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L’architecture sécuritaire comme mécanisme d’influence des Etats-Unis en Asie du Sud-Est

Alexandre Brans

Résumés

Cet article analyse la stratégie d’influence des États-Unis en Asie du Sud-est à travers le soft Power afin d’endiguer l’expansion chinoise dans la région. Cette approche va ainsi s’articuler autour d’une présence militaire conséquente, comme garantie de stabilité et de sécurité dans la région en s’appuyant notamment sur Singapour qui s’accompagne d’une approche culturelle à destination des populations de la région. Bien que la Chine conteste la puissance américaine, la diplomatie politique, culturelle et militaire de Washington demeure structurante dans la région.

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Texte intégral

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Introduction : du Pacifique à l’Indopacifique

2Les premiers contacts entre les États-Unis et l’Asie orientale remontent au 18eme siècle. Selon Michael J. Green, l’Océan Pacifique, vaste étendue d’eau salée reliant les continents américain et asiatique “remains a conduit for American ideas and goods to flow westward, and not for threats to flow toward the homeland” (Green, 2017). En d’autres termes, depuis près de deux siècles, l’immense espace géographique comprenant l’Asie orientale et l’océan Pacifique revêt un rôle primordial pour la sécurité nationale des États-Unis.

3La redéfinition des rapports de forces, faisant suite à l’effondrement de l’Union Soviétique et à l’émergence des États-Unis comme seule superpuissance sur la scène internationale, fait passer au second plan les priorités stratégiques de Washington dans la zone de l’Asie-Pacifique. Les années qui succèdent aux attentats du 11 septembre 2001 sont en effet dédiées à la lutte contre le terrorisme islamique. L’intérêt des stratèges américains pour l’Asie orientale et le Pacifique est par conséquent momentanément éclipsé par le théâtre moyen-oriental.

4La montée en puissance de la République Populaire de Chine (Chine) à partir des années 2000 va cependant obliger les États-Unis à repenser leur approche à l’Asie-Pacifique. Le pivot vers l’Asie décidé par l’administration Obama replace ainsi l’Asie au centre des intérêts stratégiques américains. Les décisions des administrations Trump et Biden s’inscrivent elles aussi dans la continuité du pivot vers l’Asie. La publication d’une stratégie pour l’Indopacifique renforce notamment l’engagement des États-Unis à endiguer l’expansion chinoise sur la scène internationale (The White House, 2022). L’inclusion de l’océan Indien dans la nouvelle approche géostratégique américaine à la zone Asie-Pacifique ne met pas seulement en évidence la volonté de Washington de se rapprocher de l’Inde. Elle révèle également l’importance d’une région de l’Asie occupant une position géographique centrale dans cette stratégie : l’Asie du Sud-Est.

5Cette région, située au carrefour des océans Indien et Pacifique, revêt une importance considérable à l’intérieur des flux maritimes intercontinentaux. La présence de plusieurs détroits stratégiques, véritables corridors énergétiques en direction de l’Asie du Nord-Est, en font un enjeu de sécurité nationale pour de nombreux États. 80% des importations pétrolières chinoises en provenance du Moyen-Orient transitent notamment par le détroit de Malacca (Tellenne, 2021). Du point de vue de Pékin ce détroit représente une faiblesse systémique en cas de conflit avec Washington. En d’autres termes, exercer une influence durable sur les pays qui contrôlent ces passages maritimes est un impératif stratégique aussi bien pour la Chine que pour les États-Unis.

6Dans cette lutte d’influence qui oppose Pékin à Washington en Asie du Sud-Est, les États-Unis disposent d’un instrument de puissance particulièrement efficace auprès des pays de la région : les forces armées.

Le dispositif militaire américain : garantie ultime de la stabilité et de la sécurité régionale

7La plupart des acteurs étatiques régionaux coopère régulièrement avec les États-Unis en matière de sécurité et de défense (U.S. Department of Defense, 2019). De fortes différences s’observent cependant au niveau de l’engagement de ces pays. La coopération bilatérale avec Washington dans le domaine de la défense est en effet souvent conditionnée par des facteurs de politique extérieur ou intérieur (Murphy, 2017 ; Capie, 2020). Parmi ces pays, il est néanmoins possible de distinguer deux différents types d’acteurs ayant des relations très étroites avec les États-Unis du point de vue des politiques de sécurité et de défense : d’une part, les Philippines et la Thaïlande, alliés historiques de Washington, d’autre part Singapour, cité-État de la péninsule malaise, officiellement neutre mais en réalité très intégrée dans le système de sécurité régionale américain.

Les alliés historiques de Washington

8Les Philippines sont le principal allié de Washington en Asie du Sud-Est. La coopération bilatérale entre les deux nations débute dès l’indépendance de l’État asiatique en 1947. Cette même année, Washington et Manille signent deux accords autorisant les États-Unis à utiliser certaines bases militaires de l’archipel et les Philippines à bénéficier d’un programme d’assistance militaire. La coopération militaire bilatérale se renforce par la suite avec le Traité de défense mutuelle entre les États-Unis et la République des Philippines de 1951 (Harding, 2024).

9Pendant la guerre froide, l’usage des bases militaires octroyé par les Philippines permet aux États-Unis de jouer un rôle de premier plan dans la lutte contre la menace communiste en Asie du Sud-Est. La base navale de Subic Bay, principale installation militaire à l’étranger des États-Unis, et la base aérienne de Clark, siège du commandement des opérations aériennes pour le Pacifique occidental, ont ainsi fourni un support logistique important aux forces armées américaines lors de la guerre du Vietnam.

10La fin de la guerre froide signale toutefois un refroidissement de la coopération bilatérale en matière de défense. Cette situation est illustrée par le refus du Sénat philippin de renouveler l’accord concernant les bases militaires américaines en 1991 (Harding, 2024). Le partenariat se resserre cependant dès 1998, à la suite de l’accord sur les forces en visite qui permet à Washington d’accéder à certaines bases militaires philippines (U.S Department of State, 1998).

11L’alliance entre Manille et Washington connait un nouvel essor à partir des années 2000 à la suite de l’émergence de la puissance militaire et économique chinoise. L’insécurité de l’archipel face aux revendications territoriales de Pékin, combinée à la stratégie du pivot vers l’Indopacifique de l’administration Obama, donne naissance à un nouveau traité destiné à cimenter la coopération militaire entre Manille et Washington : l’Accord de coopération renforcée en matière de défense (U.S Embassy in the Philippines, 2023). Ce traité, signé en 2014, permet aux États-Unis d’exploiter plusieurs installations militaires aux Philippines et d’y maintenir de l’armement. La parenthèse de la présidence de Rodrigo Duterte, hostile à la présence américaine dans l’archipel, menace cependant de compromettre le renforcement de l’alliance.

12L’arrivée au pouvoir de Ferdinand Marcos Junior en 2022, relance le partenariat bilatéral qui assume désormais une dimension stratégique pour les deux pays. Une série d’accords, signés entre 2023 et 2024, confirme notamment la volonté de Manille d’adhérer à la vision d’un Indopacifique libre et ouvert, une stratégie multidimensionnelle de sécurité régionale poursuivie par les États-Unis dont l’objectif est de contrer l’expansionnisme chinois en Asie (The White House, 2022).

13Tout d’abord, l’accord conclu entre Manille et Washington en 2023, établissant des directives bilatérales en matière de défense, met en évidence l’évolution du « partenariat militaire bilatéral » en « alliance de défense stratégique globale ». Les directives bilatérales permettent ainsi de mieux définir l’engagement militaire américain en faveur des Philippines, notamment en Mer de Chine méridionale. Une attaque armée aux dépens de navires publics, des garde-côtes, ou d’aéronefs philippins, est désormais considérée suffisante pour invoquer les clauses de défense mutuelles contenues dans les articles IV et V du traité de 1951 (U.S. Department of Defense, 2023). Deuxièmement, l’extension de l’Accord de coopération renforcée en matière de défense permet à Washington de renforcer sa capacité de projection de puissance grâce à l’octroi de quatre nouveaux sites militaires sur le sol philippin (U.S. Department of Defense, 2023).

14Enfin, le premier sommet trilatéral entre Manille, Tokyo et Washington favorise l’intégration des Philippines dans le mécanisme d’alliances minilatérales sponsorisé par Washington (The White House, 2024). Pouvoir compter sur le soutien des Philippines permet aux États-Unis de combler une lacune dans leur approche stratégique à un indopacifique libre et ouvert. L’importance historique accordée à l’Asie du Nord-Est par la politique étrangère américaine a en effet longtemps fait place à un vide stratégique dangereux en Asie du Sud-Est. En intégrant les Philippines dans son architecture de sécurité régionale, Washington a l’occasion de renforcer le confinement maritime de la Chine à l’intérieur de la première chaîne d'îles et de mieux protéger ses intérêts dans l’ensemble de l’Asie de l’Est. De plus, la relation trilatérale favorise la coopération directe entre les Philippines et d’autres alliés historiques des États-Unis. Manille et Tokyo ont ainsi signé un pacte de défense (Ministry of Foreign Affairs of Japan, 2023) tandis que l’Australie et les Philippines sont devenus des partenaires stratégiques (Prime Minister of Australia, 2023).

15Si la coopération militaire avec les Philippines s’est fortement renforcée ces dernières années, les relations avec la Thaïlande, autre allié historique des États-Unis en Asie du Sud-Est, apparaissent plus ambiguës.

16Les liens qui unissent Bangkok à Washington remontent à 1833, date de la signature du Traité d'amitié et de commerce. Confrontés à des menaces stratégiques communes pendant la guerre froide, les deux pays s’allient militairement dès 1954. L’intensité croissante de la pression communiste en Asie contribue rapidement à renforcer la coopération bilatérale. Le communiqué Thant-Rusk de 1962 certifie l’engament des États-Unis à protéger la Thaïlande contre toute menace d’agression extérieure et facilite l’accès aux bases aériennes thaïlandaises pendant la guerre du Vietnam. Comme en témoigne la nomination de Bangkok a “allié majeur non-membre de l’OTAN” en 2003, la fin de la guerre froide n’interrompt pas la coopération bilatérale en matière de sécurité et de défense. Les bases thaïlandaises de U-Tapao et Sattahip jouent ainsi un rôle important lors des campagnes militaires américaines en Afghanistan et en Iraq. Le partenariat entre les forces armées des deux pays est également très fort en matière de lutte contre le terrorisme, identifié dès le début des années 2000 comme une menace structurelle par Bangkok et Washington (Chambers, 2004).

17Les interventions récurrentes de l’armée thaïlandaise en politique, dont trois coups d’État depuis 1991, fragilisent néanmoins la coopération militaire à partir de 2014. L’adoption de sanctions à l’encontre de l’armée thaïlandaise (Chachavalpongpun, 2014) est notamment perçue comme une forme d’ingérence dans les affaires intérieures du pays. Le renforcement de la coopération militaire entre Bangkok et Pékin et la suspension de la vente d’avions de combat F-35 à la Thaïlande (Reuters, 2023) démontrent que les relations bilatérales restent empreintes d’une méfiance réciproque. Selon une étude réalisée par des chercheurs australiens, une majorité d’officiers thaïlandais considère désormais les États-Unis comme une plus grande menace pour la sécurité nationale que la Chine (Raymond & Blaxland, 2021).

18Si les récentes déclarations conjointes relatives au partenariat stratégique américano-thaïlandais (U.S. Department of State, 2022) suggèrent que l’alliance militaire reste le facteur clé des relations bilatérales, il est important de signaler que Bangkok est un acteur imprévisible en politique étrangère. Seul pays d’Asie du Sud-Est à n’avoir jamais été colonisé par les puissances européennes, la Thaïlande a toujours cherché à préserver ses intérêts stratégiques à l’aide de partenariats multiples (Shambaugh, 2021). Il est par conséquent difficile que l’ancien royaume du Siam se prononce résolument en faveur des États-Unis dans sa compétition avec la Chine.

Singapour : une cité-État au centre de la logistique militaire américaine

19Bien que n’étant pas officiellement un allié des États-Unis, Singapour est probablement le pays d’Asie du Sud-Est le plus proche de Washington en matière de sécurité et de défense (Graham & Huxley, 2015). Plusieurs raisons peuvent expliquer les excellents rapports qu’entretiennent ces deux pays dans les domaines de sécurité et de défense. La position stratégique qu’occupe la cité-État de Singapour, située à l’embouchure du détroit de Malacca, en fait tout d’abord une plaque tournante du dispositif de sécurité américain au niveau mondial. Ensuite, Singapour, ville fortement dépendante d’un système international stable pour assurer sa prospérité économique, trouve en Washington, principale puissance garantissant la sécurité des routes maritimes intercontinentales, un allié naturel. En d’autres termes, la politique étrangère américaine en faveur du respect du droit international maritime, de la liberté de navigation ou de l’intégrité territoriale des États, est un élément essentiel du “miracle économique singapourien”.

20Débutée dans le courant des années 1960, la coopération militaire entre les deux États s’intensifie à la fin de la guerre froide. En 1990, craignant un vide stratégique en cas de retrait américain d’Asie de l’Est, le gouvernement singapourien signe un mémorandum d’entente avec les États-Unis autorisant Washington à accéder aux installations militaires de l’Île. Le protocole d’entente de 1990 permet notamment de débuter la construction de la base navale de Changi, véritable pièce maîtresse du dispositif de sécurité américain présent sur l’Île. Ce site militaire est particulièrement important du fait de sa capacité à accueillir des porte-avions. Washington a également accès à d’autres sites militaires de l’État insulaire. L’installation navale de Sembawang accueille par exemple le Groupe logistique du Pacifique occidental et permet de réparer ou d'entretenir jusqu’à soixante navires par an. L’armée de l’air américaine utilise quant à elle la base aérienne de Changi (Shambaugh, 2021).

21A partir du milieu des années 2000, deux nouveaux partenariats contribuent à renforcer la coopération bilatérale. En 2005 et 2015, Washington et Singapour signent respectivement un accord stratégique et un accord de coopération renforcée en matière de défense. L’accord de 2015, récemment renouvelé en 2019, considère Singapour un partenaire essentiel en matière de coopération et de sécurité (U.S. Department of Defense, 2015). En d’autres termes, la coopération stratégique entre les deux pays est désormais fortement institutionalisée. L’existence d’un rapport de confiance très fort envers Singapour est démontrée par l’utilisation de systèmes d’armes américains avancés et par la présence continue de militaires insulaires aux États-Unis. Singapour est par exemple autorisée à se procurer des avions de combat multirôles F-35, tandis que la Thaïlande, pourtant officiellement alliée de Washington, s’est vu refuser l’accès à cette technologie. De plus, la cité-État est le seul pays du Pacifique à organiser des exercices d’entraînement unilatéraux aux États-Unis tous les six mois (U.S Department of State, 2023) et à y maintenir en permanence des escadrilles de F-15 et F-16 (Graham & Huxley, 2015).

22Si Singapour cherche d’une part à renforcer sa posture stratégique en collaborant étroitement avec les États-Unis, la cité-État se doit également d’entretenir de bonnes relations avec la Chine, principale puissance économique de la région. Singapour s’abstient par conséquent de prendre officiellement position dans la lutte d’influence qui oppose actuellement Pékin à Washington en Asie du Sud-Est (Chan & Charoenvattananukul, 2024). La politique révisionniste chinoise en mer de Chine méridionale inquiète cependant les autorités de la cité-État. De nombreuses frictions ont ainsi régulièrement envenimé les relations entre Pékin et Singapour ces dix dernières années. En 2016, l’État insulaire a par exemple soutenu la décision de justice rendue par la Cour permanente d’arbitrage de La Haye en faveur des Philippines (Capie, 2020). Le résultat du jugement de La Haye est significatif car il désavoue le caractère légal des revendications territoriales chinoises en mer de Chine méridionale. Toujours en 2016, la confiscation momentanée de véhicules militaires singapouriens, à leur retour d’un exercice militaire à Taiwan, par les autorités de Hong-Kong a ultérieurement contribué à semer la discorde entre les deux pays (Sim, 2017). En d’autres termes, la situation politique en mer de Chine méridionale semble destinée à cimenter ultérieurement la coopération entre les États-Unis et Singapour. L’évolution du partenariat stratégique en alliance est cependant difficile à imaginer de par l’existence d’intérêts économiques considérables entre la Chine et Singapour (Aggarwal, 2015 ; Yi, 2024).

Le soft power des forces armées : un instrument méconnu de la stratégie d’influence américaine en Asie du Sud-Est

23Le système d’alliance américain et sa plateforme logistique de bases situées à proximité des points de passages stratégiques des océans Indien et Pacifique sont les principaux instruments de puissance dont dispose Washington pour influencer les enjeux stratégiques régionaux. La présence de bases militaires et les alliances régionales sont traditionnellement liées au concept de hard power, ou puissance dure. Si le hard power représente l’aspect le plus visible de la présence des États-Unis en Asie du Sud-Est, la protection à long terme des intérêts régionaux de Washington requiert également d’autres outils d’influence. Parmi ces instruments, le soft power, ou puissance douce, est une ressource précieuse au service de la politique étrangère américaine.

24Selon Joseph Nye, le terme soft power indique “the ability to get what you want through attraction rather than coercion or payments” (Nye, 2004). Le soft power doit ainsi permettre à un État d’orienter les choix des acteurs du système international par des moyens non coercitifs, tels que la force des idées ou l’attraction culturelle, dans le but de promouvoir ses intérêts politiques. Dans le cas des États-Unis, l’objet du soft power est de convaincre les élites de pays tiers de coopérer et d’accepter les préférences de Washington en matière de politique étrangère (Nye, 2004). La puissance douce est par conséquent un produit de la diplomatie publique (Nye, 2019).

25La diplomatie publique peut être définie comme “the good that a country seeks to make on the public of another country“ (Gilboa, 2015). La transformation de l’ordre international depuis la fin de la guerre froide a modifié l’interprétation traditionnelle du concept de sécurité, aujourd’hui considéré comme un ensemble d’interconnections civiles et militaires, établissant ainsi un lien entre diplomatie publique et diplomatie militaire (Swistek, 2012). La diplomatie militaire est actuellement considérée comme une importante fonction des forces armées dans le cadre de la coopération et de la résolution des conflits internationaux (Swistek, 2012 ; Drab, 2018). En d’autres termes, les forces armées contemporaines occupent une fonction clé dans la création du soft power d’un État sur la scène internationale.

26La contribution offerte par les institutions militaires à la diplomatie publique des États-Unis couvre de nombreux domaines d’activités (Shambaugh, 2021). Cet article se concentre principalement sur deux piliers de la diplomatie publique des forces armées américaines : le programme international d’instruction et de formation militaire (IMET) et les missions d’aide humanitaire et de secours aux populations en détresse.

27Établi en 1961 dans le cadre du Foreign Assistance Act, IMET est le principal programme de formation militaire administré et financé par le département d’État américain (Atkinson, 2014 ; Mujkic & Asencio & Byrne, 2019). La gestion opérationnelle est quant à elle assurée par le département de la Défense. Objet d’un contrôle régulier de la part du Congrès (Inkiriwang, 2020), ce programme de formation réservé au personnel de défense, civil et militaire, de pays étrangers auprès d’institutions militaires américaines répond à deux objectifs principaux. Il s’agit tout d’abord de fournir aux candidats une formation professionnelle de haut niveau pour assurer le maintien de la paix et permettre aux pays partenaires d’opérer conjointement avec les forces armées américaines (Defense Security Coopération Agency).

28La deuxième finalité du programme est de véhiculer les valeurs américaines aux candidats étrangers dans le but de les sensibiliser aux intérêts des États-Unis (Karadag, 2017). La supervision de IMET par le Département d’État met en évidence l’intérêt porté par Washington à la diffusion du soft power américain au sein des élites militaires internationales. La participation annuelle d’une centaine de pays et l’établissement à Fort Leavenworth d’un International Hall of Fame, accueillant les noms des anciens candidats devenus chef d’État ou commandants des forces armées dans leurs pays respectifs (Martinez Machain, 2020), reflètent l’importance accordée par Washington à la création d’un réseau planétaire d’anciens étudiants IMET. L’établissement de relations professionnelles et personnelles par l’intermédiaire du réseau permet à Washington d’exercer une influence durable sur les institutions militaires et civiles de ces pays (Atkinson, 2014).

29Le processus de sélection se fait sur la base de la connaissance de l’anglais et des perspectives de carrière de chaque candidat. Pour ces derniers, la participation au programme IMET peut s’avérer décisive pour monter de grade dans la hiérarchie militaire nationale. Il est ainsi courant que d’anciens étudiants internationaux deviennent chefs de la défense dans leurs pays respectifs (Atkinson, 2014).

30L’exposition des étudiants aux valeurs culturelles et universelles américaines se fait également en dehors des heures de cours dispensées par les institutions militaires. Les candidats sélectionnés, souvent accompagnés de leurs proches, sont assignés à une famille d’accueil qui les aide à se familiariser avec la culture américaine. Les étudiants ont la possibilité de découvrir les hauts lieux de l’histoire des États-Unis, comme les institutions publiques ou les monuments historiques, pendant les deux premiers mois du programme (Martinez Machin, 2020). A leur retour, les anciens étudiants peuvent potentiellement servir de médiateurs entre leur pays d’origine et les États-Unis (Karadag, 2017).

31Le programme IMET est particulièrement intéressant dans le cadre de la diplomatie publique militaire des Etats-Unis en Asie du Sud-Est pour la place centrale qu’occupe l’armée dans la vie politique et économique de nombreux pays de la région (Cherian, 2009 ; Taylor, 2018). Les résultats d’analyses empiriques ont confirmé que les États où l'armée exerce une forte influence sur le pouvoir civil tendent à avoir une politique étrangère plus favorable aux intérêts des États-Unis (Martinez Machain, 2020).

32Un certain nombre d’exemples semble confirmer ces résultats en Asie du Sud-Est : la présidence de Fidel Ramos, ancien diplômé de West Point, a permis le retour des troupes américaines aux Philippines dans le cadre de l'accord sur les forces en visite. Chamlong Srimuang, ex major général de l’armée Thaïlandaise a joué un rôle important comme leader du soulèvement démocratique et antimilitaire de mai 1992. Susilo Bambang Yudhoyono (SBY), ancien étudiant du U.S. Army’s Command and General Staff College et premier président indonésien à être élu au suffrage universel direct, a contribué à la démocratisation du pays et à la résolution pacifique de conflits internes. Si les exemples précédents sont principalement le résultat de considérations d'ordre historique et politique propres à ces États, ils démontrent néanmoins une sensibilité des classes dirigeantes à l’égard des préférences américaines en matière de politique étrangère et de valeurs culturelles. SBY a ainsi déclaré publiquement qu’il considère les États-Unis comme sa seconde patrie (Riquier, 2015), tandis que Fidel Ramos entrevoit dans la démocratie et le libéralisme un modèle à suivre dans le processus de construction nationale des Philippines (Mann, 1995). Le fait que Fidel Ramos, Chamlong Srimuang et SBY soient d’anciens étudiants IMET (Karadag, 2017 Atkinson, 2014) suggère, par conséquent, une influence positive de ce programme sur la compréhension des sensibilités culturelle et politique américaines par les élites locales.

33Les origines du programme IMET en Asie du Sud-Est remontent à la guerre froide et à la lutte contre l’influence communiste dans la région. Au lendemain de l’échec de la guerre du Vietnam, la doctrine Nixon s’affirme comme pilier de la stratégie régionale américaine (Fibiger, 2021). L’objectif à partir de l’administration Nixon devient le développement des capacités militaires des pays alliés sans s’impliquer directement dans les conflits régionaux. Cette évolution de l’approche américaine à la sécurité régionale a permis à de nombreux pays de bénéficier de programmes de formation militaire (Cherian, 2009). Les candidats ne provenaient pas seulement de pays traditionnellement alliés des États-Unis, comme les Philippines ou la Thaïlande, mais également d’États non alignés ou réticents à l’égard de la politique étrangère de Washington, comme l’Indonésie ou la Birmanie. Les exigences de rapprochement avec la Birmanie pour faciliter la lutte contre la présence communiste et le narco trafique du triangle doré ont permis aux forces armées birmanes (Tatmadaw) de bénéficier du programme IMET entre 1980 et 1988, date de la fin de la coopération bilatérale, et d’envoyer 175 candidats étudier aux États-Unis (Riley & Balaram, 2013).

34L’Indonésie du général Haji Mohammad Suharto, président du pays jusqu’en 1998, a également bénéficié de ce programme, malgré la terrible répression anticommuniste liée à une tentative de coup d’État écrasée dans le sang par les forces armées en 1965. Pendant la guerre froide, les intérêts stratégiques qui unissaient les juntes militaires régionales à Washington étaient alors considérés suffisamment importants pour faire passer l’idéal américain de protection des droits de l’homme au second plan. De nombreux pays autoritaires d’Asie du Sud-Est ont ainsi pu profiter des initiatives de formation militaire dispensées par les États-Unis, dont le programme IMET.

35Les bouleversements stratégiques majeurs engendrés par l’effondrement de l’empire soviétique à la fin de la guerre froide ont eu un impact profond sur l’évolution des partenariats IMET au niveau régional. A la suite de l’implosion de l’URSS, la défense des droits de l’homme et la promotion des principes démocratiques dans le monde deviennent d’importantes priorités de la politique étrangère américaine (Boys, 2015).

36L’éventualité d'une nouvelle approche de Washington à la sécurité régionale était déjà évidente dès 1988 avec l’interdiction faite à la Birmanie de continuer à bénéficier de IMET à la suite d’une violente répression de manifestations populaires (Riley & Balaram, 2013). Le massacre d’opposants indépendantistes par l’armée indonésienne (TNI) au Timor oriental a également provoqué la suspension du partenariat d’assistance et de formation militaire avec Jakarta en 1992. Les nouvelles orientations de la politique étrangère américaine ont également eu des retombées négatives pour certains alliés historiques des États-Unis. Washington a suspendu trois fois la participation de la Thaïlande au programme IMET à la suite des coups d’États militaires de 1991, 2006 et 2014. La tenue de nouvelles élections, en réponse à chacune de ces interventions des forces armées contre le gouvernement élu, a cependant permis à Bangkok de redevenir éligible au programme d’éducation et de formation militaire américain (Chambers, 2024).

37Si les droits de l’homme et la défense des institutions démocratiques sont une composante importante de la politique étrangère américaine, il est important de souligner que la suspension des programmes d’assistance et de formation militaire peut être contreproductive pour les objectifs stratégiques à long-terme des États-Unis en Asie du Sud-Est. Les cas thaïlandais, indonésien et birman, sans avoir un impact décisif dans les relations bilatérales, suggèrent que la suspension du programme IMET tend à pénaliser la puissance douce américaine dans ces pays.

38Si les récents revers essuyés contre une alliance de milices armées représente bien une menace inédite pour la junte militaire, il n’est cependant pas certain que l’influence du régime disparaisse totalement de la scène politique birmane à l’issue du conflit. Le Tatmadaw reste donc un acteur important de la réalité politique locale grâce au contrôle qu’il exerce sur une partie de l’économie et du système institutionnel du pays (Walker, 2024). La présence d’anciens étudiants IMET aux plus hautes sphères de l’État birman peut ainsi favoriser le dialogue avec Washington et fournir une base de départ pour déterminer un changement institutionnel à long-terme en s’appuyant sur les éléments réformistes de l’armée. Certains officiers birmans ayant pris part à ce programme ont occupé des postes administratifs à haute responsabilité, tels que vice-président, ministre de l’Information, ministre des Transports, directeur du service de lutte contre la criminalité transnationale ou ministre adjoint à la défense (Riley & Balaram, 2013). L’exclusion unilatérale de la Birmanie du programme IMET fragilise ainsi la capacité des États-Unis à exercer une influence durable dans le pays, sans pour autant apporter de solutions concrètes au problème de la violation des droits de l’homme.

39La suspension de programmes de formation ou d’assistance militaire peut, en outre, renforcer la présence d’adversaires stratégiques des États-Unis dans ces pays. En réponse aux sanctions imposées par Washington, la Birmanie, la Thaïlande et l’Indonésie se sont empressées de consolider leurs liens avec la Chine et la Russie. Au tournant du 21eme siècle 1.500 officiers birmans ont par exemple reçu une formation technique en Russie, dans des domaines tels que la physique nucléaire et l’aviation (Riley & Balaram, 2013). A la suite des coups d’États militaires thaïlandais de 2006 et 2014, Pékin s’est rapprochée de Bangkok, grâce notamment à la vente de systèmes d’armes avancés (Nanuam, 2024) et à l’augmentation du nombre d’officiers suivant une formation en Chine (Chambers, 2024). L’invitation faite à Pékin de participer pour la première fois au principal exercice de coopération multilatéral militaire organisé par la Thaïlande en 2015 (Parameswaran, 2015) met en évidence la capacité de la Chine à exploiter les moments de tension entre Bangkok et Washington pour promouvoir ses intérêts régionaux.

40L’application d’un embargo américain sur les fournitures de défense à l’Indonésie en 2002 a également forcé Jakarta à se tourner vers Moscou et Pékin pour obtenir du matériel militaire moderne, dont des avions de combats multi-rôles SU-27 et SU-30. De plus, la dépendance du TNI à l’égard des États-Unis en matière de tactique et doctrine militaire a fortement retardé la modernisation de cette institution clé pour le maintien de l’intégrité territoriale du pays, principal invariant stratégique de l’État archipélagique (Inkiriwang, 2020).

41La suspension du programme IMET, combinée à un embargo militaire, a non seulement indisposé le TNI, une entité historiquement proche des États-Unis dans un pays à majorité musulmane dont la population est généralement hostile aux intérêts américains, mais également contribué à renforcer la perception d’allié imprévisible et peu fiable aux yeux des élites militaires de Jakarta (Inkiriwang, 2020).

42La crédibilité de l’action politique américaine en Asie du Sud-Est est un enjeu fondamental pour la plupart des acteurs étatiques de la région. La présence de Washington offre à ces pays, dont certains se sentent menacés par les revendications territoriales chinoises en Mer de Chine méridionale, l’occasion de réduire leur dépendance vis-à-vis de Pékin. Comme le démontre une étude réalisée en 2022 par le Yusof Ishak Institute de Singapour, les élites locales reconnaissent l’existence d’intérêts stratégiques compatibles avec ceux des États-Unis (Seah, S. et al.). En d’autres termes, la présence militaire de Washington améliore les perspectives d’autonomie stratégique des acteurs régionaux.

43Si la coopération avec les États-Unis représente le pilier de la politique de sécurité de nombreux pays d’Asie du Sud-Est, la Chine reste quant à elle le garant de la prospérité économique régionale. Pékin est en effet le premier marché d’exportation pour la quasi-totalité de ces pays (Shambaugh, 2021). Par conséquent, les échanges commerciaux avec la Chine sont de nature stratégique pour les acteurs étatiques régionaux. Le risque d’une guerre de haute intensité ou d’une intensification des sanctions économiques entre la Chine et les États-Unis menace de fragiliser la stabilité politique de nombreux pays de la région. Pouvoir bénéficier d’instruments de puissance douce, tels que le programme IMET, offre ainsi à Washington la possibilité de renforcer ses partenariats, sans risquer d’être considéré comme puissance déstabilisatrice attisant les tensions entre États rivaux. Suspendre les partenariats de formation militaire, sans tenir compte des retombées négatives pour les intérêts stratégiques des États-Unis risque, par conséquent, d’être contreproductif à plus long terme et d’entraver l‘efficacité d’un vecteur d’influence essentiel de la politique étrangère américaine en Asie du Sud-Est.

44Parallèlement aux programmes de formation militaire, d’autres instruments d’influence se sont démontrés utiles au renforcement du soft power américain dans la région. Les enjeux posés par le changement climatique et les catastrophes naturelles ont notamment contraint le Département de la défense à multiplier les missions d’aide humanitaire et de secours aux populations d’Asie du Sud-Est, régulièrement victimes de désastres naturels ces vingt dernières années. De nombreux exemples, tels que les typhons Nargis et Haiyan qui ont respectivement frappé la Birmanie en 2008 et les Philippines en 2013, ont mis en évidence le rôle déterminant des forces armées américaines lors d’évènements climatiques violents (Karadag, 2017).

45L’opération Unified Assistance de 2005 a représenté, de ce point de vue, un tournant décisif pour la diffusion du soft power américain en Asie du Sud-Est. Déclenchée à la suite d’un tsunami au large de l’ile Sumatra qui provoqua près de 220.000 victimes dans les pays avoisinants, tels que l’Indonésie, la Thaïlande ou le Sri Lanka, cette opération a mobilisé 16.000 militaires américains et un groupe aéronaval de la flotte du pacifique (Karadag, 2017).
Les compétences opérationnelles, logistiques des forces armées américaines ont été décisives pour apporter un soutien efficace aux pays touchés par le raz-de-marée de 2004.

46Cette opération a notamment permis de diffuser une image positive de l’action des États-Unis dans la région. Les Indonésiens, population majoritairement musulmane éprouvant de l’animosité à l’égard de Washington en raison des interventions militaires américaines en Afghanistan et en Irak, ont globalement changé de point de vue à l’égard des États-Unis à la suite de United Assistance. Selon une étude du Pew Research Center, 79% des Indonésiens déclaraient avoir une meilleure opinion des États-Unis à la suite de l’aide humanitaire fournie par ce pays lors du tsunami de 2004. Seul 23% des habitants de l’archipel ayant fait l’objet du sondage avait une opinion favorable aux États-Unis avant l’intervention humanitaire de 2005 (Pew Research Center, 2005). L’assistance humanitaire américaine a également eu l’effet de renforcer les relations bilatérales entre les deux gouvernements et de contribuer à faire avancer un accord de paix entre l’État indonésien et le Gerakan Aceh Merdeka, un mouvement armé indépendantiste opérant dans la province de Aceh, située au nord de l’ile de Sumatra (Bradford, 2013).

47Cet exemple confirme l’importance des forces armées américaines dans la création de soft power pour la diplomatie américaine. L’apport logistique offert par la marine militaire américaine lors de catastrophes naturelles, indispensable pour apporter un soutien rapide aux populations locales, permet à Washington de bénéficier d’un puissant outil d’influence dans sa stratégie régionale. Le Cooperative Strategy for 21st Century Seapower (CS21) a ainsi qualifié les missions d’aide humanitaire et de secours comme l’un des piliers fondamentaux du pouvoir maritime au 21e siècle (US Navy, 2007). L’institutionnalisation des expériences humanitaires acquises lors du raz-de-marée de 2004 a ainsi contribué à faciliter la coopération américano-japonaise lors du tsunami qui a touché le Japon en 2011 (Bradford, 2013).

48Le programme IMET et les missions d’aide humanitaire et de secours présentent de nombreux avantages pour les États-Unis. Il s’agit d’instruments relativement économiques et particulièrement efficaces dans le contexte régional de l’Asie du Sud-Est. Il existe cependant une différence en termes de dimension temporelle entre les programmes de formations militaires et l’assistance humanitaire fournie par les forces armées. Les politiques de formation et d’éducation ne peuvent être analysées que dans le temps long. Elles signalent, potentiellement, un changement au niveau des orientations stratégiques des États bénéficiaires. A l’inverse, les missions humanitaires ont un impact immédiat qui tend à s’estomper avec le temps. Les bénéfices sont, par conséquent, moins importants dans le cadre d’une stratégie à long terme.

Conclusion

49Pour citer Carol Atkinson, « in the 21st century, success in the conduct of military missions will depend more than ever on the effective integration of hard and soft power » (Atkinson, 2014). La puissance dure ne doit donc pas être considérée en opposition à la puissance douce. Le hard power et le soft power sont deux leviers d’influence dont disposent les principales puissances étatiques pour sécuriser leurs objectifs stratégiques à long-terme. Le recours à ces instruments de puissance doit être évalué en fonction des circonstances et de l’évolution des impératifs stratégiques d’une nation. Les États-Unis ont démontré leur capacité à pouvoir intégrer avec succès ces deux instruments de puissance dans leur stratégie régionale pour l’Asie du Sud-Est.

50La détérioration du contexte sécuritaire des pays de la région, conséquence principale de la politique révisionniste de Pékin en Mer de Chine méridionale, permet notamment à Washington de renforcer sa présence politico-militaire dans cet espace clé du dispositif stratégique de l’Indopacifique. Il est cependant important de signaler que la volonté de la plupart de ces pays de recourir à des partenariats multiples, sans devoir s’afficher ouvertement comme alliés de la Chine ou des États-Unis, ne permet pas la création de systèmes d’alliances militaires sur le modèle de l’OTAN en Asie du Sud-Est. La défense des impératifs stratégiques américains dans la région requiert, dès lors, l’utilisation de tous les outils d’influence dont dispose Washington pour ne pas se faire distancer par Pékin dans la compétition pour la suprématie régionale.

51Si l’instrument militaire est le principal avantage dont dispose Washington pour peser sur les choix politiques des acteurs régionaux, d’autres facteurs sont également à prendre en compte dans l’élaboration d’une stratégie durable pour l’Asie du Sud-Est. Les échanges commerciaux sont un impératif stratégique vital pour la plupart de ces pays. La stabilité intérieure de ces États, majoritairement multireligieux et multiethniques, repose en effet sur une croissance économique constante visant à réduire les tensions intercommunautaires et à favoriser le processus de construction nationale de ces États. Washington doit également rattraper son retard sur Pékin dans d’autres secteurs d’influence clés, tels que la diplomatie publique non militaire et les investissements dans les infrastructures régionales (Schell et al., 2023). Par conséquent, une approche stratégique efficace et durable en Asie du Sud-Est dépend de la capacité de Washington à répondre aux défis régionaux de façon holistique.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Alexandre Brans, « L’architecture sécuritaire comme mécanisme d’influence des Etats-Unis en Asie du Sud-Est »Revue de géographie historique [En ligne], 27 | 2025, mis en ligne le 23 mai 2025, consulté le 09 juillet 2025. URL : http://journals.openedition.org/geohist/10604 ; DOI : https://doi.org/10.4000/14081

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Auteur

Alexandre Brans

Fonction : Visiting Researcher à l’Université Libre de Bruxelles
Adresse : Université libre de Bruxelles Avenue Franklin Roosevelt 50 - 1050 Bruxelles
Mail : alexandre.brans@hotmail.com

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