La demande d’expertise tend à se multiplier, en témoignent les cas récents de risques et de crises à caractère collectif qui font la une de nos media. Quelles sont les raisons de cette sollicitation croissante des chercheurs et des grands établissements scientifiques ? L’expertise est-elle l’énoncé d’un jugement scientifique par rapport à une situation d’incertitude ou bien est-elle un arbitrage entre des intérêts contradictoires et non exclusivement scientifiques ?

Dans un tel contexte, il apparaît fondamental de s’interroger sur l’origine des demandes (acteurs administratifs, politiques, économiques, médiatiques, de la sphère judiciaire, de la société civile), sur leur nature (conseils, avis, expertises individuelles, collectives), sur les conditions de réalisation des expertises et les structures dans lesquelles elles s’effectuent (laboratoires, commissions ad hoc, cabinets de conseil, organismes institutionnels), sur leur médiatisation.

L’émergence de nouvelles procédures d’expertise, l’intégration d’experts dans des procédures de concertation (conférences citoyens), la prise de conscience des responsabilités sont la preuve éclatante de la nécessité du bon usage du questionnement et de l’utilité d’une pédagogie du doute ! Un hommage indirect au scientifique qui adopte au quotidien une posture et un cheminement intellectuels qui lui sont propres. Ce dossier aborde aussi bien l’environnement, la justice, la santé, le nucléaire, l’histoire, etc. Rien n’est laissé au hasard ? Des chercheurs nous livrent leur témoignage…