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Dossier

Introduction

Le genre domestique : vingt-cinq ans de recherches sur la maison médiévale et le genre
The gender of the domestic: Twenty-five years of research on the house and household in the Middle Ages
Solène Baron et Clémentine Girault

Texte intégral

  • 1 L’histoire de l’architecture et du bâti a produit des synthèses importantes : Pierre Garrigou-Grand (...)
  • 2 Danièle Alexandre-Bidon, Françoise Piponnier et Jean-Marie Poisson (dir.), Cadres de vie et manière (...)

1La maison, lieu majeur de socialisation et d’interactions, interroge les modes d’appropriation de l’espace par ses habitant·es ainsi que les logiques de production des normes et comportements de genre. Elle bénéficie d’un intérêt éditorial renouvelé à la suite de la pandémie de Covid-19 qui a exacerbé les paradoxes de l’espace domestique contemporain, privé mais poreux, humain et multispécifique, refuge autant que lieu de violence. La polysémie de cet objet le rend difficile à circonscrire, ce que confirme d’ailleurs l’éclatement thématique de la bibliographie sur le Moyen Âge. Recouvrant une réalité architecturale (l’édifice), la maison désigne aussi par métonymie le groupe de personnes vivant sous le même toit, tout en ayant un sens économique (le bien immobilier voire les biens matériels qui y sont renfermés) ou encore parental (le lignage). En France notamment, les différentes acceptions du terme sont étudiées par des disciplines ou des champs historiographiques distincts, évoluant de façon relativement autonome1, malgré des publications au carrefour de plusieurs perspectives2.

  • 3 Élie Haddad, « Qu’est-ce qu’une “maison” ? De Lévi-Strauss aux recherches anthropologiques et histo (...)
  • 4 Morsel, Noblesse, parenté…, op. cit.
  • 5 Anita Guerreau-Jalabert, Régine Le Jan et Joseph Morsel, « De l’histoire de la famille à l’anthropo (...)
  • 6 Claude Lévi-Strauss, « Nobles sauvages », in Culture, science et développement – contribution à une (...)
  • 7 Janet Carsten et Stephen Hugh-Jones (dir.), About the House. Lévi-Strauss and Beyond, Cambridge, Ca (...)
  • 8 Haddad, « Qu’est-ce qu’une “maison” ?... », p. 122 ; Jacques Le Goff, « Christiane Klapisch-Zuber, (...)
  • 9 Christiane Klapisch-Zuber, La maison et le nom. Stratégies et rituels dans l’Italie de la Renaissan (...)

2L’histoire de la parenté a longtemps été structurante dans la réflexion croisant l’histoire des femmes, puis l’histoire du genre, et la maison entendue comme famille ou lignage. Initialement emprunté à la médiévistique par Claude Lévi-Strauss, le terme de maison au sens de groupe de parenté n’apparaît pourtant en français qu’au XVe siècle, avant que sa signification ne soit restreinte au patrilignage noble au cours de la seconde modernité3. Cette dernière définition est inapplicable à une société médiévale dont le système de parenté est indifférencié4 et où le rôle de l’alliance ne peut être négligé5. Dans son acception lévi-straussienne, la maison est en revanche définie comme une institution combinant logiques patrilinéaires et matrilinéaires, dont la perpétuation est assurée aussi bien par l’alliance (le mariage des filles) que la filiation (l’héritage des fils)6. Elle est une personne morale détentrice de biens matériels, notamment fonciers, et immatériels. Le concept est donc enchâssé dans une réflexion sur les structures de parenté, bien qu’il ait donné lieu à des études sur la morphologie de l’habitat7. Le dialogue entre médiévistes et anthropologues a ainsi permis aux premier·ères d’approfondir leur compréhension des structures de parenté, mais rares sont les historien·nes ayant repris à leur compte la définition lévi-straussienne de la maison. Les travaux de Christiane Klapisch-Zuber sur les case florentines constituent en cela une exception notable8 : en s’intéressant aussi bien aux structures de parenté qu’aux affaires domestiques et aux objets, elle ouvre la voie à une approche globale, dont la postérité est somme toute limitée9.

  • 10 Pierre Deffontaines, L’homme et sa maison, Paris, Gallimard, 1972 ; Amos Rapoport, Pour une anthrop (...)
  • 11 Alexandre-Bidon/Piponnier/Poisson (dir.), Cadres de vie…, op. cit. ; Pierre-Olivier Dittmar, « Co-h (...)
  • 12 Simone Roux, La maison dans l’histoire, Paris, Albin Michel, 1976.
  • 13 Philippe Ariès et Georges Duby, Histoire de la vie privée, tome 2, De l’Europe féodale à la Renaiss (...)
  • 14 David Herlihy, Medieval Households, Cambridge, Harvard University Press, 1985 ; Raffaella Sarti, Vi (...)
  • 15 Pour le Moyen Âge : Katherine L. French (dir.), A Cultural History of the Home in the Medieval Age, (...)
  • 16 Cordelia Beattie, Anna Maslakovic et Sarah Rees Jones (dir.), The Medieval Household in Christian E (...)
  • 17 Cela n’allait pas de soi : dans les années 1980-1990, les recherches portaient plutôt sur les campa (...)
  • 18 Glenn D. Burger, Conduct Becoming: Good Wives and Husbands in the Later Middle Ages, Philadelphie, (...)
  • 19 Les termes home, house, household, domesticity posent des difficultés de traduction : leurs nuances (...)
  • 20 Kim M. Phillips, Medieval Maidens: Young Women and Gender in England, c. 1270-c. 1540, Manchester, (...)
  • 21 Pour la France, soulignons les travaux sur les images domestiques, qui mêlent questionnement histor (...)
  • 22 D. Vance Smith, Arts of Possession: The Middle English Household Imaginary, Minneapolis, University (...)
  • 23 Myra Seaman, Objects of Affection. The Book and the Household in Late Medieval England, Manchester, (...)
  • 24 Mark Gardiner, « Buttery and Pantry and their Antecedents: Idea and Architecture in the English Med (...)

3Parallèlement, la maison comme espace vécu est devenue un terrain fécond pour les géographes, passant de l’étude de l’habitat à celle de l’habiter10. Impliquant l’étude des pratiques et une réflexion multiscalaire, le concept de l’habiter a été repris par l’ensemble des sciences humaines et sociales francophones. Les médiévistes s’intéressent ainsi à la maison et à l’espace vécu depuis les années 198011, autant que les sources, limitées, permettent de le faire. Les premières synthèses historiques sur la maison médiévale remontent aux années 1970 et 1980, avec l’ouvrage pionnier de Simone Roux, qui traitait essentiellement de l’habitat, malgré une sensibilité aux « manières d’habiter12 ». A suivi le volume de l’Histoire de la vie privée consacré au Moyen Âge, où l’espace domestique est assimilé au privé, et où les rôles des femmes et des hommes dans la maison ne sont pas abordés frontalement13. D’autres synthèses sont parues14, mais le genre n’est devenu une catégorie d’analyse et un objet de réflexion à part entière que dans une série de publications des années 2010, consacrées exclusivement à la maison et à la sphère domestique15. Les années 2000, point de départ assigné à ce bilan historiographique, sont marquées par un renouveau éditorial et scientifique initié par une équipe de chercheur·euses britanniques dans trois publications importantes16. Ces travaux et ceux qui s’inscrivent à leur suite, souvent en anglais, sont marqués par la diversité disciplinaire voire l’interdisciplinarité, une forte focalisation sur le monde urbain17, leur attention à l’Europe du Nord et l’Italie, ainsi qu’aux deux derniers siècles du Moyen Âge et à la Renaissance. La surreprésentation des études portant sur les XIVe, XVe et XVIe siècles, s’explique en partie par l’abondance documentaire, notamment celle des sources notariales, mais aussi par le développement de nouveaux genres littéraires réservant une place importante à la gestion du foyer18. Cette floraison récente d’ouvrages en anglais dédiés à la maison(née)19 témoigne de la constitution d’un champ de recherche dynamique ayant pleinement intégré les questions de genre et leur réservant une place centrale. Réciproquement, les synthèses en anglais sur les femmes et le genre consacrent une part importante de la réflexion à l’espace et à la vie domestiques20. L’interdisciplinarité ainsi que l’approche culturaliste ont stimulé des réflexions sur le fait domestique abordant la maison en objet hybride, à la fois matériel et idéel, voire idéologique21, incluant humains et non-humains, animé et inanimé : il en résulte des combinaisons méthodologiques originales, mêlant littérature et économie22, associant l’anthropologie à la codicologie23 ou à l’architecture24. Quant aux ouvrages de synthèses sur la maison, ils démontrent la volonté d’en faire un objet historique total, démarche encore peu présente en France.

  • 25 Le dossier prend son origine dans une journée d’étude organisée le 1er juin 2023 à l’Université Par (...)
  • 26 Ce modèle a été adopté notamment dans Hanawalt, The Ties that Bound…, op. cit. Voir les diverses cr (...)

4Dans ce dossier25, il s’agit en premier lieu de mettre en évidence un paradoxe apparent entre l’assignation croissante des femmes à l’espace domestique et, simultanément, le renforcement de l’autorité masculine sur le foyer, puis d’en étudier l’articulation au processus de polarisation domestique que l’on observe au cours du long XIVe siècle : la maison bénéficie alors d’une attention théorique inédite et d’un investissement matériel renouvelé. Pour tenter de résoudre le paradoxe initial, l’historiographie a interrogé la spatialisation des rapports de genre. Elle réactivait ainsi nécessairement la distinction contestée entre espace public et espace privé, qui recouperait la distinction femme/homme. Cette superposition inadéquate a été largement nuancée par les recherches de ces vingt dernières années26. Cinq axes de recherche, que nous reprenons ici, ont structuré cette remise en question : la spécialisation progressive des espaces internes de la maison, l’exclusion croissante des femmes de l’héritage, leur rôle central dans l’économie domestique, l’évolution des frontières du travail et, enfin, la redéfinition de l’autorité du paterfamilias.

Un espace mixte en cours de spécialisation

  • 27 Shannon McSheffrey, « Place, Space, and Situation: Public and Private in the Making of Marriage in (...)
  • 28 Felicity Riddy, « “Burgeis” Domesticity in Late Medieval England », in Goldberg/Kowaleski (dir.), M (...)
  • 29 Sur l’Angleterre : Catherine Richardson, « Household Objects and Domestic Ties », in Beattie/Maslak (...)
  • 30 Sarah Rees Jones, « Public and Private Space and Gender in Medieval Europe », in Bennett/Mazo Karra (...)
  • 31 Roberta Gilchrist, « Medieval Bodies in the Material World: Gender, Stigma, and the Body », in Sara (...)

5Bien qu’on ne franchisse le seuil d’une habitation qu’à la condition d’y être invité·e ou en cas de force majeure27, l’espace domestique rural comme urbain demeure poreux : une pièce multifonctionnelle comme la grande salle joue le rôle d’interface entre intérieur et extérieur ; les diverses activités, les rythmes quotidiens ou les formes de sociabilité (familiales, vicinales, professionnelles…) reconfigurent constamment le gradient public/privé allant de la grande salle à la chambre, lieu d’une possible intimité, au moins dans les maisons des ménages les plus aisés28. Jamais véritablement privé, jamais pleinement public, le fonctionnement de la maison n’assigne pas femmes et hommes à un sous-espace particulier29. Ainsi, la spécialisation des pièces qui s’étend progressivement aux habitations urbaines au cours du XIVe siècle, même en dehors de l’aristocratie30, ne produit pas une nette différenciation des usages selon le genre, comme elle l’avait fait dans les demeures princières, où se sont formés dès le XIIIe siècle au moins des appartements distincts pour le seigneur et son épouse31. L’article de Lucie Jardot démontre avec force la façon dont l’espace domestique princier est toujours plus polarisé et hiérarchisé en termes de genre à la fin de la période, tout en soulignant l’existence d’une commande artistique et architecturale conjugale.

  • 32 Julie De Groot, At Home in Renaissance Bruge. Connecting Objects, People and Domestic Spaces in a S (...)
  • 33 Paula M. Rieder, On the Purification of Women: Churching in Northern France, New York, Palgrave Mac (...)
  • 34 Ibid., p. 109.
  • 35 Voir le traité d’étiquette suivant (fin du XVe siècle) : Jacques Paviot (éd.), « Éléonore de Poitie (...)

6Si dans les demeures bourgeoises apparaissent bien des lieux quasi exclusivement masculins, comme le bureau ou le contoor flamand32, en réalité, seuls les rites de passage comme l’accouchement ou le deuil peuvent avoir des effets ségrégateurs et se traduisent par la réclusion temporaire dans la maison voire dans la chambre avant réintégration dans la famille et la société. Dans le cas des relevailles, la réclusion est interprétée non pas seulement comme un rite de purification mais aussi, positivement, comme un renversement provisoire de la hiérarchie de genre, les accouchées étant au centre de l’attention de la maisonnée, de la parenté voire du voisinage33. Sans être réservé aux plus riches34, ce rituel est d’autant plus long et codifié dans la haute aristocratie35. L’espace domestique n’est donc ni cloisonné ni ségrégué et constitue plutôt un continuum faiblement polarisé, façonné par des usages indifférenciés, tout en étant davantage dominé par les hommes à mesure qu’on s’élève dans la hiérarchie sociale.

Possédants et dépossédées ?

  • 36 Christiane Klapisch-Zuber, « L’invention du passé familial », in eadem, La maison et le nom. Straté (...)
  • 37 Gardiner, « Buttery and Pantry… », in Goldberg/Kowaleski (dir.), Medieval domesticity…, op. cit., p (...)
  • 38 Martin Aurell, Les noces du comte : mariage et pouvoir en Catalogne (785-1213), Paris, Publications (...)
  • 39 Isabelle Chabot, La dette des familles. Femmes, lignage et patrimoine à Florence aux XIVe et XVe si (...)
  • 40 Barbara A. Hanawalt, The Wealth of Wives: Women, Law, and Economy in Late Medieval London, Oxford, (...)
  • 41 Outre l’étude de Martha Howell sur Douai, voir : Shennan Hutton, Women and Economic Activities in L (...)

7La maison, entendue comme bien foncier principal d’un groupe de parenté, devient le substrat d’une identité familiale captée par les hommes36. Celle-ci est parfois exprimée par la forme architecturale, de la même manière qu’il existe des homologies entre agencement intérieur et idéologie domestique37. Ainsi, dans les villes italiennes du XIIe siècle, étudiées par Maxime Fulconis, la transmission en ligne masculine est concomitante de l’apparition d’une tour défensive, l’évolution fonctionnelle de la maison transformant son architecture et matérialisant l’exclusion des femmes de l’héritage. L’article permet aussi de déceler précocement des stratégies successorales visant à privilégier les héritiers mâles. Dans la lignée des travaux précurseurs de Christiane Klapisch-Zuber, le resserrement lignager entamé au XIIe siècle a été étudié dès ses prémices pour la Catalogne38, mais surtout au cours des XIVe et XVe siècles ailleurs. Il produit une détérioration de la situation économique des femmes dans les villes italiennes, ibériques ou dans celles de l’Empire39, tandis que leur condition est meilleure en Angleterre40. Même aux Pays-Bas, où le droit est plus égalitaire qu’en Méditerranée, le modèle de dévolution des biens qui s’impose aux XVe et XVIe siècles est plus favorable aux hommes41.

  • 42 Daniel Lord Smail, « Démanteler le patrimoine. Les femmes et les biens dans la Marseille médiévale  (...)
  • 43 Chabot, La dette des familles…, op. cit., p. 274-279 ; à nuancer avec le cas pisan : Sylvie Duval, (...)
  • 44 Ellen E. Kittell et Kurt Queller, « Wives and Widows in Medieval Flanders », Social History, 41/4, (...)
  • 45 Martha C. Howell, « Gender in the Transition to Merchant Capitalism », in Bennett/Mazo Karras (dir. (...)

8Pour autant, les filles peuvent recevoir du patrimoine immobilier, en héritage ou en dot, y compris dans le sud de l’Europe, mais ces maisons ne constituent pas nécessairement leur foyer, et seules les héritières42 et les veuves ont de réelles chances de prendre la tête de la maisonnée, voire de gérer leur patrimoine. Le cycle de vie a donc son importance, sans être déterminant pour autant du fait d’une grande variété de droits et de coutumes : ainsi, les maris florentins peuvent instituer leurs futures veuves en maîtresses de maison et tutrices de leurs enfants tout en leur retirant le contrôle du patrimoine43 ; pour les Flamandes du XIVe siècle, le veuvage n’est pas une situation privilégiée par rapport au mariage car elles sont maîtresses de leurs biens quel que soit leur statut matrimonial44. En attirant l’attention sur des cas particuliers, l’historiographie récente insiste sur les marges de manœuvre que se ménagent les femmes en dépit d’un cadre juridique toujours plus restrictif. Or, la limitation des droits des femmes à la propriété aurait en partie redirigé les pratiques économiques de ces dernières vers la consommation de biens destinés à un espace domestique qui leur échappe juridiquement45.

Investir le foyer par les objets : consommations, usages et transmission

  • 46 Pour l’Italie : Marta Ajmar-Wollheim et Flora Dennis (dir.), At Home in Renaissance Italy, Londres, (...)
  • 47 Katherine L. French, Household Goods and Good Households in Late Medieval London. Consumption and D (...)
  • 48 Ibid. et voir l’exemple des coussins : P. J. P. Goldberg, « The Fashioning of Bourgeois Domesticity (...)

9Après la peste de 1348, on identifie, plusieurs décennies durant, un accroissement et une diversification inédite de la production de biens de consommation destinés à l’entretien voire à l’embellissement du foyer46, au soin des enfants ou des malades, objets désormais accessibles à des familles de marchands ou d’artisans modestes47. Or, dans le cas anglais notamment, ce sont les femmes qui font souvent l’achat de ces objets comme des biens positionnels coûteux mais dépourvus d’utilité pratique48. La marginalisation des femmes dans l’héritage au profit des agnats a eu pour corollaire leur participation importante dans l’ameublement et l’équipement du nouveau foyer au moment du mariage : exclues de la transmission de biens immobiliers, notamment dans le système dotal, elles reçoivent logiquement argent et biens mobiliers.

  • 49 Richard, Mémoires bourgeoises…, op. cit., p. 82 sq. ; Brigitte Buettner, « Le système des objets da (...)
  • 50 Kristen M. Burkholder, « Threads Bared: Dress and Textiles in Late Medieval English Wills », in Rob (...)
  • 51 French, Household Goods…, op. cit., p. 70-71 ; Chojnacki Stanley, « “The Most Serious Duty”: Mother (...)
  • 52 Aude-Marie Certin, La cité des pères. Paternité, mémoire, société dans les villes méridionales de l (...)
  • 53 Stephen J. Campbell, The Cabinet of Eros: Renaissance Mythological Painting and the Studiolo of Isa (...)

10Sorties de leur lignage par mariage, les femmes réactualisent les liens familiaux en donnant ou rendant des objets du quotidien de valeur très variable à leurs frères et sœurs, neveux et nièces49. Des chaînes de transmission féminines ont ainsi été mises au jour : les legs de lits, de parures de lit et de textiles en général sont nettement plus fréquents chez les femmes, qui en sont aussi les principales bénéficiaires quel que soit le genre des légataires50. Les testatrices les transmettent de préférence aux plus jeunes, participant ainsi à la constitution de nouveaux foyers51. L’article de Chloé Bonnet confirme ces observations, l’appartenance communautaire et religieuse (juive ici) ne créant pas de rupture dans les pratiques. Pourtant, parmi les élites, les hommes se révèlent aussi soucieux d’aménager leur demeure à leur goût et d’en faire le manifeste de leur statut social52. Ainsi, les studioli renaissants, regorgeant d’objets de curiosité ou de livres, sont avant tout pensés comme des lieux de production d’une identité masculine humaniste, bien que certaines femmes de la haute aristocratie en aient aménagé pour leur usage personnel53.

  • 54 Diana M. Webb, « Woman and Home: The Domestic Setting of Late-Medieval Spirituality », in Women in (...)
  • 55 Margaret Morse, « Creating Sacred Space: The Religious Visual Culture of the Renaissance Venetian c (...)
  • 56 Campion, Cushions, Kitchens and Christ…, op. cit., p. 97-101.
  • 57 Catherine Lawless, « “Make Your House like a Temple”: Gender, Space and Domestic Devotion in Mediev (...)

11Le développement d’une culture matérielle dévotionnelle, avec la multiplication des objets et images invitant à la contemplation et à la prière dans le cadre de la maison, témoigne aussi d’une polarisation domestique en matière religieuse54. Un champ historiographique neuf et prolifique est né, prêtant attention à la moralisation des activités domestiques comme à l’introduction de l’allégorie de la maison, voire du décor et des objets domestiques, dans un discours religieux dont les femmes sont les destinataires privilégiées mais non exclusives55. Afin de répondre à la quête de spiritualité exigeante des laïcs, les clercs des XIVe et XVe siècles promeuvent la maison comme lieu adéquat de la pratique dévotionnelle et participent à la domestication de la vie religieuse. L’intégration de détails et objets domestiques aux traités de dévotion favorise la visualisation de l’histoire sainte et l’identification des dévot·es au Christ ou à la Vierge : la maison devient alors le lieu d’une rencontre et d’une intimité spirituelles avec le Christ56. Ces textes confèrent aux dames, bourgeoises ou artisanes un rôle directeur dans la vie spirituelle familiale, mais renforcent leur association à l’entretien et la gestion du foyer57. En parallèle, on constate une invisibilisation progressive, quoique non linéaire, du travail féminin dans le cadre domestique

Travail, production, mobilités : la non-assignation des femmes à l’espace domestique

  • 58 Raffaella Sarti, Anna Bellavitis et Manuela Martini, « Introduction », in eadem, What is work? Gend (...)
  • 59 Jane Whittle, « A Critique of Approaches to “Domestic Work”: Women, Work and the Pre-Industrial Eco (...)
  • 60 Sur d’autres pratiques économiques féminines, et notamment le crédit, voir Martha C. Howell, « Wome (...)
  • 61 Martha C. Howell, Women, Production and Patriarchy in Late Medieval Cities, Chicago, The University (...)
  • 62 Howell, Women…, op. cit., p. 178-181.
  • 63 Anna Bellavitis, « Donne, cittadinanza e corporazioni tra Medioevo ed età moderna : ricerche in cor (...)
  • 64 Voir le cas de Florence, où les corporations du textile sont ouvertes aux femmes au XIVe siècle, av (...)
  • 65 Sarti/Bellavitis/Martini, « Introduction », in eadem, What is work?, op. cit., p. 25-26.

12Lieu de travail essentiel dans les sociétés préindustrielles, la maison médiévale est généralement un lieu de production, rémunérée ou non, spécialisée en termes de genre ou non. Biens et services divers sont destinés au marché comme à l’autoconsommation58. Il est aujourd’hui acquis que le travail féminin, accompli au domicile ou en dehors, n’a jamais cessé entre Moyen Âge et modernité. Or travailler à domicile n’est pas synonyme d’exclusion d’une forme de vie publique ou d’invisibilisation systématique : on ne saurait opposer des hommes produisant à l’extérieur des biens destinés au marché, à des femmes rendant des services domestiques non rémunérés à destination de leur famille59, ou limitées au rôle dévalorisé de consommatrices60. De fait, le travail dans le cadre domestique et familial est généralement bien intégré aux corporations, dont les effectifs sont mixtes voire parfois exclusivement féminins61. A contrario, là où la proto-industrie implique une délocalisation de la production hors de la maison, la reconnaissance et la visibilité du travail féminin déclinent62. Ce processus peut aller de pair avec une éviction des corporations, qui contribue aussi à l’affaiblissement de la position des femmes, mais n’est ni irréversible ni homogène en Europe, où alternent périodes de fermeture et d’ouverture63, y compris dans les villes italiennes pourtant si peu favorables aux femmes64. L’articulation entre genre, travail et espace domestique a ainsi connu des réagencements fluctuants entre XIVe et XVIe siècle, sans qu’un déclin linéaire ne se dégage65 : la formation du capitalisme marchand n’a pas unanimement mené à une relégation économique des femmes ni à leur repli sur une sphère domestique privée en formation.

  • 66 Itineraria 8-9: Female Trails. Historical Sources on Mobility and Gender in the Low Countries (1200 (...)
  • 67 Riddy, « “Burgeis” Domesticity… », in Goldberg/Kowaleski (dir.), Medieval domesticity, op. cit., p. (...)

13Le travail féminin et les mobilités qu’il implique font enfin l’objet d’une nouvelle sorte d’examen moral. L’étude des déplacements quotidiens en lien avec la fama féminine se concentre toutefois sur l’aristocratie66. L’article de Maëliss Nouvel, qui élargit la réflexion au milieu artisanal, invite à interroger cette corrélation pour historiciser le rapport des femmes à l’espace domestique. Un faisceau de paramètres définit l’acceptabilité des déplacements ou des activités extérieures, comme l’horaire ou la présence d’un chaperon. L’appropriation légitime de l’espace est déterminée par des critères de respectabilité. Paraître en un lieu diffamé (une maison peut l’être) est un motif de discrédit ; l’effraction du domicile, en portant atteinte à l’honneur de la maisonnée, est ainsi un préalable au viol. Si les victimes se déplacent bien dans la ville, la mobilité féminine, menacée de sanction, apparaît entravée par les hommes et leur violence67. L’idéologie qui tend à renfermer les femmes de bonne fama dans leur maison affecterait les pratiques masculines, celles des criminels qui légitiment ainsi leur violence, celles des juges qui répriment le viol en fonction de la renommée de la victime ; enfin, elle a sans doute des effets sur les comportements des femmes, qui redoublent de prudence et limitent peut-être leurs déplacements.

Gouverner la maison : une autorité masculine affermie

  • 68 Anne-Lydie Dubois, Former la masculinité. Éducation, pastorale mendiante et exégèse au XIIIe siècle(...)
  • 69 Les conseils dispensés parfois par un·e même auteur·rice peuvent être ambivalents. Si Eileen Power (...)
  • 70 Burger, Conduct Becoming…, op. cit., p. 3.
  • 71 Certin, La cité des pères…, op. cit., notamment p. 642-648.

14La maison est, dans les traités de bonne conduite ou d’économie domestique, le lieu de production de la prudefemme autant que du prud’homme. Le long XIVe siècle voit se développer une littérature consacrée aux savoirs domestiques et au bon gouvernement de la maison. Du De cura rei familiaris aux Quattro libri della famiglia de Leon Battista Alberti, cette littérature didactique s’adresse aux hommes. Dès le XIIIe siècle, les pères des traités d’éducation franciscains, garants de la moralité familiale, sont en leur maison comme des rois en leur royaume68. Au siècle suivant, Le Mesnagier de Paris met en scène un mari instruisant sa jeune épouse sur la tenue du ménage. La posture de l’époux-auteur du Mesnagier, tantôt mari aimant, tantôt moralisateur intransigeant, exprime une tension entre l’affirmation du rôle de chef de maison et l’exigence accrue d’exemplarité et de responsabilité vis-à-vis de l’épouse qui en a l’intendance69. Cette littérature de bonne conduite est diffusée auprès d’un lectorat aristocratique au sens le plus large70 : le modèle conjugal tardo-médiéval, notamment celui de la bonne maîtresse de maison, n’est donc pas une idéologie spécifiquement bourgeoise, fruit de la transition vers une économie proto-capitaliste. En pratique non plus, les hommes n’ont pas désinvesti leur foyer, au contraire : les pères de famille de l’Empire (Hausväter), par exemple, sont des maîtres de maison tenant des livres de famille où ils consignent la mémoire des leurs et la comptabilité familiale71. Ce rôle d’époux et de père s’accompagne souvent d’un rôle public dans la cité : autorité domestique et autorité politique sont ainsi pensées dans la continuité l’une de l’autre.

  • 72 Klapisch-Zuber, Mariages à la florentine, op. cit., p. 111-114, p. 149 ; à nuancer désormais avec : (...)
  • 73 Ellen E. Kittell et Kurt Queller, « “Whether man or woman”: Gender Inclusivity in the Town Ordinanc (...)

15La maison est en effet le lieu par excellence de l’exercice de l’autorité, qu’elle soit politique, économique ou juridique. C’est sans doute dans la Florence de Christiane Klapisch-Zuber qu’elle s’exprime avec la plus grande rigueur. Si le cas florentin « n’est “modèle” que par ses excès72 », on assiste à une progressive appropriation masculine de l’identité domestique ainsi qu’à une plus grande visibilité politique des maris, y compris dans le contexte flamand où le périmètre d’action marital était pourtant moins étendu qu’ailleurs. Ainsi à Douai, dès le XIVe siècle, on observe l’abandon progressif des dyades borgois ne borgoise dans les ordonnances de la ville au profit des catégories bourgeois, manans ne autres, suggérant une déresponsabilisation progressive de l’épouse dans le regard des autorités73.

  • 74 James Brundage, « Domestic Violence in Classical Canon Law », in Richard W. Kaeuper (dir.), Violenc (...)
  • 75 Barbara A. Hanawalt, « Violence in the Domestic Milieu of Late Medieval England », in Kaeuper (dir. (...)
  • 76 Steven Bednarski, « Keeping it in the family? Domestic violence in the Later Middle Ages: examples (...)
  • 77 Peter Schuster, « La maisonnée en conflits. Violence domestique et règles de l’intervention publiqu (...)
  • 78 Anna Esposito, Franco Franceschi et Gabriella Piccinni (dir.), Violences faites aux femmes. Un rega (...)

16Le chef de maison a en outre le droit de châtier celles et ceux vivant sous son toit : l’usage pondéré et justifié de la violence est donc licite74. Cependant, la documentation judiciaire rend visibles les excès des maris ayant battu leur épouse ultra modum conjugale75. Cette forme extrême d’exercice de l’autorité a donné lieu à des travaux portant sur l’acceptation de la violence comme sur les recours et la capacité d’agir des victimes76. Au-delà du genre, les violences domestiques découlent d’autres rapports de domination, liés au statut social, à l’âge et à l’espèce77. La maison est considérée comme le creuset des violences de genre, désormais étudiées comme un phénomène systémique : les médiévistes commencent ainsi à intégrer une réflexion théorique féministe élaborée de longue date et absorbée par les sciences sociales78.

Conclusion : la maison médiévale, fenêtre sur l’ordre de genre

  • 79 David Starkey, « The Age of the Household: Politics, Society and the Arts c. 1350-c. 1550 », in Ste (...)
  • 80 French, Household Goods…, op. cit., p. 1-4 ; Burger, Conduct Becoming…, op. cit.
  • 81 Raewyn Connell, Gender and power: Society, the person and sexual politics, Cambridge, Polity Press, (...)

17Quelles que soient leurs approches, les études récentes sur le genre ou sur la maison conviennent souvent d’une chronologie similaire, où la fin du Moyen Âge et la première modernité seraient un moment de réagencement des rapports de genre d’une part, de mutation des pratiques et représentations domestiques d’autre part. Un « âge domestique79 » aurait émergé, la peste noire et les bouleversements qu’elle entraîne sur le temps long faisant parfois office de tournant80. Pourtant, la fin du Moyen Âge ne produit pas de rupture franche dans l’ordre de genre, autrement dit dans le schéma global des rapports de pouvoir entre hommes et femmes à l’échelle d’une société81.

  • 82 Jérôme Baschet, Corps et âmes. Une histoire de la personne au Moyen Âge, Paris, Flammarion, 2016, p (...)
  • 83 « oikozentrische Sicht » : Irmintraut Richarz, Oikos, Haus und Haushalt. Ursprung und Geschichte de (...)

18L’ordre de genre médiéval ne devient pas « moderne », mais connaît plutôt un long Moyen Âge : les transformations qui s’y opèrent n’affectent pas sa substance mais en renforcent le caractère inégalitaire. Dès le XIIe siècle, l’institutionnalisation du mariage a contribué à essentialiser les rapports de genre82 et à les hiérarchiser. Si l’on ne saurait faire remonter à cette période les débuts de la marginalisation des femmes dans la vie sociale, force est de constater que la polarisation matérielle et idéologique sur la maison qui s’opère au même moment accompagne ce mouvement. Ce dernier est visible tant dans l’architecture de la maison que dans les interactions qu’elle abrite et qui la constituent : aux hommes l’autorité et la possession, aux femmes les fonctions les moins valorisées socialement et la négociation de marges de manœuvre dans un cadre normatif, juridique comme moral, qui leur est de moins en moins favorable. Nourrie de la valorisation grégorienne du mariage et de la famille conjugale comme de l’héritage aristotélicien, une « vision oikocentrique83 » de la société émerge et postule un lien organique entre macrocosme (public) et microcosme domestique (privé), les deux relevant d’une autorité masculine, celle du prince et du père, dont les rôles sont progressivement confondus.

19On assisterait donc au cours d’un long XIVe siècle à une synchronisation entre le creusement des inégalités de genre et la polarisation domestique, renforçant la hiérarchisation spatiale et sociale de la maison, comprise à la fois comme lieu de vie, institution et forme de pensée de la société. Centre bien ordonné de l’existence laïque, à condition de s’articuler aux diverses formes de vie communautaire, économique, religieuse ou politique, la maison est moins le lieu de la redéfinition des rapports de genre que le cadre de leur mise en scène.

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Notes

1 L’histoire de l’architecture et du bâti a produit des synthèses importantes : Pierre Garrigou-Grandchamp, Demeures médiévales. Cœur de la cité, Paris, Desclée de Brouwer, 1992 ; Yves Esquieu et Jean-Marie Pesez, Cent maisons médiévales en France (du XIIe au milieu du XIVe siècle). Un corpus et une esquisse, Paris, CNRS Éditions, 1998 ; Pierre Garrigou-Grandchamp, « Les demeures urbaines médiévales en France : les fruits d’un renouvellement du regard (1995-2020) », Bulletin monumental, 177/4, 2019, p. 307‑358. Sur le décor domestique : Térence Le Deschault de Montredon, Le décor peint de la maison médiévale. Orner pour signifier en France avant 1350, Paris, Picard, 2015.

2 Danièle Alexandre-Bidon, Françoise Piponnier et Jean-Marie Poisson (dir.), Cadres de vie et manières d’habiter (XIIe-XVIe siècle). Actes du VIIIe congrès international de la Société d’archéologie médiévale, Paris, 11-13 octobre 2001, Caen, Publications du CRAHM, 2006.

3 Élie Haddad, « Qu’est-ce qu’une “maison” ? De Lévi-Strauss aux recherches anthropologiques et historiques récentes », L’Homme, 212, 2014, p. 123 ; Joseph Morsel, « Parenté ou seigneurie ? Les enjeux des pratiques dynastiques princières », Noblesse, parenté et reproduction sociale à la fin du Moyen Âge, Paris, Picard, 2017, p. 87-88 ; Georges Duby, « Lignage, noblesse et chevalerie au XIIe siècle dans la région mâconnaise : une révision », Annales. Économies, sociétés, civilisations, 27/4-5, 1972, p. 803-823.

4 Morsel, Noblesse, parenté…, op. cit.

5 Anita Guerreau-Jalabert, Régine Le Jan et Joseph Morsel, « De l’histoire de la famille à l’anthropologie de la parenté », in Otto Gerhard Oexle et Jean-Claude Schmitt (dir.), Les tendances actuelles de l’histoire du Moyen Âge en France et en Allemagne, Paris, Éditions de la Sorbonne, 2003, p. 437-441.

6 Claude Lévi-Strauss, « Nobles sauvages », in Culture, science et développement – contribution à une histoire de l’homme – mélanges en l’honneur de Charles Morazé, Toulouse, Privat, 1979, p. 53 ; Pierre Lamaison et Claude Lévi-Strauss, « La notion de maison », Terrain [En ligne], 9, 1987, § 22-23, consulté le 19 août 2024, https://doi.org/10.4000/terrain.3184.

7 Janet Carsten et Stephen Hugh-Jones (dir.), About the House. Lévi-Strauss and Beyond, Cambridge, Cambridge University Press, 1995 ; Klaus Hamberger, « La maison en perspective », L’Homme, 194, 2010, p. 7-39.

8 Haddad, « Qu’est-ce qu’une “maison” ?... », p. 122 ; Jacques Le Goff, « Christiane Klapisch-Zuber, la recherche et l’enseignement », in Isabelle Chabot, Jérôme Hayez et Didier Lett (dir.), La famille, les femmes et le quotidien (XIVe-XVIIIsiècle), Paris, Éditions de la Sorbonne, 2006, p. 49-56.

9 Christiane Klapisch-Zuber, La maison et le nom. Stratégies et rituels dans l’Italie de la Renaissance, Paris, Éditions de l’EHESS, 1990 ; eadem, « Coffres de mariage et deschi da parto : la signature des objets », in Gil Bartholeyns, Monique Bourin et Pierre-Olivier Dittmar (dir.), Images de soi dans l’univers domestique, XIIIe-XVIe siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2018, p. 135-145 ; eadem, Florence à l’écritoire. Écriture et mémoire dans l’Italie de la Renaissance, Paris, Éditions de l’EHESS, 2023.

10 Pierre Deffontaines, L’homme et sa maison, Paris, Gallimard, 1972 ; Amos Rapoport, Pour une anthropologie de la maison, Paris, Dunod, 1972. Sur les origines du concept (Henri Lefebvre) en sociologie urbaine : Thierry Paquot, « Habitat, habitation, habiter. Ce que parler veut dire… », Informations sociales, 123/3, 2005, p. 50.

11 Alexandre-Bidon/Piponnier/Poisson (dir.), Cadres de vie…, op. cit. ; Pierre-Olivier Dittmar, « Co-habiter avec les images », Images Re-vues. Histoire, anthropologie et théorie de l’art [En ligne], 15, 2018, https://doi.org/10.4000/imagesrevues.6022, ou Ninon Dubourg, Delphine Piétu, Marija Podjorova (dir.), Encyclo. Revue de l’école doctorale Sciences des Sociétés ED 624, dossier « Habiter, lieux de vie et façons de vivre », 6, 2015.

12 Simone Roux, La maison dans l’histoire, Paris, Albin Michel, 1976.

13 Philippe Ariès et Georges Duby, Histoire de la vie privée, tome 2, De l’Europe féodale à la Renaissance, Paris, Seuil, 1985.

14 David Herlihy, Medieval Households, Cambridge, Harvard University Press, 1985 ; Raffaella Sarti, Vita di casa. Abitare, mangiare, vestire nell’ Europa moderna, Rome-Bari, Giuseppe Laterza & Figli, 1999. Pour l’Europe : Alfred Häverkamp (dir.), Haus und Familie in der spätmittelalterlichen Stadt, Cologne, Böhlau, 1984.

15 Pour le Moyen Âge : Katherine L. French (dir.), A Cultural History of the Home in the Medieval Age, New York, Bloomsbury Publishing, 2022 ; pour la période moderne, cf. Joachim Eibach, Inken Schmidt-Voges et Roman Bonderer (dir.), Das Haus in der Geschichte Europas : Ein Handbuch, Berlin-Boston, De Gruyter, 2015 ; Tara Hamling et Catherine Richardson, A Day at Home in Early Modern England: Material Culture and Domestic Life, 1500-1700, New Haven, Yale University Press, 2017 ; Joachim Eibach et Margareth Lanzinger, The Routledge History of the Domestic Sphere in Europe: 16th to 19th Century, Londres-New York, Routledge, 2020 ; Amanda Flather (dir.), A Cultural History of the Home in the Renaissance, New York, Bloomsbury Publishing, 2020.

16 Cordelia Beattie, Anna Maslakovic et Sarah Rees Jones (dir.), The Medieval Household in Christian Europe, c. 850-1550. Managing Power, Wealth, and the Body, Turnhout, Brepols, 2003 ; Isabel Davis, Miriam Müller et Sarah Rees Jones (dir.), Love, Marriage, and Family Ties in the Later Middle Ages, Turnhout, Brepols, 2003 ; Peter J. P. Goldberg et Maryanne Kowaleski (dir.), Medieval domesticity. Home, Housing and Household in Medieval England, Cambridge, Cambridge University Press, 2008.

17 Cela n’allait pas de soi : dans les années 1980-1990, les recherches portaient plutôt sur les campagnes : Barbara A. Hanawalt, The Ties that Bound: Peasant Families in Medieval England, Oxford, Oxford University Press, 1986 ; Judith M. Bennett, Ale, Beer, and Brewsters in England: Women’s Work in a Changing World, 1300-1600, Oxford, Oxford University Press, 1996.

18 Glenn D. Burger, Conduct Becoming: Good Wives and Husbands in the Later Middle Ages, Philadelphie, University of Pennsylvania Press, 2017 ; Trude Ehlert, « Die Rolle von “Hausherr” und “Hausfrau” in der spätmittelalterlichen volkssprachigen Ökonomik », in eadem (dir.), Haushalt und Familie in Mittelalter und früher Neuzeit (Vorträge eines interdisziplinären Symposions vom 6.-9. Juni 1990 an der Rheinischen Friedrich-Wilhelms-Universität Bonn), Sigmaringen, Thorbecke Verlag, 1991, p. 153-166.

19 Les termes home, house, household, domesticity posent des difficultés de traduction : leurs nuances ne sont guère rendues par foyer, maison ou maisonnée et ménage, tandis que domesticity n’a pas le sens restrictif de domesticité. Home et l’intraduisible homely, avec leurs connotations de protection et de confort, existent déjà en moyen anglais et sont sans équivalent en moyen français. La conception intimiste du foyer n’a donc rien d’anachronique pour l’Angleterre : Goldberg/Kowaleski, « Introduction », in idem (dir.), Medieval domesticity…, op. cit., p. 1.

20 Kim M. Phillips, Medieval Maidens: Young Women and Gender in England, c. 1270-c. 1540, Manchester, Manchester University Press, 2003 ; Judith M. Bennett et Ruth Mazo-Karras, The Oxford Handbook of Women and Gender in Medieval Europe, Oxford, Oxford University Press, 2013 ; Kim M. Phillips, A Cultural History of Women in the Middle Ages, Londres, Bloomsbury Publishing, 2013.

21 Pour la France, soulignons les travaux sur les images domestiques, qui mêlent questionnement historique et anthropologique : Bartholeyns/Bourin/Dittmar (dir.), Images de soi…, op. cit., 2018 ; Gil Bartholeyns, Manuel Charpy, Pierre-Olivier Dittmar, Magali Nachtergael, Anne Perrin Khelissa et Stéphanie Wyler, « Lieux de vie, lieux d’images : une autre histoire occidentale de l’espace domestique », Perspective, 2, 2021, p. 43-66.

22 D. Vance Smith, Arts of Possession: The Middle English Household Imaginary, Minneapolis, University of Minnesota Press, 2003.

23 Myra Seaman, Objects of Affection. The Book and the Household in Late Medieval England, Manchester, Manchester University Press, 2021.

24 Mark Gardiner, « Buttery and Pantry and their Antecedents: Idea and Architecture in the English Medieval House », in Goldberg/Kowaleski (dir.), Medieval domesticity…, op. cit., p. 37-65.

25 Le dossier prend son origine dans une journée d’étude organisée le 1er juin 2023 à l’Université Paris Cité intitulée « Les maisons médiévales et le genre : nouvelles approches historiques (XIe-XVIe siècle) ». Nous remercions Delphine Grenet pour sa participation, dont les propositions sont reprises dans un article déjà paru : Delphine Grenet et Maud Pérez-Simon, « Scènes “non courtoises” en intérieur domestique. Le harcèlement sexuel à la lumière des plafonds peints médiévaux », in Armel Dubois-Nayt et Réjane Vallée (dir.), Écrire l’histoire du harcèlement sexuel sur la longue durée. Nommer, dénoncer, représenter, mettre en image ou en musique, Paris, L’Harmattan, 2024, p. 269-304.

26 Ce modèle a été adopté notamment dans Hanawalt, The Ties that Bound…, op. cit. Voir les diverses critiques de cet ouvrage : Thomas Kuehn et Anne Jacobson Schutte, « Introduction », in Silvana Seidel Menchi, Anne Jacobson Schutte et Thomas Kuehn (dir.), Tempi e spazi di vita femminile tra Medioevo ed età moderna, Bologne, Il Mulino, 1999, p. XV ; P. J. P. Goldberg, « Space and Gender in the Later Medieval English House », Viator, 42/2, 2011, p. 205-232 ; Miriam Müller, « Le genre en théorie et en pratique », in Christopher Fletcher et Emmanuelle Vagnon (dir.), Le Moyen Âge dans le texte, II, Au-delà de l’écrit, Paris, Éditions de la Sorbonne, 2021, p. 193-216 ; Christopher Fletcher, « L’espace et le genre, le public et le privé dans une ville anglaise : les plaintes pour assaut et injure à Nottingham, 1303-1336 », Cahiers de recherches médiévales et humanistes, 46/2, 2023, p. 119-140 ; Amanda Vickery, « Golden Age to Separate Spheres? A review of the Categories and Chronology of English Women’s History », Historical Journal, 36/2, 1993 ; Pamela Sharpe, « Continuity and Change: Women’s History and Economic History in Britain », in eadem (dir.), Women’s Work: The English Experience 1650-1914, Londres-New York, Routledge, 1998.

27 Shannon McSheffrey, « Place, Space, and Situation: Public and Private in the Making of Marriage in Late-Medieval London », Speculum, 79/4, 2004, p. 960‑990 ; Christopher Fletcher, « L’espace et le genre, le public et le privé dans une ville anglaise », art. cit.

28 Felicity Riddy, « “Burgeis” Domesticity in Late Medieval England », in Goldberg/Kowaleski (dir.), Medieval domesticity…, op. cit., p. 14-36 ; Goldberg, « Space and Gender in Later Medieval English House », art. cit.

29 Sur l’Angleterre : Catherine Richardson, « Household Objects and Domestic Ties », in Beattie/Maslakowic/Rees Jones (dir.), The Medieval Household…, op. cit., p. 433-447 ; Kate K. Staples, Daughters of London: Inheriting Opportunity in the Late Middle Ages, Leyde-Boston, Brill, 2011, p. 137 et suivantes.

30 Sarah Rees Jones, « Public and Private Space and Gender in Medieval Europe », in Bennett/Mazo Karras (dir.), The Oxford Handbook…, op. cit., p. 252 ; Riddy, « “Burgeis” Domesticity… », in Goldberg/Kowaleski (dir.), Medieval domesticity…, op. cit., p. 14-36 ; Lucie Laumonier, Solitudes et solidarités en ville. Montpellier, mi-XIIIe-fin XVe siècles, Turnhout, Brepols, 2015, p. 66.

31 Roberta Gilchrist, « Medieval Bodies in the Material World: Gender, Stigma, and the Body », in Sarah Kay et Miri Rubin (dir.), Framing Medieval Bodies, Manchester, Manchester University Press, 1994, p. 50-53 ; Philippe Contamine, « Espaces féminins et espaces masculins dans quelques demeures aristocratiques », in Jan Hirschbiegel et Werner Paravicini (dir.), Das Frauenzimmer. Die Frau bei Hofe in Spätmittelalter und Früher Neuzeit, Stuttgart, Thorbecke Verlag, 2000, p. 79‑90.

32 Julie De Groot, At Home in Renaissance Bruge. Connecting Objects, People and Domestic Spaces in a Sixteenth-Century City, Louvain, Leuven University Press, 2022, p. 78 et suivantes.

33 Paula M. Rieder, On the Purification of Women: Churching in Northern France, New York, Palgrave Macmillan, 2006.

34 Ibid., p. 109.

35 Voir le traité d’étiquette suivant (fin du XVe siècle) : Jacques Paviot (éd.), « Éléonore de Poitiers. Les États de France (les Honneurs de la Cour) », Annuaire-Bulletin de la Société de l’histoire de France, 1996, p. 75‑118.

36 Christiane Klapisch-Zuber, « L’invention du passé familial », in eadem, La maison et le nom. Stratégies et rituels dans l’Italie de la Renaissance, Paris, Éditions de l’EHESS, 1990, p. 19‑35 ; « Parents, amis et voisins », in ibid., p. 59-80.

37 Gardiner, « Buttery and Pantry… », in Goldberg/Kowaleski (dir.), Medieval domesticity…, op. cit., p. 37-65.

38 Martin Aurell, Les noces du comte : mariage et pouvoir en Catalogne (785-1213), Paris, Publications de la Sorbonne, 1995.

39 Isabelle Chabot, La dette des familles. Femmes, lignage et patrimoine à Florence aux XIVe et XVe siècles, Paris, École française de Rome, 2011. Voir aussi Rebecca L. Winer, Women, Wealth, and Community in Perpignan, c. 1250-1300: Christians, Jews, and Enslaved Muslims in a Medieval Mediterranean Town, Londres, Routledge, 2006 ; Marie A. Kelleher, The Measure of Woman: Law and Female Identity in the Crown of Aragon, Philadelphie, University of Pennsylvania Press, 2011, p. 49-80 ; Olivier Richard, Mémoires bourgeoises. Memoria et identité urbaine à Ratisbonne à la fin du Moyen Âge, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2009, p. 75-104 ; en contrepoint : Gabriela Signori, « Similitude, égalité et réciprocité. L’économie matrimoniale dans les sociétés urbaines de l’Empire à la fin du Moyen Âge », Annales. Histoire, Sciences sociales, 67/3, 2012, p. 657-678.

40 Barbara A. Hanawalt, The Wealth of Wives: Women, Law, and Economy in Late Medieval London, Oxford, Oxford University Press, 2007 ; Kate K. Staples, Daughters of London…, op. cit.

41 Outre l’étude de Martha Howell sur Douai, voir : Shennan Hutton, Women and Economic Activities in Late Medieval Ghent, New York, Palgrave Macmillan, 2011 ; Andrea Bardyn, « The Gender Distribution of Real Property Ownership in Late Medieval Brussels (1356-1460) », Continuity and Change, 33/1, 2018, p. 29-57.

42 Daniel Lord Smail, « Démanteler le patrimoine. Les femmes et les biens dans la Marseille médiévale », Annales. Histoire, Sciences sociales, 52/2, 1997, p. 343‑368 ; Serena Galasso, « L’héritage des filles à travers les écritures administratives des mères tutrices : deux cas d’étude florentins au XVIe siècle », Mélanges de l’École française de Rome, 130/1, 2018, p. 167-182 ; Marta Gravela, « Against the Tide. Female Property and Political Shift in Late Medieval Turin », ibid., p. 151-165.

43 Chabot, La dette des familles…, op. cit., p. 274-279 ; à nuancer avec le cas pisan : Sylvie Duval, « Women and Wealth in Late Medieval Pisa (c. 1350-1420) », Mélanges de l’École française de Rome – Moyen Âge, 130/1, 2018, p. 137-150.

44 Ellen E. Kittell et Kurt Queller, « Wives and Widows in Medieval Flanders », Social History, 41/4, 2016, p. 436-454.

45 Martha C. Howell, « Gender in the Transition to Merchant Capitalism », in Bennett/Mazo Karras (dir.), The Oxford Handbook…, op. cit., p. 571-573 ; Heide Wunder, He is the Sun, She is the Moon: Women in Early Modern Germany, Cambridge, Harvard University Press, 1998, p. 81 ; Shennan Hutton, « Women, Men, and Markets: The Gendering of Market Space in Late Medieval Ghent », in Albrecht Classen (dir.), Urban Space in the Middle Ages and Early Modern Age, Berlin, De Gruyter, 2009, p. 409-432.

46 Pour l’Italie : Marta Ajmar-Wollheim et Flora Dennis (dir.), At Home in Renaissance Italy, Londres, V&A Publications, 2006 ; Elizabeth Currie, Inside the Renaissance House, Londres, V&A Publications, 2006 ; Élisabeth Crouzet-Pavan, Une autre histoire de la Renaissance. Paroles d’objets, Paris, Albin Michel, 2024.

47 Katherine L. French, Household Goods and Good Households in Late Medieval London. Consumption and Domesticity After the Plague, Philadelphie, University of Pennsylvania Press, 2021.

48 Ibid. et voir l’exemple des coussins : P. J. P. Goldberg, « The Fashioning of Bourgeois Domesticity in Later Medieval England. A Material Culture Perspective », in Goldberg/Kowaleski (dir), Medieval domesticity…, op. cit., p. 138.

49 Richard, Mémoires bourgeoises…, op. cit., p. 82 sq. ; Brigitte Buettner, « Le système des objets dans le testament de Blanche de Navarre », Clio [En ligne], 19, 2004, https://doi.org/10.4000/clio.644 ; Maria Clara Rossi (dir.), Margini di libertà. Testamenti femminili nel Medioevo. Atti del convegno internazionale, Verona, 23-25 ottobre 2008, Caselle di Sommacampagna, Cierre, 2010.

50 Kristen M. Burkholder, « Threads Bared: Dress and Textiles in Late Medieval English Wills », in Robin Netherton et Gale R. Owen-Crocker (dir.), Medieval Clothing and Textiles, Woodbridge, The Boydell Press, 2005, p. 133-153.

51 French, Household Goods…, op. cit., p. 70-71 ; Chojnacki Stanley, « “The Most Serious Duty”: Motherhood, Gender, and Patrician Culture », in idem, Women and men in Renaissance Venice. Twelve essays on patrician society, Baltimore, Johns Hopkins University Press, 2000, p. 169-182.

52 Aude-Marie Certin, La cité des pères. Paternité, mémoire, société dans les villes méridionales de l’Empire du milieu du XIVe siècle au milieu du XVIe siècle (Nuremberg, Augsbourg, Francfort-sur-le-Main), thèse de doctorat, EHESS, 2014, p. 352-353.

53 Stephen J. Campbell, The Cabinet of Eros: Renaissance Mythological Painting and the Studiolo of Isabella d’Este, New Haven, Yale University Press, 2006 ; l’idée d’un studiolo comme espace masculin a été nuancée dans Leah R. Clark, « Collecting, Exchange, and Sociability in the Renaissance studiolo », Journal of the History of Collections, 25/2, 2013, p. 171-184.

54 Diana M. Webb, « Woman and Home: The Domestic Setting of Late-Medieval Spirituality », in Women in the Church: Papers Read at the 1989 Summer Meeting and the 1990 Winter Meeting Of the Ecclesiastical History Society, Oxford, Basil Blackwell, 1990, p. 159‑173 ; eadem, « Domestic Space and Devotion in the Middle Ages », in Andrew Spicer et Sarah Hamilton (dir.), Defining the Holy. Sacred Space in Medieval and Early Modern Europe, Aldershot-Burlington, Ashgate, 2008, p. 27‑47 ; Marta Crispí, « The Use of Devotional Objects in Catalan Homes during the Late Middle Ages », Religions [En ligne], 11/1, 2019, consulté le 2 septembre 2024, https://doi.org/10.3390/rel11010012.

55 Margaret Morse, « Creating Sacred Space: The Religious Visual Culture of the Renaissance Venetian casa », Renaissance Studies, 21/2, 2007, p. 174 ; Jennifer K. Deane, « Pious Domesticities », in Bennett/Mazo Karras (dir.), The Oxford Handbook…, op. cit., p. 263 ; Louise Campion, Cushions, Kitchens and Christ. Mapping the Domestic in Late Medieval Religious Writing, Cardiff, University of Wales Press, 2022, p. 108.

56 Campion, Cushions, Kitchens and Christ…, op. cit., p. 97-101.

57 Catherine Lawless, « “Make Your House like a Temple”: Gender, Space and Domestic Devotion in Medieval Florence », Religions [En ligne], 11/3, 2020, consulté le 16 juin 2024, https://doi.org/10.3390/rel11030120 ; Sabrina Corbellini et Margaret Hoogvliet, « Artisans and Religious Reading in Late Medieval Italy and Northern France (c. 1400-1520) », Journal of Medieval and Early Modern Studies, 43/3, 2013, p. 524.

58 Raffaella Sarti, Anna Bellavitis et Manuela Martini, « Introduction », in eadem, What is work? Gender at the Crossroads of Home, Family, and Business from the Early Modern Era to the Present, New York-Oxford, Berghahn, 2018, p. 9-11.

59 Jane Whittle, « A Critique of Approaches to “Domestic Work”: Women, Work and the Pre-Industrial Economy », Past & Present, 243/1, 2019, p. 69-70 ; Judith M. Bennett, Ale, Beer, and Brewsters…, op. cit. ; Serena Galasso, « The Threshold of the Marketplace », Mélanges de l’École française de Rome – Moyen Âge, 135/1, 2023, p. 79-93.

60 Sur d’autres pratiques économiques féminines, et notamment le crédit, voir Martha C. Howell, « Women, Credit Markets, and Patriarchy », in Marie Dejoux et Diane Chamboduc de Saint Pulgent (dir.), La Fabrique des sociétés médiévales méditerranéennes, Paris, Éditions de la Sorbonne, 2018, p. 213-221.

61 Martha C. Howell, Women, Production and Patriarchy in Late Medieval Cities, Chicago, The University of Chicago Press, 1986, p. 95-158 ; Simone Roux, « Les femmes dans les métiers parisiens : XIIIe-XVe siècles », Clio. Femmes, Genre, Histoire [En ligne], 3, 1996, consulté le 2 septembre 2024, https://doi.org/10.4000/clio.460.

62 Howell, Women…, op. cit., p. 178-181.

63 Anna Bellavitis, « Donne, cittadinanza e corporazioni tra Medioevo ed età moderna : ricerche in corso », in Nadia Maria Filippini, Anna Scattigno et Tiziana Plebani (dir.), Corpi e storia : donne e uomini dal mondo antico all’età contemporanea, Rome, Viella, 2002, p. 88-94.

64 Voir le cas de Florence, où les corporations du textile sont ouvertes aux femmes au XIVe siècle, avant de les évincer puis de les réintégrer au XVIe siècle : Isabelle Chabot, « La reconnaissance du travail des femmes dans la Florence du bas Moyen Âge : contexte idéologique et réalité », in Simonetta Cavaciocchi (dir.), La donna nell’economia, Prato, Istituto Internazionale di Storia Economica F. Datini, 1990, p. 563-576.

65 Sarti/Bellavitis/Martini, « Introduction », in eadem, What is work?, op. cit., p. 25-26.

66 Itineraria 8-9: Female Trails. Historical Sources on Mobility and Gender in the Low Countries (1200-1500), Firenze, Edizione del Galluzzo, 2009-2010 ; Zita Eva Rohr, « “On the Road Again”: The Semi-Nomadic Career of Yolande of Aragon (1400-1439) », in Marianne O’Doherty et Felicitas Schmieder (dir.), Travels and Mobilities in the Middle Ages. From the Atlantic to the Black Sea, Turnhout, Brepols, 2015, p. 215-244 ; Stéphanie Richard, Vies et morts des couples princiers. Les séparations conjugales dans la Maison d’Orléans, Paris, Classiques Garnier, 2019.

67 Riddy, « “Burgeis” Domesticity… », in Goldberg/Kowaleski (dir.), Medieval domesticity, op. cit., p. 14-36.

68 Anne-Lydie Dubois, Former la masculinité. Éducation, pastorale mendiante et exégèse au XIIIe siècle, Turnhout, Brepols, 2022, p. 287-288.

69 Les conseils dispensés parfois par un·e même auteur·rice peuvent être ambivalents. Si Eileen Power (The Goodman of Paris (le Ménagier de Paris): a treatise of moral and domestic economy by a citizen of Paris (c. 1393), Londres, Routledge, 1928) puis Georgina E. Brereton et Janet M. Ferrier (Le Mesnagier de Paris, Paris, Librairie générale française, « Lettres gothiques », 1994) ont relevé la bienveillance du mari, les travaux plus récents insistent sur l’exhortation à l’obéissance due au mari : Gina L. Greco et Christine M. Rose, The Good Wife’s Guide, Ithaca-Londres, Cornell University Press, 2009, p. 6-7 ; Yasmina Foehr-Janssens, « La leçon d’obéissance dans Le Mesnagier de Paris. La tradition littéraire au service d’un miroir des épouses », Cahiers de recherches médiévales et humanistes, 42/2, 2021, p. 69-84.

70 Burger, Conduct Becoming…, op. cit., p. 3.

71 Certin, La cité des pères…, op. cit., notamment p. 642-648.

72 Klapisch-Zuber, Mariages à la florentine, op. cit., p. 111-114, p. 149 ; à nuancer désormais avec : Serena Galasso, Le droit de compter. Les livres de gestion et de mémoires des femmes (Florence, XVe-XVIe siècles), Rome, Publications de l’École française de Rome, 2024.

73 Ellen E. Kittell et Kurt Queller, « “Whether man or woman”: Gender Inclusivity in the Town Ordinances of Medieval Douai », Journal of Medieval and Early Modern Studies, 30/1, 2000, p. 63-100.

74 James Brundage, « Domestic Violence in Classical Canon Law », in Richard W. Kaeuper (dir.), Violence in Medieval Society, Woodbridge, Boydell & Brewer, 2000, p. 183-196. Côté italien : Cavina Marco, Nozze di sangue. Storia della violenza coniugale, Rome, Laterza, 2011 ; Orlando Ermanno, « Cultura patriarcale e violenza domestica », in Anna Esposito, Franco Franceschi et Gabriella Piccinni (dir.), Violenza alle donne. Una prospettiva medievale, Bologne, Il Mulino, 2018, p. 13-36.

75 Barbara A. Hanawalt, « Violence in the Domestic Milieu of Late Medieval England », in Kaeuper (dir.), Violence in Medieval Society, opcit., p. 197-214.

76 Steven Bednarski, « Keeping it in the family? Domestic violence in the Later Middle Ages: examples from a Provencal town (1340-1403) », Davis/Müller/Rees Jones (dir.), Love…, opcit., p. 277-297 ; Martine Charageat, La délinquance matrimoniale. Couples en conflit et justice en Aragon (XVe-XVIe siècle), Paris, Publications de la Sorbonne, 2011, p. 203-254.

77 Peter Schuster, « La maisonnée en conflits. Violence domestique et règles de l’intervention publique à la fin du Moyen Âge », in Claude Gauvard (dir.), Un Moyen Âge pour aujourd’hui, Paris, Presses universitaires de France, 2010, p. 529-548.

78 Anna Esposito, Franco Franceschi et Gabriella Piccinni (dir.), Violences faites aux femmes. Un regard sur le Moyen Âge, Grenoble, UGA Éditions, 2022.

79 David Starkey, « The Age of the Household: Politics, Society and the Arts c. 1350-c. 1550 », in Steven Medcalf, Nicola Coldstream, Marjorie Reeves et David R. Starkey (dir.), The Later Middle Ages, Londres, Routledge, 1981, p. 225-290.

80 French, Household Goods…, op. cit., p. 1-4 ; Burger, Conduct Becoming…, op. cit.

81 Raewyn Connell, Gender and power: Society, the person and sexual politics, Cambridge, Polity Press, 1987, p. 134-139.

82 Jérôme Baschet, Corps et âmes. Une histoire de la personne au Moyen Âge, Paris, Flammarion, 2016, p. 110-111.

83 « oikozentrische Sicht » : Irmintraut Richarz, Oikos, Haus und Haushalt. Ursprung und Geschichte der Haushaltsökonomik, Göttingen, Vandenhoeck und Ruprecht, 1991, p. 46.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Solène Baron et Clémentine Girault, « Introduction »Genre & Histoire [En ligne], 35 | 2025, mis en ligne le 01 juillet 2025, consulté le 10 juillet 2025. URL : http://journals.openedition.org/genrehistoire/10415 ; DOI : https://doi.org/10.4000/149uh

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Auteurs

Solène Baron

Université Évry Paris-Saclay – IDHE.S
solene.baron@ens-lyon.fr

Clémentine Girault

Université Paris Cité – ECHELLES
clementine.girault@etu.u-paris.fr

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