Parler de la mise en valeur du patrimoine dans les villes chinoises pourrait apparaître comme un contresens en 2020, étant donné que les acteurs du tourisme et les médias rivalisent d’inventivité pour marchandiser les centres historiques dits « anciens ». Des pratiques différentes existent pourtant dans le Jiangnan, cette région géographique, économique et culturelle du bas Yangzi qui comprend le sud du Jiangsu, le nord du Zhejiang, une partie de l’Anhui et la municipalité de Shanghai. C’est en effet ce que suggèrent plusieurs exemples récents comme le réaménagement en 2010 de la rue Zhongshan, ancien axe central de la ville impériale de Hangzhou à l’époque des Song du Sud (1127-1279). Wang Shu, cofondateur de l’agence Amateur Architecture Studio et futur récipiendaire du prestigieux Pritzker Prize (2012), a accepté la commande proposée par la ville en posant plusieurs conditions, dont celles de disposer d’un temps de recherches préliminaires, d’interdire les déplacements forcés des...
Patrimoine et tourisme dans le Jiangnan au prisme d’une coopération franco-chinoise originale
Résumés
À la fin du xxe siècle, les villes historiques chinoises faisaient l’objet de rénovations promouvant une vision stéréotypée de l’architecture chinoise. Malgré des travaux sur le patrimoine menés depuis une centaine d’années, les projets urbains délaissaient les apports de l’histoire locale ou des modes de vie. De 1998 à 2003, un projet pilote franco-chinois mené de manière expérimentale dans le Jiangnan, aux abords de Shanghai, a associé les autorités locales, des professionnels et des enseignants-chercheurs. L’approche incrémentale et pluridisciplinaire, primée en Chine et par l’UNESCO, a donné lieu à de nouvelles prescriptions qui sont appliquées dans certains quartiers de Shanghai dès 2003. Elle s’est accompagnée d’une méthodologie associant séminaires, formation continue et sur sites, avec des thématiques partagées par les deux pays. La pression d’un tourisme intérieur en plein essor a rendu encore plus complexe la recherche d’un équilibre entre développement social, économique et préservation des traces du passé. En outre, les villes historiques d’une même région, souvent concurrentes entre elles, sont peu ouvertes à une mise en réseau propice à une gouvernance partagée et à la mise en valeur de leurs diversités. L’adaptation du patrimoine à la vie contemporaine pose des questions communes sur ce qui fait vraiment patrimoine, mais aussi sur la place des habitants et des usagers dans un environnement où la marchandisation de l’histoire promeut de plus en plus la valeur commerciale des sites.
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Françoise Ged, « Patrimoine et tourisme dans le Jiangnan au prisme d’une coopération franco-chinoise originale », Extrême-Orient Extrême-Occident, 44 | 2020, 81-118.
Référence électronique
Françoise Ged, « Patrimoine et tourisme dans le Jiangnan au prisme d’une coopération franco-chinoise originale », Extrême-Orient Extrême-Occident [En ligne], 44 | 2020, mis en ligne le 02 janvier 2024, consulté le 02 décembre 2023. URL : http://journals.openedition.org/extremeorient/1807 ; DOI : https://doi.org/10.4000/extremeorient.1807
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