Avant-propos
Texte intégral
- 1 La plupart de ces contributions ont été publiées dans les cinq numéros des Cahiers Ponge, co-dirigé (...)
1La Fabrique pongienne, le nom de cette revue nouvellement hébergée par OpenEdition, fait écho au titre du livre paru en 1971, La Fabrique du Pré : et de même que Ponge y a publié le dossier du « Pré », exhibant les différents états de son texte et suggérant par là même ce que l’achèvement d’une œuvre a de contingent, cette revue souhaite envisager Ponge lui-même comme un objet en cours de fabrication, mobile, susceptible d’évoluer en fonction des corpus considérés, des outils et des points de vue de l’analyse. Ce faisant, tout en contribuant à l’approfondissement de l’œuvre, la revue entend bien aussi se poser des questions de méthode, d’épistémologie et de théorie littéraire, tant l’œuvre de Ponge, par les réflexions métapoétiques qui lui sont constitutives, mais aussi par les défis qu’elle ne cesse de lancer à ses lecteurs, est un lieu privilégié d’interrogation des outils et des enjeux de la critique. Cette réflexion, nécessairement collective, résultant d’échanges entre plusieurs générations de chercheuses et de chercheurs, est notamment nourrie des interventions présentées dans le cadre du séminaire organisé depuis 2016 avec Pauline Flepp, qui se déroule alternativement à l’Université Jean-Moulin Lyon 3 et à la Sorbonne, séminaire organisé par les équipes Marge (UR 3712) et CELLF 19-21 (UMR 8599) avec le soutien de la Société des lecteurs de Francis Ponge1. Ces travaux sont également nourris de l’indispensable plongée dans les archives, rendue possible par la confiance accordée par Armande Ponge et François de Trentinian, et par le travail immense qu’ils accomplissent au sein de ces archives.
2Le sommaire de la revue reflète ce désir initial de considérer l’œuvre de Ponge dans sa diversité et dans sa plasticité. La rubrique « Archives » a ainsi pour objet de présenter un document inédit et de le mettre en perspective avec l’ensemble de l’œuvre ; dans ce numéro, Valerio Soldà présente l’entretien radiophonique inédit accordé par Ponge à Michèle Cohen à l’occasion de l’émission « En un temps incertain, en des lieux incertains, Lucrèce » de 1981, et revient à cette occasion sur le rapport de Ponge au poète latin.
3Les « dossiers thématiques » ici présentés correspondent à deux orientations importantes de la revue. Le souhait d’envisager l’œuvre de Ponge dans sa totalité, en considérant également ce qui en elle est polémique et problématique, a présidé à la réflexion menée dans le dossier consacré à « L’imaginaire national de la langue ». Vincent Berthelier et Lucas Kervegan y reviennent sur certains textes tardifs comme L’Écrit Beaubourg et « Nous, mots français », textes parmi les plus controversés de Ponge ; ils en interrogent la portée et les enjeux. Le second dossier, « Ponge à l’école », répond au souhait de la revue de faire dialoguer recherche et enseignement, alors que La Fabrique pongienne est diffusée gratuitement et en accès ouvert. La consécration de Ponge par l’institution scolaire, déjà ancienne, a été confirmée par l’inscription récente de La Rage de l’expression au programme du baccalauréat, mais cette canonisation n’en demeure pas moins un défi pour l’enseignant, et n’est pas sans ambiguïtés, comme le montrent Aziz Jendari et Marie Frisson.
4De transmission, il est également question dans la rubrique « Mémoire de la critique », qui revient sur des parcours de lecteurs de l’œuvre. Dans ce numéro, Gérard Macé et Jesper Svenbro reviennent tous deux sur l’apport de Ponge à leur réflexion et à leur poétique.
5Les « Recensions critiques » présentent l’actualité éditoriale autour de l’œuvre de Ponge. On trouve dans ce numéro un compte rendu de l’essai de Philippe Met sur Ponge et le cinéma, par Luigi Magno, et de la correspondance avec Christian Prigent, par Bénédicte Gorrillot. Enfin, la rubrique « L’Atelier contemporain » donne la parole à un·e écrivain·e d’aujourd’hui qui y revient de façon libre sur son rapport à Ponge.
6Toutes ces rubriques sont autant de façons de parcourir l’œuvre, de l’envisager, de rester disponibles aux « raisons d’écrire » et aux « raisons de vivre heureux » qui l’animent et dont elle est porteuse.
Notes
1 La plupart de ces contributions ont été publiées dans les cinq numéros des Cahiers Ponge, co-dirigés par Benoît Auclerc et Pauline Flepp et publiés par les éditions Classiques Garnier entre 2018 et 2022.
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Référence électronique
Benoît Auclerc, « Avant-propos », La Fabrique pongienne [En ligne], 1 | 2024, mis en ligne le 31 décembre 2024, consulté le 19 mars 2025. URL : http://journals.openedition.org/fabriquepongienne/286 ; DOI : https://doi.org/10.4000/13g92
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