- 1 Pour le développement de l’archéologie au CNRS, intégrant la création de Gallia, voir Gran-Aymerich (...)
- 2 Cette loi no 90 « tendant à assurer la coordination des recherches archéologiques sur le territoire (...)
1Gallia a 80 ans. Le 31 mai 1943 paraissait le premier fascicule du tome 1 (fig. 1), préparé dès 1942, suivi le 15 avril 1944, avec le même millésime, du fascicule 2. La création de cette revue nationale, déjà alors de portée internationale, découle directement des missions confiées par la loi no 90 du 21 janvier 1942 à la XVe commission consultative – Fouilles archéologiques dans la France métropolitaine – du Centre national de la recherche scientifique (CNRS)1. En effet, l’article 1er stipule notamment que le CNRS « assure et dirige la publication des recherches et des résultats des fouilles historiques et archéologiques »2 (fig. 2).
Fig. 1 – Couverture du premier volume de Gallia (tome 1, fascicule 1, 1943)
Fig. 2 – Extrait du Journal officiel de l’État français. Lois et décrets du 14 février 1942, dans lequel est parue la loi no 90 du 21 janvier 1942
Soixante-quatorzième année, no 39, p. 645-646.
Source : Légifrance (https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/jo).
- 3 Le tome 3, qui aurait été daté de 1945, n’existe pas, mais Albert Grenier avait souhaité en 1946 qu (...)
- 4 Entre 1943 et 1986, la majorité des tomes comprenait deux fascicules ; la création de Gallia Inform (...)
- 5 En 2023, on compte 65 suppléments numérotés de 1 à 65, mais certains réunissent plusieurs volumes l (...)
2La revue couvre un intervalle chronologique réunissant « la Préhistoire depuis les origines, l’Antiquité classique [et] l’Époque barbare jusqu’à la fin du viiie siècle ap. J.-C. [et ce] dans les limites du territoire métropolitain », puis se restreint en 1958 avec la création de Gallia Préhistoire, qui prend notamment en compte l’âge du Bronze. Elle a vocation à produire des articles de fond, mais aussi des chroniques de fouilles liées à l’activité des circonscriptions archéologiques et, un temps, les lois en lien avec l’archéologie nationale ainsi que des recensions ou chroniques bibliographiques. Au total, ce sont 80 tomes qui sont parus3, composés en réalité de 134 volumes (1943-2023)4. Par ailleurs, dès 1946, une série de suppléments est créée afin de publier « les mémoires trop étendus pour paraître dans les revues » (Grenier 1943)5.
- 6 Gallia Informations est paru sous la forme de 12 volumes et 3 CD-Rom. La liste complète est disponi (...)
3L’augmentation exponentielle des « Informations archéologiques » a induit la création en 1987 d’une autre revue sœur de Gallia : Gallia Informations – L’archéologie des régions (fig. 3), publiée sur papier avec des volumes réunissant plusieurs territoires régionaux (1987-1996), puis sur CD-Rom (1997-2001), puis enfin en ligne avec diverses étapes qui ont finalement conduit à l’actuelle revue numérique Archéologie de la France – Informations (AdlFI)6 (fig. 3).
Fig. 3 – Couverture du premier volume de la revue Gallia Informations (1988)
« La photographie représente un cadastre de la région d’Orange ; elle a été réalisée par satellite et a fait l’objet d’un traitement numérique par ordinateur » (C. Goudineau, Lettre adressée à la direction des Presses du CNRS, 7 mars 1988).
- 7 Les directeurs successifs entre 1943 et 2023 sont au nombre de sept : Albert Grenier (1943-1961), P (...)
- 8 Il n’est pas question ici de dresser une histoire détaillée de la revue, mais d’en brosser un table (...)
4La consultation des quelques éditoriaux et avant-propos qui se sont succédé au fil des changements de direction ou d’événements particuliers permet de mesurer à grands traits l’évolution de la politique éditoriale7. Elle répond, en grande partie, au développement de la pratique de l’archéologie, à l’augmentation exponentielle des données acquises sur le terrain et aussi à celle du nombre d’archéologues et de colloques et séminaires8.
5Ainsi, en 1943, Albert Grenier est particulièrement précis sur les objectifs de la revue qui :
« s’efforcera de répondre purement et simplement à l’office qui lui a été assigné : faire connaître au jour le jour le travail archéologique qui s’accomplit chez nous et avoir pour objet les antiquités de la France métropolitaine. Notre idéal serait de donner sur les fouilles et les découvertes les premiers rapports du fouilleur, d’après son journal de fouilles, avec ses photographies et les croquis pris sur le terrain, bref le document brut, avant son élaboration, le fait tel qu’il sort de la terre. En étudiant, dans les revues, les comptes rendus de fouilles anciens, on s’aperçoit en effet qu’une seule chose conserve son intérêt : le fait, l’observation de ce qui a été mis au jour, et des circonstances de la trouvaille, des niveaux et de toute l’ambiance. Tout le reste, développements théoriques, considérations historiques ou autres, est vite périmé. Il en est de même quand il s’agit de la publication d’objets archéologiques : on ne lit plus que ce qui est description précise ou analyse. Nous voudrions que les fascicules de Gallia demeurent encore lisibles dans quelques années. »
Il précise plus loin qu’il s’agit bien là de publier prioritairement les données comme premier matériau réutilisable, sans nécessairement y ajouter d’interprétation scientifique (Grenier 1943).
- 9 La collection, dont le titre est bien proche du sous-titre qui sera donné à Gallia, est présentée p (...)
6Ce concept éditorial, qui pourrait résonner aujourd’hui avec les politiques publiques d’ouverture des données de la recherche, renvoie cependant principalement aux courtes « Informations archéologiques » régionales, car la revue publie aussi dès l’origine des articles de synthèse et des notes portant sur des sites majeurs et des mobiliers. A. Grenier s’inspire là des exemples italiens des Notizie Degli Scavi et, pour les suppléments, de la collection des Monumenti Antichi, qu’il connaît bien pour avoir été membre, et d’ailleurs aussi directeur, de l’École française de Rome (Duval 1972 ; 1973). Il est guidé aussi, sans doute, par les notes qu’il rédigeait pour la Revue des études anciennes et également par la collection « Fouilles et documents d’archéologie antique en France » qu’il lance en 1941 (Chenet 1941), mais dont un seul tome paraîtra (Gran-Aymerich, Gran-Aymerich 1990, p. 96-97 ; Gran-Aymerich 2007, p. 459-460)9.
- 10 Cette séparation, qui s’explique par l’ampleur de plus en plus importante des données recueillies, (...)
7Onze ans plus tard, A. Grenier se félicite d’ailleurs d’avoir été suivi par les directeurs des circonscriptions qui enrichissent régulièrement les « Informations archéologiques » et ouvre dans la revue une nouvelle rubrique dite de « Documents commentés », notamment graphiques et accompagnés d’une courte notice, qui sera continument alimentée entre 1954 et 1965 (Grenier 1954). La revue ne connaîtra pas d’évolution majeure avec son successeur Paul-Marie Duval qui, quand il devient directeur en 1961, intervenait déjà au sein de Gallia depuis 1946. Il maintient dans la revue une volonté de « publier les matériaux archéologiques, à tous les degrés d’étude (signalement, note plus détaillée, analyse approfondie, comparaison) » (Duval 1972, p. 2) et est à l’origine de la création de Gallia Préhistoire en 195810.
- 11 Voir aussi le point de vue spécifique de J. Guilaine sur son expérience à la tête de Gallia Préhist (...)
- 12 Un exemplaire (incomplet) de ce rapport est conservé dans les archives de la MSH Mondes sous la côt (...)
8En 1987, un tournant important est imputable à Christian Goudineau et à Jean Guilaine, directeurs de Gallia et de Gallia Préhistoire, avec la création d’une « nouvelle série “Informations archéologiques” […] conservant le rythme des anciennes Chroniques [et présentant] l’ensemble de l’activité de toutes les régions françaises, ainsi que les recherches sous-marines », l’ensemble étant dès lors coédité par le CNRS et le ministère de la Culture, sous le titre de Gallia Informations. Comme leurs prédécesseurs, C. Goudineau et J. Guilaine avaient saisi l’importance de ces notices qui, souvent, constituent le seul élément publié d’une opération de terrain. Ils ont même souhaité en élargir le champ chronologique « jusqu’aux temps modernes, voire jusqu’à l’archéologie dite “industrielle” » (Goudineau, Guilaine 1987-1988a ; 1987-1988b)11. En 1989, après des débats au sein du comité de rédaction, et en tenant compte de l’existence de nouvelles revues interrégionales, il émet le vœu « que Gallia s’oriente vers la présentation de synthèses portant soit sur des opérations de terrain soit sur des thèmes de recherche, qu’elle offre des mises au point sur des sujets d’intérêt général [notant qu’] une telle réorientation ne se fait pas en un jour » (Goudineau 1989). Il faut rappeler à cet égard que C. Goudineau avait rédigé en 1985 un long Rapport sur Gallia (fig. 4), dans lequel il dressait un remarquable état des lieux12.
Fig. 4 – Couverture du Rapport sur Gallia par Christian Goudineau (1985)
Source : service des archives de la MSH Mondes, cote GA-V09-03.
9Cette nouvelle politique se concrétise cependant assez rapidement et est encore étendue en 1995, sous la houlette de Fanette Laubenheimer, avec la mise en place de « véritables dossiers thématiques ». Chaque tome comprend désormais un tel dossier ainsi que des articles de Varia. Parallèlement, la forme de Gallia Informations évolue en passant sur CD-Rom en 1997 (Laubenheimer 1994 ; 1996) (fig. 5).
Fig. 5 – Capture d’écran du menu d’accueil du premier CD-Rom de Gallia Informations (1997)
- 13 Depuis la création de la revue, seuls six articles ont été publiés en langue anglaise (en 1995, 200 (...)
10En 2008, il est considéré, dans une certaine continuité, que, « concernant le contenu éditorial (les dossiers thématiques et les articles parus dans la revue), Gallia continuera de privilégier des synthèses scientifiques courtes, les articles des découvertes archéologiques ou épigraphiques importantes, les contributions ayant le potentiel de susciter des discussions et les chroniques thématiques pouvant servir de tribune à l’actualité de la recherche » (Van Andringa 2008). Le contenu de la revue est toutefois amplifié, avec la publication régulière à partir de 2009 de deux volumes, l’un de Varia et l’autre sous la forme d’un dossier thématique. S’y ajoute un peu plus tard, en 2015, avec l’adjonction du sous-titre « Archéologie des Gaules », un souhait, malheureusement relativement peu suivi d’effets, d’étendre les articles, y compris en langue anglaise13 « en dépassant le cadre étroit de la seule France métropolitaine. Sont ainsi prises en compte les limites définies à l’époque romaine par les provinces de Narbonnaise, des Trois Gaules et des Germanies, qui incluent donc les pays frontaliers que sont la Belgique, le Grand-Duché du Luxembourg ainsi qu’une partie importante de l’Allemagne, des Pays-Bas et de la Suisse » (Monteil 2015). L’excellence scientifique de la revue est toutefois encore renforcée durant cette période (Monteil 2019).
11Les années 2000 voient aussi la relance d’une réflexion sur la publication des « Informations archéologiques », tenant compte de l’existence depuis 199214, à l’instigation du ministère de la Culture, de Bilans scientifiques régionaux (BSR) édités par les services régionaux de l’archéologie et contenant les résumés des opération archéologiques de l’année. En 2003 est ainsi créée une nouvelle revue entièrement numérique, Archéologie de la France – Informations (AdlFI), coéditée par le ministère de la Culture (Sous-direction de l’archéologie) et l'institut des Sciences humaines et sociales (InSHS) du CNRS. D’abord hébergée sur un site internet de la Maison Archéologie et Ethnologie René-Ginouvès (actuelle MSH Mondes) et ouverte au public en 2009 (Van Andringa 2008), elle est finalement transférée sur la plateforme numérique Revues.org (aujourd’hui OpenEdition Journals), qui lui assurait une meilleure stabilité technique et une plus large diffusion. Après migration des données entre 2012 et 2013, l’accès au public y est ouvert en juin 2014. La plateforme n'est plus alimentée à partir de 2017 et rouvre en décembre 2020, avec un modèle de notices et une interface entièrement renouvelés, réassociant visuellement et dans la structuration de leurs métadonnées les deux revues Gallia et AdlFI (fig. 6) (Renault et al. 2020 ; Coquet et al. 2021)15.
Fig. 6 – Pages d’accueil des sites AdlFI successifs
A, site web (MAE René-Ginouvès) ; B, Revues.org (2014-2019) ; C, OpenEdition Journals (depuis 2020).
12Créée par le CNRS en 1942, Gallia en est restée pendant longtemps une « revue propre », c’est-à-dire intégralement financée par cet organisme de recherche et bénéficiant de personnel attitré et de locaux, avec aussi des nominations officielles des directeurs et des comités. À partir de 1987, l’éditeur a en outre bénéficié d’une subvention annuelle du ministère de la Culture (Sous-direction de l’archéologie) qui a été allouée à sa publication. Bien qu’elle ait aujourd’hui perdu cette étiquette de revue propre, Gallia, mais aussi AdlFI, bénéficient toujours du soutien, en quelque sorte historique, de l’InSHS du CNRS, pour son budget de fonctionnement, son hébergement et son secrétariat de rédaction, ainsi que du concours financier de la Sous-direction de l’archéologie pour l’impression des volumes. L’édition et la diffusion ont été assurées successivement par les Presses universitaires de France (1943-1944), les Éditions de Boccard (1946), les Éditions du CNRS (1947-1991), puis par CNRS Éditions depuis 1992.
- 16 Le lien avec Gallia, principale occupation de ce comité, est d’autant plus étroit qu’Albert Grenier (...)
- 17 La XVe commission est ainsi hébergée au siège du CNRS au 13 quai Anatole-France, Paris VIIe (1943-1 (...)
- 18 Ce CID porte successivement les nos 41 0040 et 9904, puis devient une unité propre de recherche no (...)
13Entre 1943 et 1947, la revue est l’organe de publication de la XVe commission consultative du CNRS pour les fouilles archéologiques en France métropolitaine, avant que cette dernière ne soit remplacée, en 1948, par un Comité technique de la recherche archéologique en France. Ce dernier a pour missions, au sein du CNRS toujours, d’assurer l’étude scientifique des données de fouille, de conseiller les directeurs de circonscription, de servir de lien entre les chercheurs français et de les aider, de donner son avis sur les créations d’organismes en relation avec l’archéologie et aussi « d’assurer la publication rapide des résultats des travaux, en particulier dans la revue Gallia et dans les collections spécialisées » (Gallia, 6-1, 1948, p. 288). Le directeur (puis les directeurs) et le comité de rédaction de la revue font d’ailleurs partie de ce comité, qui a pour président le secrétaire perpétuel de l’Académie des inscriptions et belles-lettres et, à partir de 1958, pour vice-président le directeur général du CNRS16. Dès l’origine, ces structures disposent de locaux où est hébergée l’équipe éditoriale de Gallia17. En janvier 1982, un nouveau changement intervient et les revues sont désormais indiquées comme « les organes du Centre d’information et de documentation du CNRS (CID) », dont la direction est assurée par Paul-Marie Duval, puis Christian Goudineau. À sa création, ce CID est qualifié d’« opération exemplaire de la politique conduite par la direction scientifique au secteur des humanités », avec notamment la mise en place d’une importante bibliothèque « Albert Grenier » concernant la Gaule (Duval et al. 1982)18.
- 19 La MAE René-Ginouvès est devenue en 2009 une unité de service et de recherche (USR 3225), et a été (...)
14À partir de mars 1994, les deux revues relèvent d’une unité propre de service (UPS) « Gallia – Gallia Préhistoire – Gallia Informations no 852 », dirigée par Fanette Laubenheimer, à l’époque également directrice de Gallia. Cette configuration singulière connaît son terme en mars 1998 où l’UPS n’est pas reconduite et où le pôle de publications Gallia, n'étant plus désormais un laboratoire à part entière, est intégré, avec d’autres revues, au sein de la Maison Archéologie et Ethnologie (MAE) René-Ginouvès, constitutive d’une unité mixte de service no 844 et qui donne naissance à l’actuel pôle éditorial (Rouillard 2014)19.
- 20 Cette situation va évoluer à la marge entre 1982 et 1986, où les deux sections disposent de vice-pr (...)
15Entre 1943 et 1986, l’essentiel du travail scientifique repose sur l’investissement fort des deux directeurs A. Grenier puis P.-M. Duval. Un comité de direction (1947-1948), puis de rédaction, à partir de 1950 et jusqu’à nos jours, existe cependant et compte en moyenne une douzaine de membres, consultés ponctuellement et convoqués en assemblée de manière assez irrégulière. Les préhistoriens y sont très minoritaires jusqu’en 1960, date à laquelle le comité se subdivise en deux sections, l’une « historique », l’autre « préhistorique », comptant chacune six membres, tandis que P.-M. Duval est directeur et A. Leroi-Gourhan, qui siège dans le comité depuis 1948, est directeur-adjoint20.
- 21 S’agissant d’une revue propre, les directeurs et les membres du comité sont nommés, au moins depuis (...)
- 22 Avec Katherine Gruel, en tant que représentante de la section 31 du CNRS ; suivie l’année suivante (...)
16L’année 1987 marque une évolution majeure avec désormais deux comités distincts, composés chacun d’une douzaine de membres, réunis plus régulièrement et intervenant plus fortement dans les choix scientifiques et éditoriaux, et deux directeurs, l’un pour Gallia et l’autre pour Gallia Préhistoire21. Exclusivement masculin depuis sa création, outre sa rédaction en chef, le comité de Gallia ne commence à se féminiser qu’à partir de 199222.
- 23 Entre 1987 et 1994, le comité dispose d’un président (Paul-Albert Février, puis Michel Christol). D (...)
17Cette configuration générale va perdurer jusqu’à nos jours, avec comme évolution principale l’apparition d’un comité international en 200923. Depuis 1943, 80 personnes se sont succédé au sein du comité de direction/rédaction. Très parisienne à ses débuts, la composition du comité est aujourd’hui guidée par une répartition la plus homogène possible entre périodes chronologiques, spécialités, géographie et institutions d’appartenance.
18Dès 1943, les structures évoquées précédemment sont dotées d’un personnel affecté par le CNRS, qui assure le secrétariat de la revue, mais est longtemps frappé d’une réelle invisibilité. Fait exception, aux débuts de la revue, Maurice Toussaint qui apparaît sur les couvertures des volumes des années 1948 à 1954 comme « secrétaire de la rédaction » et auquel A. Grenier rend hommage après son décès en signalant que sa « disparition laisse un vide cruel dans notre bureau de Gallia que son amabilité et dévoûment [sic] toujours prêt à rendre de précieux services. Tous les articles de nos collaborateurs ont passé entre ses mains, il en établissait l’illustration, il revoyait les épreuves, assurait la correction, surveillait la mise en page ; c’est lui qui, avec l’aide d’une seconde secrétaire également dévouée, établissait les index. Les douze volumes de Gallia parus jusqu’ici et même le présent fascicule lui doivent beaucoup » (Grenier 1955).
19Sans enquête poussée dans les archives, on ne peut en dire davantage, si ce n’est que les secrétaires de rédaction ne reviennent à la lumière qu’à partir de 1987-1988, pour ne plus quitter ensuite les pages de couverture, et même être signalés, en des temps de difficulté, comme étant évidemment des pièces essentielles du dispositif (Van Andringa 2014 ; Monteil 2018).
- 24 Ce médaillon fait partie d’une grande mosaïque, trouvée vers 1875 à Zeugma (actuelle province de Ga (...)
20Dès l’origine, la couverture porte, en dehors des mentions des institutions, de l’éditeur et de la tomaison, le titre de la revue en capitales noires, « GALLIA » et son sous-titre « Fouilles et monuments archéologiques en France métropolitaine ». L’ensemble se détache en noir sur un fond cartonné rouge. En 1953 (tome 11), est ajouté un médaillon représentant un « portrait de la Gaule, tourelée, sur une mosaïque de Zeugma sur l’Euphrate (Musée de Berlin) » (fig. 7)24.
Fig. 7 – A, couverture du tome 11 de Gallia (1953) ; B, déclinaisons du médaillon de la « Gaule personnifiée » (1954-1994) ; C, ce médaillon est issu de la mosaïque « des Provinces » de Zeugma (Belkis, Turquie)
Cliché : BPK, Berlin, Dist. RMN-Grand Palais - Johannes Laurentius.
- 25 L’identification de cette photographie, avec « © Centre Jean-Bérard, Institut de Naples », nous a é (...)
- 26 Les évolutions de maquette sont communes, avec des variations de couleurs et d’illustrations en cou (...)
21La graphie du nom de la revue va évoluer (fig. 8), sans toutefois qu’il y ait d’autres changements majeurs. En 1995, avec la nouvelle direction de F. Laubenheimer, les transformations sont plus importantes. Gallia passe en rouge sur un cartouche central blanc, accompagné d’une modification du titre qui devient « Archéologie de la France antique » et d’un fond composé désormais d’une photographie rougeâtre illustrant la stratigraphie des dépôts volcaniques de Pompéi25 (fig. 9, A). Par la suite, en 2009, William Van Andringa étant directeur, le nom Gallia est écrit en minuscules, avec les couvertures des dossiers qui se différencient par une illustration originale et changeante, tandis que celle des Varia est caractérisée par un extrait de la Table de Peutinger, centré sur les Gaules et les Germanies romaines (fig. 9, B). À partir de 2015, la couverture des Varia porte aussi une figure liée chaque fois à l’un des articles, tandis que le sous-titre devient « Archéologie des Gaules »26 (fig. 9, C).
Fig. 8 – Évolution de la graphie du nom de la revue Gallia de 1943 à 1994
A, en lettres capitales noires (1943-1954) ; B, en lettres capitales italiques stylisées blanches (1955-1979) ; C, en lettres capitales blanches plus rondes (1980-1994) ; D, en petites capitales rouges (1995-2008) ; E, en lettres minuscules et dégradé de rouge (depuis 2009).
Fig. 9 – Évolution des couvertures de la revue Gallia de 1995 à 2015
A, 1995 (t. 52) ; B, 2009 (t. 66-1 et 66-2) ; C, 2015 (t. 72-2).
22Gallia a évidemment évolué aussi au rythme des améliorations techniques en matière d’édition. Dans les premiers temps, les textes étaient tapés à la machine, tandis que les illustrations photographiques ou sur papier et calque réclamaient un temps de préparation important et une équipe technique nombreuse et dédiée. La première mention en est faite en 1987, où il est noté que la maquette de la revue a changé parce que « le passage à la photocomposition a imposé l’adoption de nouveaux “corps”. La présentation sur deux colonnes permet des textes plus longs et une organisation iconographique plus souple à de moindres frais » (Goudineau 1987-1988). L’irruption des outils de dessin et de publication assistés par ordinateur intervient en 1995, avec les mentions en 2e de couverture de DAO et de PAO, permettant aussi de « rajeunir [la] maquette » (Laubenheimer 1996).
23Le secrétariat de rédaction est doté d’une adresse mail en 1998 et la revue bénéficie d’une plus grande visibilité grâce à un site internet ouvert en 2002 et amélioré en 2015. Cette même année, la revue Gallia arrive sur les réseaux sociaux numériques. Le site officiel a été refondu et rendu plus performant en 2021 avec des pages multilingues détaillant le fonctionnement de la revue, donnant un inventaire des publications et permettant la mise à disposition d’annexes documentaires numériques27 liées aux articles, structurées, déposées et exposées dans un entrepôt de données public28.
24La réflexion sur les usages du numérique, en lien avec les questions d’accès ouvert aux publications, s’est accentuée avec le lancement en 2009 de la revue en ligne Archéologie de la France – Informations, mais aussi en 2010 avec la numérisation et l’ouverture gratuite sur le portail Persée29 des volumes de Gallia parus entre 1943 et 2009 ; puis, en début d’année 2016, avec le passage à une barrière mobile de 2 ans, sur Jstor30, donnant une plus grande lisibilité à l’international ; et enfin avec la mise en ligne, à compter de 2018, des volumes suivants sur la plateforme OpenEdition Journals (programme Freemium31). Actuellement, les articles du Varia sont déposés au fil de l’eau en version numérique et compilés en fin d’année en un volume papier ; le dossier thématique est quant à lui diffusé de façon concomitante en sortie papier et numérique.
25Cette diffusion multisupport, papier et numérique, a amené la revue à changer profondément ses outils et modalités de fabrication. Sur le modèle du single source publishing, grâce aux outils développés par l’infrastructure Métopes32, la production éditoriale s’opère désormais dans un environnement normé, utilisant un standard de description structurée (XML-TEI) qui assure à la revue une pérennisation de ses contenus et une haute qualité des métadonnées associées (Renault et al. 2020 ; Coquet et al. 2021).
26Jusque-là, on ne disposait, pour analyser le contenu de la revue, que de quelques éléments statistiques concernant 10 volumes parus entre 1995 et 2004, et portant sur le nombre de pages, la représentation des régions, les champs chronologiques, les auteurs, etc. (Aubin dir. 2007, p. 107-111). Depuis 2021, l’équipe éditoriale construit et alimente une base de données bibliographiques de l’ensemble de la production de la revue Gallia. L’objet de cette base est de permettre une étude sur le corpus de publications, mais également de mettre à la disposition du public des outils d’interrogation avancée (thématique, chronologique, géographique, réseaux d’auteurs et d’institutions) et une interface de recherche cartographique des publications de Gallia et AdlFI.
- 33 Ces premiers éléments statistiques seront complétés, augmentés et progressivement mis à disposition (...)
27Dans l’attente de la parution d’un tel outil, qui permettra de plus amples analyses, le choix s’est porté ici sur une illustration composite (fig. 10) qui évoque, mieux qu’un long discours, quelques premiers éléments d’information statistique33.
Fig. 10 – Quelques statistiques concernant Gallia, extraites de la base de données Heurist de la revue
Base de données : N. Coquet, E. Maines ; DAO : N. Coquet (MSH Mondes).
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28En quatre-vingts ans d’existence, la politique éditoriale de la revue a évolué pour s’adapter aux nouvelles orientations et pratiques de son champ disciplinaire, aux évolutions des outils et supports de diffusion et à la place spécifique qu’elle occupe au sein du paysage de l’édition française. D’unité propre du CNRS à son intégration au sein du pôle éditorial de la MSH Mondes, en s’adossant aujourd’hui aux infrastructures de recherche publiques et aux différents réseaux des métiers de l’édition et de l’information scientifique et technique, Gallia poursuit les missions originelles qui lui ont été confiées, mêlant la publication scientifique et la structuration de ressources documentaires pour l’archéologie nationale.