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À l’épreuve du séisme du 11 novembre 2019 (Le Teil, France) : de l’impact au relèvement territorial

Put to the test by the earthquake of November 11, 2019 (Le Teil, France): from the impact to territorial recovery
Stéphanie Defossez, Frédéric Leone, Clément Dompnier, Mélanie André, Jean-Philippe Cherel et Nicolas Taillefer

Résumés

Le 11 novembre 2019 s’est produit un séisme de magnitude MLv = 5.2 (BCSF-Rénass) dans le Sud des départements de l’Ardèche et de la Drôme. L’épicentre était situé à limite des communes du Teil et de Viviers, au sud de la ville de Le Teil. Cet évènement singulier pour la France métropolitaine a suscité l’intérêt des scientifiques et a fait l’objet d’un retour d’expérience (RETEX) décrit dans cet article. L’objectif est de revenir sur cet évènement et d’en tirer des enseignements en termes de préparation des populations et de relèvement du territoire à moyen et long terme. Les enquêtes ont révélé des populations manifestement peu préparées au risque sismique. Le RETEX a également souligné des vulnérabilités organisationnelles. Des vulnérabilités territoriales influencent le processus de relèvement toujours en cours. Le territoire a subi une crise à laquelle il n’était pas préparé et a dû composer avec les besoins, attentes et contraintes du processus de relèvement.

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Texte intégral

Les auteurs remercient toutes les personnes ayant participé aux entretiens et aux enquêtes, partageant ainsi leurs expériences et ressentis, en particulier les membres du « collectif des sinistrés du séisme » pour leurs échanges réguliers et les informations mises à disposition (https://www.collectif-sinistres-seisme.fr/). Merci également à Thomas Candela, Melissa Leone et Tony Rey du LAGAM pour les premières phases de l’enquête, et à Monique Gherardi qui est à l’initiative de ce RETEX. Nous remercions également toute l’équipe de la mission AFPS et le Service départemental d’incendie et de secours de l’Ardèche (SDIS 07) pour le partage des diagnostics bâtimentaires d’urgence réalisés par les pompiers.

Introduction

  • 1 Elle est de Mw = 4.9 d’après Delouis et al. 2021.

1La France métropolitaine est qualifiée de territoire à sismicité faible à modérée. Le 11 novembre 2019 en fin de matinée, un séisme de magnitude locale MLv = 5.21 (BCSF-Rénass), représentant un événement rare pour la région, se produit au sud de l’Ardèche. Le séisme ne cause aucun décès mais engendre des dommages matériels sur une quarantaine de communes dont Le Teil (Ardèche), la plus affectée. Même si d’autres séismes ont marqué les esprits en France métropolitaine (Lambesc, 1909 ; Arette, 1967 ; Epagny, 1996 ; Rambervillers, 2003 et Ubaye, 2014), le séisme du 11 novembre 2019 apparaît comme un événement singulier qui a surpris les populations locales, les autorités publiques et également certains scientifiques. Chaque événement de ce type représente une opportunité d’apprentissage, sur le phénomène en cause et ses conséquences, ainsi que sur la façon de mieux se préparer, le cas échéant, à un prochain événement (Leone, 2008 ; Wybo, 2003 et 2009 ; Rey et Defossez, 2019 ; Bérard et al., 2022). Ce séisme a alors fait l’objet d’un retour d’expérience scientifique (RETEX), amorcé un mois après l’évènement, dans le cadre d’une mission pluridisciplinaire menée par l’Association Française du Génie Parasismique (AFPS, 2020) et prolongée durant deux années par des géographes universitaires de Montpellier.

2En France, si l’analyse des caractéristiques physiques des séismes, de leurs modes d’endommagement et des effets associés reste assez bien documentée (Piolle, 1968 ; Fréchet et al., 1999 ; Lacassin et al., 2001 ; Marçot et al., 2014 ; Auclair et al., 2015 ; Schlupp et al., 2021), peu d’études s’intéressent à leur dimension sociale. On entend par là une compréhension des vulnérabilités profondes en cause, des capacités de relèvement à l’œuvre, ainsi que des apprentissages à tirer de ce type d'évènement de magnitude modérée. Cet article vise donc à enrichir la dimension sociogéographique d’un RETEX sur le séisme du 11 novembre 2019, en interrogeant notamment les conditions de vulnérabilités qui viennent influencer les effets et les réponses à l’événement (Defossez et al., 2018). La notion de vulnérabilité s’entend ici dans ses différentes acceptions, largement définie dans la littérature scientifique, tant comme la propension à subir des dommages, qu’un ensemble de facteurs, socio-économiques, politiques, culturels, etc. qui contribuent à la production du risque (Blaikie et al., 1994 ; Adger, 2006 ; Leone et Vinet, 2006 ; D’Ercole et Metzger, 2009 ; Becerra, 2012 ; Provitolo et Reghezza, 2015 ; Defossez et al., 2018). Cette étude analyse également la période post-catastrophe, de la phase d'urgence au relèvement et développement territorial telle que définie par Moatty (2015) instaurant la notion de temporalités, notamment celle du long terme. Les questionnements concernent le vécu du séisme, en s’intéressant notamment aux comportements des populations pendant et après les secousses, mais également à la manière dont le territoire se reconstruit. Les populations étaient-elles conscientes du risque et préparées à faire face à un séisme ? Les comportements humains étaient-ils adaptés ? Le séisme du 11 novembre 2019 a-t-il apporté des enseignements et fait émerger des besoins et des attentes de la part des populations ? Suite à cet événement, quels sont les processus de relèvement du territoire ? La reconstruction s'oriente-t-elle vers des adaptations ou une réduction des vulnérabilités ?

3Cet article présente d’abord le contexte territorial (exposition au risque et vulnérabilités) avant d’énoncer les méthodes employées. Il s’ensuit une analyse de la préparation et des comportements des populations face au séisme du 11 novembre 2019. Est abordée ensuite la période post-évènement en analysant les vulnérabilités et les processus de relèvement territorial à l’œuvre, tout en discutant des apprentissages tirés de ce retour d’expérience pour augmenter la préparation collective face à un futur évènement.

Une sismicité régionale pourtant modérée

4Le séisme du Teil s’est produit dans le département de l’Ardèche, à la limite avec le département de la Drôme, au cœur du sillon rhodanien, zone bordée à l’Ouest par le Massif Central et à l’Est par les Alpes Occidentales. L’histoire géologique de ce secteur a été marquée il y a 30 Ma par une extension à l’origine de multiples failles normales qui depuis 20 Ma sont reprises en jeu inverse à la faveur d’une phase de compression horizontale (Ritz et al., 2020). Le niveau d’aléa sismique de la zone est qualifié de « modéré » dans le dernier zonage sismique réglementaire de la France daté de 2011 (niveau 3 sur 5) 2.

5D'après la base de données SisFrance (https://www.sisfrance.net/​) sur l’activité sismique historique, quelques séismes significatifs documentés ont été localisés à une vingtaine de kilomètres au sud-est du Teil (zone du Tricastin). Il s’agit d’intensités épicentrales MSK de VII, toutes associées à une qualité « incertaine » selon SisFrance, survenues le 23/01/1773 (Clansayes), le 19/07/1873 (Châteauneuf-du-Rhône / Donzère), et le 08/08/1873 (La Garde-Adhémar / Donzère). Le témoignage d’un faible séisme, survenu le 01/12/1923 et ressenti uniquement au Teil (intensité MSK IV), a également été rapporté. Plus récemment la région a connu un essaim sismique entre 1933 et 1936 avec 64 séismes, culminant avec une intensité VII durant la nuit du 11 au 12 mai 1934 (Thouvenot et al., 2009). Par la suite, une surveillance instrumentale a permis de caractériser deux autres essaims très superficiels (1 km de profondeur) observés en 2002-2003 à l'est de La Garde-Adhémar avec environ 50 séismes localisés (Thouvenot et al., 2009). Le séisme du 11 novembre 2019 est donc l'événement le plus fort jamais connu depuis environ 1000 ans dans un rayon de 50 km autour de l'épicentre (AFPS, 2020 ; Schlupp et al., 2021).

Le séisme du 11 novembre 2019 : un évènement singulier

6Ce séisme s’est produit le lundi 11 novembre 2019, à 10 :52 :45 UTC (11 :52 :45 heure locale), juste à la fin des cérémonies de commémoration de l'armistice de la première guerre mondiale. Il a été largement ressenti par la population. À 12h16 locale, le réseau de BCSF-Rénass envoie un courriel d'information automatique à la communauté scientifique, aux autorités locales, aux médias et à plus de 1000 abonnés reprenant la magnitude et la localisation de l’alerte du LDG (Schlupp et al., 2021)3. Par la suite, un nombre anormalement faible de répliques a été enregistré avec seulement cinq répliques d’une magnitude supérieure à 1.8 sur les quatre semaines qui ont suivi le choc principal.

7Ce séisme s’est produit sur la faille de la Rouvière, orientée NE-SO, qui appartient au faisceau de failles des Cévennes. Le mouvement, de type inverse, a entraîné une rupture de surface entre Saint-Thomé et Le Teil, visible sur le terrain, avec un déplacement vertical d’environ 15 cm (Ritz et al., 2020 ; Delouis et al., 2021). L’interférométrie radar a permis de mettre en évidence une rupture superficielle d’environ 5 km de long, avec une séparation nette entre un compartiment soulevé (SE) et un compartiment abaissé (NO) (Cornou et al., 2021). Cette rupture a pris naissance entre 1 et 1,5 km de profondeur. Pourtant, la faille de la Rouvière ne figurait pas dans la base de données des failles potentiellement actives en France publiée en 2017 (Jomard et al., 2017). Ce type de rupture qui se propage jusqu’en surface est un phénomène très rarement observé en France. La seule autre mention de rupture en surface attribuable à un séisme connu pendant le dernier siècle concerne le séisme d’Epagny de 1996 (Thouvenot et al., 1998).

8Ce séisme a suscité beaucoup d’interrogations et de discussions sur son origine. Les populations ont suspecté un lien avec la carrière de ciment Lafarge située au sud de la commune à proximité de la faille. Un groupe de travail mandaté par le CNRS-INSU en a conclu que « même si cela ne peut pas être complètement exclu, il est peu probable que le séisme du 11 novembre 2019 puisse être relié à l’effet d’un tir de carrière en particulier. En revanche, il est envisageable que l’effet des perturbations de contraintes dynamiques (c’est-à-dire liées au passage de ondes sismiques) générées par les tirs de carrière répétés sur des décennies puisse produire un affaiblissement progressif de la faille en profondeur, ce qui, combiné aux contraintes tectoniques, et éventuellement à l’effet de l’extraction de roche […], aurait pu faciliter l’occurrence du séisme » (CNRS-INSU, 2019).

Les principaux impacts liés au séisme

9Le séisme du Teil est le séisme le plus destructeur et le plus fort jamais ressenti en France métropolitaine depuis les séismes d'Arette du 13/08/1967 (Pyrénées-Atlantiques, ML 5.3, MSK VIII), de Saint-Paul-de-Fenouillet du 18/02/1996 (Pyrénées-Orientales, ML 5.2, MSK VI), d’Epagny-Annecy du 15/07/1996 (Savoie, ML 5.3, MSK VII), et de la vallée de l’Ubaye du 07/04/2014 (Alpes de Haute-Provence, ML 5.2, EMS98 VI) (intensités en MSK d’après SisFrance et EMS98 d’après BCSF-Rénass).

10Schlupp et al. (2021) indiquent qu’il a été ressenti dans au moins 568 localités, jusqu'à une distance d'environ 300 km avec une intensité maximale observée sur l’échelle EMS98 de VII-VIII au Teil (Figure 1). Trente localités ont connu une intensité de VI dans un rayon d’environ 15 km, et le séisme a généré des dégâts jusqu'à environ 50 km de distance. L’AFPS (2020) a recensé des niveaux de dommages D4, correspondant à un effondrement partiel, sur les communes de Viviers et du Teil, ainsi que des dommages D5 (effondrement total) au Teil. Ce sont des niveaux de dommages jamais atteints en France métropolitaine depuis le séisme de 1967 à Arette. Au Teil, plus de 900 maisons et bâtiments ont été sérieusement endommagés et déclarés comme risquant de voir leur état s'aggraver, avec un risque d’effondrement (AFPS, 2020). Le montant des dommages assurés a été estimé à plus de 150 M€ (CCR, 2019) et le coût global sur les biens privés à 200 M€ (AFPS, 2021).

Figure 1 : Synthèse cartographique des principaux effets du séisme du Teil du 11 novembre 2019 établie à partir de plusieurs sources disponibles

Figure 1 : Synthèse cartographique des principaux effets du séisme du Teil du 11 novembre 2019 établie à partir de plusieurs sources disponibles

11Le séisme n’a pas entraîné de décès, mais causé un blessé grave dans la Drôme (chute d’un échafaudage), 16 blessés légers par chute d’objets et il a nécessité l’évacuation temporaire de 600 personnes dont 500 résidents du Teil. Près de 2300 sapeurs-pompiers ont été mobilisés durant 18 jours pour gérer cette crise. Les services de secours ont réalisé près de 1400 interventions en Ardèche et 120 dans la Drôme. Les diagnostics de dommages réalisés par les pompiers et des membres de l’AFPS ont porté sur 3800 bâtiments (19 communes, 1726 au Teil) (AFPS, 2020).

12Un an après le séisme, 42 communes avaient pu bénéficier de la garantie « catastrophe naturelle » ouvrant droit au régime d’indemnisation des dommages matériels directs causés aux biens assurés, prévu par la loi du 13 juillet 1982 (CCR, 2022). Sur les 850 arrêtés d’interdiction consécutifs pris sur les bâtiments privés (751 arrêtés de péril au Teil), plus de 600 n’étaient pas encore levés un an et demi après le séisme. D’après l’AFPS (2021), 245 familles ont été relogées avec une aide financière de l’État et 10 % des habitants de la commune du Teil ont eu besoin d’un accompagnement. On estime au final à près de 3000 personnes sinistrées suite au séisme.

13Les centrales nucléaires EDF de Cruas-Meysse et du Tricastin, comprenant chacune quatre réacteurs de 900 Mwe, sont situées respectivement à 15 km et à 23 km de l’épicentre. Lors du séisme, un des cinq capteurs de la centrale de Cruas a dépassé le seuil de mise en arrêt des réacteurs. Les mouvements du sol enregistrés ont toutefois été environ cinq fois inférieurs au niveau pris en compte pour la conception des réacteurs (ASN, 2019). Après vérifications, les autorités compétentes ont donné leur accord pour remettre en service les réacteurs 2 et 4 le 6 décembre 2019, et le réacteur 3 le 11 décembre 2019 (ASN, 2019). À la centrale nucléaire du Tricastin, aucun des capteurs de surveillance sismique n’a atteint le seuil nécessitant des vérifications approfondies. Cependant, ce séisme a relancé les débats sur le niveau de protection des centrales et sur le besoin ou non de réévaluer prochainement le séisme de référence maximal historiquement vraisemblable (SMHV) retenu pour le dimensionnement parasismique des installations nucléaires.

Le Teil, un territoire fragile

14Le séisme a concerné plus particulièrement 42 communes (CatNat) réparties entre les départements de la Drôme et de l’Ardèche. Ce sont des territoires de faible densité de population (l’Ardèche fait partie des cinq départements français les moins peuplés), mais qui restent toutefois dynamiques, avec une croissance de + 0,7 % par an entre 2006 et 2011, surtout liée au solde migratoire (Insee, 2014a, 2014b). Montélimar concentre l’attractivité des communes périurbaines et rurales drômoises, ainsi que celles de la zone ardéchoise limitrophe, en grande partie concernées par le séisme. Parmi elles, Le Teil est identifié comme étant la commune la plus affectée par les conséquences du séisme. La construction territoriale et les caractéristiques socio-économiques du Teil livrent des éléments sur le contexte territorial ante crise.

15Les voies de communication font l’histoire du Teil. Hameau au XIIIe s., Le Teil s’étend ensuite grâce à son port et ses voies navigables utilisés pour le commerce jusqu’à la fin du XIXe s. Mais les crues du Rhône participent au déclin du transport par voie d’eau, progressivement remplacé par le chemin de fer. L’activité ferroviaire contribue à la croissance de la commune, formée par les hameaux de Mélas, du Teillaret, de Frayol et de la Violette. En 1960, cette activité laisse la place à de nouvelles industries dont les prémices datent de 1833. Les usines Lafarge participent dès lors à un nouvel essor du Teil considéré comme l’élément moteur du groupe (Barjot, 2005). La commune comptait, en 2019, 8832 habitants (INSEE, recensement de 2019), avec une population en augmentation depuis le recensement de 2011, après quelques fluctuations à la baisse entre 1975 et 2006 (Figure 2).

Figure 2 : Quelques indicateurs socio-démographiques de la commune du Teil avant le séisme

Figure 2 : Quelques indicateurs socio-démographiques de la commune du Teil avant le séisme

Source INSEE

16Selon les données de l’INSEE, ce territoire laisse entrevoir une vulnérabilité sociale, avec un taux de pauvreté atteignant 23 % (moins de 15 % à l’échelle nationale) en 2019 et jusqu’à plus de 40 % pour les deux quartiers prioritaires que comprend la commune, « Cœur de ville » et « Sud avenir ». Le taux de chômage atteint les 20 %, il touche surtout les jeunes (15-24 ans) avec un taux dépassant 35 % (figure 2). Qui plus est, le taux de scolarisation par âge donne une part d’étudiants (30 %) largement inférieure à la moyenne nationale (52 %). L’activité professionnelle se structure pour une part importante autour d’une activité à temps partiel (20 %) dans des secteurs de l’administration mais aussi de l’industrie et du commerce. Surtout composée de retraités (30 %), la commune compte ensuite une large part d’ouvriers (près de 19 %) et d’employés (près de 15 %). Plus de la moitié des habitants sont propriétaires de leur logement, le parc locatif est limité, et une autre partie des habitations est constituée de résidences secondaires et de logements vacants (14,5 % en 2018 selon l’Insee), ce qui pose la question de l’entretien du bâti. Le parc de logements est ancien, avec 74 % des logements construits avant 1990, et 90 % avant 2008. Ces derniers n’ont pas été construits selon les dernières normes parasismiques applicables aux maisons individuelles instaurées par le zonage sismique réglementaire de la France révisé en 2010, entré en vigueur en 2011.

  • 4 Le bassin d’emploi des résidents du Teil se situe plutôt à l’extérieur de la commune vers Montélima (...)

17Commune voisine du Teil, Montélimar capte les populations4 notamment avec sa zone commerciale. Le centre-ville du Teil, en perte de vitesse, a connu de nombreuses fermetures de commerces avant le séisme, et d’autres s’y sont ajoutées après le séisme (d’après la CCI, sur 168 locaux commerciaux recensés, 43 étaient vacants avant le séisme et 25 ont fermé depuis,) (AFPS, 2020). Le centre-ville connaît une paupérisation depuis plusieurs années (ANRU, 2016), et le quartier « cœur de ville » (centre ancien) a été retenu pour un projet d’intérêt général. Un autre quartier nommé « Sud avenir » avait vocation à bénéficier d’une intervention de renouvellement urbain également avant le séisme (réhabilitation de logements sociaux à la Violette notamment) (ANRU, 2016).

Les méthodes du RETEX

Une enquête post-sismique auprès des populations

  • 5 Ce RETEX a été mené en partie conjointement avec l’AFPS, notamment pour la phase d’entretiens avec (...)
  • 6 Le questionnaire est toujours en ligne et peut être consulté à cette adresse. Aucun usage ne peut e (...)

18Alors que les RETEX restent l’apanage des institutions et sont dirigés vers les institutions (autorités locales notamment) et moins les populations (Goutx, 2012). Ce séisme a fait l’objet d’une enquête auprès des populations, s’inscrivant pleinement dans les méthodes d’un RETEX scientifique post-crise multidimensionnel (identification des dommage, analyse des comportements, échelle temporelle de l’urgence au relèvement) et pluridisciplinaire (géographie, sismologie5). Il s’agissait de tirer des enseignements sur le plan humain, afin de préparer des stratégies préventives davantage fondées sur l’éducation. La trame du questionnaire proposé date de 1999 et a été conçue dès l’origine pour permettre des approches comparatives sur les réactions des populations lors de séismes. Il a été utilisé la toute première fois lors du séisme du 08/06/1999 à la Martinique (08h04 heure locale, M 5.4) (Leone, 2008 ; Leone & Mavoungo, 2000). Il a ensuite été adapté et exploité lors de deux autres séismes survenus respectivement le 21/11/2004 aux Saintes (07h41 heure locale, M 6.3) (Ourdouillie, 2005), et le 09/09/2011 à Mayotte (16h25 heure locale, M 5.0) (Leone, 2014). L’enquête abordait huit grands thèmes (tab. 1) permettant de mieux cerner les perceptions, les connaissances, les comportements et les attentes des populations face au risque sismique en général, et cette crise en particulier6.

Tableau 1 : Grille des huit thèmes abordés lors de l’enquête post-sismique auprès des populations

Tableau 1 : Grille des huit thèmes abordés lors de l’enquête post-sismique auprès des populations

19Un premier questionnaire (43 questions) a été administré en face à face et de proche en proche auprès de 68 personnes entre le 11 décembre 2019 et le 20 janvier 2020. La passation du questionnaire a duré entre 10 et 20 mn en moyenne. Très peu de personnes sollicitées ont manifesté le refus de participer à l’enquête. Une seconde version (52 questions), enrichie de questions sur la phase de récupération et les attentes des habitants a ensuite été mise en ligne au moyen de l’outil Google Forms. 53 réponses supplémentaires ont ainsi été collectées. Cette version en ligne a été diffusée auprès des adhérents du collectif des sinistrés du séisme, après accord et validation du questionnaire par son bureau. Les résultats présentés dans cet article reposent donc sur 121 répondants, répartis sur deux départements (75 % Ardèche, 25 % Drôme) et 21 communes. L’enquête a ciblé uniquement des personnes ayant vécu le séisme et se trouvant de préférence dans un bâtiment au moment des secousses. Ainsi la majorité (54 %) des personnes soumises à l’enquête (PSE) se trouvait dans un bâtiment individuel à étage(s) au moment du séisme et plus précisément au rez-de-chaussée pour 64 % d’entre elles. Il s’agissait à 82 % du domicile car le séisme est survenu à 11h52, un jour férié. Les communes enquêtées se situent à moins de 20 km de l’épicentre et ont fait l’objet d’un arrêté CatNat. Les deux communes les plus représentées sont limitrophes et séparées par le Rhône. Il s’agit du Teil (Ardèche) en rive droite (54 %) et de Montélimar (Drôme) en rive gauche (13 %). L’échantillon compte 55 % de femmes et 45 % d’hommes. Le temps moyen de résidence dans la région est de 30 années. Enfin, 78,5 % des PSE ont été géoréférencées à l’adresse ou au quartier dans une base SIG.

20Cette enquête par questionnaires a été complétée par des entretiens semi-directifs afin d’identifier et de comprendre les mécanismes de gestion de crise de la part des acteurs locaux (cinq maires et le SDIS 07 ont participé à ces entretiens). Les autorités locales ont apporté des éclairages sur la gestion de crise et les difficultés du relèvement à venir. Cette phase d’entretiens s’est déroulée début février 2020 et a concerné principalement la gestion de l’urgence et les effets du séisme sur les services publics et le territoire. Ils ont aussi participé à déterminer leur évaluation des difficultés à venir. D’autres entretiens ont nourri le suivi scientifique de la reconstruction grâce à des échanges réguliers, avec le collectif des sinistrés du séisme du 11 novembre 2019, acteur clé, créé à l’initiative des citoyens (une entrevue par an). Enfin, un an après l’événement, des entretiens semi-directifs menés auprès de sinistrés sont venus apporter des éléments de suivi à l’échelle individuelle, initié par les questionnaires. Grâce au collectif des sinistrés, dix personnes se sont portées volontaires pour échanger sur leur vécu. Les entretiens se sont déroulés par téléphone (période COVID) en novembre 2020, à partir d’une grille d’entretien structurée autour des avancées depuis l’évènement, ainsi que des besoins et difficultés des sinistrés.

Suivre le processus de reconstruction

21La reconstruction des bâtiments apparaît comme un marqueur du relèvement territorial (Peinturier, 2021). Immédiatement après le séisme, un diagnostic bâtimentaire a été mené par le SDIS de l’Ardèche et l’AFPS afin d’évaluer le niveau de dommages et estimer la dangerosité du bâti pour les occupants. Partant de ce diagnostic, utilisé par ailleurs pour analyser l’intensité des dommages en fonction de la période de construction, nous avons pu cartographier l’état des habitations 15 mois après le séisme (février 2021) et amorcer ainsi un suivi de la dynamique spatiale de la reconstruction. Seuls les bâtiments d’habitation les plus endommagés ont fait l’objet de cette évaluation, soit les bâtiments effondrés ou partiellement effondrés (noir), les bâtiments présentant des risques importants (rouge) et les bâtiments faisant l’objet d’un arrêté municipal de fermeture (jaune). La typologie retenue comporte quatre classes illustrant les étapes progressives de la reconstruction (travaux sur le bâti) : la première correspond aux bâtiments démolis volontairement et la quatrième classe aux bâtiments dont la reconstruction était achevée en février 2021 (Figure 3).

Figure 3 : Typologie des états de la reconstruction post-sismique (travaux sur le bâti)

Figure 3 : Typologie des états de la reconstruction post-sismique (travaux sur le bâti)

Perception du séisme et comportements humains pendant et juste après le séisme

Effets perçus et vécus du séisme

22La majorité des PSE a fait état d’intensité de secousses « fortes » (56 %) à « très fortes » (32,5 %), et 68 % avouent avoir été effrayés. La durée des secousses a été estimée par les PSE à moins de 10 secondes pour 76 %, et 21 % évoquent un bruit d’explosion (figure 4). Seulement 14 % ont réalisé sur le moment qu’il s’agissait d’un séisme et 16 % des personnes interrogées ont déclaré avoir identifié des comportements inhabituels des animaux, notamment de compagnie (chiens et chats) juste avant le séisme. Enfin, 35 % citent des dégâts à la construction, chiffre qui s’explique par la surreprésentation des sinistrés du Teil dans l’échantillon. En exploitant une autre enquête menée sur le séisme du Teil par Schlupp et al. (2021, annexe ADM4), et en regardant les résultats obtenus auprès des personnes situées dans un rayon de 10 km autour de l’épicentre, on retrouve certains résultats sensiblement comparables aux nôtres : 80 % des PSE ont ressenti des vibrations fortes (« strong »), 72 % disent avoir été effrayés (« panicked » & « frightened »), 70 % ont évoqué un bruit d’explosion.

Figure 4 : Perception du phénomène (causes citées) par les PSE

Figure 4 : Perception du phénomène (causes citées) par les PSE

Q : Sur le moment, à quel type de phénomène avez-vous pensé ?

Comportements pendant et juste après les secousses vs connaissances des consignes de protection

23L’objectif premier de ce questionnaire a été d’apprécier la qualité des comportements et des mesures de sauvegarde individuelles réellement adoptées pendant et juste après les secousses (les gestes qui sauvent !), et de les comparer à la connaissance (ou non) de ces consignes telles que diffusées (ou non) aux populations7. Les écarts éventuellement constatés permettront d’interroger l’efficacité des campagnes d’information auprès des populations, tant dans leur mode de diffusion que dans leur mise en pratique avant les séismes (Figure 5).

Figure 5 : Qualité des comportements (réactions) face au séisme versus connaissance des consignes de protection, pendant et après le séisme

Figure 5 : Qualité des comportements (réactions) face au séisme versus connaissance des consignes de protection, pendant et après le séisme

Q : Qu'avez-vous fait au moment / juste après les secousses ?

24À la question « qu’avez-vous fait au moment des secousses », il ressort que 94 % des PSE ont déclaré des comportements inadaptés, voire dangereux, a priori révélateurs d’une méconnaissance des consignes de mise en protection. Face au risque de préjudices corporels liés à des chutes d’éléments de façades ou de toitures, rappelons qu’il est fortement déconseillé de sortir d’un bâtiment au moment des secousses, y compris pour un séisme modéré (Rojo, 2014). Or, ce comportement à risque a caractérisé 20 % des PSE, tandis que les autres personnes n’ont pas vraiment réagi lors des secousses. Ces scores peuvent surprendre dans une région située en zone de sismicité de niveau 3 (sur 4 en métropole). Ceci étant, ces consignes de sécurité sont mal connues. En effet, seulement 52 % des PSE ont été en mesure de citer des consignes adaptées lorsqu’on leur a demandé ce qu’il convenait de faire pendant les secousses. Mais c’est probablement l’absence de mise en pratique, par exemple lors d’exercices, mais aussi l’absence d’expériences antérieures, qui semblent faire défaut. D’ailleurs, beaucoup de personnes étaient en demande d’informations sur ce point précis lors de nos entretiens : comment se protéger en cas de séisme ?

25Quant à elle, l’analyse des réactions « juste après les secousses », a montré une meilleure adaptation, avec une majorité de personnes (71 %) qui sont sorties des bâtiments. Cette consigne élémentaire était pourtant peu connue (40 %), mais cette réaction semble avoir obéi davantage à un instinct collectif de recherche d’information au contact du voisinage, que de mise en protection face à d’éventuelles répliques ou fuites de gaz. En effet, seulement quatre personnes ont pensé à couper le gaz avant de sortir. Par contre, le risque de répliques a été bien identifié par 85 % des PSE. Cependant, 40 % des personnes qui sont sorties de leur domicile y sont retournées moins de 10 minutes après, et 85 % avant 30 minutes, et ce probablement faute de consignes claires émanant des autorités. On constate même que toutes les personnes ayant subi de gros dommages (dégâts à la construction) sont retournées dans leur bâtiment dans les heures qui ont suivi le séisme et que 50 % d’entre elles y sont même rentrées moins de 10 minutes après le séisme…. Il reste donc une majorité des PSE qui ne semblent pas savoir qu’il est conseillé de s’éloigner des bâtiments, juste après les secousses, et 15 % n’ont pas conscience que des répliques sismiques peuvent survenir.

Recherche d’informations et compréhension du phénomène sismique

26Juste après le séisme, 85 % des PSE ont cherché une information pour comprendre le phénomène ressenti, les conséquences éventuelles sur les centrales, ou tout simplement pour se rassurer. 67 % des personnes interrogées déclaraient avoir pensé aux centrales nucléaires et à leur défaillance éventuelle, soit en tant que cause ou conséquence du séisme. Rappelons en effet que l’épicentre du séisme a été localisé entre deux centrales et que trois réacteurs sur quatre ont dû être arrêtés pour des contrôles de sécurité à Cruas. Les moyens privilégiés ont été le contact direct auprès d’une autre personne (22 %) et le téléphone (21 %), suivis des réseaux sociaux (19 %), de la télévision (16 %), d’internet (15 %) et des radios (8 %) (figure 6A). Le recours massif au téléphone pose de nouveau un problème de non-respect des consignes, avec un risque de saturation des réseaux. 89 % des personnes interrogées estiment avoir obtenu l’information recherchée dans un délai satisfaisant et 80 % l’ont considérée comme étant satisfaisante à très satisfaisante. Au moment de l’enquête, 54 % des PSE ne se sentaient toujours pas en sécurité vis-à-vis des répliques sismiques ou des centrales.

Figure 6 : Canaux d’information utilisés juste après les secousses

Figure 6 : Canaux d’information utilisés juste après les secousses

(A) choix multiples

(B) appréciation du travail des autorités en matière d’information préventive sur les séismes

27L’information, notamment scientifique, semble avoir bien circulée puisque 65 % des personnes ont attribué ce séisme à une cause tectonique (faille). Néanmoins, parfois influencées par les débats scientifiques, mais aussi par le bruit perçu d’une explosion (Figure 4), 18 % des PSE ont avancé une cause anthropique possible liée à l’activité de la cimenterie du Teil. Par ailleurs, 56 % des personnes ont été capables de situer assez précisément l’épicentre du séisme, et 76 % connaissaient avec précision sa magnitude.

Mémoire et connaissance du risque sismique

28Cette enquête a également été l’occasion d’interroger les connaissances de la population sur le risque sismique en France, en général, et sur les moyens de s’en protéger. Ainsi, la période de retour d’un tel évènement la plus citée a été de l’ordre de 100 ans pour 20 % des PSE. Par ailleurs, seulement 43 % des PSE pensaient que la France avait déjà subi un séisme très destructeur dans le passé, et 27 % étaient en mesure de donner des dates. Les événements les plus cités se situent autour des années 1900 (23 %), 1950 (10 %), 1960 (6 %) et 1500 (6 %). Manifestement le séisme de Lambesc du 11 janvier 1909 (46 morts, 250 blessés) était peu connu de notre échantillon. Le séisme de Corrençon-en-Vercors du 25 avril 1962 (MSK VII-VIII) a peut-être également marqué cette mémoire collective. En revanche, aucun événement historique datant des années 1950 n’est identifié dans la BD Sisfrance comme ayant pu avoir des effets ressentis jusqu’au Teil.

Perception et niveau de préparation face aux séismes

29Quant à la perception générale du risque sismique, 78 % des PSE estimaient que la France pourrait subir un jour un séisme très destructeur. C’est un résultat qui écarte l’hypothèse d’un déni du risque, mais qui peut s’expliquer par « la piqûre de rappel » provoquée par ce séisme. Par contre la population interrogée connaissait très mal le niveau d’aléa de son territoire, ce qui témoigne une fois de plus d’un défaut d’information préventive au niveau local. En effet, lors de la passation des questionnaires, 60 % des PSE ne savaient pas qu’elles vivaient dans une région à risque sismique avant d’en faire l’expérience, et seulement 34 % ont été en mesure de préciser le niveau d’aléa régional fixé par le zonage sismique de la France en vigueur depuis le 1er mai 2011 (zone de niveau 3).

De l’urgence au relèvement : un cheminement individuel et collectif

30Le séisme du Teil a rappelé l’exposition du territoire mais aussi une vulnérabilité du bâti ancien révélée par des dommages a priori prévisibles. Une fois l’impact passé, il s’agit à l’échelle individuelle mais aussi collective de gérer la période post-évènement laquelle peut constituer une véritable opportunité pour mieux reconstruire, en instaurant les notions de build back better (Clinton, 2006) ou d’éthique préventive (Moatty et al., 2017). La temporalité post-crise se conçoit à plusieurs échelles individuelles et collectives, sur le court terme (urgence) et à long terme (relèvement).

L’urgence : diagnostic et relogement

31La gestion de l’urgence s’est avérée complexe et désorganisée. Malgré un PCS (Plan Communal de Sauvegarde) évoquant succinctement le scénario sismique sur la commune, celui-ci n’a pas été consulté tant le phénomène a surpris et déconcerté les autorités locales. L’urgence a consisté à gérer les déclarations de sinistres et surtout le relogement des personnes ne pouvant rester dans leur habitation. Le relogement s’est parfois organisé spontanément (accueil temporaire dans la famille ou les proches), mais a surtout été instauré par la municipalité avec l’appui d’organisations associatives et d’organismes privés (EDF par exemple). Une fois déclenchée et accueillie dans la salle du conseil municipal, la cellule de crise a immédiatement mis en place un pôle d’accueil des sinistrés, auprès duquel près de 3000 déclarations de sinistres ont été enregistrées. Près de 1400 personnes ont dû être relogées. En premier lieu, les sinistrés ont été accueillis dans les gymnases, avant d’être relogés dans les campings. Puis cette situation inconfortable jugée potentiellement durable a enjoint les gestionnaires à envisager d’autres solutions de relogement (en dur) y compris dans les communes avoisinantes. La prise en charge du relogement a été accompagnée par une MOUS (Maîtrise d’Œuvre Urbaine et Sociale), gérée par l’association SOLIHA Ardèche (SOLIdaires pour l’HAbitat). Très vite, dans un élan de solidarité, les sinistrés du Teil se sont regroupés au sein d’un collectif, rejoints par les sinistrés des communes voisines. Le « collectif des sinistrés du séisme du 11 novembre 2019 » a joué un rôle primordial dans cette phase de reconstruction. Ce collectif bénévole a recueilli l’adhésion de près de 900 personnes avec pour objectif de « recenser, informer et fédérer les personnes » et les « accompagner et assister dans les démarches » (site internet du collectif). Parallèlement au relogement, l’autre priorité a consisté au diagnostic d’endommagement des bâtiments (coordonnées par l’AFPS et le SDIS 07). Près de 800 arrêtés de périls ont été déclarés suite au diagnostic bâtimentaire, s’expliquant en partie par une urbanisation ancienne (constructions datant d’avant 1970), caractérisée pour certaines constructions de matériaux ou modes de construction inadaptées et d’autres vétustes.

Des dommages prévisibles

32Les données géoréférencées de diagnostic post-sismique du bâti, fournies par le SDIS de l’Ardèche, ont été partiellement recoupées avec les périodes de construction sur la commune du Teil (figure 7). Ces périodes ont été reconstituées à partir des photographies aériennes de 6 dates (1932, 1952, 1969, 1983, 2001, 2018). Ainsi, nous avons pu dater 386 bâtiments significativement endommagés (niveaux orange-jaune, rouge, noir) (figure 7). Il apparaît que 85 % ont été construits avant 1952 et 61 % avant 1932. Sans surprise, l’âge du bâti demeure un très bon indicateur de vulnérabilité physique face aux séismes, surtout quand on sait que les bâtiments anciens de la région sont majoritairement construits en pierres brutes, sans chaînages et que les normes de construction parasismique, pour peu qu’elles aient été appliquées, datent des années 2010. L’influence de la période de construction se retrouve également dans la répartition des niveaux d’endommagement. Selon la typologie fournie par le SDIS, les deux niveaux d’endommagement les plus élevés (rouge et noir) augmentent nettement pour atteindre 56 % des bâtiments significativement endommagés de plus de 90 ans (1932). Ainsi, les 12 bâtiments effondrés qui ont pu être datés sur Le Teil ont été construits avant 1952.

Figure 7 : Caractérisation des dommages sur le bâti en fonction de la période de construction (Le Teil)

Figure 7 : Caractérisation des dommages sur le bâti en fonction de la période de construction (Le Teil)

Une reconstruction des bâtiments lente et à l’identique

33Des relevés de terrain par observation extérieure des bâtiments, menés en février 2021, confirment une reconstruction toujours en cours. Ce diagnostic d’état de la reconstruction du bâti 15 mois après le séisme apporte une évaluation partielle de la dynamique spatiale de la reconstruction (figure 8). Au total, 302 bâtiments ont été diagnostiqués dont 252 résultats exploitables en fonction d’une typologie en quatre classes, établie selon l’état d’avancement des travaux. Sur cette évaluation, 50 bâtiments n’ont pu être classés en raison de leur statut incertain. Cela concerne des bâtiments dont des mesures de sauvegarde sont apparentes, mais qui semblent inoccupés et/ou qui présentent des erreurs de localisation dans la base de données. Environ 15 mois après le séisme, sur les 252 bâtiments observés (soit les bâtiments ayant subi les dommages les plus graves), la moitié était en attente de travaux sous le statut « d’arrêté de péril ». L’autre moitié concernait des bâtiments dont les travaux étaient achevés ou en voie de l’être, et dont 9 % connaissaient d’importants travaux en cours. La répartition de l’état d'avancement des travaux montre que certains quartiers déjà identifiés comme prioritaires dans les politiques d’aménagement accusent un retard de démarrage des travaux. En effet les quartiers Mélas-Croix Rouge et Frayol-Violette comptent le plus grand nombre de bâtiments en attente de travaux (sous arrêté de péril). Cette situation s’explique en partie par la vétusté ante séisme du bâti, et dont l’évènement a inscrit leur reconstruction dans une politique d’aménagement à vocation durable.

Figure 8 : Typologie (A) et état de la reconstruction 15 mois après le séisme (février 2021) (B)

Figure 8 : Typologie (A) et état de la reconstruction 15 mois après le séisme (février 2021) (B)

34Par ailleurs les résultats d’une enquête (Figure 9) menée par le collectif des sinistrés (412 répondants) ont confirmé la lente reconstruction (Lemaire, 2022). En novembre 2020, une large part de la population relogée n’avait pas pu réintégrer son logement et les travaux de remise en état n’avaient pas encore été engagés. Deux ans après, sur la moitié des sinistrés (répondants) qui avait dû quitter leur logement, un quart seulement avait pu regagner son habitation et un tiers n’avait toujours pas perçu d’indemnisation, voire aucune expertise finalisée. Les sinistrés interrogés témoignent de lentes avancées des travaux, ceux-ci étaient achevés pour moins d’un tiers d’entre eux au moment de l’enquête (2021). Pour certaines habitations, les travaux de réparation devraient se terminer en 2022 tandis que d’autres évoquent une fin des travaux en 2025. Ces délais entraînent colère et lassitude chez les sinistrés. À travers le collectif des sinistrés notamment, ceux-ci ont fait valoir une inadéquation entre les délais d’expertise, les délais d’indemnisation et les délais nécessaires pour réaliser les travaux. La loi relative à l’indemnisation des catastrophes naturelles a « porté de deux à cinq ans le délai de prescription au cours duquel l’assuré peut exiger de l’assureur le règlement de l’indemnité qui lui est due, en cas de catastrophes naturelles » (amt COM-16 – art. add. après art. 3)8

Figure 9 : Frise chronologique de la reconstruction territoriale suite au séisme du 11 novembre 2019

Figure 9 : Frise chronologique de la reconstruction territoriale suite au séisme du 11 novembre 2019

35Les travaux de réparation laissent entrevoir une reconstruction à l’identique, et peu de sinistrés ont entrepris des mesures d’adaptation au risque sismique (affirmé par le collectif des sinistrés et la municipalité). Plusieurs freins l’expliquent, en premier lieu l’absence de connaissance des mesures d’adaptation et le coût supplémentaire induit pour une reconstruction adaptée. Le système assurantiel français ne pousse pas à l’adaptation étant donné que l’indemnisation couvre des travaux « à l’identique » et qu’elle est calculée sur la valeur vénale du bien si la reconstruction à l’identique s’avérait impossible. Le fait que cet évènement soit relativement « inédit » en France, montre que les compagnies d’assurance sont peu coutumières et peu préparées à l’évaluation des dommages pour ce type d’aléa (selon les témoignages).

36Il faut souligner que la crise sanitaire (COVID 19) a largement rallongé les délais d’expertise des assureurs (le confinement a empêché leur venue sur place), mais a aussi repoussé la mise en œuvre des travaux en raison de l’indisponibilité de main d’œuvre, et de la pénurie ou de l’augmentation des prix des matériaux.

La gestion des risques naturels exclue des projets de rénovation urbaine ?

37Sur le long terme, à l’échelle collective et au niveau communal, le séisme catalyse les mutations territoriales. Territoire fragile, dévitalisé, mais en cours de revitalisation (avec un solde migratoire positif depuis plusieurs années), Le Teil a été sélectionné pour bénéficier dès 2018 d’un programme « Action cœur de ville ». Financés par l’ANRU (Agence Nationale de Rénovation Urbaine) ces types de programmes ont pour objectif de redynamiser des villes moyennes en leur allouant un budget de rénovation urbaine. Le projet initial prévoyait la redynamisation du centre ancien du Teil, axé sur la culture et la valorisation des espaces publics ainsi que la déviation de la route nationale qui traverse la commune. Mais le séisme est venu modifier le projet, offrant l’opportunité d’un programme plus ambitieux. Le projet de reconstruction est prévu sur 15 ans et concerne le centre ancien et les quartiers Mélas - Croix Rouge et Frayol-Violette sur des axes économiques, sociaux et environnementaux. Il s'inscrit dans une dimension plus large, intégrant des objectifs de performance énergétique, réduisant les nuisances liées à la traversée du centre, prônant la renaturation et favorisant les interactions sociales. Toutefois, aucune action ou aucun outil de prévention des risques ou de réduction des vulnérabilités ne semblent être intégré au projet, après sa redéfinition. L’accent est tout de même mis sur les bâtiments endommagés par le séisme via une OPAH-RU (opération programmée d’amélioration de l’habitat et de renouvellement urbain) qui devrait participer à la réparation de près de 900 logements sur cinq ans (2020-2025). Sur 817 demandes, 693 concernent des habitations touchées par le séisme, mais rien n’est ciblé sur les normes parasismiques (entretien mairie du Teil). D’autres priorités, d’ordre social, prévalent au Teil (réduction du taux de chômage notamment).

Discussion : quels enseignements ?

  • 9 A titre d’exemple, en France métropolitaine, la modernisation de la loi de sécurité civile (en 2004 (...)
  • 10 Le Plan séisme est un programme de prévention du risque destiné à réduire la vulnérabilité des pers (...)

38Les retours d’expérience, quasi systématiques suite à un événement majeur, participent à identifier les leviers de prévention (Huet, 2000 ; Van Wassenhove et Garbolino, 2008 ; Moatty et al., 2018 ; Rey et Defossez, 2019). La survenue d’un évènement naturel marquant peut, en effet, donner l’opportunité de changements de stratégies des politiques de gestion des risques, ou tout simplement les initier. De nombreux exemples en France9, en Europe et dans le monde montrent une réorientation des stratégies de prévention ou des cadres réglementaires de la reconstruction possible à condition d’une volonté politique forte (Sigmund et al., 2022). Pour les séismes, l’Outre-mer français, et notamment la zone antillaise, est plus coutumier de ce type d’événements et a développé un panel d’outils relevant du plan séisme10, dont les objectifs majeurs relèvent de la réduction de la vulnérabilité et de la préparation à la gestion de crise. En revanche, les séismes marquants survenus en France métropolitaine n’ont guère suscité d’actions particulières si ce n’est un porter à connaissance.

39Ce séisme dénote de l’absence de culture du risque sismique et la désorganisation ou l’impréparation à la gestion de crise, dont l’urgence, expliquées par l’absence d’expérience de ce type d’évènement, la méconnaissance ou la sous-évaluation du risque (Weiss et al., 2006 ; Defossez et Gherardi, 2020) tant pour la population que pour les autorités publiques. Notre enquête a d’ailleurs montré que seulement 9 % des PSE disent avoir déjà vécu un séisme dans le passé. Même si l’expérience et la récurrence d’évènement ne garantissent pas une préparation sans « failles » (Guidoboni, 2019), elles peuvent participer à une véritable prise de conscience. Une étude comparative de deux séismes s’étant produit en Grèce à 36 ans d’intervalle atteste de l’évolution de la conscience du risque et d’une préparation plus adaptée, de la part des populations, mais également des autorités publiques (Oikonomou et al., 2018). Les comportements face à une crise dépendent de nombreux facteurs comme « les caractéristiques propres des individus, les processus sociaux et les mécanismes cognitifs » (Etner, 2011), les facteurs cognitifs se révélant primordiaux pour une meilleure préparation à faire face (Weiss et al., 2011).

  • 11 On peut citer en particulier le projet universitaire EXPLOIT qui a permis de doter 60 communes litt (...)

40Passé le choc de l’évènement, les attentes exprimées au moment de l’enquête concernaient essentiellement le processus de reconstruction et l’information préventive face aux séismes. Sur ce dernier point, le jugement porté envers les autorités est sévère avec 82 % des PSE qui considèrent le travail des autorités en matière d’information préventive sur les séismes comme « moyen à mauvais » (figure 6B). L’information préventive, disponible à travers les DDRM et DICRIM, doit être portée au plus proche des habitants et des sinistrés particulièrement en attente sur ce point. Notre enquête a permis d’identifier quelques moyens d’information et de préparation mis en avant par les PSE, tels que les brochures ou les émissions TV (18 %) et surtout les exercices (18 %) de mise en situation. Ces types d’exercices « grandeur réelle » sont régulièrement pratiqués dans les établissements scolaires des Antilles pour les séismes (Cartier & Colbeau-Justin, 2010) et les tsunamis11. Leur efficacité sur l’apprentissage n’est plus à démontrer, et selon Glassner (2006) et Bellet (2013), un apprenant intègre seulement 10 % de ce qu’il lit, 20 % de ce qu’il entend et 30 % de ce qu’il voit, mais jusqu’à 70 % de ce qu’il partage avec les autres et 80 % de ce qu’il expérimente par lui-même.

41Les comportements inadaptés au moment des secousses et la mauvaise connaissance des consignes ont montré que la population enquêtée a manqué d’information préventive et de mise en pratique des gestes qui sauvent. Ce constat rejoint celui d’une autre enquête menée sur ce séisme et faisant état d’un sentiment général d'impréparation et d'impuissance, avec seulement 13 % des personnes interrogées qui étaient totalement satisfaites de leur réaction (Schlupp et al., 2021). On peut également faire le constat de ces lacunes au niveau des mesures de préparation/protection prises au domicile face au risque sismique en général, avant ou même après cet évènement. En effet, seulement 15 % des PSE ont adopté des mesures de protection allant dans ce sens : 9 % de construction parasismique, 3 % d’éclairage de secours et quasiment rien en matière d’équipement radio à piles (deux personnes) ou de fixation des meubles. Les normes parasismiques font partie de la prévention mais la problématique du bâti existant est difficile à résoudre. Pour le bâti, ici majoritairement ancien et ne répondant pas aux normes parasismiques, l’effort doit être porté sur le « renforcement parasismique des bâtiments » (AFPS, 2020 : 117). Mais dans les faits, peu de bâtiments sont engagés vers cette mesure, alors que le retour d’expérience donne l’opportunité d’une reconstruction plus adaptée dans une dimension Build Back Better ou considérée comme « éthique et préventive » (Moatty, 2015).

42Les questions relatives aux assurances (expertises et indemnisations) ainsi que les demandes d’informations sur le début des travaux de reconstruction ressortaient dans la majorité des réponses. La reconstruction était au cœur des attentes à l’échelle individuelle (relogement, travaux), mais aussi collective (le retour à la vie normale pour leur commune). Le rythme lent de la reconstruction perçue par les sinistrés semble s’engager selon la même temporalité que celle du séisme d’Arette de 1967, le seul événement similaire renseigné (en termes de magnitude et de nombre de bâtiments endommagés) qui s’est produit en France métropolitaine. La période de reconstruction consécutive a été estimée à sept ans (AFPS, 2020), alors que les travaux engagés sur Le Teil devraient s’étendre de cinq ans (pour les travaux à l’échelle individuelle) à 15 ans pour le projet de rénovation urbaine. A titre de comparaison pour un évènement plus intense, le séisme de l’Aquila (Mw = 6,2-6,3 : IMCS de V à X) qui s’est produit en Italie en 2009 a touché plus de 60 communes et causé près de 300 morts (Alexander, 2010). Quatre ans après ce séisme, le territoire n’était pas réhabilité et les recompositions territoriales apparaissaient discontinues, voire anarchiques : « les nouveaux établissements du projet C.A.S.E., les centres commerciaux qui ont poussé comme des champignons entourent un centre historique fantomatique bardé d’échafaudages et de décombres désormais pérennes » (De Lauro et Baron, 2013 : 79).

43La question de la temporalité de la reconstruction ne se conçoit pas à une unique échelle spatiale, « les temporalités de la planification et de sa mise en œuvre sont en effet très différentes du temps de la décision de reconstruire ou non que prennent les habitants » (Hernandez, 2009 : 133). En France, ces temporalités dépendent grandement des assurances compte tenu du délai d’expertise, de mise en accord entre les parties et d’indemnisation. Les témoignages au Teil attestent d’une longue attente (parfois six mois pour une première expertise). Deux ans après le séisme, 30 % n’avaient pas encore d’accord avec l’assurance (entretien mairie du Teil). De plus, la phase de reconstruction post-séisme s’est imbriquée dans la crise sanitaire de la COVID 19, laquelle a rallongé encore ces délais. Le confinement engagé en mars 2020 a stoppé littéralement les expertises, mais aussi, pour les sinistrés expertisés, la possibilité d’amorcer les travaux. La crise sanitaire a fait bondir les tarifs des matériaux du BTP, relançant parfois les expertises. Ce séisme a par ailleurs exercé une pression sur les acteurs du BTP pas assez nombreux pour satisfaire une demande pressante et importante. Ces attentes individuelles de reconstruction s’inscrivent dans une dimension plus collective à l’échelle de la commune avec un projet d’aménagement de plus grande envergure sur une temporalité plus longue.

44D’autres questions émergent de ces mutations territoriales notamment autour du départ des populations. Au Teil, plus de 332 personnes ont été relogées, et certaines l’étaient toujours plus de deux ans après le séisme. Le maire de la commune estime, quant à lui, le départ de près de 1500 personnes (alors que la commune en compte moins de 10 000). Ces déplacements de population sont à relier à la vulnérabilité territoriale, à l’instar des départs enregistrés suite au séisme de l’Aquila (Ambrosetti, 2022). Mais a contrario, le territoire peut attirer de nouvelles populations et/ou investisseurs, et les biens à vendre bénéficieront notamment d’aide à la réhabilitation, un effet d’aubaine. Mais il est difficile de présager des recompositions territoriales post-catastrophe tant des facteurs internes et externes peuvent bouleverser les trajectoires (Maret et Cadoul, 2008 ; Hernandez, 2009).

45Alors même que des pistes d’améliorations tirées des retours d’expériences sont identifiées après un évènement marquant, des freins subsistent dans la mise en œuvre de solutions préventives (Moatty et al., 2017). Se mêlent des contraintes techniques, politiques, financières inscrites dans plusieurs échelles temporelles. Le séisme du 11 novembre 2019 ne semble pas échapper à ces contraintes et dans les faits, cet événement n’a vraisemblablement pas impulsé de stratégies de politiques de prévention face au risque sismique (ni en termes de réduction de la vulnérabilité du bâti, ni dans l’information ou la préparation à une crise future).

Conclusion

46Ce retour d’expérience, affirme, sur la base des témoignages des acteurs locaux, que ce séisme « doit avoir un impact sur la politique de prévention des risques naturels » (AFPS, 2020 : 114). Les apprentissages du RETEX révèlent des attentes et des besoins en matière de culture du risque, de préparation à la crise (tant du côté des institutions, des gestionnaires que des populations), et de gestion de la crise dans toutes ses phases, mais plus encore durant la phase d’urgence. Les recommandations issues du retour d’expérience mené dans le cadre de cette étude abondent vers le développement des mesures préventives (attentes des populations).

47Les échanges avec la population ont fait ressortir un sentiment de méconnaissance et de grand étonnement face à un tel évènement. Il semble désormais acquis (mais pour combien de temps ?) que chacun a pris conscience de la survenance possible d’un séisme sur ce territoire affecté et étudié. Il reste maintenant à transformer cette expérience et ces enseignements en outils de prévention et de maintien de la conscience du risque.

48Des vulnérabilités territoriales influencent le processus de relèvement toujours en cours. Le territoire, déjà fragilisé d’un point de vue socio-économique avant le séisme, a subi une crise à laquelle il n’était pas préparé et a dû composer avec les besoins, attentes et contraintes de la reconstruction. Cependant, cette crise a permis de réinscrire des projets d’aménagements déjà engagés avant le séisme dans une dimension plus globale et sur un plus large territoire. Malgré tout, le risque sismique ne semble pas influencer les stratégies de reconstruction et développement du territoire. Cet évènement nous rappelle pourtant l’exposition de la vallée du Rhône et nous invite à anticiper individuellement et collectivement les effets et les réponses du prochain séisme, potentiellement plus destructeur.

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Notes

1 Elle est de Mw = 4.9 d’après Delouis et al. 2021.

2 Cf. ce zonage réglementaire sur : https://www.geoportail.gouv.fr/donnees/zones-de-sismicite

et l’article D563-8-1 du code de l’environnement sur : https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000030066108

3 https://renass.unistra.fr/fr/evenements/fr2019clftsg/

4 Le bassin d’emploi des résidents du Teil se situe plutôt à l’extérieur de la commune vers Montélimar, entrainant les déplacements depuis le Teil pour exercer leur profession.

5 Ce RETEX a été mené en partie conjointement avec l’AFPS, notamment pour la phase d’entretiens avec les autorités locales, tandis que les questionnaires concernent la recherche dirigée par les géographes de l’université Montpellier 3. Toutefois les données ont pu être mises en commun notamment dans le cadre de la rédaction des rapports de l’AFPS.

6 Le questionnaire est toujours en ligne et peut être consulté à cette adresse. Aucun usage ne peut en être fait sans demande préalable aux auteurs : https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSf4e3i_LVLOOf9cOeeTUhlkF4TpzuW18NzQN0g_zs9qKxOhgg/viewform?usp=sharing

7 https://www.georisques.gouv.fr/me-preparer-me-proteger/que-faire-en-cas-de-seisme

8 (http://www.senat.fr/les_actus_en_detail/article/-ca9e44d58c.html).

9 A titre d’exemple, en France métropolitaine, la modernisation de la loi de sécurité civile (en 2004) suite aux inondations successives en Méditerranée ou la création des plans de submersion rapide engagés suite à la submersion marine Xynthia (fév. 2010) et aux inondations du Var (Vinet et al., 2011 ; Mulot, 2015).

10 Le Plan séisme est un programme de prévention du risque destiné à réduire la vulnérabilité des personnes et des biens au risque sismique. Il comporte quatre chantiers : mieux former, informer et connaître le risque ; améliorer la prise en compte du risque sismique dans les constructions ; concerter, coopérer et communiquer ; contribuer à la prévention du risque de tsunami. (https://www.ecologie.gouv.fr/tremblements-terre-et-seismes-en-france

11 On peut citer en particulier le projet universitaire EXPLOIT qui a permis de doter 60 communes littorales des Antilles françaises de plans d’évacuation en cas de tsunami. Ils servent désormais de supports à des actions de sensibilisation et à des exercices d’évacuation pratiqués chaque année : https://exploit.univ-montp3.fr/

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Table des illustrations

Titre Figure 1 : Synthèse cartographique des principaux effets du séisme du Teil du 11 novembre 2019 établie à partir de plusieurs sources disponibles
URL http://journals.openedition.org/geocarrefour/docannexe/image/22168/img-1.png
Fichier image/png, 1,7M
Titre Figure 2 : Quelques indicateurs socio-démographiques de la commune du Teil avant le séisme
Crédits Source INSEE
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Fichier image/png, 100k
Titre Tableau 1 : Grille des huit thèmes abordés lors de l’enquête post-sismique auprès des populations
URL http://journals.openedition.org/geocarrefour/docannexe/image/22168/img-3.png
Fichier image/png, 15k
Titre Figure 3 : Typologie des états de la reconstruction post-sismique (travaux sur le bâti)
URL http://journals.openedition.org/geocarrefour/docannexe/image/22168/img-4.png
Fichier image/png, 956k
Titre Figure 4 : Perception du phénomène (causes citées) par les PSE
Légende Q : Sur le moment, à quel type de phénomène avez-vous pensé ?
URL http://journals.openedition.org/geocarrefour/docannexe/image/22168/img-5.png
Fichier image/png, 52k
Titre Figure 5 : Qualité des comportements (réactions) face au séisme versus connaissance des consignes de protection, pendant et après le séisme
Légende Q : Qu'avez-vous fait au moment / juste après les secousses ?
URL http://journals.openedition.org/geocarrefour/docannexe/image/22168/img-6.png
Fichier image/png, 151k
Titre Figure 6 : Canaux d’information utilisés juste après les secousses
Légende (A) choix multiples
URL http://journals.openedition.org/geocarrefour/docannexe/image/22168/img-7.png
Fichier image/png, 68k
Titre Figure 7 : Caractérisation des dommages sur le bâti en fonction de la période de construction (Le Teil)
URL http://journals.openedition.org/geocarrefour/docannexe/image/22168/img-8.png
Fichier image/png, 1,2M
Titre Figure 8 : Typologie (A) et état de la reconstruction 15 mois après le séisme (février 2021) (B)
URL http://journals.openedition.org/geocarrefour/docannexe/image/22168/img-9.png
Fichier image/png, 1,2M
Titre Figure 9 : Frise chronologique de la reconstruction territoriale suite au séisme du 11 novembre 2019
URL http://journals.openedition.org/geocarrefour/docannexe/image/22168/img-10.png
Fichier image/png, 187k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Stéphanie Defossez, Frédéric Leone, Clément Dompnier, Mélanie André, Jean-Philippe Cherel et Nicolas Taillefer, « À l’épreuve du séisme du 11 novembre 2019 (Le Teil, France) : de l’impact au relèvement territorial »Géocarrefour [En ligne], 97/3 | 2023, mis en ligne le 08 novembre 2023, consulté le 09 décembre 2023. URL : http://journals.openedition.org/geocarrefour/22168 ; DOI : https://doi.org/10.4000/geocarrefour.22168

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Auteurs

Stéphanie Defossez

Laboratoire de Géographie et d’Aménagement de Montpellier, Université Paul Valéry Montpellier 3, stephanie.defossez@univ-montp3.fr

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Frédéric Leone

Laboratoire de Géographie et d’Aménagement de Montpellier, Université Paul Valéry Montpellier 3, frederic.leone@univ-montp3.fr

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Clément Dompnier

Laboratoire de Géographie et d’Aménagement de Montpellier, Université Paul Valéry Montpellier 3 clement.dompnier@gmail.com

Mélanie André

Laboratoire de Géographie et d’Aménagement de Montpellier, Université Paul Valéry Montpellier 3 andre.melanie26@gmail.com

Jean-Philippe Cherel

Laboratoire de Géographie et d’Aménagement de Montpellier, Université Paul Valéry Montpellier 3 jean-philippe.cherel@univ-montp3.fr

Nicolas Taillefer

BRGM / Service géologique national, Orléans N.Taillefer@brgm.fr

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