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Éditorial

Éditorial

Salim Lamrani
Traduction(s) :
Editorial [en]

Texte intégral

1Ce numéro réunit six entretiens réalisés avec des personnalités venues d’horizons divers – France, Vietnam, La Réunion, îles Chagos – qui ont en commun d’avoir résisté, chacune à leur manière, à la domination et à l’injustice. Toutes ont dénoncé et combattu, parfois les armes à la main, l’occupation nazie, le racisme ordinaire et institutionnel, l’oppression coloniale et l’expulsion de leur terre natale. La quête de l’émancipation, nourrie par le refus de l’autocratie, la révolte contre les inégalités et le rejet de toute hiérarchie raciale, traverse chaque dialogue.

2 Dans le premier entretien, Léon Landini, résistant français issu d’une famille de réfugiés politiques italiens ayant fui le régime de Mussolini, a été marqué dès son plus jeune âge par les luttes de ses aînés contre l’oppression. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate et que la France collaborationniste du maréchal Pétain trahit le pays en déposant les armes, toute la famille Landini rejoint le seul camp auquel elle a toujours appartenu : celui de la résistance à l’asservissement. À la veille de ses cent ans, quelques mois avant sa disparition le 21 septembre 2025, Léon Landini partage ses souvenirs glorieux et rappelle aux jeunes générations que le verbe résister doit toujours se conjuguer au présent.

3 Dans le deuxième entretien, l’artiste réunionnais Danyèl Waro, élevé au sein d’une modeste famille paysanne, a grandi à une époque où la politique néocoloniale imposée par Paris étouffe la langue et la culture réunionnaises. À l’adolescence, il découvre le maloya, chant traditionnel issu du patrimoine rituel des descendants d’esclaves. Antimilitariste convaincu, il refuse de revêtir l’uniforme et d’effectuer le service militaire obligatoire. Son insubordination lui vaut une condamnation à près de deux ans en prison à Rennes, où il écrit ses premiers textes, très engagés, derrière les barreaux. À son retour à La Réunion, il se consacre pleinement à sa vocation d’artiste. Au fil de ces conversations, Danyèl Waro dénonce les injustices sociales et le colonialisme qui ont sévi sur l’île durant des décennies, et évoque son engagement pour la défense de l’identité réunionnaise.

4 Dans le troisième entretien, le réfugié chagossien Olivier Bancoult, déporté de sa terre natale alors qu’il n’avait que quatre ans, raconte la lutte de son peuple pour le droit au retour. En raison de la position stratégique des îles Chagos au cœur de l’océan Indien, les États-Unis décident, en 1966, d’y installer une base militaire sur l’île de Diego García. Pour cela, en accord avec le gouvernement britannique, tous les Chagossiens, qui vivaient sur ces terres depuis le xviiie siècle, sont arbitrairement déportés vers l’île Maurice et les Seychelles entre 1966 et 1973, sans possibilité de retour à ce jour. Depuis plus d’un demi-siècle, le peuple chagossien mène une lutte acharnée contre l’arbitraire colonial.

5 Dans le quatrième entretien, l’universitaire d’origine vietnamienne Ho Hai Quang, qui a fui son pays natal à cause de la guerre d’Indochine initiée par le général de Gaulle, évoque le combat mené par son peuple pour sensibiliser l’opinion publique aux conséquences dramatiques de l’utilisation massive de l’Agent Orange par l’armée étasunienne. Aujourd’hui encore, près d’un demi-siècle après la fin de la guerre, ce puissant défoliant continue de faire des millions de victimes au Vietnam. Au fil de ces conversations, Ho Hai Quang retrace l’histoire du Vietnam, sa colonisation et la lutte de son peuple pour la liberté, notamment contre le colonialisme français et l’impérialisme étasunien.

6 Dans le cinquième entretien, le chercheur en philosophie politique Bruno Guigue retrace l’histoire de la Chine. Il revient la situation du pays avant la Révolution maoïste de 1949 et évoque le parcours de Mao Zedong ainsi que la naissance du Parti communiste chinois. Il explique en détail la conquête du pouvoir et les grandes étapes du processus révolutionnaire. Il précise les spécificités du socialisme chinois, rappelant que l’État détient le contrôle des trois grandes sources de capital. Il mentionne également la lutte contre la grande pauvreté, tout en soulignant la persistance d’inégalités atténuées par un système de sécurité sociale très protecteur.

7 Dans le sixième et dernier entretien, Didier Roustan, figure emblématique du journalisme sportif, retrace son parcours de vie. Il évoque ses rencontres avec les plus grandes légendes du football, la fondation du premier syndicat mondial des footballeurs professionnels aux côtés de Diego Maradona et d’Éric Cantona, ainsi que son association Foot citoyens. Amoureux du beau jeu, nostalgique des footballeurs engagés, Didier Roustan, disparu en 2024, lègue aux générations futures son expérience, les valeurs humaines et une conception noble et exigeante du journalisme.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Salim Lamrani, « Éditorial »Études caribéennes [En ligne], 15 | Novembre 2025, mis en ligne le 01 novembre 2025, consulté le 09 novembre 2025. URL : http://journals.openedition.org/etudescaribeennes/37281 ; DOI : https://doi.org/10.4000/1536s

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Auteur

Salim Lamrani

Professeur des universités, Faculté de Lettres et Sciences Humaines, Département d’études hispaniques et latino-américaines, Université de La Réunion

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