1 En 1971, l’OCDE a adopté la définition de l’aide publique au développement (APD) qui est le flux d’aide ou d’assistances que des organismes officiels, y compris les gouvernements des États ou leurs agences exécutives, allouent aux pays en développement et aux institutions multilatérales à condition que la promotion du développement économique et du bien-être de la population bénéficiaire de l’aide soit une priorité (Valladares et al., 2003 : 7-8). L’APD, dans ce cas, rentre dans le cadre de supports qu’un pays ou des organismes internationaux offrent à un autre pays ayant non seulement les qualificatifs d’un pays sous-développé, mais aussi ayant été classé dans la liste des pays bénéficiaires de l’aide publique au développement (OCDE, 2007 : 1 ; Lafoucarde, 2014 : 14). Nombreux sont les pays à faibles et à moyens revenus qui reçoivent de l’aide internationale. Cependant, depuis la création de l’aide publique au développement (du plan Marshall à date), le statut des pays bénéficiaires de l’APD n’a pas vraiment changé. Au contraire, certains d’entre eux pataugent et plongent davantage dans les bas-fonds de la pauvreté et du sous-développement. Cela interpelle les chercheurs qui émettent d’opinions diverses quant à l’efficacité de l’aide publique au développement. Ainsi, cette recherche qui est une revue systématique de littérature et qui poursuit comme objectif l’analyse de l’efficacité de l’aide publique au développement suivant les différentes considérations déjà émises dans la littérature, se conduit suivant cette question de recherche « l’aide publique au développement est-elle efficace pour les pays bénéficiaires de l’aide comme Haïti ? Pour la structure du papier, nous faisons la recension des écrits suivie de la méthodologie, présentation des résultats, analyse critique des thèses soutenues, analyse de l’efficacité de l’aide en Haïti pour enfin conclure la recherche.
2Ainsi, l’aide publique au développement (APD), qui a ses défenseurs et ses nombreux détracteurs d’une période à une autre, se trouve parmi les principales propositions qui sont couramment réalisées pour réduire le niveau de pauvreté et de sous-développement dans les pays en développement). Cependant, le problème de pauvreté et de sous-développement persiste dans le monde. Aux fins d’apprécier comment les scientifiques ont abordé la question de l’efficacité de l’aide, ce papier fait un inventaire des écrits scientifiques réalisés au cours la période 2000-2024 et analyse les résultats des différentes recherches. Les paragraphes suivants analysent les articles inclus dans le papier.
3 Charnoz et Severino (2011 : 18) voient l’aide internationale comme l’ensemble des ressources publiques ou privées, transférées à l’échelle internationale, dans le but de favoriser le progrès économique et social des pays bénéficiaires. Elle prend généralement la forme de dons, de prêts à taux préférentiel et d’annulation de dettes.
4Dazou, Vangdalid et al. (2018 : 2) soutiennent que le concept de l’aide publique au développement est complexe et ses composantes évoluent au fil du temps. L’objectif principal demeure la promotion de la croissance économique dans les pays pauvres. L’aide publique au développement fait référence aux opérations et mécanismes financiers, allant du don pur et simple au prêt accordé à un tarif préférentiel, négocié entre pays donateurs « développés » ou riches et des États bénéficiaires « sous-développés » ou « en voie de développement » (Dazou, Vangdalid et al., 2018 : 2). En effet, le Comité d’aide au développement (CAD), créé au sein de l’OCDE dans le but de coordonner et de comptabiliser l’aide des pays développés octroyée au Tiers-monde, distingue « l’aide publique » des autres apports. Il réserve l’appellation « aide » à la seule « aide publique » ou « aide publique au développement » (APD). Celle-ci comprend les prêts et les dons (financements sans contrepartie) du secteur public lorsque les prêts sont assortis de conditions préférentielles par rapport au marché (Guillaumont et Laurent, 2013 : 121).
5Cependant, l’efficacité de l’aide au développement reste l’une des questions les plus débattues tant chez les scientifiques en général que les économistes en particulier. Ce qui conduit à analyser l’impact de l’aide (Burnside et Dollar, 2000 : 947 ; Jacquet, 2006 : 942- 943). Or, les scientifiques sont d’avis que l’aide publique au développement n’a que la vocation de conduire au développement. Et donc, ce papier s’intéresse davantage à confronter des points de vue sur l’impact de l’aide publique au développement sur le développement (Guillaumont et Laurent, 2013 : 116).
6La plupart des études sur l’efficacité de l’APD ont pris comme hypothèse de départ que l’aide devrait se diriger dans la poursuite de la croissance économique comme objectif premier. C’est acceptable dans la mesure où la croissance économique est l’un des objectifs intermédiaires pour la plupart des finalités de l’APD (Guillaumont et Wagner, 2013 : 117). Les premières études (Guillaumont et Wagner, 2013 : 111-114) concluaient à l’absence d’effet visible, et donc à son inefficacité. En effet, l’idée de croiser les données d’APD avec des indicateurs de qualité de la gouvernance laisse entrevoir que la gouvernance influe grandement sur la portée de l’aide chez les pays bénéficiaires. Ce qui laisse à questionner les vrais objets et le principe de l’allocation de l’aide qui, souvent, ne tient pas compte des grands besoins du pays bénéficiaire et oriente l’aide selon les désirs du pays donateur (Chauvet, Cognau et al., 2008 : 25-26). Or, en dehors de ces dernières considérations, un nombre important de paramètres influencent le comportement de l’aide publique au développement. On peut voir entre autres, les crises multidimensionnelles (politiques, sociales, environnementales, économiques) qui sapent les efforts des pays sous-développés bénéficiaires de l’aide (Jacquet, 2006 : 941-943).
7Prise en compte dans le cadre de ce papier, le cas d’Haïti en est un cas typique de pays bénéficiaires de l’aide internationale et dont les crises semblent jouer un rôle crucial dans l’inefficacité de l’aide.
8Haïti a donc bénéficié de l’aide sur le plan multilatéral et bilatéral tant des pays donateurs que des institutions financières internationales. Malgré le volume d’aide accordée à Haïti depuis l’institutionnalisation de l’APD dans les années 1960, le pays peine encore à prendre la voie du développement. En lieu et place de conduire Haïti vers la voie du développement, l’aide lui semble constituer un élément perturbateur (Saël, 2023 : 1).
9Depuis plusieurs décennies, Haïti est confrontée à une crise multidimensionnelle, politique, économique et sociale, environnementale et même judiciaire. On constate d’abord une crise de gouvernance qui se caractérise, entre autres, par l’instabilité politique, la faiblesse et l’inefficacité des instances étatiques et la corruption à tous les niveaux de la gestion des affaires publiques (Jabouin, 2020 : 45). D’où, Haïti reste le pays le plus pauvre de la région Amérique latine et Caraïbes et parmi les pays les plus pauvres du monde. En 2023, Haïti avait un PIB par habitant de 1694.1 dollars américains et un indice de GINI de 41,1. La valeur de l’indice de développement humain (IDH) d’Haïti pour 2022 est de 0,552, ce qui place le pays dans la catégorie de développement humain moyen, le positionnant au 158e rang sur 193 pays et territoires selon ces mesures des Nations Unies (Banque mondiale, 2024).
10À la faveur de cette crise multidimensionnelle persistante, l’économie haïtienne se voit contracter pendant les cinq dernières années consécutives de 1,7 % en 2019 ; 3,3 % en 2020 ; 1,8 % en 2021 ; 1,7 % en 2022 et 1,9 % en 2023 (Banque mondiale, 2024 : 1).
11Donc, Haïti ne profite pas de la générosité ni de ses donateurs ni de ses créanciers. Au contraire, certains programmes d’aide publique au développement qui sont profitables à d’autres pays deviennent pour Haïti comme un cadeau empoisonné dont la corruption et la gabegie administrative en sont les corollaires. Le programme PetroCaribe en est la preuve (Gravéus, 2021 : 60).
12Cette revue de littérature systématique se réalise suivant les exigences de la systematic review mixte. À cet effet, les directives de l’Economics Methods Group ont été suivies, notamment la formulation d’une question de recherche, la définition des critères d’éligibilité, l’identification des sources documentaires, l’élaboration de stratégie de recherche documentaire, la sélection des études pertinentes, l’évaluation de la qualité des études retenues, l’extraction des données des études retenues et la synthèse des données extraites (Nha-Hong, Turcotte-Tremblay et al., 2019 : 158).
13En relation avec les mots clés de la question de recherche et pour les besoins de l’étude, nous avons inclus des recherches qui satisfont aux critères illustrés dans le tableau 1 :
Tableau 1. Critères d’inclusion et d’exclusion
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Critère d’inclusion
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Critère d’exclusion
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Lieu
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Pays à faibles et à moyens revenus
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Pays développés tels les pays de l’Europe
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Qualité
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Aide publique au développement
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Aide humanitaire
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Intervention
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Financement basé sur des critères/Nord-Sud et pays Sud-Sud
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Nord-Nord
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Types d’études
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Études empiriques
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Études documentaires
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Langue
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Articles écrits en anglais, en français et en espagnol
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Articles écrits dans d’autres langues autres que le français, l’anglais et l’espagnol
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Année de publication
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2000-2024
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Années antérieures à 2000
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14Après chaque recherche dans les moteurs (Google schoolar, google, Scorpus, Web of science), les premiers résultats ont été exportés aux fins d’analyse et de traitement. Après avoir supprimé les doublons, tous les titres et résumés ont été examinés pour sélectionner les études basées sur les critères d’inclusion et d’exclusion. Nous avons sélectionné les articles pour ensuite vérifier la comparabilité d’études en examinant un échantillon aléatoire d’études inclues et exclues après la sélection initiale.
15Tous les documents inventoriés et lus ne peuvent pas faire l’objet d’analyse et d’interprétation dans le cadre de cet article de revue quoique systématique. Il est important de définir un horizon temporel. C’est ce qui peut empêcher de se perdre dans un champ trop large de texte et dont la plupart d’entre eux peuvent ne pas satisfaire les exigences scientifiques et dont les réponses seraient déjà apportées aux différentes questions de recherche. Ce papier s’accentue sur des articles de revue publiés de janvier 2000 à ce jour. Nous avons aussi tenu d’analyser est ce que l’article est bien charpenté, à savoir, est-ce l’article en question a une section de méthodologie ; est-ce qu’on présente des résultats ; est ce qu’il y des données qui ont été présentées et analysées. Nous les avons classés aussi en trois niveaux suivant trois paradigmes épistémologiques : qualitative, quantitative et mixte. Comme mentionné plus haut, plusieurs moteurs de recherche ont servi de repères pour trouver les articles que l’on souhaite analyser. Il s’agit de Google schoolar, google, Scorpus, Web of science. Les différents mots clés (aide internationale, efficacité, pauvreté, sous-développement, crise) guideront dans la recherche et permettront de repérer avec plus d’aisance les documents nécessaires. On utilise aussi des filtres de recherche, ce qui facilite, entre autres, l’élaboration des stratégies de recherche documentaire et de mieux cibler les documents potentiellement pertinents.
16Pour nous assurer de repérer l’ensemble des études pertinentes à la question de recherche, nous avons effectué des recherches des revues de littérature déjà existantes dans l’espoir qu’il en existait déjà. Plusieurs autres sources seront utilisées à cet effet :
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consulter la liste des articles retenus dans des revues systématiques sur l’efficacité de l’aide et la liste de références des articles retenus ;
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chercher la littérature grise en consultant des sites Internet dans le domaine et des thèses ;
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effectuer une recherche par citations (c’est-à-dire chercher les articles qui ont cité chaque article retenu).
17Dans cette étape, nous avons filtré les résultats de la recherche documentaire pour sélectionner les études à inclure dans la revue. La sélection des études se déroulait en deux parties. En premier lieu, les titres et les résumés ont été lus pour juger de l’éligibilité des documents à partir des critères préétablis à l’étape suivante. En second lieu, les textes ont été lus dans leur intégralité. À l’issue de ce processus de sélection, un diagramme de flux précisant le nombre de documents retenus et exclus à chaque étape ainsi que les raisons d’exclusion a été présenté dans la figure 1. (Adapté des lignes directrices PRISMA de Moher et al., 2009, traduit dans Gedda, p158).
Figure 1. Processus de sélection des textes pour l’étude
18Les articles lus dans le cadre de cette étude peuvent être classés selon différents niveaux. La majorité d’entre eux, soit dix-neuf articles, sont des recherches qualitatives alors que neuf d’entre sont des recherches quantitatives. Aucune recherche mixte n’a été relevée ni analysée. Les auteurs ne se rencontrent pas toujours sur l’appréciation qu’ils ont fait de l’étude de l’efficacité de l’aide publique au développement.
19À l’intérieur de chaque loi des finances élaborée en Haïti, une rubrique baptisée « aide publique au développement » y est insérée. En réalité, il paraît difficile d’inventorier année par année des projets qui auraient été réalisés avec cette rubrique d’APD. D’ailleurs, les résultats de quelques études réalisées (Gravéus, 2021 ; Levasseur, 2019 ; Lahens, 2014 ; Saël, 2023 ; Altrouche, 2012) ne justifient pas vraiment que l’aide a, en quelques sortes, généré des résultats probants. Cependant, le tableau 2 suivant illustre quelque grands programmes d’aide publique au développement issu de quelques coopérations dont Haïti en est bénéficiaire durant la période 2000-2024.
Tableau 2. Dons assortis de certaines coopérations qu’Haïti a bénéficié
Année
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Coopération américaine
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Coopération européenne
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Coopération canadienne
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Coopération vénézuélienne
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BID
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Banque Mondiale
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2000
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79MM
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500 Millions
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1 484 596 644,12
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Jusqu’à la fin du mois de mars 2024, le portefeuille de la BID comptait 25 projets pour 770 Million de dollars américains
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Jusqu’à la fin du mois de mars de l’année 2024, le portefeuille de la Banque mondiale comptait 18 projets pour 1 266,9 millions de dollars américains
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2001
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73 MM
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278 MM
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2002
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56MM
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6MM
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2003
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72MM
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Deux dons de 5 MM
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2004
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132.1MM
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2005
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187.6MM
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181 MM
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2006
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220.7MM
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3.2 Milliards
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2007
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214.8MM
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222 MM
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2008
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223 MM
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2009
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…..
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122 MM
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511 MM allègements de la dette
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2010
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504,738 MM
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1.2 Milliard
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2011
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380,261 MM
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2012
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351,829 MM
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2013
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332,540 MM
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2014
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300796 MM
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2015
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274313 MM
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2016
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2017
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2018
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2019
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2020
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213 MM
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2021
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147 MM
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2022
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483 MM
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2023
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133 MM
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2024
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12MM
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Sources : Saël, 2023 ; Joseph, 2019 ; https://documents1.worldbank.org/; https://www.banquemondiale.org/
20Pour cette étape, les articles sont listés par numéro et que les numéros inscrits dans cette section correspond au numérotage de la section « références bibliographiques ». Nous avons inclus 34 articles dans cette revue [7, 10-12, 21-34, 43, 44, 47, 56, 57]. Les détails concernant les caractéristiques des articles inclus seront présentés dans le tableau plus bas. Neuf études [7, 10, 21, 23, 24, 43, 63, 58, 40] montrent que l’aide publique au développement pourrait être efficace moyennant certaines conditions. Certaines d’entre elles soutiennent que pour que l’aide publique au développement soit efficace, il faut une augmentation de l’aide publique au développement alors que d’autres soutiennent que les conditions socioéconomiques, les situations sociopolitiques sont plus que déterminant dans la recherche d’une efficacité de l’aide publique au développement. Ils poursuivent que l’aide publique au développement doit propulser la croissance et la réduction du niveau de la pauvreté et du sous-développement, cela doit être corrélé avec d’autres facteurs importants dont la bonne gouvernance, une bonne meilleure politique publique et une situation socioéconomique et politique stable. Il faut souligner, comme le montrent certaines analyses économétriques que la croissance est corollaire a un ensemble de paramètres (la géographie, le revenu initial, les dotations en éducation et ainsi de suite) et en particulier l’aide au développement qu’il faut toujours prendre en compte.
21Quatorze papiers [2, 11, 12, 22 29, 32 33, 47, 56, 57, 30, 46, 47, 27] concluent à l’inefficacité de l’aide. D’entre ces papiers, certains, à travers des résultats de recherche empiriques montrent que l’aide n’a aucunement contribué ni à la promotion de la croissance économique, ni à la réduction de la pauvreté qui sont pratiquement deux bonnes vocations de l’APD. Outre l’analyse quantitative sous-tendant la vision de l’efficacité de l’aide, de nombreux travaux des milieux militants (organisations non gouvernementales [ONG] et organisations de la société civile (OSC) appellent à une augmentation de l’aide.
22Alors que trois articles [15, 27, 34] concluent à l’efficacité de l’aide. Ces auteurs avancent comme arguments pour soutenir leur thèse :
-
Les résultats prouvent que l’aide publique au développement a un effet positif sur la croissance économique des pays de la zone UEMOA (23)
-
L’aide étrangère est efficace et n’est nullement conditionnée à la bonne politique économique (13)
-
l’aide a un effet positif sur la sécurité alimentaire, renforcé par la présence d’une bonne gouvernance. (34.)
23Pour répondre aux objectifs de la recherche, un résumé est ainsi présenté dans le tableau 3 pour regrouper les auteurs qui se ressemblent à travers leurs points de vue sur l’analyse de l’efficacité de l’aide publique au développement. Et le tableau présentera les caractéristiques études incluses dans cette revue systématique.
Tableau 3. Caractéristiques des études incluses
Les principales orientations
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Les arguments soutenus
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Les auteurs et années de publication
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L’aide publique au développement est efficace moyennant des conditions
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Il faut une augmentation de l’aide ;
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Les conditions socioéconomiques, les situations sociopolitiques sont des facteurs déterminants à envisager si l’on souhaite que l’aide publique au développement soit efficace ;
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La bonne gouvernance, une meilleure politique budgétaire et une situation politique et économique stable
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Azoulay, G. (2011).
Barry, M. (2015).
Collier, Paul et Dehn, Jan, 2001
Dalgaard, Carl-Johan et Henrik Hansen (2000),
Daudin et Ventelou, B. (2003).
Mcgillivray, M. et Morrissey, O. (2001 b)
Brückner, M. (2013).
OCDE (2007).
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L’aide est inefficace
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Ce groupe d’auteurs, à travers des résultats de recherches qualitatives et quantitatives, montre que l’aide publique au développement n’est nullement efficace tant pour la réduction de la pauvreté que pour sortir les pays Sud dans le bas-fond du sous-développement.
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Berg, E. (2003).
.
Beuran, M. et al. (2011) ;
Contamin, B. et al. (2008) ;
Guillaumont, P. et Wagner, L. (2013) ;
Gunning, J. (2005);
Maurer, P. (2009) ;
Ndikumana, L. (2012) ;
Raballand, G. (2015) ;
Touré, L. et al.(2021) ;
Gilles C., Alain S. et al. (2012) ;
Amougou, T. (2009-2010) ;
Nana, N., Erika, L., et al. (2022) ;
Gérard, P., Fioroni, C. Carbonier, G. (2010).
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L’aide publique au développement est efficace
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Les résultats prouvent que l’aide publique au développement a un effet positif sur la croissance économique des pays de la zone UEMOA (23 articles)
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L’aide étrangère est efficace et n’est nullement conditionnée à la bonne politique économique
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l’aide a un effet positif sur la sécurité alimentaire, renforcée par la présence d’une bonne gouvernance
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Brou, D.B., Ouattara, W. (2024) ;
Hansen, H. et Tarp, H. (2001) ;
Diallo, F., S., et al., T. (2023) ;
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24Avant même de s’accentuer sur l’efficacité de l’aide en tant que telle, il s’avère nécessaire de considérer que l’aide est assortie des trois grands de principes, tel que le conçoivent (Melonio, Naudet et Rioux (2022 : 5-9). D’abord, les auteurs (Fehr et Gächter, 2000 cités par Melonio, Naudet et Rioux 2022 : 5) évoquent d’abord le principe de l’avantage mutuel selon lequel l’aide publique est motivée par un mouvement d’aller-retour. Cela dit, on aide en vue de gagner quelque chose en retour. Ensuite, le principe de la promotion des modèles et/ou de valeurs qui constituent une sorte d’influence au sens large du terme. Cela fait passer d’un modèle économique et social vers un modèle vers une promotion de valeurs diversifiées, reflétées notamment dans les objectifs de développement durable. Et enfin, le principe d’humanité et de solidarité selon lequel l’aide publique au développement est conçue comme devoir moral des donateurs envers les bénéficiaires de l’aide. Les trois principes suscités ne se rencontrent vraiment pas. Ce qui crée selon (Melonio, Naudet et Rioux, 2022 : 9) une ambiguïté. Voilà d’où sont venus des arguments contradictoires sur l’efficacité de l’aide.
25À cet effet, trois groupes d’auteurs émettent des thèses quant à l’analyse de l’efficacité de l’aide publique au développement. Un premier groupe d’auteurs voient que l’aide publique au développement pourrait être efficace moyennant des conditions que cette recherche aurait considérées comme toutes particulières, d’autres soutiennent à l’inefficacité de l’aide alors qu’un troisième soutient la thèse de l’efficacité de l’aide. Une brève analyse critique sera faite de ses différentes thèses avancées.
26Les auteurs soutiennent trois arguments majeurs pour soutenir la thèse selon laquelle l’aide publique au développement pourrait être efficace moyennant des conditions.
27Ce papier considère cette argumentation inopportune pour justifier l’efficacité de l’aide publique au développement. D’ailleurs, depuis le début de l’aide publique au développement, les volumes d’aide ne cessent d’augmenter à travers le temps. Pourtant, les auteurs ayant soutenu un tel argument ne sont pas en mesure de démontrer empiriquement que l’augmentation des volumes d’aide à travers le temps a pu soutenir le progrès des pays bénéficiaires de l’aide. Ainsi dit, l’aide publique augmente, les pays bénéficiaires dont Haïti gardent toujours leur statut de pays pauvres et de pays sous-développés (Pacquement et Lombard 2018, cité par Lombard, 2019 : 1 ; Gravéus, 2021 : 63 ; Jacquet, 2006 : 146). Ce qui intrigue un peu et nous incite à questionner vraiment l’impact de l’aide publique au développement et nous conduit à demander vraiment si l’aide aide.
28Il existe une forte corrélation positive entre les conditions socioéconomiques et l’évolution des situations politiques au niveau des pays pauvres et sous-développés (Safi, 2003 : 59-60). Les bouleversements politiques sont le plus souvent une conséquence de la situation socioéconomique. Et cette recherche part de l’hypothèse que l’aide publique au développement doit répondre à cette obligation : aider les pays bénéficiaires de l’aide à améliorer leurs conditions socioéconomiques, environnementales et même politiques. Tout un ensemble de questions se poser sur les vrais objectifs de l’aide publique au développement. Nous voulons croire et avancer que l’aide doit d’abord viser l’amélioration des conditions socioéconomiques des pays bénéficiaires et non les conditions socioéconomiques qui doivent viser l’efficacité de l’aide. Sinon, les pays à faibles et à moyens revenus n’auraient pas à recourir auprès de l’aide. Cet objectif, une fois atteint, l’aide va continuer à poursuivre ses objectifs au point que les pays bénéficiaires de l’aide internationale se verraient dans une situation où ils n’auraient plus à se pencher vers les pays du Nord pour résoudre leurs problèmes.
29Il s’avère nécessaire de se questionner si les gestionnaires de l’aide publique au développement (les gouvernements des pays bénéficiaires) sont libres de diriger l’aide suivant les besoins de leurs pays respectifs. Telle que le soutiennent Charnoz et Severino (2007 cité par Gilles, 2012 : 10), l’aide n’est-elle pas un outil de promotion des intérêts politiques et économiques des pays donateurs en leur permettant « d’influencer, de récompenser ou de punir d’autres pays ? D’autres questions encore sont nécessaires à se poser : est-ce un geste altruiste et désintéressé visant à améliorer le bien-être des populations bénéficiaires ? Les donateurs cherchent-ils plutôt à profiter de liens historiques privilégiés et à promouvoir leurs intérêts commerciaux ou géostratégiques ? Choisissent-ils de financer la coopération internationale pour favoriser la production de biens publics mondiaux et gérer des risques qui appellent des réponses mondiales ? Les enjeux sont-ils avant tout économiques ou sécuritaires ? Y a-t-il un impératif moral et humanitaire ?
30Donc, si l’aide est liée et ne s’aligne pas aux grands besoins des États bénéficiaires, les arguments tels : la bonne gouvernance, une meilleure politique budgétaire et une situation politique et économique stable ne tiennent vraiment pas.
31Hansen et Tarp, (2001 : 560) soutiennent la thèse de l’efficacité de l’aide publique au développement. Ils avancent comme arguments que l’efficacité de l’aide étrangère n’est nullement conditionnée à la bonne politique économique. Cependant, il est possible d’avancer que ces auteurs ne font qu’avancer des opinions. Les conclusions de leurs recherches ne s’appuient sur aucune donnée probante ; ils ne se sont référés à aucun pays bénéficiaire pour étudier l’impact de l’aide publique au développement sur le développement.
32Un seul article répertorié qui parle de l’aide publique au développement en Haïti. Il s’agit de l’article de Lombard publié en 2019 qui est inscrit dans la section bibliographique. D’où, nous questionnons l’efficacité de l’aide publique en Haïti.
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Gravéus (2021 : 63), dans ce travail de recherche, l’auteur a pris le Programme Petrocaribe dont Haïti en a été bénéficiaire comme cas d’espèce. Il y montre que la corruption, la gabegie administrative font partie des éléments qui contrarient l’efficacité de l’aide publique développement en Haïti. L’auteur conclut que le programme a servi, certes, à financer de grands projets. Cependant, aucun résultat positif n’a découlé de la réalisation des trois projets financés par le Programme sur lesquels a porté notre analyse qui nous laisse comprendre qu’une mauvaise gestion a été faite du programme et que les projets pour lesquels les fonds ont été décaissés sont très loin d’être achevés et sont très loin d’avoir un impact positif sur développement d’Haïti.
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Levasseur (2019 : 120) a analysé l’influence de la déclaration de Paris sur le comportement des donateurs. Il conclut que l’adoption des principes de la Déclaration de Paris n’a pas forcément changé le comportement des donateurs, en l’occurrence l’Union européenne et les États-Unis. Il poursuit aussi que leurs actions ne sont pas forcément en ligne sur les principes de la Déclaration de Paris après 2005. L’auteur soutient que les pratiques de l’UE dans le cadre de son aide à Haïti sont différentes de celles des États-Unis, si bien qu’on a constaté un écart important dans ces deux approches en mettant en exergue les principes de la Déclaration de Paris.
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Lahens (2014 : 5-10) de son côté s’est fixé comme objectif l’analyse critique de l’aide internationale à Haïti afin d’évaluer son efficacité et sa capacité à réduire la pauvreté et la dégradation des écosystèmes dans une perspective de développement durable. Cette recherche conclut que l’aide n’a pas vraiment un impact durable sur l’environnement et la pauvreté. Deux situations en sont les causes principales : la faiblesse de l’aide internationale en elle-même et la faiblesse des institutions haïtiennes.
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Saël (2023 : 113-116), dans sa recherche, cherche à identifier les enjeux liés à la cohérence de l’APD dans un rapport Nord-Sud et à proposer des pistes qui peuvent faciliter cette cohérence. Cette recherche s’appuie sur un corpus théorique relatif aux approches Top-down et Bottom-up, et l’approche analytique de l’État. En guise de résultat, cette recherche conclut que l’aide paraît inefficace en Haïti en raison une implication limitée ou, du moins, peu effective des acteurs locaux dans la conception ou l’élaboration des programmes de développement en Haïti dans le cadre de l’APD canadienne. Le contexte est peu pris en compte et cette aide fait intervenir de multiples mécanismes de coordination pour le moins efficaces. Par ailleurs, l’APD canadienne en Haïti fait intervenir beaucoup d’acteurs dont les ONG à travers un cadre institutionnel inadapté.
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Altrouche (2012 : 145-146) interroge la notion d’efficacité de l’aide au développement et son dessein, particulièrement à travers la Déclaration de Paris. En guise de résultats, cette étude tente de montrer que la Déclaration de Paris vise à surmonter les obstacles issus du Consensus de Washington, essentiellement la mise en application et le maintien des réformes néolibérales. Par ses mesures d’efficacité, elle conditionne l’APD à l’adoption du programme de réformes néolibérales propre au cadre du post-consensus de Washington (PCW) afin d’assurer son internalisation dans les États récipiendaires ce qui tend à réduire sa marge de manœuvre déjà bien circonscrite, en plus de tenter de remodeler l’État afin qu’il soit davantage conforme à l’économie de marché.
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Pour Paul (2011 : 20), les mauvaises conditions de travail au sein de la fonction publique, la centralisation excessive de l’administration publique et la lenteur enregistrée dans les prestations de services publics à fournir aux usagers, la non-reconnaissance du mérite et la pratique du népotisme, la faiblesse et la dépendance du système judiciaire, l’inapplication des dispositions légales de répression, la corruption, l’impunité, l’absence de transparence dans la gestion des affaires de l’État, l’absence de reddition des comptes de la part des gestionnaires des deniers publics et la non-réglementation de l’accès aux informations publiques ; avec un IDH de 0.50, Haïti est classé 146e pays sur 177, et ne laisse derrière que des pays pauvres de l’Asie du Sud-Est et des pays africains ayant battu des records en matière de corruption, ravagés par la guerre civile ou encore en situation de post-conflit. Haïti cumule toutes ces tragédies y compris la guerre civile surtout dans la période allant de 2000 à 2004. À la lumière de tout ce qui précède, l’auteur conclut que sans la mise e place d’institutions fortes aptes à lutter contre cette corruption intense qui gangrène les pays en voie de développement dont Haïti, on ne saurait, en aucun cas, attendre que l’aide publique au développement soit efficace. Il croit qu’au cours de la période 2000-2011, la corruption est la cause majeure de l’inefficacité de l’aide publique au développement en Haïti.
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Beaulière, Paul, et Ouedraogo (2011 cité dans Lahens, 2014 : 61) montrent que l’afflux d’aide à Haïti est étroitement lié à la gouvernance et conditionné par des réformes économiques et institutionnelles. Ils croient que la corruption, la mauvaise gouvernance, la faiblesse des institutions sont des causes principales de l’inefficacité de l’aide publique au développement. Ce qui incite Lahens (2014 : 89) à se demander comment l’aide publique au développement aurait pu atteindre ses objectifs de développement économiques et l’amélioration des conditions de vie des populations les plus défavorisées, alors qu’elle est détournée. À noter que les capitaux de l’APD devraient être utilisés pour lutter contre la pauvreté et financer les programmes de développement. Cependant, quand les fonds sont utilisés à des fins d’enrichissement personnel au détriment de la majorité ; quand ils ne sont pas investis dans de vrais projets de développement, l’augmentation de l’aide ne pourra atteindre les résultats escomptés.
33À la lumière de Beaulière, Paul et Ouedraogo (2011, cité dans Lahens, 2014 : 61), Tardif (1997 cité par Providence, 2022 : 1), Haïti est un cas tristement et mondialement célèbre, à cause de son instabilité politique, sa pauvreté, sa dégradation environnementale et la corruption et surtout sa dépendance vis-à-vis de l’extérieur. Ce qui fait que la situation socioéconomique, politique et environnementale d’Haïti reste catastrophique et du coup très complexe à être appréhendée. Ainsi, une meilleure compréhension de la problématique de la pauvreté extrême et du sous-développement d’Haïti passe, nécessairement, par une analyse multidimensionnelle (politique, économique et sociale). Celle-ci peut être divisée en trois grandes périodes : avant 1986 (processus de centralisation du pays), de février 1986 à 2010 (processus de libéralisation et de domination des ONG) et à partir de 2010 (après le séisme du 12 janvier, le processus d’ingérence humanitaire et de prolifération des ONG). Cette subdivision permet de comprendre le passage d’une économie de subsistance (basée sur l’agriculture) à une économie de forte dépendance fondée sur l’aide internationale (Tardif, 1997, cité par Providence, 2022 : 1).
34En Haïti, le débat relatif à l’épineuse question de l’efficacité de l’aide internationale a monté d’un cran après le séisme du 12 janvier 2010. Des colloques ont été organisés dans le pays et même à l’étranger, et la littérature (non scientifique) à ce sujet a connu un certain essor. Malheureusement, Haïti n’est pas exempté et est souvent présenté comme un cas d’école en ce qui concerne l’inefficacité de l’aide publique au développement (Pacquement et Lombard 2018, cité par Lombard, 2019 : 1 ; Gravéus, 2021 : 63). Malgré les importants transferts de fonds, la situation du pays ne cesse de se détériorer. À qui incombe la responsabilité ? Les agences de développement internationales, les autorités haïtiennes ?
35Paul et Storchevoi (2024 : 313) croient que es interventions néocoloniales des pays occidentaux, les mauvaises décisions des dirigeants politiques d’Haïti, l’héritage institutionnel colonial, d’autres causes, notamment naturelles catastrophes, géographie, topographie, corruption, gouvernance et culture du compromis constituent des freins au développement d’Haïti malgré la présence des coopérations et de l’aide internationale.
36Cependant, aux regards des arguments ayant soutenu les conditions qui doivent accompagner l’aide publique au développement pour qu’elle devienne efficace, on n’est pas trop convaincu dans le cas d’Haïti.
37Les débats sont nombreux sur les impacts de l’aide publique développement. Depuis le plan Marshall que la littérature scientifique conçoit comme le premier programme d’aide publique au développement, quoique conçu pour supporter l’Europe dévastée par la Deuxième Guerre mondiale (OCDE, 2006 : 121), des pays en développement ne cessent de recevoir de l’aide. Il faut noter que des comités, par exemple le comité d’aide au développement (CDA), ont été conçus à cet effet. Cela semble ne pas freiner pour autant l’hémorragie du sous-développement et de la pauvreté qui gangrènent les pays sous-développés. Ainsi, des scientifiques ne cessent de questionner de l’impact de l’aide internationale. Ce qui justifie toute cette littérature abondante d’où les opinions se divergent sur l’impact de l’aide. Certaines opinions soutiennent à l’inefficacité alors que d’autres en soutiennent à l’efficacité pendant qu’un troisième type d’opinion requiert un cadre macroéconomique stable, de bonnes politiques, de bonnes et fortes institutions pour que l’aide soit efficace. La situation d’Haïti, analysée plus haut, confirme le dernier groupe d’opinion qui croit que certaines conditions doivent été réunies pour que l’aide publique au développement soit efficace. La mauvaise gestion de l’aide publique au développement corrélée avec les crises multiformes (politique, sociale, économique, environnementale, judiciaire…) rend l’aide publique au développement inefficace en Haïti. D’ailleurs, le cas du Petrocaribe, les coopérations américaines et européennes, les coopérations canadiennes sont des cas typiques où Haïti a reçu des prêts, un taux préférentiel (soit 1 % l’an), des dons. Au lieu que ces programmes conduisent Haïti sous les rails du développement, ils la plongent davantage dans le bas-fond de la pauvreté et compliquent la situation socioéconomique et politique. Des bouleversements de toutes sortes en découlent ; la société devient de plus en plus fragmentée et aucun effort ne semble avoir été déployé pour que l’aide atteigne son objectif.
38À l’issue de cette recherche, pour être efficaces, les programmes d’aide devaient répondre aux exigences suivantes :
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Conforme avec les grands besoins de la nation en matière de développement ;
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Administrer suivant un plan de développement antérieurement défini par les gestionnaires de l’aide ;
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Que les gestionnaires tiennent à faire une gestion rationnelle de l’aide ;
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Qu’il y ait des institutions fortes capables de faire usage des règles contraignantes pour forcer les gens à gérer l’aide de manière rationnelle ;
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Diriger l’aide vers de réels projets de développement ;
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Que la gestion de l’aide internationale se fasse de concert avec les collectivités territoriales vu que les élus locaux sont plus proches de leurs populations respectives et peuvent plus facilement identifier les vrais canaux selon lesquels l’aide doit transiter ;
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Que l’aide au développement soit une véritable aide et non un moyen à la disposition des donateurs pour asseoir leur hégémonie et imposer leur influence sur les pays bénéficiaires de l’aide.