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Travaux soutenus

Amélie Puche, Les femmes à la conquête de l'université (1870-1940) : les implications sociales et universitaires de la poursuite du cursus scolaire dans l'enseignement supérieur par les femmes sous la Troisième République

Thèse de doctorat en histoire contemporaine, Université d’Artois, sous la direction de Jean-François Condette, soutenue le 23 octobre 2020

Cette thèse tente une synthèse sur l’histoire des femmes à l’université sous la Troisième République. Elle cherche à analyser les liens et les limites qui existent entre l’enseignement supérieur délivré aux femmes et l’émancipation féminine. Ce travail joue sur les variations d’échelles pour mieux connaître les étudiantes, il cherche à penser les recompositions qu’entraîne l’arrivée des filles dans le monde universitaire, à analyser les représentations multiples des étudiantes et à étudier les rapports existants entre les femmes, l’enseignement supérieur et le monde professionnel.

Les recherches doctorales reposent sur le dépouillement de nombreuses sources manuscrites et sur la lecture croisée de sources imprimées de l’époque. Les prospections dans les archives départementales de l’Hérault, de l’Isère, du Nord et du Rhône accompagnent celles effectuées aux Archives nationales, afin d’approfondir l’étude des institutions universitaires de Grenoble, Lille, Lyon, Montpellier et Paris tout en apportant une vision globale sur les femmes à l’université. Les registres des conseils de faculté, ceux des inscriptions et des diplômes ainsi que les dossiers étudiants ont été extrêmement précieux dans cette quête. Ces éléments sont complétés par des sources imprimées. La presse en constitue une grosse partie, complétée par plusieurs revues universitaires et publications scientifiques. Le tout permet d’appréhender les controverses et les stéréotypes liés aux étudiantes. Les enquêtes menées auprès des étudiants et les manuels d’orientation servent à en apprendre davantage sur leur quotidien. Les mémoires et témoignages, peu nombreux, permettent d’aborder ce que les étudiantes vivent et ressentent.

Une première partie propose une incursion dans le monde universitaire. Les polémiques liées à l’entrée des femmes dans les facultés ainsi que les figures des premières inscrites y sont développées. Y est étudiée aussi l’évolution des effectifs féminins, en constante progression, les femmes représentant le tiers des inscrits en 1940. Ceci permet de dégager de grandes tendances et de mettre en exergue des blocages différenciés selon les disciplines (les lettres étant très prisées, le droit beaucoup moins). Pour saisir la personnalité de celles qui étudient, il semble essentiel d’observer les villes universitaires qu’elles choisissent, leurs origines sociales, ainsi que leur relation aux diplômes. Puis pour compléter l’étude des réactions liées à l’arrivée des femmes dans les amphithéâtres, il est nécessaire de rendre compte des obstacles et des encouragements rencontrés chez les étudiants et les professeurs.

Une deuxième partie aborde les discours produits sur les étudiantes par les scientifiques, les journalistes, les romanciers, etc. Parfois elles y sont présentées comme des perturbatrices à la recherche d’un mari, ce qui est démenti par ceux qui voient en elles des missionnaires des quartiers latins, capables d’assagir leurs camarades. Une des polémiques les plus importantes est peut-être celle qui veut que les filles ne soient pas faites pour étudier à cause de nombreuses faiblesses physiologiques : une force moindre, des nerfs plus fragiles, un cerveau inadapté. Des arguments mis à mal par l’exemple que sont les étudiantes et leurs réussites. Mais une des plus grandes peurs exprimée par leurs contemporains est celle de l’inversion des rôles. En acquérant un savoir jusqu’ici réservé aux hommes, les étudiantes risquent de se masculiniser et former un « Troisième sexe ». Ceci explique que de nombreux discours insistent sur les mariages contractés par ces jeunes personnes.

Une troisième partie étudie la vie quotidienne des étudiantes. Cela inclut tout un volet financier, à savoir les budgets nécessaires à la poursuite des études et les différents modes de financement, mais aussi les postes de dépenses comme le logement ou la restauration. Le quotidien des femmes qui étudient est bien sûr fait de cours et de travail universitaire, mais aussi de rencontres ce qui leur permet de nouer de nouvelles amitiés. Ces dernières amènent les jeunes femmes à s’interroger sur leurs croyances religieuses et leurs opinions sociales et politiques, des bouleversements qui peuvent rendre les rapports avec la famille plus conflictuels. Ces amitiés sont également l’occasion de découvrir de nouveaux loisirs mais aussi de rencontrer un futur époux.

La dernière partie se focalise sur le devenir des étudiantes. Le mariage et la maternité restent la norme et beaucoup abandonnent toute ambition professionnelle. D’autres réussissent à concilier vie de famille et emploi salarié. Les postes jugés féminins sont rapidement encombrés et de nouveaux débouchés émergent, entraînant parfois une recomposition de la « nature » des fonctions. Les métiers du soin et de l’aide sont alors rapidement considérés comme féminins. Mais les femmes ayant terminé leur cursus universitaire se dirigent également vers les postes prestigieux jusqu’ici réservés aux hommes, notamment dans les professions libérales. La figure de la femme-médecin, plus que celle de la femme-avocat, est progressivement mieux acceptée. Dans le monde universitaire lui-même elles réussissent à obtenir quelques chaires malgré de fortes résistances.

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