1La série des guides « Curiosités Géologiques » du BRGM est destinée à initier un large public à la géologie des territoires français mais aussi à la découverte de la flore, de la faune, de l’architecture, et plus largement de la culture, souvent directement liées à la nature du sous-sol et de son histoire. Plus d’une trentaine de titres sont déjà parus, mais ce nouvel ouvrage rédigé par F. Bétard est un petit bijou : consacré au massif de Rambouillet et à la vallée de Chevreuse, situés à proximité de la capitale, il révèle un univers passionnant de la partie sud-ouest du bassin de Paris, et dévoile des trésors souvent cachés, que l’auteur décrit avec précision, nuance et passion.

2Ce guide est organisé en six parties. La première est consacrée aux « formations géologiques », caractérisées par une très grande variété (craie à silex, argiles, marnes et argiles de Romainville, sables et grès de Fontainebleau, calcaire d’Étampes, argile à meulières de Montmorency, sables de Lozère, formations superficielles quaternaires), et par une grande complexité locale au niveau des affleurements, comme les différentes coupes reproduites et leur interprétation le montrent clairement.

3La deuxième partie reconstitue « L’histoire géologique régionale ». Grâce, entre autres, à la présence de nombreux fossiles, les différentes formations ont pu être replacées dans leur contexte paléogéographique, caractérisé par des « allées et venues » de la mer puis par la continentalisation progressive du secteur sous des climats de plus en plus secs (cf. les dunes de sables stampiens), mais aussi par l’existence localisée de lacs et marécages, puis par les écoulements de la paléo-Loire-Seine vers la Manche. Mais, à partir de la fin du Miocène, de faibles mouvements tectoniques, puis le refroidissement du climat et les variations du niveau marin associées, entraînent l’encaissement progressif du réseau hydrographique, ce qui va modifier les dynamiques superficielles. L’histoire de l’occupation récente (Holocène) de ces milieux par les Hommes montre comment ceux-ci ont su tirer parti des ressources naturelles, géologiques certes, mais aussi hydrologiques et biologiques que le massif de Rambouillet et la vallée de Chevreuse leur offraient.

4Dans la troisième partie « Les paysages : du plateau au fond de vallée », F. Bétard insiste sur les contrastes des dynamiques morpho-hydrologiques entre les plateaux et platières d’une part, les versants de vallée puis les fonds de vallée humides d’autre part, montrant à la fois le rôle joué par les formations géologiques et par les contrastes et orientations des reliefs, véritables « armatures de paysages naturels et support des aménagements humains ».

5La quatrième partie « Des pierres et des Hommes » est particulièrement parlante pour des géomorphologues. Si l’histoire commence par une occupation humaine dès le Paléolithique moyen, l’exploitation des différents matériaux géologiques, à commencer par les meulières et les grès de Fontainebleau, ont de longue date façonné ce territoire, en particulier l’habitat et le tissu économique. Les ressources hydrauliques ont aussi joué un rôle essentiel dès le Moyen Âge ; elles ont été particulièrement valorisées lors du règne de Louis XIV pour aménager le parc du château de Versailles et ses nombreuses fontaines. Même si le risque potentiel d’inondation existe pour les populations, l’attractivité de ce territoire, partie intégrante du Parc Naturel Régional de la Haute Vallée de Chevreuse, repose surtout sur de nombreux sites naturels et géologiques exceptionnels.

6Vingt-deux de ces « sites géologiques remarquables » ont été sélectionnés et font l’objet de la cinquième partie du guide : parmi eux, on trouve d’anciennes carrières, des marais, étangs et cascades, des chaos rocheux sur les versants, et de nombreux points de vue associés à des bâtiments historiques (dolmen, anciens moulins, châteaux). F. Bétard, qui par ailleurs préside la commission « Patrimoine Géomorphologique » du CNFG, décrit précisément chaque site et les illustre de façon très pédagogique : si les contextes géologique et géomorphologique sont mis en avant, les autres composantes qui peuvent en renforcer toute l’attractivité, comme leur biodiversité ou leur caractère patrimonial, ne sont pas pour autant oubliées.

7La dernière partie du guide porte d’ailleurs sur les « relations géodiversité-biodiversité », un thème cher à F. Bétard, qui en montre ici tout l’intérêt, en insistant sur la grande variété des habitats naturels liés aux roches, aux minéraux, aux sols, aux formes de relief et à l’hydrographie, habitats qui conditionnent directement les différentes espèces végétales et animales présentes sur ces territoires.

8L’ouvrage se termine par des annexes, incluant un lexique, des références bibliographiques et numériques, ainsi que les coordonnées GPS des 22 sites décrits. Par ailleurs, dans la partie interne des pages de couvertures pliantes, sont insérées une carte des 22 sites, une carte géologique simplifiée du massif de Rambouillet, ainsi qu’une échelle des temps géologiques.

9Au total cet ouvrage, d’un format très pratique, est remarquablement écrit : illustré par des cartes ou croquis simples et précis, ainsi que par des photos très suggestives, il reflète la richesse et la diversité géologique de cette partie de la Région Île de France couvrant des pas de temps allant de plusieurs dizaines de millions d’années jusqu’aux dernières décennies. Aisément accessibles depuis la capitale, la plupart des sites décrits peuvent être des objectifs de sorties de terrain, en famille ou pour des groupes d’étudiants que l’on souhaite initier à l’approche géo-environnementale de milieux qui n‘ont cessé d’évoluer au cours des temps et qui recèlent des patrimoines géologiques exceptionnels qu’il convient de faire connaître et de protéger.