Les vulnérabilités du trafic maritime dans l’Indo-pacifique, le dilemme de Malacca et son éventuel retournementIntroduction
Résumés
L’Indo-Pacifique est devenu un espace de compétitions polymorphes entre différents acteurs en particulier les États-Unis et la Chine. Ces dynamiques de rivalités et risques d’affrontements multidimensionnels font peser différentes menaces sur les routes maritimes, notamment dans le détroit de Malacca. Par ailleurs, la Chine, par le biais de l'initiative des Nouvelles routes de la Soie, développe plusieurs corridors terrestres avec les pays frontaliers, lui permettant de réduire sa dépendance et sécuriser ses approvisionnements. La Finalisation de l'architecture des routes de la soie entraînerait un éventuel retournement du dilemme de Malacca au détriment des puissances occidentales.
Entrées d’index
Mots-clés :
Indo-Pacifique, Asie de l’Est, Asie du Sud-est, Chine, États-Unis, routes maritimes, routes terrestres, Nouvelles route de la Soie, conflits, dilemme de Malacca, vecteurs Hypersoniques, Drones, acteurs non-étatiques, piraterieKeywords:
Indo-Pacific, East Asia, Southeast Asia, sea routes, land routes, corridors, Belt and Road Initiative, conflicts, Malacca Dilemma, Hypersonic weapons, Drones non states actors, piracyPlan
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1Depuis plusieurs décennies, l’espace Indo-pacifique, région du monde aux limites imprécises à la confluence des océans Indien et Pacifique se révèle comme un pôle économique et politique majeur en plein essor. Cette région attractive, pouvant englober selon les points de vue tout ou partie des pays riverains de ces océans focalise l’attention des états locaux comme celle des nations plus éloignées qui y ont des intérêts primordiaux au premier plan desquels les États-Unis et la Chine dont la diplomatie feint d’ignorer la réalité de la notion d’indopacifique qu’elle juge incompatible avec ses intérêts.
2Ces archipels séparant la haute mer océanique des mers bordurières apparaissent vitaux pour le commerce mondial qui y transite en se concentrant par les détroits corridors maritimes et points de passage obligés. D’un point de vue stratégique, c’est une zone d’affrontement idéologique entre les États-Unis qui maîtrisent le Pacifique et la Chine qui cherche à s’y imposer. Par ailleurs, les effets de la stratégie indirecte d’autres nations comme l’Inde ou la France ou d’organisations comme la communauté européenne y sont manifestes. L’influence des uns et des autres se traduisant en permanence par des promesses concurrentes de défense face à une agression grâce au réseau d’alliance américain ou de prospérité économique en cas de coopération en particulier dans le cadre de l’initiative chinoise de constitution des routes de la soie (belt and road initiative).
- 1 Astarita Claudia, Marconi Matteo, 2023 « Reading Spykman in Beijing, Can the Rimland theory questio (...)
- 2 Chiappetta Andrea, Digital Geopolitics, 2022,«The New Global Challenge», dans Baikady Rajendra, SAJ (...)
3Cet espace apparaît ainsi comme un nouveau Rimland (Astarita et Marconi, 2023)1. En effet, les éléments relevés par Spykman qui définissent un pôle d’influence attractif, et. Ce pôle accueille des entreprises maîtrisant les nouvelles technologies, incarnées par l’IA, les supercalculateurs, supra conducteurs, (Baikady et Al 2022 ; Deloitte, 2021)2. Autant d’atouts de compétitivité économique qui apportent des capacités en matière de production d’armement de sous ensemble commercialisés, ou de capacité locale cybernétiques (robots, drones, …).
4L’initiative des Routes de la Soie permettant à la Chine d’effacer progressivement le dilemme de Malacca, en mettant en service des voies d’évitement à ce détroit, évoque l’idée de constitution d’un nouveau Heartland. À travers l’ouverture de nouvelles voies terrestres exploitant ses voies ferrées et itinéraires routiers pour s’affranchir des lignes maritimes. Il s’agit d’apporter une alternative continentale aux lignes maritimes passant par le détroit. Cette problématique met en scène les deux domaines militaire et économique dans une vaste arène maritime et terrestre, où deux logiques impériales de premier plan entrent en compétition et peuvent s’affronter pour affirmer leur hégémonie mondiale.
L’Indopacifique ou la question des détroits et des canaux
La tyrannie du milieu géographique
5Les obstacles naturels émaillant la surface de la Terre et les travaux menés par les hommes pour les surmonter en transformant l’environnement ont dicté le tracé l’ouverture et l’entretien de voies de communication tributaires de la tyrannie du relief et du climat, mais dépendant de la volonté des peuples. Ces voies ont historiquement canalisé les entreprises humaines dans les domaines commerciaux et militaires influençant les stratégies et les politiques mises en œuvre au niveau régional ou mondial.
6Les détroits, bras de mer enserrés entre deux côtes sont des zones de fractures terrestres qui ont longtemps limité les mouvements de population avant que les hommes conçoivent des outils pour les franchir. Puis, l’audace des navigateurs et l’effet des progrès dans les constructions navales ont transformé la vocation de ces lieux devenus des voies de communication maritimes dans le sens transversal d’une rive à l’autre rompant l’isolement des populations et dans le sens longitudinal orientant et concentrant le trafic côtier ou transocéanique.
7Ces carrefours de communication réputés stratégiques imposent leur primat aux relations commerciales, comme aux entreprises militaires. Ils contraignent les acteurs économiques et les chefs de guerre à adapter leurs projets et leurs manœuvres au terrain en tirant avantage de sa nature et de ses spécificités et les transformant ces caractéristiques en atouts stratégiques. Cette attention du capitaine d’industrie ou du stratège peut conduire à un contrôle puis une exploitation du détroit concerné ou à une manœuvre de contournement amenant à le délaisser au profit d’une autre voie de communication naturelle ou artificielle.
8Une telle manœuvre de contournement ne s’improvise pas puisqu’elle va privilégier une manœuvre terrestre sur une manœuvre maritime qui va consister à ouvrir artificiellement dans le cadre de grands travaux un canal en perçant et canalisant un isthme dans une zone contrôlée du Rimland ou en ouvrant en périphérie dans l’Hearthland de nouvelles routes malgré les obstacles naturels, qui semblaient jusqu’à présent infranchissables.
- 3 Zulkifli, Noraini, Ibrahim Raja Ismail Raja, Rhaman Azrul Azlan Abdul, Yasid Amer Fawwaz Mohd, 2020 (...)
- 4 Eklôf Amirelli Stefan, 2019, «The Sulu Sea», dans Pirates of Empire, Colonisation and Maritime Viol (...)
- 5 Non, Domingo M., 1993, «Moro Piracy during the Spanish Period and Its Impact», Southeast Asian Stud (...)
- 6 Ibid.
- 7 Mourtont Jonathan Jay, 2025, Gouvernance Sécuritaire et technologie spatiale du Japon, Paris, Les I (...)
9Le détroit de Malacca en raison de son positionnement géographique s’est imposé depuis plusieurs siècles comme essentiel en structurant le tracé des lignes commerciales et s’est révélé comme un « pivot économique » de première importance pour l’économie mondiale3. Son importance commerciale, suscitant des convoitises l’a malheureusement transformé en zone de prédation ainsi dans le passé, les Tausug, les Samals (Eklöf, 2019 ; Warren 1978)4 ou encore les Lanun, et Sangil, (Non, 1993)5 y ont mené des actions de piraterie6. Les détroits et les zones archipélagiques facilitent en effet les actions de piraterie menées par des organisations criminelles, ou encore à des mouvements terroristes. Les activités criminelles sont facilitées par l’étroitesse du couloir maritime, sa forte fréquentation et la faible vitesse des navires qui y transitent. Les abordages permettent de s’emparer de la cargaison et éventuellement de s’en prendre à l’équipage pour obtenir une rançon ou en se conduisant gratuitement de manière criminelle dans une logique terroriste. (Mourtont, 2025)7.
10Par ailleurs, ces goulots stratégiques, dont les rives et les nombreuses îles dépendent de la souveraineté d’États riverains souvent concurrents dont les frontières parfois contestées et souvent poreuses constituent des zone grises qui permettent à un certain nombre d’acteurs de pouvoir franchir aisément et clandestinement les frontières.
11Ces pertuis maritimes sont par ailleurs aisément contrôlables par des États s’affranchissant du droit et mettant en œuvre une politique de puissance à leur avantage aux dépens d’autres acteurs, usagers de ces voies maritimes ou facilitant voire incitant à des actes de piraterie. Pour ces raisons et du fait de leur importance croissante soutenue par la mondialisation des échanges, ces zones maritimes, outre le droit local, sont en même temps régies par des cadres juridiques internationaux destinés à garantir la liberté de navigation. Ainsi, même si les deux rives d’un détroit bordent les eaux territoriales d’un État, celui-ci est tenu de faire respecter dans ses eaux les lois internationales régissant la navigation.
12C’est dans ce cadre, en prenant en compte les enseignements de l’histoire mouvementée des détroits que la convention des Nations-Unies portant sur le droit de la mer a élaboré un cadre juridique clair et précis basé sur le droit de transit sans entrave s’appliquant aux détroits servant à la navigation internationale. Cependant, ces mesures n’empêchent pas des tensions de se développer localement et de menacer épisodiquement le bon acheminement de produits essentiels au développement de certaines économies. Ces zones constituent alors des cibles privilégiées pour paralyser ou menacer d’asphyxier les économies qui en dépendent. Bien que de grandes puissances navales veillent aux abords des détroits, les intérêts majeurs des pays d’Europe en particulier sont concernés faisant prendre conscience de la fragilité des échanges avec l’Amérique ou l’Asie.
Un modelage du milieu à des fins économiques, politico-militaires : l’enjeu des réseaux de communications
13Dès l’antiquité, puis durant toute l’histoire, les hommes ont cherché à faciliter leurs déplacements pour commercer ou combattre au plus loin. Ils ont relevé de nombreux défis en œuvrant et investissant considérablement pour adapter leur environnement géographique, pour triompher des obstacles tout en innovant en permanence pour développer des vecteurs de mobilité sur terre, sur mer et depuis peu dans les airs et l’espace.
- 8 Rodrigue Jean-Paul ; NOTTEBOOM Theo, 2024.« Transportation and Economic Development», dans
- 9 Saunders Dale Ernest, 2016, Buddhism in Japan: With an Outline of Its Origins in India, Philadelphi (...)
- 10 Voir Adams Colin, Laurence Ray, 2012, Travel and Geography in the Roman Empire, Routledge
14Ce sont d’abord les itinéraires terrestres et les activités de cabotage telles les routes de la soie ou équivalents qui permirent vers 2000 ans avant notre ère d’échanger entre l’est et l’ouest des idées et des biens et a permis un développement économique majeur (Rodrigue et Notteboom, 2024)8, tout autant que culturel et religieux, comme ce fut le cas pour le Bouddhisme né en Inde avant de se diffuser jusqu’aux rives du Japon en passant par la Corée et la Chine (Saunders, 2016)9. Plus tard, l’Empire romain se structura d’un point de vue économique, mais aussi politique autour de voies dites Romaines. Ce réseau antique constituant progressivement un maillage territorial qui reliait les centres politiques, les ports, les villes et les forteresses situés aux frontières. Cet investissement continu rythmé par l’expansion de l’empire favorisait la mobilité et symbolisait la grandeur de Rome permettant aux différentes entités politiques de l’empire, au regard de leur échelon de responsabilité de mettre en œuvre les décisions de Rome (Adams, Laurence, 2012)10. Ce réseau à vocation impériale bien entretenu doté de nombreux ouvrages d’art rayonnait la prospérité économique et apportait à l’armée romaine une mobilité stratégique remarquable permettant de maintenir la paix romaine dans une logique d’économie des moyens avec un nombre de légions réduit qui ne dépassa que rarement la trentaine.
- 11 Rodrigue Jean-Paul, 2024. « The Emergence of Mechanized Transportations Systems », dans Rodrigue Je (...)
- 12 Athearn, Robert G., 1955 «General Sherman and the Western Railroads», Pacific Historical Review, Un (...)
- 13 Bourlet, Michaël, 2023, Verdun 1916, Paris, Perrin, ministère des Armées, 288 p.
- 14 Mourtont Jonathan, Lassalle Bruno, 2022, « L’émergence du renseignement militaire japonais »,
15Sur mer, la navigation hauturière à la fin du XVe siècle ouvrit l’ère des grandes découvertes. L’exploitation d’itinéraires maritimes concurrença les routes terrestres de la soie intensément utilisées jusque-là, mais rendues moins fréquentables lors les guerres entre les Empires byzantin et turc avant d’être quasiment oubliées après la chute de Constantinople. Ces voies maritimes transocéaniques maîtrisées d’abord par les Espagnols, les Portugais et les Britanniques jouèrent à l’échelle mondiale au profit de nouveaux empires un rôle analogue à celui des voies romaines et s’avérèrent des moyens décisifs pour leur structuration. À la fin du XIXe siècle, la mécanisation des systèmes de transports issus notamment de la révolution industrielle, a permis d’étendre le commerce international au niveau global, et de maintenir les empires coloniaux (Rodrigue, 2024)11. Ainsi, l’invention des machines à vapeur permettant l’exploitation du chemin de fer et de la modernisation de la navigation va raccourcir les distances et faciliter le percement des isthmes de Suez et de Panama. Sur terre, ce sont les puissances centrales qui vont tirer le meilleur parti des réseaux ferrés en construisant pour l’empire russe le Transsibérien et un réseau ferré permettant des bascules de forces militaires rapides entre l’Est et l’Ouest de l’empire allemand. Ce fut également le cas lors de la guerre civile américaine, avec l’emploi étendu par les confédérés des réseaux ferrés afin d’assurer les approvisionnements, et le déplacement de troupes furent en particulier employé à leur plein potentiel par le Général William Tecumseh Sherman lors de la campagne d’Atlanta (Athearn, 1955).12Les trains furent intensément utilisés durant les conflits du début du XXe siècle, ils facilitèrent les bascules de forces d’un front à un autre en Europe, comme ce fut le cas lors de la bataille de Verdun en 1916 (Bourlet, 2023)13, ainsi qu’en Asie en particulier en Mandchourie sous contrôle allemand. (Mourtont & Lassalle, 2022)14.
16Par la suite, du fait du développement du trafic automobile, les voies ferrées furent complétées dans l’Allemagne Nazie par la réalisation des premiers itinéraires autoroutiers permettant des transferts rapides moins aisés à cibler par l’aviation. Aviation qui par ailleurs apportaient dès cette époque une alternative aux transports maritimes et terrestres en particulier pour la logistique militaire ainsi qu’en témoignent les flottes de Junkers 52 du 3e Reich et de Dakotas de l’armée US.
17À la fin du XXe siècle la route et le rail forment un maillage régional et les voies maritimes concentrent l’essentiel du commerce mondial avec des flottes nombreuses constituées de navires de fort tonnage embarquant des conteneurs qui se sont imposés comme contenants universels facilitant la continuité des échanges. Ces voies maritimes sont sécurisées de manière traditionnelle par les flottes des grandes puissances et des bases militaires implantées dans les régions stratégiques qui permettent d’assurer la stabilité et de lutter contre les actions de pirateries ou de terrorisme.
18Ce rapide survol historique rédigé sans esprit d’exhaustivité tend à montrer que depuis l’antiquité, les flux de communication terrestres maritimes et plus récemment aériens ont évolué, privilégiant tantôt un moyen tantôt un autre dans une logique complémentaire du fait des progrès techniques et des besoins des hommes.
19Le développement initial des voies terrestres s’est exercé de manière régulière et progressive puis a laissé la prépondérance aux voies maritimes transocéaniques. Jusqu’à présent, les seuls blocages de grande ampleur des flux maritimes ont eu lieu de manière régionale, localisé et temporaire à l’occasion de blocus en temps de guerre du fait de l’action des forces navales des marines britanniques puis US.
20Aujourd’hui, L’interruption d’une majeure partie du commerce international en conséquence d’une seule attaque ciblée sur un ou plusieurs détroits apparaît dès à présent comme envisageable et constituerait une première mondiale traumatisante aux conséquences stratégiques et économiques majeures pour de nombreuses nations. La remise en cause de certains passages utilisés de longue date à la suite de la mise en service de nouveaux armements et de la déstabilisation de contrées bordant certaines voies de communication pourraient inciter les grandes puissances maritimes à entreprendre de grands travaux pour percer des canaux dans les zones qu’ils contrôlent. Préserver la liberté des échanges maritimes constitue un enjeu vital pour les nations maritimes. Celles-ci pourraient s’entendre et coopérer pour relever les défis que représentent certains percements qui permettront de s’affranchir de la tyrannie que les nouveaux armements pourraient faire régner en particulier dans les zones archipélagiques du Rimland.
21Afin d’anticiper un tel évènement qui pourrait être un fait de guerre, mais aussi survenir en temps de paix, causé par une action terroriste de grande ampleur, des solutions de contournement ont été étudiées en particulier par la Chine qui serait concernée au premier chef, mais aussi par d’autres nations dont l’Union européenne. Dans la perspective d’un blocage du détroit de Malacca, le percement du canal de Kra en Thaïlande pourrait entre autres constituer une solution pour résoudre le « dilemme de Malacca » de même que les routes maritimes du Nord qui offriraient un raccourci appréciable pour les Occidentaux dans la mesure où le changement climatique rendrait ces eaux navigables. Une autre alternative pour faire face à la fragilité accentuée du trafic maritime pouvant également être apportée par une fréquentation plus intense des axes terrestres continentaux, clin d’œil de l’histoire à la géographie qui redonnerait une importance majeure aux anciennes routes terrestres de la Soie.
L’Indopacifique, un espace de compétition : une espace de compétition polymorphe
- 15 Heiduk Felix, Wacker Gudrun, 2020, «From Asia-Pacific to Indo-Pacific: Significance, Implementation (...)
22La notion d’Indo-Pacifique résulte de l’évolution d’un espace travaillé par des enjeux multiples dont les contours et les acteurs ont changé avec le temps. Ainsi, cette notion éminemment stratégique s’est imposée et a supplantant peu à peu le terme employé jusqu’alors d’Asie pacifique. Différents pays ont adopté cette terminologie, comme la France, l’Australie, le Japon, les États-Unis, notamment parce qu’ils entretiennent une présence dans la région et se considèrent comme des puissances régionales (Heiduk et Wacker, 2020)15. Depuis une dizaine d’années, cet espace se restructure sous l’effet de la rivalité sino-américaine qui incite les Etats-Unis à contenir le développement de la Chine non plus du seul point de vue économique, mais aussi d’un point de vue militaire et technologique. Pékin devenu compétiteur systémique incite à mettre en œuvre une stratégie adaptée.
- 16 Voir Jervis Robert, 2017, Perception and Misperception in International Politics: New Edition, Prin (...)
23Cet espace se présente sous différents aspects selon le point de vue des analystes sa forme est influencée par les perceptions et les représentations des acteurs (Jervis, 2017)16. Ainsi, les enjeux propres à cet espace, qu’ils soient politiques, économiques et militaires vont pousser à modifier sa configuration, ses délimitations territoriales et le récit associé inspiré par les différents états-acteurs selon leurs ambitions.
L’Indo-pacifique moderne et contemporaine
- 17 Vares-Lum Suzanne, Morrison Charles E. 2024, «Indo-Pacific Outlook for 2024 and Beyond», East West (...)
- 18 Heckman Laura, 2024, «European Navies Sailing to Secure Indo-pacific», National Defense, https://ww (...)
- 19 World Economics, Asia-Pacific, 2024, <https://www.worldeconomics.com/Regions/Asia-Pacific/ consulté (...)
- 20 Leslie Joseph, 2024, «Tech Spending In Asia Pacific : A Steady Rise to 6.4% Growth In 2024», Forres (...)
- 21 Labrousse Henri, 1987, « Les détroits stratégiques du Pacifique occidental », Bulletin de l’Associa (...)
24Désormais, l’espace l’Indo-Pacifique représente une zone où vit près de 60 % de la population mondiale (Vares-Lum et al., 2024)17 et où s’effectue 50 % du transport maritime mondial (Mofa, 2023)18 entraînant la création de près de 69,9 % du PIB mondial (World Economics, 2024)19. Par ailleurs, cette région constitue une aire où les investissements dans les nouvelles technologies sont dynamisés, puisque ceux-ci correspondent à une augmentation de 6,4 %, atteignant ainsi 710 milliards de dollars pour l’année 2024 (Leslie, 2024)20, soit un quart du PIB nominal Français pour l’année 2024. Cet espace est traversé par 63 des 119 détroits mondiaux : ces points de passage qui s’avèrent omniprésents en Asie constituent donc un aspect économique majeur (Labrousse, 1984)21 dans une région de première importance que ce soit
d’un point de vue économique, technologique, industriel, militaire ou encore démographique.
- 22 Shibasaki Ryuchi, Watanabe Tomihiro, 2010, «Risk Assessment Of Blockade Of The Malacca Strait Using (...)
25L’aspect stratégique des détroits se structure autour de deux catégories de ces points de passage : d’abord les détroits zones de transit entre deux espaces maritimes permettent de passer d’une zone de haute mer à une autre, tout en traversant différents espaces économiques, ensuite, ceux qui permettent le passage d’une zone de haute mer à une zone économique se trouvant dans les eaux territoriales d’un état étranger (document 1)22.

Source : Shibasaki & Al, 2010, Risk Assessment Of Blockade Of the Malacca Strait Using International Cargo Simulation Model» <http://webpark1967.sakura.ne.jp/shiba/wp-content/uploads/hpb-media/img/file7.pdf
- 23 Pour l’année 2023, le Japon, a importé près de 147.66 millions de kilolitres d’essence brute.
Plus (...) - 24 Hall Kenneth, 1985, «The Development of Maritime Trade in Asia», dans Maritime Trade and State Deve (...)
- 25 Stols, E, 1976, «The Southern Netherlands and the Foundation of the Dutch East and West India Compa (...)
26Le trafic mondial qui transite dans cette région se concentre en particulier celui de Malacca pour alimenter en hydrocarbure des pays comme le Japon, la Chine qui importe près de 90 % de ses besoins (Klein, 2024)23. Il s’agit d’une réalité économique très ancienne, en effet, dès le 1er siècle apr. J.-C., un trafic maritime commercial important se manifeste, intéressant déjà l’isthme de Kra (Hall, 1985)24. Ce phénomène s’est poursuivi et amplifié à travers les siècles, notamment en Asie à la suite des différentes conquêtes européennes et à la mise en œuvre d’entreprises commerciales comme la Compagnie française des Indes orientales, l’East India Company ou encore la Dutch East India Company (Stols, 1976 ; Lucassen, 2004)25. Des ouvrages parfois importants réalisés au XIXe ou XXe siècle complètent les détroits existants pour raccourcir les trajets en autorisant le passage de navires commerciaux ou de guerre leur conférant ainsi une importance économique et militaire. Aujourd’hui, certains apparaissent comme des nœuds stratégiques, car ils commandent des voies commerciales et de migration et leur contrôle constitue autant d’enjeux géopolitiques et stratégiques.
- 26 Donnellon-May Genevieve, 2024, «The Impact of Global Food Chokepoint Pressures on Asia’s Food Secur (...)
- 27 Lewis Leo, Inagaki Kana, 2022, «Can Japan feed itself», Financial Times, <https://www.ft.com/conten (...)
27Cette situation illustre la dépendance de nombreux pays au commerce maritime (Donnellon-May, 2024)26. Elle souligne encore à quel point il est nécessaire de préserver la libre circulation dans les détroits afin de garantir l’acheminement des marchandises de part et d’autre de ceux-ci pour protéger la stabilité et la souveraineté des États, face à toute forme de déstabilisation tentée aux dépens des dépendances énergétiques et alimentaires (Lewis et Inagaki, 2022)27.
- 28 Rimaboschi Massimiliano, 2015, L’unification du droit maritime, contribution à la construction d’un (...)
- 29 La ZEE s’étale entre 24 et 200 miles marins de sa ligne de base.
28Cette situation fait écho à la convention de Montego Bay (1982) (Rimaboschi, 2015)28 qui s’est attachée à trouver un équilibre entre la souveraineté des États côtiers et la liberté de navigation. Elle impose à ces états de ne pas entraver la libre circulation des navires définie comme « le passage inoffensif de navires étrangers dans leurs eaux territoriales » avec l’obligation d’assurer la sécurité de ces derniers, tout en délimitant une zone économique exclusive (ZEE) dans laquelle l’État côtier détient des droits d’exploitation des ressources29. Du fait de l’étroitesse de ces lieux et compte tenu de la géographie politique, plusieurs États peuvent partager la souveraineté territoriale de certains détroits.
- 30 Droit de la mer : il y a 40 ans, la convention de Montego Bay ministère des armées publié le 9 déce (...)
29Le contrôle et la défense de la liberté de navigation dans les détroits constituent des motifs de friction entre certains États. Les États-Unis n’ont pas ratifié le texte de la convention de Montego bay et le droit de la mer demeure aujourd’hui contestable par la force (Koh, 2022)30. Cependant, malgré la présence bien visible des États-Unis dans la région, c’est bien la Chine qui se révèle comme un acteur grandissant de déstabilisation au fur et à mesure du développement de ses intérêts stratégiques.
30En temps de guerre, dans un conflit du fort au fort, les grandes puissances s’affrontent par le biais de leurs forces en particulier aéronavales et celle qui l’emporte assure au vainqueur une hégémonie locale intégrant le contrôle des détroits, alors que dans les conflits du fort au faible, ce que l’on a longtemps appelé la politique de la canonnière ou du gros bâton est appliqué dès lors que les traités internationaux ne sont plus respectés. Mais en temps de paix, les tentatives de blocage de ces voies de passage peuvent être le fait d’États voyous, d’organisations non étatiques ou de pirates.
- 31 Soutenus par des États voyous côtiers/ou non, à l’instar des houthis
31Les activités de piraterie qui concernent certains détroits du fait de la passivité ou de l’impuissance de certains États côtiers se sont longtemps limitées à des abordages de navires pour les piller ou exceptionnellement à des captures, les proies étant déroutées vers des ports contrôlés par les pirates. Depuis quelques années, la donne évolue, les pirates et des organisations terroristes opérant sur le littoral31 utilisent dorénavant des moyens nouveaux issus des nouvelles technologies pour attaquer des navires à distance dans une logique terroriste asymétrique.
32Cette situation inédite à cette échelle est aggravée par des menaces étatiques renouvelées, par l’emploi de vecteurs types drones ou missiles disponibles (actuels/ en emploie), dans le contexte particulier des détroits, constituent un facteur de nuisance majeur pour le trafic maritime et pour les utilisateurs un facteur de supériorité opérationnelle non négligeable.
33Afin de préciser la réalité des menaces qui pèsent sur les détroits de la zone Indo-Pacifique, il s’agit de rappeler la typologie des menaces majeures à travers les acteurs étatiques mettant en œuvre à distance des engins et missiles performants et les menaces de basse à moyenne ampleur du fait des acteurs non étatiques.
Des menaces polymorphes de basse et haute intensité sur les lignes maritimes
34Cette région vitale pour le commerce mondial est exposée à des menaces à la fois de basse et de haute intensité qui peuvent être occasionnées par des acteurs divers mettant en œuvre des moyens technologiques variés,
Actions de basse intensité par des acteurs non étatiques
- 32 Hammes, TX, 2016, «The democratization of Airpower : The Insurgent and the Drone», War on the Rocks (...)
35Les acteurs non étatiques agissant dans la clandestinité à des fins de piraterie, de terrorisme, ou dans une logique insurrectionnelle bénéficient aujourd’hui de la vulgarisation des technologies de pointe pour s’armer et mener leurs actions violentes. Le processus de démocratisation (Hammes, 2016)32 de l’acquisition ou de la production de différents composants technologiques permet de se doter discrètement de dispositifs ou systèmes créant la surprise et garantissant localement et temporairement l’ascendant sur l’adversaire dans le cadre de stratégies du faible au fort.
- 33 Dilipraj, 2016, «Inevitable Warfare Technologies: Pragmatic Role of Robotics, 3D Printing and Super (...)
- 34 Walther Gerald, 2014, «Printing Insecurity? The Security Implications of 3D-Printing of Weapons», E (...)
36Ces capacités d’observation, de communication, d’attaque par drones peuvent être acquises partout sur le marché mondial en tant que systèmes prêts à l’emploi ou en pièces détachées disponibles sur étagère dont l’assemblage peut être assuré par des amateurs éclairés. Cette tendance renforcée par l’usage d’imprimantes 3D permettant la fabrication additive de pièces au fond d’un garage a largement transformé le processus d’acquisition clandestin des armements. Elle permet de produire, avec une véritable autonomie les pièces nécessaires, aussi complexes soient-elles (Dilipraj, 2016)33, pour la construction de systèmes de combat, robotisés ou non créant ainsi les conditions d’une inquiétante prolifération. La transmission de certains fichiers de données ou modèles 3D peuvent être consentie par des pays tiers dans des logiques de proxies pour porter assistance à des groupes combattants sans s’engager sur le terrain. Cette situation incite à s’interroger sur le contrôle de la technologie des imprimantes 3D (Walther, 2018)34 et des échanges des différents fichiers permettant l’impression des composants essentiels des drones. Ainsi, des engins robotisés de tous types, volants, terrestres ou navalisés peuvent être acquis discrètement et légalement sur le marché mondial des biens de consommation, à l’insu du contrôle des organismes chargés du contrôle des armements.
- 35 En effet, il est possible pour un particulier d’obtenir des photographies provenant de différents s (...)
37Ces engins qui peuvent également provenir de stocks militaires et être cédés par des puissances étrangères par le biais de trafics illégaux sont ensuite détournés de leur utilisation normale et transformés pour transporter des charges militaires en étant télépilotés, voire en évoluant de manière autonome, pour mener des attaques ciblées. L’utilisation de ces moyens modifie les rapports de force régionaux, notamment s’ils sont utilisés conjointement avec de l’imagerie spatiale disponible dans le commerce ou apportée par des états (Mourtont, 2024)35, renforçant la capacité offensive locale de ces groupes.
- 36 Vivenot Emmanuel, 2020, « Les programmes de munitions rôdeuses », Défense Sécurité International, n (...)
- 37 Tallis Joshua, 2024,«The Calm Before the Swarm : Drone Warfare at Sea in the Age of the Missile», W (...)
- 38 Maritime Executive, 2023, «US Navy Subs Are Getting a Drone That Can Launch Through a Torpedo Tube» (...)
38Ces équipements artisanaux de circonstances peuvent être complétés sous réserve de l’entremise d’états par des munitions rôdeuses (Vivenot, 2020)36, des drones navalisés (Tallis, 2024)37 ou des drones sous-marins, c’est-à-dire de type torpilles (Ozberk, 2024 ; M.E, 2023)38. L’environnement sécuritaire dans la région s’en trouverait alors modifié, car il se situerait à la frontière des missiles de croisière et des drones armés multi-milieux, et qui seront efficaces dans l’ensemble des espaces traversés par les lignes maritimes.
- 39 Dupuy Ronan, 2024, « Sébastopol, témoin de la stratégie navale ukrainienne », Revue de la Défense N (...)
- 40 Brock Joe, Stone Mike, 2024, «Insight: Sea drone warfare has arrived. The U.S is floundering». Reut (...)
39À titre d’illustration, les différentes actions que les forces ukrainiennes ont menées depuis la terre en mer Noire à la grande surprise des Russes soulignent l’efficacité et l’agilité de systèmes terrestres accessibles bénéficiant d’innovations technologiques, ce qui a facilité le maintien d’une pression continue sur les forces russes à la mer (Dupuy, 2024)39. Cet exemple illustre ainsi la rupture dans la guerre navale que provoquent les drones et les missiles (Brock & Stone, 2024)40, qui permettent dans certains cas d’avoir un effet majeur sur une flotte sans en disposer soi-même.
- 41 Sims Alyssa, «The Rising Drone Threat from Terrorists», Science & Technology, Georgetown Journal of (...)
40Cette situation peut inspirer des groupes non étatiques, comme des pirates évoluant en Asie du Sud-Est ou des organisations terroristes ayant accès aux mêmes technologies et au-delà (SimsI, 2018 ; Widiatmaja et Rizqi, 2019)41.
- 42 Le détour par le Cap de Bonne Espérance rallonge le trajet de 40 % passant d’environ 8400 miles mar (...)
41Ces engins faciles à mettre en œuvre discrètement disposent d’une autonomie suffisante pour agir sur une partie du trafic côtier. Ils sont en mesure de causer aux bâtiments des dommages importants sur les superstructures voire sur les coques afin de les stopper ou les ralentir avant de les aborder. Plus graves encore, leurs effets peuvent perturber significativement la navigation, lorsque des bâtiments errent après leur abandon par leur équipage ou coulent, en gênant la navigation dans un détroit ou en obstruant un canal. L’action actuelle des Houthis du Yémen dans le golfe d’Aden et en mer Rouge est à ce titre symptomatique ; ces derniers, qui avaient attaqué un navire avec une embarcation explosive à la fin du XXe siècle, s’inspirent aujourd’hui des modes d’action ukrainiens qui ont fait leurs preuves en mer Noire aux dépens de la flotte russe pour mener une guérilla navale contre les navires marchands, entraînant en 2023 une perte de trafic de 20 % dans le golfe d’Aden en contraignant certains affréteurs à contourner l’Afrique par le cap de Bonne Espérance (S&P Global, 2023)42.
42La tendance qui se dessine est donc la prolifération difficilement contrôlable de vecteurs d’attaque apportant potentiellement à des acteurs basés sur un littoral des capacités permettant de troubler sévèrement la navigation dans ces voies de communication.
- 43 Selon le bilan annuel du Maritime information Cooperation and Awareness (MICA) center de Brest. MIC (...)
43Cette dynamique se manifeste aujourd’hui comme un signal encore faible, mais elle est annonciatrice d’une intensification de cette forme de guérilla navale, même si selon le pôle d’expertise français dédié à la sûreté maritime MICA Center43, les actes de piraterie sont restés stables dans le monde en 2023 malgré le regain de tension en mer Rouge. Cette menace naissante s’avère d’un autre ordre que les raids de pirates motivés par les rapines, car elle a pour origine des revendications plus profondes. Cette guérilla navale technologique mérite d’être étudiée et caractérisée pour en anticiper la montée en puissance, mesurer les risques de généralisation à d’autres régions et adopter des mesures pour dominer le phénomène afin de préserver la fluidité du commerce mondial.
44Les moteurs de cette menace et les facteurs qui permettront de la limiter ou de la maîtriser sont d’ordre technico-opérationnel. Le facteur aggravant est constitué par le potentiel d’évolutions des différents engins, drones et missiles, dont le développement accéléré est favorisé par les progrès technologiques et l’élan de créativité impulsé par la guerre en Ukraine. Les facteurs susceptibles d’en faciliter la maîtrise sont le développement des moyens de télédétection c’est-à-dire d’observation de la Terre et de brouillage. Dans cette perspective, l’augmentation des capacités de résolution des capteurs, aéroportés ou spatiaux, celle du taux de revisite et la capacité de comparer fréquemment les images acquises avec l’aide de l’intelligence artificielle constituent autant d’atouts qu’il faudra savoir exploiter en les couplant avec des systèmes d’interception adaptés. Par ailleurs les moyens de brouillage qui ont fait leurs preuves en 2024 et 2025 durant la guerre d’Ukraine sont de natures à diminuer significativement l’efficacité des drones télépilotés, par brouillage des émissions électromagnétiques. Ces moyens de télédictions et de brouillage devront être couplés à des systèmes d’interceptions classique (canon, missile,) ou d’interception moins coûteux par rayonnement électromagnétique ou laser en cours de développement.
Les drones utilisés par des acteurs institutionnels
45Depuis plusieurs années, les drones sont omniprésents dans la région et font partie des capacités à dispositions des différentes armées de l’Indo-pacifique, la Chine en particulier développe cette capacité dans la perspective d’un affrontement avec les États-Unis.
- 44 Prasanga Amila (Commander) 2023, « The Strategic impact of Military Drone Proliferation on Indo-pac (...)
- 45 Raska Michael, «Emerging Technologies, Defense Innovation, and Military Change: How will the AI Cha (...)
46D’autres pays ont eux aussi renforcé leur capacité en matière de drones comme les États-Unis, le Japon, et l’Australie, afin de préserver leurs intérêts maritimes
(Prasanga, 2023)44. Ils ne sont pas en reste vis-à-vis de la Chine qui depuis de nombreuses années travaille au développement d’une telle capacité. En effet, la typologie des drones s’étend des drones de surveillance à long rayon d’action aux drones tactiques, de surveillance, de frappe ou encore de renseignement, et le développement de ces vecteurs s’inscrit dans une politique d’innovation technologique continue afin de garantir des facteurs de supériorité opérationnelle (Raska, 2024)45.
47Cependant, la guerre en Ukraine a particulièrement modifié l’intérêt relatif à certains types de drones. En effet, sur le plan des capacités, les drones étaient généralement des aéronefs à long rayon d’actions, comme le Global Hawk, ou à un rayon d’action réduit comme les Harfangs, ou de frappe comme les drones Reapers. Puis, à la suite de l’emploi massif de drones kamikazes de petite taille par l’Ukraine, la situation a évolué. Il est donc possible désormais avec des systèmes peu coûteux de détruire des dispositifs majeurs adverses. Cette situation complique l l’appréciation des rapports de force et la prévision des actions militaires, en présence de systèmes qui peuvent massivement frapper les forces engagées.
- 46 Romaniuk Scott, Burgers Tobias, 2018, « China’s Swarms of Smart Drones Have Enormous Military Poten (...)
- 47 Lee Yimou, Pomfret James, Lague David, juillet 2023, «Inspired by Ukraine war, Taiwan launches dro (...)
48La Chine qui développe toute une variété de drones notamment kamikazes explore la possibilité pour ces drones à agir en essaim, en tirant parti de l’intelligence artificielle embarquée dans ces drones. Ces études prospectives montrent la volonté chinoise de développer les capacités des drones pour répondre à l’ensemble des défis militaires de la région. Cette attitude, constitue une menace pour les États-Unis et les puissances démocratiques de la région et menace la libre circulation des marines en mer de Chine ouvrant la possibilité de l’asphyxie de Taïwan (Romaniuk, Burgers, 2018 ; Blumenthal & Kagan, 2023)46. À l’inverse Taïwan, essaye de développer de multiples stratégies pour contenir et se prémunir des capacités de la Chine. Dans ce cadre, l’emploi des imprimantes 3D (Lee, Pomfret, Lague, 2023)47 pour développer une masse de plateformes dronisées afin de submerger les capacités de combat de la Chine, souligne l’importance de la massification de ces systèmes.
- 48 Sheldon-Duplaix, Alexandre, Septembre-octobre 2023, « Les drones navales de combat dans les opérati (...)
49D’abord essentiellement aériens, les drones s’adaptent au milieu maritime en surface ou sous l’eau et offrent un avantage opérationnel important, notamment en raison de leur capacité d’évoluer groupés ou en essaim et ainsi de submerger les défenses d’un groupe aéronaval (Sheldon-Duplaix, 2023)48.
- 49 Romaniuk Scott N. & Burgers Tobias, op.cit.
50La Chine s’inscrit dans cette perspective. En effet, la République populaire a pu faire fonctionner en décembre 2017 dans une célébration publique près de 1 000 drones qui travaillaient de concert en réaction à une orchestration musicale (Romaniak et Burgers 2018)49. Cette capacité adaptée à une mission d’attaque déclinée dans le domaine militaire permettrait à moyen terme de saturer par la masse une ou plusieurs cibles. Si les précautions d’ordre éthiques sont négligées, l’emploi de l’intelligence artificielle permet dès à présent la création de systèmes autonomes d’attaque agissant en essaim.
- 50 Allen, Gregory C. 11 octobre 2022, « Choking off China’s Access to the Future of AI », CSIS, <https://www.csis.org/analysis/choking-chinas-access-future-ai >, cons</https> (...)
51La réponse des États-Unis s’est concentrée sur deux aspects. Le premier est celui de l’accès à la technologie en recherchant comment empêcher la Chine d’acquérir des savoirs techniques liés à l’IA (Allen, 2022)50. Le second concerne le développement de drones tout en concevant en parallèle des mesures actives contre ces derniers. Cependant, cette stratégie se manifeste en réaction à une dynamique d’expansion multidimensionnelle dans la région, notamment d’actions de subversion vis-à-vis des États de la région, fragilisant ainsi les sociétés et leur capacité de réagir.
La Haute intensité : la technologie hypersonique ou une contestation de la puissance des flottes de combat traditionnelles comme facteur de supériorité
52Le concept d’armes hypersoniques s’impose depuis une dizaine d’années dans le débat public et les réflexions stratégiques. Ces systèmes, réputés évoluer avec une grande vélocité au moins cinq fois la vitesse du son soit Mach 5, sont censés frapper à de longues distances avec précision de manière fulgurante. En conséquence, ces armes en cours de développement pour la plupart seront susceptibles de transformer la morphologie du champ de bataille avec une aptitude à déjouer les systèmes antimissiles, car outre leur vitesse, ces vecteurs évoluant dans ou hors de l’atmosphère terrestre selon les types en adoptant des trajectoires curvilignes imprévisibles. Ces différentes caractéristiques contribuent à leur dangereuse efficacité, mettant à défaut la pertinence de certains systèmes d’armes et d’architectures de défense. L’emploi de ces missiles combiné avec celui de drones de tous types peut conduire à des attaques saturantes dans tous les milieux complexifiant toute intervention militaire sur terre ou en mer. Ainsi, ces différentes technologies lorsqu’elles seront matures, modifieront vraisemblablement durablement l’espace de bataille aéroterrestre ou aéromaritime et pourront amener à redéfinir les modalités de la dissuasion d’autre part.
- 51 En effet, l’inhibition d’un adversaire repose sur la certitude d’une riposte. Cette conviction qui (...)
- 52 Kunertova Dominika, 2022, «Hypersonic Weapons: Emerging, Disruptive, Political», ETH Zürich, p.6, p (...)
53La perspective d’employer ce type d’armement en Indopacifique, a pour effet de modifier l’équilibre des forces en présence, en octroyant de fait un facteur de supériorité opérationnel (FSO) à son détenteur, ce qui réduira de manière conséquente la possibilité d’inhiber un tel adversaire sur le plan conventionnel51. En effet, ce choix pourrait remettre en cause l’emploi et la composition des flottes militaires, à l’horizon 2030-2040 généralement estimé pour la mise en service généralisée de ces systèmes (Kunertova, 2022)52.
54Dans cet espace, seuls quelques acteurs sont en mesure de développer ce type d’armement. Les États-Unis, la Chine et la Russie se positionnent en tête dans la construction de ces systèmes en raison de la perspective de rivalités et de potentielles confrontations. Néanmoins, d’autres pays envisagent la mise en service à moyen terme de systèmes similaires, tels le Japon, la France ou encore la Corée.
Les vecteurs hypersoniques promesses et murs technologiques.
55Les progrès, dans le domaine des sciences et techniques, et plus particulièrement dans l’aérospatiale, ont eu pour effet de modifier considérablement la perception, des distances et du temps et donc des capacités d’évolution et de frappe dans l’espace de manœuvre. La maîtrise de la technologie hypersonique repousse encore cette transformation, rendant possible à terme de frapper au loin et en quelques instants n’importe quel point du globe dilatant ainsi les limites des zones d’affrontement interétatiques et engendrant une modification des rapports de force et des architectures de défense comme de dissuasion associée à cette aire régionale.
- 53 Brockmann Kolja & Schiller Markus, 2022, « Matter of speed understanding hypersonic missile systems (...)
- 54 Ibid,
56Ces recherches sur le développement de savoir-faire hypersoniques se sont progressivement concrétisées à travers différents projets technologiques comme les fusées V-2 (Brockmann et Schiller, 2022 ; Hallion et schweikart, 1998)53, puis le développement du X-15 (Pezella et Viviani, 2022)54, permettant de travailler sur le vol hypersonique. Ces recherches se sont également déclinées au sein des systèmes balistiques. Or, cette technologie, depuis plus d’une dizaine d’années, se retrouve dans le débat public.
- 55 Hors du cadre des accords SALT régissant en principe les 500km de la portée intermédiaire
57Ces systèmes hypersoniques sont répertoriés selon la vitesse, le rayon d’action, l’altitude de vol et le milieu dans lequel ils opèrent déterminant des effets propres et un mode d’action. Ainsi, un court rayon d’action s’évalue à moins de 1 000 km, tandis qu’une portée moyenne ou intermédiaire55 s’établit entre 1 000 et 3 000 km. Quant à la portée d’un missile intercontinental, elle s’étend à plus de 5 500 km. Par ailleurs, chacun de ces systèmes dispose de modes de propulsion/motorisation propres qui influent sur le comportement du vecteur.
- 56 Pezella Giuseppe, Viviani Antonio (Dir.), 2022, Hypersonic Vehicles, Applications, Recent Advances (...)
- 57 HGM : Hypersonic Glide Missile
- 58 Kunertova Dominika, 2022, «Hypersonic Weapons: Emerging, Disruptive, Political», ETH Zürich , p.47
- 59 HCM Hypersonic Cruise Missile
- 60 Ibid.
- 61 Kunertova Dominika, 2023, « Les nouvelles armes hypersoniques », Rubicon, <https://lerubicon.org/le (...)
- 62 La Nasa a développé un aéronef s’appuyant sur cette architecture moteur à travers le Hyper-X progra (...)
58Selon le modèle, le vecteur va évoluer à une altitude différente. Alors qu’un missile balistique va évoluer jusqu’à 1 200 km d’altitude56, le planeur hypersonique après le vol balistique initial (HGM)57 va évoluer entre 40 km et 100 km d’altitude (Kurnetova, 2022)58 et un missile hypersonique de croisière (HCM)59, va se déplacer entre 20 et 30 km d’altitude voir plus bas60. Le HGM profite d’un lanceur classique afin d’atteindre l’altitude souhaitée, qui libère un planeur et cette dernière amorce alors sa descente en atteignant de hautes vitesses et rebondit sur les couches de l’atmosphère en évoluant pour rejoindre sa cible (Kunertova, 2023)61. Le HCM bénéficie d’un porteur avionné ou intègre un booster de lancement qui permet au missile d’atteindre la vitesse nécessaire pour amorcer un moteur à stato-réacteur ou un superstato-réacteur pour atteindre de plus grandes vitesses. Il peut rejoindre sa cible à basse altitude en épousant des trajectoires curvilignes difficilement prédictibles. Néanmoins, ce système à statoréacteur technologiquement complexe, du fait des hautes températures et des flux d’air à maîtriser s’avère tributaire d’avancées technologiques et reste limité aux états les plus avancés dans ce domaine62.
- 63 Karako Tom & Dahlgren, 2022 « Complex Air Defense : Countering the Hypersonic Missile Threat », CSI (...)
59Les choix d’architectures évoqués influent sur les trajectoires permettant ainsi d’obtenir un effet différencié. Par ailleurs, les altitudes de vol hautes ou basses et la manœuvrabilité des engins compliquent l’élaboration de contre-mesures efficaces à moyen terme (Karako et Dahlgren, 2022)63. Ainsi, ces vecteurs hypersoniques du fait de leur rayon d’action étendu leur grande vélocité et leur capacité à tromper les défenses adverses de modifient l’équilibre des rapports de force.
- 64 WENZER Kenneth, 2018, « The US. Navy and the Conquest of the Pacific by Lt. Cmdr. Charles H. Stockt (...)
60Cette métamorphose des perceptions a modifié l’appréhension de la matérialité géographique, aussi vaste soit-elle. Cette nouvelle perception de l’espace géographique pourra placer n’importe quel point du globe à portée de vecteurs aériens, un changement de paradigme aussi révolutionnaire que le fut en son temps le développement de la marine, qui rendait possibles les conquêtes territoriales (Wenzer, 2018 ; Goertz et al., 2016)64. Cette modification de perception joue également sur le temps.
- 65 Pajon Christophe, « Temporalités et stratégie aérienne, de la maîtrise de l’air et de la maîtrise d (...)
61Ce cadre géographique si particulier pourrait être profondément transformé par l’arrivée d’arme hypersonique. En effet, ce type d’armement permettra du fait de ses caractéristiques de remodeler l’espace, d’affirmer une supériorité technologique et militaire et d’étayer un narratif de puissance, par ses effets de surprise, qu’une puissance terrestre puisse s’attaquer à une flotte, et inhiber ses adversaires. ll change la donne par sa simple évocation, participant à la narration de puissance de certains états. Cela donne la capacité d’agir de loin, éventuellement depuis la terre, sans disposer de marine en laissant des délais de réaction trop brefs à l’adversaire, pour qu’il puisse prendre des contre- mesures et ainsi le désarmer. (Pajon 2016 ; Lorimer 2005 ; Leopard 2009)65.
Les principaux pays à l’origine du développement des systèmes hypersoniques : les États-Unis, leurs alliés et la Chine
62Les déclarations portant sur le développement de ce type d’armes participent à la rivalité entre grandes puissances ainsi qu’à leur volonté de démontrer leurs capacités respectives, tout en exprimant un narratif de puissance auprès des acteurs de la région. En effet, l’omniprésence dans le débat public des commentaires afférents aux avancées technologiques du domaine hypersonique contribue à la mise en scène des moyens de puissance de chacun des acteurs, en premier lieu les États-Unis, la Chine et la Russie. Les systèmes hypersoniques lorsqu’ils auront fait preuves de leur maturité auront pour effet de modifier durablement les rapports de force dans la région.
- 66 HARPER Jon, 03/22/2019, «Incoming: Can Aircraft Carriers Survive Hypersonic Weapons? » National Def (...)
- 67 Cummings, Alan, « Hypersonic Weapons : Tactical Uses and Strategic Goals », War on the Rocks,
12 no (...) - 68 Stephen Matthew, ZÜRIN Michael, 2019, Contested World Orders, Rising Powers, Non-Governmental Organ (...)
63Le développement de ce type de technologies oblige les différents acteurs à se positionner vis-à-vis de ces nations soit en concevant eux-mêmes leurs propres dispositifs, en cherchant les moyens de s’en prémunir. Par ailleurs, les capacités annoncées de ces armes posent la question de l’adaptation des marines militaires66 comme moyen de contrôle des espaces maritimes. Cette problématique, suggère que la maîtrise des mers et la capacité de projection de force peuvent se trouver remise en cause par ces nouveaux moyens. En effet, l’emploi d’armes hypersoniques à des fins tactiques entraine des effets stratégiques (Cumming, 2024)67 de premier ordre, en particulier dans l’affrontement possible entre la Chine et les États-Unis qui considèrent que l’Empire du Milieu incarne un ennemi systémique. (Stephen et Zürin, 2019)68. Cet effet stratégique, Ce qui peut faire le jeu de la Chine en contrebalançant la puissance navale américaine et en remettant en cause l’ordre international libéral post-1945.
- 69 Harper Jon, op.cit.
64La Chine, dont le programme spatial date des années 1956, à très tôt orienté ses recherches dans le domaine de l’hypersonique et ses capacités sont en progression. Aujourd’hui, la Chine a déployé des HGV, comme le Dongfeng F-17, ou des HCM comme le YJ-21. Ces différents dispositifs sont développés dans le cadre d’une vision stratégique expliquée dans les différents livres blancs de la défense pour contrer les États-Unis et repousser leur zone d’influence, en neutralisant la marine militaire américaine et ses bases avancées (Harper, 2019)69. Cette perspective se révèle particulièrement problématique pour les bases américaines de Guam ou d’Hawaï ou pour les pays qui hébergent des bases américaines sur leur sol, comme c’est actuellement le cas du Japon, de la Corée ou encore des Philippines. Cette volonté chinoise se révèle particulièrement problématique pour les bases américaines, comme les États-Unis développent la technologie hypersonique et travaillent sur de multiples projets de missiles depuis plusieurs décennies. Cependant, les avancées de la Chine et de la Russie sur ce segment poussent Washington à réévaluer la menace et à renforcer ses investissements dans le domaine.
- 70 Bugos Shannon, Kingston Reif, 2021, «Undestanding Hypersonic Weapons : Managing the Allure and the (...)
- 71 Roque Ashley, 2022. «USAF delays ARRW production decision, eyes revamped test plan» Janes, 20.01; A (...)
- 72 Ibid.
- 73 James Deborah Lee, McCarthy Ryan, White Michael, E, 6 mars 2025, «How the nation can make fielding (...)
65À partir des recherches menées de multiples démonstrateurs, sont en développement en particulier 12 HGVs à l’horizon 2022, qui s’inscrivent dans le AGM 183 Air Launched Rapid Response Weapon (Bugos et Reif, 2021)70 a néanmoins connu des retards dans le développement à la suite d’échecs des vols tests en 2021 (Roque, 2022 ; Alam 2024)71 qui vont conduire à l’annulation du ARRW program ; toutefois, les résultats des différents tests vont bénéficier aux programmes HACM (Hypersonic Attack Cruise Missile) et HALO (Hypersonic Air-Launched Offensive Anti-Surface Warfare) (Alam, 2024)72. Par ailleurs des problèmes techniques ont retardés, le LRHW (Long -Range Hypersonic Weapon) de l’US Army et le Navy Conventional Prompt Strike (CPS) devant être opérationnel respectivement en 2023 et 2025 (James et Al.2025)73. Toutefois, la réussite du dernier test de l’arme hypersonique de l’US Army (LRHW) en décembre dernier laisse à penser que les États-Unis s’adaptent rapidement.
- 74 Ministry of Defense of Japan, (MOD), 2023, «Integrated Air and Missile Defense», [https://www.mod.g (...)
- 75 Yeo> Mike, 31 mars 2020, « Japan unveils its hypersonic weapons plans », Defense News, <https://www (...)
- 76 Erwin Sandra, 2024, « AI company developing software to detect hypersonic missiles from space »,
Sp (...) - 77 Albon Courtney, 2023, « US, Australia eye joint hypersonics experiments in 2024 », C4ISRNET, <https (...)
66L’ensemble des armées développe des systèmes hypersoniques, qui ont vocation à devenir opérationnels dans la décennie à venir. Ainsi, les puissances alliées des États-Unis développent également des technologies hypersoniques. La France qui dispose d’un réel savoir-faire hypersonique dans les deux domaines, a conçu un démonstrateur, HGV, le V-MAX, qui a réalisé son vol test en 2023. Dans le domaine HGM, la France possède de nombreux programme aussi un savoir-faire avec le développement de l’ASN4G à Mach 6 et Mach 7. Le Japon a aussi élaboré un dispositif de planeur hypervéloce (MOD, 2023)74 et un dispositif à stratoréacteur (Yeo 2020)75 qui s’accompagne du développement avec le Pentagone d’un vecteur antimissile hypersonique (Erwin, 2024)76. L’Australie quant à elle cherche à se doter également de cette technologie. C’est ainsi que, tout comme le Japon, elle s’est associée avec les États-Unis à travers le programme Hypersonic International Flight Research Experimentation (HIFiRE) commencé depuis une quinzaine d’années (Albon, 2023 ; DSTG, 2024)77.
- 78 Lee YoungHak, 4 octobre 2023, « South Korea’s New Supersonic Anti-Ship Missile Will Have Multi-Role (...)
67La Corée du Sud, à l’instar du Japon, a élaboré un HGV vecteur hypersonique et souhaite intégrer et renforcer ce développement technologique au sein d’AUKUS (d’autant que le test de cette capacité aura lieu en 2025 à partir de l’avion FA-50 (LEE, 2023 ; CHOI, 2024) 78. Nous notons ainsi que tous ces dispositifs s’intègrent au sein d’une stratégie qui tend à contenir les capacités de la Chine et dont l’architecture de défense est structurée autour des États-Unis. Par ailleurs, ce développement de capacités hypersoniques s’accompagne d’un emploi de drones, multi-milieux, notamment autonomes et pouvant fonctionner en essaim, et qui pour une part d’entre eux pourront bénéficier d’une capacité hypersonique, susceptible de changer ainsi durablement le rapport de force régional qui s’appuie sur les capacités des marines militaires.
68La Russie constitue une menace régionale, en Indo-pacifique. L’utilisation qu’elle fait des moyens hypersoniques dans son combat en Ukraine, lui permet de développer une maitrise certaines de ce type d’armement, et pourrait compléter dans une logique d’alliance, les moyens de la Chine. L’attitude la Russie est principalement dictée par l’intégrité territoriale des îles Kouriles, son l’accès au Pacifique, et ses liens, avec Pékin, dans une logique de nouveau Hearthland.
69Les missiles hypersoniques, réduisent le temps de l’action, et produisent des frappes laissant peu de préavis, inhibant ainsi la capacité de riposte d’un adversaire dans une profondeur de 1000 et demain de 2000 km. Ils modèlent, l’espace de bataille, en permettant des frappes désarmantes, au profit de celui qui déclenche les hostilités, Lui donnant les moyens de coercions sur l’espace maritime, sans nécessairement détenir une supériorité dans le domaine navale. Il faut toutefois noter qu’un certains nombres de murs technologiques restent à franchir pour bien maitriser les technologies permettant la construction de HGV ou de HCM.
70En effet, il faut vaincre le mur de la chaleur qui constituent un défi au -delà de Mach 5 et concevoir des coiffes et des gouvernes qui résistent aux hautes températures et qui garantissent la manœuvrabilité dans sa phase terminale. Enfin des auto-directeurs qui permettent une précision terminale malgré l’ionisation des surfaces avant de ces vecteurs. Toutes considérations qui incitent au-delà du discours, à bien différencier ce qui est annoncé et ce qui est réellement possible à moyen et à plus long terme.
Conséquence sécuritaire : la question des nouvelles routes maritimes ou couloirs terrestres et les stratégies de contournement locaux et périphériques du détroit de Malacca
Quels contournements face à l’évolution des menaces sur les détroits de l’ Indo-pacifique ?
- 79 En raison des agressions répétées des Houthis, des modes d’action diversifiés, abordage de bateaux (...)
- 80 Carroll Rosaleen, 18 juillet 2024, «The Suez Canal Authority said revenue for fiscal year 2023/2024 (...)
- 81 Le Monde & AFP, 26 janvier 2024, « Suez Canal traffic has dropped 42%, since Houthi attacks, accord (...)
71Compte tenu des menaces, qui peuvent être initiés par des organisations non étatique, des états voyous, ou des états organisés tirant parti des nouveaux armements, en s’attaquant au trafic côtier de nouvelles routes maritimes ou corridors terrestres multimodaux pourraient être ouverts afin d’offrir des alternatives au blocage éventuel de certains détroits. Cette nécessité de contournement de détroits devenant périlleux est illustrée aujourd’hui par les actions récentes des terroristes Houthis bénéficiant du soutien de l’Iran (Guiziou, 2023)79, qui ont causés des pertes substantielles de plusieurs milliards de dollars (Carroll, 2024)80, à l’Égypte81. C’est ce qu’ont choisi de faire de nombreuses compagnies de transport en allant doubler le cap de Bonne espérance.
72Cette idée de contournement rapportée au détroit de Malacca est à organiser. Il est naturel de penser qu’une telle situation pourrait se produire dans la zone Indo-pacifique région travaillée par des groupes non étatiques prompts aux actions violentes pouvant être financés et appuyés par des puissances régionales.

Source : Shibasaki & al, «Risk Assessment Of Blockade Of The Malacca Strait Using International Cargo Simulation Model» 2010, http://webpark1967.sakura.ne.jp/shiba/wp-content/uploads/hpb-media/img/file7.pdf
- 82 Cela aurait aussi pour effet d’augmenter de manière massive les coûts du trafic maritime liés notam (...)
73L’éventualité de l’agression sur des navires de commerce, concerne les acteurs du monde entier dont la chine dont les marchandises transitent par le détroit de Malacca. Dans cette perspective, La Chine pourrait être concernée non seulement du point de vue économique à l’instar des autres puissances mondiales, mais aussi du point de vue stratégique. En effet, les flux énergétiques importées transitent à 80% par ces détroits, pourraient pouvant être interrompus en cas de crise dans le cadre d’une l’intervention de la marine U.S. Cette éventualité qui hante l’esprit des responsables chinois est bien connu le comme étant le dilemme de Malacca. Compte tenu de ces menaces et des problématiques liées à l’augmentation continue du trafic, tous les acteurs économiques sont conscients de la priorité qu’il faut accorder à l’études de nouveaux itinéraires de contournement du détroit de Malacca (Wu, 2019 ; World Economic Forum, 2024)82.
Document 3 : Différentes valeurs de dépendance des régions vis-à-vis des principaux lieux de transit maritime
Canaux |
Asie de l’Est |
Europe |
Amérique du Nord |
Détroit de Malacca |
50.66% |
55.07% |
9.49% |
Canal de Suez |
31.04% |
62.54% |
11.65% |
Canal de Panama |
4.55% |
2.47% |
24.55% |
Délais de retard en cas de blocus |
|||
Détroit de Malacca |
7.39 |
5.41 |
5.81 |
Canal de Suez |
8.65 |
8.66 |
7.31 |
Canal de Panama |
8.38 |
4.46 |
6.36 |
Source : Wu, 2019, op. cit.
74 Acteur principale de ce dilemme, la marine américaine apparaît avec un double profil, l’un apparaît rassurant garantissant la liberté de navigation mais l’autre inquiétant pour la Chine car porteur du risque d’un blocage des navires participant à son ravitaillement en matières énergétiques. Cette dépendance existentielle au détroit est depuis longtemps pressentie par la Chine, Pour se délivrer du de ce dilemme et sortir de l’impasse, la Chine doit réussir son désenclavement maritime et terrestre en ouvrant et contrôlant des voies de communication qui permettront le contournement du détroit de Malacca. Dans cette perspective, les options qui se présentent sont de deux ordres. Le premier consiste à créer et contrôler des canaux ou voies de communications ouvertes localement dans le Rimland, l'autre de se détourner de la zone des détroits en reliant la Chine aux appro énergétiques en viabilisant des voies terrestres du Hearthland. Ces voies terrestres font l'objet d'une politique de grands travaux et de longue haleine et pour une part constituent Les nouvelles routes de la soie (BRI).
75Ainsi, une alternative s’impose pour la Chine qui peut choisir entre des projets maritimes dans la zone Indo-pacifique, ou des projets terrestres sur le continent de la route à ses frontières Que ce soit les nations maritimes ou continentales, il y a un consensus pour considérer, les risques occasionnés par un blocage du commerce international méritent le développement d’alternative à moyens et long terme.
Les projets de voies de contournement du domaine maritime
- 83 Carrou (le) Jérôme, 11 décembre 2020 « Le Projet du canal de Kra en Thaïlande : un enjeu économique (...)
76La Thaïlande porte un projet de canal intitulé canal de Kra (Carrou, 2020)83 qui représenterait une autre alternative au détroit de Malacca (d’autres projets de canaux sur l’isthme de Kra sont par ailleurs envisagés). En effet, Ce canal partant du golfe de Thaïlande arrivant dans la Mer d’Andaman permettrait ainsi de relier l’océan Pacifique et l’océan Indien. La Chine souhaite financer ce projet, mais les autorités thaïlandaises préféreraient opter pour un financement international et non pas réservé, afin de se prémunir du contrôle exclusif d’un investisseur craignant une pénétration politique de l’influence étrangère encourageant les tentatives d’émancipation de certains territoires.
- 84 SUY Se, 5 août 2024, «Camboda’s prime minister marks start of creating controversial canal», Japan (...)
- 85 Ibid.
- 86 Quang Nguyen Minh & Borton James, 7 août 2024, «The Geopolitics of Cambodia’s Funan Techo Canal», T (...)
- 87 Les corvettes de classe Jiangdao ou les types 055 de la classe des destroyers peuvent naviguer dans (...)
- 88 Cependant, cela n’exclut pas la possibilité de déployer des troupes et des véhicules terrestres ave (...)
- 89 Sokvy, Op. cit.
77Le Cambodge propose une variante du projet d’accès au canal de Kra, Cette idée porté en particulier par son Premier ministre Hun Manet (Suy, 2024)84, consiste à relier au golfe de Thaïlande de l’Océan Indien, au Mékong, et offrir un accès à la mer de Chine, au par le canal de Kra. Ce canal appelé Funan-TECHO85, permettra de connecter les industries proches de Phnom Penh aux différents ports du golfe de Thaïlande (Quang et Borton, 2024)86. Ce canal censé mesurer 100 mètres de large, pour 5,4 mètres de profondeur, limiterait le trafic à des navires légers et empêcherait le passage de navires de guerre de forts tonnages87. Toutefois une force terrestre peut être déployé à partir de bateaux à faible tirant d’eau88 (Sokvy, 2024)89.
78La Malaisie, quant à elle porte un projet l’East Coast Rail Link (ECRL) matérialisé par une liaison ferroviaire mixte (passagers et fret) établissant le lien entre la côte Nord-est du pays et la vallée de Klang à proximité de Kuala Lumpur. Ce projet lancé en 2017 doit être opérationnel en début de 2027, il comprend 60 tunnels et 219 ponts sur 640 km.
79A l’inverse des différents projets maritimes, nombre de projets de corridors logistiques terrestres régionaux ou transcontinentaux plus ou moins avancés ont été envisagés. Il est intéressant d’en étudier les avantages les inconvénients et la capacité d’apporter une solution à la logistique mondiale et chinoise en complétant à moyen terme voire concurrençant à plus long terme les échanges principalement maritimes actuellement.
Les plans de corridors terrestres, comme garantie des échanges économiques
- 90 VINCI, 2020, « Tunnel Tech : l’avenir est dans les tuyaux », Tunnel tech : l’avenir est dans les tu (...)
80Les routes terrestres apparaissent également comme des alternatives pérennes. S’inscrivant dans l’architecture des nouvelles routes de la Soie. En effet, les autorités chinoises ont très tôt cherché à développer des routes de prospérité économiques. Elle se sont cristallisées autour de 6 corridors, permettant ainsi à Pékin d’une part de renforcer la cohérence de l’architecture des Nouvelles Routes de la Soie (NRS) tout en s’affranchissant de nombreuses contraintes (par exemple un blocus maritime, mais aussi géographique…) pouvant apparaitre à la faveur d’un conflit ou d’une crise majeure. Ils auraient ainsi pour objectif de sécuriser les différentes voies d’accès aux échanges aussi bien économique, qu’accès aux matières premières, et aux ressources alimentaires. Par ailleurs, ce sont aussi bien des routes énergétiques, mais aussi dans certains cas, elles s’accompagnent de réseaux numériques. Ces voies se sont diversifiées et étendues notamment dans des environnements se trouvant à de hautes altitudes grâce notamment l’emploi de tunneliers (Vinci, 2020)90 pouvant creuser journellement 10m de galerie de montagne, évitant les pentes trop fortes. Ainsi, ces corridors ne sont pas pensés uniquement en termes d’accès ou de liaison, mais en tant qu’éco-système économique et énergétique, permettant par ailleurs d’amarrer des espaces géographiques entiers au développement. Ce sont des projets géo économique se veulent totalisant Ainsi 6 corridors sont envisagés mis en œuvre. : Chine-Pakistan, Eurasiatique, Indochinois, Bangladesh-Chine-Inde-Birmanie, Chine-Mongolie-Russie, Chine-Asie centrale. Nous allons tour à tour explorer chacun de ces corridors tout en soulignant leurs avantages et inconvénients respectifs.
- 91 Chaudet Didier, Chine-Pakistan : le port de Gwadar, « pièce essentielle » des « nouvelles routes de (...)
81Le corridor Chine-Pakistan. Partant de la ville chinoise Lianyungang jusqu’au port Pakistanais de Gwadar cet espace économique constitué à la fois de routes et d’un réseau de chemin de fer, sans oublier la dimension énergétique (oléoducs/ pipelines), souligne à quel point ce corridor demeure stratégique. Il permet par ailleurs d’accéder au port de Gwadar, ouvrant l’accès au Golfe d’Oman. Ce dernier est géré par la Chine dans le cadre d’un accord courant jusqu’en 2055 se trouve à 600 km du détroit d’Ormuz et par conséquent permet un accès au pétrole. Néanmoins cette région est soumise, à des défis géographiques et sécuritaires important, comme des dynamiques insurrectionnelles et terroristes, qui n’ont eu de cesses de s’amplifier. En effet, le Pakistan est confronté à la fois à une crise économique, des mouvements djihadistes, comme le Tehree-e-Taliban Pakistan. De plus la proximité avec l’Afghanistan des Talibans, ne fait que renforcer cette dynamique. Néanmoins, l’instabilité politique du moment laisse planer un doute sur la pérennité de ce projet de corridor91.
82Comme évoqué bien que l’Afghanistan présente de nombreux risque, le couloir du Wakhan permettrait à la Chine d’exploiter leur frontière commune. Cette zone montagneuse surnommée le « nœud du Pamir » frontalière du Tadjikistan et du Pakistan est longtemps restée fermée à la circulation du fait de l’insécurité régnant dans cette région où opèrent des groupes terroristes, cette route permettrait d’ouvrir le commerce chinois vers l’Iran et ses ressources pétrolières et les républiques d’Asie centrale tout en étendant son influence sur l’Afghanistan et le Pakistan. Mais aujourd’hui ce n’est qu’un projet.
- 92 Mussayev Amangeldy, 2024, « Trans-Caspian International Transport Route», Ernst Young, , <https://w (...)
83Le Corridor D’Asie Centrale, Ce corridor appelé également le corridor du Milieu, partant lui aussi de la ville portuaire de Lianyungang, fut de nouveau plébiscité, en raison des attaques répétées en mer rouge contre les navires qui transitaient, obligeant le trafic maritime mondial à se réorganiser. Ce corridor passant par l’Asie centrale afin d’arriver en Europe dont le concept remonte au début des années 2000 sous le nom de la Trans-Caspian International Transport Route (TITR) (Mussayev, 2024)92. De plus l’itinéraire, contourne à la fois la Russie et l’Ukraine lui donnant davantage d’attractivité que le Corridor passant par l’Eurasiatique, Néanmoins cette attractivité demeure relative avec la présence de l’Iran, qui est un facteur de déstabilisation régionale. À cela s’ajoute l’exposition de ce corridor aux conflits sporadiques, entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.
84Le Corridor Eurasiatique. Ce dernier partant de la ville portuaire de Lianyungang, tout comme le corridor d’Asie centrale, en direction du Pakistan, il relie à la fois le Kazakhstan, la Russie, ainsi que la Biélorussie, bien que depuis le déclenchement de de la guerre e Ukraine initiée par l’invasion Russie, semble réduire l’attractivité de cette route. A partir de Minsk, ce corridor et ses voies ferrées ont ainsi accès la ville d’Hambourg, reliée à la ville de Rotterdam. Ce corridor a aussi accès au port du Pirée. Ce corridor permet ainsi d’avoir un accès direct à l’Europe et des ports européens essentiels.
Le corridor du Sud
- 93 Lassere Frédéric Alexeeva Olga, 2024 « Heurs et Malheurs du projet de corridor Bangladesh-Chine-ind (...)
85Ce corridor Bangladesh-Chine-Inde-Birmanie, a pour ambition de rejoindre l’Inde. Comme l’ensemble des corridors, il intègre aussi bien une dimension économique, commerciale, d’infrastructures énergétiques, en particulier électrique, oléoduc, et gazoduc, le tout intégré dans l’architecture des nouvelles routes de la Soie. Sa distance de 2800 kilomètres part de Kunming pour arriver à Calcutta. À mi-parcours, il passe par la ville de Mandalay en Birmanie, qui donne accès à la ville portuaire de Kyaukpyu et au golfe du Bengale et plus largement à L’Océan Indien. Ce corridor a rencontré de nombreuses, difficultés dans son développement et en termes d’infrastructures ce qui révèle particulièrement problématiques. Cependant alors que le corridor peine à avancer côté bangladais, la situation est toute autre côté Birman. En effet, le corridor passant par la Birmanie s’accompagne de la mise en œuvre d’une voie ferrée allant aussi bien à Calcutta qu’à Kunming permettant de relier la ville portuaire de Kyaukpyu donnant un accès à la mer en eaux profondes (Lassere et Alexeeva 2024)93.
- 94 Baruah Darshana M, «The Contest for the Indian Ocean, and the making of a New World Order, » Yale U (...)
- 95 Agarwal Prerna, 2024, « Vers une histoire de Calcutta comme ville portuaire », dans la Revue Le mou (...)
86En 2015, pour renforcer l’attractivité et l’intérêt économique, du port de Kyaukpyu, la construction d’un port commercial en eau profonde fut décidée qu’il s’intègre dans une logique de zone économique spéciale , qui inclut des routes de chemins de fer et des routes classiques ainsi que le port de Yangon (Baruah, 2024 ; Kinyua, 2022 ; Olander, 2022)94. Cependant cette zone s’est révélée instable du fait de l’affrontement entre les forces gouvernementales (la Junte au pouvoir) L’accès à l’Inde par l’intermédiaire de la ville de Calcutta, donne aussi une dimension maritime importante à ce corridor (Agarwal, 2025)95.
Le Corridor Indochinois
- 96 Wang, Jinbo, 2019, « The China-Indochina Peninsula Economic Corridor », chapitre 35, dans Fang Cai (...)
87Ce dernier à partir de la ville Chinoise de Kunming, s’appuyant sur un réseau ferroviaire datant du 19e siècle reliant différents ports de l’Indochine française, il permet désormais de rejoindre 5 pays d’Asie du Sud-est, que sont le Vietnam, la Thaïlande, le Laos, le Cambodge et la Birmanie, ce dernier permettant de faire le lien avec le corridor du Sud. Au-delà de l’accès à Hanoï, Ho Chi Min City, Phnom Penh et Bangkok, tout en ayant accès au port de Mandalay et de Yangon (Wang, 2019 ; Deiss, 2019)96. Cette architecture permet ainsi des échanges à la fois entre la Chine, mais aussi entre les différents pays de la région.
- 97 Mottet Eric, 2018 « Le corridor de développement Indochinois comme nouvel espace géopolitique des s (...)
88Par conséquent, le développement du réseau ferroviaire permettra ainsi de réduire les coûts de transport de marchandises, d’une part pour le Laos, mais aussi avec la Thaïlande. Cela est notamment rendu possible par la construction d’un terminal de conteneur d’une surface de 38000 mètres carrés. (Mottet, 2018)97. Par ailleurs, ce dispositif permet aussi de délocaliser des entreprises chinoises pour réduire le coût du travail et par conséquent maintenir la compétitivité de leurs entreprises, grâce aux zone économique spéciale se trouvant dans ces corridors. L’ensemble de ces échanges s’appuient sur de nombreux investissement en termes d’infrastructures, comme les infrastructures énergétiques, mais aussi des mines, les infrastructures de transport au sein d’une zone économique spéciale (ZES). L’Asie du Sud-est se révèle ainsi une autre alternative aux routes maritimes.
89Les voies terrestres peuvent raccourcir sensiblement les trajets commerciaux entre les zones pétrolifères du golfe persique et les zones de consommation des continents asiatiques et européens. Lorsqu’elles disposent de voies ferrées, une dizaine de trains lourds peuvent en moyenne transporter la cargaison d’un navire de taille moyenne, fret en vrac ou en conteneurs depuis un port en eaux profonde bien équipé en moyens de transbordement pour limiter les ruptures de charge. Ces trains conduits par deux personnes peuvent toujours en moyenne parcourir de l’ordre de 500 km par jour.
90Ces entreprises peuvent toutefois être freinées par des difficultés notables qui ont jusqu’à présent justifiées de nombreuses réserves alors que le trafics maritime prospérait sans laisser présager de difficultés Il s’agit d’abord des défis posés par la diversité des écartements de rails qui caractérise le continent asiatique et par la traversée de régions montagneuses imposant le franchissement de cols de haute altitudes au-dessus de 3 000 m ainsi que par la nécessité d’affronter des climats froids limitant le transport de certaines marchandises sensibles limitant à un trafic saisonnier. À ces raisons d’ordre géographiques viennent s’ajouter les risques terroristes caractérisant aujourd’hui certaines régions instables d’Asie centrale frontalières de la Chine.
91Ces différentes alternatives, maritime ou continentale au détroit de Malacca offriraient la possibilité à la Chine de garantir ses lignes commerciales, sous réserve parvienne à finaliser ses projets. Face aux différentes menaces pesant sur le commerce maritime, le déploiement de forces militaires a constitué historiquement l’action la plus efficace. Cet état de fait s’est vérifié en Somalie avec le déploiement de l’opération Atalante, ou que ce soit dans le détroit de Malacca, avec la coopération du Japon et de Singapour pour lutter contre la piraterie. Cependant, avec l’évolution démocratisation de la prolifération de moyens achetés sur étagère, les flottes de guerre doivent s’adapter à la nouvelle situation. En effet, des groupes non étatiques bénéficient de moyens technologiques importants et peu coûteux susceptibles d’infliger des dégâts en mer incapacitant les marines militaires. De surcroît, ces différents groupes agissent dans des zones à la croisée de plusieurs frontières, facilitant leur capacité d’action, sauf si une opération multinationale est mise en œuvre.
92Ci-dessous un tableau (Tab.2) présente les diverses options qui sous forme de canaux voies ferrées ou routes pourraient à moyen ou long terme désengager la Chine et inverser le dilemme de Malacca qui pourrait alors être bloqué par des actions Chinoises pour déstabiliser l'occident tout en préservant son propre flux économique.
Document 5 : Avantages et vulnérabilités des différents corridors et routes maritimes alternatives
Routes maritimes alternatives (Nouveau Rimland) |
Avantages |
Risques |
Canal de Kra (Thaïlande) |
Permets de contourner le détroit de Malacca |
Présence de la Marine Indienne à proximité des îles Andaman |
Canal Funan-Techo (Cambodge) |
Relie le Mékong au Golfe de Thaïlande et au Canal de Kra contournant ainsi le détroit de Malacca |
Le contrôle par les investisseurs Chinois de ce canal, |
l’East Coast Rail Link (ECRL) (Malaisie) |
Liaison ferroviaire mixte (passagers et fret) qui relie la côte Nord-est du pays à la frontière thaïlandaise et le port de Klang à proximité de Kuala Lumpur. Elle relie ainsi le détroit de Malacca à la mer de chine Méridionale. |
La proximité avec le détroit de Malacca, risque de limiter une partie de cette voie d’accès en cas de conflit dans le détroit. |
Corridors (Nouveau Heartland) |
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1.Chine-Mongolie -Russie |
-accès directe à des ressources, minerais. Hydrocarbure |
-Risques venant de la Russie dans le cadre d’une déstabilisation |
2. |
-Accès au Port de Hambourg (permettant d’accéder au port de Rotterdam sur le tronçon européen) et du Pirée |
- La Guerre Russo-Ukrainienne et la Biélorussie qui soutient la Russie, Porte atteinte au fonctionnement de cette voie de communication |
3- Asie Centrale-Asie Occidentale |
Accès à l’Europe sans passer par la Russie et l’Ukraine |
-Risques terroristes -Affrontement entre l’Arménie et L’Azerbaïdjan - le Passage par l’Iran peut entrainer un arrêt du corridor, ou l’utilisation de ce dernier par les autorités iraniennes comme levier de pression ou de contournement des sanctions. |
4.Chine Pakistan |
-Permet de contourner le Détroit de Malacca |
-Le Refus de l’Inde Que le corridor passe par le Kashmir -Activités terroristes et insurrectionnelles importantes -Instabilité politique |
5 Chine-Indochine |
Accès à plusieurs marché économique dynamiques, Accès aux ville portuaires. |
-Risques terroristes, -Risques de rivalités directes avec les États-Unis |
6 Bangladesh-Chine-Inde-Birmanie |
-Accès directe à l’Inde, à la fois en tant qu’espace commercial et à la mer via Calcutta -Accès aux ressources minières Birmane et au marché local Birman, |
-Situations Insurrectionnelles Birmane, -faible savoir-faire et maitrise technique entraînant des retards ans la réalisation du corridor du côté Bangladais. -Tensions potentielle avec la Chine de la part de l’Inde concernant le Kashmir |
Quelles mesures sécuritaires pour préserver le commerce maritime mondial ?
93L’étude de l’état de l’art actuel fait craindre un renforcement de la menace drone dans les parages des détroits ou des canaux du fait de l’autonomie de plus en plus grand de ces plateformes non habitées évoluant dans l’air ou dans l’eau. En effet, dotées de moteurs thermiques ou électriques, les modernisation s de leur motorisation croit et apportent des performances toujours supérieures en capacité d’emport et d’autonomie. La mise en service annoncée de modèles aériens motorisés avec des turboréacteurs augmentant leur vélocité rendra leur utilisation encore plus redoutable. Toutes ces caractéristiques laissent penser que la zone d’action intéressée par la guérilla navale va s’étendre autour des zones terrestres contrôlée par les acteurs fauteurs de trouble. Le rayon d’action augmenté des armements déployés leur permettra de mener des opérations à distance en haute mer ou dans les voies de communication maritimes depuis des pays situés à l’intérieur des terres. Outre ces considérations de zone d’action, l’intégration d’intelligence artificielle à bord des plateformes robotisées permettra aux pirates de conduire des attaques avec des engins autonomes programmés pour attaquer des navires sans discrimination. Ces attaques terroristes aveugles peuvent être exécutées par des drones seuls ou groupés sous forme d’essaim pour créer un effet de saturation. Pour ce qui est des missiles, il faut redouter qu’à l’instar du Hamas la fabrication de roquettes ou de missiles de fortune conçus par exemple à partir de tuyaux de diverses provenances, mais présentant néanmoins, Ces engins sont de nature à renforcer l’arsenal également constitué de missiles authentiques transférés clandestinement et qu’il faudra savoir contrer.
94Face à l’amplification envisageable des attaques que permettront ces engins drones ou missiles sur les voies de communication navales, il convient de bâtir une stratégie de sauvegarde pour préserver les autoroutes de la mer et protéger les navires de commerce. Sans préjuger de l’avenir, cela pourrait conduire à une extension sous une forme ou sous une autre et au niveau mondial de l’opération multinationale Prosperity Guardian déclenchée le 18 décembre 2023 dans le Golfe d’Aden et dont la dénomination souligne bien l’enjeu.
95Des actions dans deux domaines peuvent être menées. D’une part, dans une logique de connaissance et d’anticipation, un réseau de détection, permettant la surveillance des zones navales sensibles avec l’ambition de capter les signaux même faibles trahissant la mise en place illégale d’engins drones ou missiles dans un large périmètre autour des principaux canaux ou détroits, peut être déployé. D’autre part, un renforcement des protections des navires pour les contrer pour les empêcher et en limiter les effets peut être envisagé.
- 98 La boucle OODA ou cycle de Boyd en anglais « OODA loop », permet d’apprécier le déroulement et la v (...)
- 99 À l’instar du projet HOASIS de Thalès Alenia Space Surveillance à haute résolution depuis l’orbite (...)
96Les progrès technologiques en matière de détection, de reconnaissance et d’identification des objectifs faciliteront la mise en place de boucles courtes favorisant l’action après une détection de type OODA98. L’action de multiples moyens d’observation satellite de la Terre, avions et drones, sera alors démultipliée par la synergie résultant de l’organisation des moyens et du partage des informations sur chacun des sites sensibles. À plus long terme, l’apparition de satellites d’observation géostationnaires99, capables d’ajouter des images ou de la vidéo de haute résolution aux informations apportées par les satellites défilants et les drones, permettra une surveillance temps réel des zones sensibles en s’attachant à détecter, puis à caractériser les trajectoires des engins de toute nature et de documenter les attaques, ce qui permettra d’éviter les actions anonymes tout en se donnant le moyen de retrouver a posteriori les responsables des attaques.
- 100 Lendon Brad, 2 février 2024, «A Houthi missile was just seconds from hitting a US warship. The Navy (...)
97La protection des navires devra être adaptée à la menace pour parer ou résister à des attaques et éviter la perturbation du trafic local. Cette protection consistera au blindage des passerelles et à l’armement de ces navires en moyens de défense adaptés anti-drones ou anti-missiles. Il pourra s’agir de brouilleurs électromagnétiques, de systèmes à rayonnement laser ou électromagnétiques, de diffuseurs de fumigènes ou plus généralement d’obscurcissant ou d’armements léger. Par ailleurs, peuvent être ajoutés des systèmes automatisés de défense embarqués, comme des canons de 20 mm télé-opérés de type Phalanx CIWS (LENDON, 2024)100 embarqués sur les navires qui s’ajouteraient à un dispositif de type Dôme de fer déployé aux alentours des canaux et détroits stratégiques, permettant de protéger un certain périmètre de toute attaque.
98Pour les armements, leur mise en place ou leur service pourra être exécuté par les commandos marine ou des proxies de compagnies privées spécialisées dans la protection des navires, ces combattants étant placés sous la responsabilité des autorités locales en fonction de la nationalité des eaux territoriales intéressées.
Au-delà, d’autres pays pourront se joindre à ces autorités locales pour obtenir des coalitions larges, voire le déploiement d’emprises terrestres et aéroportuaires afin de maintenir une sécurité importante.
99Comme il est difficile d’imaginer équiper tous les navires, des choix devront être arbitrés par les armateurs et certains bateaux protégés a minima devront être escortés par des bâtiments de guerre. Cette protection ainsi que le montre le conflit ukrainien ne sera pas totale, tant la vulnérabilité des navires apparaît grandissante face aux progrès des drones et des missiles, en particulier hypersoniques, dont la prolifération devra certainement être prise compte lorsqu’ils seront efficaces.
100Cette défense ne sera efficiente que si elle agit sur l’aspect maritime et sur l’aspect terrestre. En effet, la dimension maritime est certes le pivot de l’Indopacifique, mais la dimension terrestre de la région pèse avec près de la moitié de la population mondiale comme du PIB mondial.
101Ainsi l’Indopacifique s’apparente à un espace intriquant un nouvel Heartland et le nouveaux Rimland, dont le centre de gravité est constitué par des voies de circulations maritime et terrestre, Le contrôle de ces voies est la garantie de circuler librement constitue un enjeu partagé par tous les pays régionaux et intéressé par le commerce international.
102Garantir la sécurité des passages maritimes implique un contrôle terrestre des alentours. En effet, il est nécessaire de s’assurer que le pays en question demeure un allié ou partenaire et ne subisse pas les effets de diverses stratégies d’influence, de subversion et donc de déstabilisation, susceptibles d’entraîner des dynamiques insurrectionnelles et un renversement du pouvoir. Dès lors, il est indispensable de concevoir une structure qui renforce la stabilité de ces États face aux différentes menaces, ce qui implique le déploiement de forces prépositionnés, tout en renforçant les capacités de protection maritime. Pour garantir la stabilité des États limitrophes des canaux, il faut développer une de protection.
103À un moment où les progrès technologiques permettent à des nations ou à des organisations non étatiques de disposer d’armements permettant de contrôler des espaces marins alors même qu’elles ne possèdent pas de flotte de guerre, il faut prendre conscience des défis qui se dessinent et anticiper pour apporter des réponses adaptées pour préserver la liberté de navigation dans les détroits et les canaux. Le contrôle des détroits pourrait s’avérer être l’un des enjeux géopolitiques majeurs du XXIe siècle dans la lutte entre les Etats pour le contrôle du Rimland.
104Dans le cadre des équilibres de puissance en recomposition, une interrogation apparaît sur la pertinence des architectures de défense actuelle, et notamment leur aspect maritime. Cette problématique s’impose en particulier dans l’aire ’Indopacifique et sur la façon dont la technologie des engins et missiles futurs peut inhiber les capacités d’action adverse, voire assurer le contrôle d’un espace ou d’un territoire. Ces nouvelles armes susceptibles d’exercer des effets majeurs sur l’Indopacifique, peuvent entrainer une redistribution des espaces économiques et d’influences, au profit des grandes puissance dont la Chine. À la vue de la détermination des autorités chinoises, on peut s’attendre à ce que le développement économique et industriels au sein des espaces associés à l’architecture des Nouvelles routes de la soie lui soit profitable.
Conclusion : une alternative chinoise au dilemme de Malacca
105L'espace Indo-pacifique centré sur le détroit de Malacca mais dont les limites sont difficiles à définir concentre des enjeux économiques et militaires majeurs. Les volumes des flux commerciaux vitaux pour l'économie mondiale ne cessent d'augmenter et leur fragilité augmente avec leur croissance du fait de l'exiguïté des détroits. La flotte US prépondérante en haute mer assure un contrôle efficace des détroits et permet de garantir jusqu'à présent la libre circulation des marchandises dont les flux énergétiques chinois tout en entretenant chez les dirigeants Chinois le fameux dilemme de Malacca.
106Deux tendances vont modeler l'avenir et pourraient faire évoluer l'ordre des choses dans cet espace. La première est matérialisée par l'évolution des engins drones et missiles qui permet à des groupuscules de mener des actions à l’encontre du trafic maritime côtier ou à des pays d'agir de manière significative dans des espaces maritimes sans pour autant disposer d'une marine de guerre. La seconde est la volonté affichée par la Chine de développer leur flotte de guerre tout en créant des voies de contournement du détroit de Malacca pour libérer leur flux économique de l'emprise américaine et renforcer des zones de co-prospérité avec certains pays frontaliers.
107Du fait de l'importance des enjeux économiques, toutes les nations coopèreront à moyen terme pour sécuriser les routes maritimes. Il s’agit de combattre les actes de piraterie et développer des capacités adaptées pour affronter en les anticipant les risques occasionnés par les nouveaux armements. A plus long terme, si la Chine s’avère en mesure de contourner le détroit de Malacca en bénéficiant de sa politique de grands travaux, alors elle pourrait à son tour en utilisant sa flotte ou en influençant certains pays ou organisations non étatiques locales, construire une alternative au dilemme en faisant planer la menace d'un blocage des détroits. Cette menace existentielle pour le commerce occidental concrétiserait un renversement du dilemme de Malacca à l’avantage de la Chine et aux dépends des pays du Rimland.
Note de fin
1 Astarita Claudia, Marconi Matteo, 2023 « Reading Spykman in Beijing, Can the Rimland theory question the Belt and Road Initiative? », L’Espace Politique (En ligne), 49-50, -1/2,: <http://journals.openedition.org/espacepolitique/12118> consulté le 28 juillet 2024, DOI: <https://doi.org/10.4000/11r69>
2 Chiappetta Andrea, Digital Geopolitics, 2022,«The New Global Challenge», dans Baikady Rajendra, SAJID S.M., Nadesan Varoshini, Przeperski Jaroslaw, M. Islam Rezaul, Gao Jianguo, The Palgrave Handbook of Global Social Change, Cham, Palgrave Macmillan p.1-18, DOI: <https://doi.org/10.1007/978-3-030-87624-1> ; DELOITTE, 2021, «Anchor of global semiconductor Asia-Pacific Takes Off», <https://www2.deloitte.com/cn/en/pages/technology-media-and-telecommunications/articles/tmt-anchor-of-global-semiconductor-industry-2021.html> consulté le 02/08/2024
3 Zulkifli, Noraini, Ibrahim Raja Ismail Raja, Rhaman Azrul Azlan Abdul, Yasid Amer Fawwaz Mohd, 2020, «Maritime Cooperation in the Straits of Malacca (2016-2020 : Challengers and Recommend For a New Framework», Asian Journal of Research in Education and Social Science, Vol.2 N°2, 10-32-, <http://myjms.moe.gov.my/index.php/ajress> consulté le 02/08/2024
4 Eklôf Amirelli Stefan, 2019, «The Sulu Sea», dans Pirates of Empire, Colonisation and Maritime Violence in Southeast Asia, Cambridge University Press, p.42-p.45. DOI: <https://doi.org/10.1017/9781108594516.004 >; Warren Jim, 1978, «Who Were the Balangingi Samal? Slave Raiding and Ethnogenesis in Nineteenth-Century Sulu», The Journal of Asian Studies, Vol. 37, N°3, p.477-490
5 Non, Domingo M., 1993, «Moro Piracy during the Spanish Period and Its Impact», Southeast Asian Studies, Vol.30 n°4, p. 405, <https://kyoto-seas.org/pdf/30/4/300403.pdf >consulté, 15/12/2024
6 Ibid.
7 Mourtont Jonathan Jay, 2025, Gouvernance Sécuritaire et technologie spatiale du Japon, Paris, Les Indes Savantes, 460 p.
8 Rodrigue Jean-Paul ; NOTTEBOOM Theo, 2024.« Transportation and Economic Development», dans
Rodrigue Jean-Paul (Sous la dir.) The Geography of Transport Systems, New York, Routledge,
9 Saunders Dale Ernest, 2016, Buddhism in Japan: With an Outline of Its Origins in India, Philadelphia,
University of Pennsylvania Press, p. 6.
10 Voir Adams Colin, Laurence Ray, 2012, Travel and Geography in the Roman Empire, Routledge
11 Rodrigue Jean-Paul, 2024. « The Emergence of Mechanized Transportations Systems », dans Rodrigue Jean-Paul (Sous la dir.) The Geography of Transport Systems, New York, Routledge,
12 Athearn, Robert G., 1955 «General Sherman and the Western Railroads», Pacific Historical Review, University of California Press, Vol. 24, No. 1, p.39-48
13 Bourlet, Michaël, 2023, Verdun 1916, Paris, Perrin, ministère des Armées, 288 p.
14 Mourtont Jonathan, Lassalle Bruno, 2022, « L’émergence du renseignement militaire japonais »,
dans Histoire mondiale du renseignement, Ellipse, p.483-510
15 Heiduk Felix, Wacker Gudrun, 2020, «From Asia-Pacific to Indo-Pacific: Significance, Implementation and Challenges», SWP Research Paper, Berlin, < https://www.swp-berlin.org/10.18449/2020RP09/ >, consulté le 03/06/2023.
16 Voir Jervis Robert, 2017, Perception and Misperception in International Politics: New Edition, Princeton University Press, 544 p.
17 Vares-Lum Suzanne, Morrison Charles E. 2024, «Indo-Pacific Outlook for 2024 and Beyond», East West Center, <https://www.eastwestcenter.org/news/east-west-wire/indo-pacific-outlook-2024-and-beyond > consulté le 20/03/2025
18 Heckman Laura, 2024, «European Navies Sailing to Secure Indo-pacific», National Defense, https://www.nationaldefensemagazine.org/articles/2024/2/23/european-navies-sailing-to-secure--indopacific >,consulté le 20/03/2025
19 World Economics, Asia-Pacific, 2024, <https://www.worldeconomics.com/Regions/Asia-Pacific/ >consulté le 21/02/2025
20 Leslie Joseph, 2024, «Tech Spending In Asia Pacific : A Steady Rise to 6.4% Growth In 2024», Forrester,<https://www.forrester.com/blogs/tech-spend-asia-pacific-2024/> Consulté le 23/04/2024
21 Labrousse Henri, 1987, « Les détroits stratégiques du Pacifique occidental », Bulletin de l’Association de Géographie Français, 64-2, p.109-118.
22 Shibasaki Ryuchi, Watanabe Tomihiro, 2010, «Risk Assessment Of Blockade Of The Malacca Strait Using International Cargo Simulation Model», <http://webpark1967.sakura.ne.jp/shiba/wp-content/uploads/hpb-media/img/file7.pdf > consulté le 23/08/2024
23 Pour l’année 2023, le Japon, a importé près de 147.66 millions de kilolitres d’essence brute.
Plus largement les importations énergétiques provenant de l’étranger représentent 99 %. Klein Catharina, 2024 « Import volume of crude oil Japan 2014-2023 », Statisca, , https://www.statista.com/statistics/1012107/japan-crude-oil-import-volume/#:~:text=In%202023%2C%20Japan%20imported%20approximately,kiloliters%20in%20the%20previous%20year. Consulté le 23/08/2024
24 Hall Kenneth, 1985, «The Development of Maritime Trade in Asia», dans Maritime Trade and State Development in Early Southeast Asia, University of Hawaii Press, p.1-24
25 Stols, E, 1976, «The Southern Netherlands and the Foundation of the Dutch East and West India Companies», Acta Historiae Neerlandicae IX,Dordretcht, Springer, p-30-47, DOI:
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26 Donnellon-May Genevieve, 2024, «The Impact of Global Food Chokepoint Pressures on Asia’s Food Security», The Strategist, Australian Strategic Policy Institute, <https://www.aspistrategist.org.au/the-impact-of-global-food-chokepoint-pressures-on-asias-food-security/> consulté le 09/10/2024
27 Lewis Leo, Inagaki Kana, 2022, «Can Japan feed itself», Financial Times, <https://www.ft.com/content/af52f367-90d2-41dd-9a0f-a2a7b1b9624a>, consulté le 23/08/2024
28 Rimaboschi Massimiliano, 2015, L’unification du droit maritime, contribution à la construction d’un ordre juridique maritime, Marseille, Presses Universitaires d’Aix-Marseille, p.28-250
29 La ZEE s’étale entre 24 et 200 miles marins de sa ligne de base.
30 Droit de la mer : il y a 40 ans, la convention de Montego Bay ministère des armées publié le 9 décembre 2022. ; Koh Tommy, 2022, « The United States and the UN Convention on the Law of the Sea», USALI Perspectives, Vol.3, N°11, <https://cil.nus.edu.sg/publication/the-united-states-and-the-un-convention-on-the-law-of-the-sea-by-tommy-koh/ >consulté le 20/08/2024
31 Soutenus par des États voyous côtiers/ou non, à l’instar des houthis
32 Hammes, TX, 2016, «The democratization of Airpower : The Insurgent and the Drone», War on the Rocks, <https://warontherocks.com/2016/10/the-democratization-of-airpower-the-insurgent-and-the-drone/ >, consulté le 20/08/2024
33 Dilipraj, 2016, «Inevitable Warfare Technologies: Pragmatic Role of Robotics, 3D Printing and Supercomputers in Future Wars», Asia Defence Review, p. 219.
34 Walther Gerald, 2014, «Printing Insecurity? The Security Implications of 3D-Printing of Weapons», Ethics 21, Volume 21, pages 1435-1445 (2015). DOI: <https://doi.org/10.1007/s11948-014-9617-x >
35 En effet, il est possible pour un particulier d’obtenir des photographies provenant de différents satellites, comme des K.SAT, et obtenir une capacité d’observation complète, sans pour autant être détenteur de capacités d’observations spatiales propres. L’emploi de drones à des fins de surveillance, a déjà été employés par le passé par l’État islamique.
36 Vivenot Emmanuel, 2020, « Les programmes de munitions rôdeuses », Défense Sécurité International, n° 146, avril, p. 92
37 Tallis Joshua, 2024,«The Calm Before the Swarm : Drone Warfare at Sea in the Age of the Missile», War on the Rocks, <https://warontherocks.com/2024/07/the-calm-before-the-swarm-drone-warfare-at-sea-in-the-age-of-the-missile/ >, consulté le 01/08/2024
38 Maritime Executive, 2023, «US Navy Subs Are Getting a Drone That Can Launch Through a Torpedo Tube»,<https://maritime-executive.com/article/us-navy-subs-are-getting-a-drone-that-can-launch-through-a-torpedo-tube> , consulté le 01/08/2024 ; Ozberk Tayfun, 2024 «DSA 2024 : New Torpedo-Launching UUV From China», Naval News, <https://www.navalnews.com/naval-news/2024/05/dsa-2024-new-torpedo-launching-uuv-from-china/> , consulté le 02/08/2024.
39 Dupuy Ronan, 2024, « Sébastopol, témoin de la stratégie navale ukrainienne », Revue de la Défense Nationale, (N° 867), p.43-47
40 Brock Joe, Stone Mike, 2024, «Insight: Sea drone warfare has arrived. The U.S is floundering». Reuters, <https://www.reuters.com/business/aerospace-defense/sea-drone-warfare-has-arrived-us-is-floundering-2024-05-06/ >
41 Sims Alyssa, «The Rising Drone Threat from Terrorists», Science & Technology, Georgetown Journal of International Affairs, Vol. XIX, 2018 , <The Rising Drone Threat from Terrorists Science & Technology 19 Georgetown Journal of International Affairs 2018 (heinonline.org) > ; Widiatmaja Aji, Rizqi Hasta Fajria, 2019, «The Rise of Non-State Actors in Globalization and Democratization Era : Terrorist Group versus State Actors», Sentris, Vol.2 N°2, DOI: <https://doi.org/10.26593/sentris.v2i2.4180.47-62>
42 Le détour par le Cap de Bonne Espérance rallonge le trajet de 40 % passant d’environ 8400 miles marins à 11720 miles, selon le cabinet S&P Global., Gnana Jennifer, Norways Kelly, Al-Ansare Mohammed, 2023, “Global trade at risk as shippers shun Red Sea over Houthis attacks”, S&P Global, <https://www.spglobal.com/commodity-insights/en/news-research/latest-news/shipping/121523-global-trade-at-risk-as-shippers-shun-red-sea-over-houthis-attacks> consulté le 23/08/2024
43 Selon le bilan annuel du Maritime information Cooperation and Awareness (MICA) center de Brest. MICA, 2024 «Sûreté des espaces maritimes, Bilan annuel 2023», , <https://www.mica-center.org/la-cinquieme-edition-annuelle-du-rapport-du-mica-center-sur-la-surete-maritime-mondiale-est-sortie/> , consulté le 23/08/2024.
44 Prasanga Amila (Commander) 2023, « The Strategic impact of Military Drone Proliferation on Indo-pacific Maritime Security » Center for International Maritime Security, CIMSEC, <https://cimsec.org/the-strategic-impact-of-military-drone-proliferation-on-indo-pacific-maritime-security/>, consulté le 10/06/2024
45 Raska Michael, «Emerging Technologies, Defense Innovation, and Military Change: How will the AI Change Warfare in East Asia?» Georgetown Journal of Asian Affairs, Vol. 10, 2024,
46 Romaniuk Scott, Burgers Tobias, 2018, « China’s Swarms of Smart Drones Have Enormous Military Potential, China is making rapid strides in the potential deployment of drone swarms in conflict »,
the Diplomat, <https://thediplomat.com/2018/02/chinas-swarms-of-smart-drones-have-enormous-military-potential/> consulté le 03/06/2024 ; Blumenthal Dan & Kagan Frederick W. 2023, «China’s Three Roads to Controlling Taiwan», American Enterprise Institute, p.8 <https://www.alleo.it/wp-content/uploads/2023/06/Chinas-Three-Roads-to-Controlling-Taiwan.pdf>, consulté le 03/06/2024
47 Lee Yimou, Pomfret James, Lague David, juillet 2023, «Inspired by Ukraine war, Taiwan launches drone blitz to counter China», Reuters, <https://www.reuters.com/investigates/special-report/us-china-tech-taiwan/> consulté le 10/10/2024
48 Sheldon-Duplaix, Alexandre, Septembre-octobre 2023, « Les drones navales de combat dans les opérations maritimes », DSI, N° 167, p.96-101,
49 Romaniuk Scott N. & Burgers Tobias, op.cit.
50 Allen, Gregory C. 11 octobre 2022, « Choking off China’s Access to the Future of AI », CSIS, <https://www.csis.org/analysis/choking-chinas-access-future-ai >, consulté le 11/06/2024
51 En effet, l’inhibition d’un adversaire repose sur la certitude d’une riposte. Cette conviction qui est ancrée dans la pensée de l’adversaire rend alors possible la dissuasion.
52 Kunertova Dominika, 2022, «Hypersonic Weapons: Emerging, Disruptive, Political», ETH Zürich, p.6, p.60.
53 Brockmann Kolja & Schiller Markus, 2022, « Matter of speed understanding hypersonic missile systems », SIPRI, <https://www.sipri.org/commentary/topical-backgrounder/2022/matter-speed-understanding-hypersonic-missile-systems>, consulté le 09/06/2024 ; Hallion Richard, Schweikart Larry, 1998, The Hypersonic Revolution : From Max Valier to Project PRIME: 1924-1967, Air Force History and Museums Program, p.98
54 Ibid,
55 Hors du cadre des accords SALT régissant en principe les 500km de la portée intermédiaire
56 Pezella Giuseppe, Viviani Antonio (Dir.), 2022, Hypersonic Vehicles, Applications, Recent Advances and Perspectives, Londres, Intech OPEN, p.7
57 HGM : Hypersonic Glide Missile
58 Kunertova Dominika, 2022, «Hypersonic Weapons: Emerging, Disruptive, Political», ETH Zürich , p.47
59 HCM Hypersonic Cruise Missile
60 Ibid.
61 Kunertova Dominika, 2023, « Les nouvelles armes hypersoniques », Rubicon, <https://lerubicon.org/les-nouvelles-armes-hypersoniques/#:~:text=Concr%C3%A8tement%2C%20les%20d%C3%A9veloppements%20et%20les,%C2%BB%20 (boost%2Dglide) >, consulté le 09/06/2024
62 La Nasa a développé un aéronef s’appuyant sur cette architecture moteur à travers le Hyper-X program. Peu de temps après un démonstrateur a vu le jour le X-43 pouvant atteindre Mach 10. Cependant, de par la complexité du dispositif, il n’a pas été intégré dans une perspective de production de masse.
63 Karako Tom & Dahlgren, 2022 « Complex Air Defense : Countering the Hypersonic Missile Threat », CSIS, <https://www.csis.org/analysis/complex-air-defense-countering-hypersonic-missile-threat> consulté le 10/06/2024
64 WENZER Kenneth, 2018, « The US. Navy and the Conquest of the Pacific by Lt. Cmdr. Charles H. Stockton », International Journal of Naval History, Consulté le 09/06/2024. Goertz Gary, Dhiel Paul F. Balas, Alexandru, 2016, « The Development of Territorial Norms and the Norm against Conquest », dans Goertz Gary & Al. The Puzzle of Peace: The Evolution of Peace in the International System, p.99-119
65 Pajon Christophe, « Temporalités et stratégie aérienne, de la maîtrise de l’air et de la maîtrise du temps », dans « Construire la Guerre aérienne », Penser les ailes françaises, n° 34, 2016, p.151-166, <https://www.researchgate.net/publication/326492902_Temporalites_et_strategie_aerienne_de_la_maitrise_de_l%27air_et_de_la_maitrise_du_temps?enrichId=rgreq-cec9bfac954d6c28079275635594c6da-XXX&enrichSource=Y292ZXJQYWdlOzMyNjQ5MjkwMjtBUzo2NTAxNTk4MzA2MDE3MjlAMTUzMjAyMTU5MTY3MA%3D%3D&el=1_x_2&_esc=publicationCoverPdf>, consulté le 10/06/2024 ; Lorimer Hayden, 2005, «Cultural geography : the busyness of being ‘more-than-representational’», Progress in Human Geography 29, 1, p.83-94.[ https://doi.org/10.1191/0309132505ph531pr ] ; Leopard Dan, 2009, «Mobilizing Affect : The Politics of Performative Realism in Military New Media», dans Huntemann Nika B. & Payne Matthew Thomas, Joystick Soldiers, The Politics of Play in Military video games, Routledge,
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68 Stephen Matthew, ZÜRIN Michael, 2019, Contested World Orders, Rising Powers, Non-Governmental Organizations, and the Politics of Authority Beyond the Nation-State, New York, Oxford University Press,
69 Harper Jon, op.cit.
70 Bugos Shannon, Kingston Reif, 2021, «Undestanding Hypersonic Weapons : Managing the Allure and the Risks», An Arms Control Association Report, p.8 <https://www.armscontrol.org/sites/default/files/files/Reports/ACA_Report_HypersonicWeapons_2021.pdf>, consulté le 04/06/2024
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72 Ibid.
73 James Deborah Lee, McCarthy Ryan, White Michael, E, 6 mars 2025, «How the nation can make fielding hypersonic capabilities a national priority», Space News, <https://spacenews.com/how-the-nation-can-make-fielding-hypersonic-capabilities-a-national-priority/ >consulté le 20/05/2025
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78 Lee YoungHak, 4 octobre 2023, « South Korea’s New Supersonic Anti-Ship Missile Will Have Multi-Role Capabilities », Naval news, <https://www.navalnews.com/naval-news/2023/10/south-koreas-new-air-launched-supersonic-anti-ship-missile-will-have-multi-role-capabilities-to-attack-land/ >, consulté le 13/06/2024 ; Choi Seong Hyeon, 5 mai 2024,« South Korea brings, hypersonic tech to Aukus table in a sign Seoul is moving closer to the US and its other allies », South China Morning Post, <https://www.scmp.com/news/china/diplomacy/article/3261304/south-korea-brings-hypersonic-tech-aukus-table-sign-seoul-moving-closer-us-and-its-other-allies>, consulté le 13/06/2024
79 En raison des agressions répétées des Houthis, des modes d’action diversifiés, abordage de bateaux par hélicoptère, emploi de drones kamikaze ou encore emploi de missiles balistiques, le trafic maritime aux alentours du canal de Suez est déstabilisé. A cela s’ajoute les actions de l’Iran dans la région, notamment à proximité du détroit de Bab el-Mandeb ou encore du détroit d’Ormuz. Guiziou, François H. 2023, « Le détroit de Bab el-Mandeb : frictions littorales et maritimes », Cybergeo: European Journal of Geography [En ligne], Espace, Société, Territoire, document 1056, consulté le 13 août 2024. URL : <http://journals.openedition.org/cybergeo/40696> ; DOI : <https://doi.org/10.4000/cybergeo.40696>, consulté le 14/08/2024.
80 Carroll Rosaleen, 18 juillet 2024, «The Suez Canal Authority said revenue for fiscal year 2023/2024 fell to 7.2 billion, down from 9.4 billion the preceding year», Al-Monitor, <https://www.al-monitor.com/originals/2024/07/houthi-attacks-red-sea-shipping-wipe-2b-suez-canal-annual-revenue >, consulté le 13/08/2024
81 Le Monde & AFP, 26 janvier 2024, « Suez Canal traffic has dropped 42%, since Houthi attacks, according to UN», <https://www.lemonde.fr/en/economy/article/2024/01/26/suez-canal-traffic-has-dropped-42-since-houthi-attacks-according-to-un_6466234_19.html consulté le 13/08/2024>, consulté le 13/08/2024
82 Cela aurait aussi pour effet d’augmenter de manière massive les coûts du trafic maritime liés notamment à l’emploi de nouveaux itinéraires de contournement pouvant excéder de 9 jours la durée standard, sans oublier de prendre en compte compter, les risques de pénuries de différents produits dans de nombreux pays à travers le monde. En effet les pays européens et asiatiques sont dépendant à plus de 50% des lignes maritimes passant par le détroit de Malacca et du canal de Suez., Le détroit de Malacca représente 30% du trafic maritime mondial. Wu, D., Wang, N., Yu, A., & Wu, N. 2019, «Vulnerability analysis of global container shipping liner network based on main channel disruption». Maritime Policy & Management, 46, p.394 - 409. <https://doi.org/10.1080/03088839.2019.1571643>
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83 Carrou (le) Jérôme, 11 décembre 2020 « Le Projet du canal de Kra en Thaïlande : un enjeu économique et stratégique majeur pour l’Asie », Tribune, IRIS, <https://www.iris-france.org/152627-le-projet-du-canal-de-kra-en-thailande-un-enjeu-economique-et-strategique-majeur-pour-lasie/ >, consulté le 14/08/2024
84 SUY Se, 5 août 2024, «Camboda’s prime minister marks start of creating controversial canal», Japan Times,<https://www.japantimes.co.jp/news/2024/08/05/asia-pacific/politics/cambodia-mekong-sea-canal/ >, consulté le 13/08/2024
85 Ibid.
86 Quang Nguyen Minh & Borton James, 7 août 2024, «The Geopolitics of Cambodia’s Funan Techo Canal», The Diplomat, <https://thediplomat.com/2024/08/the-geopolitics-of-cambodias-funan-techo-canal/> , consulté le 13/08/2024.
87 Les corvettes de classe Jiangdao ou les types 055 de la classe des destroyers peuvent naviguer dans des eaux allant de 4.4 à 6.6 mètres de profondeur, il sera donc compliqué pour ces catégories de navires d’emprunter le canal, SOKVY Rim, 9 mai 2024, «Vietnam’s Security Concerns About the Funan Techo Canal Project Are Misplaced», The Diplomat, <https://thediplomat.com/2024/05/vietnams-security-concerns-about-the-funan-techo-canal-project-are-misplaced/ >, consulté le 12/08/2024.
88 Cependant, cela n’exclut pas la possibilité de déployer des troupes et des véhicules terrestres avec des navires-cargos pouvant transporter jusqu’à 33 000 tonnes de charges. Sokvy, Op. cit.
Ces derniers peuvent également servir de plateforme modulable permettant particulier la mise en place d’une artillerie de canon de type CAESAR. Nous pouvons aussi envisager l’emploi de LHD (Landing Helicopter Dock). Permettant à la fois le déploiement de troupes et de véhicules, ainsi que l’emploi d’une variété d’hélicoptères. Ils peuvent également théoriquement embarquer des canons CAESAR, et servir aussi de plate-forme de frappe et d’appui ; comme des canons d’artillerie ou véhicules lanceurs d’engins, pouvant frapper des navires adverses.
89 Sokvy, Op. cit.
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98 La boucle OODA ou cycle de Boyd en anglais « OODA loop », permet d’apprécier le déroulement et la vitesse d’exécution des processus élémentaires constitués par l’observation, l’orientation des moyens, la prise de décision et l’action dans une mission de combat.
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Légende | Source : Shibasaki & Al, 2010, Risk Assessment Of Blockade Of the Malacca Strait Using International Cargo Simulation Model» <http://webpark1967.sakura.ne.jp/shiba/wp-content/uploads/hpb-media/img/file7.pdf |
URL | http://journals.openedition.org/geohist/docannexe/image/10492/img-1.png |
Fichier | image/png, 299k |
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Légende | Source : Shibasaki & al, «Risk Assessment Of Blockade Of The Malacca Strait Using International Cargo Simulation Model» 2010, http://webpark1967.sakura.ne.jp/shiba/wp-content/uploads/hpb-media/img/file7.pdf |
URL | http://journals.openedition.org/geohist/docannexe/image/10492/img-2.png |
Fichier | image/png, 353k |
Pour citer cet article
Référence électronique
Bruno Lassalle et Jonathan Jay Mourtont, « Les vulnérabilités du trafic maritime dans l’Indo-pacifique, le dilemme de Malacca et son éventuel retournementIntroduction », Revue de géographie historique [En ligne], 27 | 2025, mis en ligne le 02 mai 2025, consulté le 11 juillet 2025. URL : http://journals.openedition.org/geohist/10492 ; DOI : https://doi.org/10.4000/13zeh
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