1Le grand mérite de cet ouvrage, outre sa grande lisibilité (l’ensemble est très clair et très bien construit), est de proposer une reconstruction de la manière dont les interprètes de langue anglaise ont reconstitué chronologiquement l’évolution de la pensée de Platon et plus précisément sa conception de l’intelligible. Les travaux de Ross, d’Allen et de Vlastos sont ainsi très pédagogiquement rappelés, en même temps que bien d’autres dans une monographie qui procède par chapitres successifs pour restituer l’élaboration de la théorie platonicienne des idées. L’ensemble est parachevé par des indices très utiles.

2Les chapitres suivent ainsi l’ordre chronologique présumé de rédaction des dialogues, pour expliquer que dans ses premières œuvres, Platon exposait et n’exposait que la théorie de son maître Socrate, avant de prendre ses distances et de donner à la recherche socratique de la définition cet objet seul véritablement réel qu’est la forme intelligible. Platon aurait ainsi commencé par exposer fidèlement les thèses et les méthodes du Socrate « historique » (c’est l’objet de la première partie de l’ouvrage, jusqu’à la p. 206). La seconde partie s’intéresse à la transition doctrinale qui conduit Platon vers sa maturité et son originalité philosophiques. Dancy choisit de privilégier en l’occurrence le Ménon, où selon lui s’accomplit le passage d’une théorie de la définition à une théorie des formes (p. 207-241). Le reste de l’ouvrage, qui se consacre à cet effet aux pages pertinentes du Phédon et du Banquet, se propose alors d’exposer cette théorie des formes.

3L’ensemble de la présentation est conduit avec clarté et rigueur. Bien entendu, comme notre résumé le suggère, on voit très vite que cet important travail se distingue plus comme une heureuse synthèse d’une lecture biographique déjà bien établie dans le commentaire platonicien de langue anglaise, que comme une contribution originale. Le schéma biographique est parfaitement commun, et Dancy suit la transformation d’un Platon socratique en un Platon platonicien de manière très conventionnelle. L’interprète se vouait peut-être d’autant plus fatalement à cet enfermement exégétique que ses lectures ne quittent guère le rayon des publications récentes en langue anglaise, comme le montre la bibliographie.