16 avril 1953 : la photographie qui n’aurait pas dû être prise
Résumés
Le 16 avril 1953, pendant un match de hockey au Forum de Montréal, Roger St-Jean rate le cliché qui est attendu de lui, mais il en prend un autre, qui deviendra iconique au Québec. Représentant deux joueurs de l’équipe des Canadiens s’envolant pour se féliciter, leurs patins ne touchant plus la glace, leurs bâtons traçant le V de la victoire, cette photographie fait partie des images « connues par la grande majorité des Québécois ». Faire son histoire permet de montrer comment elle est devenue une œuvre classique de leur culture.
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- 1 Éric Desrosiers, « Une malchance transformée en bénédiction », Le Devoir, 25-26 septembre 1999, p. (...)
1En 1999, le quotidien montréalais Le Devoir choisit huit photographies « connues par la grande majorité des Québécois » et consacre à chacune un article dans sa série « Une photo en mille mots ». Le journaliste Éric Desrosiers retient comme première photographie, les 25-26 septembre, une image en effet illustre. Il s’agit d’une œuvre en noir et blanc de Roger St-Jean1. On y voit deux joueurs de l’équipe de hockey des Canadiens de Montréal s’envolant pour se féliciter. Leurs bâtons tracent le V de la victoire. Leurs patins ne touchent plus la glace, cette glace encore fraîche, comme cela n’est possible qu’en début de match ou de période (il y en a normalement trois dans un match). Leurs adversaires des Bruins de Boston sont abattus. Derrière les joueurs, à gauche du cadre, se tient un officiel et, au fond, la foule, surtout masculine, de moins en moins distincte avec la distance. Des spectateurs lèvent leurs bras de façon à tracer, eux aussi involontairement, un V.
Roger St-Jean, 16 avril 1953, photographie en noir et blanc, appareil Speed-Graphic, plaque 4 x 5

Reproduite avec l’autorisation du quotidien La Presse (Montréal, Québec).
2La scène se déroulait le 16 avril 1953 au Forum de Montréal. L’image paraît dans le quotidien La Presse du lendemain, sous le titre « Accolade spontanée de deux grandes vedettes du Canadien », accompagnée de la légende suivante :
- 2 La Presse, 17 avril 1953, p. 46.
Dans un grand débordement de joie, deux des plus grandes vedettes du hockey professionnel et du Canadien de Montréal se jettent dans les bras l’un de l’autre. Dans leur élan, où leurs patins ne touchent même pas la glace. L’heure du triomphe a sonné pour ces deux coéquipiers de toujours, le vétéran joueur de centre ELMER LACH, à gauche, qui a compté le but décisif contre les Bruins de Boston hier soir et le célèbre ailier droit MAURICE RICHARD, à droite, qui lui a fait la passe finale, alors qu’ils se donnent l’accolade devant une foule gesticulante et enthousiaste de 14 450 spectateurs au Forum. Alors que Lach et Richard reflètent bien la joie délirante du Bleu Blanc Rouge, le capitaine et vétéran joueur de centre MILT SCHMIDT, du Boston, que l’on voit tombé sur la glace à gauche, et l’ailier droit JOE KLUKAY, à l’extrême droite, assistent à la scène et incarnent à merveille le grand désappointement des Bruins. C’est le juge de ligne BILL MORRISON, que l’on aperçoit en arrière de Schmidt2.
- 3 Voir Jean-François Diana, « Les écritures de l’émotion sportive. Le cas de la photographie de press (...)
3Cette image unique ‒ personne d’autre ne l’a captée ce soir-là ‒ et spectaculaire ‒ par sa composition autant que par ce qu’elle révèle de l’émotion sportive3 ‒ a depuis lors une valeur iconique au Québec. Elle s’y inscrit dans une série d’histoires, celle du cliché lui-même, mais également celle de sa circulation et de ses reprises dans l’espace public au-delà du seul domaine hockeyistique, voire dans celle de la célébrité sportive en général.
Contextes
4Le match du 16 avril 1953 est capital pour l’équipe de Montréal : en l’emportant, les Canadiens deviendraient champions de Ligue nationale de hockey ‒ dont l’emblème est la coupe Stanley ‒ pour la première fois depuis la saison 1945-1946. À la fin des trois périodes de jeu régulières, les équipes sont à égalité, zéro partout. Après une courte interruption, elles doivent continuer à jouer jusqu’à ce que l’une d’entre elles compte un but. À 1 minute 22 secondes de la première période de prolongation, Elmer Lach marque le but qui donne la victoire ‒ et le championnat ‒ à son équipe. Suivent les célébrations saisies par Roger St-Jean. Pour la petite histoire, on rappelle que Richard cassa le nez de Lach en sautant dans ses bras.
- 4 Voir Benoît Melançon, Les Yeux de Maurice Richard. Une histoire culturelle, Montréal, Fides, « Bibl (...)
5Dans la mémoire collective, ces deux joueurs n’ont pas le même statut. Lach est reconnu comme un excellent joueur : en 1966, il est intronisé au Temple de la renommée du hockey canadien ; en 2009, son équipe « retire » de ses uniformes le numéro porté par Lach, le 16 (plus aucun joueur de l’équipe ne pourra le porter). Richard, lui, est un mythe national. Il a été l’objet de toutes sortes d’écrits : des articles de périodiques et des textes savants, des biographies et des recueils de souvenirs, des contes et des nouvelles, des romans et des livres pour la jeunesse, des poèmes et des pièces de théâtre. On lui a consacré des chansons, des bandes dessinées, des sculptures, des peintures, des films et des émissions de télévision. Son visage a orné des vêtements, des jouets, des publicités. Son nom a été donné à des lieux publics. L’État canadien l’a honoré plusieurs fois (par des timbres, par un billet de banque, par une exposition itinérante). Il n’est pas possible de vivre aujourd’hui au Québec sans connaître son nom4. La photographie du 16 avril 1953 s’inscrit dans un récit mythique.
- 5 « Roger Saint-Jean », Panthéon des sports du Québec : < http://www.pantheondessports.ca/uploads/Bio (...)
- 6 Peut-être Maurice Richard, documentaire de 66 minutes 38 secondes, 1971 ; réalisation : Gilles Gasc (...)
6Roger St-Jean est né à Montréal en 1917 et il y est mort en 1971. Photographe de presse, il a longtemps couvert les sports pour le quotidien montréalais La Presse, où il a commencé sa carrière en 1947, après un séjour dans l’armée canadienne. Au fil des ans, il a reçu de très nombreux honneurs au Canada et aux États-Unis, pour des clichés particuliers ou pour l’ensemble de son travail. En 1963, il est élu président de l’Association des photographes de presse de Montréal. À titre posthume, il est admis au Panthéon des sports du Québec en 2019 et sa notice biographique commence par ces mots : « Le 16 avril 1953, Roger Saint-Jean a pris l’une des plus célèbres photographies de l’histoire du hockey5. » On aperçoit le photographe dans les films documentaires sportifs Peut-être Maurice Richard (1971) et Le Rocket/The Rocket (1998), qui portent sur le plus notoire joueur des Canadiens de Montréal6.
7Outre celui du 16 avril 1953, on doit à Roger St-Jean d’autres clichés fameux : Maurice Richard et le gardien de but Jim Henry, ensanglantés, se serrant la main immédiatement après la fin du match du 8 avril 1952 ; Richard vidé de toute énergie, en larmes, dans le vestiaire de son équipe le même jour ; le président de la Ligue nationale de hockey, Clarence Campbell, tenant son chapeau et se protégeant avec son programme de spectateurs en colère lors de l’émeute du Forum de Montréal le 17 mars 1955, à la suite de la suspension qu’il venait d’imposer à Richard.
- 7 Marc Thibeault, « L’as-photographe Roger St-Jean », Le Devoir, 10 novembre 1971, p. 23.
- 8 Ibid.
- 9 Chasseurs d’images. Les meilleures photos des photographes de La Presse et de The Gazette, Montréal (...)
- 10 David McNeil, In the Pressure of the Moment. Remembering Gerry McNeil, Vancouver, Midtown Press, 20 (...)
- 11 « Roger Saint-Jean », Panthéon des sports du Québec, art. cit.
8Selon les propos de Roger St-Jean rapportés par Marc Thibeault en 1971, il travaillait en avril 1953 avec un « vieux Speed-Graphic, muni d’un vieux Strobe et d’une lentille Télé-Photo de 10 pouces7 ». Il ne réussit pas à photographier le but ; en revanche, il est le seul parmi les photographes présents à être prêt pour la célébration qui suit, celle durant laquelle Richard et Lach s’envolent l’un vers l’autre. Qu’est-il arrivé pour que Roger St-Jean soit incapable d’immortaliser le but lui-même ? Les explications varient. Suivant Thibeault, il aurait eu le dos tourné quand Lach a marqué8. Les concepteurs de Chasseurs d’images pensent que cette « photo chanceuse » a été précédée d’« un moment de distraction9 ». Dans son livre In the Pressure of the Moment, David McNeil avance qu’un spectateur obstruait la vue du photographe10. Parfois, on évoque un problème temporaire avec son flash ; c’est le cas sur le site du Panthéon des sports du Québec11.
- 12 Michel Gravel, « Bonsoir les P.R. ! La photo de sport a bien changé, depuis l’époque héroïque de Ro (...)
- 13 David McNeil, « The Story of Hockey Photography in the Early 1950s », in Jamie Dopp et Richard Harr (...)
9À la limite, peu importe la raison pour laquelle Roger St-Jean n’a pas pu capter le but de Lach. La prise de vues en rafale telle que nous la connaissons aujourd’hui n’existait pas en 1953 ; les opérateurs n’avaient pas la possibilité de mitrailler leur sujet pour ensuite choisir l’image qui leur convenait. Un contemporain de Roger St-Jean, Michel Gravel, rappelle cette façon de travailler, avec des détails concrets, dans un témoignage de 1992, accompagné de la photographie des célébrations d’avril 1953 : « Quelle chance ! Quels réflexes ! Les autres photographes avaient la photo du but mais ne pouvaient réaliser celle de Roger car ils étaient à changer leur plaque, et leur flash électronique n’était pas rechargé12. » Roger St-Jean aurait été, en l’occurrence, le seul professionnel au Forum, au moment où Lach et Richard s’agrippaient, à avoir une plaque prête à saisir une image et à disposer d’un flash, les autres photographes attendant que le leur se recharge (ce qui prenait alors douze secondes)13. Il n’a d’ailleurs su que plus tard, après le développement de son négatif, ce que son appareil avait enregistré. Que ce soit par malchance ou à la suite d’un pépin technique, il était au bon endroit, au bon moment, et il était le seul à l’être.
Postérités
- 14 Éric Desrosiers, « Une malchance transformée en bénédiction », art. cit.
10Si Éric Desrosiers, dans Le Devoir, peut affirmer que la photographie prise par Roger St-Jean le 16 avril 1953 fait partie de celles qui sont « connues par la grande majorité des Québécois », et si le journal republie son article au moment de la mort de Maurice Richard en mai 2000, c’est que l’image a été fréquemment louangée et reprise sur des supports divers14.
- 15 « This is to confirm our messaged advice Friday that your April 16 shot of Richard and Lach embraci (...)
- 16 Ibid.
11Dans une lettre du 12 mai 1953, on apprend que The Canadian Press a primé le photographe : « Nous confirmons notre message de vendredi : votre photo du 16 avril de Richard et Lach se sautant dans les bras sur la glace après le but de Lach en finale de la Coupe Stanley remporte le prix de la Photo du mois d’avril15. » Cela vaudra 25 $ au photographe. Des amateurs écrivent à La Presse pour féliciter Roger St-Jean ou pour demander une reproduction. De telles lettres sont visibles sur le site que le fils de Roger St-Jean consacre à son père. On peut aussi y acheter des reproductions « en plusieurs grandeurs, sur toile ou sur métal, prix sur demande16 ».
- 17 Pierre Bruneau et Léandre Normand, La Glorieuse Histoire des Canadiens, Montréal, Éditions de l’Hom (...)
12Dans les années 1950, la photographie orne un puzzle produit pour International Dispensaco, une entreprise de la ville de Québec. Il compte « environ » 480 pièces, pour une dimension de 35 centimètres sur 48 (14 pouces sur 19), sous le titre « 1953 Stanley Cup WINNING GOAL by ELMER LACH assisted by M. RICHARD »/« LE BUT VICTORIEUX pour la Coupe Stanley par ELMER LACH assisté de M. RICHARD ». Il porte le numéro 8 dans une série : « POINT GAGNANT • WINNING GOAL. » La pratique qui consiste à transformer une photographie en puzzle est commune dans l’histoire du hockey : il existe, par exemple, un portrait de Maurice Richard en 500 pièces « environ » (société Ideal, deux versions) et plusieurs portraits d’équipe des Canadiens. Dans leur Glorieuse Histoire des Canadiens, Pierre Bruneau et Léandre Normand datent de la saison 1922-1923 le « premier casse-tête connu illustrant les joueurs des Canadiens17 ».
Puzzle de la société Dispensaco (Québec), années 1950

Musée canadien de l’histoire (Gatineau, Québec), 2006.80.7.1 a-b, D2007-11506.
13Le puzzle ne reprend cependant pas seulement la photographie de Roger St-Jean ; il y ajoute une représentation du but lui-même, juxtaposant deux temporalités incompatibles. À droite, Lach et Richard exultent, comme Roger St-Jean le donne à voir. À gauche, une rondelle surdimensionnée pénètre dans le filet, sous le regard du gardien Henry. Or ces deux gestes ne pouvaient pas être visibles en même temps. Chacun des cinq joueurs représentés (Henry, Klukay, Lach, Richard, Schmidt) est identifié, en cursive, sur le casse-tête, mais il est impossible que leurs réactions aient été concomitantes. Jim Henry apparaît sur l’image du puzzle, mais pas sur la photographie de Roger St-Jean.
- 18 Marc Thibeault, « L’as-photographe Roger St-Jean », art. cit.
14Au moment de la mort de St-Jean en 1971, plusieurs se souviennent de l’image de 1953. C’est le cas de son ami Marc Thibeault : « La photo, devenue légendaire, décore maintenant des centaines de bureaux et, ce qui était tout indiqué, le Cercle des journalistes de Montréal18. »
15Michel Beaulieu consacre un poème à ce but, « 44 », publié dans le recueil Trivialités :
- 19 Michel Beaulieu, Trivialités, Montréal, Éditions du Noroît, 2001, non paginé.
il finirait bien par déménager
quoiqu’il advienne et Maurice Richard
le tout premier de mes samedis soirs
blessé me forçait à voir Elmer Lach
dont j’obtiendrais l’autographe à la plage
l’été suivant compter le but gagnant
puis s’immortaliser dans les séries
en deuxième surtemps de la septième
sur une passe de son ailier droit
une photo montre Milt Schmidt assis
sur la glace et les bâtons des deux joueurs
en forme de V tandis qu’ils s’étreignent19
16Deux choses sont à retenir de ce texte. D’une part, l’auteur se trompe sur le plan factuel : cela se passait durant le cinquième match (non le septième) et au début de la première période de prolongation, le « surtemps » (non la deuxième). D’autre part, c’est le souvenir d’une photographie qu’évoque Beaulieu, et non un événement auquel il aurait lui-même assisté.
17Wayne Johnston, quand il publie son roman The Divine Ryans en 1990, se joue de la mémoire visuelle de ses lecteurs. S’il évoque le match d’avril 1953, ce n’est pas pour parler de la photographie de Roger St-Jean. Il consacre des passages du septième et du treizième chapitre à une autre image, dont il n’est pas sûr qu’elle ait existé ; elle aurait représenté le gardien de but des Canadiens, Gerry McNeil, regardant Lach et Richard.
- 20 « Uncle Reginald took from the shelves which lined his apartment one of his many hockey books, in w (...)
Oncle Reginald tira des bibliothèques de son appartement un de ses nombreux livres sur le hockey, dans lequel, disait-il, il y avait une photographie prise au Forum le même soir. Il ouvrit le livre sur le sol et, à quatre pattes, nous regardâmes la photographie. […] Elle avait été prise juste après le but en prolongation. Elle ne montrait pas la zone de Boston, où Elmer Lach se faisait sans aucun doute assaillir par ses coéquipiers, mais la zone de Montréal, où Gerry McNeil, toujours seul devant son filet, s’apprêtait à lancer son bâton et son gant dans les airs20.
- 21 David McNeil, « The Story of Hockey Photography in the Early 1950s », art.cit., p. 90-91.
18Une photographie, dont on ne trouve aucune trace selon David McNeil21, remplace l’image attendue de la joie collective après le but marqué en prolongation. Gerry McNeil est seul, là où Lach est « sans doute » entouré par ses coéquipiers.
- 22 Mon numéro 9 en or, film d’animation de 4 minutes 45 secondes, 1972 ; réalisation : Pierre L’Amare (...)
- 23 Le Chandail/The Sweater, film d’animation de 10 minutes, 1980 ; réalisation : Sheldon Cohen ; produ (...)
- 24 Un Jeu si simple, documentaire de 29 minutes 45 secondes, 1964 ; réalisation : Gilles Groulx ; prod (...)
- 25 Maurice Richard. Histoire d’un Canadien/The Maurice Rocket Richard Story, docudrame de quatre heure (...)
19Le cinéma utilise la photographie, notamment les films d’animation. En 1972, dans Mon numéro 9 en or, Pierre L’Amare propose, sur une chanson de Pierre Létourneau (« Maurice Richard »), un montage saccadé de photographies, parmi lesquelles figure celle de Roger St-Jean22. Plus étonnant est l’emploi que fait Sheldon Cohen du travail du photographe dans Le Chandail : le match du 16 avril 1953 est évoqué dans une intrigue qui se déroule en… 194623. Le genre documentaire n’est pas en reste : pensons à Un Jeu si simple de Gilles Groulx en 1964, à Mon Frère Richard de Luc Cyr et Carl Leblanc en 1999 ou à Hommage à Maurice Richard de Mathieu Roy en 200524. Il en va de même de la télévision : en 1999, la photographie apparaît trois fois dans le docudrame Maurice Richard. Histoire d’un Canadien/The Maurice Rocket Richard Story de Jean-Claude Lord et Pauline Payette25.
Le Chandail/The Sweater, film d’animation de 10 minutes, 1980

Réalisation : Sheldon Cohen ; production : Office national du film du Canada
Avec l’autorisation de l’Office national du film du Canada (Saint-Laurent, Québec).
- 26 Marc Beaudet et Luc Boily, Gangs de rue. Les rouges contre les bleus, Brossard, Un monde différent, (...)
20Dans une case de la bande dessinée Les Rouges contre les bleus (2011), la première de leur série Gangs de rue, Marc Beaudet et Luc Boily se souviennent à leur tour de la photographie de Roger St-Jean, mais le maillot des Nordiques de Québec remplace celui des Bruins de Boston. L’arrière-plan a disparu, mais, à part cela, la citation est manifeste : mêmes bâtons en V, même abattement des joueurs défaits, mêmes pieds qui ne touchent plus le sol. Cette case est en valeurs de gris, dans un album en couleurs ; ce choix chromatique souligne le fait qu’il s’agit d’une citation, d’un dessin au statut particulier26.
Marc Beaudet et Luc Boily, Gangs de rue. Les rouges contre les bleus, Brossard, Un monde différent, 2011, p. 49

Case reproduite avec l’aimable autorisation du dessinateur, Marc Beaudet.
- 27 David McNeil, In the Pressure of the Moment, op. cit., p. 256.
- 28 I. Sheldon Posen, 626 par 9. Une énumération chronologique des buts marqués par Maurice « Rocket » (...)
- 29 « The 100 Best Stanley Cup Final Photos », Sports Illustrated, 4 juin 2014 : < https://www.si.com/n (...)
21L’équipe montréalaise joue aujourd’hui au Centre Bell. Une reproduction de la photographie de Roger St-Jean agrandie y est exposée, rapporte David McNeil dans l’ouvrage qu’il a consacré à son père27. Le 9 avril 2004, le Musée canadien des civilisations, devenu depuis Musée canadien de l’histoire, inaugure une exposition itinérante « Une légende, un héritage. “Rocket Richard”. The Legend ‒ The Legacy ». Dans le catalogue conçu par I. Sheldon Posen, un détail de la photographie apparaît28. En 2014, elle est retenue par le magazine Sports Illustrated parmi les « 100 meilleures photos des finales de la Coupe Stanley29 ». Elle a valeur mémorielle, patrimoniale, voire muséale.
- 30 Michel Lessard dir., Montréal au XXe siècle. Regards de photographes, Montréal, Éditions de l’Homme (...)
- 31 Chasseurs d’images, op. cit., p. 107.
- 32 André Duchesne, Le Canadien. Un siècle de hockey à La Presse, Montréal, La Presse, 2008, couverture (...)
22Les anthologies de la photographie québécoise retiennent souvent ce cliché. Il figure parmi les six images sportives de l’album Montréal au xxe siècle. Regards de photographes, où il est faussement attribué à Réal St-Jean, le frère de Roger30. On l’a vu : il est commenté dans Chasseurs d’images. Les meilleures photos des photographes de La Presse et de The Gazette31. Il orne la couverture de l’ouvrage d’André Duchesne, Le Canadien. Un siècle de hockey à La Presse, dans les pages intérieures duquel il revient trois fois32. Au moins une dizaine de livres de souvenirs de journalistes, de biographies de Maurice Richard, d’histoires des Canadiens de Montréal contiennent la photographie complète ou tronquée.
- 33 André Trudelle, « En marge des séries de la Coupe Stanley », Hérauts, XVIII, 15, 1er avril 1961, p. (...)
- 34 La Presse, cahier spécial au moment de la mort de Maurice Richard, 28 mai 2000, p. 12-13.
- 35 Patrick Lagacé, « Série d’été. Une image vaut mille mots. La force de l’anticipation », La Presse, (...)
- 36 La Presse+, 1er mai 2014, section « Sports », écran 1 ; 27 décembre 2015, section « Sports », « Des (...)
23La presse revient périodiquement sur ce qui s’est passé le 16 avril 1953 à Montréal et sur la photographie qui en témoigne. Dès 1961, André Trudelle demande à Milt Schmidt, croisé dans un avion, de lui raconter un souvenir des séries éliminatoires ; l’ancien joueur des Bruins parle du match de 1953 et la photographie attendue illustre l’article33. Dans un cahier spécial publié au moment de la mort de Maurice Richard, La Presse juxtapose deux photographies : celle de St-Jean et une autre, prise « cinq jours plus tard », sur laquelle Lach et Richard, par un effet de mise en abyme, regardent un agrandissement de la photographie qui les représente34. En 2011, Patrick Lagacé s’entretient avec deux photographes qui ont connu Roger St-Jean ; ils s’entendent sur la « force » de son « anticipation » ; le chroniqueur parle de la « photo mythique des années glorieuses du Canadien de Montréal », celle d’avril 195335. Plus récemment, devenue uniquement numérique et diffusée sur tablette, La Presse+ la reprend périodiquement et la commente, dans son contenu éditorial ou dans ses « encarts » publicitaires. C’est le cas le 27 décembre 2015 : « Le plus célèbre cliché de Roger St-Jean est celui du fameux V de la victoire » ; le 20 novembre 2016 : « Le cliché des deux attaquants des Canadiens se jetant dans les bras l’un de l’autre est l’un des plus connus dans l’histoire de l’équipe » ; le 5 janvier 2017 pour accompagner la notice nécrologique de Milt Schmidt ; le 22 janvier 2017 : « Avec cette photo, le photographe de La Presse Roger Saint-Jean signe l’un des clichés les plus marquants de l’histoire du hockey à Montréal » ; le 7 mai 2017 : « La photo de Roger St-Jean de La Presse, prise le soir du 16 avril 1953, est sans doute l’une des plus connues de l’histoire du hockey » ; et le 1er mai 2014 dans le cadre d’un nouvel affrontement, en séries éliminatoires, entre les Canadiens et les Bruins36.
- 37 Annie Desrochers, tweets, 2 mai 2014 : < https://twitter.com/niedesrochers/status/46232264999438336 (...)
24Le lendemain du match de 2014, la journaliste Annie Desrochers dépose trois images sur Twitter. Il y en a une des célébrations qui ont eu lieu la veille, entre Francis Bouillon et P. K. Subban, accompagnée de celle de 1953 : « Quelque chose de 1953 dans la victoire d’hier », écrit-elle. Ensuite, Desrochers reproduit une autre prise de vue de l’accolade entre Bouillon et Subban ‒ « Superbe photo de @BernardBrault. Subban et Bouillon lévitent » ‒ et obtient une réponse de Brault, photographe pour La Presse : « J’y avais même pensé. Un classique de Roger St-Jean…37 »
- 38 Pierre Bruneau et Léandre Normand, La Glorieuse Histoire des Canadiens, op. cit., p. 231.
25C’est dit : cette photographie est un « classique », une construction culturelle inscrite dans la durée et valorisée au sein de la société. Pour le devenir, elle a dû être diffusée, primée, affichée, reprise, citée, réinterprétée, racontée, commercialisée, insérée dans une histoire glorieuse (celle des Canadiens, celle de Maurice Richard, celle du hockey). Selon Pierre Bruneau et Léandre Normand, elle a fait « le tour de la terre38 ». Elle est bel et bien « historique », même si son auteur n’a au départ pas réussi la photographie qu’il souhaitait réussir, celle du but gagnant.
- 39 Pour une utile synthèse des travaux sur la célébrité, voir Alex Gagnon, « Introduction », in Les Mé (...)
26La fortune de la photographie prise par Roger St-Jean le 16 avril 1953 offre l’occasion de réfléchir aux mécanismes de constitution de la célébrité39. Celle-ci a une dimension matérielle indéniable. S’il est vrai que les œuvres de Voltaire et de Jean-Jacques Rousseau justifient leur postérité, leur image publique et sa transmission ont parfois pris des formes inattendues, ainsi que le note Louis Sébastien Mercier dans son Tableau de Paris :
- 40 Louis Sébastien Mercier, « DCCCXXXVII. Cheminées », Tableau de Paris, volume 2, édition établie sou (...)
On place volontiers sur nos cheminées, en petits bustes de bronze ou de plâtre doré, les têtes de Voltaire et de J.-J. Rousseau ; mais Jeannot et Préville ont obtenu le même honneur. La fantaisie de nos sculpteurs célébrise telle ou telle tête. Les bustes des princes trouvent moins d’acheteurs qu’autrefois ; on préfère les têtes pensantes40.
27Sur les « cheminées » parisiennes de la fin du xviiie siècle, les grands auteurs, réduits à leur « tête », côtoyaient des acteurs alors bien connus (Jeannot et Préville). La mémoire collective se déploie à partir de supports auxquels on ne penserait peut-être pas spontanément.
- 41 Ce texte reprend, réorganise, réécrit des passages de plusieurs publications antérieures, notamment (...)
28En régime de modernité, les images, devenues facilement reproductibles, contribuent de plus en plus à pareille création de stars. C’est particulièrement vrai du monde du sport professionnel : son développement est contemporain de celui de la photographie. Les grandes vedettes sportives sont, depuis le xixe siècle, continuellement sous l’œil des caméras. Maurice Richard ne serait pas le mythe qu’il est devenu si des images de lui n’avaient pas si largement circulé, en des incarnations multiples, du début de sa carrière en 1942 jusqu’à aujourd’hui. Le travail de Roger St-Jean s’inscrit dans cet univers de l’omniprésence visuelle du sport41.
Notes
1 Éric Desrosiers, « Une malchance transformée en bénédiction », Le Devoir, 25-26 septembre 1999, p. A1 et A14. Repris dans Le Devoir, 30 mai 2000, p. A1 et A8.
2 La Presse, 17 avril 1953, p. 46.
3 Voir Jean-François Diana, « Les écritures de l’émotion sportive. Le cas de la photographie de presse », in Jean-François Diana dir., Spectacles sportifs, dispositifs d’écriture, Nancy, Questions de communication, « Actes », 2013, p. 253-264.
4 Voir Benoît Melançon, Les Yeux de Maurice Richard. Une histoire culturelle, Montréal, Fides, « Biblio-Fides », 2012. Édition originale : 2006. Traduction anglaise : 2009.
5 « Roger Saint-Jean », Panthéon des sports du Québec : < http://www.pantheondessports.ca/uploads/Biographie_Saint_Jean_Roger.pdf > (consulté le 23 juin 2021).
6 Peut-être Maurice Richard, documentaire de 66 minutes 38 secondes, 1971 ; réalisation : Gilles Gascon ; production : Office national du film du Canada. Le Rocket/The Rocket, documentaire de 42 minutes, 1998 ; réalisation : Jacques Payette ; production : Office national du film du Canada.
7 Marc Thibeault, « L’as-photographe Roger St-Jean », Le Devoir, 10 novembre 1971, p. 23.
8 Ibid.
9 Chasseurs d’images. Les meilleures photos des photographes de La Presse et de The Gazette, Montréal, La Presse et The Gazette, 2000, p. 107. Publié en anglais sous le titre Shooting the Story.
10 David McNeil, In the Pressure of the Moment. Remembering Gerry McNeil, Vancouver, Midtown Press, 2016, p. 179.
11 « Roger Saint-Jean », Panthéon des sports du Québec, art. cit.
12 Michel Gravel, « Bonsoir les P.R. ! La photo de sport a bien changé, depuis l’époque héroïque de Roger St-Jean… », Le -30-. Le magazine du journalisme québécois, volume 16, no 3, avril 1992, p. 27. Un détail de la photographie de St-Jean est en couverture de ce numéro consacré au journalisme sportif québécois.
13 David McNeil, « The Story of Hockey Photography in the Early 1950s », in Jamie Dopp et Richard Harrison dir., Now Is the Winter. Thinking about Hockey, Hamilton, Wolsak and Wynn, 2009, p. 81. Sur l’histoire de la photographie de sport, voir aussi André Gunthert, « Un laboratoire de la communication de masse : le spectacle du sport et l’illustration photographique », in Laurent Véray et Pierre Simonet dir., Montrer le sport. Photographie, cinéma, télévision, Paris, Institut national du sport et de l’éducation physique, « Les cahiers de l’INSEP », 2000, p. 29-35 et Kevin Moore et Robin Lenman, « Sports Photography », in Robin Lenman et Angela Nicholson dir., The Oxford Companion to the Photograph, Oxford, Oxford University Press, 2005.
14 Éric Desrosiers, « Une malchance transformée en bénédiction », art. cit.
15 « This is to confirm our messaged advice Friday that your April 16 shot of Richard and Lach embracing on the ice after Lach’s Stanley Cup goal won the Picture-of-the-Month award for April », Roger St-Jean. Photographe de presse (1917-1971) : < http://rogerst-jeanphotographedepresse.blogspot.com/ > (consulté le 23 juin 2021).
16 Ibid.
17 Pierre Bruneau et Léandre Normand, La Glorieuse Histoire des Canadiens, Montréal, Éditions de l’Homme, 2003, p. 142.
18 Marc Thibeault, « L’as-photographe Roger St-Jean », art. cit.
19 Michel Beaulieu, Trivialités, Montréal, Éditions du Noroît, 2001, non paginé.
20 « Uncle Reginald took from the shelves which lined his apartment one of his many hockey books, in which he said there was a photograph taken that same night at the Forum. He opened the book out on the floor and, getting down on our hands and knees, we looked at the photograph. […] It was taken just after the goal was scored in overtime. It showed, not the Boston zone, where Elmer Lach was no doubt being mobbed by his team-mates, but the Montreal zone, where Gerry McNeil, still standing all alone in the net, was in the process of throwing his goalie stick and glove up in the air ». Wayne Johnston, The Divine Ryans, New York, Broadway Books, 1999, p. 154-155.
21 David McNeil, « The Story of Hockey Photography in the Early 1950s », art.cit., p. 90-91.
22 Mon numéro 9 en or, film d’animation de 4 minutes 45 secondes, 1972 ; réalisation : Pierre L’Amare ; production : Office national du film du Canada.
23 Le Chandail/The Sweater, film d’animation de 10 minutes, 1980 ; réalisation : Sheldon Cohen ; production : Office national du film du Canada.
24 Un Jeu si simple, documentaire de 29 minutes 45 secondes, 1964 ; réalisation : Gilles Groulx ; production : Office national du film du Canada. Mon Frère Richard, documentaire de 53 minutes, 1999 ; réalisation : Luc Cyr et Carl Leblanc ; production : Ad Hoc Films. Hommage à Maurice Richard, documentaire de 21 minutes, 2005 ; réalisation : Mathieu Roy ; production : Cinémaginaire
25 Maurice Richard. Histoire d’un Canadien/The Maurice Rocket Richard Story, docudrame de quatre heures en deux parties, 1999 ; réalisation : Jean-Claude Lord et Pauline Payette ; production : L’information essentielle.
26 Marc Beaudet et Luc Boily, Gangs de rue. Les rouges contre les bleus, Brossard, Un monde différent, 2011, p. 49.
27 David McNeil, In the Pressure of the Moment, op. cit., p. 256.
28 I. Sheldon Posen, 626 par 9. Une énumération chronologique des buts marqués par Maurice « Rocket » Richard en photos, statistiques et récits, Gatineau, Musée canadien des civilisations, 2004, p. 18. Publié en anglais sous le titre 626 by 9. A Goal-by-Goal Timeline of Maurice « The Rocket » Richard’s Scoring Career in Pictures, Stats and Stories.
29 « The 100 Best Stanley Cup Final Photos », Sports Illustrated, 4 juin 2014 : < https://www.si.com/nhl/2014/06/04/100-best-photos-stanley-cup-finals-history > (consulté le 23 juin 2021).
30 Michel Lessard dir., Montréal au XXe siècle. Regards de photographes, Montréal, Éditions de l’Homme, 1995, photo numéro 123.
31 Chasseurs d’images, op. cit., p. 107.
32 André Duchesne, Le Canadien. Un siècle de hockey à La Presse, Montréal, La Presse, 2008, couverture, p. 62-63, p. 170.
33 André Trudelle, « En marge des séries de la Coupe Stanley », Hérauts, XVIII, 15, 1er avril 1961, p. 20-21.
34 La Presse, cahier spécial au moment de la mort de Maurice Richard, 28 mai 2000, p. 12-13.
35 Patrick Lagacé, « Série d’été. Une image vaut mille mots. La force de l’anticipation », La Presse, 24 juillet 2011, p. A10.
36 La Presse+, 1er mai 2014, section « Sports », écran 1 ; 27 décembre 2015, section « Sports », « Des clichés immortels » ; 20 novembre 2016, encart Le Magazine Canadiens ; 5 janvier 2017, section « Sports », « Milt Schmidt n’est plus » ; 22 janvier 2017, dossier spécial « Montréal 375 », « Une longue histoire d’amour » ; 7 mai 2017, « Les célébrations de la Coupe Stanley ».
37 Annie Desrochers, tweets, 2 mai 2014 : < https://twitter.com/niedesrochers/status/462322649994383361 > ; < https://twitter.com/NieDesrochers/status/462198813403267072 > (consultés le 23 juin 2021).
38 Pierre Bruneau et Léandre Normand, La Glorieuse Histoire des Canadiens, op. cit., p. 231.
39 Pour une utile synthèse des travaux sur la célébrité, voir Alex Gagnon, « Introduction », in Les Métamorphoses de la grandeur. Imaginaire social et célébrité au Québec (de Louis Cyr à Dédé Fortin), Montréal, Presses de l’Université de Montréal, « Socius », 2020, p. 11-26.
40 Louis Sébastien Mercier, « DCCCXXXVII. Cheminées », Tableau de Paris, volume 2, édition établie sous la direction de Jean-Claude Bonnet, Paris, Mercure de France, « Librairie du Bicentenaire de la Révolution française », 1994, p. 991.
41 Ce texte reprend, réorganise, réécrit des passages de plusieurs publications antérieures, notamment Les Yeux de Maurice Richard. Une histoire culturelle et des textes parus sur le blogue L’Oreille tendue. Je remercie Marie-Ève Ménard (Université de Montréal) pour son aide bibliographique, ainsi que Jean-François Bégin (La Presse) et Jenny Ellison (Musée canadien de l’histoire) pour leur aide dans la recherche iconographique.
Haut de pageTable des illustrations
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Titre | Roger St-Jean, 16 avril 1953, photographie en noir et blanc, appareil Speed-Graphic, plaque 4 x 5 |
Crédits | Reproduite avec l’autorisation du quotidien La Presse (Montréal, Québec). |
URL | http://journals.openedition.org/focales/docannexe/image/1430/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 517k |
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Titre | Puzzle de la société Dispensaco (Québec), années 1950 |
Crédits | Musée canadien de l’histoire (Gatineau, Québec), 2006.80.7.1 a-b, D2007-11506. |
URL | http://journals.openedition.org/focales/docannexe/image/1430/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 707k |
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Titre | Le Chandail/The Sweater, film d’animation de 10 minutes, 1980 |
Légende | Réalisation : Sheldon Cohen ; production : Office national du film du Canada |
Crédits | Avec l’autorisation de l’Office national du film du Canada (Saint-Laurent, Québec). |
URL | http://journals.openedition.org/focales/docannexe/image/1430/img-3.jpg |
Fichier | image/jpeg, 1,1M |
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Titre | Marc Beaudet et Luc Boily, Gangs de rue. Les rouges contre les bleus, Brossard, Un monde différent, 2011, p. 49 |
Crédits | Case reproduite avec l’aimable autorisation du dessinateur, Marc Beaudet. |
URL | http://journals.openedition.org/focales/docannexe/image/1430/img-4.jpg |
Fichier | image/jpeg, 442k |
Pour citer cet article
Référence électronique
Benoît Melançon, « 16 avril 1953 : la photographie qui n’aurait pas dû être prise », Focales [En ligne], 6 | 2022, mis en ligne le 01 juin 2022, consulté le 22 juin 2025. URL : http://journals.openedition.org/focales/1430 ; DOI : https://doi.org/10.4000/focales.1430
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Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
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