Un prince français en Suède. Les stratégies de légitimation dans l’édification de la dynastie Bernadotte (1810-1844)
Résumés
L’année 2018, qui marquait le bicentenaire de l’accession aux trônes de Suède et de Norvège de Jean-Baptiste Bernadotte, fut l’occasion de questionner la notion de légitimité de la dynastie du même nom. Élu prince héritier au trône de Suède le 21 août 1810 par la Diète d’Örebro, Jean-Baptiste Bernadotte était principalement connu pour sa place de maréchal d’Empire aux côtés de Napoléon. Son accession aux trônes du double royaume de Suède et de Norvège fondé en 1814 marqua ainsi la naissance d’une nouvelle dynastie. Le Français entraîna alors dans son sillage son fils, Oscar (Ier), qui se retrouva par la même occasion lié au destin de ces trônes. Cet article se penche ainsi sur les stratégies de légitimation mises en place autour de ce jeune garçon pour asseoir la jeune et fragile dynastie Bernadotte en ce début de xixe siècle.
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1Le 5 février 2018 marquait le bicentenaire de l’accession aux trônes de Suède et de Norvège de Jean-Baptiste Bernadotte (1763-1818-1844). Français, maréchal de Napoléon, issu d’un milieu modeste, il se retrouva il y a deux cents ans propulsé vers un destin qualifié généralement d’inattendu. En 1810, la Suède se trouvait dans une situation délicate. À la perte de la Finlande au profit de la Russie l’année précédente s’ajoutait la question du successeur du roi Charles XIII, vieillissant et sans héritier. Arrivé sur le trône après le renversement de son neveu, Gustav IV, contraint à l’exil en 1809, il avait adopté le Danois Charles August d’Augustenbourg afin que celui-ci lui succède, mais ce dernier trouva la mort quelques mois plus tard, en mai 1810. Une diète réunissant les quatre États du royaume fut alors organisée à Örebro, et le maréchal Bernadotte fut élu.
2Dans ce contexte, nous pouvons nous demander si la dynastie de Bernadotte, invention ex nihilo, peut être considérée comme une « vraie » dynastie ? Nous allons ainsi voir quelles sont les stratégies développées par cette dernière pour asseoir sa légitimité et se hisser au rang des autres cours européennes. Lorsqu’il s’agit d’un monarque, la question de la légitimité est récurrente. Dans le cas qui nous concerne, l’interrogation est d’autant plus justifiée, la couronne passant d’une famille de descendants de rois suédois, les Holstein-Gottorp, à un maréchal français sans aucun lien avec la Suède.
- 1 Voir notamment les deux numéros de la Revue d’Histoire Nordique, « Bernadotte et son temps 1 : les (...)
- 2 Charles XIV Jean, roi de Suède et de Norvège, Recueil de lettres, proclamations et discours, Tome P (...)
- 3 Ces lettres se trouvent dans les Bernadotteska arkivet (BFA), les archives privées de S.M. le roi d (...)
3Le rôle de Jean-Baptiste Bernadotte, devenu roi sous le nom de Charles XIV Jean, à la fois dans la naissance de cette dynastie et dans la modernisation de la Suède, a été maintes fois étudié. Les deux cents ans de son élection à la fin des années 2000 ont été l’occasion de nouvelles études et publications1. Cependant, peu de travaux, si ce n’est aucun, se sont penchés sur le rôle des générations suivantes – et en particulier de son fils, Oscar (Ier) –, qui ont œuvré à la fois à consolider et à pérenniser le pouvoir dynastique des Bernadotte. En parallèle des quelques lettres et des discours édités de Charles Jean2, l’étude par le prisme épistolaire diffère de celle généralement menée dans les travaux qui lui sont consacrés et nous offre donc la possibilité de saisir le regard qu’un père porte sur son fils, mais aussi celui que porte un bâtisseur sur son successeur3. Ses propos affectueux laissent le plus souvent transparaître diverses préoccupations envers son héritier comme l’avancée des études ou la notion d’amitié. Bienveillants en apparence, ces conseils dénotent une volonté de contrôle sur la construction de la nouvelle dynastie.
4Il s’agit ainsi ici de se pencher sur le rôle que joua le jeune Oscar dans la construction d’une monarchie stable, solide, et surtout légitime entre 1810 et 1823, c’est-à-dire entre son arrivée en Suède en 1810 et son mariage en 1823. Cette question peut être traitée en trois points : le contexte de la fondation de la dynastie Bernadotte à travers la figure de son premier représentant, la manière dont Charles Jean organisa la formation de son fils et dans quels desseins, et enfin, le cas du mariage d’Oscar, évènement clef dans cette entreprise.
1. Un roi français en Suède : aux fondements de la dynastie Bernadotte
- 4 Voir notamment « Bernadotte » dans Jean Tulard, Dictionnaire Napoléon, nouvelle édition revue et au (...)
5Personnage atypique qui s’illustra à la fin du xviiie siècle et dans toute la première moitié du xixe, Jean-Baptiste Bernadotte connut un parcours qui continue d’intriguer nos contemporains. Figure controversée4, encore à l’heure actuelle, pour certains qui interprètent son statut de prince héritier de Suède comme un affront à Napoléon et à sa patrie, le cas de Bernadotte nous présente différentes particularités qu’il est peu courant de voir réunies sous une seule et même couronne.
1a. Le choix d’un Français et de sa famille
- 5 Christian Desplat, « Le monde de la basoche, milieu d’origine d’un cadet de Gascogne : Bernadotte » (...)
6Jean-Baptiste Bernadotte naquit en 1763 à Pau, au sein d’une famille modeste5. À l’âge de 17 ans, il s’engagea dans le Royal Marine puis gravit les différents échelons militaires jusqu’à être nommé ministre de la Guerre du Directoire en juillet 1799. Il se construisit alors une carrière solide, fondée sur des valeurs principalement morales et guerrières qui jouèrent un rôle non négligeable dans son élection future.
7Le 17 août 1798, il épousa Désirée Clary, une Marseillaise rencontrée par l’entremise de Joseph Bonaparte, lui-même époux de sa sœur, Julie Clary. Le 4 juillet 1799, ils eurent un fils, Joseph François Oscar. À la fois dans le cadre de ses fonctions officielles mais également dans une dimension plus personnelle, il intégra ainsi le clan Bonaparte.
- 6 Maria Teresa Caracciolo (dir.), Les sœurs de Napoléon. Trois destins italiens, Paris, Hazan, 2013.
8L’élection de Bernadotte eut lieu dans un contexte politique singulier en Europe. Elle coïncide en effet avec la phase de l’Empire où Napoléon plaçait son entourage à des postes stratégiques, et notamment sur différents trônes européens. Son frère Joseph devint roi de Naples (1806-1808) puis roi d’Espagne (1808-1813) tandis que Jérôme reçut le trône hollandais (1807-1813) ; ses sœurs firent des mariages stratégiques6. Mais leur pouvoir étant tributaire de celui de leur frère, les Bonaparte perdirent leur couronne peu de temps après. Bernadotte fut ainsi le seul napoléonide à avoir gardé son trône et, c’est à souligner, le seul à l’avoir obtenu sans l’entremise de l’Empereur.
9Le 20 juin 1810, l’officier suédois Carl Otto Mörner arriva à Paris, chargé d’annoncer la nouvelle de la mort du prince héritier de Suède à Napoléon. Il profita de son séjour parisien pour rencontrer Bernadotte et lui parler de ce trône vacant. En effet, le 6 novembre 1806, Bernadotte avait participé à la bataille de Lübeck au cours de laquelle plus d’un millier de soldats furent faits prisonniers. Les officiers qui comptaient parmi les captifs furent si bien traités que l’un d’entre eux, le comte et colonel suédois Gustave Mörner, en vanta les mérites à son retour chez lui, notamment auprès de son neveu. C’est ainsi que Bernadotte reçut la proposition de ce dernier de se porter candidat, et accepta.
- 7 Emmanuel Starcky, Destins souverains. Napoléon 1er, le tsar et le roi de Suède, RMN/Grand Palais, P (...)
- 8 Jean-Baptiste Isabey, Désirée Bernadotte, princesse de Pontecorvo, avant 1810, miniature, gouache s (...)
- 9 Pour le sabre, voir Brynolf Hellner, « Le sabre d’honneur de Charles XIV Jean », Bulletin du Musée (...)
10Son parcours militaire et sa proximité – supposée – avec Napoléon, qui était en réalité plus fragile que ce que s’en figuraient les Suédois, faisaient de Bernadotte un homme providentiel, le chef militaire qui leur rendrait la Finlande. Deux facteurs jouèrent également un rôle majeur : sa femme et son fils. Son mariage avec Désirée Clary lui prodiguait l’image d’un homme à la situation stable, marié et, surtout, il l’associait au pouvoir impérial. Plus important encore, le jeune Oscar était l’assurance d’une continuité dynastique. Profitant de ces deux avantages, Jean Antoine Fournier, un diplomate français qui soutenait la candidature de Bernadotte, orchestra avec succès une campagne de propagande. Lors de son séjour suédois, il fit valoir un objet à première vue des plus banals : un étui de cure-dents7. Décoré de deux miniatures représentant Désirée et Oscar réalisées par Jean-Baptiste Isabey, cet objet traduit en réalité le rôle de ce jeune garçon dans la campagne pour l’élection de son père (Fig. 1)8. Oscar y est représenté seul, vêtu d’un costume rouge vif. Entouré de jouets, il tient un pistolet factice ; un tambour et un drapeau, objets habituellement utilisés dans ce type de représentation, mais aussi un cheval de bois, rappellent le statut d’enfant qui est encore le sien. Le sabre sur lequel il semble prendre appui est le même qu’arbore son père sur un tableau de Joseph Kinson9. Présent honorifique reçu du Directoire, il s’agit du seul élément qui soit vrai. Si nous comparons ces deux peintures de Kinson et d’Isabey, le caractère militaire de celui d’Isabey est indéniable. Seul le champ de bataille en fond manque pour en faire un portrait militaire.
Fig. 1

Jean-Baptiste Isabey, Oscar (Ier) enfant, vers 1805, miniature, gouache sur ivoire, 6 x 4 cm, Collections de S.M. le Roi de Suède.
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11Ce portrait d’Oscar témoigne du gage de réussite de Bernadotte et montre de surcroît qu’il sera lui aussi un bon roi. L’importance des arts, de la propagande et du message dont ils sont porteurs est ici évidente. Ces deux portraits de Désirée et d’Oscar véhiculaient une image de confiance en l’avenir : si Bernadotte était élu roi, sa descendance était assurée. Oscar incarne ainsi un atout non négligeable face à un roi en mal de successeur. De fait, Bernadotte fut élu le 21 août 1810 prince héritier au trône de Suède.
1b. Une élection incontestable ?
- 10 Digithèque de matériaux juridiques et politiques. URL : http://mjp.univ-perp.fr/constit/se1810.htm, (...)
- 11 Charles XIV Jean, roi de Suède et de Norvège, Recueil de lettres, proclamations et discours, Tome P (...)
12Deux documents juridiques officiels ont entériné l’élection de Charles Jean aux trônes de Suède et de Norvège, en attestant du caractère légal de sa position : l’acte d’élection du 21 août 1810 et la « Loi de succession au trône du 26 septembre 181010 ». Son adoption par Charles XIII, descendant et fils de rois, constituait une autre preuve de sa légitimité. Par ailleurs, dans sa « Réponse [...] à une députation de la province de Dalécarlie, à Falun, le 14 septembre 1819 », il se désignait de la manière suivante : « [...] votre Roi constitutionnel et légitime, doublement légitime par l’élection et les suffrages unanimes d’un peuple libre et par l’adoption du vertueux Charles XIII […]11 ».
- 12 Jörgen Weibull, La Suède : un aperçu historique, Stockholm, Institut Suédois, 1993, p. 93.
- 13 John Peter Collett, « Charles XIV Jean et la démocratie en Norvège (1810-1844) », Revue d’Histoire (...)
13Toutefois, durant son règne long de vingt-six ans, certains détracteurs se firent entendre. Dans les années 1830, le prince héritier fit part de ses convictions en se déclarant partisan des réformes sociales. Face au conservatisme exacerbé de son père, il incarnait une image de l’avenir radieux – et libéral – auquel aspiraient les sujets du double royaume. On alla même jusqu’à le surnommer « L’Avenir12 ». À la fin du règne de Charles Jean, l’opposition libérale, alors prépondérante, s’exprimait davantage. Ses principaux griefs étaient liés aux lourdeurs de l’appareil étatique, ou encore à l’opposition aux corporations et aux barrières douanières. Le journal l’Aftonbladet était ainsi le principal organe d’opposition depuis 1830. Son patron, Lars Johan Hierta, fit campagne pour que le Riksdag, le Parlement suédois, obtienne davantage de pouvoir. Des oppositions se manifestèrent également du côté de la Norvège, unie à la couronne suédoise (traité de Kiel, 14 janvier 1814)13.
- 14 Alma Söderhjelm et Carl-Fredrik Palmstierna, op. cit., p. 100.
14Lors de son séjour sur le continent en 1822, Oscar fut « précédé par des rumeurs et des ragots, qui ont fait une impression défavorable14 ». Aux yeux de ses détracteurs, il existait de nombreuses raisons de faire état de son illégitimité. Certains propos soulignent son incapacité à assumer la fonction de prince héritier, puis de roi, en somme les mêmes reproches qui étaient formulés à l’encontre de son père :
- 15 Aff. étr., corr. polit., Suède, 365, os 165 et 166, dans Gabriel Girod de l’Ain, Bulletin du musée (...)
Il sera sans autre appui que ses talents et rien n’annonce qu’il en soit doué. Son père ne parle que de la bonté et de la facilité de son caractère. En Suède il faut plus… L’isolement du jeune prince royal peut déjà se pressentir. Vingt projets de mariage échoués semblent préparer sa déconsidération15.
- 16 « Exposé au comité secret et discours au Comité Secret », 1829, BFA Karl XIV Johan arkiv, Nr 169. G (...)
15Oscar était de constitution fragile, et lorsqu’il tomba malade, certains de ses opposants y virent le signe de la fin des Bernadotte et le retour d’un Suédois sur le trône. Charles Jean, ne parlant pas un mot de suédois, était très méfiant. Gustave IV avait un fils, Gustave, né la même année qu’Oscar, et la crainte perpétuelle du Français était que cette dynastie en exil revienne lui prendre sa place. Un rapport, qui se trouve dans les Bernadotteska arkivet16, témoigne de son obstination à voir celui qu’on appelle le prince Gustave Vasa définitivement écarté de la couronne suédoise.
- 17 Des recherches furent menées autour de ces thèmes à l’université Toulouse-Jean Jaurès dans le cadre (...)
16Le règne de Charles XIV Jean fut tout de même plus que bénéfique au double royaume, apportant stabilité – intérieure et extérieure – à la Suède et à la Norvège, dont l’actuelle neutralité constitue un héritage direct. Il s’attela également à moderniser l’agriculture et à faire entrer les deux pays dans l’ère industrielle. Système médical et causes sociales – pauvreté ou éducation par exemple – occupèrent une place importante dans ses prises de décisions et participèrent de la réforme du double royaume17.
2. Le prince Oscar : un atout indispensable à la consolidation de la dynastie
- 18 Digithèque de matériaux juridiques et politiques, op. cit.
17L’élection de Charles Jean signifiait de manière implicite qu’Oscar succéderait à son père sur le trône de Suède. Comme le stipule « L’acte d’élection du 21 août 1810 », sa position dans l’ordre de succession était actée et son statut de prince héritier à la mort de Charles XIII officialisé18. Charles Jean comprit rapidement les avantages dont il pouvait bénéficier avec son fils à ses côtés.
2a. Un héritier formé selon les idées de son père
- 19 Elisabeth Charlotta Hedvig, 1942 IX, s. 454 dans Per Sandin, Ett kungahus i tiden: den Bernadottesk (...)
18Lorsque Oscar arrive en Suède, le baron Cederhielm, un Suédois, est nommé au poste de gouverneur du jeune garçon. Il était notamment chargé par le roi d’« apprendre au prince à paraître en public, [et d’] exercer une influence sur ses études et son éducation19 ».
- 20 Lettre du 29 octobre 1812, BFA, Oscar I:s och drottning Josefinas arkiv, Nr. 40.
- 21 Per Sandin, op. cit., p. 210.
19En cette qualité, Charles Jean lui écrivit une lettre20, une sorte de manifeste, que l’historien Per Sandin qualifie de « déclaration de principe idéologique et dynastique21 ». Il y développa point par point tout ce qu’il souhaitait voir composer l’éducation de son fils. Matières enseignées, horaires de travail, ou encore rigueur morale, Charles Jean frôlait l’exhaustivité. Mais au-delà d’un programme pédagogique rigoureux, c’est aussi et surtout le programme politique de Charles Jean qui était exposé.
- 22 Pour les documents concernant son travail auprès du jeune Oscar, voir BFA, Oscar I:s och drottning (...)
- 23 Louis Lemoine était français, Niels Wulfsberg, son professeur de norvégien, était norvégien.
- 24 Per Sandin, op. cit., p. 208.
- 25 Ibid.
20En plus du baron Cederhielm, deux autres figures principales gravitaient autour du jeune prince : Louis Lemoine22, un Français qui était déjà son précepteur en France et qui le suivit en Suède, et Nils Magnus Tännström, un officier suédois reconverti en professeur. À leurs côtés se trouvaient des professeurs plus spécialisés et surtout renommés dans leurs domaines respectifs : le musicien romantique Adolf Fredrik Lindblad pour le piano, le peintre Fredric Westin et le poète Per Daniel Amadeus Atterboom pour les autres aspects artistiques, ou encore le chimiste Jöns Jacob Berzelius. Le choix de Charles Jean d’inculquer à Oscar les valeurs nationales, notamment par le choix de nommer principalement des Suédois pour composer le corps professoral du jeune élève23, peut être considéré comme judicieux ; l’historien Per Sandin constate que cela a été reçu de manière positive par « l’élite intellectuelle contemporaine suédoise24 ». Per Daniel Amadeus Atterbom écrivit à Erik Gustaf Geijer en 1817 qu’Oscar deviendrait un « parfait Suédois25 » avant son père. Le souhait du Français était en passe de se concrétiser.
- 26 Alma Söderhjelm et Carl-Fredrik Palmstierna, Oscar I, Stockholm, Bonnier, 1944, p. 42-43.
- 27 Charles XIV Jean, roi de Suède et de Norvège, Recueil de lettres, proclamations et discours, Tome P (...)
21En 1817, Oscar célébra ses dix-huit ans et franchit une étape : il rejoignit pour la première fois son père et le roi à la table du conseil26. À cette occasion, Charles Jean prononça un discours à son intention27. Lucides à propos des réalités du pouvoir, ses mots, forts, témoignent des responsabilités qui incombaient selon lui à Oscar :
- 28 Ibid., p. 154.
C’est maintenant que vous allez sentir combien les leçons peuvent vous être utiles. [L’étude de l’histoire] vous a fait connaître l’origine des princes, quelle est la source de leurs titres, comment ces titres se perdent et se détruisent. Elle a dû vous convaincre qu’un prince doit racheter la faveur de son rang par de grandes vertus et des qualités supérieures ; que par de belles actions on excite l’admiration des peuples, mais qu’il faut en faire de bonnes pour s’attirer leur amour28.
2b. Combler les carences
- 29 Per Sandin, op. cit., p. 205.
- 30 Alma Söderhjelm et Carl-Fredrik Palmstierna, op. cit., p. 12 et 14.
22Contrairement à son père, Oscar apprit le suédois, qui lui fut enseigné par Adam Wallmark, professeur et bibliothécaire à la Kungliga biblioteket (1811-1813). Il démontra de grandes facilités d’apprentissage : des dires de son professeur, Oscar lisait et écrivait cette nouvelle langue après un an à peine29. Oscar reconnut que c’était bien à lui qu’il devait son niveau de suédois, si souvent loué30.
- 31 Kistebrev peut être traduit par « imagerie populaire ». Ce type de document est produit pour être v (...)
- 32 J.P. Lundström, Joseph Frans Oscar, 1833, National Library of Sweden, KoB Sv. P. Oscar I 38a. Un co (...)
- 33 Parlement norvégien qui se trouve à Christiania, ancien nom d’Oslo.
- 34 Voir la lettre du 12 avril 1824 d’Oscar sur sa prise de fonction, BFA, Oscar I:s och drottning Jose (...)
- 35 Trond Noren Isaksen, «The Power of Presence: Crafting a Norwegian Identity for the Bernadotte Heirs (...)
- 36 Aladin Larguèche, Christiania (1811-1869). Littérature, nation et religion dans la Norvège des anné (...)
23Durant les huit premières années d’Oscar en Suède, la famille royale, extrêmement réduite numériquement, perdit trois de ses membres : sa mère Désirée repartit en France en juin 1811, puis Charles XIII et la reine moururent, respectivement en février et en juin 1818. Oscar prit donc part à la vie publique de manière accrue et assuma davantage de fonctions. Une kistebrev31, représentant un Oscar plus âgé, et récapitulant toutes les fonctions qui sont les siennes32, témoigne de l’importance des titres et des responsabilités dans la légitimité du prince héritier. Il assista Charles Jean, tant en privé que lors d’interventions publiques, comme ce fut le cas le 10 novembre 1814, lorsqu’il prononça deux discours, l’un en suédois et l’autre en norvégien, à l’occasion de l’ouverture du Storting33. Oscar fut également impliqué dans les déplacements officiels, nombreux lors des premières années des deux hommes dans le Nord. La Norvège était une destination récurrente et Oscar y occupa le poste de vice-roi de Norvège34. Tandis que Charles Jean n’occupa le poste que brièvement, son fils se sentit davantage concerné par la Norvège, notamment en lui accordant une plus grande place dans l’éducation de ses enfants35 qu’elle n’en eut pour la sienne. Il fit également construire Oscarhall, un palais qu’il finança lui-même36, et inaugura le palais royal d’Oslo en 1849.
- 37 Alma Söderhjelm et Carl-Fredrik Palmstierna, op. cit., p. 43.
24La reine déclara en 1817 à son propos que c’était « un jeune homme très posé et raisonnable qui inspire les meilleures promesses de l’époque37 ». Oscar entretenait ainsi de bonnes relations avec ses grands-parents adoptifs. Sa place au sein de la famille royale, au même titre qu’auprès des Suédois et des Norvégiens, n’avait dès lors plus de raison d’être remise en cause. La suite logique était un mariage qui assurerait la pérennisation de la dynastie.
3. Le mariage du Prince Oscar : point d’orgue d’un processus de légitimation
- 38 Pour l’itinéraire de ce long voyage, voir BFA, Oscar I:s och drottning Josefinas arkiv, Nr. 4.
25Le mariage d’Oscar marque un tournant dans le processus de légitimation de la jeune et fragile dynastie Bernadotte. Face à un projet de mariage mûrement réfléchi par son père, le jeune homme se montra clair sur son désir d’attendre et de finir dans un premier temps son éducation. Il partit en mai 1822 pour un voyage au sein des différentes cours européennes, afin d’y rencontrer les monarques et leurs jeunes et prometteuses filles38.
3a. Un choix fortement influencé
26Une fois Charles Jean établi sur le trône et Oscar reconnu prince héritier, le mariage de ce dernier devint une question essentielle. La dynastie ne disposait en effet que d’un seul héritier, et l’union du jeune homme avec une princesse européenne devait confirmer la place des Bernadotte sur l’échiquier européen. Une lettre échangée entre le roi et son épouse traduit ainsi l’inquiétude du père et la vision catégorique du fils sur la situation :
- 39 Gabriel Girod de l’Ain, Désirée Clary : d’après sa correspondance inédite avec Bonaparte, Bernadott (...)
Plusieurs autres objections de cette nature m’ont donné la certitude que quelle que soit la personne que je pourrais lui présenter, il la refusera jusqu’à ce qu’il ait vingt-deux ans accomplis : cette résolution de sa part, exprimée dans les termes les plus respectueux mais à la vérité non équivoques, m’a donné la mesure de son caractère et j’ai cru ne pas devoir le contrarier, d’abord parce que je reconnais qu’il a raison et que c’est s’enterrer vivant que de se marier trop jeune, en second lieu parce que l’Europe est sur un volcan et que nous ne pouvons pas prévoir où la première explosion aura lieu39.
27Dès le début de l’entreprise, Charles Jean insista sur l’entière autonomie qu’il offrait à son fils sur le choix de son épouse :
- 40 Lettre de Charles Jean à Oscar, 26 mai 1822, BFA, Oscar I:s och drottning Josefinas arkiv, Nr. 40.
Je te confirme tout ce que je t’ai dit dans ma dernière ; je te laisse entièrement maître du choix, persuadé que celui que tu feras ne pourra qu’être agréable à ton père, et à la nation qui observe toutes tes démarches avec le plus vif intérêt et la plus sincère affection40.
28Oscar était un jeune homme bien fait de sa personne et ce mariage devait parfaire son image et correspondre davantage au profil de l’héritier mature et responsable que l’on attendait de lui.
- 41 BFA, Oscar I:s och drottning Josefinas arkiv, Nr. 5.
- 42 « Message du Roi aux États Généraux du Royaume de Suède, touchant l’échange des Ratifications au Co (...)
29Quatre jeunes femmes étaient en lice et malgré cette liberté apparente, un document des Bernadotteska arkivet (BFA) montre bien que chaque profil fut minutieusement étudié et chaque détail – physique, vie privée des parents – pris en compte41. Ce fut la princesse Joséphine Maximilienne Eugénie Napoléone de Leuchtenberg (1807-1869) qui fut choisie. Petite-fille de l’Impératrice Joséphine, et du roi Maximilien Ier de Bavière, elle reçut le titre de princesse de Bologne par Napoléon, son parrain, à sa naissance. Crédibilité et pérennité étaient les maîtres mots de cette union. En février 1823, l’annonce42 fut publiée en Suède, rendant ainsi officiel le mariage de la jeune Joséphine et d’Oscar, qui eut lieu le 19 juin à Stockholm.
3b. Une union féconde pour l’avenir de la dynastie
30Cette union ne peut qu’être considérée comme fructueuse. Elle fut couronnée par la naissance de cinq enfants – Charles (1826-1872), Gustave (1827-1852), Oscar (1829-1907), Eugénie (1830-1889) et Auguste (1831-1873) –, dont deux devinrent rois : Charles (XV) régna de 1859 à sa mort et Oscar (II) lui succéda jusqu’en 1907. Cette famille, nombreuse, constitua ainsi une sécurité pour l’avenir de la lignée, deux générations étant désormais aptes à succéder à Charles XIV Jean.
- 43 Monika Wienfort, «Dynastic Heritage and Bourgeois Morals: Monarchy and Family in the Nineteenth Cen (...)
- 44 Sébastien Horion, Paupérisme, éducation et culture : la question sociale en Suède dans la première (...)
- 45 Oscar Ier (S.M.), Des peines et des prisons, Paris, Guillaumin, 1842.
31Elle permit également aux Bernadotte de s’insérer dans un processus de modernisation de la monarchie suédoise. En effet, le xixe siècle en Europe marque le début d’une lente évolution qui vit émerger un nouveau modèle de famille royale : les monarchies bourgeoises. Monika Wienfort explicite ce concept comme « the idea of a monarchy defined by a dynasty that is enriched and transformed by values and manners associated with the middle-class family43 », et l’articule autour de trois principes : le lien entre la nation et la monarchie, le changement de nature de la relation entre le monarque et ses sujets, davantage régie par les émotions que l’autorité, et enfin un glissement d’une vie de cour régie par l’étiquette à un quotidien aux habitudes plus simples. L’étude de la vie de famille d’Oscar permet de déceler des prémices de ce concept chez la dynastie Bernadotte, principalement en raison de la mutation du modèle familial impulsée par le mariage d’Oscar. En effet, la présence d’une famille jeune et complète à la cour – Désirée, la mère d’Oscar, fut absente onze ans de Suède, et il n’y avait pas eu de naissance à la cour depuis 1799 – contribua à l’évolution de l’image de la famille. D’autre part, les activités et préoccupations du couple princier, centré sur des sujets contemporains et touchant les Suédois et les Norvégiens – l’éducation des enfants, la santé44, les conditions carcérales45, entre autres – en ont fait un couple héritier en accord avec les autres cours royales.
- 46 Fredric Westin, Portrait de famille des Bernadotte, vers 1837, huile sur toile, 338 x 400 cm, Natio (...)
- 47 Solfrid Söderlind, Poträttbruk I Sverige, Stockholm, Carlsson, 1993, p. 128-129.
32C’est ainsi que, vers 1837, l’artiste Fredric Westin réalisa un tableau intitulé Portrait de famille des Bernadotte (Fig. 2)46. Les trois premières générations de la famille sont représentées, en tenues d’apparat, dans le pavillon de Gustave III au château de Haga. Le buste de Charles XIII, à droite du tableau, reprend la tradition d’introduire dans une scène une personne absente : la continuité dynastique est établie et incontestable. Les regards y sont importants : Oscar joue un rôle clé en initiant un contact visuel qui pousse Charles Jean à nous regarder à son tour ; le regard aimant de Désirée ainsi que la gestuelle des personnages participent d’une atmosphère d’affection et de confiance qui semble entourer cette famille. Ce portrait dynastique remplit le dessein pour lequel il a été peint47 : il confirme la force et la capacité à s’inscrire dans le temps de la jeune et féconde dynastie. L’affirmation de la continuité dynastique, thème récurrent dans les portraits officiels, correspond aux préoccupations liées à la personne du prince Oscar. Dynastie et famille ne font plus qu’une.
Fig. 2

Fredric Westin, Portrait de famille des Bernadotte, vers 1837, huile sur toile, 338 x 400 cm, Nationalmuseum, Stockholm.
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- 48 Station de Métro Désirée Clary, architecte Jean-Jacques Letellier, fresques impression sur tôle éma (...)
33La place singulière de ce tableau dans le corpus des œuvres représentant ces trois premières générations de la dynastie Bernadotte lui confère une dimension emblématique. C’est ainsi qu’en novembre 1952, un tableau vivant fut réalisé pour les soixante-dix ans du roi Gustav VI Adolf, réunissant ses petits-enfants suédois et danois (Fig. 3). Cette reconstitution du portrait de Fredrik Westin mettait notamment en scène celle qui fut couronnée reine du Danemark en 1972, Margrethe II, dans le rôle de Désirée (deuxième en partant de la gauche). Cette reprise, près de 120 ans plus tard, marque bien le rôle central joué non seulement par le Français, mais par l’ensemble des Bernadotte représentées sur le tableau de Westin, dans l’installation et la consolidation, en un mot, dans la stratégie de légitimation de la dynastie. Plus récemment, l’œuvre fut également reprise pour décorer le métro marseillais. Située dans une station construite dans le quartier d’origine de Désirée Clary, elle fait partie d’une série de reprises de tableaux représentant les moments importants de la vie de cette célèbre Marseillaise48.
Fig. 3

Tableau vivant des descendants de Bernadotte réalisé le 11 novembre 1952 au palais royal de Stockholm. Photographie en noir et blanc, 21,5 x 29 cm.
© Her Majesty The Queen's Reference Librairy, The Royal Danish Collection
34Conclusion
- 49 Kristina Widestedt, «A visible presence: royal events, media images and popular spectatorship in Os (...)
35Dans un contexte de forte instabilité monarchique, Jean-Baptiste Bernadotte, maréchal du Premier Empire, fut élu prince héritier au trône de Suède le 21 août 1810. Dès la campagne précédant le vote, son fils Oscar joua un rôle central. Dans un royaume en mal d’héritier, un successeur potentiel déjà père d’un enfant de dix ans et fort de ses exploits militaires fut perçu très favorablement. La dynastie éponyme accéda ainsi aux trônes suédois et norvégien le 5 février 1818. L’étude de la figure d’Oscar permet de mettre en lumière les différentes stratégies utilisées par son père pour légitimer leur arrivée sur le trône. Ainsi une éducation riche et un mariage avantageux permirent au père comme au fils de s’intégrer au paysage royal européen de ce début de xixe siècle. Mais les stratégies de légitimation d’un roi passent aussi par l’image, d’autant que cela coïncide avec le développement de l’incarnation de la nation par les monarques. Ces derniers prennent conscience qu’ils ne reçoivent plus leur légitimité d’un supposé pouvoir divin mais l’acquièrent par leur capacité à représenter le peuple. Leur place sur le trône dépend alors des bonnes relations qu’ils entretiennent avec leurs sujets et notamment de l’affection et de la confiance que ceux-ci leur portent. Ainsi, si ce n’est que sous le règne d’Oscar II (1872-1907) que les Bernadotte entrent pleinement dans une phase de « médias de masse » (reportages de presse dans les journaux, production en série de photographies, entre autres)49, la période de pré-règne d’Oscar pose les bases d’un nouveau modèle de l’institution monarchique en Suède.
Notes
1 Voir notamment les deux numéros de la Revue d’Histoire Nordique, « Bernadotte et son temps 1 : les jeunes années », 2e semestre 2007, no 5, et « Bernadotte et son temps 2 : un roi de Suède-Norvège français », 1er/2e semestre 2008, n° 6/7, ainsi que les mémoires soutenus à l’Université Toulouse-Jean Jaurès à la fin des années 2000 ou encore la biographie de Franck Favier, Bernadotte : un maréchal d’’Empire sur le trône de Suède, Paris, Ellipses, 2010.
2 Charles XIV Jean, roi de Suède et de Norvège, Recueil de lettres, proclamations et discours, Tome Premier, Stockholm, Bonnier, 1838, 312 p.
3 Ces lettres se trouvent dans les Bernadotteska arkivet (BFA), les archives privées de S.M. le roi de Suède et la grande majorité d’entre elles n’a jamais été publiée. Voir Ingemar Carlsson, Stiftelsen Bernadotteska arkivet presenterar kungens familjearkiv genom Ingemar Carlsson, Stockholm, Carlsson, 1995.
4 Voir notamment « Bernadotte » dans Jean Tulard, Dictionnaire Napoléon, nouvelle édition revue et augmentée, Paris, Fayard, 1999, p. 209-210 : « Singulier destin que celui de cet adversaire du coup d’État de Brumaire que Bonaparte combla de faveurs, de ce médiocre stratège, décevant à Iéna, Eylau et Wagram, et pourtant promu maréchal, de ce général républicain qui devint roi de Suède, de ce politique prudent qui prit figure de traître, à côté de Talleyrand et de Fouché, dans l’épopée napoléonienne ! »
5 Christian Desplat, « Le monde de la basoche, milieu d’origine d’un cadet de Gascogne : Bernadotte », Revue d’Histoire Nordique, 2e semestre 2007, no 5, p. 15-36.
6 Maria Teresa Caracciolo (dir.), Les sœurs de Napoléon. Trois destins italiens, Paris, Hazan, 2013.
7 Emmanuel Starcky, Destins souverains. Napoléon 1er, le tsar et le roi de Suède, RMN/Grand Palais, Paris, 2011, p. 80.
8 Jean-Baptiste Isabey, Désirée Bernadotte, princesse de Pontecorvo, avant 1810, miniature, gouache sur ivoire, 6 x 4 cm, Collections de S.M. le Roi de Suède ; Jean-Baptiste Isabey, Oscar (Ier) enfant, vers 1805, miniature, gouache sur ivoire, 6 x 4 cm, Collections de S.M. le Roi de Suède.
9 Pour le sabre, voir Brynolf Hellner, « Le sabre d’honneur de Charles XIV Jean », Bulletin du Musée Bernadotte, 1963, n° 7-8, p. 22-24, et Emmanuel Starcky (dir.), Destins souverains. Napoléon Ier, le tsar et le roi de Suède, Paris, RMN/Grand Palais, 2011, p. 73. Joseph Jouy d’après François-Joseph Kinson, Jean-Baptiste Bernadotte, maréchal de l’’Empire, roi de Suède en 1818 (1764-1844), représenté en 1804, 1852, huile sur toile, 216,4 x 14 cm, Château de Versailles. L’œuvre fut commandée par Napoléon et devait rejoindre les autres portraits des maréchaux de la première promotion dans le palais des Tuileries.
10 Digithèque de matériaux juridiques et politiques. URL : http://mjp.univ-perp.fr/constit/se1810.htm, consulté le 12/02/2018.
11 Charles XIV Jean, roi de Suède et de Norvège, Recueil de lettres, proclamations et discours, Tome Premier, Stockholm, Bonnier, 1838, p. 224-225.
12 Jörgen Weibull, La Suède : un aperçu historique, Stockholm, Institut Suédois, 1993, p. 93.
13 John Peter Collett, « Charles XIV Jean et la démocratie en Norvège (1810-1844) », Revue d’Histoire Nordique, 1er/2e semestre 2008, n° 6/7, p. 95-116, ici p. 98-99.
14 Alma Söderhjelm et Carl-Fredrik Palmstierna, op. cit., p. 100.
15 Aff. étr., corr. polit., Suède, 365, os 165 et 166, dans Gabriel Girod de l’Ain, Bulletin du musée Bernadotte n° 20, 1975, p. 8.
16 « Exposé au comité secret et discours au Comité Secret », 1829, BFA Karl XIV Johan arkiv, Nr 169. Gustave, enrôlé dans l’armée impériale autrichienne, est désigné comme prince dans un almanach militaire. Ce rapport détaille les multiples étapes durant lesquelles Charles Jean tente de faire entendre raison aux différentes cours européennes, et surtout à Metternich et à l’empereur autrichien.
17 Des recherches furent menées autour de ces thèmes à l’université Toulouse-Jean Jaurès dans le cadre de mémoires de master, parmi lesquels celui de Sébastien Horion, Paupérisme, éducation et culture : la question sociale en Suède dans la première moitié du xixe siècle, d’après les archives royales de Bernadotte, Mémoire de Master 1 d’Histoire sous la direction de Jean-Marc Olivier, Université Toulouse-Le Mirail, 2006.
18 Digithèque de matériaux juridiques et politiques, op. cit.
19 Elisabeth Charlotta Hedvig, 1942 IX, s. 454 dans Per Sandin, Ett kungahus i tiden: den Bernadotteska dynastins möte med medborgarsamhället c:a 1810-1860, Uppsala, Acta Universitatis Upsaliensis, 2011, p. 206.
20 Lettre du 29 octobre 1812, BFA, Oscar I:s och drottning Josefinas arkiv, Nr. 40.
21 Per Sandin, op. cit., p. 210.
22 Pour les documents concernant son travail auprès du jeune Oscar, voir BFA, Oscar I:s och drottning Josefinas arkiv, Nr. 39.
23 Louis Lemoine était français, Niels Wulfsberg, son professeur de norvégien, était norvégien.
24 Per Sandin, op. cit., p. 208.
25 Ibid.
26 Alma Söderhjelm et Carl-Fredrik Palmstierna, Oscar I, Stockholm, Bonnier, 1944, p. 42-43.
27 Charles XIV Jean, roi de Suède et de Norvège, Recueil de lettres, proclamations et discours, Tome Premier, Stockholm, Bonnier, 1838, p. 153-161.
28 Ibid., p. 154.
29 Per Sandin, op. cit., p. 205.
30 Alma Söderhjelm et Carl-Fredrik Palmstierna, op. cit., p. 12 et 14.
31 Kistebrev peut être traduit par « imagerie populaire ». Ce type de document est produit pour être vendu à la population pour une somme modique. À ce sujet voir Bengt Bengtsson, Det svenska kistebrevet dess framställningssätt och uttrycksmedel, Stockholm, 1834, ou encore Nils-Arvid Bringéus, Bildlore. Studiet av folkliga bildbudskap, Stockholm, Gidlunds, 1981.
32 J.P. Lundström, Joseph Frans Oscar, 1833, National Library of Sweden, KoB Sv. P. Oscar I 38a. Un court texte figure sur le document : « Joseph François Oscar / Prince héritier de Suède et de Norvège / Duc de Södermanland, grand-Amiral de Suède et de Norvège, Commandant en chef des troupes nationales et privées de Sa Majesté le roi, Général Commandant en chef de Scanie, chef militaire et chef d’artillerie, Colonel de corps de cavalerie et d’infanterie de la bourgeoisie de Stockholm, et aussi chancelier des universités de Uppsala, Lund et Christiania. »
33 Parlement norvégien qui se trouve à Christiania, ancien nom d’Oslo.
34 Voir la lettre du 12 avril 1824 d’Oscar sur sa prise de fonction, BFA, Oscar I:s och drottning Josefinas arkiv, Nr. 1, et celle de Charles Jean du 3 avril 1824 sur ce départ BFA, Oscar I:s och drottning Josefinas arkiv, Nr. 40.
35 Trond Noren Isaksen, «The Power of Presence: Crafting a Norwegian Identity for the Bernadotte Heirs» dans Royal Heirs and the Uses of Soft Power in Nineteenth-Century Europe, Frank Lorenz Müller et Heidi Mehrkens (dirs.), Basingstoke, Palgrave Macmillan, 2016, p. 103-121.
36 Aladin Larguèche, Christiania (1811-1869). Littérature, nation et religion dans la Norvège des années romantiques, Toulouse, Presses Universitaires du Midi, coll. « Tempus », 2015, p. 46.
37 Alma Söderhjelm et Carl-Fredrik Palmstierna, op. cit., p. 43.
38 Pour l’itinéraire de ce long voyage, voir BFA, Oscar I:s och drottning Josefinas arkiv, Nr. 4.
39 Gabriel Girod de l’Ain, Désirée Clary : d’après sa correspondance inédite avec Bonaparte, Bernadotte et sa famille, Paris, Hachette, 1959, p. 286-287.
40 Lettre de Charles Jean à Oscar, 26 mai 1822, BFA, Oscar I:s och drottning Josefinas arkiv, Nr. 40.
41 BFA, Oscar I:s och drottning Josefinas arkiv, Nr. 5.
42 « Message du Roi aux États Généraux du Royaume de Suède, touchant l’échange des Ratifications au Contrat de mariage, entre S.A.R. le Prince Royal et S.A.R. la Princesse JOSEPHINE de Leuchtenberg. Donné au Château de Stockholm le 1 Février 1823 », Kungliga Biblioteket, Stockholm.
43 Monika Wienfort, «Dynastic Heritage and Bourgeois Morals: Monarchy and Family in the Nineteenth Century», dans Frank Lorenz Müller et Heidi Mehrkens (dirs.), Royal Heirs and the Uses of Soft Power in Nineteenth-Century, Basingstoke, Palgrave Macmillan, 2016, p. 163-179, ici p. 165.
44 Sébastien Horion, Paupérisme, éducation et culture : la question sociale en Suède dans la première moitié du XIXe siècle d’après les archives royales de Bernadotte, mémoire de master 1, sous la direction de Jean-Marc Olivier, Université Toulouse II-Jean Jaurès, 2006.
45 Oscar Ier (S.M.), Des peines et des prisons, Paris, Guillaumin, 1842.
46 Fredric Westin, Portrait de famille des Bernadotte, vers 1837, huile sur toile, 338 x 400 cm, Nationalmuseum, Stockholm.
47 Solfrid Söderlind, Poträttbruk I Sverige, Stockholm, Carlsson, 1993, p. 128-129.
48 Station de Métro Désirée Clary, architecte Jean-Jacques Letellier, fresques impression sur tôle émaillée de Patrick Ventujol. Voir : http://www.patrickventujol.com/parcours.html, consulté le 03/09/2020.
49 Kristina Widestedt, «A visible presence: royal events, media images and popular spectatorship in Oscarian Sweden» dans Frank Lorenz Müller et Heidi Mehrkens (eds.), Royal Heirs…, op. cit., p. 45-61.
Haut de pageTable des illustrations
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Titre | Fig. 1 |
Légende | Jean-Baptiste Isabey, Oscar (Ier) enfant, vers 1805, miniature, gouache sur ivoire, 6 x 4 cm, Collections de S.M. le Roi de Suède. |
URL | http://journals.openedition.org/framespa/docannexe/image/9801/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 328k |
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Titre | Fig. 2 |
Légende | Fredric Westin, Portrait de famille des Bernadotte, vers 1837, huile sur toile, 338 x 400 cm, Nationalmuseum, Stockholm. |
Crédits | © Libre de droits / Wikimedia Commons |
URL | http://journals.openedition.org/framespa/docannexe/image/9801/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 168k |
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Titre | Fig. 3 |
Légende | Tableau vivant des descendants de Bernadotte réalisé le 11 novembre 1952 au palais royal de Stockholm. Photographie en noir et blanc, 21,5 x 29 cm. |
Crédits | © Her Majesty The Queen's Reference Librairy, The Royal Danish Collection |
URL | http://journals.openedition.org/framespa/docannexe/image/9801/img-3.jpg |
Fichier | image/jpeg, 53k |
Pour citer cet article
Référence électronique
Lisa Castro, « Un prince français en Suède. Les stratégies de légitimation dans l’édification de la dynastie Bernadotte (1810-1844) », Les Cahiers de Framespa [En ligne], 35 | 2020, mis en ligne le 30 octobre 2020, consulté le 24 mars 2025. URL : http://journals.openedition.org/framespa/9801 ; DOI : https://doi.org/10.4000/framespa.9801
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