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Introduction

Jean-Baptiste Bonnard, Dominique Picco et Violaine Tisseau

Texte intégral

  • 1  https://journals.openedition.org/genrehistoire/2816.
  • 2 Créée en 1962, la Société de démographie historique publie depuis 1964 les Annales de démographie h (...)
  • 3 La Société d’histoire de la naissance, présidée actuellement par Marie-France Morel, rassemble une (...)
  • 4 Depuis une vingtaine d’années, ce séminaire interdisciplinaire explore les différents champs de rec (...)
  • 5 Voir le récent état des lieux proposé dans le collectif « Rethinking the history of childhood », AH (...)

1Après avoir croisé genre et éducation, dans son numéro 17, Manières d’apprendre (xviie-xxe siècle) : quand le genre s’en mêle1, la revue Genre&Histoire explore dans ce nouveau dossier la petite enfance à l’aune des problématiques de genre. Jusqu’à présent la recherche historique française sur la petite enfance, menée en particulier par la Société de démographie historique2, la Société d’histoire de la naissance3 ou dans le cadre du séminaire Regards croisés sur la petite enfance4, n’a abordé que de manière assez marginale les questions liées au genre, que ce soit en termes d’accueil du nouveau-né et du jeune enfant ou de prise en charge par les adultes dans le cadre de la famille et en dehors de celle-ci. Déjà étudiées dans plusieurs pays depuis un certain nombre d’années, plus tardivement en France, ces problématiques prennent néanmoins plus en compte les sexes des individus (enfants et adultes) que les rapports genrés5.

  • 6 Voir, par exemple, Geneviève Delaisi de Parseval et Suzanne Lallemand, L’art d’accommoder les bébés(...)
  • 7 Juliette Rennes, « Âge », in Juliette Rennes (dir.), Encyclopédie critique du genre, Paris, La Déco (...)

2Si l’anthropologie a toujours porté une attention particulière à la petite enfance6, l’historien·ne qui s’y intéresse doit faire face à de très nombreux défis. Catégoriser la « petite enfance » est le premier7. Nous avons choisi de la délimiter depuis la naissance jusqu’à l’âge de sept ans, lequel est perçu souvent, notamment de l’Antiquité à l’époque moderne, comme un âge charnière. Une des interrogations qui émerge alors est de saisir les enjeux genrés autour du sexe biologique : quand, comment, pour combien de temps et selon quels critères, différents ou non pour les filles et les garçons, est-on « enfant » ? Est-il possible de déterminer à partir de quel âge est prise en compte la différence entre filles et garçons, ses répercussions sur le comportement des parents (père et mère) et de l’ensemble des adultes (hommes ou femmes) ainsi que sur le vécu des enfants ? Trois des articles de ce dossier apportent des éléments de réponse à ces questions. Ainsi, pour l’Antiquité grecque, Sophie Laribi-Glaudel rappelle que si la petite enfance est un âge désigné par des termes s’appliquant indistinctement aux enfants des deux sexes, les médecins grecs considèrent que dès le plus jeune âge, et même avant la naissance, leurs natures sont différentes. De là découle des pratique rituelles distinctes. Bien qu’ils soient élevés ensemble, fillettes et garçonnets se voient assigner très tôt, notamment par le biais de pratiques religieuses, des identités genrées pensées de façon binaire. À partir de sources concernant les familles royales carolingiennes, Emmanuelle Santinelli-Foltz souligne la difficulté à définir la petite enfance mais suggère que celle-ci prend fin vers 5-7 ans au moment où l’éducation s’affirme plus genrée, les garçons passant notamment d’un univers majoritairement féminin à un entourage plus masculin. Si les auteurs qu’elle mobilise sont timides sur cette question, l’autrice note cependant que tous désignent la période de cinq à sept ans comme une étape nouvelle et que filles et garçons sont alors préparés au rôle – distinct – qui sera le leur en grandissant. Quant à Sylvie Moret-Petrini, si elle rappelle que le dernier tiers du xviiie siècle, dans le sillage de l’Émile de Rousseau, s’est amplement démarqué de l’idée traditionnelle qu’avant l’âge d’un an l’enfant reste à l’état végétatif, elle ne relève rien de précis dans les sources exploitées sur la fin de l’enfance. En ce qui concerne les différences entre fille et garçon, quelques auteur·e·s des journaux de son corpus les signalent chez les nourrissons (expression du visage, pleurs, vivacité…), mais plus souvent vers trois ou quatre ans à travers des qualités dites masculines ou féminines, des comportements, des appétences pour tel ou tel type de jeux. Les parents décrivent alors avec satisfaction la conformité aux modèles ou s’inquiètent de la différence. Unique est le cas de Marie Gautier, une mère satisfaite d’un fils doux, sensible, encore très proche d’elle à sept ans, un âge où l’époque moderne place habituellement la fin de l’enfance.

  • 8 Isabelle Robin-Romero, Les orphelins de Paris. Enfants et assistance aux xvie-xviiie siècles, Paris (...)
  • 9 Par exemple, pour l’époque moderne, le célèbre traité de Daunou, Méthode de nourrir et de soigner l (...)
  • 10 Manon Pignot, « Petites filles dans la Grande Guerre. Un problème de genre ? », Vingtième Siècle. R (...)
  • 11 Véronique Dasen (dir.), Ludique. Jouer dans l’Antiquité, Catalogue de l’exposition Lugdunum-musée e (...)

3Le deuxième défi est sans conteste celui des sources. Quelle que soit la période historique, la plus grande attention a été portée par les différentes contributions aux sources textuelles, iconographiques ainsi que matérielles. Sophie Laribi-Glaudel exploite ainsi les sources textuelles (philosophes, médecins…), épigraphiques (en particulier les épitaphes) et archéologiques (surtout les images de la céramique). Emmanuelle Santinelli-Foltz s’appuie sur des sources concernant les familles royales carolingiennes. Parmi elles figurent des sources narratives et biographiques, une sélection de poèmes et d’épitaphes, ainsi que quelques objets archéologiques, qui ne concernent que des familles liées au pouvoir. Une lecture attentive permet cependant d’y déceler des indicateurs concernant la petite enfance. Explorés par Sylvie Moret Petrini, les « journaux d’observation » rédigés à la fin du xviiisiècle et au début du siècle suivant par des parents – père comme mère – issus de la bourgeoisie protestante de Suisse romande permettent d’esquisser un pas vers l’histoire sensorielle et celle des sensibilités. Les sources administratives et imprimées ont été classiquement mobilisées pour la période contemporaine, qui a vu la pérennisation d’institutions et de politiques publiques autour de la petite enfance apparues pour certaines dès l’époque moderne8. Mais comment dépasser le regard des adultes sur les enfants, éducateurs, pédagogues9, parents, pour saisir la « voix » des enfants ? Si aucune contribution n’a ici utilisé les dessins10, les jouets en revanche, à plusieurs reprises, viennent à l’appui de la réflexion dans la lignée de travaux importants sur cet aspect de la culture matérielle infantile11. Ainsi, Emmanuelle Santinelli-Foltz note-t-elle que les petits garçons jouent très tôt avec des armes adaptées à leur taille, ajoutant même que le passage du jeu à l’entraînement pragmatique pourrait être un signe de la fin de la petite enfance. Elle remarque également que des objets du quotidien sont à la disposition des enfants : charrettes, bateaux, poupées, etc., sans qu’un usage genré n’en soit toujours identifiable. Dans le journal d’éducation de René-Guillaume Prévost-Dassier, Sylvie Moret-Petrini retrouve l’influence des idées de Jean-Jacques Rousseau, cette fois-ci sur le choix des jouets en fonction du sexe de l’enfant.

  • 12 Jacques Gelis, Mireille Laget, Marie-France Morel, textes présentés par, Entrer dans la vie. Naissa (...)
  • 13 Hilary Marland, Anne-Marie Rafferty (dir.), Midwives, Society and Childbirth : Debates and Controve (...)
  • 14 Véronique Dasen, « Bibliographie sélective, I. La nourrice et le lait : Antiquité – Moyen Âge », in (...)
  • 15 Alain Contrepois, Les jeunes enfants et la crèche : une histoire à travers l’histoire de la crèche (...)
  • 16  Collectif, « Professionnelles de l’enfance. Portraits croisés », Revue d’histoire de l’enfance « i (...)

4Quelle que soit la source étudiée, le corps de l’enfant se révèle toujours au cœur des préoccupations. Les premiers soins et leur pratique plus ou moins différenciée selon les sexes s’avèrent essentiels, en particulier dans les périodes où l’entrée dans la vie présentait de hauts risques pour la mère et l’enfant12. Ces premiers moments de l’accueil du nouveau-né par la mère, le père, les personnes présentes lors de l’accouchement, telle la matrone ou la sage-femme13, mais aussi par la fratrie, la famille et plus généralement dans le cadre de la société jusqu’à la mise en nourrice éventuelle, les croyances et les pratiques religieuses autour de l’entrée dans la vie, sont interrogés dans ce dossier dans la perspective du genre. C’est ainsi une constellation d’acteur·rice·s qui émerge de la lecture attentive des sources : mères et pères, sœurs et frères, grands-parents, parentèle, nourrices14, domestiques, puéricultrices et aides-puéricultrices15, éducateur·rice·s puis psychologues16, peuplent les premières années de vie des enfants et portent souvent des regards différents selon leur sexe.

  • 17 Nancy Rose Hunt, A colonial lexicon. Of birth ritual, medicalization and mobility in the Congo, Mic (...)
  • 18 Voir le compte de veille scientifique sur l’histoire de l’enfance et particulièrement l’enfance ant (...)

5Les cinq articles regroupés dans ce dossier couvrent l’ensemble des périodes, de l’Antiquité à l’époque contemporaine. En dépit de l’ouverture de l’appel à communication en direction des sociétés extra-européennes et malgré la richesse des études sur la petite enfance englobant ces espaces17, aucune proposition concernant ces sociétés n’a pu être été retenue, le dossier est donc centré sur l’Europe. Sophie Laribi-Glaudel s’intéresse aux pratiques rituelles consacrées aux fillettes et garçonnets du monde grec de l’époque classique à l’époque impériale18. Plusieurs fonctions étaient attachées à ces rituels : protéger les enfants contre une mortalité infantile importante, les intégrer à la fois au cercle familial et à la société tout entière, mais également leur assigner un genre. Attentes et représentations ne sont pas les mêmes en effet selon que l’on est fille ou garçon. Destinés à devenir citoyens, les fils de citoyens sont détachés de la sphère féminine à la fin de la petite enfance pour être progressivement intégrés à la communauté civique, alors que les filles sont préparées à leurs futurs rôles d’épouses et de mères. Quelques indices, notamment une présence plus grande des garçonnets dans les sanctuaires, semblent indiquer une attention accrue de la société aux enfants de sexe masculin.

6Cette différence d’attention ou de traitement est également soulignée par Emmanuelle Santinelli-Foltz dans son article consacré aux enfants des familles royales carolingiennes, en particulier dans celle de Charlemagne et de ses deux successeurs, mieux documentées. Les garçons sont ainsi entraînés à manier les armes et aller à la chasse quand les fillettes sont formées au travail de la laine, à la quenouille et au fuseau. L’historienne note que les informations sont rares sur le moment des naissances même si elles sont très souvent mentionnées, en particulier lorsqu’elles ont lieu dans un contexte singulier, en temps de guerre par exemple. Si filles et garçons sont évoqués dans les sources, l’avantage semble cependant donné aux seconds destinés à régner. L’autrice met également en avant l’ensemble des personnes qui prennent en charge les petits enfants : les mères, bien sûr, mais également les nourrices et des précepteurs masculins, notamment pour les garçons. Elle éclaire comment les enfants, dès leur plus jeune âge, sont inscrits dans des rapports de pouvoir forts : le baptême par exemple est le moment de rappeler les liens entre familles et avec la papauté, tandis que le choix des prénoms, puisés dans un stock familial, rappelle les généalogies. Filles et garçons participent ainsi pleinement de la structuration du groupe familial et de la construction et légitimation du pouvoir.

7Exploités par Sylvie Moret-Petrini, les journaux d’observation rédigés par des parents, pères et/ou mères, dans la Suisse romande des xviiie-xixe siècles, s'avèrent d'une très grande richesse car y sont consignés à la fois les progrès des enfants, les attentes et les espoirs de leurs parents. Il s’agit de sources d’une très grande richesse où sont consignés à la fois progrès des enfants, attentes et espoirs de leurs parents. Là encore, une différence de genre se dessine à l’analyse des expressions et qualificatifs employés : les garçons sont vifs et actifs ; les filles, sensibles. Cependant, si certains parents, père ou mère, se révèlent soulagés à la naissance du premier garçon, d’autres se réjouissent de l’arrivée d’une fille après plusieurs garçons.

8Ces trois premiers textes explorent minutieusement les regards portés par les adultes sur les petits enfants de l’Antiquité aux Lumières et ont en commun de souligner l’existence d’horizons d’attente, selon l’expression de Sylvie Moret-Petrini. Dès la naissance, des caractéristiques différentes sont attribuées, voire recherchées, chez les fillettes et les garçonnets, et surtout, dès leur plus jeune âge, un rôle distinct est déjà en devenir : aux filles, le foyer et le mariage ; aux garçons, la vie en société. Si ces assignations genrées dès l’enfance étaient déjà connues par des recherches antérieures, ces articles insistent sur leur précocité et leur ancrage dans une époque et une société donnée régie par une organisation particulière, des rapports économiques et politiques spécifiques.

  • 19 Voir, dans l'article, les illustrations 4 et 5.

9Michel Christian et Bettina Grubermann retracent l’histoire de la fondation suisse Pro Juventute à travers sa revue éponyme, de la décennie 1920 aux années 1970. S’appuyant sur un corpus de plus de 900 écrits, de nature et d’auteur·e·s très différent·e·s, les historien·ne·s analysent le contenu et l’évolution des discours. Les femmes y sont centrales en tant que mères, lectrices et rédactrices, professionnelles, bénévoles et scientifiques de la revue. La figure de la mère s’y avère prééminente : de manière très constante au fil des années, elle est perçue comme déterminante dans le devenir des petits enfants. Il faut alors l’éduquer, notamment en ce qui concerne l’allaitement et les soins d’hygiène, et si la revue encourage la prise en charge des nourrissons hors de la famille, elle tient néanmoins un discours ambivalent à l’égard du travail salarié féminin car c’est la mère qui porte toujours la responsabilité et la charge des tout-petits. Même si les années 1970 voient progressivement émerger la figure du père, cela reste encore fort timide, tant au niveau des articles que des photographies19.

  • 20 Pour le monde grec, sur la dimension innée de certaines caractéristiques du nouveau-né, déterminée (...)

10Quant à Zoé Poli, elle étudie la formation des auxiliaires de puériculture au début des années 1950, en s’appuyant sur des archives rares : les dossiers personnels des jeunes filles formées à l’École de Bron, dans la banlieue lyonnaise. Les deux derniers textes de ce dossier s’intéressent plus particulièrement à la prise en charge par des adultes de nourrissons et de très jeunes enfants. Sans grande surprise, qu’il s’agisse de l’École de Bron ou de la Suisse, elle est indiscutablement genrée et relève du domaine des femmes, mères, nourrices, puéricultrices ou leurs auxiliaires. En restituant le parcours des 59 premières élèves de l’École de Bron et en les replaçant dans l’histoire des métiers du care, Zoé Poli montre que l’ouverture de l’école d’auxiliaires de puériculture s’inscrit dans un mouvement de professionnalisation du secteur de la petite enfance et offre de nouvelles perspectives à des jeunes femmes issues des classes populaires. Savoir-faire et gestes techniques sont enseignés, mais c’est également une morale professionnelle, s’appuyant sur des représentations genrées, qui est construite. En particulier, les qualités mises en avant pour devenir une bonne auxiliaire de puériculture sont ainsi le dévouement, l’amour maternel, une maturité affective, la discrétion et la douceur. La professionnalisation des soins relève de représentations éminemment genrées qu’elle vient renforcer. En cinq contributions, ce dossier thématique n’a pas la prétention d’avoir fait le tour d’un champ aussi riche que celui du rapport entre genre et petite enfance, mais il a ouvert des pistes que d’autres travaux pourront à l’avenir enrichir, en particulier hors de France et des pays francophones, en Europe et pour les espaces extra-européens. Une question sous-jacente traverse l’ensemble des textes, que l’on pourrait rapidement résumer par la tension entre « inné et acquis » et la perception que le moment de la petite enfance est primordial par les personnes qui en prennent soin. La place de la mère y est alors omniprésente et discutée20.

  • 21 Cf. le colloque L’infanticide de l’Antiquité au milieu du xixsiècle (Europe, Amériques coloniales (...)
  • 22 Pour l’Antiquité, la prévalence de l’exposition (forme euphémisée d’infanticide) des nouveau-nés de (...)
  • 23 Virginie De Luca et Catherine Rollet, La Pouponnière de Porchefontaine : l’expérience d’une institu (...)
  • 24 Daniel Roche, « L’amour paternel à Paris au xviiie siècle », ADH, dossier Mères et nourrissons, 198 (...)
  • 25 Voir aussi l’impact des collectifs féministes sur la prise en charge du jeune enfant, étudié par El (...)

11Un certain nombre de thématiques n’ont pas été explorées. Parmi elles figurent la dimension genrée de l’infanticide21, de l’abandon de nouveau-né·es22 et de leur prise en charge par des institutions23, mais également des écarts possibles de mortalité périnatale liés, ou non, à un soin différencié des tout-petits. Malgré un certain nombre de travaux sur l’histoire de la paternité à travers les siècles24, les transformations de la place des hommes, du père en particulier, face aux petits enfants, fille ou garçon, et son incidence sur la construction de leur identité genrée restent également à creuser. De même les recherches portant sur l’incidence des nouvelles formes de familles depuis le dernier quart du xxe siècle (baisse des mariages au profit des unions libres, essor des familles monoparentales et recomposées et des couples parentaux de même sexe…) sont encore trop rares25.

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Notes

1  https://journals.openedition.org/genrehistoire/2816.

2 Créée en 1962, la Société de démographie historique publie depuis 1964 les Annales de démographie historique (ADH), seule revue francophone spécialisée en histoire de la population et de la famille. Depuis dix ans, certains numéros thématiques s’intéressent tout ou partie à la petite enfance. Les ADH proposent régulièrement des bilans de la recherche largement ouverts en direction de l’histoire sociale et de l’histoire de la santé. Voir par exemple : Fabrice Boudjaaba, Vincent Gourdon, Michel Oris et al., « 50 ans de démographie historique : bilan historiographique d’une discipline en renouvellement », ADH, 2015/1 (no 129), p. 7-8 ; Emmanuelle Berthiaud, « La santé maternelle et infantile (Europe, xvie-xixe siècle) : état des lieux historiographique et bibliographique », ADH, 2020/1 (no 139), p. 27-90.

3 La Société d’histoire de la naissance, présidée actuellement par Marie-France Morel, rassemble une centaine de membres sages-femmes, médecins, psychologues, psychanalystes, personnels de santé, historiens, sociologues, anthropologues, philosophes. Elle organise régulièrement des journées d’étude et des colloques dont l’audience dépasse largement ses membres. Le colloque de Bordeaux, en novembre 2019, portait sur La main ou l’outil ? Sens et techniques autour de la naissance, d’hier à aujourd’hui. Celui de Namur en 2022, portait sur l’infertilité des couples : Quand l’enfant ne vient pas… L’infertilité des couples d’hier à aujourd’hui. On retrouve sur la chaîne You tube de l’association, un certain nombre des communications du colloque de Bordeaux et d’autres conférences. https://www.youtube.com/c/societehistoirenaissance.

4 Depuis une vingtaine d’années, ce séminaire interdisciplinaire explore les différents champs de recherche de l’anthropologie, de la sociologie et de l’histoire de la petite enfance (grossesse, accouchement, naissance, enfance d’âge préscolaire). Il est organisé par Doris Bonnet, anthropologue, Gladys Chicharro, ethnologue, Vincent Gourdon, démographe, Nathalie Sage Pranchère, historienne, Charles-Édouard de Suremain, anthropologue. Cf. https://mina93.hypotheses.org/534. Pour l’Antiquité, outre le Dossier d’archéologie no 356 de mars-avril 2013, « La petite enfance dans l’Antiquité », dirigé par Véronique Dasen, signalons la bibliographie publiée par Yannis Panidis, Children in the Ancient World. An extended Bibliography (1800-2023), Toulouse, Independant Edition, 2023, en ligne : https://www.academia.edu/98043861/Y_Panidis_2023_Children_in_the_Ancient_World_An_Extended_Bibliography_1800_2023_An_augmented_third_edition_Toulouse.

5 Voir le récent état des lieux proposé dans le collectif « Rethinking the history of childhood », AHR, Volume 125, Issue 4, October 2020, p. 1260-1322, et Nadia Maria Filipini, Pregnancy, Delivery, Childbirth. A Gender and Cultural History from Antiquity to the Test Tube in Europe, Routledge, 2020.

6 Voir, par exemple, Geneviève Delaisi de Parseval et Suzanne Lallemand, L’art d’accommoder les bébés, Cent ans de recettes françaises de puériculture, Paris, Odile Jacob, 2001 (1re éd. 1980) ; Doris Bonnet, Laurence Pourchez (dir.), Du soin au rite dans l’enfance, Paris, Érès, 2007, en ligne : https://www.cairn.info/du-soin-au-rite-dans-l-enfance--9782749208015.htm. Michèle Coquet et Claude Macherel (dir.), Enfances. Pratiques, croyances et inventions, Paris, CNRS Éditions, 2013.

7 Juliette Rennes, « Âge », in Juliette Rennes (dir.), Encyclopédie critique du genre, Paris, La Découverte, 2016, p. 42-53 ; Didier Lett, « La perception de l'enfance dans l'Antiquité et au Moyen Âge », Après-demain, vol. 49, nf, no 1, 2019, p. 5-6 ; collectif, « Chronological Age: A Useful Category of Historical Analysis », AHR, Volume 125, Issue 2, April 2020, p. 371-384 ; en ligne : https://academic.oup.com/ahr/issue/125/4#1096520-5933561.

8 Isabelle Robin-Romero, Les orphelins de Paris. Enfants et assistance aux xvie-xviiie siècles, Paris, PUPS, 2007 ; Clyde Plumauzille, « L’allaitement nourricier des petits Parisiens : naissance d’un service public au xviiie siècle », in Pascal Bastien, Simon McDonald (dir.), Paris et ses peuples au xviiie siècle, Éditions de la Sorbonne, 2020.

9 Par exemple, pour l’époque moderne, le célèbre traité de Daunou, Méthode de nourrir et de soigner les enfants nouveau-nés, Boulogne, 1786. En ligne sur Gallica : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k64671574.

10 Manon Pignot, « Petites filles dans la Grande Guerre. Un problème de genre ? », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, 2006/1 (no 89), p. 9-16, en ligne : https://www.cairn.info/revue-vingtieme-siecle-revue-d-histoire-2006-1-page-9.htm et https://www.canal-u.tv/chaines/r-eve/usages-et-interpretations-du-dessin-d-enfant-en-histoire-manon-pignot. Voir aussi Hèlène Dumas, Sans ciel ni terre. Paroles orphelines du génocide des Tutsi (1994-2006), La Découverte, 2020, en ligne https://www.cairn.info/sans-ciel-ni-terre--9782348057892.htm.

11 Véronique Dasen (dir.), Ludique. Jouer dans l’Antiquité, Catalogue de l’exposition Lugdunum-musée et théâtres romains, 20/2019-1/12/2019 qui anime l’ERC Locus Ludi – The Cultural Fabric of Play and Games in Antiquity, voir https://locusludi.ch ; Michel Manson, Hélène Meyer-Roudet, Le jouet et la culture enfantine. Guide du musée du jouet de Poissy, Poissy, Mare et Martin, 2019 ; Véronique Dasen et Ulrich Schädler (dir.), « Jouer dans l’Antiquité : identité et multiculturalité. Introduction », Archimède. Archéologie et histoire ancienne, 2019/6, p. 711-21 ; Véronique Dasen, Marco Vespa (dir.), Jouer dans l’Antiquité classique. Définition, Transmission, Réception/Play and Games in Classical Antiquity. Définition, Transmission, Réception, Liège, Presses de l’Université de Liège, 2021.

12 Jacques Gelis, Mireille Laget, Marie-France Morel, textes présentés par, Entrer dans la vie. Naissances et enfances dans la France traditionnelle, Paris, Gallimard, 1978 ; Jacques Gelis, L’Arbre et le fruit, la naissance dans l’Occident moderne, xvie-xixsiècle, Paris, Fayard, 1984 ; Lucia Pozzi, Josep L. Barona (dir.), « De si fragiles enfants. Mortalité fœtale, néonatale et infantile en Europe (xviiie-xxsiècle) », ADH, 2012, no 123 ; Véronique Dasen, Le sourire d’Omphale. Maternité et petite enfance dans l’Antiquité, Rennes, PUR, 2015 ; Didier Lett, « Les parents égarés et l’enfant mort. Les émotions paternelles et maternelles au début du XIIIe siècle », Clio, 47 | 2018, 183-197, en ligne : http://journals.openedition.org/clio/14292 ; Catherine Bouve, « Un débat qui perdure : le corps de l’enfant dans les crèches françaises du xixe siècle à aujourd’hui », Enfances Familles Générations. Revue interdisciplinaire sur la famille contemporaine, 2019, no 33 ; Collectif, « Les femmes et les enfants d’abord. Protection et promotion de la santé maternelle et infantile », ADH, 2020-1, no 139) ; Emmanuelle Berthiaud, François Léger et Jérôme Van Wijland (dir.), Prévenir, accueillir, guérir : la médecine des enfants de l’époque moderne à nos jours, Lille, PU du Septentrion, 2021 ; Marie-France Morel (dir.), La naissance au risque de la mort. D’hier à aujourd’hui, Toulouse, Érès, 2021.

13 Hilary Marland, Anne-Marie Rafferty (dir.), Midwives, Society and Childbirth : Debates and Controversies in the Modern Period, London/New York, Routledge, 1997 ; Véronique Dasen, « De l’entrée dans la vie à la naissance sociale » , in Jean-Baptiste Bonnard, Véronique Dasen et Jérôme Wilgaux, Famille et société dans le monde grec et en Italie du ve au iisiècle av. J.-C., Rennes, PUR, 2017 ; Nathalie Sage Pranchere, L’école des sages-femmes. Naissance d’un corps professionnel (1786-1917), Tours, Presses universitaires François-Rabelais, 2017.

14 Véronique Dasen, « Bibliographie sélective, I. La nourrice et le lait : Antiquité – Moyen Âge », in Véronique Dasen et Marie-Claire Gérard-Zai (dir.), Art de manger, art de vivre, Gollion, In folio, 2012, p. 301-313 ; Caley McCarthy, « La valeur du travail de care : les nourrices à l’hôpital marseillais du Saint-Esprit (1306-1457) », Clio. Femmes, Genre, Histoire, 2019, no 49, p. 43-68 ; Yasmina Foehr-Janssens et Daniela Solfaroli Camillocci (dir.), Allaiter de l’Antiquité à nos jours, Tunhout, Brepols, 2023.

15 Alain Contrepois, Les jeunes enfants et la crèche : une histoire à travers l’histoire de la crèche laïque du quartier Saint-Fargeau (Paris XXe), Paris, Éditions des Archives contemporaines, 2008 ; Michel Christian, « La petite enfance : terrain féminin ou terrain féministe ? Les femmes dans l’Organisation mondiale pour l’éducation préscolaire (1948-fin des années 1980) », Clio. Femmes, Genre, Histoire, 2019, no 49, p. 261-281.

16  Collectif, « Professionnelles de l’enfance. Portraits croisés », Revue d’histoire de l’enfance « irrégulière », 2023/1, no 25. En ligne : https://www.cairn.info/revue-d-histoire-de-l-enfance-irreguliere-2023-1.htm.

17 Nancy Rose Hunt, A colonial lexicon. Of birth ritual, medicalization and mobility in the Congo, Michigan, Duke University Press, 1999 ; Laurence Pourchez, Grossesse, naissance et petite enfance en société créole, Paris, Karthala, 2002 ; Valérie Piette, « L’enfant du Congo belge, une main-d’œuvre en devenir ? Ou comment civiliser la mère africaine », in Martine Spensky, Le Contrôle du corps des femmes dans les empires coloniaux, Paris, Karthala, 2015, p. 163-182 ; Anne Hugon, Être mère en situation coloniale (Gold Coast, 1910-1960), Paris, Éditions de la Sorbonne, 2020.

18 Voir le compte de veille scientifique sur l’histoire de l’enfance et particulièrement l’enfance antique, tenu par Sophie Laribi-Glaudel sur X (anciennement Twitter) : https://twitter.com/EnfanceAntique.

19 Voir, dans l'article, les illustrations 4 et 5.

20 Pour le monde grec, sur la dimension innée de certaines caractéristiques du nouveau-né, déterminée avant même la naissance, voir Jean-Baptiste Bonnard, Le complexe de Zeus. Représentations de la paternité en Grèce ancienne, Paris, Publications de la Sorbonne, 2004, notamment p. 119-198 et Idem, « “Il paraît que les fils ressemblent aux pères”. Théories biologiques et médicales grecques dans le domaine de l’hérédité », in Francis Prost et Jérôme Wilgaux (dir.), Penser et représenter le corps dans l’Antiquité, Rennes, PUR, 2006, p. 307-318.

21 Cf. le colloque L’infanticide de l’Antiquité au milieu du xixsiècle (Europe, Amériques coloniales et postcoloniales), organisé en mai 2021 par Pascal Hepner et Elena Taddia, à l’Université d’Artois. D’après le titre des interventions, seule celle de Gregory Hanlon, « Sex-ratio et sacrifice de nouveau-nés en Toscane, 1569-1718 », avait une probable dimension genrée.

22 Pour l’Antiquité, la prévalence de l’exposition (forme euphémisée d’infanticide) des nouveau-nés de sexe féminin, longtemps discutée, semble faire désormais consensus : voir Jean-Baptiste Bonnard, « L’exposition des enfants nouveau-nés handicapés dans le monde grec, entre mythe et réalité », Pallas, 106, 2018, p. 229-240 (notamment p. 234) ; Isabelle Robin, « Dans les langes, les bonnets et les poches des enfants : les papiers et objets des abandonnés à Paris (xviie-xxe siècle) », in Yves-Marie Bercé et al. (dir.), Archives des gens simples, Rennes, PUR, 2020, p. 159-178.

23 Virginie De Luca et Catherine Rollet, La Pouponnière de Porchefontaine : l’expérience d’une institution sanitaire et sociale, Paris, L’Harmattan, 1999 ; Ivan Jablonka, Ni père ni mère. Histoire des enfants de l’Assistance publique (1874-1939), Paris, Seuil, 2006 ; Isabelle Grenut, « Accueillir un enfant de l’Assistance publique dans un département dépeuplé. Nourrices et nourriciers des Basses-Alpes sous la IIIe République », Revue d’histoire de la protection sociale, 2019/1, no 12, p. 105-123 ; Anne Françoise Praz, Placés, déplacés, protégés. L’histoire du placement d’enfants en Suisse, xixe-xxe siècles, Neuchâtel, Éditions Alphil, 2020.

24 Daniel Roche, « L’amour paternel à Paris au xviiie siècle », ADH, dossier Mères et nourrissons, 1983 ; p. 73-80 ; Yvonne Knibiehler, Les pères aussi ont une histoire, Paris, Hachette, 1987 ; Didier Lett (dir.), Être père au Moyen Âge, dossier de Cahiers de recherches médiévales et humanistes, 1997/4 ; sur la proximité du père avec ses enfants voir aussi Danièle Alexandre-Bidon, Didier Lett, Les enfants au Moyen Âge, Ve-XVe siècles, Paris, Hachette, 1997, p. 105-108 et 112-116 ; Trev Lynn Broughton, Helen Rogers, Gender and Fatherhood in the Nineteenth Century, Basingstoke/New York, Palgrave Macmillan, 2007 ; Aude-Marie Certin (dir.), Formes et réformes de la paternité à la fin du Moyen Âge et au début de l’époque moderne, Francfort, Peter Lang, 2016.

25 Voir aussi l’impact des collectifs féministes sur la prise en charge du jeune enfant, étudié par Elsa Neuville, « Utiliser l’institution pour redéfinir les liens familiaux : les collectifs enfants-parents des années 1968 », Le Mouvement social, 2022/2, no 279), p. 171-182, en ligne : https://www.cairn.info/revue-le-mouvement-social-2022-2-page-171.htm.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Jean-Baptiste Bonnard, Dominique Picco et Violaine Tisseau, « Introduction »Genre & Histoire [En ligne], 31 | Printemps 2023, mis en ligne le 19 octobre 2023, consulté le 01 décembre 2023. URL : http://journals.openedition.org/genrehistoire/8309 ; DOI : https://doi.org/10.4000/genrehistoire.8309

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Auteurs

Jean-Baptiste Bonnard

Université de Caen, ANHIMA-UMR 8210

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Dominique Picco

Université Bordeaux-Montaigne, CEMMC- EA2958

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Violaine Tisseau

CNRS, IMAF-UMR8171

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