étrangers, étudier et provoquer la réalisation de toutes les améliorations propres à rendre agréable et aisé le voyage en Algérie et en Tunisie, la visite des monuments et des ruines artistiques, ainsi que des régions varies, et si curieuses qu’on y rencontre » (Zytnicki, 2017 : 65-66).

10Jusqu’aux années trente, le tourisme était sous la tutelle de la Direction de l’agriculture, du commerce et de la colonisation. Cependant, les conséquences de la crise avaient imposé des projets de redressement économique. Dans cette perspective, le tourisme était une activité capable de réaliser ces objectifs.

1.2. Genèse des premières associations officielles : le Comité d’hivernage de Tunis et de la Tunisie

  • 3 La Dépêche Tunisienne, 7 février 1898, n° 2784, p. 1.
  • 4 La Dépêche Tunisienne, 3 mars 1898, n° 2808, p. 1.
  • 5 Edmonde Lécore Carpentier, née en 1860 à Paris, elle fut directrice de La Dépêche Tunisienne, prési (...)

11Parallèlement aux organismes précités, la Tunisie va connaître la création d’un Comité d’hivernage de Tunis et de la Tunisie. À l’instar de L’Algérie qui avait connu la naissance de son comité depuis 1887, un comité était construit à Tunis (Berthonnet, 2006). En février 1898, un article paru dans la Dépêche tunisienne, dont le directeur fut Edmonde Lécore Carpentier, nous souligne la nécessité de créer « à Tunis, un local, un bureau, une agence, où l’on s’occupe exclusivement de toutes les questions de détail qui relèvent de l’hivernage, de l’accueil et du séjour en ce pays des étrangers que l’on veut y attirer et surtout y conserver »3. Un mois après 1898, le même journal annonce dans son numéro du 3 mars 1898 qu’un « comité d’hivernage de Tunis et de la Tunisie est définitivement constitué »4. Un bureau a été élu, ce dernier avait comme président d’honneur Mohamed El-Assfouri, président de la municipalité de Tunis. Le président du comité y fut Lécore Carpentier5. Le budget du comité d’hivernage provient essentiellement des subventions soit du gouvernement, de la municipalité, de divers organismes ou de cotisations.

12Cependant, il faut rappeler que quelques recherches comme celle de Mohamed Bergaoui dans son ouvrage intitulé Tourisme et voyages en Tunisie, les années Régence présentaient la date de 1903 comme date de création du Comité d’Hivernage. Également, Lambert dans son ouvrage Choses et gens de la Tunisie citait la même date.

  • 6 A.N.T, Série F, Carton 11, Dos. 5, Sous dos. 1, « Fêtes et cérémonies ; Comité d’hivernage de Tunis (...)

13L’étude du statut officiel du Comité nous procure une idée claire sur la naissance et le rôle de cet organisme qui se déclare, dans l’article premier « constitué dans le but d’étudier les mesures qui peuvent tendre à augmenter, d’une manière générale, la prospérité de Tunis et de la Tunisie et d’en poursuivre la réalisation… »6

  • 7 Ibid.

14Il était clair que cet organisme reflète les idées du gouvernement du Protectorat quelques années après son installation. L’objectif primordial était de ramener des hiverneurs, des visiteurs et des touristes pour découvrir la Tunisie. Le Comité, « s’efforce, notamment, d’attirer les visiteurs étrangers dans cette ville et dans la région tunisienne, et de rendre leur séjour agréable et facile », avait proclamé le statut fondateur7.

  • 8 La Dépêche Tunisienne, 4 février 1898, n° 2781, p. 1.

15Le retour aux archives disponibles et aux sources relatives peut nous permettre de brosser une nomenclature des objectifs du Comité d’Hivernage. Depuis février 1898, un article intitulé « Tunisie-Hivernage » explicite quelques traits des fonctions de cet organisme : « il serait à lui à combiner avec les lignes de chemin de fer existantes des services de voitures desservant les parcours susceptibles de convenir aux touristes »8.

16L’Indicateur général Havas (1919) décrivait avec plus de détails les objectifs du Comité. Il notait : « Le Comité d’Hivernage de Tunis et de la Tunisie, fondé dans un but absolument désintéressé, pour faciliter aux étrangers leur séjour et leurs excursions, met gratuitement à leurs dispositions tous les renseignements qui peuvent leur être utiles sur Tunis (fournisseurs, logements, villas dans les environs de Tunis et dans les stations climatériques, voitures, monuments ressources divers, etc..), et sur les excursions en Tunisie (itinéraires, moyens de transport, hôtels, guides, etc.) ».

17Nous pouvons distinguer entre deux grandes missions de la politique du Comité d’hivernage ; la publicité d’une part et la planification des manifestations artistiques, sportives et folkloriques d’une autre. Au premier plan s’affichaient la propagande et la publicité pour la destination tunisienne et surtout pour la ville de Tunis. Le Comité d’Hivernage avait joué le rôle d’un bureau d’accueil, de renseignement et de guidage. Il a mené une politique publicitaire qui a été mise en place quelques jours après sa constitution. Une publicité riche et diverse a été élaborée pour faire connaître la Tunisie et la capitale tunisienne. Il s’agit de brochures, d’affiches illustrées, de livrets-guide et d’autres supports qui ont été publiés et divulgués pour promouvoir l’hivernage.

  • 9 La Dépêche Tunisienne, 4 février 1898, n° 2781.

18Quant au second volet, il concerne l’aménagement du tourisme réceptif et de l’hivernage. En plus à son effort publicitaire le Comité encourage les entrepreneurs « intelligents capables d’organiser des moyens de transport offrants aux promeneurs le confortable qu’ils cherchent partout », disait un article paru le 4 février 18989.

19Également, le Comité d’Hivernage joue un rôle dans l’organisation des circuits touristiques, des manifestations culturelles et folkloriques. Plusieurs exemples pouvaient argumenter l’engagement du Comité d’Hivernage dans une politique de mise en place des activités touristiques. Quelques jours après sa fondation, le 5 juillet 1898, le Président du Comité d’Hivernage avait sollicité de 4000 francs du Résident général pour entamer une campagne publicitaire au profit de la Tunisie. Toute en essayant de lui convaincre de l’utilité de l’hivernage et du tourisme comme sources de prospérité et de propagande pour le Protectorat. Il rappelait l’engagement des banques et des établissements publics dans cet effort de propagande en faveur de la France. Il soulignait l’utilité du tourisme pour faire connaître l’œuvre coloniale en Tunisie. C’est ce qui explique pourquoi le Comité d’Hivernage était représenté à Paris par l’Office tunisien d’Hivernage et de Colonisation (Indicateur général Havas (1910 : 1945).

20Malgré les difficultés financières, le Comité d’Hivernage avait réussi à réaliser un succès considérable. Il s’agissait d’un organisme pionnier qui a participé dans la propagande pour l’hivernage et le tourisme à Tunis et en Tunisie. Sa politique publicitaire riche et diversifiée avait contribué à mettre sur pied les jalons d’une destination tunisienne. Au fil de quelques années, le Comité d’Hivernage avait réussi à créer un réseau de conventions avec des agences de voyages métropolitaines, avec des syndicats d’initiative de France et d’Algérie et d’autres organismes touristiques comme la Société des Stations Hivernales Africaines. C’était un témoignage qui prouve comment cet organisme avait instauré une culture de l’hivernage et du tourisme. Il était considéré par Mohamed El-Hachmi, membre du conseil Municipal de Tunis, comme une entreprise intéressante pour le pays.

21Les archives disponibles soulevaient des projets touristiques importants réalisés par cette institution embryonnaire. Le 26 août 1898, une lettre qui a été adressée par le sous-directeur au Résident général dévoile le programme touristique pour l’hiver 1899 que les décideurs du Comité d’Hivernage voulaient appliquer. Ces derniers sollicitaient une autorisation de la part du Bey pour pouvoir organiser une saison de chasse au profit des hiverneurs et des touristes. Depuis 1898, une subvention de 8000 francs a été accordée par le Comité du Conseil Municipal pour faire face aux dépenses de la mise en place d’une bonne stratégie publicitaire. En juillet 1898, une subvention supplémentaire a été accordée au Comité.

22À l’occasion de l’Assemblée générale de 1899, une circulaire a été adressée aux commerçants pour adhérer au Comité et devenir membres. Pour les convaincre, les auteurs de cette circulaire avaient mentionné les réalisations du Comité. Au niveau de la publicité, un livret-guide est édité, dix mille affiches distribuées en Europe, deux cent mille exemplaires en français et en anglais d’une notice sur la Tunisie et une publicité dans la brochure artistique Guide-album de la Compagnie Bône Guelma. D’autre part, le Comité avait entrepris des efforts au niveau de l’accueil : un service de renseignement gratuit a été mis à la disposition des voyageurs. Une collaboration avec des organismes algériens et la compagnie de transport Bone Guelma a été mise en place pour créer des trains rapides et confortables entre Alger et Tunis. Également, un projet de réglementation de la profession du guide touristique a été étudié. Le comité avait travaillé sur la question des « agréments de séjour » ainsi que celle de l’animation et de l’hébergement.

23Le 30 mai 1903, la subvention allouée au Comité d’Hivernage a été élevée à 3000 francs. Après avoir installé un train de luxe Oran-Alger-Tunis en 1902, une campagne publicitaire a été engagée sous le slogan « Passez l’hiver en TUNISIE ». En parallèle, un livret intitulé La Tunisie Station Hivernale a été édité pour retracer les principaux circuits touristiques en Tunisie.

  • 10 A.N.T, Série F, Carton 11, Dos. 5, Sous dos. 1, « Fêtes et cérémonies ; Comité d’hivernage de Tunis (...)

24Néanmoins, malgré les efforts déployés le Comité a été victime d’une situation financière faible et rudimentaire. L’absence d’un budget suffisant a obligé les responsables du Comité à demander des subventions supplémentaires ou à organiser des manifestations comme les loteries-tombola pour faire face aux dépenses de propagande. Faute des moyens financiers, qui étaient un handicap majeur, le Comité a connu des difficultés pour continuer ses fonctions. Il se trouve obligé en 1898 de renoncer à la continuation de son œuvre, de rompre ses engagements, de rembourser les sommes déjà perçues, de dédommager les maisons avec lesquelles il a passé des traités, expliquait le Président du Comité10. Ces difficultés en premier lieu d’ordre financier étaient décisives pour finir une expérience pionnière et prometteuse dans la mise en place de l’hivernage et du tourisme en Tunisie.

2. Les prémices de l’organisation du tourisme au lendemain de la Première Guerre mondiale

2.1. Le Comité Central du Tourisme

  • 11 A.N.T, Série SG4, Carton 27, Dos. 15, Rapport sur les activités de l’Office tunisien du Tourisme, p (...)

25Comme la plupart des institutions propres au tourisme en Tunisie sous le protectorat, la date de la création du Comité Central du Tourisme reste à identifier. L’étude des sources disponibles relève deux dates. La première date est celle du 16 avril 1921. Il s’agissait d’un organisme affilié à la Direction de l’Agriculture, du Commerce et de la Colonisation. La seconde date évoquée est celle de 1923. Un rapport qui était édité par l’Office tunisien du Tourisme annonçait que « … dès 1923, avec la taxe de séjour, est créé un Comité Central du Tourisme, qui, à la date du 18 janvier 1934, cède la place à l’OTUS, qui compte le tourisme dans ses attributions »11.

  • 12 A.N.T, Série SG5, Carton 307, Dos. 5, Sous dos.1, « Note concernant la dissolution du Comité Centra (...)

26L’objectif principal de ce Comité était de « s’occuper de toutes les questions touristiques de la Régence et d’assurer la répartition et l’affectation des ressources provenant de la taxe de séjour »12. Ainsi, « le Comité Central du Tourisme détermine annuellement la répartition des sommes ainsi encaissées et charge la Fédération d’exécuter le programme qu’il a fixé » (D’Orgeval, 1931 : 10).

27L’état de la bibliographie, encore disparate et insuffisante, ne nous permet pas de brosser une image claire sur cet organisme. Selon les procès-verbaux des réunions de ce Comité, nous retraçons les principaux axes d’intérêts. Le bilan du Procès-verbal de la 11e réunion du Comité Central du Tourisme entretenue le 12 janvier 1928 soulève la question de la politique publicitaire à mettre en place pour développer le tourisme en Tunisie. Les participants soulevaient la nécessité de s’ouvrir sur de nouvelles clientèles touristiques comme celles qui sont américaines.

  • 13 Ibid.

28Également, le comité avait engagé un programme de mise à niveau de l’infrastructure hôtelière. C’était l’objectif de la création du Crédit hôtelier sous les auspices du Comité Central du Tourisme. Un organisme « qui permettra de favoriser grandement l’essor de l’industrie hôtelière en Tunisie»13 disait son directeur, M. Schilling.

29Parmi les réalisations majeures du Comité Central du Tourisme l’instauration d’une Taxe de Séjour qui constituait la source financière principale capable d’appuyer la gestion du Comité. Il s’agit d’une taxe qui a été créée à la suite du décret beylical du 8 mars 1921 et versée par personne et par jour pour un séjour et qui ne peut dépasser 4 semaines. C’est « une taxe municipale de séjour dont le produit sera affecté à des œuvres de propagande touristique et de vulgarisation à des travaux d’embellissement ou d’entretien des monuments et des sites et à toutes entreprises ayant pour but le développement du tourisme en Tunisie » (D’Orgeval, 1931 : 10). Selon ce décret : « la taxe est due par toutes les personnes, quelles que soient leurs nationalités, non domiciliées en Tunisie, n’y possédant aucune propriété ou n’y venant exercer aucune commerce, industrie ou profession qui séjourneront sur le territoire de la commune… ».

  • 14 Idem., pièces n° 1.

30En 1934, le Comité Central du Tourisme va perdre toutes ses attributions au profit de l’OTUS à la suite du décret du 13 septembre 1934 et à l’arrêté du 18 janvier 193514.

2.2. Les syndicats d’initiative

31L’apparition des premiers syndicats d’initiative peut être expliquée par deux facteurs. Tout d’abord, elle s’insère dans un contexte qui se caractérise par la confirmation du tourisme comme une activité économique prometteuse. Également, après l’échec et la dissolution du Comité d’Hivernage plusieurs initiatives ont été entreprises pour faire doter la Tunisie par d’autres structures du tourisme à l’instar de ce qui s’est passé en France et en Algérie. La Direction du Commerce et du Travail, organe qui gère autrefois le tourisme en Tunisie, illustre clairement cette idée. Une étude publiée par cet organisme en 1931 présente la conjoncture et le rôle de la création des syndicats d’initiative de la façon suivante : « Le rôle des syndicats d’initiative en France est trop connu pour qu’il soit nécessaire de le définir ; transportée dans un plan nord-africain, l’action identique de ces syndicats, constitués depuis une vingtaine d’années et groupés en une Fédération tunisienne, a produit et ne cesse de donner des résultats féconds » (Direction générale de l’Agriculture, 1931 : 9-10).

  • 15 A.N.T, SG15, Carton 33, Dos., 1, A.N.T, SG15, Carton 33, Dos. 1, « Notes Correspondances et cartes (...)
  • 16 Compagnie des Eaux Thermales du Domaine de Korbous, « Korbous la côte du Soleil… », op. cit. p.5.

32À l’heure actuelle de la recherche, les sources passent sous silence la question de la date de naissance des premiers syndicats d’initiative. Plusieurs dates ont été avancées dans les différentes sources. En 1923, A. Ravalet, Président du syndicat d’initiative de Tunis, confirmait les liens entre les syndicats et le Comité d’Hivernage (Llanes, 2006 : 42). Le statut fondateur du syndicat d’initiative de Tunis reproduit cette idée en insistant qu’il est l’héritier de l’ancien Comité d’Hivernage de Tunis et de la Tunisie et était institué dans le but de développer le tourisme.15 Également, Docteur Gérard, Président de la Fédération des syndicats d’initiative de Tunisie, considérait aussi le Comité d’Hivernage l’ancêtre de tous les syndicats d’initiative du pays.16

  • 17 A.N.T, SG3, Carton 30, Dos., 3, Notes, correspondances et documentions relatives à l’organisation d (...)

33En ce qui concerne les fonctions des syndicats d’initiative, le rôle a été bien clair : « Renseigner, Recevoir et Guider ».17 Voici donc trois tâches qui définissaient pourquoi les syndicats ont vu le jour. Ils avaient comme fonction : « à donner au voyageur, dans chaque centre touristique, toutes les informations qui lui sont utiles ; on le renseigne sur le prix des hôtels, des guides, des transports de toute nature, sur les itinéraires et les circuits à accomplir » (Direction générale de l’Agriculture, 1931 : 11). Chaque syndicat était appelé à agir dans ce sens dans son territoire où il « aménage les centres, appose des plaques de signalisation, provoque l’organisation de fêtes indigènes, bref est appelé dans la zone d’influence à mettre tout en œuvre pour y retenir le touriste ». Dans son étude sur le tourisme en Tunisie, la Direction générale de l’Agriculture, du Commerce et de la Colonisation avance le nombre de douze syndicats d’initiative existant en Tunisie durant cette période. La répartition spatiale de ces syndicats relève l’image du tourisme à cette époque. Les principaux syndicats se trouvaient à : Ain Draham, Bizerte, Île de Djerba, Gabès, Kairouan, Korbous, Sfax, Souk el Abra, Sousse, Tabarka, Tozeur et Tunis. Il s’agissait d’une répartition qui brossait les prémisses de la carte touristique de la Tunisie.

  • 18 A.N.T, SG15, Carton 33, Dos., 1, op. cit.. , pièce n° 19.
  • 19 Ibid., pièce n° 83.

34Selon les sources disponibles, il existait douze syndicats en Tunisie qui se répartissaient sur les régions suivantes : Tunis, Tabarka, Ain Draham, Souk El-Arba, Kairouan, Bizerte, Sousse, Sfax, Tozeur, Djerba, Gabès et Korbous. Le financement des syndicats provient des subventions accordées par le Comité du Tourisme, de l’Union des Fédérations des Syndicats d’Initiative et des dons volontaires et sous forme de cotisations.18 En effet, le problème financier était presque le point commun de tous les syndicats. C’était le cas du syndicat de Djerba qui proteste en 1937 « contre la suppression du crédit de 3000 francs qui lui était habituellement alloué pour sa fête annuelle et demande à la Fédération de bien vouloir intervenir auprès de Direction de l’OTUS, pour que cette question soit réenvisagée d’urgence ».19

35L’étude des archives relatives à ces organismes touristiques reflète l’importance de la région où le syndicat fonctionne à partir d’un potentiel touristique et de taux de fréquentation. La documentation disponible nous permet de mieux connaître leur statut et leur apport dans le domaine touristique. Ces organismes ont été présentés comme des piliers du tourisme réceptif. Ils étaient considérés comme « des cellules organiques dans le tourisme réceptif qui poursuivent l’amélioration des conditions d’accès, de transport, de visite et de séjour dans les stations thermales, climatiques et touristiques ainsi qu’une active propagande en leur faveur… » (Union des Fédérations des Syndicats d’Initiative, 1930 : 44). Ils constituaient des indicateurs pour suivre l’état et le développement du tourisme dans ces régions vouées à devenir de hauts lieux du tourisme.

36C’était le cas de quelques syndicats qui étaient très actifs à travers la mise en place d’une programmation riche et diversifiée. On cite l’exemple du syndicat d’initiative de Korbous qui se présentait l’accompagnateur des villégiateurs et des touristes ou celui de Kairouan qui se proclamait, dans l’une de ses brochures publicitaires, le bon conseiller du touriste. Ils annonçaient que « Rien de plus précieux qu’un bon guide et un bon conseil : le syndicat d’initiative ESSI pour vos déplacements sera votre meilleur conseiller » (idem : 58).

  • 20 A.N.T, SG15, Carton 33, Dos., 1, op. cit., pièce n° 19.

37En l’absence des informations sur la date de création de la plupart des syndicats, le statut de création du syndicat d’initiative de Tunis fait remonter son acte de naissance à la date du 10 juin 1921. Le statut notifie le rôle du syndicat et ses moyens financiers provenant essentiellement des cotisations, des subventions, accordées par différents groupements ou sociétés privées intéressés au développement du tourisme, et des dons.20 Selon les sources disponibles, il semble que le syndicat d’initiative de Tunis, dont l’un de ses présidents fut Louis Carton, a mené une œuvre touristique importante. C’était aussi le cas des syndicats de Ain Draham, de Bizerte, de Korbous qui étaient actifs au niveau de la mise en place du tourisme. Malgré les conditions financières difficiles, les syndicats d’initiative ont contribué largement au développement de cette activité.

38En effet, si quelques syndicats ont réussi à lancer leur région dans une dynamique touristique, d’autres organismes avaient connu des problèmes à plusieurs niveaux. Les archives nous procurent des exemples, parfois contradictoires, sur le rôle de ses organismes dans la gestion du tourisme en Tunisie.

2.3. La Fédération des syndicats d’initiative

  • 21 « Le Cinquantenaire du Protectorat français en Tunisie 1881-1931 ; Histoire de la Tunisie ; son évo (...)

39La Fédération des syndicats d’initiative est un organisme qui a été créé en 1919. Il groupait les différents syndicats d’initiative de la Tunisie. Il s’agit d’un organisme réceptif qui dépend des prérogatives du Comité Central du Tourisme. Il est affilié à l’Union des Fédérations de France et des Colonies. Le rôle de la Fédération des syndicats d’initiative est de coordonner entre les différents syndicats d’initiative à travers le contrôle et l’organisation des activités touristiques. Également, il jouait un rôle fédérateur entre les différents groupes et coordonnait les efforts des syndicats d’Initiative. Elle projetait la campagne publicitaire et participait dans la mise en place d’une action de propagande dans les régions en soutenant les syndicats en matière d’organisation des manifestations, l’amélioration des conditions d’accueil… Un rapport qui a été édité à l’occasion du Cinquantenaire nous donne un aperçu sur les fonctions de cet organisme : « la Fédération joue un rôle important dans la propagande qu’elle fait en France et à l’étranger en faveur de la Tunisie, dans la presse aux moyens d’articles, par affiches, par envois de documents photographiques, par des conférences, voire par radio ».21

40D’Orgeval considérait que la tâche de la Fédération en Tunisie est efficace et plus laborieuse que celle de France. La Fédération doit, selon ce dernier, « consister à atteindre les touristes dans leurs différents pays d’origine. … de faire une aux époques voulues une publicité opportune dans la presse, par les tracts de propagande, par l’image, par le film et même par la conférence » (D’Orgeval, 1931 : 10).

  • 22 Direction générale de l’Agriculture, du Commerce et de la Colonisation, « Le tourisme en Tunisie », (...)

41En plus des fonctions à l’intérieur de la Tunisie, la Fédération était appelée à représenter la Tunisie dans les congrès et les foires internationaux. M. D’Orgeval confirmait cette tache en 1931 en écrivant : « la tâche de la Fédération est ici (en Tunisie) plus laborieuse qu’en France ; car pour être efficace, elle doit consister à atteindre les touristes dans leurs différents pays d’origine  »22

  • 23 A.N.T, Série SG4, Carton 27, Dos. 15, op. cit., pièce n° 4.

42L’étude des archives disponibles nous permet d’avoir une idée sur l’état du budget de la Fédération. Par exemple, en 1923 le budget de la Fédération était de 85 000 francs avant d’atteindre 8 millions en 1950.23 Le recoupement des sources dévoile des détails sur la répartition des recettes en 1926 (cf. tableau 1).

Tableau n° 1. Budget de la Fédération des syndicats d’initiative en recette en 1926

Nature de l’activité

Montant en francs

Reliquat laissé par les budgets précédents

23 214, 40

Subventions du Gouvernement

50 000

Taxe de séjour :

Reliquat dû sur 1925

14 164, 50

Encaissé sur l’exercice 1926

37 835, 50

Recettes propres à la Fédération

15 647, 85

CGT au compte 1925

500

De la Société Générale

200

De la C. Fermière Tunisienne

4 000

Versement de la Section Touristique Grenoble

396

Reversé à la Société Générale

278

Intérêts 1er semestre 1926 comptes Société Générale

375

Versement de l’U.F.S. I

6000

Idem pour les syndicats

1900

TOTAL

140 862, 65

Source : CADN, Protectorat-Tunisie, 1er versement (xixe s.-1949), op. cit., pièce n° 197.

43En 1927, la Fédération a distribué la somme de 44 200 francs sur les syndicats d’initiative. L’analyse de cette répartition démontre l’importance des sommes accordées aux syndicats de Tunis, de Sfax et de Kairouan. C’est ce qui reflète les prémices d’une carte touristique de la Tunisie. En analysant les statistiques disponibles, nous pouvons faire une esquisse globale sur la répartition spatiale de l’activité touristique. Également, nous pouvons comprendre les spécificités des changements qu’ont connues les différentes régions touristiques. Les graphiques suivants présentaient l’état de la répartition budgétaire pour les années 1927 et 1928 :

Figure n° 1 : Graphique indiquant les dotations de la Fédération des syndicats d’initiative aux différents syndicats d’initiative en 1927

Figure n° 1 : Graphique indiquant les dotations de la Fédération des syndicats d’initiative aux différents syndicats d’initiative en 1927

Source : CADN, Protectorat-Tunisie, 1er Ver. (XIXe siècle -1949), « Tourisme… », op. cit., p. 186.

Figure n° 2 : Graphique indiquant les prévisions des dotations de la Fédération des syndicats d’initiative aux différents syndicats d’initiative en 1928

Figure n° 2 : Graphique indiquant les prévisions des dotations de la Fédération des syndicats d’initiative aux différents syndicats d’initiative en 1928

Source : CADN, Protectorat-Tunisie, 1er Ver. xixe s.-1949), op. cit., p. 189.

  • 24 CADN, Protectorat-Tunisie, 1er versement (XIXsiècle -1949), op. cit., pièce n° 186.

44Dans l’action de la Fédération, nous remarquons que la publicité occupait une part importante dans la gestion du budget. De plus, une partie des dépenses de la Fédération était consacrée à l’industrie hôtelière. D’autres subventions étaient accordées à des organismes tels que le Tennis-Club (3 000 francs), la subvention pour la foire du Kairouan (2 000 francs) et les dépenses du personnel et de loyer (9 000 francs).24

  • 25 A.N.T, Série SG2, Carton 159, Dos. 4, « L’organisation de l’Office de Tourisme de la Tunisie à Pari (...)

45Pour promouvoir ses ressources financières, la Fédération avait créé en 1937 une Carte de Légitimation Touristique qui permet aux touristes de voyager à demi-tarif en Tunisie.25 Cette carte était valable pour un mois visant toute personne habitant en dehors de l’Algérie, du Maroc et de la Tunisie. Cette carte permettait de voyager à demi-tarif sur tous les chemins de fer et les services automobiles en Tunisie. Seuls ceux qui voyageaient pour une finalité de commerce étaient exclus. Or, sur le terrain, l’application rigoureuse de ce critère était presque impossible vu qu’on ne pouvait séparer le touriste des autres voyageurs.

3. Le tourisme en Tunisie dans le tourment de la crise des années 1930 : vers une nouvelle institutionnalisation

3.1. La naissance de l’Office tunisien de Standardisation

46Après la crise des années trente, le tourisme avait acquis une nouvelle dimension. Désormais il est considéré comme une activité de premier plan dans l’économie des pays surtout après la crise de 1929. Pour dynamiser cette activité, l’administration du Protectorat avait commencé un projet de restructuration de l’activité touristique en Tunisie. Après avoir été sous les attributions de la Direction de l’Agriculture, du Commerce et de la Colonisation, un Office était créé pour s’intéresser aux questions du tourisme. À l’instar de ce qui a été réalisé en Algérie, avec la naissance de l’OFALAC ou au Maroc qui a vu l’invention de l’OCE, la Tunisie avait connu depuis 1934 la fondation d’un organisme similaire dit l’Office tunisien de Standardisation (OTUS). Désormais, cet organisme sera sous le patronage de la Direction des Affaires économiques, ancienne Direction générale de l’Agriculture, du Commerce et de la Colonisation.

47La naissance de lOffice tunisien de Standardisation remonte à la date du 18 janvier 1934. À sa tête, on trouve un Directeur qui était nommé directement par le Résident général. Il est assisté par un conseil d’administration qui se compose de 18 membres dont 8 appartenaient à des administrations dépendantes de l’OTUS. Pour le reste, neuf dépendaient des chambres de commerce et un membre était choisi parmi les personnalités représentatives du secteur touristique (Lanes, 2006 : 59).

  • 26 A.N.T, SG15, Carton 33, Dos., 1, op. cit., pièce n° 157.

48Le statut officiel de l’OTUS nous favorise une idée sur cet organisme surtout en ce qui concerne ses fonctions. Il déclare que « l’Office tunisien de Standardisation (OTUS), créé par décret en date de 18 janvier 1934, a pour objet la recherche et l’application des moyens propres à assurer, d’une part, le développement du tourisme en Tunisie, d’autre part, l’amélioration et l’écoulement des produits tunisiens » (Collectif, 1936 : 82). C’est ce qui reflète comment le tourisme était affecté à d’autres activités économiques. Parmi les autres fonctions de l’OTUS le rôle « d’assurer la plus large diffusion possible en France et à l’Étranger des notices et documents intéressant la Tunisie et les divers centres de la Régence. »26 Également, l’OTUS s’occupe de la coordination entre les syndicats d’initiative et les organismes étrangers. Il avait aussi la mission de « coordonner les efforts des organismes spécialisés, d’améliorer et de compléter à ce point de vue l’équipement du sol tunisien. Il suit avec attention le mouvement des touristes dans l’Afrique du Nord et par, une propagande appropriée, s’efforce à les amener à visiter la Tunisie ».

  • 27 A.N.T, SG15, Carton 33, Dos., 1, op. cit.. , pièce n° 11.

49Le Directeur de l’OTUS expose quelques éclairages sur cet office. Un département était dédié au tourisme avec des commissions spécialisées comme celle de la Propagande. À travers les notes du Directeur de l’OTUS, cet Office s’occupait aussi de l’aménagement des stations estivales destinées aux touristes d’été venant de l’extérieur.27Il se trouve responsable de l’infrastructure hôtelière, des structures de transport, l’aménagement des sites et des points d’accès d’Initiative.

  • 28 A.N.T, Série SG5, Carton 307, Dos. 5, Sous dos.1, Note concernant la dissolution du Comité Central (...)

50À travers sa politique l’OTUS avait pour mission globale de faire connaître la Tunisie. La création prévoyait que l’Office « centralisera et mettra à la disposition du public les renseignements de toute nature concernant le tourisme en Tunisie et contribuera par tous les moyens à son développement ».28 En parallèle, l’OTUS intervenait souvent dans les questions d’aménagement des voies d’accès et de l’infrastructure routière. Il planifiait des circuits capables d’orienter les touristes et de drainer les marchandises. Ainsi, il s’attachait à financer les syndicats d’Initiative et à nouer des relations entre eux et les syndicats locaux en vue d’aménager les centres et les sites touristiques. Ainsi, il favorise quelques subventions aux syndicats.

51Le budget de l’OTUS provenait essentiellement des taxes, des subventions gouvernementales et des dons. Cependant, les sources étaient unanimes sur les problèmes financiers de l’OTUS.

3.2. Création du Bureau du Tourisme

  • 29 A.N.T, Série E, Carton 244, Dos. 25, Sous dos. 2, Réglementation de l’Office tunisien du Tourisme e (...)

52Pour faire face à ces problèmes financiers de l’OTUS, un Bureau du Tourisme était créé en 1937.29 Ce Bureau, dit aussi « Office du Tourisme », était géré et présidé par la Fédération des ESSI à la suite d’une nomination qui émane du Président du Conseil Supérieur du Tourisme.

  • 30 A.N.T, Série SG2, Carton 377, Dos. 2, « Rapports relatifs au tourisme réceptif en Afrique du Nord ( (...)
  • 31 Ibid.

53Malgré l’absence des informations exhaustives à l’état actuel de la recherche sur cet Office, nous avons réussi à brosser une image générale sur cet organisme. Un rapport relatif au tourisme réceptif mettait en exergue une idée sur ce bureau aménagé dans un vaste local, en plein centre-ville. L’auteur notait : « le Bureau du Tourisme devint non seulement un hall accueillant par son agencement et son décor, mais il ne tarda pas à être classé par les touristes comme la meilleure organisation de tourisme réceptif ; car tout était prévu pour faciliter le séjour des visiteurs et les retenir aussi longtemps que possible en Tunisie ». 30De plus, avec sa création, le « Bureau du Tourisme » est appelé à devenir « l’animateur des initiatives et coordonnerait les efforts dispersés de tous les groupements touristiques ».31 Cependant, les évènements de la Grande Guerre vont freiner toutes ces aspirations. Le tourisme sera en plein détresse et les unités hôtelières seront réquisitionnées. Il entre en sommeil obligatoire.

54Après la Guerre, l’OTUS avait abandonné ses préoccupations touristiques au profit d’un Commissariat au Tourisme.

4. Le tourisme à l’heure de l’indépendance ; les prémices de la « tunisification » des institutions touristiques

  • 32 Depuis le 20 juin 1936 une loi était édictée en France pour instaurer le congé payé. D’autre part, (...)

55Les années trente étaient considérées un tournant dans l’histoire du tourisme en général. C’est à partir de cette époque que le tourisme avait connu l’apparition d’une législation avantageuse en France et dans le monde.32 Cette législation était soit à l’origine de la naissance d’une nouvelle organisation soit l’initiatrice des projets de mise à niveau et de modernisation des structures touristiques existantes. Après avoir été déstabilisées par les années de la guerre, plusieurs tentatives de réorganisation du tourisme ont été entreprises.

4.1. La création du Commissariat du Tourisme

56Après la Deuxième Guerre mondiale, le tourisme était présenté comme l’une des activités de redémarrage économique. Le Plan Marchal avait exposé une feuille de route pour tous les pays touchés par la guerre. En Tunisie, l’administration du Protectorat avait procédé à entamer un projet de mise à niveau de cette activité. Le tourisme sera pourvu comme l’initiateur de la fortune pour la Tunisie.

57Un rapport intitulé Perspectives d’avenir expose les modalités de l’organisation du tourisme. Dans une perspective de modernisation du tourisme sur plusieurs niveaux tels que l’hôtellerie, le transport, la publicité et la formation professionnelle, un Commissariat à l’Urbanisme, à l’Habitat et au tourisme, héritier de l’OTUS, était créé. Il fut rattaché au Secrétariat général du Gouvernement où il était tributaire de l’autorité de son Secrétaire général. Une section était réservée aux questions touristiques. Elle avait les fonctions suivantes :  

  • « étayer et coordonner les activités des collectivités ou associations touristiques,

  • s’intéresser à la remise en état et au développement du patrimoine hôtelier et aux moyens de transports publics et privés,

  • suivre de près l’action des agences de voyages dans un état d’harmonie avec les possibilités d’accueil en Tunisie,

  • construire un fonds documentaire concernant le tourisme en Tunisie et le mettre à la disposition du public,

  • s’occuper de l’application de toute sorte de réglementation concernant les guides officiels,

  • veiller sur le développement des courants touristiques,

    • 33 A.N.T, SG3, Carton 30, Dos., 3, op. cit., pièce n° 24.

    prendre part dans toutes les manifestations et les congrès touristiques français et internationaux ». 33

  • 34 CADN, Protectorat-Tunisie, 1er versement (XIXsiècle -1949), op. cit., pièce n° 450.

58Pour bien saisir l’organisation interne du Commissariat, nous avons dressé l’organigramme (cf. figure 3).34

Figure n° 3 : Organigramme indiquant l’organisation du Commissariat du tourisme en Tunisie en 1949

Figure n° 3 : Organigramme indiquant l’organisation du Commissariat du tourisme en Tunisie en 1949
  • 35 A.N.T, Série SG4, Carton 27, Dos. 15, op. cit., pièce n° 4.

59Le 21 novembre 1946, le tourisme a connu un nouveau changement. Désormais, il était associé au Commissariat à la Reconstruction et au Logement qui a succédé au Commissariat à l’Urbanisme, à l’Habitat et au tourisme.35

  • 36 La Dépêche tunisienne, « La Grande Pitié du Tourisme en Tunisie ; il y a urgence à y remédier », n° (...)

60En effet, les sources disponibles montrent avec unanimité que le tourisme était victime de plusieurs problèmes. En premier lieu, nous discernons un problème structurel qui concerne le statut du tourisme et son rattachement à des services qui ne respectent pas ses spécificités. Le Commissariat était victime de la situation du tourisme en Tunisie en général caractérisé par l’absence quasi totale d’un cadre structurel autonome et jouissant d’un budget propre à l’activité touristique. Un article paru dans la Dépêche tunisienne en 1949 résume la situation financière de cet organisme de la manière suivante : « il n’a pas de budget : il vit de l’air, du temps et de charité ».36

  • 37 Ibid.
  • 38 Ibid., pièce n° 726.
  • 39 CADN, Protectorat-Tunisie, 2e Versement (XIXsiècle - 1961), « L’Office tunisien de Standardisatio (...)
  • 40 Ibid.

61En 1949, un nouveau projet de réorganisation avait été proposé pour rattacher le tourisme au service de l’Information et de Propagande à la Résidence générale.37 La même année, il avait intrigué les responsables du ministère du Commerce et de l’Artisanat. Les correspondances entre le Commissaire au Tourisme et le Secrétaire général du Gouvernement tunisien mettent en lumière quelques détails sur les démarches pratiques prises par le ministre du Commerce et de l’Artisanat pour rattacher le tourisme sous cette direction. Le plan de redressement proposé par ce dernier était intéressant à cette époque. D’abord, il s’engage à accorder des bureaux au service du tourisme dans son département dès que ce service lui sera rattaché.38 Ensuite, il suggère la création d’un service administratif qui sera dédié spécialement aux questions touristiques.39 Enfin, il prévoit que ce futur service du Tourisme sera un Office fonctionnant sous forme d’un établissement public de l’État et jouissant de la personnalité civile et de l’autonomie financière.40

  • 41 CADN, Protectorat-Tunisie, 1er versement (XIXsiècle -1949), op. cit., pièce n° 235.

62Malgré ces promesses, le Commissariat du Tourisme confirmait « qu’il y aurait intérêt à ne pas rattacher le tourisme, service permanent tourné plutôt vers l’extérieur du pays à des services provisoires, tournés plutôt vers l’intérieur, comme l’Urbanisme et l’Habitat ».41

63Il faut attendre l’année 1950 pour voir naître un Office tunisien du Tourisme pour remplacer le Commissariat du Tourisme.

4.2. L’Office tunisien du Tourisme

  • 42 CADN, Protectorat-Tunisie, 2e versement (XIXe siècle -1961), op. cit., pièce non numérotée.

64La création de l’Office tunisien du Tourisme remonte au décret du 12 janvier 1950. Sa création se situe dans un contexte où le tourisme avait commencé de plus en plus à prendre une place importante surtout sur le plan économique de la Tunisie. Mohamed Salah Mzali, Ministre de Commerce et de l’Artisanat à l’époque, voyait « que dans le cadre de l’organisation nouvelle du ministère du Commerce et de l’Artisanat, cet organisme permettra de donner des assises solides à l’avenir du tourisme dans la Régence et d’offrir à tous les représentants des professions intéressées l’occasion de suivre de très près et d’intervenir efficacement dans l’élaboration du plan à mettre en œuvre pour atteindre le résultat que nous recherchons tous »42.

  • 43 A.N.T, Série E, Carton 244, Dos. 25, op. cit., pièce n° 9.
  • 44 CADN, Protectorat-Tunisie, 1er versement (XIXsiècle -1949), op. cit., pièce n° 431.
  • 45 A.N.T, Série E, Carton 244, Dos. 25, op. cit., pièce n° 9.
  • 46 Ibid.

65L’article premier du statut de l’Office tunisien du Tourisme déclare la naissance officielle d’un office à caractère public « doté de la personnalité civile et de l’autonomie financière »43. Il fixe son rôle de s’occuper de toutes les questions s’attachant au tourisme et à la propagande touristique et d’assurer la gestion des intérêts touristiques44. Il s’intéressait à l’industrie hôtelière où il est appelé à exercer un contrôle sur les prix des chambres d’hôtel ou des pensions de famille ainsi qu’aux chambres meublées.45 Pour ce faire, une Commission de l’Hôtellerie a été créée au sein de cet office46.

  • 47 CADN, Protectorat-Tunisie, 1er versement (XIXe s.-1949), op. cit., pièce n° 431.
  • 48 Ibid.

66Sur le plan hiérarchique, l’Office était administré par un conseil d’administration et géré par un Directeur et un Secrétaire général.47 Son Directeur est nommé par décret sur proposition du ministre du Commerce et de l’Artisanat président du Conseil d’administration.48

  • 49 Ibid.
  • 50 A.N.T, Série SG4, Carton 27, Dos. 15, op. cit., pièce n° 7.

67 Le budget de l’Office est souvent préparé par son Directeur, voté par le Conseil d’Administration et approuvé par le Grand Conseil et le Résident général après avis du Directeur des Finances49. L’Office tirait ses moyens budgétaires des revenues des taxes, des subventions de l’État, des collectivités publiques ou des dons particuliers. En 1950-1951 le budget de l’Office tunisien du Tourisme était 55 480 300 frs50.

Figure 4 : Répartition des ressources budgétaires de l’Office tunisien du Tourisme en 1950-1951

Figure 4 : Répartition des ressources budgétaires de l’Office tunisien du Tourisme en 1950-1951

Source : A.N.T, Série SG4, Carton 27, Dos. 15, op. cit., pièce n° 7.

68Quant aux dépenses, elles étaient consacrées à trois articles : le personnel et le matériel, la mise en valeur et l’exploitation. Le tableau 2 reproduit quelques détails de la gestion de l’Office pour la saison touristique 1950-1951.

Tableau n° 2. Répartition dépenses de l’Office Tunisien du Tourisme pour la saison 1950-1951 ; Chapitre II : mise en valeur et exploitation

Articles

Catégorie de l’activité

Nature de l’activité

Montant

en francs

Art. 1

Aménagement des Sites

Tables d’Orientation

200 000

Signalisation des circuits (Médina, Oasis)

600 000

1 abri de guide-gardien, salle, maquette et salle de repos

2 000 000

Art. 2

Accueil

El-Aouina et Tunis-Port ; 2 comptoirs d’accueil

250 000

Personnel

480 000

Art. 3

Hôtellerie

Hôtel de Ghadamès

460 000

Un gîte d’étape

10 000 000

Bourses à l’École Hôtelière

300 000

Art. 4

Propagande

Éditions : photographies, dépliants, affiches

3 100 000

Achats de matériel, cartes, guides, ouvrages

600 000

Vitrines et affiches lumineuses

400 000

Film

3 000 000

Voyages de propagande

720 000

Frais de réception

500 000

Art. 5

Subventions

Ordinaires

6 800 000

Exceptionnelles

7 100 000

Total du Chapitre II

36 510 000

Source : A.N.T, Série SG4, Carton 27, Dos. 15, op. cit., pièce n° 7.

69Les sources disponibles nous favorisent plus de détail sur la répartition des subventions accordées aux différents organismes touristiques. Les figures suivantes donnaient des éclairages sur la liste de quelques organismes qui avaient bénéficié des subventions soit à titre ordinaire ou extraordinaire.

Figure 5 : Répartition des subventions ordinaires de l’Office tunisien du Tourisme pour la saison 1950-1951

Figure 5 : Répartition des subventions ordinaires de l’Office tunisien du Tourisme pour la saison 1950-1951

Source : A.N.T, Série SG4, Carton 27, Dos. 15, op. cit., pièce n° 7.

70En 1952, l’Office tunisien du Tourisme va céder la place à l’Office tunisien de l’Expansion Commerciale et du Tourisme.

4.3. L’Office tunisien de l’Expansion Commerciale et du Tourisme 

  • 51 A.N.T, Série SG5, Carton 307, Dos. 10, « Documentation concernant l’Office tunisien de l’Expansion (...)

71Depuis 1950 l’OTUS fut rattaché au ministère du Commerce et de l’Artisanat en même temps qu’un Office tunisien du Tourisme (OTT) a vu le jour. Deux ans après, suite à l’arrêté du Directeur des Finances du 8 août 1952, ces deux organismes étaient fusionnés pour donner naissance à l’Office tunisien de l’Expansion Commerciale et du Tourisme (OFITEC). Cette institution était appelée à gérer la propagande touristique, veiller sur l’équipement hôtelier et aménager des sites et des structures d’accueil51.

72Parmi les autres tâches de l’OFITEC, nous citons la planification et la mise en place d’un tissu de circuits touristiques.

  • 52 A.N.T, Série E, Carton 244, Dos. 25, Sous dos. 2, op. cit., pièce n° 71.
  • 53 A.N.T, Série E, Carton 244, Dos. 25, Sous dos. 2, op. cit., pièce n° 78.

73Pour assurer le bon fonctionnement de cet Office, on avait constitué un nouveau conseil d’administration dont les membres étaient « les représentants des Administrations intéressées et les présidents des chambres de commerce et d’agriculture, ainsi que les chambres mixtes du centre et du sud »52. Plusieurs commissions avaient été créées au sein de l’Office. L’arrêté du 8 septembre 1953 avait souligné les différentes tâches de ses commissions et leur composition.53 Une commission était dédiée au tourisme. Ses activités étaient : l’élaboration d’un programme de propagande et d’accueil touristique, l’accomplissement d’un programme d’aménagement des sites, l’entretien de l’infrastructure hôtelière et donner un avis sur le classement et le prix des chambres d’hôtels et de chambres meublées.

74Deux branches bénéficiaient d’une importance capitale au sein de l’OFITEC : l’hôtellerie et la propagande. Le tableau 3 suivant expose les caractéristiques des prérogatives de la Commission du Tourisme.

Tableau n° 3. Les attributions de la Section du Tourisme au sein de l’OFITEC

Sous-Chef de Département, M. Anthouard

  • Rapports avec les organismes professionnels locaux

  • Contrôle de l’hôtellerie ; classement, réclamations, rapports

  • Crédit hôtelier et ristournes d’intérêt

  • Commission des sites ; classement, aménagement, signalisations

  • Application du plan d’organisation et d’équipement du tourisme

  • Propagande touristique

  • Réception et documentation des hautes personnalités ou des professionnels du tourisme

Section Propagande et Documentation, Melle Pisani

  • Collection des articles de presse et de revue intéressant le tourisme en Tunisie

  • Recherche des documents photographiques et tenue en ordre de la photothèque contenant 10 000 clichés

  • Fournir la documentation nécessaire aux journalistes, agences et aux touristes

  • Tenue du fichier des agrandissements photographiques et du fichier des films

  • Préparation des affiches, films, dépliants de propagande

  • Éditions de documents de propagande

Section Accueil, M. Chérif

  • Réception des caravanes touristiques et des personnalités et touristes isolés

  • Accompagnement des personnalités, enquêtes

Source : A.N.T, Série SG5, Carton 307, Dos. 10, op. cit., pièce n° 7.

  • 54 A.N.T, Série SG5, Carton 307, Dos. 9, Sous dos. 2, « Projet d’arrêté relatif à la composition et au (...)

75En effet, si l’OFITEC regroupait toutes les structures logistiques impliquées dans le domaine du tourisme, à savoir l’industrie hôtelière, la propagande, d’autres restaient à l’écart. Nous citons l’infrastructure routière et les moyens de transport, force motrice du tourisme.54

76Le budget de l’OFITEC provenait essentiellement des taxes de séjour. Le tableau 4 suivant présentait quelques détails de la répartition budgétaire pour deux saisons différentes.

Tableau n° 4. Les crédits inscrits au budget de l’OFITEC pour les années 1955-1956 et 1956-1957

Rubriques

Crédits inscrits au budget de l’OFITEC

en francs

1955-1956

Crédits inscrits au budget de l’OFITEC

en francs

1956-1957

Frais de propagande et de participation aux manifestations économiques

Propagande touristique et économique : éditions, affiches, vitrines, brochures, films…

7220 000

4 500 000

Participation aux foires et expositions…

18 550 000

16 000 000

Missions commerciales et touristiques : voyage de propagande, frais de réception

2 000 000

1 500 000

Aménagement et signalisations des sites et des circuits touristiques

200 000

200 000

Dépenses au titre de l’Hôtellerie

Stages hôteliers

150 000

800 000

Bonification d’intérêt aux propriétaires ou gérants des hôtels classés de tourisme

1 000 000

2 000 000

Source : A.N.T, Série SG5, Carton 307, Dos. 10, op. cit., pièce n° 15.

77L’étude des sources soulève les limites de cet organisme surtout d’ordre financier. Les sources financières étaient insuffisantes pour faire face aux dépenses de certaines tâches comme l’aménagement et la signalisation des sites et des circuits touristiques. D’autre part, l’Office était accablé par quelques difficultés d’ordre structurel. La lourdeur des tâches administratives était un véritable handicap au niveau de la gestion interne étant donné la lourdeur du fonctionnement des commissions et l’absence d’une coordination efficace. La centralisation des tâches exécutives dans la personne du directeur de l’Office était un autre problème au niveau de la gestion.

  • 55 Administrateur de la Résidence générale, chef de « l’Office des Anciens Combattants, Victimes de la (...)

78L’Office manquait aussi d’un cadre spécialisé dans le tourisme. Le choix des hauts responsables ne répondait pas toujours aux exigences du poste. L’accès à ces fonctions était une sorte de récompense55 surtout pour les services militaires. C’était le cas en 1953 quand Clément Fulbert fût nommé à la tête de l’Office.

  • 56 A.N.T, Série SG5, Carton 307, Dos. 10, op. cit., pièce n° 2.

79Pour faire face à ces obstacles, l’administration du protectorat avait engagé quelques réformes au sein de l’OFITEC. Un projet de création d’un service de tourisme attaché au ministère de l’Économie nationale à l’instar du modèle métropolitain était mis en place. Il s’agissait d’un service chargé de déterminer la politique générale à suivre en matière de tourisme et d’élaborer les programmes de développement touristique et de coordonner les différentes activités touristiques privées56.

  • 57 Ibid.

80À l’intérieur du pays, le projet de réforme envisageait de « créer des comités régionaux de tourisme groupant les représentants qualifiés des Chambres économiques, des Municipalités, des Organisations touristiques, des représentants des activités contribuant à l’essor du tourisme, sous la présidence de l’autorité locale responsable »57.

  • 58 A.N.T, Série E, Carton 258, Dos. 10, « Ministère de l’Économie nationale ; Organisation du Tourisme (...)

81Ces réformes ont accéléré la dissolution de l’OFITEC. Il était appelé à laisser sa place à un Service de Tourisme ou un Commissariat au Tourisme associé au ministère de l’Économie nationale. La conjoncture de la Tunisie durant les années cinquante va influencer la situation de l’activité touristique. Le 21 juin 1956, un Office du Tourisme et un Conseil Supérieur du Tourisme ont été créés et attachés au ministère de l’Économie nationale. D’ailleurs, depuis avril 1956, l’Office du Tourisme avait été projeté. Il avait pour mission de : coordonner et contrôler toutes les activités propres au développement du tourisme et de l’industrie hôtelière, d’élaborer et mettre en œuvre le programme d’expansion touristique et de proposer toutes mesures de nature à favoriser le développement du tourisme58.

  • 59 Ibid.

82En parallèle, le Conseil Supérieur de Tourisme avait vu le jour. Sa fonction était de favoriser les avis et les suggestions relatifs à la politique gouvernementale, en matière du tourisme59.

Conclusion

  • 60 Les annales coloniales, Le Crédit Foncier et Agricole d’Algérie et de Tunisie aide au tourisme en A (...)
  • 61 CADN, Protectorat-Tunisie, 1er versement (XIXe s.-1949), « Tourisme… », op. cit., pièce n° 339.

83L’organisation de l’activité touristique remonte à la période de la fin du xixsiècle. Elle se situe dans un contexte caractérisé par l’installation et la propagation du fait colonial où les premières structures avaient répandu les objectifs de la colonisation. À ce propos, le tourisme était le fer de lance pour pacifier le pays et y attirer les Français en tant que touristes avant de devenir des colons. C’est ce qui nous a donné l’occasion de suivre la relation de corrélation entre tourisme et colonisation. Cette étude nous procure des exemples pour suivre les efforts qui ont été faits par la Métropole et les colons en vue de faire de la Tunisie, comme l’Algérie et le Maroc, le véritable pendant et la continuation naturelle de la France au-delà de la mer.60 Le tourisme était appelé à « servir la France en Tunisie», disait M. Gérard, Président de la Fédération des syndicats d’initiative.61 Également, l’étude des structures d’encadrement du tourisme nous a donné l’occasion d’esquisser un tableau d’ensemble sur les spécificités de cette activité en situation coloniale.

84Notre étude souligne aussi l’idée des acteurs du tourisme. L’organisation du tourisme en Tunisie sous le Protectorat français n’était pas seulement l’apanage des autorités officielles. Elle doit d’autre part, son existence à l’effort de quelques structures privées menées par plusieurs investisseurs. L’apparition et le développement de q1. uelques structures d’encadrement du tourisme ont été l’œuvre de quelques compagnies de transport étrangères comme la Compagnie Générale Transatlantique et la Compagnie Bône Galma ou à l’intérieur du pays comme l’Association Touristique des Cheminots de Tunisie. Également, la Tunisie a connu la création de quelques organismes privés reconnus d’intérêt public comme le Touring-Club de Tunisie ou l’Automobile Club de Tunisie.

85Il ressort de cette analyse que le tourisme en situation coloniale reproduit la politique métropolitaine et algérienne au niveau de son organisation structurelle. Il réinvente, recopie et parfois réadapte des structures créées ailleurs.

86Ainsi, à travers cette étude se dégagent quelques aspects de la politique culturelle et patrimoniale de l’administration du Protectorat en Tunisie. Pour encourager le tourisme, plusieurs institutions patrimoniales furent instituées au lendemain de l’installation du Protectorat. « Le patrimoine a pu être instrumentalisé pour servir différents intérêts », disait Myriam Bacha (2009 : 13). Le tourisme était l’une des motivations qui s’alternent aux finalités politiques et scientifiques pour expliquer la naissance des organismes du tourisme en Tunisie. Ceci nous favorise des éléments pour poser la question sur les origines du tourisme patrimonial et culturel.

87Cette étude soulève aussi l’idée de l’entrée des Tunisiens dans la gestion du tourisme en Tunisie. Au fur et à mesure, les autochtones avaient commencé à s’intéresser à cette activité. Après avoir été l’apanage des Français, les Tunisiens avaient été intrigués par les structures du tourisme. Ils commençaient à adhérer, timidement, aux bureaux des organismes touristiques.

88Finalement, l’organisation structurelle du tourisme en Tunisie sous le Protectorat français soulève des questions fondamentales sur le passage du « tourisme colonial » au tourisme tunisien. A priori, l’État après l’indépendance n’a pas assuré une continuité souple de l’organisation du tourisme ? Or, qu’est-ce qui explique cette rupture avec l’héritage organisationnel de la période coloniale ? N’était-il pas bénéfique si la Tunisie a sauvegardé le savoir-faire structurel dans le tourisme pour redémarrer cette activité après l’indépendance ? Malgré le changement des choix et des orientations touristiques surtout avec l’apparition du produit balnéaire nous enregistrons un glissement vers des structures nationales où la Tunisie comme tous les États indépendants « ont souvent dans un premier temps pris à leur compte les structures administratives mises en place par le colonisateur, répondaient le souvent à ses exigences. Ils les ont étendus, nationalisés et aménagés pour satisfaire une demande internationale croissante » (Kazdaghli et Zytnicki, 2009 : 13).

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A.N.T, Série SG5, Carton 307, Dos. 5, Sous dos.1, « Note concernant la dissolution du Comité Central du Tourisme et attribution de l’OTUS en matière de taxe de séjour sur les touristes », 1936

A.N.T, Série SG5, Carton 307, Dos. 9, Sous dos. 2, « Projet d’arrêté relatif à la composition et aux attributions des commissions de l’Office tunisien de l’Expansion Commerciale et du Tourisme », 1953

A.N.T, Série SG5, Carton 307, Dos. 10, « Documentation concernant l’Office tunisien de l’Expansion Commerciale et du Tourisme et les économies à atteindre d’une réforme de cet organisme », 1955

A.N.T, SG15, Carton 33, Dos., 1, A.N.T, SG15, Carton 33, Dos. 1, « Notes Correspondances et cartes géographiques relatives au développement du domaine du tourisme et les activités des Syndicats d’Initiatives de divers régions », 1931-1939,

Les archives diplomatiques de Nantes

CADN, Protectorat-Tunisie, 1er versement (XIXe s.-1949), « Tourisme… »,

CADN, Protectorat-Tunisie, 2e Versement (XIXème-1961), « L’Office tunisien de Standardisation (OTUS) », 1950-1955, pièce non numérotée.

CADN, Protectorat-Tunisie, 2e versement (XIXe s.-1961), « Rapports économiques des Contrôleurs Civils », pièce non numérotée.

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Notes

1 Cette direction est l’une des six grandes administrations créées par le Protectorat. Sa naissance date du 8 février 1896. Elle avait remplacé la Direction des Renseignements et des Contrôles Civils.

2 P. L., A l’Office tunisien de Paris, La Petite Tunisie, 20-25 mars 1935

3 La Dépêche Tunisienne, 7 février 1898, n° 2784, p. 1.

4 La Dépêche Tunisienne, 3 mars 1898, n° 2808, p. 1.

5 Edmonde Lécore Carpentier, née en 1860 à Paris, elle fut directrice de La Dépêche Tunisienne, présidente d’honneur du syndicat de la presse tunisienne, présidente de la Compagnie des Eaux Thermales et du Domaine de Korbous, administratrice déléguée de la Société anonyme de l’Imprimerie Rapide de Tunis.

6 A.N.T, Série F, Carton 11, Dos. 5, Sous dos. 1, « Fêtes et cérémonies ; Comité d’hivernage de Tunis et de la Tunisie », 1898-1907, pièce n° 6.

7 Ibid.

8 La Dépêche Tunisienne, 4 février 1898, n° 2781, p. 1.

9 La Dépêche Tunisienne, 4 février 1898, n° 2781.

10 A.N.T, Série F, Carton 11, Dos. 5, Sous dos. 1, « Fêtes et cérémonies ; Comité d’hivernage de Tunis et de la Tunisie », op. ci. t, pièce n° 9.

11 A.N.T, Série SG4, Carton 27, Dos. 15, Rapport sur les activités de l’Office tunisien du Tourisme, pièce n° 4.

12 A.N.T, Série SG5, Carton 307, Dos. 5, Sous dos.1, « Note concernant la dissolution du Comité Central du Tourisme et attribution de l’OTUS en matière de taxe de séjour sur les touristes », 1936, pièces n° 1.

13 Ibid.

14 Idem., pièces n° 1.

15 A.N.T, SG15, Carton 33, Dos., 1, A.N.T, SG15, Carton 33, Dos. 1, « Notes Correspondances et cartes géographiques relatives au développement du domaine du tourisme et les activités des syndicats d’initiative de divers régions », 1931-1939, pièce n° 19.

16 Compagnie des Eaux Thermales du Domaine de Korbous, « Korbous la côte du Soleil… », op. cit. p.5.

17 A.N.T, SG3, Carton 30, Dos., 3, Notes, correspondances et documentions relatives à l’organisation des circuits touristiques, ainsi que le fonctionnement des activités de tourisme en Tunisie. 1948-1949, pièce n° 262.

18 A.N.T, SG15, Carton 33, Dos., 1, op. cit.. , pièce n° 19.

19 Ibid., pièce n° 83.

20 A.N.T, SG15, Carton 33, Dos., 1, op. cit., pièce n° 19.

21 « Le Cinquantenaire du Protectorat français en Tunisie 1881-1931 ; Histoire de la Tunisie ; son évolution dans tous ses domaines ; Administrations Civils et Militaires ; Tourisme ; Chemins de fer ; Ports ; Chambres de Commerce et d’Agriculture ; Monographies des Exploitations commerciales, Industrielles, Agricoles et Minières », Edition de l’Afrique du Nord Illustrée, Tunis, 1931, p. 138.

22 Direction générale de l’Agriculture, du Commerce et de la Colonisation, « Le tourisme en Tunisie », op. cit., p. 10.

23 A.N.T, Série SG4, Carton 27, Dos. 15, op. cit., pièce n° 4.

24 CADN, Protectorat-Tunisie, 1er versement (XIXsiècle -1949), op. cit., pièce n° 186.

25 A.N.T, Série SG2, Carton 159, Dos. 4, « L’organisation de l’Office de Tourisme de la Tunisie à Paris et à Alger, l’organisation des expositions dans les zones touristiques en Tunisie », 1945, pièce n° 37.

26 A.N.T, SG15, Carton 33, Dos., 1, op. cit., pièce n° 157.

27 A.N.T, SG15, Carton 33, Dos., 1, op. cit.. , pièce n° 11.

28 A.N.T, Série SG5, Carton 307, Dos. 5, Sous dos.1, Note concernant la dissolution du Comité Central du Tourisme et attribution de l’OTUS en matière de taxe de séjour sur les touristes, pièces n° 1.

29 A.N.T, Série E, Carton 244, Dos. 25, Sous dos. 2, Réglementation de l’Office tunisien du Tourisme et du Commerce et désignation des membres de son conseil d’administration, 1936-1954, pièce n° 3.

30 A.N.T, Série SG2, Carton 377, Dos. 2, « Rapports relatifs au tourisme réceptif en Afrique du Nord (plan de restauration de l’Hôtel Saint Georges », 1946-1948, pièce n° 3.

31 Ibid.

32 Depuis le 20 juin 1936 une loi était édictée en France pour instaurer le congé payé. D’autre part, après la Seconde Guerre mondiale, le plan Marchal avait considéré le tourisme comme un facteur déterminant dans les efforts de redressement économique. Il était observé comme une aubaine pour relancer les économies des pays touchés par la guerre.

33 A.N.T, SG3, Carton 30, Dos., 3, op. cit., pièce n° 24.

34 CADN, Protectorat-Tunisie, 1er versement (XIXsiècle -1949), op. cit., pièce n° 450.

35 A.N.T, Série SG4, Carton 27, Dos. 15, op. cit., pièce n° 4.

36 La Dépêche tunisienne, « La Grande Pitié du Tourisme en Tunisie ; il y a urgence à y remédier », n° 20355, 3 juillet 1949, p. 2.

37 Ibid.

38 Ibid., pièce n° 726.

39 CADN, Protectorat-Tunisie, 2e Versement (XIXsiècle - 1961), « L’Office tunisien de Standardisation (OTUS) », 1950-1955, pièce non numérotée.

40 Ibid.

41 CADN, Protectorat-Tunisie, 1er versement (XIXsiècle -1949), op. cit., pièce n° 235.

42 CADN, Protectorat-Tunisie, 2e versement (XIXe siècle -1961), op. cit., pièce non numérotée.

43 A.N.T, Série E, Carton 244, Dos. 25, op. cit., pièce n° 9.

44 CADN, Protectorat-Tunisie, 1er versement (XIXsiècle -1949), op. cit., pièce n° 431.

45 A.N.T, Série E, Carton 244, Dos. 25, op. cit., pièce n° 9.

46 Ibid.

47 CADN, Protectorat-Tunisie, 1er versement (XIXe s.-1949), op. cit., pièce n° 431.

48 Ibid.

49 Ibid.

50 A.N.T, Série SG4, Carton 27, Dos. 15, op. cit., pièce n° 7.

51 A.N.T, Série SG5, Carton 307, Dos. 10, « Documentation concernant l’Office tunisien de l’Expansion Commerciale et du Tourisme et les économies à atteindre d’une réforme de cet organisme », 1955, pièce n° 2.

52 A.N.T, Série E, Carton 244, Dos. 25, Sous dos. 2, op. cit., pièce n° 71.

53 A.N.T, Série E, Carton 244, Dos. 25, Sous dos. 2, op. cit., pièce n° 78.

54 A.N.T, Série SG5, Carton 307, Dos. 9, Sous dos. 2, « Projet d’arrêté relatif à la composition et aux attributions des commissions de l’Office tunisien de l’Expansion Commerciale et du Tourisme », 1953, pièce n° 3.

55 Administrateur de la Résidence générale, chef de « l’Office des Anciens Combattants, Victimes de la Guerre et Anciens Militaires de Tunisie.

56 A.N.T, Série SG5, Carton 307, Dos. 10, op. cit., pièce n° 2.

57 Ibid.

58 A.N.T, Série E, Carton 258, Dos. 10, « Ministère de l’Économie nationale ; Organisation du Tourisme ; Office du Tourisme et Conseil Supérieur du Tourisme », 1936-1956, pièce n° 25.

59 Ibid.

60 Les annales coloniales, Le Crédit Foncier et Agricole d’Algérie et de Tunisie aide au tourisme en Afrique du Nord, 21 février 1926, page 4.

61 CADN, Protectorat-Tunisie, 1er versement (XIXe s.-1949), « Tourisme… », op. cit., pièce n° 339.

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Table des illustrations

Titre Figure n° 1 : Graphique indiquant les dotations de la Fédération des syndicats d’initiative aux différents syndicats d’initiative en 1927
Crédits Source : CADN, Protectorat-Tunisie, 1er Ver. (XIXe siècle -1949), « Tourisme… », op. cit., p. 186.
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Titre Figure n° 2 : Graphique indiquant les prévisions des dotations de la Fédération des syndicats d’initiative aux différents syndicats d’initiative en 1928
Crédits Source : CADN, Protectorat-Tunisie, 1er Ver. xixe s.-1949), op. cit., p. 189.
URL http://journals.openedition.org/etudescaribeennes/docannexe/image/32827/img-2.png
Fichier image/png, 27k
Titre Figure n° 3 : Organigramme indiquant l’organisation du Commissariat du tourisme en Tunisie en 1949
URL http://journals.openedition.org/etudescaribeennes/docannexe/image/32827/img-3.png
Fichier image/png, 48k
Titre Figure 4 : Répartition des ressources budgétaires de l’Office tunisien du Tourisme en 1950-1951
Crédits Source : A.N.T, Série SG4, Carton 27, Dos. 15, op. cit., pièce n° 7.
URL http://journals.openedition.org/etudescaribeennes/docannexe/image/32827/img-4.png
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Titre Figure 5 : Répartition des subventions ordinaires de l’Office tunisien du Tourisme pour la saison 1950-1951
Crédits Source : A.N.T, Série SG4, Carton 27, Dos. 15, op. cit., pièce n° 7.
URL http://journals.openedition.org/etudescaribeennes/docannexe/image/32827/img-5.png
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Pour citer cet article

Référence électronique

Lassaad Dandani, « Les structures d’encadrement du tourisme en Tunisie au cours de la période coloniale (1881-1956) »Études caribéennes [En ligne], 59 | Décembre 2024, mis en ligne le 17 décembre 2024, consulté le 11 février 2025. URL : http://journals.openedition.org/etudescaribeennes/32827 ; DOI : https://doi.org/10.4000/132zh

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Auteur

Lassaad Dandani

Maître-assistant en Histoire contemporaine, Laboratoire Régions et Ressources Patrimoniales Manouba, Institut Supérieur des Métiers du Patrimoine, Université de Tunis (Tunisie).

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