« Ayant trouvé les clefs du tiroir du secrétaire que René tient si bien fermé, j’ai ouvert les tiroirs et y ait trouvé provisions de pipes, cigares, tabac, et, ce qui est pire, des romans d’Alexandre Dumas, Paul de Cock et Henry Murger, ainsi que les chansons de Béranger et les contes de la Fontaine. J’en ai averti Papa, qui, furieux, a fortement grondé René et a tout confisqué ».
Journal de Claire Pic, Association pour l’Autobiographie, jeudi 13 août 1863.
Que dissimule René Pic, quatorze ans en 1863, dans son secrétaire ? Des romans, des chansons populaires et satiriques, et du tabac. Cette petite scène nous conduit au cœur des rapports de genre inscrits dans la vie quotidienne d’une famille bourgeoise catholique du Second Empire : la grande sœur, Claire, veille à la moralité de son frère René ; le père confisque et punit. La moralité du jeune homme s’interprète à l’aune de ses pratiques culturelles et de ses plaisirs : la lecture d’Alexandre Dumas ou l’usage du tabac sont nuisibles...